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MÉMOIRES
DE Là
SOCIÉTÉ D'ÉMULATION
DU DOUBS.
QUATRIÈME SÉRIE.
PREMIER VOLUME.
1865
BESANÇON
IMPRIMERIE DE DODIVERS ET C»,
Grande- Rue, 42.
1866
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tCfcK
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290ST 005 2 2239
MÉMOIRES
DE
m m
LA SOCIETE D'EMULATION
DU DOUBS.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Séance du Hjantier 1865.
Présidence de MM. Delacroix et Grenier.
BU i
Bureau : MM. Delacroix (Alphonse), président sortant, élu
premier vice-président; Grenier, président élu; Vézian, premier
vice-président sortant; Faivre, vice-secn'taire réélu; Jacques,
trésorier réélu; Varaigne, archiviste élu; Caslan, archiviste
sortant, élu secrétaire décennal. .
Memrres résidants : MM. Arbey, Canel, Courletde Vregille,
Cuenin, Dunod de Charnage, Ligier, Marchai, Pourcy de
Lusans et Renaud (Louis).
La séance s*ouvre sous la présidence de M. Delacroix.
H. le président délègue Tarchiviste pour donner lecture du
procès-verbal de la séance du 15 décembre 4864, dont la rédac-
tion est adoptée, sauf suppression d'un mot qui est instantané-^
ment faite.
Après quoi M. le président remercie la Société de la bienveil-
lance qu'elle lui a témoignée pendant Texercico écoulé, et la féli-
cite de la manière heureuse dont elle a formé son nouveau
eonseil d'administration.
a
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— II —
M. Grenier, en acceptant le fauteuil , assure la Compagnie de
son dévouement sans limites aux int(^rôts de Tœuvre commune.
M. Castan, en prenant séance comme secrétaire, dit qu'il est
chargé par M. Weiss de remercier rassemblée du bon accueil
fait au toast porté par M. le premier Président de la Cour impé-
riale, à la Gn du banquet annuel de 1864.
A la suite de cette communication, la Compagnie adopte une
délibération ainsi conçue :
La Société, désirant offrir un témoignage de haute sympathie
et de vive gratitude au vénérable savant qui consacre généreu-
sement le fruit de ses labeurs à doter notre ville d'une statue du
cardinal de Granvelle, élit, à l'unanimité et par acclamation,
membre honoraire, M. Weiss (Pierre -Charles), conservateur
do la bibliothèque de Resançon , correspondant de l'Institut de
France, oflîcier de la Légion d'honneur.
Il est donné lecture d'une lettre de H. Tamier, de Dijon,
réclamant une réponse au sujet do la proposition qu'il a feite de
nous céd^r une suite des Annales de la Société enlomologique,
La Société , confirmant sa délibération du 1 2 novembre der-
nier, charge son secrétaire d'informer M. Tamier qu'une somme
de 144 francs a été votée pour l'objet dont il s'agit.
M. Delacroix communique le prospectus d'un recueil de mé-
dailles celtiques amplifiées et reproduites par la lithographie, è
l'aide desquelles on pourra sûrement étudier le costume national
en usage à l'ôpoquc do la Gaule indépendante. Celte collection,
composée de cent planches et d'un texte explicatif, a nour auteur
M. Eugène Hucher, du Mans, et le prix de ses exemplaires ne
s'élève qu'à la somme de vingt francs.
La Société décido qu'elle acquerra un exemplaire de cet
intr*rcssanl ouvrage.
M. Caslr.n donne lecture, au nom de M. Marlet, membre
correspondant, d'une Note sur la généalogie des Perrenot de
Granvelle,
La Compagnie vote l'impression de ce travail.
M. Vézian présente un mémoire de M. Minary, ingénieur à
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— tit —
Tusine de Cdsatnène ot membre du conseil municipal de Be^
sançoQ, ayant pour litre : Sur le dégagement de chaleur dû à la
formation des silicates; cette élude est accompagnée des creu*
sets renfermant les résidus qui justiGent les énonciations de
Tauteur.
La Société vote Timpression du mémoire de Hinary, accepte
pour ses collections les pièces justificatives de ce travail, et dé-
cide que le savant ingénieur sera remercié, en même temps que
prié de vouloir bien continuer à tenir la Compagnie au courant
de ses intéressantes expérimentations.
M. Marchai dr^clare qu'il ne perdra pas de vue, dans le char-
gement de ses fourneaux, les renseignements fournis par le tra-
vail dont il vient d*étre question.
Le môme membre fait en outre la communication suivante :
< Le procédé qui est généralement usité pour retirer l'argent
et l'or dos vieux galons, consiste à les brûler au feu, puis à les
soumettre à la fusion, après les avoir débarrassés autant que pos-
sible du charbon produit par la combussion de la soie qui fait
partie du tissu. Ce mode est toujours long et ennuyeux, parce que
le charbon que donne la soie est d'une nature compacte, et s'in-
cinère plus difficilement encore étant recouvert par l'argent, ce
qui donne une fonte pétulante comme toutes les cendres char-
bonneuses.
> J'obtiens de meilleurs résultats et plus commodément, en
utilisant la propriété désorganisante de l'acide sulfurique. Voici
comment j'opère :
> Immersion des galons dans de l'eauv jusqu'à ce qu'ils soient
imprégnés; — Préparation, dans une terrine en grès, d*un bain
avec parties égales d'acide sulfurique à 66* et d'eau ; — Im-
mersion des galons dans ce bain, et agitation au moyen d'une
tige de verre.
» L'attaque de la soie commence immédiatement, à la faveur
du dégiigement de chaleur que produit la dilution d^ l'acide, et
devient complète en quelques instants. Le filigrane se trouve
isoléi et il n'y a qu'à le laver pour l'obtenir dans un état parfait
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— IV —
de propreté. On peut le fondre alors sans difficulté, ou, mieux
encore, s'en servir, comme je fais, pour la préparation de l'azo-
tate et de la poudre d'argent.
» Le môme acide, après avoir été décanté ou filtré sur du
sable, peut servir h une seconde opération ; mais il devient alors
utile do faciliter l'attaque par la chaleur.
> Ce procédé est économique et ne donne lieu à aucune perte,
à la condition toutefois de ne pas toucher les galons par l'acide
sans que celui-ci soit dilué. >
Sur la proposition de M. le président, la note qui précède est
retenue peur le procès-verbal de la séance.
il est ensuite décidé qu'un exemplaire de la 3* série de nos
Mémoires sera offert à la Société de lecture do Besançon, qui
sera désormais assimilée aux bibliothèques publiques de la pro-
vince quant à l'envoi des volumes édités par la Compagnie.
Sont présentés comme candidats :
An lllre de membre réaldaBi t
Par MM. Grenier et Caslan, M. Soudre, contrôleur de la ga-
rantie, à Besançon,
el k celui de membre eerrc^pendaBl t
Par MM. Vuilleret et Bial, M. MeiUet, pharmacien et archéo-
géologue, à Poitiers.
n est ouvert enGn un scrutin secret sur les candidatures an-
noncées dans la précédente séance. A la suite du dépouillement
des votes, M. le président proclame
Membre réaldast t
M. LuxiftRB (.\nloine), artiste-photographe, à Besancon;
Membres eerreapeadanU t
MM. Bborthbrbt (Paul), rédacteur en chef de la France cen--
traie, àBlois;
Cmbbly (Justin), (employés de la compagnie des
FottuiiÉ (Pierre-Félix), r'^"^^ ^^ Franche^.omté , à
^' VFraisans (Jura).
Le Président, Ch. Gbbivibr.
Le Secrétaire, A. Castan.
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Séance du 1 1 février 1865.
Présidence de M. Dbucroix.
SonI présenta t
Bureau : MM. Delacroix (Alphonse), premier vice-président;
Jacques, trésorier; Faivre^ vice-secrétaire; Varaignst arciii-
ristp; Castan, secrétaire.
Membres résidants : MM. Arbey, Bial, Constantin, Courlet
de Vregille, Delacroix (Emile), Dunod de Charnage, Ligiir,
Marchai, Paillât,
Le procès- verbal de la séance du 14 janvier 1865 est In tt
adopté.
Sur la demande du secrétaire, l'assemblée décide que doréna-
vant les listes de dons reçus d'une séance à l'autre seront in-
scrites à la suite et non plus dans le corps des procès-verbaux,
afin qu'elles puissent être refondues annuellement en un seul
tout, sans qu'il en résulte de mutilations pour les actes de la
Compagnie.
Le secrétaire expose ensuite les motifs qui ne lui ont pas per*
mis de conclure l'acquisition d'une suite des Annales delà Société
entomologique.
L'assemblée, satisfaite de ces explications, rapporte sa délibé-
ration du 42 novembre 1864, relative à cet achat.
Il est donné lecture d'une circulaire ministérielle, en date du
31 janvier 1865, informant M. le président que la distribution
des récompenses accordées aux sociétés savantes, à la suite du
concours de 1864, aura lieu à la Sorboiyie le samedi 22 avril
prochain, à midi. Cette solennité sera précédée de trois jours de
lectures publiques, les mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 avril.
Le conseil d'administration est chargé d'aviser à ce que la
Compagnie ait des représentants à cotte réunian officieUe. .
Comrauoicatàon est égal^mept (ait0 (fm^e ii^èà^ de Son
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— VI —
Excellonce M. le Ministre de rinstruclion publique, qui est ainsi
conçue :
« Paris» le 9 février 1865.
> Monsieur le Président, vous m*avez fait Thonneur de m*é-
crire, le 27 octobre dernier, pour appeler mon attention ^ur
Topportunilé d'obtenir le classement du pont de Battant, à
Besançon, au nombre des monuments historiques.
> Le Comité historique, auquel j*ai communiqué votre lettre,
s*est associé avec un vif empressement au vœu formulé par la
Société d'Emulation. Je viens dN^crire à Son Exe. M. lo Ministre
de la maison do l'Empereur et des beaux-arts pour lui recom-
mander tout particulièrement cette affaire.
» Je vous annonce en même temps, M. le Président, que votre
travail imprimé sur les fouilles des rues de Besançon en 4863,
a été déposé dans les archives du Comité.
» Agréez, M. le Président, l'assurance de ma considération
très distinguée.
> Le Ministre de V Instruction publique,
» Pour le Ministre et par autorisAtion :
» Le Secrétaire général,
» Ch. Robert. »
La Société, vivement touchée de cette heureuse suite donnée à
un vœu qui lui est cher, charge son président d'assurer M. le Mi-
nistre de sa profonde gratitude.
M. Bial informe la Compagnie que le congrès des délégués
des sociétés savantes s'ouvrira, sous les auspices de Tlnstitutdes
provinces, le 20 avril prochain, rue Bonaparte, à Paris. L'hono-
rable membre propose d'accréditer auprès de cette réunion
M. H. de Chardonnet, membre résidant, ainsi que MM. Cessac
et Sarrette, membres correspondants.
Cette proposition ayant été accueillie, l'assemblée décide que
M de Chardopnet sera prié de faire au congrès un rapport sur
\N
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— VII —
]es travaux de la Compagnie ; M. Bial et le secrétaire mettront à
sa disposition tous les éléments nécessaires à ce résumé.
La Société accepte ensuite la proposition d*échanger les vo-
lumes à paraître de ses Mémoires avec les publications de la So-
ciété des sciemes naturelles et médicales de Seine-ot-Oise, dont
le siège est à Versailles.
L*ordre du jour appelle la nomination d^une commission
chargée do vériGerles comptes du trésorier.
L'assemblée désigne à cet effet MM. Bial, Courlct de Yregille
et Victor Girod. Ce dernier membre voudra bien se charger du
rapport.
M. le président rend compte d'un remarquable mémoire do
M. J. Quicherat, membre honoraire, dont le but est de prouver
que les armes résultant des fouilles faites à Alise-Sainte-Reine
appartiennent à Tépoque des invasions du iv* siècle et n*ont rien
de commun avec les vestiges du siège d*Âlcsia.
L'assemblée, considérant Timportance d'un tel argument au
au point de vue de la cause d'Alaise, émet le vœu que le travail
dont il s*agit soit inséré dans ses publications, ainsi que la
planche qui l'accompagne.
H. Castan donne lecture de l'introduction et des trois premiers
paragraphes d'un sf^ptième rapport sur les opérations delà com-
mission des fouilles d'Alaise. Cette partie du travail est consacrée
à établir : f " que le texte de César, précisé par les témoignages
de Plutarque et de Dion Cassius, ne permet pas de placer ailleurs
qu'en Séquanie la campagne qui aboutit au siège d'Alesia;
t^qnci la presqu'île de Mantocbe ayant été pendant tout le moyen-
dge la trouée naturelle des invasions qui descendaient du plateau
do Langres en Franche-Comté, c'est à juste titre que M. Dela-
croix l'a désignée comme ayant été le point de la frontière sé-
quano-lingonne choisi par César pour entrer en Sj'quanie.
A l'appui des expériences de M. Minary sur le dégagement de
chaleur dû à la formation des silicates, M. Marchai fait la com-
munication suivante :
€ Dans notre séance du 1 4 janvier dernier, nous avons eu le plai«
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Google
— VIII —
itrde receroir, au nom de M. Minary, une communication dé-
montrant d*une manière irrécusable qu'à la naissance des sili-
cates à bases multiples, il se produit un notable dégagement de
chaleur, dû à Faction chimique qu'exerce la silice, jouant le rôle
d*acide, en se co:nbinant avec les bases.
» Partant de ce principe, M. Minarj explique la différence des
caractères qu*afTectent les laitiers de hauts-fourneaux, connus
sous les noms géni^riques de laitiers chauds et laitiers froids, et
en déduit dos conséquences qui s'appliquent à la métallurgie du
fer.
» M'emparant de Texpérionce de M. Minary, je m'applique à en
profiter dans une autre branche qui me conccrno, je veux dire
le traitemont des cendres d'orfèvres : les premiers résultats ob-
teuus ne manquent pas d'être satisfaisants.
» Ce que Ton appelle cendres d'orfèvres est ce qu'il y a de plus
mal déûni. Souvent elles n'ont de cendres que le nom ; c'est
tantôt une substance inerte, tantôt une substance vitrifiable ,
tantôt une substance réfractaire qui en fait le fond. Ces dernières
sont celles qui offrent le plus de difficultés pour être traitées, et
il faut citer particulièrement dans l'espèce celles qui tiennent
de la pierre-ponce. En effet, cette substance, parfaitement réfrac-
taire au feu des fourneaux, forme, dans les creusets, une masse
lourde et compacte qui empêche les globules métalliques de se
réunir et de se déposer ; et ce n'est qu'avec beaucoup de temps et
sous l'action mécanique du brassage que l'on parvient, par les
moyens ordinaires, à rdssembUr parfaitement le métal plus ou
moins précieux dispersé dans la pierre-ponce. En provoquant la
formation de laitiers chauds, d'après les indications do M. Minary,
c'est-à-dire en préparant les schichs de manière à amener la
naissance d'un silicate polybasique, j'obtiens les résultats que
j'ai l'honneur de soumettre à la Société. Si, dans ces échantillons,
la ponce n'est pas combinée à l'état de vitrification, elle est au
moins prise dans un tout homogène qui a éprouvé un certain
degré de fluidité, ce qui remplit le but de la fonte.
» Je contiauerai ces expériences, de manière à arrivera pouvoir
Tf-
^ é ^bigitized by GoOglC
— IX —
doQoer des formules de schichs. Présentement je me borne à
dire qu*il est convenable de mettre en présence plusieurs sub-
stances jouant le rôle d*acides, telles que silice, soufre, peroxyde
éê manganèse, avec plusieurs substances jouant le rôle de bases,
isUes que soude, potasse, fer, alumine, chaux, magnésie, ce qui
donne lieu, à différents degrés de chaleur, à une série de com-
binaisons et de décompositions qui tournent à Tavantage de la
fonle. »
La Société remercie M. Marchai, et décide que la note ci-
dessus sera inscrite au procès-verbal de la séance.
Sont présentés comme candidats au titre de membre résidant :
Par MM. Delacroix (Alphonse) et Castan :
MM. Monin, professeur d*hisloire à la Faculté des lettfes;
Saint-Eve (Charles), serrurier-entrepreneur, à Besançon.
A la suite d*un scrutin secret ouvert sur les candidatures an-
oooeées dans la précédente séance, M. le président proclame :
Membre résidant i
M. SouDRE, contrôleur de la garantie, h Besançon ;
E( membre cerrespoadaat :
M. Mbillet» archéogéologue, à Poitiers.
A propos de Télection de M. MeiUet, M. le président fait con-
naître que cet honorable savant vient de faire don à notre musée
archéologique d'une centaine de silex pyroniaques taillés, pro-
renant du Poitou et mettant en évidence les procédés «iont
usaient les hommes de Tâge de pierre pour tailler leurs armes.
le Vice-Président, A. Delacroix.
Le Secrétaire, A. Castak.
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Séance du \\ mars 1865.
PBÊSIDBlfCB DB M. GrBNIBR.
Bubeau : MM. Grenier, président; Delacroix (Alphonse) et
5ire, vica-présidenls ; Faitre, vice-secrétaire; Varaigne, archi-
viste; Castan, secrétaire.
Membres résidants : MM. Canel, Courleê de Vregille, Dela-
croix (Ëtnile\ Dunod de Charnage, d'Esiocquois, Lancrenon,
Lumière, Pourcheresse et Vézian.
Le procès-verbal de la séance du \ \ février est lu et adopté,
après la radiation de deux mots immédiatement faite.
Le secrétaire lit ensuite :
4* Une lettre de M. Meillet, pharmacien à Poitiers, remerciant
la Société de Tavoir admis au nombre de ses membres, et pro-
mettant de lui communiquer le résultat de ses fouilles et travaux
incessants;
2* Une lettre de la Société de lecture de Besançon notiCant un
vote de remercîment envers la Société d'Emulation du Doubs,
par suite de la concession d*un exemplaire de la 3* série de nos
Mémoires ainsi que des volumes que nous éditerons ultérieure-
ment;
3* Une lettre de M. le colonel Sarrette, membre correspondant,
acceptant la qualité de représentant de la Compagnie au congrès
des sociétés savantes, et exprimant Tintention de faire son pos-
sible pour assister au moins à Tune des réunions de cette assem-
blée.
A ce propos, le secrétaire fait observer que M. de Chardonnet
n*a pas encore la certitude de pouvoir se rendre à Paris pour l'é-
poque de la tenue du congrès de la rue Bonaparte, qu'il y a
lieu dès lors de désigner un membre pouvant suppléer cet hono-
rable confrère au point do vue de la rédaction d'un rapport sur
l'ensemble de nos tr/ivaux.
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— XI —
La Société délègue à col effet M. Valfrey, membre correspoD-
daot, à Paris. Avis de cette délégation supplémentaire sera donnée
I M. le directeur de Tlnslitut des provinces.
M. Vézian croit pouvoir assurer que M. de Fromentel, membre
correspondant, serait disposé à preudre part aux réunions de la
Sorbonne, en qualité de représentant de la Société d'Emulation
du Doubs
Conformément à la délibération du I i février, le conseil d'ad-
ministration est chargé de s'entendre à cet égard avec M. de
Fromentel, et de favoriser Taccomplissemcnt de son désir.
M. Castan communique le passage suivant d'une lettre qu'il a
reçue de M. le docteur Faivre d'Esnans, membre correspon*
dant:
€ Permettez -moi de vous faire part d'une légende racontée
par les vieillards de la commune de Villers-le-Sec, village près
de Baume-Ios-Dames. Je désire qu'elle puisse vous intéresser, et
peut-être exciter assez la curiosité des antiquaires pour les dé-
terminer à en tenter le contrôle.
» Lors des invasions de Bernard de Saxe-Weimar en Francho-
Comté, les habitants de nos campagnes, craignant que ce fa-
rouche personnage ne mît à exécution les menaces sanguinaires
qu'il avait faites, se réfugièrent dans les cavernes dont est criblé
notre territoire. Les gens do Villors-le-Sec se cachèrent dans
uae grotte dont l'ouverture, fort étroite, est au fond d'une combe
boisée, à cinq ou six cents mètres du village; ils y portèrent sans
doute leurs provisions et tout ce qu'ils avaient de précieux, aban-
donnant leurs maisons au vandalisme des soldats. Ceux-ci, cher-
chant ou les habitants avaient pu se réfugier, aperçurent à la li-
sière du bois un enfant qui, malgré la surveillance dos parents,
s'était échappé de la cavorno. On le poursuivit et, au moyen do
cette piste, on découvrit le lieu ou nos pauvres paysans se
croyaient en sûreté. N'osant s'aventurer dans l'étroit passage
par ob l'enfant s'était éclipsé, les soMals couplèrent le bois tout
à l'entour et y mirent le feu : de sorte que la population de la
caverne dut périr par asphyxie. Rien n'en sortit plus tard.
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L d.
CtAi.
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— xu —
> Les anciens habitants de Villers-Ie-Sec sont donc encore là,
car depuis on a voulu pénétrer dans la caverne sans pouvoir y
parvenir; les lumières s'éteignaient après quelques pas de des-
cente, ce qui a déterminé les propriétaires dos champs voisins à
y jeter toutes les pierres qui les embarrassaient, au point que
rentrée a été complètement obstruée.
» Quelques ouvriers de Baume ayant entendu parler de ces faits,
sont allés avec pioches et autres instruments, dans Tespoir de
déboucher la caverne et d'y faire do bonnes trouvailles ; mais, ne
sachant oU déposer les déblais, ils ont été forcés de renoncer à
leur entreprise.
» Le gaze acide carbonique qui éteignait les lumières il y a
moins de quatre-vingts ans et qui nécessairement remplissait la
grotte, doit encore y exister. Sa propriété est de conserver presque
indéfiniment les cadavres. On pourrait donc espérer, en péné-
trant dans cette >grotte avec Taide d*un fourneau d'appel^ d'y
retrouver tout un mobilier du xvh* siècle, et peut-être môme des
corps conservés à Télat de momie. »
La Société retient la narration qui précède pour le procès-
vorbal de la séance.
M. Vézian analyse un mémoire sur des phénomènes d'action
capillaire, dû à M. Minary, ingénieur à Tusine de Casamène.
L'assemblée , accueillant avec empressement la. proposition
d'imprimer ce mémoire, décide qu'il fera immédiatement suite
au travail du môme auteur sur le dégagement de chaleur dû aux
silicates: elle exprime en mâme temps le désir que ce nouveau
texte soit accompagné d'une gravure sur bois reproduisant l'un
des principaux phénomènes observé par M. Minary : M. Vézian
est prié de diriger l'exécution de cette figure.
Sont ensuite proposés pour faire partie de la Société :
fo C«Bime membres réflldanla t
Par MM. Delacroix (Alphonse) et Castan, M. Michel, Brice,
décorateur des promenades de la ville ;
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— Xlll —
Par MM. Grenier et Constantin, M. Flagey (Camille), ingé-
nieur civil ;
fo coamie membres eorreapondanU i
Par MM. Delacroix (Alphonse) et Caslan, M. le général du
Pouey, membre du Conseil général du Doubs, à Pelousey ;
Par MM. Bial et Caslan, M. Pécoul (Auguste), archiviste-pa-
léographe, rue Jacob, 50, à Paris ;
Par MM. Grenier et Castau, M. Blanche^ naturaliste, à Dole.
Il est ouvert un scrutin secret sur les candidatures posées
dans la précédente séance. Après le dépouillement des votes,
M. le président proclame :
Membres réflldaoto i
HM. MoNiN (Henri) , professeur d'histoire à la Faculté des
lettres ;
Saint- Eve (Charles), serrurier-entrepreneur.
M. le président annonce enGn que M. Marcou,* géologue des
plus distingués, vient, après un long séjour en Amérique, de re-
venir habiter Salins.
La Société accueille cette nouvelle avec une vive satisfaction,
et décide que le nom de M. Marcou reprendra son ancienne
place dans la liste des membres correspondants.
Le Président, Ch. Grenier.
Le Secrétaire, A. Castin.
Séance du S avril 4865.
PRÊSIDBKCB DE M. DeLàCROIX.
sent pifémentm t
Bureau : MM. Delacroix (Alphonse), premier vice-président;
Jacques, trésorier; Faivre, vice-secrétaire; Castan, secrétaire;
Membres eêsidants : MM. Canel, Constantin, Delacroix
fJiLm\le),d*Estocquais,Lhomme, Lumière et Saint-Eve (Charles).
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— XIV —
Le proces-verbal de la séance du \ \ mars est lu et adopté.
L'ordre du jour appelle le rapport de la commission chargée
d'examiner les comples du trésorier; mais M. Victor Girod, or-
gane de la commission, étant empêché, la Société renvoie l'au-
dition de cet exposé à sa prochaine séance.
M. Castan communique les derniers chapitres de son septième
rapport sur les opérations de la commission des fouilles d'Alaise.
Il y établit que la tradition locale et les vestiges archéologiques
sont d'accord avec les textes anciens, pour désigner le pays de
Charsenne comme théâtre du combat de cavalerie qui précéda le
siège d^Âlesia.
M. Canel fait remarquer que la tradition recueillie à Char-
senne se raconte de môme dans tous les villages environnants.
Après quoi , la Société vote l'impression du mémoire de
H. Castan, ainsi que celle des planches qui doivent l'accompa-
gner. Ce vote s'appliquera également à la reproduction en gra-
vure sur bois du taureau de bronze découvert à Avrigney, en
4756, et qni vient d'ô^re habilement photographié par notre con-
frère M. Lumière.
La Compagnie remercie M. le vicomte Chiflet, propriétaire du
taureau d'Avrigney, de ce qu'il a bien voulu consentir à la publi-
cation de cette belle pièce dans nos Mémoires.
Le secrétaire expose qu'il a reçu de M. le colonel Sarrette un
nouveau travail intitulé : La question d'Alesia résolue mathé-
matiquement en faveur d'Alaise, et que, conformément à l'ar-
ticle 10 du règlement, le conseil d'administration a envoyé cet
ouvrage à l'examen d'une commission composée de MBf . Bial,
d'Estocquois et Delacroix (Emile).
M. Delacroix (Emile) fait un rapport verbal sur l'œuvre dont il
s'agit; il juge qu'il est intéressant pour la Société d'enregistrer
cette solution judicieuse et originale d'une question née dans son
sein.
La Compagnie, adoptant cet avis, vote l'impression du travail
de M. le colonel Sarrette, et prend à sa charge Texécution des
doux ûgures qui y sont jointes.
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— XV —
M. le président fait observer que notre liste de mombres hono-
raires ne compte que vingt noms, tandis que Tarticle 2 des sta-
tuts autorise à porter ce chiffre à vingt-quatre. Il demande s*il n'y
aurait pas lieu de faire deux élections dans cet ordre supérieur.
La Société partageant celle manière de voir , le conseil d'ad-
ministration propose immédialement la candidature de M. Henri
Sainte-Claire Deville, membre de Tlnstitut, qui a présidé à Tor-
ganisation dd la Faculté des sciences de Besançon et concouru
activement à la prospérité de notre Compagnie , puis celle de
M. Henri Martin, Thistorien national, qui prête Tappui de son
nom et de son savoir à la défense de la cause d*Alaise.
Cette double présentation ayant été acclamée par toute Tassis-
tance, H. le président proclame :
MM. DsviLLB (Henri Sainte-Claire), deTInstitut;
Mabtin (Henri), historien.
Sont ensuite proposés pour faire partie de la Société, comme
membres résidants :
Par MM. Delacroix (Alphonse) et Castan, M. Botir^on, prési-
dent honoraire à la Cour impériale ;
Par MM. Delacroix (Alphonse) et Jacques, M. Bellair^ vétéri-
naire.
Après un scrutin secret ouvert sur les candidatures annoncées
dans la précédente séance, M. le président proclame :
■fembreM rémldmniM i
HM. Plaget (Camille], ingénieur civil;
Michel (Brice), décorateur des promenades de la ville de
Besançon;
MeoilireM c«rrespoBdaiiU i
MM. Do PouEY, général de brigade en retraite, à Pelousey;
Pêcoul (Auguste), archiviste-paléographe, à Paris;
Blanche, naturaliste à Dole.
Le Viee-Président, A. Delacroix.
Le Secrétaire, A. Castan.
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Séance du i3 mai 1865.
Présidence de M. Gbenier.
0OBt présenlfl i
Bureau : MM. Grenier, présiJeat; Delacroix (Alphonse),
premier vice-présidenl ; Jacques, trésorier ; Faivre, vice-secré-
taire ; Varaigne, archiviste ; Castan, secrétaire ;
Membres résidants ; MM. Bial, Canel, Constantin, Delacroix
(Emile), Dunod de Charriage, Gaudot, Ligier, Renaud (Louis)
eiRollot.
Le procès-verbal de la séance du 8 avril est lu et adopté.
Sont ensuite communiquées les lettres de MM Doville et
Henri Martin accusant réception do leurs diplômes de membres
honoraires.
« J'ai passé à Besançon, écrit M. Doville, une partie de ma
jeunesse et de mon âge mûr, et mes meilleurs souvenirs se rap-
portent à ce temps. Je suis enchanté d*ôlre quelque chose à Be-
sançon, surtout par Télection. »
€ J'accepte de grand cœur, dit M. Henri Martin, cette confra-
ternité qui existait de fait entre nous avant d'exister en droit;
vous savez toute mon affliction pour la rieille Séquanie, le pays
peut-être le plus gaulois de France par la conservation dos tra-
ditions, parmi ceux qui ne parlent plus la langue de nos pères. »
Il est également donné lecture d'une lettre de M. Valfrey re-
lative à la communication qu'il a faite au congrès des délégués
des sociétés savantes d'un rapport sur les travaux de la Société
d'Emulation du Doubs. « M. deCaumont, dit l'honorable délégué,
m'en a remercié dans les termes les plus flatteurs pour vous et
pour moi, et l'a retenu pour le faire insérer au prochain An-
nuaire de l'Institut des protinces de France, » .
La Société remercie M. Valfrey de l'heureux accomplissement
de son mandat.
L'Académie royale des sciences de Bavière demande unecollec^
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•*-- JtVÎI —
tion complète do nos Mémoires et nous offre en échange : i^ Re"
cherches sur la direction et la force du magnétisme terrestre,
par M. Lamont, 2 vol. in-i** ; 2** Déterminations magnétiques,
î vol. in-i*>; 3* Cartes magnétiques; 4® Annales de l'Observa-
taire de Munich^ vol. 4 à 1 4, ia-8^ ; 5* Supplément aux Annales,
vol. h à 4, in-8'; 6* Comptes -rendus dés séances de V Académie
royaie des sciences de Bavière, 4860-64, 9 vol. Ces deux der-
nières publications se continuent, et TAcadémie royale s'enga-
gerait k nous en fournir les suites, à la condition que les volumes
uitérieurement édités par nous lui seraient adressés.
La Société, considérant cette proposition comme avantageuse,
an double point de vue de Taccroissemeat de sa bibliothèque
et de la divulgation de ses propres travaux, autorise son secré-
taire à établir, sur les bases qui précèdent, d^s relations d'é-
change avec l'Académie royale des sciences de Bavière.
La Société d'archéologie, sciences, lettres et arts de Seine-et-
Marne, à Melun, sollicite l'envoi de nos publications en échange
des siennes.
Cette proposition est acceptée.
L'ordre du jour appelle le rapport de la commission chargée
de vérifier les comptes du trésorier. En l'absence du rapporteur
de cette commission, M. Bial, l'un des membres, présente
l'exposé suivant :
€ Messieurs, le compte de l'actif et du passif de la Société d'E-
mulation, pour l'exercice 1864, a été reconnu par nous parfaite-
ment exact; l'état dressé par M. Jacques, trésorier, est en tout
point conforme aux documents qui constatent l'entrée et la sortie
des sommes.
» Nous ne pouvons que vou3 demander de sanctionner cet
état de situation, qui établit :
» Que les recettes se sont élevées à . . . 6,484 fr. 60 c.
> Lesdépensesà 4,844 > 70 »
> Ce qui laisse un excédant de 4 ,639 fr. 90 c.
disponible au 4 «'janvier 1865.
b
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— XVltt --•
» Votre commission propose de voter à H. Jacques des rô-
merctments pour sa bonne gestion.
» Besançon, le 1" mai 1865.
» (Signé] CouRLBT de Vrbqillb; Paul Bial;
Victor Girod, rapporteur. »
La Société, adoptant les conclusions de ses commissaires, vote
des remerctments unanimes à son trésorier.
Le secrétaire rend un compte sommaire du concours régional
agricole qui vient de finir et à l'organisation duquel trois mem-
bres du conseil d'administration de cette compagnie ont contri-
bué. Ces assises de Tagriculture ont été très imposantes et, de
l'avis de tous les étrangers, leur installation s'est faite dans des
conditions exceptionnelles de succès. Il est à regretter cependant
que les produits du sol franc-comtois n'y aient pas tenu une plus
large place. Ce résultat ne pouvait, d'ailleurs, être atteint qu'au
moyen d'une propagande locale faite par les soins d'une corpo-
ration à la fois active et nombreuse, telle que la Société d'Emu-
lation du Doubs.
La Société, partageant cette manière de voir, se propose d'of-
frir sa coopération au prochain concours régional, et, voulant
donner un gage anticipé de cette disposition, elle décide que les
actes et rapports relatifs au concours de 4865 seront réunis par
les soins de son conseil d'administration et insérés dans ses Mé-
moires.
Sont présentés pour faire partie de la Société, comme mem-
bres résidants, par MM. Grenier et Jacques :
MM. France (Désiré], membre du conseil d'arrondissement
de Besançon ;
Foin, agent principal d'assurances.
Sont élus enfin, à la suite d'un scrutin secret ,
Membres réMldaaU t
MM. BouRGON, président honoraire à la Cour impériale;
Bellair, médecin-vétérinaire, à Besançon.
Le Président, Ch. Grenier.
Le Secrétaire, A. Castan.
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-^ lit —
Séance du iOjuin 4865.
PafisiDBifCE DB M. Grbnibr,
BumsÂU : MM. Greniert président; Delacroix (Alphonse), pre-
nri«r vice-président; Faivre, vice-secrétaire; Varaigne, archi-
TÎste; Caskin, secrétaire.
Mbvbrbs RfisiDANTS : MM. Arbey, d'Aubonne, Dunod de
Chômage, d'Estocquais, Michel (Brice) , Rollol, $ainhEve
(Charles).
Le procès-verbal de la séance du 43 mai est lu et adopté.
Il est donné communication d'une lettre de M. Scheuring,
fibraire à Lyon, accusant réception d'une collection complète de
SOS Mémoires destinée à l'Académie royale des sciences de Ba-
vière, et annonçant comme très-prochaine l'arrivée des livresque
cette compagnie nous a promis en échange.
Enumérant ensuite les envois faits à la Société depuis sa der-
nière séance, M. le président appelle l'attention de ses confrères
•or ÏAnntuiire de Vlmtilul des provinces pour 4865, volume
qui renferme un remarquable exposé de nos travaux par M. de
Chardonnet; il distingue également VEtv4e géologique etpaléon-
tûlogique de la formation d^eau douce infracrétacée du Jura et
en particulier de Villers-le-Lac, par MM. P. de Loriol et A. Jac-
card.
Ce dernier travail , dont l'un des auteurs appartient à cette
Compagnie et qui a pour objet une portion du territoire de notre
département, est renvoyé à l'examen de M. Vézian, qui sera
prié de vouloir bien nous en rendre compte.
M. Delacroix lit une notice intitulée : L'Autel celtique de Saint-
Maximin. U s'agit, dans cette étude, d'un dolmen récemment dé-
eoarert sur le territoire de Trepot etqui a été visité par plusieurs
membres de la Société. L'honorable rapporteur donne à ce pro-
pos les motifs qui expliqueraient, selon lui, la rareté des monu-
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— t3t —
meots de ce genre sur le sol de la Séquanie. « Aux époques an-
tiques, dil-il, ou la religioa consacrait des monuments de pierre
Tierge, il était tout simple que, dans un pays de calcaires durs,
caverneux et accidentés comnre ceux du Jura, la main des
hommes ne tentât pas d'élever, par exemple, un menhir, si haut
qu'il fût, près du gigantesque Toum-tâtre de Cléron, ou du
Guy on de Pretin, un dolmen à côté de la Roche percée d'Aveney,
de la €hè9e d'Arguel, de la Soue de Montgesoye, mie allée coo*-
verte sur la terre classique des Baumes. Dans dos lieux oh Toù
trouvait à chaque pas des réalités grandes et magnifiques, il «ût
été puéril de façonner de chélives images. »
M. d*Estocquois objecte que M. Delacroix semble s*écarter
de Topinion généralement admise, laquelle consiste à voir dans
les dolmens d'anciens sépulcres enveloppés primitivement dans
des tumulus,
A l'appui de cette opinion, M. de Charnage cite le fait de la
présence d'ossements humains sous la plupart des dolmens de la
Dordogne.
H. Delacroix répond que sa manière de voir sur les dolmens
est indépendante de toute observation directe et personnelle ,
mais qu'elle s'appuie sur la tradition des lieux oh ces monu-
ments abondent. En Auvergne, par exemple, les campagnards
donnent au dolmen le nom d'autel, au menhir celui de pierre
droite, et ces deux genres de monuments étaient, avec la pierre
branlante et la grotte aux fées, l'objet d'une superstition popu-
laire qui vivait encore au commencement de ce siècle. Cette su-
perstition comportait, entre autres pratiques, le soin d'entretenir
à l'état poli la surface des pierres, au moyen d'onctions oléagi-
neuses, condition indispensable pour que ces monuments pussent
être conjurés avec fruit dans l'intérêt des malades. On deman-
dait particulièrement et la grotte aux fées de l'eau pour guérir les
maux d'yeux. L'atné de la famille ou, en cas d'insuffisance in-
tellectuelle de ce dernier, celui que l'on destinait à devenir le
chef de la maison, était seul investi de cette espèce de sacerdoce.
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En reœvaat rioitialion au culte des piorres, il jurait d*en garder
les secrets et Je oe pas les révéler môme en confession.
M. Caslan pense que Texistence d'ossements humains sous les
dolmens a*a rien qui contredise l'attribution donnée à ces monu^
ments par M. Delacroix. N'a-t-on pas vu, ne voit-on pas encore
nombre de personnes pieuses élire leur sépulture à l'ombre des
autels chrétiens 7 II n'y aurait rien de surprenant qu'un sem-
blable usage eût existé à l'époque celtique. Et quant aux dol-
mens rencontrés au centre de quelques tumulus de dimensions
exceptionnelles, ils seraient les analogues des chapelles de nos
cimetières.
A k suite de cet échange d'explications, l'assemblée vote l'im-
pression du mémoire de M. Delacroix ainsi que du dessin qui
doit l'accompagner.
MM. Grenier et Castan proposent d'admettre comme membre
résidant M. le baron Dadin, juge au tribunal de Besançon et
membre du conseil général du Doubs.
Puis il est ouvert un scrutin secret, à la suite duquel sont pro-
damés
nombres résidants s
MM. Fiance, Désiré, membre du conseil d'arrondissement do
Besançon ;
Fom, agent principal d'assurances.
Le Président, Gh. Grenibr.
Le Secrétaire, A. Castan.
Séance du S juillet 4865.
Présidence de M. Grenier.
0OBt préseals i
Bureau : MM. Grenier, président; Delacroix (Alphonse),
premier vice-président ; Jacques, trésorier ; Faivre, vice-secré-
taire ; Varaigncy archiviste ; Castan, secrétaire.
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— XXII —
Membres résidants : MM. Arbey, Constantin, Lanerenon.
Le procès-verbal de la séance du 4 juin est lu et adopté.
Une lettre du bibliothécaire de TAcadémie royale des sciences
de Bavière, en date à Munich du 47 juin 4865, consomme réta-
blissement de relations amicales entre cette compagnie savante
et la nôtre, et nous informe de Texpédition des ouvrages annon-
cés précédemment comme devant compenser l'envoi d'une
collection complète de nos Mémoires.
Le secrétaire rend compte d'une appréciation flatteuse du con-
cours régional de Besançon que vient de publier M. Barrai, et
demande l'autorisation de comprendre ce morceau dans la série
des documents relatifs à la solennité agricole de 4865, dont l'in*
sertion dans nos Mémoires a été décidée le 43 mai dernier.
Cette proposition est accueillie.
M. Delacroix expose ensuite que plusieurs sociétés sont dans
l'usage de convier à leurs fêtes annuelles des représentants des
diverses compagnies savantes du voisinage. Il exprime le désir
que cette habitude soit prise par la Société d'Ëmulation du
Doubs, qui pourrait y gagner plus d'une intéressante communi-
cation.
L'assemblée, partageant cet avis, décide que deux invitations
au banquet du mois de décembre prochain seront adressées en
son nom à chacune des sociétés correspondantes du département
du Doubs et des pays limitrophes, et que ces invitations seront
faites assez longtemps à l'avânce pour permettre aux déléguas de
préparer quelques communications.
Il est également arrêté, sur la proposition du secrétaire, que
désormais les membres correspondants seront avisés, au moyen
d'une circulaire, de la date précise du banquet et mis de la sorte
eu mesure de pouvoir y prendre part.
La Société se réserve de délibérer ultérieurement sur la ques-
tion de savoir s'il n'y aurait pas lieu de reporter le banquet à
une saison plus favorable aux voyages que le mois de décembre,
hypothèse dans laquelle ce banquet pourrait être précédé d'une
séance solennelle consacrée à des lectures publiques.
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— XXIIl —
MM. Lancrenon et Delacroix proposent d'admettre comme
membres résidants MM. Mairot cl Gauthcrot, entrepreneurs.
MM. Grenier et Castan demandent le titre de membre corres-
pondant pour M. Champin, sous-préfet de l'arrondissement de
Baume-les-Dames.
Il est enfin procédé à un scrutin secret, à la suite duquel M. lo
président proclame
nombre résidant t
M. le baron Dàclin, juge au tribunal de Besançon et membre
du conseil général du Doubs.
Le Président, Ch. Grenier.
Le Secrétaire, A. Castah.
Séance du 43 aoâH 865.
Présidence de M. Delacroix.
•ont préseato t
Bureau : MM. Delacroix (Alphonse), premier vice-présidont ;
Jacques, trésorier; Varaigne, archiviste; Faivre, vice-sccré-
laire ; Castan, secrétaire.
Membres résidants : MM. Arbey, Canel, Lancrenon, Rollot,
Saint-E'ce (Charles).
Le procès-verbal de la séance du 8 juillet est lu et adopté.
n est communiqué une dépêche de M. le Ministre de l'In-
struction publique informant la Compagnie que, par arrêté du
9 août courant. Son Excellence lui a attribué une allocation de
quatre cents francs à titre d'encouragement.
L'assemblée , vivement reconnaissante de cette nouvelle
marque d'une sympathie qui l'honore, charge son président de
remercier Son Excellence ; elle délègue, en même temps, son
trésorier pour toucher la somme dont il s'agit à la caisse du
payeur départemental.
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— XXIV —
Le secrétaire donne ensuite lecture d*une note de M. Cessac,
membre correspondant, relative aux fouilles qui viennent d'avoir
lieu au Puy d*Ussolud » localité dont les titres à représenter
rUxellodunum des Commentaires ont été exposés dans nos
Mémoires par M. le capitaine Bial.
« Sur les hauteurs qui abritent Saint-Sozy, au nord, et sur le
relief appelé le Pech-Grand, j*ai constaté, dit M. Cessac, des ves-
tiges non équivoques de retranchements en terre d'un développe-
ment d'environ 400 mètres. Derrière ces retranchements, et ga-
gnant le plateau, j'ai pu dénombrer les 80 et quelques tumulus,
plus ou moins apparents , que M. Bial et moi n'avions fait
qu'entrevoir l'an dernier Une douzaine de ces tumulus ayant
été fouillés, ils ont tous rendu des débris de poteries, des osse-
ments, et quelques-uns d'autres débris, tels qu'un bracelet en
fer, une défense de sanglier, d'autres fragments de fer sans ca-
ractère appréciable, des cailloux simulant des haches, et enfln
deux perles de collier d'une matière calcaire dure et ayant l'ap-
parence de la craie. Quelques-uns de ces tumulus avaient reçu
plusieurs corps : l'un, entre autres, offrait neuf logettes dont sept
avaient conservé des débris d'ossements.
» Pendant que mon fils, secrétaire-adjoint de la Société d'eth-
nographie de Paris, poursuivait les fouilles de Saint-Sozy, je
portais, de mon côté, la pioche sur le versant du Puy-d'Ussolud
qui avoisine le hameau de l'Oulié.
» Mes premières recherches s'attachèrent à retrouver, sous les
terres de recharge éboulées des hauteurs, les vestiges des en-
gins incendiaires lancés par les assiégés, en môme temps que le
site et le bassin de l'ancienne fontaine pérenne.
> A un peu plus de deux mètres de profondeur, sur un point
distant de la source d'environ 30 mètres, je retrouvai dos terres
calcinées et de nombreux débris de charbons. Ce fut là un point
do repère qui me fit planter la pioche à une altitude supérieure
d'environ 40 à 12 mètres, et j'eus la satisfaction d'avoir rencoa-
tré positivement le bassin de l'antique source.
» A environ 4 mètres de profondeur, et sous les terres ébou-
dby Google
— XXV —
lées recouvrant le bassin naturel de la source, il a été trouvé de
nombreux débris de poteries, huit pointes de flèches et deux fers
àê pilum,
» Deux tranchées poursuivies, Tune à rorifice de l'ancienne
galerie, et la deuxième à 5 mètres de distance, dans la direction
de la fontaine retrouvée, ont l'une et Tautre mis à découvert la
route de la galerie de César.
» Creusée d*abord dans les marnes ordinaires, constituant à
cette hauteur Fancien sol, les mineurs romains furent obligés de
soutenir la voûte en plein cintre à Taide de blindages de bois,
dont des fragments encore volumineux, malgré leur altération,
ont été rencontrés et recueillis par les ouvriers. Ceux de ces
fragments qui ont séjourné dans les argiles du lias, entraînées
des flancs de la montagne par le courant détourné, ont conservé
la texture ligneuse et se rapprochent de Fébène; ceux qui ont été
constamment en contact avec le courant ont été complètement
pétrifiés, tout en conservant la forme primitive du bois et offrant
encore l'image de sea fibres. Parvenus à un massif de tuf créé
par la fontaine même, les mineur» n'eurent plus besoin de blin-
dages, et la galerie fut alors creusée en plein dans ce massif tu-
fier. La hauteur de sa baie, sous voûte, est de 6 pieds romains
et sa largeur de 5 pieds. La moitié environ de cette galerie a été
déblayée des argiles et autres formations sédimentaires qui l'en-
combraient, avant mon retour à Paris, et mon ûls continue de
faire exécuter ces travaux de curage au milieu des eaux qui les
contrarient.
» Si des fouilles pouvaient être exécutées avec soin sur un
périmètre de plusieurs hectares, les armes, les débris de poteries
gauloise et romaine qu'on y ramasserait feraient presque le
chargement d'un wagon. »
Le secrétaire rappelle, à ce propos, que notre confrère M. Binl
est le premier qui ait soutenu, par des arguments sérieux, l'iden-
tité de la fontaine de TOulié et de la source saignée par César
sous, les murs d'Uxellodunum.
Puis la Société décide que M. Cessac sera remercié de son ia-
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— XXVI —
téressanle communication, et que le texte de celle-ci sera inséré
au procès-verbal de la séance.
Sur la demande du secrétaire, la Société met à la disposition
de sa commission d*archéologie le crédit de 300 francs inscrit
au chapitre vi du budget dei dépenses, ainsi que la somme de
200 francs offerte en vue des fouilles d*AIaise par M. le sénateur
Lyautey.
MM. Delacroix (Alphonse) et Saint-Eve (Charles) proposent
d'admettre comme membres résidants : MM. JfaWmct/, entre-
preneur de charpenterie, et Fitsch (Léon), entrepreneur do ma-
çonnerie ; et comme membre correspondant, M. Boisson (Emile),
propriétaire, à Moncley (Doubs).
A la suite d*un scrutin secret ouvert sur les candidatures
posées dans la dernière séance, M. le président proclame
Hembres résldasto s
MM. Màirot, Edouard, entrepreneur de charpenterie ;
Gadthbrot, Jean, entrepreneur de menuiserie ;
Membre c«rresp«BdaBt i
M. CoAMPiif, sous-préfet de Tarrondissement de Baume-les-
Dames.
Le Vice-Président, A. Dblaciioix.
Le Secrétaire, A. Càstan.
Séance du \\ novembre <865.
Présidence de M. Delacroix.
Bureau : MM. Delacroix (Alphonse), premier vice-président;
Jacques, trésorier; Varaigne, archiviste; Fait>re, vice-secrétaire;
Castan, secrétaire.
Membres résidants : MM. Constantin, Cuenin, Gautherot,
Lhomme^ Mairot, Renaud (Louis), Saint-Eve (Charles) et Voisin.
f^Dig^by Google
— XXVII —
Le procès- verbal de la séance du 12 août est lu et adopté.
Eoomérant ensuite les envois faits à la Société depuis sa der-
nière réunion» le secrétaire appelle l'attention de la Compagnie
tor un groupe d'instruments en jaspe provenant du gisement de
Fontmaure (Vienne), découvert par M. Meillet, membre corres-
pondant, le 46 juillet dernier; puis sur un lot de publications,
composé de 49 volumes et 3 brochures, oiïert par l'Académie
royale des sciences de Bavière, en échange d'un exemplaire
complet de nos Mémoires.
Conformément à l'article 16 des statuts, M. le président pré-
sente, au nom du conseil d'administration , le projet suivant
d'un budget de la Société pour l'année 1866 :
RBCITTBS PRÉSUMÉES.
Excédant de recettes au 31 décembre 1865 (y compris
les cotisations rachetées) 2,200 f.
(de l'Etat. ... 400
Subventions dudépartem*^ 200
\de la ville . . . 300
Cotisations des membres (résidants . . . 1,800
\ correspondants 500
Radiât de cotisations par les membres (''^sidanls • • • *
( correspondants »
Intérêts des cotisations rachetées antérieurement. ... 60
Droit de diplôme, recettes accidentelles 40
Total des recettes 5,500
A déduire :
Cotisations rachetées par
Deux membres résidants 200 f. |
Vingt membres correspondants. . 1,260 i
Reste disponible 4,040
i
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— XXVflI —
PtPBNSES.
Impressions, gravures, lithographies 3,390 f^
Fournitures de bureau, ports de lettres et d'autres ob-
jets 20Q
Indemnités aux personnes chargées de l'eniretien de la
salle et des courses de la Société 200
Achat de livres, reliures et achat de matériel 200
Entretien de l'herbier 50
Allocation pour l'archéologie 300
Allocation spéciale pour le moulage de la Porte-Noire. 300
Subvention au Musée d'horlogerie 100
Allocation pour les sciences naturelles 300
Souscription à l'œuvre du Comité départemental de
l'Exposition de 1867. (Publication d'une étude de
l'Exposition faite au point de vue des intérêts du dé-
partement, et envoi à Paris de contre-maîtres et ou*
vriers méritants.). 100
Dépenses imprévues 400
. Total des dépensas égal à celui des recettes. . 4,040
Chacun des articles de ce projet est mis aux voix et adopté ;
puis la Compagnie émet un vote approbatif sur l'ensemble.
L'ordre du jour appelle le règlement des questions relatives au
banquet et à la séance qui doit le précéder.
Il est pris à cet égard une délibération ainsi conçue :
Le banquet aura lieu le jeudi 44 décembre, à six heures du
soir, dans le grand salon du palais Granvelle. Tous les membres
résidants et correspondants seront invités à y prendre part,
moyenuant une souscription qui est fixée à dix francs. Deux
couverts seront mis à la disposition de chacune des sociétés
correspondantes qui ont leurs sièges dans les départements du
Jura et de la Haute-Saône, ainsi que dans le Jura bernois et les
cantons de Neuchètel, de Vaud et de Genève. Les membres
honoraires de la Compagnie qui habitent Besançon, seront
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— xxu —
coQTiés à la même manière accoutumée. H. Grenier est spécia-^
lement délégué pour faire la commande du banquet et en régler
Je menu.
La séance qui aura lieu le même jour se divisera en deux parties
consécutives. La première, consacrée aux opérations électorales,
s'ouvrira à une heure de Taprès-midi pour se terminer à doux
beures; les seuls membres résidants j seront convoqués. A
partir de deux heures , la Société entendra les communications
que les membres résidants et correspondants, ainsi que les
délégués des compagnies invités, auront bien voulu préparer
pour cette circonstance.
Sont présentés pour foire partie de la Société, comme membres
résidants :
M. Gérard, professeur de philosophie au Lycée impérial, par
MM. Delacroix (Emile) et Castan ;
M. Tabbé Ba«%, mattre des cérémonies de la cathédrale, par
MM. Grenier et ConstantiQ ;
MM. Perret père et fils, entrepreneurs de memiiserie, par
MM. Saint'Eve (Charles) et Castan.
Sont proposés comme candidats au titre de membre corres-
pondant :
M. ChaËQud, archiviste du département de F Allier, par
MM. Delacroix (Alphonse) et Castan ;
M. ffieolêt (Victor), docteur en médecine, par MM. Grenier et
Castan ;
M. FaiOfe, apiculteur, à Seurre (Côle-d'Or), par MM. Dela-
croix (Emile) et Varaigne.
Sont élus enGn, à la suite d*un scrutin secret,
■eiiibres résIdMito t
MM Màldinby, entrepreneur de charpenterie ;
FitstH (Léon), entrepreneur de maçonnerie ;
Membre eorre«p«adaiil t
M. Boisson (Emile), propriétaire à Moncley (Doubs).
Le Vice-Président, A. Delacroix.
Le Secrétaire, A. Castan.
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— iti —
Séance du H décembre 1865.
Présidence de H. Grehier.
Bureau : MM. Grenier, président; Delacroix (Alphonse) eiSire,
vice-présidents; Jacques, trésorier; Bacoux, secrétaire hono-
raire; Faivre, vice-secrétaire; Varaigne, archiviste; Castan,
secrétaire.
Membres résidants : MM. Arbey, Àmal, Bellair, Boullet,
Canel, Carlet, Courlet, Cuenin, Delacroix (Emile), Dodivers,
Dunod de Chamage, Ethis (Ernest), Hory, Lancrenon, Lhomme,
Louvot (notaire), Michel (Brice), Oudet, Pargusz, Percerot,
Périard, Renaud (Louis) y Rollotei Vézian.
La séance s*ouvre extraordinairement à une heure de Taprës-
midi, dans la grande salle de Thôtel de ville.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du
41 novembre; la rédaction de ce document est adoptée.
M. le président annonce que, conformément aux résolutions
prises dans la précédente réunion et à une décision intervenue
du conseil d'administration de la Compagnie, décision ratiûée
par Son Excellence le Ministre de Tlnstruction publique, la
séance du jour sera divisée en deux parties consécutives : la
première, essentiellement intérieure et consacrée principalement
aux élections annuelles; la seconde, accessible au public et
remplie par la lecture de morceaux de science, d'archéologie et
d*histoire.
Puis le secrétaire passe au dépouillement de la corres-
pondance.
Il communique d'abord les réponses faites par les sociétés
savantes de la Franche-Comté et de la Suisse romande, en
retour de l'invitation adressée à chacune d'elles d'envoyer deux
délégués au banquet de la Compagnie. Deux de ces sociétés
seulement se sont trouvées en mesure d'accepter notre invitation ;
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— ïxii —
mais toutes remercient cordialement de cette gracieuse attention
el nous prient de leur conserver les sentiments d*une amitié qui
leur est précieuse.
M. Edouard Tournier, membre correspondant, signale la
formation d'une Société de linguistique, dont le siège sera rue de
Lille 34, à Paris ; il demande que des relations d'échanges
soient établies entre cette association et la nôtre.
Cette proposition est accueillie.
La Société d'histoire naturelle de Boston nous offre, en
échange d'une collection aussi complète que possible de nos
Mémoires, deux séries de ses publications, composées l'une de
9, l'autre de 7 volumes in 8*.
Le conseil d'administration est chargé de donner à cette
demande la suite qu'il jugera la plus conforme aux intérêts de la
Société.
L'assemblée renvoie à sa prochaine séance : 1* l'audition d'une
lettre de M. Quiquerez, membre correspondant, relatives à
des explorations archéologiques faites dans le Jura bernois ;
2^ l'examen d'un mémoire de M. le docteur Perron sur la
mortalité à Besançon.
D est ensuite ouvert un scrutin secret sur les candidatures
posées dans la précédente réunion. Après le dépouillement des
votes, H. le président proclame
Membres résIdaBto i
HM. l'abbé Bàilly, maître des cérémonies de la cathédrale ;
GfiKARD, professeur de philosophie au Lycée impérial i
Pbrrbt père, entrepreneur de menuiserie ;
Pbrrst fils, entrepreneur de menuiserie ;
MH. Chàzàud, archiviste du département de l'Allier, à Mou-
lins;
FArvRB (Pierre), apiculteur, à Seurre (Côte-d'Or) ;
NicoLET (Victor}, docteur en médecine.
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— Uxit -*
Après quoi l*assemblée procède, conformément à rarticle ^ ^
des statuts, à Télection, pour Tannée 1866, d'un président, de
deux vice- présidents, d'un vice-secrétaire, d'un trésorier et d'un
archiviste. Les scrutins successifs ouverts à cet effet donaent les
résultats suivants :
Pour le président, 30 votants :
M. Bretillot.(Léon] obtient 26 voix ;
M. Sire, 2 voix ;
M. Vézian, 2 voix.
Pour le premier vice-président, 34 votants :
M. Grenier obtient 28 voix ;
M. Vézian, 2 voix ,
M. Sire, i voix.
Pour le deuxième vice-président, 29 votants :
M. Girod (Victor), obtient 22 voix ;
M. Delawoix (Alphonse), 6 voix ;
M. Vézian, 1 voix ;
Pour le vice secrétaire, 24 votants :
M. Faivre obtient 23 voix ;
M. Cuenin, 4 voix.
Pour le trésorier, 24 votants :
M. Jacques, obtient 23 voix^
M. Arbey, 4 voix.
Pour l'archiviste, 23 votants :
M. Varaigne obtient 23 voix.
En conséquence, M. le présîdenft déclare le conseil d'admi-
nistration de Tannée 1866 composé ainsi qu'il suit :
Président M. Léon Brbtillot;
Premier vice-président . . M. Grbnier ;
Deuxième vice-ifrésident . M. Victor Girod ,
Secrétaire M. Castaw;
Vice-secrétaire M. Faivrb;
Trésorier M. Jacques;
Archiviste M. Varaigj¥&.
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mme membreâ
M M. Alexandre,
, M. Chotard, profes-
*I. Delavelle, professeur
t Castan, H. Gauthier,
i'abbô Guibard, aumônier de
.. Jacob, propriétaire, maire de
'I. KrachpeUx, graveur;
oase) et Castan, H. Legendre, chef do
i aivre, M. Loichet, avoué à la Cour
(Charles) et Castan, M. Perrier (Just),
.ure ;
r et Vézian, M. SainhGinest, architecte du
i)oubs ;
acroix (Emile) etCastan, M. Vivier, directeur de
uiental du Doubs.
. usés pour membres correspondants :
1. Delacroix (Emile) et Castan, M. Gannard (Tuskina),
ire à Quingey (Doubs).
MM. Bertin et Castan, M. Machard, (Jules), pensionnaire
.vcadémie de France à Rome.
1..1 séance est suspendue pour quelques instants ; puis, dèui
uures ayant sjnné, les portes de la salle sont ouvertes au
[>ublic.
c
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*-. iàitV' —
t>euz cenU auditeurs emviroa occupent Us sièges prépara k
cet effet.
Aux membres ci- dessus désignés vieuneat s'ajouter les
suivants :
MEMBRES HOlfORAlBBS :
M. le Préfbt du Dodbs, M. le Rbgtbvr db L'AcADÉMn, M. le
Màirb db là villb;
MEMBRES RÉSIBAlfTS :
MM. Chanoitf le baron Daclin, Gitod (Victor), tépagney,
Perret fils, Perron, Pétey, Pourcheresse, Pourcy de Lusant,
Proudhon (Léon), de Saint-Agathe;
MEMBRES CORRESPONDANTS :
MM. Beauquiet, Blanche, Faivre (Pierre), Muston.
MM. Retour, président de la Société d'Emulation du Jura»
et Bouiheno^Peugeot, secrétaire-adjoint de la Société d'Emu -
lation de Montbéliard, prennent également séance.
M. le président ayant déclaré ouverte la partie publique de la
séance, le secrétaire fait connaître le programme des morceaux
qui doivent la remplir.
M. le président Grenier ouvre la série des lectures par un
coup-d'œil sommaire sur les travaux de la Société, tl énumëre
les services de tout genre qu'elle a rendus, tant dans Tordre des
sciences spéculatives que dans celui des questions qui touchent à
la vitalité du pays, depuis son début en 4840, alors qu'elle se
composait de vin^^rdeux membres, jusqu'au moment actuel oh
elle en compte plus de trois cents.
M. Emile Delacroix, membre résidant, lit ensuite une étude
sur l'usage des eaux minérales chez les anciens. En montrant
que la haute antiquité n'aurait rien eu à nous envier en pareille
matière, M. Emile Delacroix censure la légèreté de ceux qui font
jouer un trop grand r6)e à l'improvisation dans la marche des
choses humaines.
M. Castan, secrétaire de la Société, fait revivre, à son tour, .
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-^ xnv — •
la phyyioDomie ouUiée de Hugues de Besançon, évéque do Paris
•Q début i^ uv^ siècle. L'élévation de ce personnage ayant été
mne oooséiiiience de la conquête de la Franche-Comté par Phi-
Iippe4ft-Bel, H. Caatan saisit l'occasion de peindre cet événement»
l'un des chefs-d'œuvre de l'astucieuse diplomatie du précurseur
de Louis XI.
M. Pierre Faivre, membre correspondant à Seurre{Côte-d'Or),
expose des procédés qui lui appartiennent pour l'éducation des
abeilles et la direction de leur travail. Au moyen d'une disposi-
tion particulière établie dans ses ruches, l'ingénieux apiculteur
parvient à séparer les miels qui résultent des diverses floraisons
successivement exploitées par les abeilles.
M. Alphonse Delacroix, premier vice-président, termine la
séance par une dissertation sur le théâtre du dévouement d'Ep-
poninot cette héroïque compagne de l'infortuné Sabinus, qui ali-
menta pendant neuf années son époux dans une caverne et vou-
lut tomber avec lui sous la hache des licteurs de Yespasien.
H. Delacroix emprunte à Piutarque et à Dion Cassius les émou-
vants détails de cet épisode, puis il démontre que la retraite de
Sabinus n'a pu être que la Baume-Noire, double caverne située
entre Fretigney et Oiselay.
La séance est lovée à quatre heures.
Le Président, Ch. Grbnibr.
Le Secrétaire, A. Castàn.
BANQUET DE 1865.
Le banquet a eu lieu le jeudi 1 4 décembre, à six heures du
soir, dans le grand salon du palais Granvelle.
Le salon était décoré avec goiit. Une illumination brillante,
due aux soins de H. Mathey, faisait ressortir les belles plantas
de H« Lépagoey et Li luxueuse vaisselle de la maison Kleia. Le
menu était des plus distingués.
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— XXXVl —
M. Grenier, président de la fête, avait à sa droite M.. le pre-
mier Président de la Cour impériale et à sa gauche M. le Préfet
du Doubs. En face était assis M. Alphonse Delacroix, premier
vice-président annuel, ayant à ses côtés M. le Recleur de l'A-
cadémie et M. le Maire de la ville.
Parmi les convives, au nombre d'une soixantaine, on remar-
quait : M. Retour, président de la Société d'Emulation du Jura ;
MM. Muston et Bouthenot-Peugeot, délégués de la Société d'Emu-
lation de Montbéliard; MM. Lancrenon, membre de l'Institut,
et Vézian, professeur à la Faculté des sciences, tous deux an-
ciens présidents de la Compagnie; M. Proudhon, adjoint au
maire ; M. BouUet, proviseur du Lycée impérial ; M. le baron
Daclin, membre du Conseil général ; M. le commandant Fau-
compré, lauréat de la prime d'honneur au concours agricole de
Besançon ; MM. de Sainte- Agathe, Oudet, Jacquard, Girod et
Veil-Picard, membres du Conseil municipal ; M. Reynaud-Du-
creux, professeur à l'Ecole d'artillerie ; M. Sire, directeur de
l'Ecole d*horIogerie ; M. Mathiot, ancien bâtonnier des avocats ;
M. Jules Machard, lauréat du grand prix de Rome pour la pein-
ture, le second des anciens élèves de notre Ecole de dessin à
qui cet insigne honneur ait été dévolu dans une période de
douze ans.
Au dessert, M. le Préfet s'est levé avec toute l'assistance, et,
dans un langage éloquent et sympathique, a porté la santé de
l'Empereur, de l'Empereur qui résume en sa personne toutes
les gloires de la France, tant sa pensée active et féconde sait
associer le bien du passé au mieux du présent pour préparer un
avenir meilleur encore. H. le Préfet n'essaiera pas d'énumérer
les hauts faits d'un règne si éclatant : pour écrire la vie de César
il faudrait être Napoléon. Deux de ces faits cependant ne sau-
raient être passés sous silence, car ils sont tout récents et carac-
térisent merveilleusement l'esprit et le cœur du monarque : il
s'agit de ce voyage en Algérie, dans lequel l'Empereur, sans
céder un seul instant à l'enivrement ni à la lassitude du triomphe,
a sondé lui-même toutes les plaies de notre belle colonie et a
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— XXXVII —
trouTé le remède pour chacune d*elles ; il s*agit encore de ces
rishes aux cholériques des hôpitaux de Paris, ob l'Empereur,
mu par un sentiment héroïque du devoir, n*a pas craint d'expo-
ser sa précieuse existence pour faire descendre un rayon d'espoir
sur la couche des moribonds et pour renforcer le courage de
ceux qui combattaient le fléau, c A l'Empereur, a dit en terminant
M. le Préfet, à l'Empereur qui s'est identiCé si complètement
avec la France, qui aime les associations scientiGques créées en
vue de Tavancement moral et matériel du pays ; à l'Impératrice
dont les grâces souveraines et les hautes vertus sont pour le pre-
mier trône du monde la plus aimable des parures ; au Prince
impérial qui se montre déjà digne de son auguste origine et pro-
met à la France une période nouvelle de prospérité et de gran-
deur! »
Cette improvisation, aussi bien pensée qu'élégamment dite, a
été couverte d'unanimes applaudissements.
Puis M. le président Grenier s'est exprimé ainsi :
À Stm Excellence le Ministre de V Instruction publique t
Depuis que M. Duruy a pris possession du ministère de l'Iu-
strucUon publique, nous avons tous remarqué avec quelle ar-
dente sollicitude il a cherché à répandre l'instruction et la
science dans toutes les classes -de la société, et particulièrement
dans les classes laborieuses. Il a compris que l'humanité doit
appuyer sa marche progressive sur des données précises, que la
liberté et le bien-être sont le fruit de la raison combinée à la
science, et que la réalisation du progrès réside définitivement
dans l'association de l'intelligence, du travail et des efforts collec-
tifs. Dans cette croisade contre l'ignorance, la main libérale de
l'habile ministre s'est largement ouverte sur les sociétés savantes
dont il réclamait le concours, et la nôtre n'a point été oubli(^e.
Récemment élevée au rang^de Société d'utilité publique, elb re-
çoit de plus aujourd'hui môme l'insigne faveur d'ouvrir sans ré-
serre ses portes à tous les amis de la science, et je suis heureux*
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d^niTitadons mtro les eeiDpttgnies savadtes de la eontrée, M il a
reamrcié VM* Delacroix ei Casiaa de s'être pendus^ au printein^
dernier, dans la seconde ville du département powr y prendre
pari à une fête de l'intelligence. M. Rebour a fait des vœux pour
que oe bon usage se généralise et se perpétue.
M. Alphoùse Delacroix, premier vice-président, a pris ensuite
la parole en ces termes :
Messieurs,
J'occupe & cette table la place de noire nouveau président, re-
tenu chez lui par une grave préoccupation de famille.
Qu'il me soit permis, en son nom et au vôtre, de souhaiter la
bienvenue à M. d*Ârnoux, préfet du département.
Une réputation de haute capacité, d'exquise bienveillance et
de scrupuleuse délicatesse l'avait précédé dans ce pays^; et noua
savons tous aujourd'hui combien ce reuom était mérité.
M . d'Amoux a le rare talent de rendre l'autorité aimable. Il
peut compter sur la vive affection d'un pays oh la mémoire du
coBur est traditionnelle*
La Société d'Emulation du Doubs, qui a la prétention de con-
centrer les forces morales et intellectuelles du département,
salue avec bonheur Tarrivée d'un représentant si éclairé et si
paternel du gouvernement de l'Empereur : aussi ai-je la con-
viction de résumer les sentiments de toute l'assemblée en buvant
à la longue et prospère administration de M. d'Amoux.
H. le Préfet s'est levé une seconde fois, et a remercié avec ef-
fusion, avec émotion, la Compagnie de l'attention délicate qui
venait si agréablement le surprendre, c C'est en m'inspirent des
vues larges et généreuses du gouvernement de l'Empereur, a
ajouté M. d'Amoux, que j'ai pu laisser ailleurs la trace de quel-
que bien ; si je parviens, avec votre concours, à mériter la con-
fiance de ce pays, c'est au souverain dont les idées me guident
que vous devrez reporter toute votre reconnaissance. »
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— il —
Ces paroles, empreintes d'une modestie naturelle et cliaf'*
mante, ont achevé de gagner à M. d*Arnoux toutes les sympa-
thies de rassemblée.
M. Victor Girod, président du cercle de Thorlogerie, a bien
voulu, selon sa louable coutume, remercier la Société d'Emu-
lation de rintérôt qu'elle porte à l'industrie capitale do la cité, et
saluer, dans la personne du digne Maire de la ville de Besançon,
le premier élu du récent scrutin municipal et le protecteur de
toutes les idées saines et progressives.
M. Clerc de Landresse a témoigné, par quelques paroles bien
senties, de son dévouement à la prospérité de la fabrique d'hor-
logerie, sur laquelle repose tout l'avenir industriel de la ville ; il
a félicité, en outre, la Société d'Emulation de la part de plus en
plus considérable qu'elle prend à l'étude des hautes questions
d'intérôt public.
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MÉMOIRES.
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EXAMEN
DES ARMES
TROUVEES
A ALISE-SAINTE-REINE
Pm> h. Jr. QIJIC«ERAT
Professear d'arcbéologia i l'Ecole impériale des Chartes.
•éanee da f t février IMS.
Je ne crois pas me tromper en regardant comme un appel à
la discussion Tariicle sous forme de lettre au docteur Keller de
Zurich, publié par M. Verchère de RefTye dans lo numéro do la
Remie archéologique du mois de novembre dernier (M* L'objet de
cet article est de porter à la connaissance du public les armes
fournies par les dernières fouilles que TEmpereur a fait exécuter
autour du Mont-Auxois. La découverte remonte déjà au mois de
mars 1863. Presque tous les journaux de la France et de TEurope
Font annoncée, et, qui plus est, ont décidé queUe en était la
signiCcation archéologique : de sorte que ce jugement, auquel
de nombreux auteurs se sont référés depuis lors, est devenu
presque souverain. On voit qu'il était à propos que les pièces
fussent produites, ne fût-ce que pour la satisfaction de ceux qui
aiment voir avant de croire. Il faut se réjouir que la production
ait eu lieu par les soins d'un savant et loyal officier, qui a fait
d'ingénieuses expériences sur les objets dont il s'agit , qui n'est
0) U$ Armes d\4lise, lettre à M. le docteur F. Keller. président de la
Société des antiquaires de Zurich. {Hetue archéologique, noufelle série^
cinquième année» p. 337.)
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— 4 —
pas engagé autrement dans le débat oli il apporte son concours,
et qui veut avant tout que la lumière se fasse. C'ebt ce qu*il
exprime on ne peut mieux en terminant son article : « Quand
» on a pour but moins le désir de faire triompher sa propre
» manière de voir que d'arriver à la connaissance de la vérité
» par la discussion, on ne craint pas de prêter ses propres armes
» à ses adversaires. » Il n'est personne qui n'applaudisse à ces
paroles. Non, la solution d'un problème historique n'est pas un
jeu de surprise et d'embûches; oui, il faut que les cartes qu'on
a dans la main soient mises libéralement et franchement sous
les yeux de l'adversaire : c'est là la première condition pour que
la partie soit dans les règles ; et la seconde condition, c'est que
l'adversaire ne garde rien pour lui des objections que sa cons-
cience et sa raison lui suggèrent.
L'opinion que le Mont-Âuxois nous représente l'Alesia de
César est entrée dans l'atelier dont M. do Reffye dirige les tra-
vaux. L*honorable officier l'a accueillie, certainement parce
qu'elle lui était présentée comme la meilleure, et, partant de là,
il a trouvé dans les auteurs anciens qui ont décrit l'armement
des légions romaines et celui des Gaulois l'image fidèle des
pointes et des lames qu'on lui apportait d'Alise. Je vais essayer
de démontrer d'abord que ses interprétations, ou pour mieux
dire les interprétations sur lesquelles il s'est appuyé, manquent
tout à fait de rigueur, et ensuite je dirai ce que j'ai à dire sur la
thèse historique en faveur de laquelle on lui a fait accroire qu'il
travaillait.
La plus grande partie de la lettre au docteur Keller est con-
sacrée au pilum, l'arme distinclive de Tinfanlerie romaine, cet
objet si commun, dont il a dû se perdre un grand nombre sur
les champs de bataille, et dont cependant il a été impossible
jusqu'ici à l'archéologie de recueillir un seul échantillon certain.
M. do Reiïye annonce que le pilum vient d'être retrouvé en
Allemagne. M. Lindenschmit, conservateur du musée de Mayence,
est l'heureux auteur de celte découverte, dont les fouilles d'Alise
auraient pleinement confirmé le résultat.
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— 5 —
Les fravaiix de M. Lindonschmit devenant ainsi la base de
déductions toutes nouvelles dans une question très controversée,
il n'était pas inutile de résumer ces travaux, ou au moins d'indi-
quer ou et quand ils ont paru. M. do Reffye s'est dispensé do ce
soin : en quoi il s*esl montré plus pressé do faire connatlre ce
qu'il avait dans l'esprit qu'attentif à préparer le chemin par où
devait passer Tesprit de ses lecteurs. Les notes et renvois dont
les érudits surchargent leurs écrits ne sont pas de la superfé-
tation, lorsqu'ils ont pour objet de faciliter le recours aux sources.
M. de Reffye l'éprouvera plus tard, s'il continue h faire de l'ar-
chéologie, et d^s à présent je ne doute point qu'il ne soit au
regret lorsqu'il saura que son laconisme m'a fait perdre en
recherches un temps infini. Heureusement pour moi, j'ai l'habi-
tude du métier, et voici ce que j'ai constaté par suite de mes
vérifications.
En 4860 M. Lindenschmit, publiant la collection d'armes du
prince de Hohenzollern-Sigmaringcn, émit, à propos d'un angon
mérovingien, l'opinion que cet objet n'était pas autre chose que
le fer du pilum romain (*). 11 dessina môme une restitution du
pilum tel qu'il le concevait, en interprétant à sa manière la
description que Polybe nous a laissée de cette arme dans le
chapitre xxiii de son sixième livre.
L'année suivante, M. Lindenschmit revint sur le mèmie sujet
daas le Recueil des antiquités de V Allemagne païenne, autre
ouvrage dont il est également l'auteur ('). Cette fois il prit pour
thèmo les angons du musée de Mayence, et quoique ces armes
ne difTérassenl en rien des autres angons, il crut devoir, pour le
triomphe de sa doctrine, les mettre en comparaison avec un
autre objet qui n'y ressemble que de loin. C'est une pique figurée
à la main de deux soldats de la xv* légion primigenia, lesquels
ont été représentés en bas-relief sur leur cippe funéraire ('). Le
(*) Die vaterlœndisrhen AUerlhfimer der fûritlich Hohenzoller'schen Samm-
Imgen zu Sigmaringen, p. 22 et suiv.
(*) Die Allerthûmer timçrer hfidnischen Vorzeit, iD-4», Mayence.
(») Huitième cahier, pi. yi.
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- 6 —
trait saillant de cette p'que est que, vers les trois quarts de
sa hauteur, elle présente un renflement dont TefTet est celui
d*un gros peloton enfilé dans une broche. Quoiqu'il soit impos-
sible, par la manière dont la sculpture est faite, de discerner
l'ajustement respectif du fer et du bois, l'antiquaire mayençais
n'en eut pas moins la conviction qu'il tenait une autre manière
d'être du pilum, c'est-à-dire, pour lui, une variété de l'angon.
En troisième lieu, et très peu de temps après ce que je viens
de rapporter, un draguage pratiqué dans le Rhin fournit, avec
beaucoup de débris romains des deux premiers siècles de l'Em-
pire, deux trails de fer qui furent apportés au même musée de
Mayence (*). Ces pièces ont certainement plus de ressemblance
que les angons mérovingiens avec la pique des légionnaires de
la xv^, mais sans cependant être la même chose que cette pique.
Le dard est posé sur un large pied creux en forme de douille, qui
rend assez bien l'effet du renflement dont je parlais tout à Theure;
mais de ce pied sort un barreau de fer à usage de tenon pour
engager l'instrument dans un tasseau de bois aussi large que le
pied lui-même : de sorte que la monture détruisait la ressem-
blance avec la pique. D'ailleurs la tige du dard est plus longue
du double, en même temps que moins épaisse de la moitié, et la
pointe du dard est sans ailes. Quoi qu'il en soit, l'objet ne laissa
pas que d'être encore un pilum aux yeux de M. Lindenschmit,
et il le fit graver comme tel.
Voilà donc, de compte fait, trois formes assignées à la même
arme. Pour plus de clarté, j'en donne la figure, en prenant le
soin, que n'a pas eu M. Lindenschmit, de réduire les trois
modèles à la même échelle (voir la planche, fig. 1).
A est l'angon mérovingien réputé être le plus conforme à la
description de Polybe.
B est l'un des deux fers retirés du lit du Rhin.
C est la pique figurée dans la main des légionnaires de la
XV* primigenia.
(I) Onzième cahier, pi. ?.
i^
t ^\ Digitizedby Google
— 7 —
Voyons comment ces objets justifient Tattribution qu'ils ont
reçue du savant Mayençais.
Pour que Tangon mérovingien devienne le fer du pilufn, il
faut, d'une part, que la mesure donnée par Polybe pour le
diamètre, c*est-à-dire pour Tépaisseur, sinon de Terme entière,
au moins de sa partie principale, il faut, dis*je, que cette mesure
d*épaisseur de Terme devienne celle de la longueur du dard (') :
transposition qu'il m'est permis de trouver un peu forte.
Il faut, en outre, que Ton donne à Tangon une profondeur de
douille de quarante-cinq centimètres (*] , ce qui ne s'est jamais
trouvé sur aucun échantillon, ni du mus<^e de Mayence, ni de la
collection de Sigmaringen, ni d'aucune autre des collections de
TEurope qui possèdent des angons, la douille de cette arme
n'ayant jamais en profondeur plus de-dix à quinze centimètres.
De telles suppositions, inadmissibles en bonne critique, me
forcent de restreindre Tusage de Tangon à celui qu'il eut entre
les mains des barbares Germains , du iv® au viii^ siècle de notre
ère.
Le fer trouvé dans le Rhin nous représente-t-il plus fidèlement
le pUum ?
La seule preuve alléguée en sa faveur par M. Lindenschmit,
c'est que le barreau inférieur qui faisait office de tenon présente
l'épaisseur attribuée par Polybe à la partie inférieure dos fers de
pilum ('). J'avoue que ma surprise est grande de voir citer
Polybo ici, quand cet écrivain a déjà été pris pour autorité dans
l'assimilation du pilum avec Tangon; quand le critique allemand
a précisément discuté dans sa première dissertation (*) cotte
épaisseur de la partie inférieure du for, et qu'il a conclu qu'on
devait l'entendre de l'épaisseur produite par la superposition
d*un anneau de fer à la douille de Tangon. Evidemment il y a
inadvertance de la part de M. Lindenschmit. Qu'il réfiéchisse et
(*} Die paléfrlœndhchen âlterthùmert etc., p. 23.
(«) Ibid., p. 24.
O Die AlterthUmer unserer heUlnischen Vorzeit, xi« eah., notice de la pi. 6.
(«) Dte vaterlanditfken AUerthûmer, etc., p. 23.
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— 9 —
semble que c'était cet objet. A la vMté, il ne se montre pas
«fane manière si m-tle qu*il n'eût été nécessaire do le discuter.
Les détails qui permettraient d'en saisir le mode d'emmanche-
ment sont particulièrement à regretter. M. Lindenscbmit ne
sVtant pas donné la peine d'y suppléer par le raisonnement, je
ne m'embarquerai pas ici dans cette recherche Je n'ai pas autre
chose à faire qu'à constater, comme conséquence de tout ce qui
Tient d'être dit, que les pièces du musée de Ma^'ence proposées
comme échantillons du fer de pilnm ne sont pas des fers de
pilum. Et là-dessus je reviens à M. de Reiïye.
Le mauvais exemple venu d'Allemagne l'a entraîné. Au lieu
de deux modèles, le savant officier nous en présente onze (*),
c'est-à-dire neuf en sus des deux inacceptables qu'avait fournis
AI. Lindenscbmit. L'assortiment est aussi varié que possible.
CeuxHn sont longs, ceux-là sont courts, mais courts à n'avoir
que le tiers ou même le quart des longs. Dans l'un, la pointe a
Taspect d'un petit harpon à quatre crocs; dans d'autres, cette
pointe est conique, ou bien elle affecte la forme d'une |>etite
pyramide quadrangulaire, sans compter qu'il y a des pointes
méplates ayant la figure d'un cœur. Quant à la façon d'attacher
le fer, les différences ne sont ni moins nombreuses, ni moins
radicales. Telle de ces armes s'emmanche comme une lance,
telle autre comme un ciseau de menuisier, toile comme un cou-
teau de cuisine. Et quels que soient la dimension , le poids , la
pointe, l'emmaocbement, c'est toujours pilum. Bien plus, M. de
Reflye érige l'existence d'une telle bigarrure en un fait néces-
saire, parce que, à cette époque (qu'on n'oublie pas qu'il raisonue
pour le temps de César], à cette époque oîi la force musculaire
était tout dans le maniement des armes, il n'eût pas été rationnel
d'établir l'uniformité de celles-ci , à cause des différences de la
force musculaire.
Que la conscience militaire de M, de Reffye porte tout le poids
de cette parole, qui est tout bonnement la négation de la disci-
(>) Bepme archéologique, 1. c, p. 338 ci 339,
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— 40 —
pline romaine. Je soutiens, pour nia part, que les armes étaient
uniformes dans les légions du temps de César; et quant aux
pièces sur lesquelles on prétend établir le contraire, je dis qu'elles
sont la plupart barbares et germaniques, appartenant h l'époque
où les Germains jouèrent un si grand rôle comme défenseurs ou
comme destructeurs de l'empire d'Occident.
En effet, les tiges d'environ quatre-vingt-dix centimètres avec
un petit harpon à quatre crocs à la pointe, ou bien avec une
pyramide quadrangulaire, ce sont les angons sortis d'un si grand
nombre de tombeaux francs, allemands, burgondos, saxons : les
angons tels qu'ils sont décrits et dessinés dans vingt ouvrages
d'archéologie, notamment par MM. Âkerman, dans VArchœo-
logia ('] ; l'abbé Cochet, dans ses Sépultures gauloises, romaines,
franques et normandes (*) ; Baudot, dans ses Sépultures de bar-
bares de l'époque mérovingie7ine(*); Lindenschmit, dans les deux
ouvrages précédemment cités, car M. Lindenschmit a fait ses
ronjeetures sur le pilum sans dissimuler l'origine barbare ni la
basse époque des angons qui lui servaient de types.
Les fers de javelot à pointe conique sans dard, ils ont leurs
représentants et au musée de Sigmaringen (provenance du cime-
tière de Sleineck) (*), ot dans le recueil de M. Baudot (provenance
du cimetière de Charnay) (').
Les fers de javelot à pointe méplate, qui ont la figure d'un
cœur, il y en a en la possession de M. Baudot, qui lésa également
publiés.
Quant aux longues tiges qui s'emmanchaient par le moyen
d'une soie, si l'on n'en a pas trouvé dans les sépultures barbares,
du moins à ma connaissance, il suffit qu'elles se présentent dans
un même dépôt avec les objets ordinaires de ces sépultures pour
qu'on les rapporte aussi au même âge, et pour qu'on ait le droit
(M Tome XXXV l, p. 78.
(») Page 216.
(») PI. Il et III.
(*) Die valerlandischen AHerlhUmer, etc., pi. xxxii, fig. 31.
(») Lof. cU.
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— 44 —
d'affinner, quand bien même elles seraient romaines, que ce
n'est pas dans la main des légionnaires de la république qu'elles
oQt figuré. Non, mille fois non, aucun des traits rajustés et
l'prouîés par M. de Reffye n'est de ceux qui furent employés le
jour ob succomba l'indépendance de la Gaule. Leur postériorité
résulte des travaux de TEurope savante, qui a classé et daté leurs
aoaiogues.
Après en avoir Gni avec les prétendus pilum découverts à Alise,
j'aborde le chapitre des fers de lances et des lames d'épées. On
va voir que l'attribution archéologique donnée à ces divers ob'ets
n'est pas plus soutenable que celle dont je viens de montrer le
défaut; on va voir aussi que ces mômes objets n'appartiennent
pas à une époque différente des précédents.
Relativement aux fers de lance, M. de Reffye dirige d'abord
ses regards sur les ouvrages en bronze du même genre qui
proviennent des tumulus celtiques, et il lui semble que les pièces
aoaiogues, produites par les fouilles d'Alise, en sont des copies
si parfaites qu'elles doivent être de la période oh le travail du fer
succéda à celui du bronze. Il lui semble encore que les armes
trouvées dans les monuments des vii® et vin® siècles de notre ère
ont perdu l'élégance de ces premières copies en fer des objets
de l'âge de bronze, qu'au y* siècle on ne fabriquait plus d'armes
de ce genre, que les tombes franques n'en offrent pas de traces.
Cependant tous les fers de lance qu'il montre à l'appui de cette
assertion ont leurs semblable^ fournis par les tombeaux des v*"
et VI® siècles. Je le renvoie aux mômes auteurs que je citais tout
à l'heure, à l'abbé Cochet H, à M. Baudot (*), à M. Linden-
schmit ('). J'appelle surtout son attention sur la figure î de notre
planche, qui reproduit, d'après les Antiquités de l'AUemagne
païenne {*} , le dessin d'une lance trouvée à Ulm dans un tom-
(*) Tombenn de Childérir, p. 142 et suiv.
(•) PI. II et le texïc. p 23.
(»; Die ruterlœndhrhen AHerlhûmer, pï. iv et XXXil.
(*) Cahier III, pi. t.
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— 42 —
beau de lV»poque franquo. Non-seulement celle pièce présente
les difflcullé^ de forge, dont M. de Reffye croit qu*on n'aurait pas
su se tirer ù Ti^poque franque, mais encore les lames sont
damasquinées en or et en argent avec un goût exquis, et la formo
générale est celle dos lances de bronze du galbe le plus pur.
Celte preuve de Thabilelé des armuriers mérovingiens, admi-
nistrée par Térudit Allemand dans lequel M. de Reiïye a mis
toute sa conûance, aura, je l*espère, le pouvoir de le convaincre.
Il y a dans la collection qu'il exhibe d'autres fers de lance bien
autrement caractéristiques que ceux auxquels je viens de faire
allusion ; de ces types qui s'éloignent de la forme généralement
adoptée par tous les peuples de l'anliquité, et dont il semble que
rétrnngoté eût dû servir de point de di'^part pour la recherche
d'attribution : par exemple des fers profilés sur leurs tranchants
en courbes et contre-courbes (voir la planche, fig. 3, Del E]^ puis
d'autres fers munis d'un double crochet d'arrôt à la partie supé-
rieure de leur douille (ûg. 4, K). Au lieu de s'attacher à la piste
de ces objets révélateurs, M. de RefTye se laisse aller à sa
préoccupation du celtique. Il se persuade qu'aucune collection
ne possède des fers de ce genre, et parce qu'il les répute uniques,
ils doivent être gaulois. Cependant M. Lindenschmit a donné le
fer à tranchants tourmentés, et l'a donné comme une trouvaille
faite dans des sépultures de l'époque allémannique (*]. On n'a
qu'à voir les formes de deux pièces provenant l'une de Lange-
nenslingen, l'autre de Darmstadt (voir la planche, fig. 3, F et G).
Quant au fer à crochets, il est peu de cimetières mérovingiens
qui ne l'aient fourni. C'est l'arme que quelques antiquaires
appellent framée. Je mets en regard de l'un des échantillons de
M. de RefTye (voir la planche, fig. 4, AT) deux pièces analogues
(ibid. L et M) trouvées, l'une à Charnay , dans le département
de la Côte-d'Or (•), l'autre à Nackenheim, sur les bords du
(^} Die valnlœndhcken AHerthùmer, pi. i, fig. 5; Die .4/fer(hifiRef umserer
heiânisrhen VurzeH, cahier I, pi. vi, fig. 13.
(*) Baodot, SipulUiresdes barbares, etc., pi. i^
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— 43 —
Rhin (']. H. l'abbé Cochet a réuni sur cette arme les notions
qQ*iI a trouvées éparses dans un grand nombre d'écrits (*).
Si j'arais à y ajouter quelque chose, ce serait pour faire voir
que Tusage de ta lance à crocs s*est conservé pendant toute la
dorée du moyen-âge.
Passons aux épées.
M. de Reflye en signale deux espèces : les unes à lame robuste,
tenninées par une pointe aiguë , et elles lui représentent Tépée
ibérique de l'équipement romain; les autres, à lame mince et
flexible avec une pointe camarde et quelquffois arrondie, sont
considérées par lui comme les épées faussantes que les historiens
de Rome ont mises dans la main des plus anciens Gaulois.
Pour ce qui est de l'épée ibérique, elle a été assez souvent
6gurée, et présente des caractères assez distincts pour n'être pas
confondue avec une autre.
D'abord elle était excessivement courte. Sur les monuments
les plus voisins du temps de César, tels que le prétendu bouclier
de Scipion, les bas-reliefs du tombeau de saint Rcmy ('), le
camée de Vienne (*) , l'arme étant portée par un baudrier en
écbarpe , le fourreau va du défaut du corps à mi-cuisse. La
longueur de la lame paraît avoir été, par conséquent, d'environ
quarante centimètres. Telle est encore la mesure des épées mises
à la main de tant de statues du commencement de l'Empire (').
Elle devient un peu plus longue dans l'armement des soldats
représentés sur la colonne trajane, qui est postérieure d'un siècle
et demi à la conquête des Gaules. Alors les lames peuvent avoir
atteint de cinquante à cinquante-cinq centimètres.
En second lieu, la pointe du glaive était formée sous un angle
0) LiîiDBMSCHiiiT, Die AUerlhûmer unserer heidiibrliffi Vor»eU, cahier l,
pi. Tl, ùg. 14.
(*) Sèi>"lt»res gnhlohes, romnines, franqvfs, etc., p. 319.
(*) A. bE Laborde, Les Mmimnents de la Frnnre. t. I''.
(') V|SC0NTI« IroHogruitUie romaine, pi. XIX bh.
v') l^ntre autres celles d'Agrippa. de Drusus, de Germanirus, dans T/eo-
nofrapM romaine, pi. tiii, xxui et xxit.
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— u —
très ouvert, ses biseaux se rapprochant d'autant plus de la per-
pendiculaire que Tarme est plus ancienne.
Les soi-disant glaives ibériques déterrés sous le Mont-Auxoîs
ne remplissent pas ces conditions. Comme M. de Reiïje n'en a
pas plus indiqué les mesures que celles des autres pièces dont il
a parié (ce qui, par parenthèse, me donne lieu de compter sur
son indulgence s*il 7 a erreur dans les évaluations approximatives
auxquelles je suis forcé de me livrer), j*estimo ici la longueur à
une soixantaine de centimètres (^). En outre, la pointe ast formée
sous un anglo très aigu. La figure 5 de notre planche montre
par à peu près les distinctions que je cherche à faire saisir.
iVest la lame d*épée des temps les plus anciens, 01a lame d*épée
de Tépoque de Trajan, P Tune de celles dont le dessin accom-
pagne la lettre au docteur Keller, et du parallèle résulte mon
opinion. Au lieu de rapporter la lame P et celles qui lui ressem-
blent au gladius hispaniensis , je les rapporte à la spatha; au
lieu de les attribuer aux soldats de César, je les attribue soit aux
soldats des empereurs flaviens, dont Végèce a décrit Tarmc-
ment(*), soit à ceux des barbares de qui les Romains emprun-
tèrent la spatha, soit encore aux autres barbares qui, à leur
tour, empruntèrent la spatha do^ Romains. Ce qu'il y a de
certain, c'est que depuis le troisième siècle de notre ère jusqu'en
pleine barbarie, on n'a pas cessé de fabriquer des lames d'épée
de cette forme.
Quant aux laipes de la seconde espèce, à pointe camarde ou
complètement arrondie, à fourreau do fer mince, longues do
soixante-quinze à quatre-vingts centimètres, d'après mon calcul,
j'enregistre une observation intéressante de M. de Reiïye. « Dans
ces armes, dit-il, les tranchants ne sont pas du même fer que le
corps de la lame. L'ouvrier, après avoir forgé cette partie avec
du fer très nerveux, étiré dans le sens de sa longueur, soudait
(M On nous a appris depuis que cette ëpée a cinquante-sept centimètres
de lame.
(•) De re mmari, lib. II, c. 15.
"^k ^^k -^'Sk Digitized by GoOglC
— 15 —
de chaque côté de petites cornières de fer doux pour former les
tranchants. Ce fer était ensuite écroui au marteau. »
A la bonne heure 1 Voilà un fait constaté en connaissance do
cause et dont les archéologues devront faire leur profit. Hais
rhabile expérimentateur conclut-il d'après les épreuves qu'il a
faites, lorsqu'il suppose que ces lanîfes d'un fer nerveut et si
artistement travaillées nous représentent les risibles épées gau-
loises du iv^ siècle de Rome , que les Romains convertissaient
en crosses (en strigiles, dit Polybe) au moyen d'une simple
parade?
L'attribution archéologique dos armes dont il s'agit est encore
à faire. Bien qu'on en ait trouvé dans le lac de Bienne, cela ne
prouve pas qu'elles soient du temps des habitations lacustres.
Elles appartiennent, au contraire, à une époque avancée de
rindustrie et de la civilisation , à en juger par la circonstance
curieuse que je -mentionnais tout à Theure et par d'autres, do
pareille conséquence , qui avaient été déjà signalées. Ainsi ,
lorsque les fourreaux sont décorés, c'est tantôt d'ornements en
relief exécutés au ciselet, tantôt d'une gravure qui paraît avoir
été obtenue par l'emploi d*un acide (^).
D'ailleurs, si le style de cfes ornements n'est ni grec ni romain,
ainsi que le conjecture très bien M. de Reffye, il n'est pas
davantage gaulois. M. Keller, le savant de Zurich à qui est
adressée la lettre que je discute , et le premier qui ait raisonné
sur les épées en question, M. Keller a repoussé l'idée d'une
fabrication celtique (') , et il suffit de jeter les yeux sur les modèles
gravés (pi. xiv du livre de M. Troyon) pour voir jusqu'à quel
point M. Keller a eu raison.
M. de RefTye , qui soutient au contraire la thèse d'une fabri-
cation celtique, se trouve ainsi en désaccord avec son corres-
pondant. Il y a plus, il se trouve en désaccord avec l'un des
savants qui ont dirigé les fouilles d'Alise, car l'un de ceux-ci a
(I) Troton, HabUallons lacusireê, p. 196.
(») Troton, I6id.
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— 46 -
publié, dans la Revue archéologique elle-même ('] , une de ces
épées découverte en 4861 . Là, la pièce est donnée pour une épée
romaine, et son attribution est fondéo sur sa ressemblance avec
un échantillon du musée de Mayence, échantillon dont le four-
reau est marqué des lettres romaines C S I. L*étrange, c'est que
cette dernière épée avait été trouvée dans les environs dlngel-
beim, selon le dire de M. Lindenschmit, qui la fit connaître le
premier au monde savant (').
Que M. de Reiïye veuille bien considérer ensemble tant de
circonstances bizarres, et il reconnaîtra, je n*en doute pas, qu*il
n'y a rien à en conclure pour le présent, sinon que l'arme
trouvée à IngelhiM'm avec une marque romaine, ni aucune de ses
pareilles, n'est une arme gauloise du temps oh succomba l'indé-
pendance de la Gaule. S'il n'admet pas cette déduction, qu'il
renonce au moins à vouloir tirer la lumière de ce qui n'est encore
que ténèbres; qu'il recherche plutôt les analogues de certaines
lames d'une longueur énorme (quatre-vingt-dix centimètres au
moins, en apparence) , très propres à caractériser un dépôt, et
qui n'ont rien dit à ses yeux, puisqu'il on a donné le dessin sans
disserter dessus. Ces rapières de l'ancien âge ont été trouvées
jusqu'ici dans les sépultures de rAllemagno et de la Belgique
dojà germanisée; elles portent le même témoignage que les
spatha, que les fers de lance, que les fers de javelot examinés
plus haut (').
AGn de compléter l'assortiment barbare, il faudrait de ces
couteaux, grands et petits, qui sont sortis en si grande abondance
des tombeaux. Rien ne caractérise mieux l'équipement du Ger-
main dans les derniers temps de l'Empire. M. de RefTye, qui
opère sur les objets apportés d'Alise sans avoir assisté aux
(») Numéro du mois d'août 1861, tom. Vllî. p. 141 et pi. xiv.
{*) Die AlterlhÙmerHrtferfr heidiiischen Vorzril, cahier I, pi. v.
(»; LiKOB?i>CHiiiT, Ole valerlœudisrhfn AltertMkmer der fùntnrh /loken-
zoller'srhen Sammlung^ii, pi. xxxi ; — Publications de Id Société archéolog.
du Luxembourg, t. VllI. article de M. Namur, cité par l'abbé Cocbbt^
Tombeau de duldèric, p. 70.
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J^E" .h] Doubs i86:>.
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1^.2.
Fu/ :i.
i.\
Fu;.^.
V
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- 47 —
fouilles, croit que celles-ci n*ont produit que des lames tranchantes
des deux côtés. Cependant j'ai sous les yeux un numéro de la
Retue française (*) dans lequel M. Léon Fallue signale comme
découverts à Alise € des couteaux semblables à ceux qui ont été
» trouvés dans les cimetières mérovingiens des pays de Caux,
» de Metz, de Namur. » M*étant renseigné auprès de M. Fallue
lui-même pour savoir s'il avait parlé de visu, il me répondit
que oui; que lorsque les objets lui avaient été montré», il y
avait certainement dans le nombre au moins un scramasax et
d'autres couteaux plus petits. C'est donc un indice chronologique
do plus à mettre avec lous ceux que j'ai dôjà fait ressortir.
Divers petits objets, énumérés très succinctement par M. de
Reffye, ou simplement figurés sur les planches qui accompagnent
son article, ne peuvent point être discutés, faute de renseigne-
ments suffisants : ainsi les deux viretons ou fers de flèche d'ar-
balète photographiés sur la planche xxii (*), l'éperon et l'espèce
de têtière écrasée qui sont rendus sur la même planche ('), les
jugulaires de casque publiées de préCôrenceau casque lui-même,
dont on dit que la forme a pu être restituée, et qui eût été un
bien meilleur élément de critique, l'um^o ou bosse de bouclier
représenté en projection sans ombre, lorsque le caractère de
celte pièco réside uniquement dans son relief. Sur toutes ces
pièces, je me bornerai à une remarque : c'est que, selon toute
apparence, il ne faut pas leur appliquer l'indication de gisement
donnée d'une manière générale au commencement de l'article,
c Les objets recueillis dans les fouilles, est-il dit, ont été
» retrouvés gisant sur le soi du fond d'un fossé qui devait avoir
» été rempli d'eau à l'époque du siège. » Hais ceux dont il s'agit
seraient-ils dans l'état de conservation oii on les voit s'ils avaient
séjourné dans l'eau? D'ailleurs une personne bien informée a
parlé des bosses de bouclier au moment de la découverte. 11 y
en avait deux qui recouvraient chacune un petit tas de six
(»' l^ septembre 1863,
[*) Première coloooe è gauche. — (*) Deuxième colonne.
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— 48 —
monnaies gauloises, et celui qui racontait cela ne doutait pas
que les boucliers n'eussent été posés, dans l'origine, sur la
Si'ipullure de deux guerriers indigènes. C'est dans le Journal de
Beaune, du 14 mars 4863, que j'ai lu celle curiosité archéolo-
gique. J'en laisse la responsabilité au narrateur, ne faisant profit,
pour mon compte , que de l'impression qui fut produite par la
découverte des résidus de boucliers. Si on a pu dire qu'ils
avaient couvert des sépultures, c'est qu'ils n'étaient pas au fond
de fossés anciennement remplis d'eau.
Encore une observation, qui sera la dernière.
A Texposilion industrielle qui se tient actuellement au palais
des Champs-Elysées, on voit le moulage en galvanoplastie d'un
magnifique casqué de gladiateur, lequel est indiqué comme
trouvé dans les fouilles d'Alesia, c'esl-à dire d'Alise. Les mômes
fouilles ont produit encore, à ma connaissance, des boulets de
pierre, des monnaies de tous les empereurs, d'innombrables
fragments de tous les genres de poterie gallo-romaine, et môme,
à ce qu'assurent diverses personnes, des ossements qu'on ne
s'attendait pas à y rencontrer. Pourquoi garde-t-on le silence
sur ces objets? Est-il sans portée pour le procès qui se débat que
des choses d'une toute autre nature que celles que l'on produit
aient été trouvées dessus, dessous ou à côté? Une poignée d'é-
chantillons minéraux, triés arbitrairement et exhibés sans autre
indication que celle de la contrée d'oli ils viennent, justifieraient-
ils un système qu'on voudrait faire triompher quant à la forma-
tion géologique de cette contrée? J'en appelle à la raison de
l'honorable officier dont je conteste ici la doctrine. Qu'il veuille
bien réfléchir à mon objection. S'il en comprend la gravité, il
reconnaîtra, je n'en doute pas, que sa manière d'envisager les
choses a été par trop incomplète; il confessera qu'il a jugé sous
l'empire d'une illusion , parce qu'il n'a tenu compte que de ce
qui s'adressait à son érudition spéciale , et que son érudition
spéciale ne pouvait pas lui donner toute seule la clef d'un
problème d'oli il n'est possible de sortir que par le concert de
toutes les parties de l'érudition.
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— 19 —
Et maintenant, laissant do côté la lettre au docteur Kellor, je
m*acbemine à ma dernière conclusion.
En 4861, lorsque Ton commença à annoncer que la question
d'Aleïûa était définitivement résolue par la découverte de fossés
traversant la plaine des Laumes sous Alise-Sain te-Rei ne, j*obtins
la permission de soumettre à TAcadémie des Inscriptions et
belles-lettres un passage des Commentaires de César, d*oii il
résulte qu'aucun fossé n'a traversé la plaine qui régnait devant
Alesia. Une réponse verbale et évasive , à laquelle je n'eus pas
le droit de répliquer sur le moment, fut la seule que reçut ma
communication, et les choses en sont restées là , quoique ce que
j'avais lu à l'Académie ait été aussitôt après imprimé dans une
revue (*), tiré et vendu à part (*).
Dans le môme temps, M. le capitaine Bial, professeur à l'Ecole
d'artillerie de Besançon, après inspection des fouilles qui s'exé-
cutaient sous Alise, démontra que les fossés découverts n'avaient
pas de rapport avec ceux dont César se couvrit devant Alesia (').
D ne lui fut pas répondu.
En 186^9 M. Delacroix, le père de la question d'Alesia, déga-
gea du texte des Commentaires soixante-quatre conditions de
topographie nécessaires pour fixer le site de la ville assiégée par
César, ot dont aucune ne convient à Alise-Sainte-Reine (*). U ne
lui fut pas répondu.
En 4863, H. Auguste Castan, rapportant devant la Société
d'Emulation du Doubs l'état des fouilles continuées autour
d'Alise- Sainte-Reine , donna des preuves invincibles de l'âge
postérieur auquel se rapportaient les ouvrages d'investissement,
ainsi que les objets nouvellement découverts. Son rapport,
0) Correspondance méraire, o» da 25 Juillut 1861.
(*} Koureile défaite des défenseurs d'Alise sur le terrain d' Alesia t Paris «
kuhry, 1861, in-8o.
(") La vérité sur Alhe-Siinte-Reine, Pari», Oarnicr frères. 1861, in-S». .
{*) Alaise et le Afonlfeur. Besançon , Bulle ; Mémnirei de la Société (TEniii*
Islion du Doubs, année 1863, in-8«.
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— 20 —
publié et distribué dans le monde savant (*),.ne reçut pas de
réponse.
La même année, H. Léon Fallue dénonça, dans Tarticle de la
Revtie française que j*ai précédemment cité, le caractère méro-
vingien des armes apportées d'Alise. Il ne lui fut pas répondu.
Il n*a pas été répondu davantage à un mémoire considérable
publié au commencement de cette année 4864 (*), et dans lequel
M. Sarrette, lieutenant-colonel au 86' de ligne, qui avait déjà
subsidiairement combattu TAlesia bourguignonne, fait Tappli-
cation militaire du texte de César à TAlesia franc-comtoise.
Au milieu de cotte conspiration du silence, il faut placer, pour
être exact, la tentative isolée d*un adversaire qui, en 4862, jugea
utile d'établir que nous avions succombé, M. Delacroix et moi,
h une irréparable défaite. Le Moniteur de Vannée fut choisi pour
loger cette démonstration. Nous n*eûmes pas de peine à établir,
au contraire, que nous n'étions pas défaits du tout, mais nous en
eûmes tant à obtenir l'insertion de notre réponse, que je n'y
réussis, pour ma part, qu'avec le ministère d'un huissier (*).
Tel est l'état do la question seulement depuis quatre ans. Quant
au débat qui avait précédé et qui comptait déjà cinq années
d'existence, puisque c'est en 4856 qu'il prit naissance, il avait
fourni dès lors tout ce qu'il était susceptible de rendre pour le
point en litige. Il avait mis on lumière les textes d'oli résulte
l'impossibilité de maintenir Alesia sur le Mont-Auxois; il avait
provoqué les fouilles d'Alaise, qui ont conûrmé pleinement
l'attribution franc comtoise; il avait déterminé la critique rigou-
reuse de M. Cari Miiller, par qui la même attribution a pris
(») Lex Camps, les Tmbflffs et les Villa dn pourtour d'AlaUe, dans les
Mémoires de la Suriétè d'Emulalion du Donbs, 3-» série, t. VI H (1863), p. 1-27.
(*) Alesia {Afaise), étude d'tirrhénl'çie militaire, dans les Mémoïrei de la
Sorieté d'Emulation du Doubs, 3» série, t. JX (1864), pp. 1 76,
(») Moniteur de rarmée, no» du 16 avril et du l«r mai 1862, et la brochure
intitulée : La Question d*Ale$ia dans le Moniteur de l'armée, Besançon
Dodivers, 1862. iû-8o. ^ '
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— 21 —
place dans les notes du Slrabon de la nouvelle Bibliothèque
grecque (').
Il est plus commode d'afflrmer ou de nier que de discuter. Los
écrits pour Alaise contre Alise sont nombreux et disséminés.
Leur publicité a été celle à laquelle peuvent atteindre, ddus notre
pays, les travaux d'érudition. On compterait les personnes qui
les ont lus, et plus d*une à qui il serait nécessaire de les avoir
lus n*a jamais voulu s*en donner la peine. Des millions d'hommes,
au contraire, sont depuis quatre ans périodiquement informés,
par des nouvelles insérées presque de mois en mois dans tous les
journaux, que décidément TAlosia de César est Alise-Sainte-
Reine, qu'on y retrouve tout dos Gaulois et des Romains, et les
ouvrages militaires de César, et jusqu'au gobelet du grand capi-
taine (*], enGn qu'une statue colossale de Vorcingétorix (preuve
devant laquelle on n'aura plus qu'à se taire) doit être élevée
bientôt sur le Mont-Auxois.
La disproportion des forces est grande. Elle ne nous décou-
rage pas. La vérilé n'a pas été encore écrasée sous la pression
des entre-Glets. Sa voix a été couverte par des hurrah préma-
turés : elle s'empresse de la faire entendre aujourd'hui que
s'annonce le moment qu'il aurait fallu prévoir avant de chanter
victoire, aujourd'hui que la prévention subit l'inévitable nécessité
de fournir ses preuves. Réduisant aux points capitaux les raisons
que j'ai fait valoir tant de fois ('] , et dont le seul défaut est d'avoir
été trop nombreuses, je dis :
Alise-Sainte-Reine n'est pas Alesia :
4^ Parce qu'Alise fut une ville de la cité éduenne, et qu'AIesia
fut si peu de la cité éduenne, que le premier mot de César, après
(>] c Alesia est hod. Alœse, qod vero, ut olim putabant, et ipse in Nomi-
Dum indice dixi, hod. Alhe. » t. H. p. 963, col. 1.
(*) IllttstraUon da 6 décembre 1862.
(») VAlejtia df César rendue à la Fraurhe-Comtè, Paris, Hachette, 1857; —
Leitre à M. le rédatteut du Spectateur militaire, i" série de ce recueil, t. XX
(1857), p. 309; — Conrlusion pour Alaise dans la question d" Alesia, Paris,
Hachette, 1858; — La Qtiestion d' Alesia dans la Hevue des Deux-Mondes,
Bévue archéologique, aooée 1858.
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avoir raconté la priso de cette ville , est qu'il donna Tordre du
départ pour la cité éduenne (^] ;
2? Parce qu'Alise, située à Touest, n'a pas du ôtro le point de
rencontre de doux généraux qui prirent d*abord leur direction à
à Test : César exécutant sa retraite du pays des Senons(diocèsos
de Sens et d'Auxerre) en Séquanie ou Franche-Comté par le
pays des Lingons, qui répond à l'ancien diocèse de Langres (*} ;
Vercingétorix ayant commencé par une marche du côté dos
Allobroges, c'est-.'i-dire vers le Bas-Bugpy ou le Valromey {•) ;
S^ Parce que la bataille qui précéda l'investissement d'Alcsîa
eut lieu en Séquanie ou Franche-Comté (^j, et qu'il y a trop de
distance entre un point quelconque de la Franche-Comté et Alise
pour que le trajet eût été accompli en un jour et demi de marche,
intervalle de temps qui sépara la bataille de l'arrivée des Romains
devant Alesia ;
4^ Parce qu'Alise, avant-pnste do la cité éduenne sur une
langue de terre enfoncée dans le pays lingon (') , le pays lingon
s'éUmt prononcé pour les Romains, Alise, dans cette situation,
ne pouvait pas être choisie pour le rempart suprême de la
nationalité gauloise ;
5<* Parce qu'Alise, bornée, comme l'exigent les textes, au
seul plateau du Mont-Auxois, no présente en superficie que
quatre-vingt-dix-sept hectares, et qu'il est matériellement impos-
sible de placer sur un si étroit espace des fortiûcations épaisses,
les cases d'une population de quatre-vingt-dix mille Mandu-
biens (•), le campement de l'armée de Vercingétorix , composée
(*) c His rébus coiifectis, in ifidaos proficidcitnr. » {De beUo gaUleo, 1. VI !•
c. xcx.)
(*j « Qoum Cssar io Sequanos per extremos Lingonam fines iler faceret. •
{De hello gnllico, I. VIH. c. Lxvi )
(») « O0»p>uYYtx6pi|... iTC» 'AXXôgpiya; l<rTpàT»wa« ' • (DioCassius, Ulsi-
rom., l. XL c. xxxix.)
{*) m *£v £T)xouavo7c. » (Dio Caksius. Ibid.)
{*) Voir ios cartes de l'iinrien Uiorèse d'Autun.
(* Chiffr) réjiutlaiit du tëinoignago de Plutiirque» rh. 37 de la Vie de
César : « Al 8à âv aOx^ tûv piaxoiUxav owx èXdTTovçç ^<rgiv iictaxaiSexa
|Lvpià5(i>v. »
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-Sa-
de quatre-vingt mille hommes (*) , un nombreux Wtail (•) , et
eoûn tout le matériel nécessaire à une si grande agglomération,
que la ville a contenue pendant au moins un mois ;
6* Parce qu*Alise, enfermée dans une enceinte do quaire mille
dnq cents mètres, isoléo et découverte de toutes parts, plus
fiadle encore qu*Uxe11odunum à réduire par le manque d*eau,
pour qui Teût serrée de près. Alise n'aurait pas demandé pour
être investie la contrevallation de seize kilomètres qu*il fallut
mettre devant Alesia; et si l'on objecte les fossés récemment
découverts autour d* Alise, lesquels forment une enveloppe d'une
très grande étendue, je réponds que ces fossés ont été creusés
pour investir non pas la petite Alise celtique, bornée au plateau
du Hont-Auxois, mais une grande Alise romaine, qui occupait à
la fois le Mont-Auxois et les vallées environnantes;
7^ Parce que, grâce à une série non interrompue de monu-
ments qui attestent son existence depuis le moment de la con-
quête romaine jusqu'à l'époque de nos rois fainéants. Alise est
démontrée ne s'être appelée jamais autrement qu'AlUia, ce qui
diilère d' Alesia autant qu'Alise diffère d'Alaise ; et afin que l'on
Toie bien que l'accord dont je me prévaux ici n'est pas l'effet du
hasard* je mets sous les yeux du lecteur cette série de monu-
ments :
ALISIIA, dans une inscription celtique trouvée à Alise même,
laquelle peut remonter aux dernières années de la république
romaine ;
ALISANU, dans une autre inscription gravée sur le manche
d'un poêlon de sacrifice, trouvé près de Dijon, et qui, par sa fa-
brication, n'est pas postérieur au premier siècle de notre ère {»);
ALISIENS[ES], nom des habitants de la ville, sur une tessère
en plomb du temps des Antonins , monument fourni par les
dernières fouilles, et qui depuis s'est retrouvé ailleurs (♦) ;
(») Df betio galllco, 1. VIF. c. lxxvii.
(•) /Wrf.. c. LXXI.
(■/ Mémoires de la Commission des antiquHés de la Côte^d'Or, t. IV, p. 281.
{*) Reçue numismatique, aouëc 1861, p. 253.
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— 24 —
ÂLISTA, dans le très ancien martyrologe attribué à saint
Jérôme (*) ;
ALISÂNA LOCO, dans un autre martyrologe antique, compilé
par Rhalmo-Maur (*) ;
ALISIBNSIS LOCVS, dans la vie de saint Germain d*Auxerre,
écrite au ¥• siècle par le moine Constantin (•) ;
ALISIA, dans les miracles do saint Loup, évéque de Troyes,
écrits au vi« sic»cIo (*) ;
ALISIENSI OPPiDO, dans la vie de saint Amatre, évoque
d'Auxorre, écrite au vi« siècle {*) ;
ALISIBNSË PAGO, dans la vie de saint Germain de Paris,
por Fortunat ;
ALISIA CAS[TRyM'], légende d*un trions mérovingien du
vil* siècle (•).
Voilà quelques-unes do nos raisons ('). Sans trop do prc^somp-
tion, il nous est permis de croire quV'lles forment un ensemble
dont la solidité n*est pas ébranlée parce qu*on produit à ren-
contre un amas d*armes telles que celles dont firent usage les
pères ou les grands-pères dos compagnons du roi Gondebaud.
(>) Dachbry. SpirVegium, t U, p. 18.
(*) BoUandbtcs. 1. 111 de septembre, p. 26.
(>) /6irf., 31 juillet.
(«j /fritf., 29 juillet.
(») /Wd.. IT mai.
(•) Renie nrrhenlogique, novembre 1863, p* 379.
C) Si nous ne mentionnons pas le diplôme de 811 signalé par la Rente
arrheuhgiqHe (1863. p. 383^ comme donnant à Alise le nom d'Alosia. c'est
que Tunique leçon de ce monument se trouve dans le rarlulaire de l'abbiyo
do Flavigny, où fut imaginée, au ix* siècle, ridcntification d'Alise et d'A-
lesia. (Voir ooire Aletia dt César rendue à la Franike-Comté,)
À
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SUR LE
DÉGAGE3IENT DE CHALEUR
DU A LA FORMATION DES SILICATES
Par M. MINART
Ingénieur à l'osine dé Casaméne (Donbt).
«éanee du €4 Janvier f ««S.
L« traitement des minerais ou des matières métalliques dans
les bauU-fournauxou dans les fours do divers systèmes on usage
dans l'industrie, est toujours accompagné d'une production de
matières vitreuses fondues, que l'on désigne sous le nom de lai-
tiers ou de scories , suivant qu'elles sont plus ou moins dé-
pouillées du métal qu'on élabore. Ces matières en fusion s'é-
coulent en dehors des appareils, et jusqu'ici n'ont pas encore été
utilisées comme l'on peut prévoir qu'elles le scroul plus tard;
elles résultent de la combinaison à de hautes températures de la
silice avec les bases terreuses, alumine, chaux, magnésie, etc.,
contenues dans les gangues des mmerais et les cendres des com-
bustibles. On les désigne chimiquement sous le nom de sili-
cates : la silice jouant le rôle d'acide et formant avec ces bases,
sous l'action d'une forte chaleur, des silicates d'alumine, et des
silicates de chaux, de magnésie , de protoxydo de fer, do manga-
nèse, etc.
Le silicate d'alumine est infusible , le silicate de chaux l'est
également ; mais ces deux composés réunis et combinés sont
fusibles.
Je ne m'occuperai que de ceux-ci, qui sont les plus impor-
tants, parce que ce sont ceux que produisent en immense quan-
tité les bauts-fourunux oii l'on traite le minerai de fer, et que.
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— 86 —
c*est sur un phénomèno qui résulte de leur formation que je veux
appeler TaUenlion.
La composition moyenne des laitiers de hauts-fourneaux au
coke est :
Silice 40
Chaux 40
Alumine .... SO
fOO
qui se rapproche extrêmement de la composition chimique sui-
vante :
Oxygène Silice. Alumioe. Chaux,
de Ittcide. des bases. Si 0* ' Al* 0* 3 Ca
300 300 566,7 »»»» 4050 4646,7"^S^Ï Vc^^q'
300 300 566.7 64^8 »»»» 1 208,5 "^l^ï*-^|?^^r
600 600 1133.4 641,8 1050 28i5,2
d*où la composition en centièmes suivante :
1133.4X100
28i5,2
641,8X100
2825,2
1050X100
== 401 silice,
= 227 alumine,
= 371 chaux.
' 1000
silicate neutre dont Toxygène des bases est égal à Toxygène de
l'acide.
Cette composition correspond exactement à un silicate simple
ou monobasiquo d*alumine, uni à un silicate triple ou tribasique
de chaux. Les deux silicates étant combinés, sont fusibles à la
température de fusion de la fonte.
C'est par la fusion que la séparation du métal et des gangues
est obtenue; les matières se classent par ordre de densités, le
métal forme la couche du fond ot le laitier celle de la surface.
l J\^d^yG^^8^^
-27-
Hais si Ton établit le compte de la chaleur que les matières,
en descendant depuis le haut du fourneau, ont emprunté aux gaz
issasde la combustion du charbon , on reconnaît que la totalité
d« cette chaleur ne se retrouve pas dans ces matières fondues,
et Too est obligé d'admettre, ou que les capacités calorifiques ad-
mises dans le calcul sont trop fortes, ou que ces matières, après
iroir absorbé réellement la quantité calculée, en ont dégagé une
partie avant do se rendre dans le creuset.
C*est ce qui m'a conduit à faire Thypothèse que la formation
des silicates était accompagnée d*un dégagement de chaleur ; et
c'est dans le but de vérifier si cette hypothèse était vraie que j*ai
bit les expériences suivantes :
J'ai placé dans un fourneau, sur un méftne fromage en brique,
deux creusets d'égale grandeur percés chacun d'un trou dans le
bas et sur le côté/ afin de donner passage à la matière fondue :
Tunde ces creusets contenait 100 grammes d'un mélange intime
composé de 40 parties de silice, 40 de chaux et 20 d'alumine, le
loot finement pulvérisé et humecté pour bien établir les contacts.
L'autre creuset contenait un silicate exactement de la même
composition, préalablement fondu et finement pulvérisé et hu-
mecté comme le premier.
Les creusets chauffés rapidement pendant une petite demi-heure
environ, éprouvèrent ensemble une température égale et corres-
pondant à peu près à celle de la fusion de la fonte grise. A ce
moment, le creuset qui renfermait les éléments non combinés
du silicate, laissa couler rapidement un verre bien fondu et très
fluide, tandis que dans le creuset voisin le silicate préalablement
formé commençait à fondre, mais n'avait pas encore acquis par
la seule chaleur du foyer une fluidité suflisanle pour s'écouler
parle trou pratiqué au fond du creuset. Je les retirai vivement
du feu, et, après refroidissement, il me fut facile^ de constater
que Texpérience avait confirmé mes prévisions : un des creusets
était vide et l'autre n'avait rien perdu de la matière qu'il conte-
D3il. Cette mémo expérience, répétée plusieurs fois, donna tou-
jours les mêmes résultats. Il faut en conclure qu'indépendam-
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— 28 —
mont de la chaleur du foyer reçue également par les deux
creusets, il se produit une élévation de température dans celui
oii la combinaison du silicate se fait, par suite d un di^^gagoment
de chaleur dû à Taction chimique, et que le silicate nouveau at-
teint plutôt une fluidité parfaite qui lui permet do s'écouler au
dehors du creuset.
Une remarque importante à faire et qui donne une grande
force à l'hypothèse.
C'est que le silicate à former , bien qu'il ait été tassé dans le
creuset à l'état humide , n'a laissé que d'un seul côté et sur la
moitié de «la hauteur la trace do son contact avec la paroi du
creuset. Ce qui prouve que par la dessication d'abord, puis par
la combinaison, la matière s'est contractée sur elle-môme et
qu'elle ne touchait la paroi que sur une ligne. Dans ces condi-
tions, la chaleur du foyer ne lui parvenait que par rayonnement
et non par contact, ce qui a dû être une cause de retard dans la
fusion de cotte matière, tandis que dans l'autre le silicate com-
posé préalablement adhôrait à la paroi du creuset, et recevait du
foyer une quantité de chaleu^ par contact évidemment plus
grande dans le même temps.
J'ai cherché à établir ce fait d'une manière plus évidente en-
core, et'pour cela j'ai employé un corps dont le point de fu-
sion est assez élevé pour rester à l'état solide dans le silicate
déjà composé et amené de nouveau à l'état de fusion, et capable
cependant de fondre par le dégagement de chaleur dû à la for-
mation du silicate.
J'ai employé le nickel du commerce. L'on peut voir, dans les
échantillons que j 'ai l'honneur de présenter à l'appui de cette note,
deux moitiés de creuset : dans l'une, se trouvent deux globule»
de nickel fondus au milieu du silicate en voie de combinaison ;
dans l'autre, deux petits cubes de nickel ayant conservé l'état
solide et leur forme primitive, bien qu'ils se fussent trouvés au
milieu d'un silicate ancien presque entièrement fondu. Des ré-
sultats analogues ont été obtenus avec du for; mais ce dernier
métal est toujours assez fortement attaqué par la silice, et pour
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cette raison il convient moins pour la démonstration de ce phé-
nomène.
Presque toutes les combinaisons chimiques ont lieu avec déga-
gement de chaleur, et, sous ce rapport, le phénomène que je
Tiens de signaler rentre dans la règle ordinaire : il ne présente
pas une particularité nouvelle. Seulement les circonstances dans
lesquelles il se produit rendaient son observation difficile, ot
c'est pour cela que jusqu'à ce jour il paraît avoir été ignoré.
n reste maintenant à déterminer quelle est la quantité de
chaleur produite par cette combinaison ; ce sera le sujet de nou-
velles expériences.
En attendant que cette quantité soit déterminée . avec plus ou
moins d'exactitude, nous pouvons déjà en tirer l'explication de
certains faits observés souvent dans les hauts-fourneaux et qui
jusqu'ici étaient inexplicables.
n arrive souvent, dans le roulement ordinaire de ces appa-
reils, que les laitiers sortent à une température moins élevée que
d'habitude ; ils sont rouges , visqueux , épais , au lieu d'être
blancs, fluides ot coulants. Ces laitiers ne peuvent être conduits
sur le lieu ordinaire de dépôt; ils se solidifient avant d'y arriver,
la fonte présente le même abaissement de température, elle est
pâteuse, rouge, no remplit pas les moules ; bref, c'est ce que les
ouvriers appellent une allure froide. Je la fonte froide.
Ordinairement le laitier et la fonte présentent des aspects tout
différents, et quelquefois sans que l'on puisse en connaître la
cause: Tallure devient chaude, les laitiers sont d*un blanc écla-
tant, très fluides; la fonte également très liquide coule avec la
plus grande facilité et remplit les moindres creux des moules ;
elle est excessivement chaude. Cependant l'on a consommé dans
les doux cas la même quantité do combustible et la même quan-
tité de minerai dans le même temps.
Il 7 a cependant une différence visible dans la température du
fourneau : dans les deux cas et tant que l'on ne connaissait qu'une
source de chaleur, le fait était inexplicable.
Aujourd'hui l'explication en est facile : il y a une deuxième
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- 30 —
source de chaleur dans Touvrage des fourneaux, c*est la forma-
tion dos laitiers, c'est-à-dire la combinaison de la silice avec les
bases terreuses. Mais remarquons qu'ordinairement le silicate
d'alumine étant déjà en grande partie formé dans les minerais»
il n'y a guère que le silicate de chaux qui se produise dans le
fourneau ; et comme il entre dans le silicate composé pour
plus de 62 p. ^/o, il résulte de cette réacton une élévaûon im-
portante de la température , un accroissement de la fluidité dos
laitiers et de la chaleurde la fonte.
Mais lorsque, par une variation do la composition des mine-
rais, U proportion de silicate d'alumine augmente et que celle du
silicate de chaux diminue, immédiatement la température dé-
croît et l'allure froide se manifeste.
La connaissance de la cause de ce phénomène guidera le mé-
tallurgiste dans la recherche des moyens à employer pour so
préserver des inconvénients que peuvent occasionner ces refroi-
dissements dangereux ; ce n^est pas ici le lieu d'en parler plus
longuement.
Je ne terminerai pas sans faire remarquer que le sens pra-
tique des ouvriers et des directeurs d'usine avait fait classer les
minerais en deux catégories : les mines chaudes, qui compre-
naient les minerais siliceux ou calcaires ; les mines froides, qui
étaient argileuses, c'est-à dire oU le silicate d'alumine était tout
formé.
Ces expressions qui, jusqu'à ce moment, excitaient le sourire
incrédule de beaucogp de métallurgistes instruits , avaient leur
origine cependant, comme on vient de le voir, dans l'observa-
tion et l'expérience longuement acquise de faits qui, pour n'être
pas compris, n'en étaient pourtant pas moins justement observés.
La planche ci-jointe contient quatre figures représentant les
phénomènes de capillarité qui se sont produits dans les expé-
riences dont il vient d'être question*
¥
f"
I Digitizèdby Google
«i5n k L'ouijs . ^8Sb .
Cf.âieur cfue aux jj/;rales.
Ùti LiV/W, i"M#f •"
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— 31 —
Dans la fig. i , on voit Tébullition de la fonte liquide par la
Tapeur qui s'échappe du cylindre d*argile dont la base trempe
dans l'eau de la cuvette plac^ dans le cendrier.
La fig. 2 indique la condition dans laquelle on voit se produire
la dissociation de la vapeur d'eau ; elle correspond à un très grand
rapprochement du sommet du cylindre d'argile de la surface de
la fonte.
La 6g. 3 représente Tétat du verre fondu dans le creuset avant
rintroduction de l'eau dans la cuvette inférieure.
La fig 4 représente le boursouiDement du verre lorsque le
courant d*oau ascensionnel est établi au travers du cylindre
d'argUe.
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EXPÉRIENCES
SUR L'ACTION CAPILLAIRE
PHÉNOMÈNES DE CAPILLARITE. INFLUENCE DE LA CHALEUR
SUR LES CORPS PERMÉABLES ET DOUES DE CAPILLARITÉ.
ENDOSMOSE DE LA VAPEUR. — DISSOCIATION DE LA VAPEUR.
Par M. MINART
Ingénieur k l'usine de Cataméne (Donbs).
•éamee du if mars t0«ft.
La capillarité ost la cause à laquelle on attribue la pénétration
particulière des liquides dans les tubes étroits ou dans les in-
terstices des corps poreux et perméables. Ce phénomène ne de-
vient apparent que lorsque sa production est en opposition avf>c
les lois do Téquilibro des fluides. Ainsi Tascension de Teau
dans un morceau de grès dont la base touche au niveau de ce
liquide, est un fait de ce genre, puisque, contrairement h la loi
de la pesanteur, une certaine quantité d*oau s'est élevée au-des-
sus du niveau sans cause apparente. Ce phénomène est dû à
l'action des forces moléculaires; il se produit dans toutes les di-
rections, et, si on ne Tobsorvo réellement que quand cette direc-
tion a lieu de bas en haut, il n'en a pas moins lieu do haut en
bas; seulement le mouvement du liquide est confondu avec celui
dû h l'action do la pesanteur.
Pour que ce phénomène ait lieu, il faut que les corps en con-
tact avec le liquide soient poreux , c'est-à-dire qu'il existe de
petits vides ou interstices entre les parties constitutives, et, de
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— 33 —
plos, qu'ils soient perméables, c*est-à-dire susceptibles de se
laisser mouiller et traverser par le liquide.
Certains corps poreux ne sont point perméables : ainsi cer-
taioes étoflés de laine au travers desquelles on peut voir de nom-
breux petits trous à la lumière, supporteront, sans se laisser tra-
verser, une nappe d*eau étalée sur leur surface. La laine n'ajant
pas d*afiinité pour Feau, ne se laisse pas mouiller ni traverser.
Les briques présentent è un haut degré les conditions favo-
rables à la capillarité ; Tobservation d*un phénomène qui s'est
produit dans un des hauts-fourneaux de Rans a appelé mon at-
teotion sur ce sujet, et m*a engagé à faire les expériences que
j'ai rhonneur de communiquer à la Société d'Emulation.
Le fourneau sur lequel j'ai observé les effets de la capillarité
des briques était, dans le langage du métier, en allure chaude;
les laitiers, bien qu'un peu basiques, ne contenaient que 4 à 6
millièmes de protoxyde de fer, proportion insuffisante pour les
colorer sensiblement; ils étaient blancs. La chaleur du creuset
«Hant excessive , je fis fonctionner un système d'arrosage établi
ad hoc, et qui, mouillant la surface extérieure des briques du
creuset, avait pour objet de s'opposer, par un refroidissement
actif de la surface extérieure, à la fusion de la partie intérieure
des briques, et de conserver ainsi aux parois une épaisseur et
uoe solidité suffisantes.
Rien n'étant changé dans la charge ni dans la consommation
du fourneau, l'arrosage fonctionnant depuis 28 h 30 heures^ un
refroidissement considérable se Ot remarquer dans le creuset, le
métal se figea sur le fond et les laitiers devinrent subitement
Doirs et chargés de 70 à 80 millièmes de protoxyde de fer. Ce^
pendant la marche du fourneau, depuis les tuyères jusqu'au haot^
était toujours satisfaisante, la descente était régulière, les tuyères
claires et nullement embarrassées ; bref, il n'était pas douteux
pour moi que l'élaboration des minerais se faisait toujours dans
d'aussi bonnes concKtions que précédemment. Je n'étais frappé
que de la grande proportion de fer que contenaient les laitiers.
Le refroidissement ne me préoccupait pas* Je fis cesser, puis
3
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— 34 —
reprendre Tarrosage; les mômes effets se. reproduisirent exacte-
ment, et il me fut démontré que c*était à cette cause qu'il fallait
rapporter les dérangements qui avaient eu lieu.
Le refroidissement et la solidification de la fonte dans le creu-
set pouvaient s'expliquer facilement par un arrosage trop abon-
dant, enlevant une quantité de calorique trop considérable à cette
partie du fourneau. On dépassait le but, rien n'était plus facile
que d'y revenir. Il n'y avait qu'à trouver par tâtonnement le
volume d'eau convenable et s'en tenir là.
Mais ce qui ne pouvait s'expliquer, c'était l'augmentation con-
sidérable d'oxyde de fer dans les laitiers , malgré la bonne ré-
duction des minorais dont j'étais certain. Je fus donc conduit à
admettre qu'une cause d'oxydation accidentelle existait pendant
l'arrosage, et que le métal réduit d'abord se réoxydait en partie
au moment de sa fusion et jusque dans le creuset. Cette cause
d'oxydation ne pouvait ôtre due évidemment qu'à la vapeur d'eau,
et je supposai que la capillarité des briques pouvait déterminer
de l'extérieur à l'intérieur un courant d'eau qui, se réduisant en
vapeur sous l'influence de la haute température , pénétrait dans
le fourneau par endosmose, en soulevant l'enduit vitreux qui
tapisse les parois , et malgré la pression de l'atmosphère inté-
rieure du fourneau qui ne s'élève pas à moins de deux centi-
mètres de mercure.
Pour vérifier mon hypothèse, j'entrepris les expériences sui-
vantes, qui justifièrent complètement mes prévisions.
Je plaçai dans un fourneau un creuset de graphite percé au
fond d'un trou de 25 millimètres , par lequel j'avais introduit
l'extrémité supérieure d'une baguette cylindrique en terre à
briques de 20 à 22 centimètres de longueur; le bout de la ba-
guette dépassant de 2 à 3 centimètres le fond du creuset, et son
autre extrémité descendant de 16 à 18 centimètres dans le cen-
drier. Je mis des morceaux de fonte dans le creuset et je chauffai
jusqu'à fusion parfaite du métal. Dans cet état, la surface de la
fonte ayant été bien débarrassée de toutes scories, je constatai
Tabsence de toute agitation et de tout mouvement dans le bain
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- 35 —
métallique, qui réfléchissait comme un miroir Timage des objets
avoisinauts. A ce moment je plaçai une petite cuvette en fer
pleine d*eau dans le cendrier, et je fis tremper de â ou 3 centi-
mètres l'extrémité inférieure du cylindre d'argile au travers du-
quel Feau pénétra immédiatement; puis, la capillarité étant
activée par la chaleur, au bout de quelques minutes la vapeur
d'eau s'échappa par l'extrémité supérieure de la baguette au
travers de la fonte en fusion , dans laquelle elle détermina une
espèce d'ébuUilion qui s'est continuée indéfiniment tant que j'ai
fait continuer le chauffage.
Dans cette expérience, l'eau s'est élevée par l'action de la ca-
pUlarité de lia 15 centimètres au-dessus de son niveau, puis
sa vapeur, au lieu de s'échapper de haut en bas sous la pression
d'une couche de fonte de 3 centimètres, et de s'opposer ainsi à
l'ascension de nouvelles parties du liquide, s'est frayé un pas-
sage au travers du métal formant ainsi un courant ascensionnel
continu de l'eau de la cuvette au travers du cyhndre d'argile et
de la fonte, courant qui n'a cessé qu'après la solidification du
métal par refroidissement. L'échantillon que j'ai l'honneur de
présenter à la Société d'Emulation, permet de voir le gonflement
produit par des bulles de vapeur arrêtées au moment de la soli-
dification de la surface.
J'ai répété un grand nombre de fois cette expérience, j'ai tou-
jours obtenu les mômes résultats. Une précaution est cependant
nécessaire : il faut que le cylindre d'argile soit recouvert d'un
enduit vitreux imperméable, dans la partie qui traverse le creu-
set et qui l'isole complètement de celui-ci ; à défaut d'un isole-
ment complet , le liquide passe du cylindre dans la terre du
creuset et s'écoule par le bord supérieur , sans traverser le bain
métallique.
La même expérience a donné des résultats analogues avec du
verre fondu ; on peut voir sur l'échantillon n*» 2 le soulèvement
considérable occasionné par la vapeur s'échappant du cylindre
d'argile au travers de la masse de verre : pour obtenir la con-
servation de ces bulles , il est nécessaire d'exposer le creuset de
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— 36 —
verre à un refroidissement rapide, tout en laissant la partie
inférieure du cylindre plongée dans Teau.
Ces résultats, comme on le voit, conûrment Thypothèse que
j*avais admise, et expliquent Toxydalion extraordinaire du métal
dont j*ai parlé, par l'introduction dans Tintérieur du fourneau
d*une certaine quantité de vapeur d'eau, sous Tinfluence de la ca-
pillarité et par endosmose. L'on sait, en effet, que la vapeur d*eau
se décompose au contact du fer avec une grande énergie à de
hautes températures.
L'abondance de Toxyde de fer dans les laitiers était donc bien
rindice de Tinlroduction de la vapeur dans l'ouvrage du four-
neau, et la preuve que la capillarité est assez puissante pour
traverser des briques de m. 60 centim., pour vaincre la résis-
tance de la pression de l'atmosphère intérieure et la viscosité
des matières vitriûées plus ou moins fluides qui en tapissent la
surface exposée à la chaleur.
En poursuivant ces expériences, j'ai pu constater le phénomène
de la dissociation de l'eau , phénomène découvert et décrit par
M. De ville ; il se produit dans les conditions suivantes : Lorsque
le cylindre en argile est terminé en cône à la partie supérieure ,
de manière à ce que toutes les bulles de vapeur s'échappent par
son sommet; lorsque la partie du cylindre d'argile pénétrant
dans la fonte a 4 ou 5 centimètres de longueur, et enûn lorsque
la pointe du cône est à 5 ou 6 millimètres au-dessous de la sur-
face métallique. Dans ces conditions, les bulles de vapeur sont
très peu en contact avec le métal qu'elles traversent dans une
faible épaisseur, après avoir cheminé toutefois au travers d'une
partie suflisamment longue du cylindre, portée à une très haute
température. Le peu de durée du contact de l'eau avec le métal
est insuffisant pour faire combiner l'oxygène de la vapeur, mais
rinfluence du fer suffit à opérer la décomposition de l'eau. Dès
que la bulle de vapeur est sortie du bain métallique, la combi-
naison des deux gaz se reproduit instantanément et donne lieu à
un éclairement assez vif de la surface environnante du métal et
à une petite détonation très marquée. On doit déduire da ce fait
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— ar-
que J« température do fasioD de la fonte ne suffit pas à elle seule
à opérer la dissociation de la vapeur d*eau, mais que cette réac-
tion a lieu en présence du fer. L'affinité du métal pour Toxygène
serait la force qui vient en aide à la chaleur pour séparer les
éléments de la vapeur d'eau.
Les expériences dont je viens de rendre compte ayant mis en
évidence une force de la capillarité assez intense pour élever
Teau à une certaine hauteur au-dessus de son niveau, et sou-
lever en outre une couche de métal fondu d'une assez grande
épaisseur, je cherchai à mesurer la force ascensionnelle de la
capillarité.
Pour cela je pris un cylindre d'argile dans l'extrémité duquel
je perçai un trou de 40 millimètres de profondeur environ, et
j'y fixai une petite éprouvette à mercure en verre. Pour éviter
les pertes par l'évaporation , j*enduisis la surface du cylindre,
sauf la base de cire à cacheter, et je fis tremper la partie infé-
rieure dans l'eau.
La capillarité fit monter ce liquide dans les pores de l'argile et
en expulsa l'air qui, refoulé dans le tube de l'éprouvette, trans-
mit au mercure la pression exercée sur lui parle mouvement as-
censionnel de l'eau. Après vingt-quatre heures, la dénivellation
du mercure était de 0,itO millimètres, correspondant à une
pression de \ m. 47 d'eau ou 4/7® d'atmosphère.
Il n'est pas douteux que de nouveUes expériences, dont les con-
ditions seront mieux appropriées, donneront des résultats bien
supérieurs à ceux-ci, qui, néanmoins, ne laissent pas que d'être
assez remarquables.
Ces recherches pouvant être d'une certaine utilité, j'ai entre-
pris des expériences pour déterminer : 4^ à quelle hauteur limite
l'eau pouvait s'élever dans ces matériaux au-dessus de son ni-
veau et dans les conditions atmosphériques ordinaires ; 2^ quelle
est la hauteur limite pour les matériaux mis à l'abri de l'évapo-
ration par leur surface extérieure ; 3^ quelle est l'influence de la
chaleur sur la capillarité. J'aurai l'honneur de communiquer à
la Société d'Emulation les résultats que j'obtiendrai sur les deux
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— 38 —
premières queslioDS. Je fuis dès aujourd'hui indiquer ceux que
j*ai déjà obtenus sur la troisième.
J'ai rempli deux tubes en fer de 40 millimètres de diamètre
et de 0, 80 centimètres de longueur, de sable argileux, humide,
fortement serré. Je les ai fait sécher lentement et à une tempéra-
ture d'au moins 450 degrés, puis je les ai placés tous les deux
verticalement dans des cuvettes contenant quelques centimètres
d'eau. L'un des tubes est resté exposé à la température ordinaire,
et après deux jours n'a pas donné de trace d'humidité à la partie
supérieure. L'autre a été chauffé à moitié de sa hauteur par
quelques charbons placés sur une grille et porté au rouge
sombre; l'activité de la capillarité a été tellement accrue par
cette température, qu'en une demi-heure environ la vapeur s'est
manifestée à la partie supérieure, le sable argileux s'y est dd-
trempé, et une mince couche d'eau s'est produite à la surface
d'une manière permanente.
L'action de la chaleur a donc eu pour effet d'accélérer le mou-
vement ascensionnel de l'eau dans des proportions relativement
considérables.
Ces expériences doivent être répétées , modifiées de plusieurs
manières ; je me propose de les continuer et d'en faire connaître
les résultats.
Avant de terminer cette note, je crois à propos de dire un mot
de quelques effets de la capillarité. De toute chose il faut trouver
le côté utile.
Tous les bâtiments d'habitation, toutes les maisons construites
avec des matériaux perméables et doués de capillarité sur des
terrains dont le sous-sol est humide, sont des habitations mal-
saines. Beaucoup de pierres, les mortiers, ceux qui sont hydrau-
Uques comme ceux qui ne le sont pas ou qui le sont peu , sont
perméables et doués de capillarité. Il suffit de laisser tomber
quelques gouttes d'eau sur une pierre sèche pour juger approxi-
mativement de son degré de perméabilité et de capillarité, par la
promptitude avec laquelle l'eau est absorbée. Le plâtre est dans
le même cas. Par conséquent, toutes les constructions faites avec
,edby Google
— âg-
ées matériaux ont rinconvénient dangereux d*étre humides et
par suite malsaines. La hauteur, à laquelle Thumidité puisée
dans le sous-sol par les fondations peut arriver, dépend de Tacli-
Tité capillaire des matériaux, de Tévaporation plus ou moins
facile par les surfaces enduites ou non de matières peu per-
méables. Si les murs sont recouverts seulement de plâtre à Tin-
térieur et d'un crépissage au dehors, le rez-de-chaussée seulement
sera humide, parce que Teau ne pourra s'élever qu'à 0, 80 centi-
mètres» \ m. ou 1 m. 50 au-dessus du sol, Tévaporation s'elTec-
tuant librement dans ces conditions. Mais si Textérieur du mur
est protégé par le feuillage d'une treille ou de plantes grim-
pantes, si rintérieur est boisé comme moyen de défense contre
rhumidi té, alors Tévaporation se trouve réduite, et la capillarité
envoie l'eau jusqu'au premier étage, qui devient humide, comme
le rez-de-chaussée.
Les inconvénients d'un tel état de choses, je ne {leurrais les
énumérer : ce sont des causes de maladies nombreuses, des rhu-
matismes, névralgies, etc.; puis des causes de destruction d'ob-
j^ précieux, de linges, de meubles, etc., etc.
Rien pourtant n'est plus facile à combattre et à empêcher, et
chacun admettra comme certain le moyen de préservation que je
vais indiquer.
L'action de la capillarité étant démontrée, on comprend que
dans les lieux dont le sous-sol est habituellement humide, il s'é-
tablit au travers des matériaux qui composent les murs , lorsque
ces matériaux sont perméables, un courant ascensionnel qui
n'est limité que par l'évaporation qui a lieu aux surfaces : c'est ce
courant perpétuel d'eau aspirée dans les profondeurs du sol par
les murs, analogue au mouvement de la sève dans les arbres,
qui sature l'air des appartements, quel que soit le chauffage inté-
rieur qui n'a d'autre effet que d'activer cette aspiration. Les
abaissements momentanés et périodiques , aux diverses heures
de la journée et de la nuit, de la' chaleur de Tair qui y est ren-
fermé, font condenser partout l'excès de vapeur d'eau de satura-
tion ; bref, les personnes qui habitent ces maisons sont comprises
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— 40 -
dans le cours d'une circulation perpétuelle d'eau et de vapeur;
on en connaît les consi^quences. Pour supprimer le mal , il ne
faut que supprimer la cause. Le moyen, le voici : empêcher la
capillarité. Les métaux ne sont pas perméables, du moins à l'eau.
Que l'on interpose donc une feuille métallique dans les murs de
manière à isoler la partie supérieure qui est en contact avec
l'atmosphère, de la partie inférieure qui baigne dans l'eau du
sous-sol.
Pour cela, il faut élever les fondations jusqu'à m. 90 centim.
environ au-dessus du sol, les terminer, suivant l'inclinaison du
sol, par un ou plusieurs plans de niveau sur lesquels on fera un
lit de mortier. Sur celui-ci on placera des tôles de fer de 4 à 5
millimètres d'épaisseur, ayant pour largeur l'épaisseur des murs
et se jgignant toutes bout h bout. Sur ces tôles une nouvelle
couche de mortier qui servira à la pose de la nouvelle assise
pour l'éreétion des murs. Avec cotte précaution , toute perméa-
bilité et capillarité sont supprimées, et tous les inconvénients
disparaissent. Le moyen, du reste, est peu coûteux, et compen-
serait largement par ses avantages la dépense insignifiante qu'il
aurait occasionnée.
Que l'esprit de routine et de parcimonie ne repousse pas un
moyen certain de supprimer un état de choses désastreux pour
bien des locahlés, et que les phénomènes de la capillarité, mieux
connus, soient utilisés au profit de l'humanité au lieu de lui être
contraires, c'est ce que je désire et espère.
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NOTE SUR LA G£NËU0«IE
PERRENOT DE GRANVELLE
Par M. AD. MARLET
SecréUire général de la Préfsctnre de la Gôte-d'Or.
•éanec dv 14 Ji
Uq vénérable savant, l'ami intime de Nodier, vient de cou-
ronner sa belle carrière par un pieux hommage au plus illustn)
des enfants de Besançon, à ce cardinal qui fut le principal ministre
de Philippe II et exerça les pouvoirs de ce souverain dans les
Pays-Bas et le royaume do Naples.
Nous pourrons donc, grâce à M. Ch. Weiss, contempler cette
noble figure que peignit le Gaëtano (*) et qui va ôtre reproduite
par un de nos habiles compatriotes. Cette statue, érigée dans le
[>a1ais Granvelle, au milieu de cette cour si longtemps négligée
et rendue pour l'avenir à sa dignité première, nous consolera de
ces tombes violées en des jours de colère.
Il sera, certes, le bienvenu de tous, ce jour oU le marbre
donnera au cardinal de Granvelle comme une seconde existence,
(*) Dans la dernière édition de sa notice du Musée d*art de la yille do
Besançon, M. Lancrenon s'exprime ainsi au sujet du portrait sur cuivre
du cardinal de Granvelle que possède cette collection : «i Ce magnifique
portrait (haut. 72 c., larg. 48 c.)> précédemment attribué au Bronzine, a
été restitué à son véritable aut.ur (Scipione Pulzone, dit le Gaëtano) d'a-
près les inventaires du mobilier des Granvelle. On sait, d'ailleurs, que le
Gaërano reproduisit les traits de tous les cardinaux vivant sous le pontificut
de Grégoire XIII. et qu'il fut mandé à Naples, alors que Granvelle en
était vice-roi, pour peindre l'image de don Juan d'Autriche. »
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— 42 —
mais plus spécialement encore de ceui qui , ayant appris de
H. Weiss à l'aimer, ont, dans la mesure de leurs forces, travaillô
avec lui à la défense de celte grande mémoire.
Tel sera le sentiment des savants collaborateurs de rédition
des Papiers d'Etat, comme de MM. Castan, Tridon et autres,
parmi lesquels ose se ranger l'auteur de cette note; car leurs
recherches, en élucidant la généalogie des Perrenot, ont con*
tribué, pour une part, à cette œuvre patriotique.
Les extiyits des archives de la Côte-d'Or, que j'ai l'honneur de
soumettre à la Société d'Emulation du Doubs, comprenant des
renseignements inédits sur la famille Perrenot, pourront donc,
en raison des circonstances, présenter quelque intérêt.
La Société n'ignore pas que les ennemis des Granvelle, leur
faisant un reproche de l'humilité de leur origine , prétendaient
que le chancelier était le fils d'un forgeron. L'opuscule intitulé :
La vérité sur l'origine de la famille Perrenot de Grandvelk
(Dijon, 4859, in-8**) fut écrit pour démontrer la fausseté de cette
assertion, et pour établir que Pierre Perrenot, aïeul de notre
cardinal, avait exercé, pendant la plus grande partie de sa
longue carrière, les fonctions de notaire de la couY de Besançon
et tabellion général au comté de Bourgogne,
Je reconnaîtrai sans hésiter aujourd'hui, que les sarcasmes qui
poursuivaient jadis dans Bruxelles le ministre de Philippe II, ne
faisaient que se tromper de date , et qu'ils auraient touché juste,
si, au lieu de se porter sur l'aïeul du cardinal, ils étaient remontés
à son quadrisaïeul.
Voici , en effet , ce que relatent les comptes rendus par les
clercs trésoriers du bailliage de Dole au receveur général du
duc et comte de Bourgogne, pour les années \ 426 et suivantes (*) :
(*) Je dois la connaissance de ces comptes au conservatenr des archives
de la CMeHi'Or, M. Garnier, dont l'obligeance égale l'érudition.
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— 43 -
(ifiSF/ ^^^^**^''- "" COMPTB DE JaCQUOT VuIIT.
Ouvraiges,
Omans. — « A Anthoine Prenet d'Ournans, fèvre, pourlo
> maiotenemont des fers des molins dudit lieu, pour Tan de ce
» (H^senl compte, et ront quittance : xx f. »
\4658./
4 435-1 436. — Compte db Jehan Toubui.
Onmns. — « A Anlhoine Pernot, mareschal, pour avoir
> maintenu à ses despens, en Tan comme dessus, les fers et
> métaulx desdiz molins, par merechef à lui fait, et rent quit-
> lance : x gros. »
*n en est de même pour les années 4437, 4440, 4444 et 4442*
Enfin , Antoine Perrenot se trouve une dernière fois inscrit dans
e» comptes pour le cens d'une vigne, en 4 447 et 4 448.
Ces renseignements nouveaux, en s'ajoutant à ceux qui ont
été publiés dans ces dernières années, complètent^ à une lacune
près, la série généalogique de la famille Perrenot. Le tableau
suivant formera un résumé intéressant de la question , et mon-
trera, une fois de plus, qu'il n'est pas de recherche isolée ou
minutieuse qui n'ait sa valeur en histoire , lorsqu'elle vient è se
rattacher à quelque autre entreprise faite dans le même but.
PREMIÈRE GÉNÉRATION.
Nicolas Perrenot (4S94). .
LVxistenco de ce Nicolas a été reconnue par M. Castan, grâce
à un document par lui retrouvé dans les archives de l'hospice
Saint-Jacques de Besançon, et publié dans la Correspondance
littéraire (6® année, 4862, p. 364); il s'agit vraisemblablement
du pt*re d'Antoine, que nous avions considéré comme tige de la
^amille Perrenot. t Cette pièce est l'acte de réception , dans la
> bourgeoisie d'Ornans, dudit Nicolas Perrenot, d'Ouhans,
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— 44 —
» petit TÎUage assis sur les gigantesques rochers d*oii jaillit la
> foaree de la Loue (i*' mars 4391). »
DEUXIÈME GÉNÉRATION.
Antoine Perrenot (4448-4448).
Fils de Nicolas et signalé dès U18 dans une notice rédigée
an siède dernier par les officiers municipaux d'Ornans, il n*est
antre que le fèxfT€ ou maréchal à propes duquel cette note a été
4m te.
TROISIÈME GÉNÉRATION.
Jehan Perrenot (1*^ du nom).
Taî établi, dans la brochure La vérité, etc., quMl était le fils
d'AsIoàie. (Accensenifuit de Tan 4434 , oU Anthoine Prenatei
ictea, son fili, servent de témoins.)
QUATRIÈME GÉNÉRATION.
Jehan (2* du nom).
Le nom de ce second Jehan, désigner également par Frosper
Léréqueelles officiers municipaux dTJmans, n'a pas encore été
rKiovTé dans les manuscrits du temps, à moins qu'il ne s'agisse
Je hii daos an acte, cité aussi par moi, do Tannée 4477.
La lacune que j'ai signalée, et qui concerne Jean premier et
Jftto second, consisterait moins, on le f oit, dans une incertitude
régnant sur leur existence, que dans l'ignorance de leur position
MKÎale.
Oft peut toutefois penser, sans trop d'invraisemblance, que
^esl à dater de Jean premier que les Perrenot sortirent de la
c'asse ouvrière, et se préparèrent, par quelqu'une de ces fonc-
Loos dites libérales, à secouer leur roture.
Eb effet, la femme de Jean premier était fille d'un Grospaiu,
^Veft qualifie du titre d'écuyer, et qui, tout au moins, était
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— 45 —
CINQUIÈME GÉNÉRATION.
Pierre Perrenoi.
Quant ai> père du chancelier, le doute n'existe plus; il était
notaire, et non forgeron.
SIXIÈME ET SEPTIÈME GÉNÉRATIONS.
Nicolas Perrenot et Antoine Perrenoi de Granvelle.
Je ferai remarquer ici, avec M. Auguste Castan, t que les
> prénoms des deux premiers Perrecot actuellement connus ,
» sont devenus ceux du chancelier et du cardinal. »
Je termine en rappelant que c*està M. Tridon, censeur du
Ijcée impérial de Besançon, que j*ai dû la connaissance delà
lettre du cardinal, où il dit : « qu'il est né citoyen à Besançon »
(La vériU, etc., p. 68); j'exprime enfin Tespoir de voir quelque
jour se compléter cet arbre généalogique auquel désormais il
manque si peu de chose.
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LA QUESTION D'ALESIA
■ÉSOLUB HATHÉHATIQUBMBNT
EN FAVEUR D'ALAISE
M. A. SARRETTE
Lieutenant -Colonel au 86* de ligne.
•éaace dv • avril f ••».
Méthode nouTalld pour Tétude des Commentaires de César.
Jusqu*à ce jour on n'a suivi aucune marche méthodique dans
rétude des Commentaires de César, au point de vue de la re-
cherche des positions militaires, théâtres des événements que le
grand capitaine raconte à propos de ses guerres avec la Gaule.
Chacun a fixé géographiquement les lieux célèbres de la
Gaule selon ses convenances personnelles, plutôt que déterminé
par les exigences du texte qu'on a l'habitude do traduire par des
à-peu-près do latiniste, avec des expressions vagues, là oh l'au-
teur le plus précis de l'antiquité emploie des expressions tech-
niques. Aussi, existe- t-il sur les questions militaires que les
Commentaires de César soulèvent, une divergence d'opinions
qui porte souvent l'obscurité dans cette partie de l'histoire na-
tionale.
Heureusement, aujourd'hui la tendance des esprits éclairés
est de s'enquérir des lieux véritables oîi se sont passés les évé-
nements , et d'expliquer la conduite de nos ancêtres dans les
derniers combats livrés contre Rome, autrement que par des
hypothèses qui, trop souvent, leur ont été peu favorables.
^ / V?°°gi^
- 47 —
Ainsi le problème des destinées gauloises, Forigine et la fin
des choses de Thistoire nationale, est ce qui nous attire par-Ses-
SOS tout Nous avons le souci de leur solution. Ce besoin impé-
rieax de connattre explique le grand mouvement de curiosité
qui s*opère depuis plusieurs années autour des Commentaires
de César. L*£mpereur lui-même, en y cédant, a donné un redou-
blement d*impulsion patriotique à ce mouvement. Et certes, en
pareille matière, Tintérét est bien légitime; car, dans ces faits an-
tiques, il s'agit des origines de notre France, issue de la vieille
Gaule, si longtemps Teffroi des Romains.
On agite sous toutes les formes les questions celtiques. Les
diercbeurs sont de plus en plus nombreux et persévérants. On
sent que c'est à la vraie science qu*il faut demander des solutions.
Or cetto vraie science est avant tout Farchéologie militaire.
L'archéologie militaire est la science de notre antique histoire
expliquée par la topographie et les règles de l'art de la guerre.
Elle redressera le témoignage du texte par le témoignage incon-
testable du terrain, et fera surgir ensuite du sein de la terre des
preuves irrécusables. Cette science apportera ainsi à la vérité le
concours le plus efficace par ses découvertes, qui sont appelées à
déraciner les préjugés historiques.
En archéologie, comme en toutes choses, la vérité est une,
nous la cherchons; notre esprit, qui aime ce qui est net, absolu
comme elle, ne sera satisfait que lorsque nous l'aurons trouvée.
Bq archéologie, la vérité est dans ce que nous voyons et dans la
snite logique de ce que nous voyons. Un lieu est-il signalé
dans la Gaule, comme théâtre d'un fait historique? Ce lieu
ne sera reconnu tel que lorsqu'il répondra intégralement à
des conditions que nous n'avons pas faites, mais qui se dé-
duisent du récit des événements accomplis en ce lieu; en
d'autres termes, lorsque sa découverte sera le résultat d'une
donnée qui repose sur le mot-à-mot exact d'un bon texte, sur
le témoignage du terrain, la position géographique et la vrai-
semblance, seuls fondements de toute bonne critique historique
des Commentaires de César. Dans de telles conditions , on peut
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-48-
(iire que k vérité nous vient surtout de la topographie, qui est
l'art* d'établir les rapports qu'un terrain offre avec tous les dé-
tails du fait historique qu'il a vu s'accomplir. Co fait a pris dans
son accomplissement» pour ainsi dire, l'empreinte du terrain; il
n'est vraiment tel, avec tous ses accidents , ses développements,
que parce qu'il s'est accompli en un tel lieu ; fait et lorrain s*d(>-
partiennent mutuellement: entre eux il y a des coïncidences in-
times qui impliquent l'existence de l'un et de l'autre.
Le texte des Commetitaires nous donne les faits, et, dans la
suite des faits, les détails topographiques des lieux et les notions
delà poliocétique gauloise et romaine, détails et notions quelque-
fois obscurs par leur concision, mais souvent très bien indiqués,
môme par un seul mot, comme nous le verrons. C'est à nous, qui
cherchons la vérité, de retrouver les véritables lieux, pour faire
la vériûcation des faits par le terrain, et pouvoir constater l'inti-
mité des rapports existant entre eux et constituant leur identité.
L'archéologie militaire, appliquée aux Commentaires de César,
exige qu'on aille à la recherche des lieux historiques avec une
bonne méthode, fruit de l'étude réfléchie du texte et de la va-
leur des mots. Et cette méthode une fois admise, la logique veut
qu'on la suive fidèlement à l'égard de toutes les questions, sans
en excepter une seule. Il est évident que, pour chacune d'elles,
la méthode conduira sur un certain terrain. Là, nous apphque-
rons le texte dans toutes ses parties, avec la valeur intrinsèque
et relative de chaque mot ; nous rechercherons la vérité dans les
faits et dans le raisonnement, sans rien supposer; nous étudie-
rons enfin, et nous n'inventerons pas. Conséquemment, dans ces
recherdies prescrites et Umitées parla méthode elle-même, nous
ne ferons point l'application d'un système préconçu, nous n'évo-
querons point et nous ne subirons pas l'image topographiquodes
lieux déjà parcourus : conduite essentielle pour arriver à la dé-
couverte de la vérité.
Un chemin ainsi tracé ne semble-t-il pas rationnel? Confiant en
une méthode, combinaison des forces de l'analyse et de la syn-
thèse, nous marcherons avjôc opiniâtreté dans nos recherches»
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— 49 —
en nous appuyant sur elle, et sans nous préoccuper des opinions
déjà émises à Tégard des questions celtiques, opinions dont la
diversité sur le même objet ne prouve , au surplus, que la fai-
blesse. Nos déterminations viendront uniquement de ce que
nous aurons pu voir clairement nous-mêmes sur le terrain , ou
déduire d'une manière certaine. Et alors, si nos déductions sont
partout conformes à l'expression vraie du texte, à la topographie
du terrain, à la position géographique, aux règles fondamentales
de la stratégie et à la vraisemblance , nous serons en droit de
conclure, de proclamer que notre méthode est bonne.
Posons d'abord quelques principes, qui nous serviront de ja-
lons dans nos recherches et de fondement pour TédiOcation de
cette méthode, appelée à résoudre les questions militaires ren-
fermées dans les Commentaires de César.
Dans tout mouvement de troupes, il faut considérer deux
choses indispensables, pour bien se rendre compte de la direc-
tion du mouvement. Ces deux choses, ces deux éléments es-
sentiels et indispensables, sont le point de départ de la troupe
mise en marche et son point d'arrivée. Quant à sa direction, elle
est donnée par la ligne suivie pour aller de l'un à l'autre point,
ligne dépendant habituellement de la topographie qui est im-
muahle.
Le véritable appui de la troupe mise en mouvement est le
point de départ, oîi sont ses dépôts, ses approvisionnements de
toute nature. En art militaire, on nomme cet appui, ce point de
départ, base d'opérations, ou ligne de défense. Le point d'arri-
vée est ce qu'on appelle le point objectif; la route suivie pour
y parvenir prend le nom de ligne d'opérations; elle devient ligne
de retraite, si on la parcourt ensuite en sens inverse pour re-
gagner le point d'appui ou de départ.
Il ost de principe qu'une troupe en mouvement, ou en posi-
tion, doit toujours couvrir son point de départ et sa ligne d'opé-
rations. Il y a péril pour elle «i elle viole ce principe rigoureux.
Le point d'arrivée et le point de départ étant toujours reHés
par la direction, ou ligne d'opérations, celle^i constitue pour
4
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— 50 -
eui un rapport constant. On ne doit donc pas considérer ces deux
éléments Tun sans Tautre , lorsqu'on s'occupe d'un mouvement
de troupes, attendu que sans le point de départ on ne peut déter-
miner la direction, ni la route suivie pour atteindre le point
d'arrivée, et réciproquement.
Prenons des exemples, pour mieux faire comprendre cette
dernière conséquence.
Une armée détache une division sur les frontières d'Espagne,
une sur celles d'Italie, et une sur celles d'Allemagne. Dans cette
phrase, le point de départ des trois divisions n'étant pas indiqué,
la zone, ou la partie des frontières d'Espagne , d'Allemagne et
d'Italie, sur laquelle sont détachées les trois divisions, reste in-
déterminée. Elle se trouve flxée , au contraire, celte zone fron-
tière, si on indique le point de départ, comme dans la phrase
suivante : L'armée de Paris détache une division sur les frontières
d'Espagne, une sur celles d'Allemagne. En effet, ces trois zones
frontières sont, par rapport à Paris, point de départ, les Pyré-
nées, les Alpes, le Rhin. C'est ainsi que le rapport du point do
départ au point d'arrivée , c'est-à-dire la direction , donne l'o-
rientation.
Précisons davantage, en prenant pour objectif une ancienne
province de la France, et considérons-la dans ses parties princi-
pales, par rapport à Paris : soit, par exemple , le Quercy, avec
ses limites ou frontières nord, sud, est, ouest bien déterminées.
Les trois cas suivants qui nous intéressent peuvent se pré-
senter :
Premier cas : L'armée de Paris détache une division sur la
fronUère du Quercy.
Deuxième cas : L'armée de Paris détache une division sur la
frontière extrême du Quercy.
Troisième cas : L'armée de Paris détache une division dans
le Quercy.
Conformément à l'exemple précédent , et d'après le rapport
constant du point de départ au point d'arrivée , la division dé-
/ P ^s,\\t\ze6 by Google
— 5< —
tachée prend position, savoir : dans le premier cas, sur la limite
ou zone frontière du Quercy la plus rapprochée de Paris, c'est-
è-dire sur la zone frontière septentrionale ; dans le second cas, sur
la limite du Quercy la plus éloignée de Paris, c'est-à-dire sur la
zone frontière méridionale ; dans le troisième cas, elle prend
poste dans un point indéterminé de Tintérieur du Quercy.
Ces fixations de la zone frontière, relativement au point de
départ, ne peuvent faire Tobjet d'aucun doute, attendu qu'elles
procèdent de la science géographique , qui enseigne la position
respective des lieux, toujours considérés et orientés par rapport
à un autre lieu bien connu, bien déterminé.
Ce genre d'orientation est tellement simple et 1 application si
facile, si ordinaire , qu'on se demande pourquoi il n'a pas été
adopté de suite et par tous les interprètes de César. On peut et
on doit d'autant plus l'appliquer aux mouvements des légions
romaines dans la Gaule, que César a bien soin de fixer d'avance
les points de départ, toujours indiqués par le texte, et que, dans
les descriptions des lieux et des batailles , les positions qu'il in-
dique doivent s'entendre dans leur rapport avec la place qu'il
occupe au moment oU il parle , comme nous le voyons , môme
dès le premier chapitre do ses Commentaires, oh il présente la
division géographique de la Gaule, la considérant dans son rap-
port avec la province romaine, dans laquelle il se trouve avant
son départ et dont il fait sa base d'opérations. Quand il dit
que la Gaule celtique est placée au nord : Gallia aub septen-
trionihm posita est (lib. I, c. xvi), il faut sous-entendre évi-
demment de la province romaine. Les chapitres xx, xxviii du
livre IV donnent lieu k une semblable observation, ainsi que le
chapitre xiii du livre V. Enfin le chapitre xxiv du livre VI, dans
lequel il décrit la forêt d'Hercynie, indique, à n'en pouvoir douter,
qu'il considère cette forêt par rapport à lui placée en Gaule et
face à la Germanie, au moment oîi il parle : hinc se flectit si'-
nistrorsus, dit- il, après avoir raconté qu'elle suit le cours
du Danube, jusqu'aux frontières des Daces; et ab dextera parte
alio adscensu eodem tempore jEduos mittit, dit-il aussi, au
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tuvéi firreTIIf dans ses dispositions d'attaque contre
Ma» 1» HlLiiJ Bodenies, objectera-t-on, traduisent toujours
ie Bot /f«0 cooune représentant la totalité d'un pays, d'un ter-
moire, œ loi doaiiaiit jamais le sens de circonscription, de zone
âniBUîère ctsniovl le sens de fraction de zone frontière. Cela
€sÈt BMb limteuf ■m it rrai, et c'est précisément ce qui a produit
.a ''imhmm m dus les itinéraires indiqués comme ayant été
r ks léfîoos de César, et conséquemment dans les em-
i des champs de bataille.
f donc d*abord , par des citations, que le terme fines
est esploré par César, comme expression géographique, avec la
-fftrimraftoa bien marquée de frontières, conflns.
Livre h ckapitre kuy : Nunquam anie hoc tempus exercitum
900SÛ rwiaî G^Uiœ provinciœ fines egressum. Cette phrase
âut csdaarveaMiil allusion aux frontières septentrionales de la
ae, dont parle Arioviste', et les seules qui n'eussent
' éié frandiies par les Romains.
Livrt T, Aàpàpfi XXVI : Qui, cum ad fines regni sut Sabino
Ciomifmr prmste fuissent. Dans cette phrase fines désigne évi-
ta lone frontière vers laquelle les deux rois Eburons,
; a»-^Tant des généraux romains, s'étaient portés pour
Dnr Élire hMoneur.
Lierre T. ohapître ui : Usque ad fines insecuti, regno domo-
^ms *jfmUntU^ Le terme fines ne peut être traduit ici que par
ïvaâèfffs. puisque le fait se passe chez les Sénones eux-mêmes
Kur^vant et chassant leur propre roi.
Livre TI, chapitre xxi : Cii)itatibus maxima laus est, quam
: ctroMfi se vastatis finibus (confins , zone frontière)
r kekbere.
Vxm VII, chapitre ix : Per fines Mduorum in Lingones con-
»Wu. «I n quid etiam de sua salute ab jEduis iniretur con-
I».,.. ^titriMe prctcurreret. César est à Vienne, sur le Rhône.
l^ EJ«M complotent, se réunissent ; pour plus de sécurité, il
«titt enler de traverser leur pays : à cet effet, il longe la fron-
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— 53 —
tière, il prend le chemin le plus sûr et le plus court, qui est celui
allant à Langres par la Saône, rivière qui sert de frontière aux
Edoes et aux Séquanes , selon le chapitre xii du livre I*' :
Fktfnen est Arar, quod per fines Mduorum et Sequanorum in
Rhodanum influit.
Ces exemples, que nous pourrions multiplier, démontrent clai-
rement que César donne au mot fines la signification de fron->
tières. Conséquemment, pour lui comme pour nous , ce mot est
aae expression géographique et militaire ; considéré relative-
ment à lui, il marque dans son esprit, comme dans le nôtre, une
partie de terrain déterminée, un rapport constant entre le lieu
qu'il désigne par ce mot et le lieu qu'il occupe au moment oii il
parle. Donc, lorsque César place une légion in finibus de tel
peuple, il désigne comme nous, par ces simples mots, non la to-
talité du territoire de ce peuple, mais seulement la zone frontière
la plus rapprochée du point de départ de la légion ; et la plus
éloignée de ce même point, s'il place cette légion in finibus ex-
tremis, ou hien ad uUimos fines du peuple dont il parle; tandis
que s'il l'établit sur un point indéterminé, il fait alors abstrac-
tion du mot fines, comme, par exemple, dans les phrases : in
Morinos, in Nervios, in Essuos hiemare jussit (lib. V,c. xxiv),
ou bien encore, in hiberna in Sequanos — in hibemis in
Lingonibus, etc., etc.
Cette manière différente de s'exprimer dans des circonstances
qui semblent être identiques, mais qui ne le sont certes pas
militairement parlant, trouve sa raison dans la différence des
routes suivies, comme le démontrent encore les observations
suivantes.
Des frontières distinctes -séparaient les nombreuses nations
dont se composait la grande famille gauloise. Tous ces petits
peuples différaient entre eux par leurs confins, comme par leur
langage, par leurs institutions et par leurs lois. Les confins, ou
(routières, étaient des obstacles naturels qui s'opposaient plus
ou moins aux brusques attaques des peuples voisins, tels que des
fleuves, des rivières, des ruisseaux, des marais, des montagnes,
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— 54 -
des forêts. Les obstacles naturels formant les frontières pré-
sentent habituellement des points importants d*oti partent' les
voies de communication : routes , vallées, rivières , qui vont do
la circonférence au centre. Tels sont, par exemple, en Franco,
la trouée entre la Somme et TOise, celle de Belfort; plus en
avançant vers le centre, le Mont-Auxois qui est à la sortie des
passages de la Côte-d'Or ; le plateau de Langres, d*oii Ton peut se
porter dans les bassins du Rhône, de la Loire, de la Seine , etc.
L'occupation de ces points stratégiques procure des avantages
incontestables ; ils sont la clef des chemins, rendent maître des
cours d'eau, ou défendent les défllés. Aussi, les frontières des
peuples gaulois leur servaient-elles de li^ne de défense , ou de
base d'opérations, selon la circonstance. Ces raisons militaires
désignèrent naturellement les zones frontières à l'attention do
César. Telle est la véritable cause de remploi si fréquent de
l'expression fines, à l'occasion des mouvements de ses logions.
Etablie sur la zone frontière commune à plusieurs peuples, une
légion était maîtresse des défllés , de l'embranchement des val-
lées, de la jonction des chemins conduisant chez ces peuples
tenus ainsi tous à la fois, et par une seule légion, sous la menace
d'une prompte répression; et cette légion restait toujours reliée
avec la base secondaire d'opérations que César avait soin de
placer chez l'un de ces peuples (un peuple ami ou soumis),
comme il l'indique chaque fois par la position qu'il occupe et
qui sert de point de départ à la légion qu'il a mise en mouve-
ment. Mieux qu'aucun autre homme de guerre, ce général sut
choisir sur les confmsde ses ennemis les points essentiels à garder,
et propres à les menacer tous à la fois. Tels furent, par exemple,
les camps suivants, qu'il faut avoir soin de considérer par rapport
aux lieux qu'occupe César, lorsqu'il en fixe les emplacements :
Le camp d'hivernage de Labienus chez les Rèmes, frontières des
Trévires (quartam in Remis, cum Labieno, in finibus ou bien
in confinio Tretirorum hiemare jussit, lib. V, c. xxiv. — Tre-
i)iri Labienum cum una legione, quœ in eorum finibus hiema-
verat [même camp], adariri parabant, lib. VI, c. vi) ; le camp
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de ]a légion établie sur les codGds des Bituriges (quam non
Umge a finibua yEduorum collocaverat in finibus Biturigum,
lib. VIII, c. Il) ; le camp de deux légions chez les Turons, près
des frontières des Carnutes {duos in Turofiis ad fines Camutum
potuit, lib. VIII, c.xLvi); le camp sur les conOns des Lémo-
vices {duos reliquas in Lemovicum fines, non longe ab Arver-
His, lib. VIII, c. XLVi); tels encore les points stratégiques
d*Ageodicum, de Noviodunum, du Belgium, etc., etc.
Donc le terme fines, considéré par rapport au point de départ,
est mis dans les Commentaires à Finstar d'une boussole topo-
graphique, qui nous aide à suivre la marche des légions de
César. Ce terme sert ainsi puissamment à Torientation, et par
suite à la recherche des lieux dont parle le général romain :
points d'arrivée, points objectifs, qui, pour être exacts, devront
répondre aux conditions topographiques posées par le texte et
aux règles les plus élémentaires de la stratégie.
Hais, pour fixer Tattribulion d'un lieu historique, il ne suffit
pas que l'indication du point de départ , avec la direction mar-
quée par le mot fines, conduise vers l'objectif ou lieu d'arrivée ;
il faut encore pouvoir reconnaître ce lieu d'après le récit des
faits que raconte l'auteur, et d'après la valeur réelle des expres-
sions techniques qu'il emploie dans sa description topographique.
A cet effet, voyons d'abord comment on procède à la descrip-
tion d'un lieu, théâtre d'une action militaire dans laquelle on a
joué soi-même un rôle actif. On se poste en un point favorable,
et de la place qu'on occupe on expose la situation topographique
du lieu. On commence par tracer un tableau très succinct,, mais
assez clair pour que le lecteur, ayant dans l'esprit une image de
la scène, n'éprouve aucun embarras dès le début. Ensuite on
dôcrit les différentes phases du combat, en considérant le champ
de bataille dans toute son étendue, par rapport au point choisi
cil l'on est posté ; et à mesure que la clarté des détails l'exige,
OQ fait venir la notion plus complète du terrain qui les concerne.
On offre ainsi, dans l'ensemble du récit, une suite logique de dé-
tails topographiques et historiques réunis, qui permettent au lec-
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- 56 —
teur de se faire une idée exacte des faits et des choses. Mais, de
même qu'on comprend vite dans une carte géographique , oii
chaque chose est disposée selon la situation qu'elle doit avoir par
rapport aux quatre points cardinaux , la position relative de
chaque partie d'un pays, dès qu'on a placé devant soi cette carte
d'une manière convenable; dé môme dans un récit militaire,
dans une description de lieux, on retrouve, on reconnaît sans
erreur tous les détails, lorsqu'on considère les lieux décrits, du
point môme oii la description a été faite. Si, au contraire, on se
place en un point différent , les détails les plus décisifs passent
inaperçus, et on reste pendant toute la lecture sous l'empire do
l'illusion.
Prenons pour exemple le siège de Sébastopol , fait tout récent,
dont chacun a encore la carte topographique dans l'esprit. La
place russe n'étant accessible que du côté sud, c'est là que l'ar-
mée victorieuse alla prendre position ; et c'est là que le lecteur
devra se placer par la pensée, s'il veut bien saisir la description
topographique des lieux faite par nous Français, et comprendre
tous les détails de ce siège compliqué. Il est évident que si, au
lieu de se porter au sud de la ville, il se plaçait à l'est, au nord,
ou il l'ouest face à la rade, l'aspect des lieux différerait de celui
offert par l'auteur du récit, et tout deviendrait confus dans l'esprit
du lecteur. Les expressions telles que celles-ci : Devant la place
un ravin s'étendait dans une longueur de quatre kilomètres ;
vis-à-vis la place était une tour qu'on appelait la tour Mala-
koff; l'attaque de droite était confiée aux Anglais et l'attaque
de gauche aux Français, etc., etc.; ces phrases, dis-je, n'au-
raient plus le sens topographique bien déterminé par la position
que le narrateur occupait au sud de la ville. Dans de telles con-
ditions, il serait absolument impossible de reconnaître l'attribu-
tion du lieu.
Ainsi, en topographie, le sentiment et la sensation que nous
éprouvons, en examinant un lieu particulier, et qui constituent
en philosophie la perception, ou action de connaître et d'aperce-
voir par l'esprit et par les sens, de juger enfin de la composition
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— 57 -
d*un objet, ce sentiment et cette sensation varient avec la place
que nous occupons, par rapport au lieu qui fait le sujet de notre
examen.
n faut donc, dans Tétude de la description des lieux et des ba-
tailles, se mettre toujours très exactement à la place oii était
celui qui occupait ces lieux, a livré ces batailles et les décrit.
Ce soin impérieux de se mettre à la place de celui qui parle.
Test d'autant plus lorsqu'on étudie César, que cet historien, à la
fois géographe, géomètre, soldat, procède dans ses descriptions
et dans ses narrations d'après la méthode rationnelle que nous
avons essayé d*esquissor. Dans son admirable concision et dans
sa minutieuse exactitude topographique, il emploie souvent les
expressions a sinistra parte, a dextro cornu, a septentrionibuSf
fines, e regione, ante, pro, prœ, les considérant chaque fois par
rapport à la place qu'il occupe. C'est ainsi que dans ses descrip-
tions, il dispose chaque chose selon la situation qu'elle a relati-
vement à lui, ce qui constitue toujours une véritable orientation.
Du reste, nous n'agissons pas autrement nous-mêmes , notam-
ment lorsque nous employons, dans une description topogra-
phique, les expressions équivalant aux termes fines, e regione,
anie, pro, prœ.
Nous avons déjà vu, en effet, que l'expression géographique
et militaire fines, considérée par rapport à César dans le récit
qu'il fait, désigne non la totalité du territoire dont il est question,
ni de sa circonscription, mais seulement la zone frontière la plus
rapprochée de lui, eu égard au lieu où il se trouve, et la plus
éloignée , quand le mot fines est précédé de l'adjectif cx/retni.-
Cette expression fines aide ainsi puissamment [>our aller à la
découverte des emplacements cherchés. Nous allons voir main-
tenant que les termes e regione, ante, pro, prœ, considérés avec
la relation et le sens de direction topographique que César leur
attribue, permettent de vérifier l'exactitude desdits emplacements
auxquels le mot fines a conduit.
La locution technique e regione, que César et Uirtius em-
ploient si souvent dans la description du terrain, est passée dans
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— 58 —
notro langue. Elio désigne, pour eux comme pour nous , le rap-
port de deux objets qui sont en vue Tun de l*autre, en perspec-
tive Tun avec Tautre, qui se regardent, qui sont en opposition
directe et sur la même ligne du rayon visuel.
De plus, pour César et pour Hirtius comme pour nous, si
l'on applique cette locution à deux objets relativement à un
troisième, elle fixe remplacement géométrique de ce troisième
objet.
Ainsi deux maisons qui sont chacune d'un cùté de la rue se
trouvent e regione, ou vis-à-vis Tune de Tautro, lorsqu'elles
sont sur la même perpendiculaire à la rue oli sont leurs façades ;
de mémo deux camps, dont Tun est établi sur la rive droite d'une
rivière et l'autre sur la rive gauche, sont dans la condition do
l'expression e regione, lorsqu'ils se trouvent sur la même per-
pendiculaire au cours de l'eau baignant la tête des deux camps :
e regione casirorum flib. VII, c. lxi). Enfin deux hommes sont
e regione ou vis-à-vis l'un de l'autre, 1 orsqu'ils se font face,
c'est-à-dire lorsque leurs rayons visuels dirigés devant eux se
confondent, ou plutôt lorsque, regardant droit devant eux, ils
sont l'un et l'autre sur la même perpendiculaire partant de leurs
talons joints. Mais si nous supposons un troisième objet en rap-
port avec les deux reliés par l'expression e regione, il sera évi-
demment lui-même e regione de ces deux objets , lorsqu'il so
trouvera précisément sur la perpendiculaire qui les réunit.
Exemple : D'un lieu élevé je regarde une ville sise sur une mon-
tagne, et mon rayon visuel rencontre entre la ville et moi uno
colline; il est clair qu'alors cette colline se trouve e regione de la
ville , c'est-à-dire vis-à-vis la ville, par rapport à moi : erat e
regione oppidi [Gergovia] collis (lib. VII, c. xxxvi). Bien mieux,
les trois points occupés par la ville, la colline et moi , sont telle-
mont liés entre eux, que la position de l'un quelconque de ces
trois points dépend de celle des deux autres, et alors on com-
prend que le sens de direction topographique e regione soit un
moyen sûr de contrôle pour la fixation des points auxquels cette
locution se rapporte.
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— 59 —
Eq conséquence, dans Tétude des Commentaires, il faut tou-
jours se mettre à la place qu'occupait César, lorsqu'il faisait
usage de Texpression e regione, c'est-à-dire qu'il faut se placer
dans son grand camp, comme le dit Hirtius dans la phrase sui-
Tante ayant trait au siège d'Uzile : (Casar) deinde ab suis maxi
mis castHê per médium campum, e regione oppidi Uzitœ, quod
inter sua castra et Scipionis in planitie positum erat, teneba-
turque a Scipione, duo brachia instituit duci, et ita erigere, ut
ad angulum dextrum sinistrumque ejus oppidi convenirent. Id
hac rations opus instruebat, ut, quum propius oppidum copias
admovisset , oppugnareque cœpisset, tecta latera suis muni-
tionibus hnberet, ne ab equitatus multitudine circumventus,
ab oppugnatione dcterreretur (lib. VIII, c. u).
Remarquons que cette citation, par l'explicalion qu'elle donne
du terme e regione, justifie pleinement le sens de direction topo-
graphique que nous lui attribuons dans les questions de Lutèce,
d'Avaricum, de Gergovie et d'Uxellodunum.
Il faut agir de même quand on traduit les mots ante, pro, prœ
et autres, qui marquent aussi un rapport de lieux et de choses.
Par exemple, si d'un point quelconque de son pourtour je re-
garde une ville, et qu'une plaine s'étende entre la ville et moi,
je dirai : devant la ville il y a une plaine, ante oppidum (Alesia)
planities patebat (lib. VII, c. lxix) .
Par cette manière simple et logique d'interpréter les mots
familiers à César, avec leur valeur propre elleur valeur relative,
on se rend rapidement compte de ce dont il est question, attendu
qu'il suffit d'être en possession de l'un des trois objets entre les-
quels il y a relation, pour retrouver les deux autres. En effet, dans
l'exemple précédent, la ville, la plaine etia place que j'occupe, voilà
les trois objets reliés par un même rapport ; il est méthodique-
ment certain que, connaissant ce rapport, je retrouverai facile-
ment la ville et le point d'oii j'ai vu cette ville ( surtout ce point
<^(ant une position militaire emplacement d*un camp romain), si
0:1 me conduit dans la plaine intermédiaire et réciproquement.
En procédant ainsi dans la traduction des Commentaires de la
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guerre des Gaules, on est dans Tappréciation juste du mot tech-
nique et de la phrase do César, et on reste dans un rapport
exact de pureté et de délicatesse entre les expressions latines et
françaises.
Enfin, en se plaçant comme nous Tindiquons, et en examinant,
comme nous le voulons, la valeur intrinsèque et relative de
chaque mot, on obtient une méthode simple, rationnelle , au
moyen de laquelle on peut suivre les itinéraires de César dans
les Gaules, vérifier Texactitude des emplacements historiques
considérés au point de vue du texte, comprendre enfin la stratégie
et les efforts de ce grand capitaine , en face des chefs gaulois
dont rhabileté dans la guerre , proclamée par César lui-même,
se trouve alors justifiée.
Tels sont les principes qui servent de base solide à la méthode
invariable que nous allons appliquer à Tun des problèmes mili-
taires soulevés par les Cojnmentaires de César sur la guerre des
Gaules. En résumé, cotte méthode consiste à donner à chaque
mot sa valeur descriptive et à se mettre toujours à la place qu'oc-
cupe le général romain, lorsqu'il agit, ou à celle des hommes
dont il parle, quand il indique les lieux relatifs à leurs actions.
n.
Solation mathématique da problème d'Âlesia.
Le résultat des fouilles opérées à Alise-Sainte-Reine, autour
du Mont-Auxois, a pleinement confirmé mon interprétation du
texte antérieur à ces fouilles (*).
Deux groupes de trois camps ronds, Tun au sud du Mont-
Auxois, l'autre à l'est, reliés par deux lignes de fossés, dont
Tune ( contre vallation), formée d'un petit fossé de sept à huit
pieds, à coupe triangulaire, n'est double que dans la plaine, et
(>) Quelques pages des Commentaires de César, Paris, Corréard, 1862, ia-S*.
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— Gl —
dont Tautre (circonvallation) n*a qu'un simple fossé de même
dimension et de même profil. Tel est le résultat poliorcétique
des fouilles faites en Auxois.
On ne peut raisonnablement concilier ces lignes de blocus
avec celles que pratiquaient les Romains, dont les camps étaient
rectangulaires et les fossés des lignes d'investissement toujours
plus larges et à talus droits (directis laUribusJ. Ces travaux ne
sauraient représenter en aucune façon ceur d'Alesia , si bien
décrits par César, et qui sont autrement compliqués, quant à la
forme, la largeur et la profondeur de leurs fossés de beaucoup
plus nombreux.
Au reste, un simple coup d'œil jeté sur la topographie et sur
le croquis des fouilles d'Alise supit pour convaincre de l'impos-
sibilité absolue d'appliquer sur ce terrain les faits militaires tels
que César les présente.
1^ Le camp, que dès son arrivée (altero die ad Alesiam
castra fecit, c. lxviii) le général romain fît si judicieusement
dans la plaine d'Alesia, seul côté accessible de la place, ne se
trouve pas dans la plaine d'Alise-Sainte-Reine, où il devrait être
cependant, en vertu de la suite des faits et surtout en vertu du
mot anU de la phrase : ante oppidum planities circiter millia
passuum m in longitudinem patehat, le mot ante marquant un
rapport topographique entre Alesia, la plaine et le point du
pourtour qu'occupe le narrateur. Ainsi, en l'absence des traces
d'un camp, on ne. peut placer le générai romain dans la plaine
d'Alise; et comme nous devons le supposer campé en un point
déterminé, afin de pouvoir nous identifier à lui et comprendre
son récit, il faut que nous le menions dans le groupe des trois
camps du sud, ou dans celui des trois camps de l'est. Hais, de
ces deux positions sud et est, il est impossible de s'orienter et de
se rendre compte, par conséquent, des détails les plus importants
du siège; et puis, pourquoi ce groupe des trois camps si rap-
prochés : camp de César et camps des auxiliaires Rèmes, Lin-
gons, Trévires, probablement? Non, puisque les auxiliaires cam-
paient avec les légions, et puisque le chapitre lxiii du livre VII
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- 62 —
nous apprend que ces trois peuples gardèrent seuls la neutralité
dans cette lutte de toutes les nations de la Gaule contre César.
A propos de cette neutralité, on se demande comment les Lingons
auraient pu rester neutres dans l'hypothèse d'Alesia chez les
Edues, au Mont-Auxois qui touche au pays lingon.
2^ A Aiise-Sainte-Reine , les lignes d'investissement du côté
de la plaine sont tracées dans un terrain absolument uni, qui ne
saurait représenter les campestres munitiones du texte. En effet,
César désigne toujours par l'expression munitiones campestres
les retranchements de la plaine, aussi bien ceux tournés contre
la place que ceux tournés contre l'extérieur, et il donne à l'en-
semble de cette plaine la qualification do campus : erat ex
oppido Alesia despectus in campum. Or, par ces mots campus,
campestris, employés dans les localités montagneuses. César
indiquait non la plaine proprement dite, mais les derniers gra-
dins des collines, ou pays d'en bas, distinguant ainsi les pays
d'en haut, les hautes régions qu*il appelle loci superiores ,
de ce que, par opposition, nous appelons dans ces contrées lo
plat pays, bien qu'il ne soit pas réellement plat, comme doit être
un planities proprement dit. Le planities intermissa collibus
de l'Alesia de César représente exactement ce plat pay.<î ou pays
d'en bas, avec ses loci campestres dominés par les loci supe-
riores. Nous trouvons la preuve de la valeur intrinsèque que
nous donnons au terme campestris, dans le récit de la retraite
d'Afranius qui, ayant tout à redouter de la cavalerie de César,
a soin d'éviter, selon le texte, le planities proprement dit, et se
retire par les locis campestribUrS (Bell. civiU, lib. I, c. i.xxix).
Ainsi, à Alesia, les lignes de César étaient tracées, non dans
la plaine unie comme à Alise-Sainte-Reine, mais sur les derniers
coteaux de Voppidum, bordant sur cette rive la plaine dite entre-
coupée de collines, intermissa collibus,
3^ La colline de Rhéa, seule coHine qui puisse représenter à
Alise la colline a septentrionibus d' Alesia , bien qu'elle soit au
nord-est, se trouve être enveloppée par la circonvallation. On
ne saurait donc lui faire jouer le rôle important que le récit
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assigne à la colline non enveloppée du nord, dont le faîte étroit
et dominant les lignes romaines fut si disputé. Là, on se trouve
réduit à faire livrer bataille à Tarmée de secours dans un endroit
bas, vers Grésigny, vallée du Habutio, et non dans un endroit
constamment haut ob circulent les munitiones superiores du
chapitre lxxxv : Maxime ad superiores munitiones laboratur,
quo Vergasillaunum missum demonstravimus.
Complétons ces observations militaires générales, mais déci-
sives, par l'analyse géométrique des lignes de César à Alesia.
Leur incompatibilité avec celles d'Alise-Sainte-Reine n'en res-
sortira que mipux.
Chaque ligne de César à Alesia (ligne intérieure ou contre-
vallation tournée vers la place , et ligne extérieure ou circon-
vallation tournée vers l'ennemi du dehors) comporte quatre
éléments distincts, qui sont le fossé de 20 pieds, les deux fossés
de 45 pieds et le rempart : total pour les deux lignes, huit cercles
concentriques (six fossés et deux remparts, l'un regardant Alesia
et l'autre la campagne] tracés autour de Voppidum avec des
rayons difTérents. (Voir la figure 1 de la planche ci-jointe.]
Le tracé de ces huit lignes circulaires a donné lieu à une foule
d'interprétations.
César n'indique en chiffres que l'intervalle ^existant entre le
fossé de 20 pieds et le double fossé do 15 pieds; plus le dévelop-
pement, circuit ou circonférence, de deux de ces cercles, attri-
buant à l'un 1 \ ,000 pas et à l'autre i 4,000 pas. Nous verrons
bientôt commenl ces simples données suffisent pour déterminer
par le calcul le circuit de tous les cercles des deux lignes, fossés
et remparts.
Mais à laquelle des deux lignes, ou à quel cercle de l'une et
de l'autre ligne, faut-il assigner les circuits de il, 000 pas et de
U,000 pas dont parle César?
A vrai dire, commence ici un grand embarras. Faudra-t-il
attribuer les 11,000 pas au circuit du fossé intérieur de 20 pieds,
qui représente la plus petite circonférence de la contrevallation,
et les 1 4,000 pas au circuit du fossé extérieur de vingt pieds qui
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- 64 —
forme la plus grande circonférence de la circonvallation? Cette
manière de procéder semblerait tout à fait logique, Tun des
chiffres s'appliquant au plus petit des cercles concentriques, et
Taulreau plus grand. Ou bien faudra-i-il affecter les deux chiffres
à la contrevallation seule, ou tous les deux à la circonvallation?
Les érudits anciens, imités par les modernes, passant par-
dessus la difficulté, ont tout de suite donné les chiiïres de César
au rempart de la contrevallation (i 1,000 pas] et à celui de la
circonvallation (14,000 pas), ne réfléchissant point qu*en agis-
sant ainsi, ils faisaient commettre une inconséquence géomé-
trique à Tauteur.
Examinons quels sont les résultats mathématiques de cette
interprétation qui nous a toujours paru erronée, et montrons
qu*on ne saurait même concilier ces résultats avec le tracé des
deux lignes mises à jour autour du Mont-Auxois.
Avec une telle interprétation, le tracé des huit circonférences
concentriques, dont se composent les deux lignes de César à
Alesia (contrevallation et circonvallation), peut être figuré par
notre premier dessin, dont les calculs sont déduits du rapport
constant de la circonférence au diamètre :
C 22
— = ~ = 3,U15926.
D 7
Les calculs donnent :
Pour la circonférence du rempart de la circonvallation, auquel
on assigne les 44,000 pas du texte :
D-oi. iR = 4- = ^-"^^ = 2.333 pot.
Tu Ju
Pour la circonférence du rempart de la contrevallation, auquel
on donne les 1i,000 pas du texte :
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)\
^
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— 65 —
|- = ii^=f = 3.U<5926.
D-où D = -|- = ii^^^ = 3.666p«, = 2AR'.
r.» >. . f>/ ^ 3,666 pai
D'ob Aft' = — = ^^ = 4,833 pa«.
De ces deux résultats, on dMuit rintervalle existant entre le
rempart de la circonvallation et celui de la contrevallation, c*est-
à-dire AR — AW = 2,333 pas — 4 ,833 pas = 500 pas.
Quant à Tintervalle ff laissé par lo texte entre le fossé de
15 pieds et le fossé de 20 pieds, nous savons qu*il est do 400 pas
(version grecque] ou de 400 pieds (version latine), selon qu'on
«dopteTune ou Tautre version. Nous avons pris pour le premier
tracé, comme notre dessin l'indique, la version 400 pieds; mais
nous la verrons condamnée par notre deuxième tracé, dont la
version 400 pas est une conséquence géométrique.
Première conséquence des calculs précédents. Il faudrait qu'il
yeOiteu entre les fossés figurant les deux lignes d'Alise-Sainte-
Reine (contrevallation et circonvallation) un intervalle de 500 pas
ou 725 mètres, notamment dans la plaine oU rien ne s'oppose à
la régularité du tracé. Or, comme on lo voit sur le croquis des
fouilles, cet intervalle n'a qu'une centaine de mètres dans la
plaine des Laumes.
Deuxième conséquence des calculs précédents. A Aliso-Sainte-
Reioe, les tours qui flanquaient le rempart de la contrevallation,
dans son développement de 14,000 pas, chiffre affecté ici à ce
rempart, n'eussent pas été également distantes de 80 pieds ou
16 pas d'un centre à l'autre, puisque 44,000 pas n'est point un
multiple de 80 pieds ou 4 6 pas, comme le veut le texte : et turret
toto opère (il est question du rempart] circumdedit, quœ pedes
uxx inter se dis tarent (c. lxxu}. Ce détail important démontre,
eo outre, que le rempart de la contrevallation fut exactement
mesuré, ainsi que celui de la circonvallation; et, du reste, il est
vraisemblable que le projet et le calcul en furent préparés à
6
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— 66 —
Favance par le corps du génie romain. Donc retendue des deux
remparts fournie par le texte devrait être reproduite exactement
par les fouilles. Or, à Alise, le rempart de contrevallation ne
saurait atteindre le chiffre de 41,000 pas ou 16 kilomètres qu'on
lui affecte, puisque le développement de son fossé n'a que 1 2 à 1 3
kilomètres; et celui de circonvallation ne saurait reproduire les
14,000 pas ou 21 kilomètres qu'on lui attribue, attendu que son
fossé n'a pas plus de 17 kilomètres.
Troisième conséquence des calculs précédents. Les trois collines
de la rive gauche de la Brenne , sur lesquelles on devrait faire
camper l'armée gauloise de secours, sont à plus de 5 ou 6 kilo-
mètres du point central du Mont-Auxois. Or, le rayon de la
circonvallation, à laquelle on attribue les 14,000 pas du texte»
étant de 2,333 pas ou 3,329 mètres, et l'armée de secours cam-
pant à 1,000 pas ou 1,470 mètres des travaux romains, la colline
extérieure à Alesia ne peut être qu'à une distance de 4,790 mètres
du centre de Voppidum; et encore faut-il qu'il y ait entre celte
colline et Voppidum des hauteurs intermédiaires bordant la
plaine : pedestresque copias paulum ah eo loeo abditas in lacis
superioribus constituunt (c. Lxxix).
Ainsi, l'interprétation du texte généralement admise, que nous
venons d'analyser par le calcul, est absolument contraire à la
topographie du Mont-Auxois et au résultat des fouilles faites sur
son pourtour; elle l'est aussi, quoique à un moindre degré, à la
topographie d'Alaise du Doubs, c^r cei oppidum ayant 11,000
pas de circuit, on ne peut, avec l'hypothèse de 1 1 ,000 pas, tracer
militairement le rempart de la contrevallation dans l'étroite vallée
de ceinture qui forme son circuit. Nous pensons que c'est à cette
seule difficulté sérieuse qu'il faut attribuer la cause principale du
retard apporté par le monde savant au triomphe d'Alaise, qui
est d'ailleurs en possession des meilleures preuves.
Appliquons donc le môme genre d'analyse à Tinterprétation
nouvelle développée dans mon dernier travail sur Alesia (*), et
(") AU$ia, élude d'archéologie viilUaire; dans les Mémoires de la Société
d*£mtt(alioii du Doubs, 3* série, t. IX, pp. l-7e« •
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- 67 —
qui assure en faveur d*Alaise la solution définitive de celte
grande question, comme les chiffres vont le prouver.
Evitant de donnera la fois les 14,000 pas du texte au plus
grand circuit de la contrevallation, et les \ 4,000 pas au plus petit
circuit de la circonvallation, mon interprétation attribue logique-
ment les 11,000 pas au plus petit circuit de la contrevallation,
c'est-à-dire à sonïossé de 20 pieds, et les 14,000 pas à son plus
grand circuit, c'est-à-dire à son rempart qui enveloppe tout Ten-
semble des seules fortifications décrites par César, ensemble qui
fut répété en sens inverse contre Tennemi extérieur. (Voir notre
2* figure.)
Le dessin du tracé des huit cercles déjà décrits reste le même,
quant à la forme; il n'y a de changé que les rayons ot par con-
séquent le développement des circonférences. Avant d'en tirer,
par le calcul, des conséquences décisives, faisons voir que cette
interprétation, justifiée par les règles de la poliorcétique, comme
je l'ai démontré ailleurs, est conforme au texte expliqué d'après
ma méthode qui fait camper César, dès son arrivée près d'Alesia,
en face des sorties naturelles de la place, c'est-à-dire dans la
seule plaine de 3,000 pas, entrecoupée de collines, devant exister
sur le pourtour. C'est de ce point choisi que le général romain
fait la description des lieux et qu'il raconte les événements. C'est
donc là qu'il faut se placer soi-même, non ailleurs, si l'on veut
bien voir les couleurs de son tableau et comprendre les détails
de son récit.
Le chapitre lxix présente une description très succincte de
l'ensemble. C'est d'abord l'assiette de Voppidum, dont les limites
sont : d'un côté, une plaine s'étendant devant la place dans une
longueur d'environ 3,000 pas fante oppidum planities eirciter
miUia pas9\ium m in Umgitudinem patebat) ; de tous les
autres côtés des collines (reliquis ex omnibus partibus colles J
qui, laissant un étroit espace entre elles et Voppidum (mediocri
interjeeto spatio), espace dont les deux bords sont égaux en
hauteur, espace égal par le bord de la hauteur (pari aUitudinis
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fasHgio), foitigio ayant ici le sens du fasHgio des trous de
loup de la phrase : paulatim angustiore ad infimum fastigio
(c. Lxxiii}, entouraient par conséquent Y oppidum tout près du
mur (oppidum cingebant sub muro), laquelle partie de la colline
de Y oppidum regardait vers le soleil levant (quœ pars coUis ad
orientem solem spectabat). Tout ce lieu ainsi limité, les troupes
gauloises l'avaient occupé (hune omnem locum copia CaUorum
compUverant), et elles avaient ensuite creusé un fossé et dressé
un mur de six pieds en pierres sèches sur leur front (fossamque
et maceriam sex in altitudinem pedum prœduxerant).
On voit tout d'abord, comme conséquence obligée du mediocri
inUrjecto spatio existant entre les collines du pourtour et Yoppi-
dum d'Alesia, que ces collines touchaient partout, excepté du
côté de la plaine, presque le mur de Y oppidum. Donc, logique-
ment, la phrase : sub muro, quœ pars collis ad orientem solem
spectabat, se rapporte à celle qui précède, c'est-à-dire à colles
cingebant, et non à celle qui suit. Ce passage aurait donc été mal
ponctué. On voit aussi que la phrase : hune omnem locum copiœ
Gaïlorum completerant, se rapporte alors naturellement à tout
ce qui précède et qui a été si bien limité, c'est-à-dire à tout
l'ensemble de Yoppidum sis in colle summo admodum edito
loco, long et haut plateau bordé par 3,000 pas de plaine, et
présentant à César, qui l'examine de ladite plaine, son versant
occidental , tandis qu'il oQire aux rayons du soleil levant son
versant oriental. Que le lecteur se mette par la pensée à la place
du général romain , il saisira aussitôt ce détail de perspective.
Enfin , on comprend que les Gaulois aient occupé toute la mon-
tagne du vaste oppidum, ce qui est rationnel, et que, pour pro-
téger les seules avenues de la place, ils aient établi en même
temps un camp extérieur sur leur front (prœduxerant) , c'est*
à-dire dans la plaine ob est le seul et véritable front de la place,
face à l'ennemi campé vis-à-vis (ante oppidum).
Au surplus, ces dispositions militaires sont justifiées parla
suite du récit qui veut des camps dans Yoppidum: elles le sont
surtout par les chapitres lxx et lxxi, relatifs au combat de cava-
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lerie livré dans la plaine, et après lequel Vercingétorix fit rentrer
dans Voppidum tous les fantassins qu'il avait placés avec sa
cavalerie dans cette plaine s'étendent pro oppido par rapport à
lui, comme elle s'étendait ante oppidum par rapport à César :
copias amnes qtMs pro oppido collocaverat in oppidum recipiL
Le chapitre lxviii expose en deux mots le plan de César
investissant Alesia du point militaire qu'il a choisi dès son arri-
vée : ad AleHam castra fecit... Alesiam drcumvallare institua
€ Le circuit de cet investissement, dit-il (c. lxix), qui était
résolu, réglé, commencé, comptait 4 1 ,000 pas : ^us munitionis
quœ ab Romanis instituebatur, circuitus xi miUia passuum
tenebat. »
Il est évident, pour quiconque se rend bien compte des détails
successifs de l'investissement d'une place, qu'il faut entendre par
Texpression circuitus munitionis l'action de resserrer le plus
possible le périmètre de la place investie. Or, la mesure du
périmètre d* Alesia est déterminée, d'un côté par les 3,000 pas
de la plaine, et des deux ou trois autres côtés (car il y en a plu-
âeurs : reliquis ex omnibus partibus) par le mediocri interjecto
spaiio du pourtour, ce qui représente au moins les 11,000 pas
du texte. C'est ce périmètre connu de 11 ,000 pas qui sert de base
aux travaux du blocus ; c*est sur lui qu'est calculée la grande
chaîne, dont les castella sont les anneaux, de l'investissement de
Voppidum d'Alesia. Les collines de ceinture portent déjà sur leurs
sommets les 23 redoutes en voie d'exécution (facta erant et non
perfecta erant), et bientôt leurs pentes porteront les immenses
circonférences de fossés et de remparts qui devront relier toutes
ces redoutes. Hais la plus petite de toutes les circonférences,
resserrant la place dans le cercle le plus restreint possible, en
d'autres termes le circuitus munitionis de tous les travaux
commencés, sera représentée par le développement du fossé de
20 pieds qu'on creusera dans le circuit formant le périmètre de
l'oppidum, dès' qu'on aura forcé les Gaulois à évacuer le camp
extérieur qui tient la plaine. En effet, en poliorcétique, circuitus
munitionis n'a pas |e sens de complexus ou de amplexus que
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-70 —
César emploie indifféremment : circuitus munilionU est le
contenu^ complexus est le contenant; entre eux, en un mot, il y
a toute l'épaisseur du terrain sur lequel sont tracés les différents
travaux opposés à Tennemi. Donc, les trois circonférences expri-
mées par les termes: circuit du périmètre d*Alesia, circuUtts
munitionis, et circuit du fossé de 20 pieds, n'ont qu'un seul et
môme rayon, par conséquent qu'une môme étendue de 14,000
pas. En conséquence, pour nous comme pour César, le fossé de
20 pieds passant au pied de Yoppidum, du côté de la plaine de
3,000 pas, et dans le mediocri intfirjecto spatio qui limite les
autres côtés, sera le plus petit embrassement de la contrevalla-
tion, le circuitus munitionis, en arrière duquel nous tracerons
parallèlement tous les autres cercles de travaux : reliquas onines
munitiones ab ea fossa pedibus (ou passibus, selon la meilleure
version) cd reduxit, en observant la succession, les mesures et
les précautions indiquées par le texte. Cette succession, ces me-
sures et ces précautions sont consignées dans les ch. lxxii, lxxiii
et Lxxiv, pour ce qui regarde la contrevaUation. Ce derniercbapitre
explique comment les autres circonférences de cette contrevaUa-
tion (tracé des défenses accessoires, tracé du double fossé do
15 pieds et tracé du rempart) furent topograpbiquement conduites
autour du fossé de 20 pieds dans l'intérêt de la meilleure défense.
« Tous ces travaux étant régulièrement terminés (his rébus per-
fectisj, en ayant suivi les terrains les plus égaux qu'il a pu
(regiones secutu^ quam potuit œquissimas), en ayant embrassé
14,000 pas de terrain, à cause de la nature des lieux (pro loci
natura xiv millia passuum complexus). César exécuta ensuite
contre l'ennemi du dehors des travaux en tout semblables aux
premiers, mais tournés en sens inverse : pares ejusdem generis
munitiones, diversas ab his, contra exteriorem hostem perfecit.
Ainsi, les travaux regardant l'extérieur ne furent entrepris, ce
qui est tout à fait rationnel en l'absence de l'armée gauloise de
secours, qu'après l'entier achèvement de ceux regardant l'inté-
rieur et qui embrassaient, dans la circonférence de leur rempart,
1 4,000 pas de développement, en raison de la nature d'up terrain
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— 71 -
tourmenté et des meilleures conditions de défense. Ces travaux
extérieurs ou circonvallation, dont le tracé fut aussi soumis à
toutes les règles de Tart de la poliorcétique , se composaient,
comme ceux de la controvallalion, dans Tordre de leur dévelop-
pement, d'un rempart, d*un double fossé de 45 pieds, de défenses
accessoires et d'un fossé de 20 pieds enveloppant tout Tensemble.
César ne donne pas la mesure des circonférences de cette circon-
vallation, parce qu'elle se déduit toujours de la mesure de celles
de la contrevailation. Il s'adresse aux patriciens de Rome, à des
lecteurs qui connaissent les règles de la poliorcéiique, et savent
très bien qu'il faut laisser libre, entre le rempart de la contre-
vailation et celui de la circonvallation, un espace moyen do tant
de pas, intervalle nécessaire pour renfermer les castella et pou-
voir faire manœuvrer en tous sens et partout les troupes chargées
de défendre Tune et l'autre ligne. Cet intervalle étant donné, et
les éléments de la circonvallation étant entre eux dans le même
rapport que ceux déjà connus de ]a contrevailation , tout était
parfaitement intelligible pour les Romains. Voilà pourquoi César
se borne à dire qu'il fut fait contre l'extérieur des travaux en tout
semblables à ceux tracés contre l'intérieur.
Du reste, voici le résultat des calculs de tout l'ensemble, con-
trevaUation et circonvallation , d'après les données du texte. Il
en résulte que la version grecque, qui porte à 100 pas l'intervalle
laissé entre le fossé de 20 pieds et le premier fossé de 15 pieds,
est la seule exacte, et que le rempart de la contrevailation con-
tient un nombre exact de tours, conformément à la lettre du
texte (c. Lxxii), attendu que 14,000 pas, circonférence de ce
rempart, est un multiple de 80 pieds ou 46 pas, ce qui fourni^
un total de 875 tours également distantes d'un centre à l'autre.
4® Circonférence du fossé de 20 pieds :
1=44 ,000 pas, et son rayon iB = 4 ,833 pas.
Contrevailation./ go Circonférence du 4«' fossé de 45 pieds :
= 43,398 pas, et son rayon AC = 4,833 pas
\ + 400 pas = 2,233 pas.
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ContreyallatioD.
(Suite)
— 78 —
3* Circonférence du V fossé de ili pieds :
Elle est supérieure à celle du l*** fossé de
15 pieds qu*elle enveloppe, et son rayon AD
\ = AB + BC + CD = 4,833 pas + 400 pas
' + la largeur des deux fossés et Tintervalle qui
sépare.
4* Circonférence du rempart :
= U,000 pas, et son rayon AE = ÀB + BC
+ CD + DE = 2,333 pas.
En prenant, comme César à Dyrracbium (BelL civil., lib. III,
c. Lxiii), 600 pas d'intervalle entre le rempart de la contre valla-
tion et celui de la circonvallation, on obtient pour la circonvalla-
tion d*Alesia les résultats suivants :
/ i^ Circonférence du rempart :
= 17,598 pas, et son rayon ÀF=AE'\- EF
= 2,333 pas + 600 pas = 2,933 pas.
2® Circonférence du fossé du rempart :
Elle est supérieure à celle du rempart qu'elle,
lenveloppe, et son rayon AG = 2,933 pas + Té-
jpaisseur du rempart et la largeur du fossé.
3® Circonférence du 2* fossé de 15 pieds :
Circonvallation. / Elle est supérieure à celle du 1 *^ fossé qu'elle
\enveloppe, et son rayon A/f = 2,933 pas + Té-
Ipaisseur du rempart, la largeur des deux fossés
|et l'intervalle qui les sépare.
4® Circonférence du fossé de 20 pieds :
= 20,598 pas, et son rayon AT= 2,933 pas
-|- 500 pas, qui est l'espace BE existant entre
le rayon AB do la circonférence du fossé de
20 pieds de la contrevallation et le rayon AE de
la circonférence de son rempart, =^ 3,433 pas.
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— 78 —
Ainsi, la plus grande eirconférence des travaux dMoTestisse-
meotd'Alesia avait un peu plus de 20,000 pas, et non pas 14,000
pas, comme on Ta cru jusqu'à ce jour par une fausse interpréta-
tion du texte et du terrain, soit à Alise, soit à Alaise. J'ai dit
aillears qu'il n'y avait pas exagération dans ce développement
de iO,000 pas, que conGrment les expressions de César et les
paroles de Velleius Paterculus; et qu'il y avait, au contraire,
iD?raisemblance du côté desl 4,000 pas, attendu qu'àDyrrachium,
cil César n'avait que 22,000 hommes contre Pompée qui en
comptait 40,000, le développement de sa ligne d'investissement,
double en un seul endroit, comptait 18,000 pas, et en aurait eu
bien davantage si elle eût été double dans tout le pourtour,
comme à Alesia.
En présence de cet immense circuit obligé de plus de 20,000
pas ou 29 kilomètres, on comprend jusqu'à un certain point que
César ait voulu éviter d'augmenter l'étendue de sa circonvallation,
en n'enveloppant pas la colline a sepUntrionibttt d'Alesia, mal-
gré le grand inconvénient de la laisser hors des lignes romaines
qu'eUe dominait de très près.
Hais, si nous voulons nous Caire une juste idée de ce que le
terrain oblige toujours à donner de développement à de pareilles
lignes, rappelons- nous la grande étendue de nos lignes à Sébas-
topol, oU nous n'investissions cependant qu'un seul côté de la
place, et celle des lignes plus récentes d'Oajaca (Mexique), qui
avaient 34 kilomètres de développement, c'est-à-dire 23,107 pas
romains, dit le Moniteur de l'armée du 20 mars 1865.
Est- il besoin d'ajouter que les cercles concentriques d'Alesia,
dont nous venons de faire le calcul, sont inapplicables au terrain
insuffisant d'Alise-Sainte-Reine, tandis qu'ils sont tellement
faciles à tracer à Alaise du Doubs, en suivant les vestiges du
pourtour, qu'on peut affirmer qu'ils ont été conçus uniquement
pour cette localité?
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Goo
s^
— 74 —
m.
Réponse aux objections*
Si déjà je n*avais compris depuis longtemps que ia question
d*AIesia était mathématique, qu'elle attendait sa solution de
Fétude plus sérieuse des travaux de blocus, et qu'elle restait
indéterminée, malgré des années de discussions, précisément
parce que ce côté scientifique du problème avait été négligé, je
l'aurais senti aux quelques objections qui m'ont été faites par
lettres sur la solution géométrique précédemment exposée.
J'ajoute de suite que ma démonstration mathématique a paru
péremptoire à des militaires érudits et expérimentés, dont l'ad-
hésion m'est précieuse.
Les objections sont au nombre de six. Elles ont trait : à l'ex-
pression per exlremos fines , au fossé perdu, à la distance qui
le sépare des deux fossés de i& pieds, à la nature de ces fossés,
à l'emplacement des défenses accessoires, à la mesure des deux
remparts, à l'intertaUe qui les sépare et à la forme des camps
romains.
Je commence par celle qui importe le plus au point de vue
nouveau oîi je me suis placé.
!'• OBjBCTioif. Fossé perdu et version 400 pas. — Voici
d'abord ma solution géométrique dont les éléments sont fournis
par le texte, savoir :
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lili!
-iiof|wn«Aaqiio3
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On Toit du premier coup d*œil que celte solution est basée sur
^la version 400 pas, espace laissé en arrière du fossé de 30 pieds
qu'on appeUe fossé perdu.
Il y a deux versions pour cet espace : Tune dit 400 pas, Tautre
400 pieds; et comme le pas romain vaut 4"',475, le pied 0",%95,
il en résulte que Tespace de la première version est cinq fois
plus grand que celui de la seconde.
Dire que la version 400 pas est fautive, c'est dire que ma
solution est mauvaise. Examinons ce point important.
Ceux qui préfèrent la version 400 pieds et rejettent celle 400
pas comme donnant un espace trop considérable, ne sont préoc-
cupés que du soin d'éloigner des travailleurs les traits lancés
par les Gaulois des bords de la contrescarpe du fossé perdu , et
ils pensent que 400 pieds, ou H 8 mètres, sont suflSsants pour
remplir cet objet. On pourrait le contester, attendu que les traits
et pierres lancés à la main , et surtout avec les frondes et les
machines dont les Gaulois faisaient usage (siège de Marseille,
Guerres civiles, liv. II), portaient au delà de 448 mètres; tandis
que si on lisait, comme nous, 400 pas ou 590 mètres, on ne
contesterait pas l'efficacité de cette protection. Hais il s'agit d'un
objet bien autrement sérieux : avec 400 pieds ou 448 mètres, oU
aurait-on placé les troupes de soutien pendant l'exécution des
deux fossés de 45 pieds et des défenses accessoires, en présence
de l'armée gauloise sous les armes? On ne laissa pas, bien
entendu, ces troupes do soutien en arrière des travailleurs
qu'elles n'auraient pas protégés du tout; on les porta évidem-
ment en avant des travaux, c'est-à-dire dans Tintervalle 448
mètres, qui devient alors insuffisant pour le^-mouvements des
turmes, des cohortes et même des légions, chargées de cette
protection, et pour leur établissement hors de la portée du trait
gaulois lancé de la contrescarpe du fossé perdu. Au reste, c'est
ainsi que César plaçait ses troupes de soutien : Dum hœc opéra,
quœ ante dixi, fiebanta legionibus, intérim pars acie ante
opus instructa sub hoste stabat. Equités barbari, lefHsque ar-
maturœ, prmUis minuPis eominus dimicabant (De bel. afr., c. u].
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Ce n'est pas tout; avec 418 mètres seulement, on n*eût pas
rempli la première fonction imposée par le texte à l'espace laissé
eo arrière du fossé perdu : ne de improviso aut noeh^ ad muni-
tionei hoetium muUUudo advolaret (lib. VU» c. lxxii). Voilà
ce qui m*a préoccupé tout d*abord et fait rejeter de suite la
rersion 400 pieds» de beaucoup trop insuflSsante pour remplir la
condition militaire la plus essentielle. Je suis obligé d'entrer
dans quelques détails techniques pour bien me faire comprendre.
n est une nécessité bien reconnue à la guerre » c'est celle de
se garantir des surprises (de improviso). On appdle surprise
rarrivée subite de Tennemit qui, par un effort imprévu toit sur
on point, enlève aux défenseurs les moyens d'utiliser la défense :
pris à l'improviste, ceux-ci n'ont pas le temps de Csire^pprocber
les renforts. Pour éviter les surprises ou attaques inopinées, les
camps doivent se couvrir de postes nombreux très avancés et
liés Mitre eux. Dans l'armée des Gaules, ce service spécial était
Eut par des fractions constitutives de la légion : centuries, mani-
pules, turmes, cohortes (De bello civ., lib. I, c. ux, lxv, Lxxni ;
De beUo gaU.^ lib. IV« c. xxxii, lib. VII, c. lxix ; De beUo afr.,
c. XXIX et XXXI ; De beUo hiep., c. xrv). Or, César ne pouvant
disposer d'un grand nombre de postes très en avant de ses
lignes, à cause de l'étendue des travaux et du petit nombre de
ses soldats, avait imaginé le fossé perdu, limitant par cet obstacle
le terrain qu'il voulait garder et surveiller (ne quid temere culpa
tua secus admitteretur, eum loeum definire ccspit, comme il
dit dans une autre circonstance, De bello hisp., lib. I, c. xxx).
Ce fossé de 20 pieds ne le dispensait pas d'exercer une grande
surveillance en avant du rempart, condition la meilleure pour
aroir le temps de diriger les réserves vers les points menacés.
Ce fut pour avoir la faculté d'exercer convenablement cette vigi-
lance, qu'il laissa une distance de 400 pas, au moins, entre le
ibssé de 20 pieds et As travaux défendant le rempart. Cet espace
de 400 pas semble être réglementaire entre deux armées en
position (De bello civ., lib. I, c. xu et c. lxxxii). Là, dans ces
400 pas, étaient placés les grand'gardes (etaliones), les postes
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avancés (eustodiœ), les sentinelles et les vedettes (tigiliœ),
épiant le moindre bruit, surveillant tout mouvement suspect
venant du côté du fossé perdu ; là circulaient les reconnaissances
(exploratores) qui, dès le point du jour, allaient s*assurer si
quelque corps gaulois n'avait point comblé le fossé de 20 pieds,
ou ne s'y était point embusqué à proximité pour de là se préci-
piter inopinément sur les défenses accessoires; là s'établissaient,
avec leurs réserves, les détachements chargés de retarder le
plus possible le comblement et le passage du fossé perdu. Ainsi,
grâce à ces 400 pas de terrain assuré, toutes les mesures de
surveillance étaient possibles à l'extérieur, tant la nuit que le
jour. Les Gaulois, toujours annoncés, ne pouvaient dérober
leurs mouvements et arriver sur les retranchements à l'impro-
viste, seule condition qui leur permît quelque chance de succès
dans ces combats à armes inégales; ils perdaient ainsi les avan-
tages de l'initiative, et l'armée romaine prévenue conservait la
facilité de se concentrer par des mouvements rapides vers les
points faibles de ses lignes. Donc, avec la distance nécessaire de
100 pas laissée en arrière du fossé perdu, l'attaque par surprise
était impraticable, ou du moins avait peu de chance de réussite
contre un ennemi vigilant, discipliné et actif comme l'était le
soldat romain ; nécessairement toutes les attaques tournaient en
attaques de vive force : c'est ainsi que dans l'attaque de nuit du
chapitre lxxxi, les Gaulois de l'armée de secours, désespérant
de tromper la surveillance exercée dans les 400 pas, donnèrent
par des cris le signal de l'attaque, avant môme d'avoir comblé
le'fossé perdu (craies projicere).
En résumé, la topographie des lieux, telle que Tindique le
chapitre lxix, et la faiblesse numérique de ses troupes, inspi-
rèrent à César le fossé de 20 pieds. Ce fossé, dont les deux
extrémités allaient aboutir évidemment au mediocri interjecto
spatio, devait assurer les dehors de la fortiffcation , terrain qui
s'étendait en avant des retranchements (rempart, défenses acces-
soires et fossés de 45 pieds) jusqu'au pied de V oppidum oii était
la plus p^te circonférence concentrique de l'investissement. Il
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— .79 —
senrait d'extrême limite dans toute l'étendue du rayon d'activité.
Pendant et après les travaux, la zone comprise entre lui et les
deux fossés de 45 pieds devait pouvoir être parcourue librement,
les troupes romaines sortant à chaque instant par des portes et
des rampes ménagées, selon l'habitude, aux endroits les plus
favorables : portœ, quitus locU videtur, eruptionU causa, in
muro relinquuntur (De bello civili, lib. II, c. xv). Enfin, non-
seulement les Romains devaient patrouiller pendant la nuit dans
la zone limitée par le fossé perdu, et la parcourir le jour en tous
sens; mais ils devaient pouvoir, au besoin, s'y ranger en bataille
devant le retranchement (pro castris), en présence de l'assiégé,
dans le but de contrarier ses projets d'attaque, ou de refaire le
fossé perdu aux endroits comblés à la suite des sorties : opération
délicate qui demandait beaucoup d'espace pour les manœuvres.
Comment supposer que 118 mètres seulement aient été réservés
à ce terrain important du rayon d'attaque, lorsque nous savons
que la ligne de bataille de César occupait 133 pas ou 186 mètres
de profondeur (De bello civ , lib. I, c. xxxxu)?
On ne manquera pas de dire : « César n'attachait point à l'es-*
pace laissé en arrière du fossé de 20 pieds l'importance que vous
lui donnez. Ce terrain, qui s'étendait en avant du front des posi-
tions occupées par lui, qui. constituait les abords de ces positions
dans la sphère d'activité des troupes garnissant le rempart, ce
terrain ne lui servait pas pour des retours offensifs; il ne s'y
était pas ménagé, comme vous le pensez, les avantages tactiques
du théâtre de l'action; dans la prévision des sorties, il n'y plaçait
pas des troupes, en avant des retranchements, pour les faire
rentrer ensuite , lorsqu'impuissantes elles n'auraient pu forcer
l'assiégé à rentrer dans la place; et si le fossé perdu avait été
comblé en quelques endroits, il ne le recreusait pas. Non, dira-
t-on, il n'attribuait point tant d'importance à cet espace réservé
en arrière du fossé perdu, puisqu'il ne s'agit de rien de tout cela
dans le récit. »
*A ces objections, il est facile de répondre que les Commen-
taires de César n'entrent pas et ne pouvaient entrer dans tous ces
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— 80 —
détails du service journalier des troupes en campagne ; que le
fossé de 80 pieds non surveillé et non réparé devenait un travail
inutile et ne remplissait plus les conditions du texte; que ce
serait, au surplus, une faute grave de renfermer César dans ses
retranchements sans lui permettre d*en sortir, de lui faire aban-
donner ainsi les avantages de Tinitiative dans la défense, et de le
faire renoncer aux moyens de proGter, après un succès, de Tar-
deur de ses soldats, de la frayeur des Gaulois repoussés, des
concentrations faites, et de la supériorité de ses manœuvres pour
agir'offensivement sur les flancs de Tennemi, en le faisant pour-
suivre au moins jusqu'au fossé perdu.
Vouloir, en effet, interdire à César de défendre par des sorties
Tespace en arrière du fossé de 20 pieds, c*est lui faire négliger
la qualité de ses troupes, le réduire à une défense purement
passive, se bornant à éloigner Tassaillant du rempart et à le
rejeter dans les défenses accessoires. Bien plus, c*est oublier la
conduite du général romain dans une foule de circonstances oii,
quelle que fût son infériorité numérique, il fit des retours offen-
sifs, profitant du désordre de Tennemi pour compléter la victoire
(lib. III, cap. vi et xix; lib. V, cap. xxvi, li, lviii; lib. VII,
cap. XIII, etc., etc.). C*est oublier encore que ces circonstances
se reproduisant fréquemment à Alesia , il y agissait de la même
manière. Si Fennemi trop fort franchissait le fossé perdu, Tat-
taque devenant sérieuse et générale, il ralliait les postes avancés,
lesgrand*gardes, les détachements dans le double rempart, y
concentrait des troupes , résistait à Tassaillant derrière les forti-
fications; et, lorsque celui-ci était fatigué ou devenait inquiétant,
il faisait sortir des détadiements qui, se portant rapidement en
avant dans Fespac^ de 400 pas, se jetaient avec plein succ^ sur
les flancs et les derrières de Tennemi embarrassé dans les dé-
fenses accessoires. C'est ainsi qu'il voulait que Ton combattît et
qu'il rétablissait lui-même le combat et repoussait les attaques :
imperat, $i sustinere non possii, deductis cohortibus eruptione
pugnaê (c. lxxxvi) ; — restituio prœlio ae repuUis ?i08Hbus
(c. Lxxxvii). Certainement, agissant de la sorte, il avait dans les
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— 8« —
400 pas des emplacements choisis pour mettre ses détachements
à courert et dérober ses manœuvres à la vue des Gaulois. Or
ceux-ci ne craignaient rien tant que ces sorties subites : veriU,
ne ab latere aperto ex superioribus castris eruptione circum^
venirentur, se ad suos receperunt (c. lxxxii). Et ils avaient
raison de les craindre, car c'est à la suite d'une sortie pareille,
opérée par la cavalerie, qu'ils furent vaincus sur la colline a
septentrionibus (c. lxxxvii et lxxxviii), au moment oli ils sai-
sissaient la victoire I Comment et sur quel terrain cette cavalerie
opéra-t-elle son mouvement tournant? Evidemment la manœuvre
se ût dans les 400 pas. Tandis que les Gaulois de Vergasillaune,
après avoir comblé le fossé de 20 pieds, les deux fossés de 15
pieds et les défenses accessoires, étaient occupés à l'attaque du
rempart extérieur, la cavalerie germaine s'élança dans l'espace
de 400 pas, sans franchir évidemment le fossé perdu, ce qui eût
fait manquer l'opération en occasionnant un retard, e*. elle prit
subitement à dos les assaillants : repente posi tergum equitatus
eemitur (c. lxxxviii). Tout cela me semble encore établir sur-
abondamment que 400 pieds seulement ou \\S mètres de terrain
libre, entre le fossé perdu et les deux fossés de 15 pieds, auraient
été tout à fait insuffisants pour un champ de bataille aussi avan-
tageux que celui ménagé par César en avant du rempart de ses
lignes.
2* OBJECTION. Fossés de \^ pieds et emplacement des défenses
accessoires, — Les abords du rempart des lignes étaient fortifiés
par des défenses accessoires et deux fossés de 45 pieds.
Le texte dit, à propos du fossé perdu (ch. lxxu) : fossam
pedum XX latam directis lateribus duxit; et lorsqu'il parle des
deux fossés de 15 pieds, il se sert du même mot latas, inusité
partout ailleurs, mais il néglige l'expression directis lateribus,
ce qui a fait croire à quelques traducteurs que ces deux fossés
n'étaient pas à talus droits : duas fossas, xv pedes latas, eadem
altitudine perduxit. Je n'en persiste pas moins à penser que
les deux fossés de 1 5 pieds d'AIesia étaient à talus droits, comme
ceux chez les Bellovaques : fossam duplicem, pedum xv, lateribus
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direciis deprimi (lib. YIII, c. ix]. En ces deux circonstances, en
efîet, César cherchant, comme il le dit, dans la nature même de
ses fortifications le moyen de les défendre avec peu de troupes,
dut faire creuser les deux fossés de 45 pieds à parois verticales,
afin qu'ils fussent moins facilement franchis et comblés. Mais,
de ce que les parois étaient verticales, il ne s*ensuit pas qao les
deux fossés se trouvaient tout contre le rempart qui alors, pesant
sur leur escarpe, eût fait ébouler la paroi verticale; leur distance
tntiximum ne pouvait d*ailleurs dépasser la portée des traits
lancés du rempart défendu par eux. Or, telle est précisément,
comme nous le verrons, la distance dont les deux fossés de
45 pieds se trouvaient éloignés du rempart de César à Alesia.
En conséquence, il n'y avait aucun inconvénient, mais avan-
tage, au contraire, à ce qu'ils fussent à talus droits, comme le
fossé perdu et les deux fossés de 15 pieds chez les Rellovaques.
Du reste, la nature des deux fossés n'a aucune influence sur
la solution du problème. Il n'en est pas de même des défenses
accessoires qui, par la place qu'elles occupaient, en constituent
un élément qu'on ne saurait négliger. Cet emplacement des
défenses accessoires est fixé par le texte, en arrière de l'espace
réservé entre le fossé perdu et les deux fossés de 45 pieds :
fossam pedum xx latam direciis lateribus duxit ; reliquas
omnes tnunitiones ab ea fossa passus cd reduxit. Là (hoc inter-
misso spatioj furent creusés les deux fossés de 45 pieds, derrière
lesquels (post) s'éleva le rempart flanqué de tours (c. lxxii). Le
mot post laisse indéterminé l'intervalle laissé entre les deux
fossés et le rempart; mais ces fossés de 45 pieds, dont l'un était
rempli d'eau, avaient pour mission d'augmenter les difficultés
des approches, ainsi que de l'assaut du rempart, en rendant les
traits et les projectiles de la défense plus meurtriers, l'assaillant
étant forcé d'y rester plus longtemps exposé pendant qu'il en
tenterait le passage. Il fallait donc que cet obstacle fût à bonne
portée des machines de jet. Cette portée était connue de tous les
lecteurs contemporains de César. Voilà pourquoi l'auteur ne
donne qu'approximativement , par l'énumération des défenses
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accessoires, Tintervalle qu*il laissa entre le rempart et les deux
fossés de 45 piçds qui en défendaient les approches. C'est là, et
là seulement y dans cet intervalle, qu'est la place des défenses
accessoires que César jugea à propos d'ajouter pour augmenter
les difficultés de Tassant et pouvoir garder le rempart avec moins
de monde encore (c. lxxiii). Du reste, le récit semble indiquer,
autant qu'il se peut, cet emplacement occupé par les défenses
accessoires, entre le rempart et les deux fossés de 45 pieds
(c. Lxxxi, Lxxxii, Lxxxv, Lxxxvi). Or, les traits lancés du rempart
portaient au moins à 400 pas, puisque nous voyons Pompée,
sorti de son camp, ranger son armée sur trois lignes, de telle
sorte que la première ligne se trouvait protégée contre l'en-
nemi par les traits lancés du vallum, et puisqu'on temps ordi-
naire une armée ainsi rangée occupait 433 pas de profondeur
(De bello civ,, 1. 1, c. lxxxii). Mais si 400 pas étaient favorables
pour l'action des traits lancés du rempart, 78 pas le sont encore
plus. Tel est précisément l'intervalle que notre solution géo-
métrique réserve aux défenses accessoires, depuis la crôte du
rempart jusqu'à la contrescarpe du premier fossé de 45 pieds.
Voici le résultat des calculs : Rayon du fossé perdu ou ci/con-'
férence de 44,000 pas = 4,750 pas; rayon du rempart de la
contrevallation ou circonférence de 44,000 pas = 2,227 pas;
différence des deux rayons = 477 pas ; l'espace entre le fossé
perdu et les deux fossés de 45 pieds étant de 400 pas, il reste
77 pas, chiffre exact pour les deux fossés de 45 pieds et les
défenses accessoires (*}.
Que si l'on contestait, par hasard, que l'intervalle nécessaire
aux défenses accessoires ait été pris entre les deux fossés de
45 pieds et le rempart, on serait alors obligé de les placer en
avant des deux fossés, comme je l'avais fait moi-même avant
d'avoir été ramené à la vérité par la démonstration géométrique.
En agissant ainsi , on violerait le texte et on rendrait en même
(>) Ces chiffres diffèrent de ceux doonnés par nous précédemment, parce
une nous avions à tort négligé les fractions ; ce qui prouve que dans cette
question complexe il ne faut rien négliger.
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temps illusoire la version 400 pieds adoptée par les partisans
d'Alise-Sainle-Reine. En effet, quelle que soit la largeur de la
zone occupée par les défenses accessoires (supposons 50 mètres
seulement), on diminuerait de plus d'un tiers l'espace de 400
pieds ou 418 mètres, espace déjà à peine suffisant pour la portée
des traits dont il doit garantir les travailleurs. De sorte qu'on
peut affirmer que le croquis des fouilles de la plaine des Laumes
à Alise-Sainte-Reine, ob les deux lignes marquées par des fossés
ne sont qu'à une distance de 400 à 450 mètres l'une de l'autre,
ne permet pas le tracé des défenses accessoires dont parle César,
ce qui indique une fois de plus que ces lignes ne sont pas celles
d'Alesia. Voici un bout de ce croquis des fouilles de la plaine des
Laumes :
o
-a : Fossé de 20 pieds dod retrouvé.
400 pieds.
le)
o o • oooocoooooooooooo, ' « , . ,
b : Deux fossés inégaux.
100 à 150 mètres.
^ ••eoooooooooooeooeo
-b' : Petit fossé simple.
400 pieds.
-Q^ ; Fossé do 20 pieds non retrouvé.
?
Si Ton trace les défenses accessoires (c) en avant de b et 6^
on voit que l'espace 400 pieds ou 448 mètres se trouve amoindri
de t'SO mètres environ, et que les traits lancés de a, fossé perdu,
atteindraient les soldats romains travaillant aux défenses acces-
soires.
Si, au contraire, on place les défenses accessoires (c) en arrière
de b et de b', et si l'on figure les remparts m, m^ comme dans
le croquis suivant :
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— 86 —
C3
j^_ .
Si 400 pieds.
de 0» à 50 mètres.
SSSSSSSSSSS3S8SSSSSS(cO
6»
•m ; Rempart de la contrevallation.
.m' ; Rempart de la circonvallation.
400 pieds.
on voit que le terrain de 400 à 450 mètres compris entre les
fossés d et 6^ est réduit à l'espace entre m et m\ c'est-à-dire à
presque rien, et que les mouvements de troupes exigés par la
lutte gigantesque qui eut lieu dans la plaine d'Alesia ne peuvent
s'y exécuter.
3® OBJECTION. Mesure du rempart de la contrevallation. —
On m'objecte que je no comprends pas les chapitres lxix, lxxii et
Lxxiv comme tout le monde. C'est vrai. Mais on les a si peu
compris jusqu'à ce jour que l'on n'a jamais pu s'entendre, et si
je ne les avais pas sentis autrement, je n'en aurais pas trouvé la
solution géométrique. Au reste, je no suis pas seul de mon avis
dans l'interprétation de ce qui sert de base à mes calculs :
M. Duruy (*) a compris comme moi que le circuitus du munitio
de la phrase : eju^ munitionis, quce ab Romanis instituebatur,
circuitus xi millia passuum tenebat, était la plus petite circon-
férence des travaux concentriques ('). Nous verrons plus bas
que l'interprète grec des Commentaires de César l'entendait de
la même manière. Mais on le comprendra comme nous, lors-
qu'on se rendra mieux compte de ces sortes d'opérations consti-
tuant un blocus, plusieurs fois décrites par César dans ses Com-
mentaires de la guerre des Gaules et des guerres civiles. Ces
travaux d'investissement qui consistaient à répandre d'abord des
(>) Histoire de France, 2« édit., 1862, t. I. p. 55.
O « Alors» dit-il, commencèrent de prodigieux travaux. D'abord on
fossé de 30 pieds de large sur 11,00§ pas de déreloppement. »
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détachements sur toutes les collines du pourtour en vue de
Yoppidum et de manière à occuper toutes les sorties, ravins,
sentiers, avenues, par des redoutes (castella) reliées ensuite
entre elles au moyen d*un rempart tracé sur leur pente et tourné
contre la place, ces travaux, dis-je, no se terminaient pas en un
jour. Il faut lire le blocus de Dyrachium pour en comprendre la
série et les difficultés de détail en face d*un ennemi actif. Eh
bien I cette intermittence étant admise dans la confection du
rempart d'investissement, opération qui suivait celle de rétablis-
sement des castella, que Ton remarque ceci, que le circuittis du
munitio quœ inalituebatur du chapitre lxix (castella et rempart
commencés sur le pourtour] n*est autre que le circuitus de
Yoppidum sur lequel César a Thabitude d'établir ses travaux
d'investissement, comme le démontrent les exemples suivants :
Castellis idoneis locis collocatis, operibusqure in eircuitu oppidi
coiUinuatis, Vliammunitionibus clausit (De bello Alex., c. Lxt).
— Vallum in oppidi eircuitu ducere instituit (De bello gallico,
lib. VIII, c. xxxiii). Alors, d'après les règles de l'art, il paraît
logique que César, obligé de resserrer le plus possible Alesia,
prenne pour base de ses travaux d'investissement, dont le rem-
part est commencé (quœ instituebatur), le circuit même de
Yoppidum pris dans ses plus petites limites. C'est dans ce circuit
qu'il fera passer plus tard, lorsque les travaux se termineront au
chapitre lxxii, après le départ de la cavalerie gauloise, le fossé
de 20 pieds, dont le développement sera de 44,000 pas, comme
le circuitus du munitio, plus petite circonférence des travaux
concentriques, calculée sur le circuitus oppidi si bien décrit au
chapitre lxix, savoir : une plaine de 3,000 pas et, de tous les
autres côtés, un médiocre espace séparant Yoppidum des collines
du pourtour.
Ainsi, nous, nous mesurons les 44,000 pas du chapitre lxix
sur une chose limitée qui existe en ce moment, c'est-à-dire sur
le circuitus oppidi reconnu (perspecto urbis situ, c. lxyiii) , où
sera le circuitus du munitio terminé, tandis que tous les autres
interprètes de César ont mesuré les 4 4 ,000 pas 9ur une chose
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-87-
qui n*existe pas encore, c'est-à-dire sur un rempart commencé
dans quelques endroits seulement, ce qui permit à Yercingétorix,
comme il est dit au chapitre suivant (lxx], de renvoyer, par le
côté non encore fermé, sa cavalerie cainpée dans la plaine.
Qu'on lise le siège d'Ulia, on y verra le môme fait se reproduire
(De belU) Alex,, c lu). C'est à cause de la fausse interprétation
du circuUus munilionis que le problème d'Alesia est resté indé-
termidé (*).
En résumé, je vois un rempart commencé sur le pourtour
d'Alesia, au chapitre lxix, et terminé avec tous ses détails aux
chapitres lxxii et Lxxiit ; j'en trouve ensuite le développement
au chapitre lxxiv. Ce rempart est celui des travaux complexes
dirigés contre Voppidttm, et les seuls décrits. Tout cela est
mathématique. La plus petite circonférence concentrique de ces '
travaux, ou fossé de 20 pieds, ayant 1 1 ,000 pas de développement,
l'espace, ou difTérence de rayon entre la circonférence de ce fossé
de 20 pieds et la circonférence du rempart, étant égal à 400 pas,
plus 77 pas pour les deux fossés de 15 pieds et les défenses
accessoires, il en résulte que le rempart avait géométriquement
44,000 pas de développement; de plus, 14 000 pas étant un
multiple de 16 pas ou 80 pieds, ce rempart de la contrevallation
contenait un chiffre exact de tours, ce qui est conforme à la fin
du chapitre lxxii : et turres toto opère circumdedit, quœ pedes
Lxxx inter se distarent.
La version grecque des Commentaires de César (ch. lxxiv) dit
littéralement que le rempart des travaux décrits et faits par le
proconsul contre les assiégés, sur les lieux, autant qu'il pût, les
plus convenables, embrassait 112 stades ou 14,000 pas : (César)
(^) Appliquée aux fortifications qui défendent une place , l'expression
rirruHus munilioniit désigne la plus grande circonférence des travaux de
défense, et, réciproquement, si on l'applique aux fortifications qui bloquent
une place, elle signifie la plus petite circonférence des travaux de Tattaque.
De sorte que, d'un côté comme de l'autre, rircuHus munilionis est toujours
la circonférence des travaux les plus rapprochés de l'ennemi. Ainsi, pour
bien déterminer la signification exacte de cette expression technique, il faut
0e mettre à la place qu'occupe celui qui l'emploie.
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TawTŒ (ces choses, c'est-à-dire fossé de 20 pieds, deux fossés de
45 pieds, défenses accessoires, rempart) itàv oCv woiTiuàiievoç év
Tâicotc, ûç ^8uvaT0, èiriTYiÔeiotàToi;, éxŒTÔv xal 5u(o8Exa ordSia TcspiXaScov,
6(&o(otc ToO aÙToO etSov; 6x^P<ï^^^^C « xccc'IvavTCa ta?; Tcporépai;, xaToi tov
Donc l'interprétation grecque, affectant grammaticalement la
plus grande circonférence des travaux tournés contre la place au
rempart et rejetant la version 400 pieds, assigne par ce fait
44,000 pas au fossé de 20 pieds, et se trouve être conforme à
notre solution géométrique. Elle est rationnelle.
4* OBJECTION. Rempart de la circonvallation ; intertalle ré--
serve entre ce rempart et celui de la contrevallation. — César
ne décrit pas les travaux tournés contre l'ennemi extérieur et ne
donne pas la mesure de leur développement. Dans son admi-
rable concision , il dit tout simplement au chapitre lxxiv (voir le
texte grec cité plus haut), qu'après avoir terminé, en embrassant
44,000 pas sur un terrain choisi, la ligne de contrevallation
décrite aux chapitres lxix, lxxii et lxxiii, il fit contre l'ennemi
du dehors des travaux de la môme espèce, semblables aux pre-
miers. J'ai écrit et je maintiens qu'il n'avait pas besoin d'ajouter
un mot de plus pour être compris des hommes spéciaux, le
développement des travaux tournés contre Fextérieur dépendant
d'une règle de poliorcétique. Il ne fait point un traité d'art mili-**
taire; il doit se taire et il se tait sur les principes de poliorcétique,
comme sur la forme de ses camps.
Mais quelle était cette règle d'oh dépend la mesure de la
circonvallation?
A Alesia, les deux lignes de César laissaient entre elles comme
un vaste camp circulaire. Ce camp, contenu dans l'intervalle qui
séparait les deux remparts, était pour les Romains leur véritable
champ de bataille. César y attendait Yercmgétorix et les Gaulois
de l'armée de secours. Il avait préparé son terrain , ouvert des
communications, établi des magasins, des ateliers, choisi des
endroits propices pour y embusquer ses réserves, prêtes à agir,
selon la circonstance, au dehors, dans le rayon d'activité (espace
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de 400 pas) , ou au dedans entre les deux remparts. Vingt-trois
redoutes y serraient de ralliement et de point d*appui , facilitant
dans rintérieur les retours offensifs et le jeu des réserves. L'une
des lignes étant enfoncée sur un point, et môme une ou plusieurs
redoutes se tronrant prises, le champ de bataille n'était point
perdu pour les Romains. Ils devaient pouvoir se rallier à la
faveur des autres redoutes, et revenir à la charge pour prendre
en flanc les Gaulois se disposant à attaquer successivement les
redoutes voisines, car ils ne pouvaient les laisser derrière eux.
En conséquence, il fallait que cotte zone circulaire eût une pro-
fondeur convenable, qui permît de s*y former en bataille dans
tous les sens, pour prendre toutes les dispositions de la défensive
et de l'offensive. Or, le front d*une cohorte de César, dixième
partie de la légion, était en moyenne de 400 pas ou U8 mètres
(De bello civ., lib. I, c. XLiuetxLv), et la profondeur d'une ligne
de bataille avait 433 pas ou 486 mètres (De bello cif>., lib. I,
c. Lxxxii). De là on avait déduit s^ns doute un espacement moyen
entre les deux remparts d'une ligne de blocus, dans les endroits
déterminés par la topographie oii des combats étaient probables.
C'est ainsi qu'à Dyrachium , l'espace entre les deux remparts de
César avait 600 pas : Erat eo loco fossa pedum xv, et f>allus
contra hostem in altitudinetn pedum \...Abeo, intermisso spatio
pedum ne, alter conversus in contrariam partem erat vallw...
(De bello civ., lib. III, c. lxiii). Maintenant, ce principe de
poliorcétique étant reconnu , ne paratt-il pas de toute évidence
que César n'avait rien à ajouter à son chapitre lxxiv pour être
compris des poliorcètes romains? Ceux-ci, en effet, n'avaient
qu'à augmenter de 600 pas le rayon du rempart de la contre-
vallation, dont le développement était de 44,000 pas, pour avoir
aussitôt le rayon du rempart de la circonvallation et i)ar consé-
quent son développement ; môme opération pour les autres tra-
vaux dirigés contre l'ennemi du dehors.
5* OBJECTION. Forme type des camps romains, -— J'ai dit que
les camps romains d'Alesia étaient rectangulaires. On me fait
remarquer que l'on ne voit de camps romains rectangulaires
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que dans les ouvrages de castraméiation (Polybe, Hygin, Végèce,
Jules ]*AfricaiD). li faut reconnaître qua c'est déjà quelque chose.
Je pense aussi que dans la pratique on se pliait au terrain; je Tai
dit quelque part et j*ai même ajouté, ayant de bonnes raisons
pour cela, que César donnait une légère ondulation aux faces de
ses camps pour favoriser le placement des tours qui flanquaieul
lo rempart. Toutefois, je crois qu'on doit affirmer que la forme
type, carrée et non ronde, était conservée la plus régulière
possible dans Tintérêt de Tordre et de la bonne défense. Mais
quand on dit pratiquement forme carrée ou rectangulaire, il faut
entendre une figure de quatre côtés, plus ou moins égaux ou
jnégaux, parallèles ou non parallèles, car il ne s'agit point ici
d'exactitude géométrique, tous les terrains ne la permettant pas.
Que si l'on no trouve point, comme on l'assure, un seul camp
romain temporaire à forme rectangulaire, il faut l'attribuer à ce
qu'on n'a pas su les chercher. Cependant, nous avons examiné
et mesuré le camp mis à jour, par les soins de l'Empereur, à
Mauchamp sur l'Aisne, et celui adossé aux travaux de siège à
Gergovie ; ils étaient tous les deux temporaires et sont de forme
carrée. Mais qu'on lise attentivement le chapitre xui du li\Te I
de la Guerre civile, et le chapitre xxviii de la Guerre alexan-
drine, on y verra que le camp temporaire des six légions de
César, en face d'Afranius, était carré; que celui du roi Ptolémée,
qui campait comme les Romains, l'était aussi.
En castramétation, la figure rectangulaire est la plus favorable
pour la défensive et pour contenir lo plus grand nombre d'hommes
dans le plus petit espace possible. Un camp ou une redoute de
forme ronde, est un mauvais ouvrage. Il est invraisemblable que
César ait adopté , pour ses camps et pour ses redoutes autour
d'Alesia, la forme la plus défavorable. Qu'on y prenne garde:
amoindrir la nature, la solidité, la force, la grandeur des retran-
chements faits par César h Alesia, c'est amoindrir le courage de
ceux contre lesquels ils furent dressés, et lo mérite de Vercingé-
torix qui les attaqua si souvent sans succès. Ils étaient combinés
non-seulement relativement à la nature et à la configuration du
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femdn, mais encore au caractère et à la valeur des troupes
gauloises et du chef qui les commandait. Contre de bonnes
troupes, ayant à leur tête un bon général, aucun moyen n*était à
négliger dans Tart de la défensive; contre de mauvais soldats et
on chef inhabile, tous les retranchements étaient bons. Or, cette
même infanterie arverne et ce même général, bloqués à Alesia,
avaient vaincu César à Gergovie. Et si Ton juge de la nature des
retranchements par cette considération que César était numéri-
queaient plus faible, et que les Gaulois étaient fort entreprenants,
on peut conclure que les camps, les redoutes, les fossés et les
remparts du général romain étaient irréprochables au point de
vue de Tart de la castra métation et de la poliorcétique.
A propos de Tart militaire chez les anciens, un de mes hono*
râbles contradicteurs me demande pourquoi je préfère Alaise du
Doubs à Alise-Sainte-Reine, au point de vue purement militaire.
Cette préférence repose sur plusieurs bonnes raisons dont voici
les principales :
4^ Parce que Vercingétorix eût été, suivant Napoléon I^**,
inexcusable d'avoir entassé , avec ses ateliers, sel magasins, ses
entrepôts, son armée de 80,000 hommes et toute une population
indigène sur le Mont-Auxois, que 20,000 hommes pouvaient
défendre; inexcusable d'être resté renfermé dans ce pays de
plaines, accessible de toutes parts, oU les sorties étaient faciles
sur tout le pourtour, et oU le faible et petit oppidum avait besoin
de Tappui d*une armée extérieure pour ne pas être enlevé do
vive force, après quelques jours de siège seulement ;
^ Parce que César, faisant le blocus d*Alise, dont le circuit
a moins de 4,X)00 pas, n'aurait pas pris 44,000 pas pour plus
petite circonférence de ses travaux concentriques, et qu*il aurait
privé d*eau les défenseurs du Mont-Auxois . selon son habitude
(De bel. gai., 1. VIII, c. xl ; De bel, civ., 1. III, c. xux et lxxxviii) ;
3® Parce que remplacement d'Alaise du Doubs, qui n'offre
pas les invraisemblances d'Alise, se concilie avec le plan de
Vercingétorix et avec sa conduite antérieure dans la campagne
de Gergovie,
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— 92 —
Alesia doit remplir un double but; être une barrière et un
champ do bataille choisi à Tavance : \^ une barrière qui ferme
le bassin de la Saône, grande voie de communication, la seule
libre maintenant entre la province romaine et les Trévires , les
Rèmes, les Lingons, seuls peuples restés amis de César; 2^ un
champ de bataille qui, en cas de revers subi par la cavalerie,
seule arme destinée à combattre en rase campagne, selon les
projets de Yercingétorix (lib. VII, c. lxiv), puisse à la fois
cx)uvrir Tinfanterie gauloise et empêcher la retraite do César vers
la province romaine envahie par le frère d*£porédorix , en
menaçant ses derrières, en permettant aux Gaulois de passer
contre lui de la défensive à roffeosive, grâce aux moyens de
secours et aux ressources que renfermera Voppidum. L*armée
romaine, en un mot, doit ne pouvoir plus faire un pas vers la
province et Vienne, notamment, oh sont ses dépôts (1. VII, c. ix),
avant que cette barrière ne soit conquise; elle doit forcément s'y
arrêter et en faire le siège. Donc Alosia doit être un oppidum
celtique de la plus haute importance, pouvant contenir toute une
population, dos troupeaux, des magasins, des ateliers et une
armée de 80,000 hommes, libre dans ses mouvements sur ce
terrain choisi pour la défensive; et, comme tous les oppidum
défendus par les Gaulois contre les troupes de César fDe bello
galL, 1. II, c. XXIX ; lib. VIÏ, c xv, et 1. VIII, c. xl), Alesia doit
n*ofrrir qu'un front pour les attaques, des escarpements, ravins
ou cours d'eau protégeant les autres parties et rendant leur accès
impossible. Voilà l'idée tactique qu'on se fait d'Alesia par la
lecture approfondie du texte.
Alaise, avec ses 16 kilomètres ou 41,000 pas de pourtour, sa
position géographique et sa topographie spéciale, répond soûle
à cette idée. Le front unique des attaques est du côté de la plaine
du Taudeur qui a 4 kilomètres ou 3,000 pas de long; tle tous les
autres côtés, des collines entourent l'oppidum, laissant entre
elles et lui une large crevasse (mediocri inlerjecto spatio) aux
parois également inclinées et d'égale hauteur (pari alliUuiinis
fastigio), fastigio ayant toujours dans César le sens de pente,
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— 93 —
inclinaison, talus, toit (De hello gall., lib. II, c. viii; lib VHI,
c. xiv; De bello civ., lib. I, c. xlv; lib. II, c. xi) (*). Là, la
position de Vercingélorix est vraiment formidable : son front
occupe une ligne de bataille d*une Houe d'étendue, sur le Mouniot
et les MoQtfordes; ses deux flancs et ses derrières sont couverts
par la crevasse du Lison et du Fourré ; des réserves et quelques
détachements gardent toutes les avenues en arrière de cet im-
mense champ de bataille, pour lequel 80,000 hommes ne sont
pas de trop.
P) La phrase du chapitre lxix : Eeliqnis ex omnibu$ partibus colle* , me-
dtorri interjecto tpalio, pari allHudinis fastigio, oppidum cingebani , qui
joœ un rôle priocipal daus la topographie d'Aleaia et suffit à elle seule
pour trancher la question entre Alise et Alaise, a'a jamais été traduite.
Les oppidum étaient d'autant plus forts qu'ils étaient entourés de plus
d'obâtacles naturels. De ces obstacles, les ravins ou les vallées étroites
étaient les plus communs. Le second membre de la phrase citée indique
précisément ce genre d'obstacle , c'est-à-dire un médiocre espace existant
entre Voppidum et les collines de ceinture ; et le troisième membre complète
Je second, en caractérisant le médiocre intervalle. Cela résulte des consi-
dérations suivantes :
AUiiudo, appliquée à un intervalle quelconque entre collines, tel que
luisseau, ravin, vallée, à un fossé ou à un trou , veut dire profondeur ;
d'autre part, fastigitim signifie faîtage : c'est la pièce de bois qui forme le
haut d'une charpente; c'est le toit, la couverture d'une maison; c*e*t la
partie d'une colline où aboutissent deux surface! inclinées l'une vers l'autre;
et \h, la colline est dite fostigatus {De bell. galL, lib. Il, c. viii).
Le mot fastigium, dont le «ens propre veut
dire inclinaison en forme de toU, s'applique aussi
bien à une éminence qu'à une cavité.
Pour le premier cas, la phrase : celerilerque in
SHmmam plauitiem jugi pertenil , qnœ decitvi
fa>iigio duobtis ab lateribus mnniebatur {De bello
gall,, lib. VIII, c. xiv) donne la coupe A (pla-
teau), 6, bf (côtés ayant chacun le caractère du
rierliri fastigio). Les chapitres x et xi du liv. II
des Giterres civiles : Has inter se capreolis molli
fasiigio conjungunl lia fasligalo alque ordi-
naUm sfriic/o... Quidqmd inridtl, fastigio musculi
elabitur, fournissent le croquis M {musculus), c,
tf, e {fastigium).
Pour le second cas, les trous de loup du cha-
pitre Lxxni, liv. VII, Guerre des Gaules : scrobes
trium in altiludinem pedum fodiebanlur. paula-
iim anguslirre ad infimum fastigio, donnent la
coupe A (scrubs), b, e, c', b* {fastigium paulaiim
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VerciDgétorix espérait que César Taltaquerait daos des coodi-
lioDS topographiques mauvaises pour lui, comme il fil à Gergorie;
mais le général romain, instruit par sa dernière défaite, déjoua
l'habileté stratégique du général gaulois en entreprenant de le
combattre, non en bataille rangée, mais par la famine. Retour-
nant contre son adversaire les avantages topographiques du ter-
rain, il occupa toutes les positions du pourtour et le renferma
dans une ligne continue dont les parties fortes furent précisément
celles couvertes par les obstacles naturels, crevasse du Lison et
du Fourré, qui gardaient si bien les flancs et les derrières de
l'armée gauloise en bataille. Yercingétorix, pour s'opposer à
l'investissement, ne pouvait, en effet, franchir ces précipices et
les laisser derrière lui, car battu, attaqué vivement, il se serait
exposé à un désastre. Les sorties n'étant praticables que du côté
de la plaine mamelonnée du Taudeur, les rôles étaient subitement
angusUor ad infimum, c'est-è-dire fattage iDtérieur allant en se rétrécissaDt
depuis le haut b, fr' jusqu'au plus bas r, c*). Le fossa fastigata des Romains»
ainsi nommé, dit Hyginus (ch. xlix), parce que les parois, inclinées à partir
du niveau du sol, se réunissent en arrivant au fond, donne le croquis A
(fossa), b, e, 6^ (fastigium).
Ainsi, dans le premier cas, fastigium indique la forme d'un toit ordinaire,
parce qu'il est question d'une éminence, et, dans le second cas, la forme
d'un toit reuTersé, parce qu'il s'agit d'une caTÏlé.
Or, le pari oKKtidiiiij fasligio du mediocri interjecto spailo de la phrase
dont nous nous occupons, entre dans le second cas. Il faut donc traduire
littéralement ainsi : De tous les autres côtés, des collines entouraient l'oppi-
dum, un médiocre espace étant interposé, le faîtage de la profondeur étant
égal: en d'autres termes : les deux pentes de ce médiocre espace étant, à partir
du niveau du sol, également inclinées Vune vers Vautre, jusqu*à leur réunion
au plus bas de la profondeur.
Voilà le frai caractère topographique et militaire du circuit d'Alesia.
Ce n'est pas même une médiocre vallée, c'est un ravin, une crevasse ayant
le caractère d'une large fossa fastigata, au milieu et au fond de laquelle est
le thalweg d'un ruisseau : cujus collis radiées duo duabus ex partibus flumina
subluebant (c. lxix). A Alise-Sainte-Reine, rien, absolument rien de sem-
blable ; à Alaise du Doubs, au contraire, identité parfaite. Nouvelle preuve
de ce que nous avons dit cent fois, que pour bien interpréter César, no-
tamment dans les descriptions topographiques, il faut aller au fond des
* mots. Il n'est pas jusqu'à la description du fumeux pont sur le Rhin (1. IV,
ch. XVII) qui ne soit restée pratiquement obscure, à cause de l'expression
relative aux deux pilota : sed prona ac fastigata, toujours mal rendue par
les interprètes de César.
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~ 95 —
diangés» ainsi que les avantages du terrain : aux Gaulois Toffen-
sire et aux Romaios la défensive maintenant. Partout, excepté
vers la plaine, Yercingélorix était gêné, et, même de ce côté, se
trouvant exposé à la vue libre dans un rayon de 600 à 700 met.,
il était forcé de découvrir toutes ses dispositions d*attaque. Au
contraire , la direction des opérations était d^autant plus facile
pour César, que la topographie d'Alaise indiquait la plaine seule-
ment comme point probable sur lequel les assiégés pouvaient
s'avancer. Ainsi, il suffisait aux Romains de fortifier plus solide-
ment et d*observer surtout ce côté de la plaine de I kilomètres,
sur lequel les Gaulois devaient se porter toujours facilement,
et de faire surveiller les autres côtés moins abordables. Ne dirait-
on pas un résumé du siège d* Alesia ?
Telles sont les raisons militaires pour lesquelles je préfère
Alaise à Alise : dans la première, je sens poindre la réhabilitation
de Yercingétorix comme grand capitaine, et dans la seconde, je
vois se perpétuer sa réputation d*inhabileté. C*est ainsi qu'un
jour je montrerai , à l'aide des vrais emplacements et des prin-
cipes servant de base à l'art de la guerre, qu'un jugement faux
autant qu'injuste a été porté sur le héros gaulois à l'occasion du
siège d'Avaricum, et au sujet des suites de sa victoire de Ger-
govie et du blocus d*Alesia.
Un de mes camarades de Tarmée, partisan endurci d'Alise,
mais que je ne désespère pas de voir se rallîet à Alaisej tant il
est amoureux de la vérité et des études sérieuses, me pose une
question du genre de la précédente. Je ne veux pas l'éluder
davantage :
« Je vous demanderai à vous militaire expérimenté, m'écril-il»
si ayant à assiéger Alaise du Doubs, avant l'invention des
armes à feu , vous n'auriez pas considéré le gigantesque ravin
qui l'entoure de trois côtés comme une conlrevallation large-
ment suffisante ? »
Je réponds sans hésiter, non; je n'aurais pas considéré U
crevasse du Lison et du Fourré comme une conlrevallation abse-
lumenl suffisante. J'aurais fait celte contrevallatioa autour d'A-
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— 96 —
laise, comme la fit César, notre maître à tous, autour de Vappi-
dum des Aduatuques qu*il investit d*une chaîne de castellum et
d*un rempart continu, bien que ce lieu fût entouré de partout
excepté d'un seul côté, comme Test Alaise, par des rochers et des
précipices (De bel. galL, 1. II, c. xiix et xxx}. Voulant, coname
César chez les Aduatuques et à Alesia, qu'aucun habitant ne
puisse sortir d'Alaise, qu'aucun porteur d'avis ne puisse y péné-
trer, je ferais, sur le front unique des attaques, c'est-à-dire dans
la plaine de i kilomètres du Taudeur, une contravallation com-
plète, plus forte là qu'ailleurs, avec fossé de 20 pieds, double
fossé de 15 pieds, défenses accessoires et rempart, et, de tous
les autres côtés, je me contenterais d'un simple rempart bordant,
à 40 ou 50 mètres de distance , terrain réservé aux défenses
accessoires, la crevasse du Lison et du Fourré, crevasse qui
tiendrait lieu de fossé de 20 pieds et de double fossé de 45 pieds.
J'obtiendrais ainsi : 4^ un fossé de SO pieds qui, passant au
pied de Y oppidum du côté de la plaine et dans le lit du Lison»
aurait 46 kilomètres ou les 41,000 pas du chapitre lxix, et
serait la plus petite circonférence (circuitus du munitio) ou
la base de tous les autres travaux que je tracerais à 500 ou 600
mètres ou 400 pas en arrière ; 2® un rempart tourné contre la
place et ayant 20,000 mètres environ, ou les 44,000 pas du
complextÂS et du TcepiXaSuv du chapitre lxxiy. Quant à la circon-
vallation , je m'aiderais des localités , comme pour la contre-
vallation, et j'aurais, entre les deux remparts, notamment dans
la plaine, un millier de mètres pour les mouvements rapides des
troupes et pour les concentrations qui se feraient certainement
sur ce côté des attaques problables. Au moyen de ce tracé, le
rempart tourné contre l'ennemi du dehors passerait partout en
des lieux favorables, c'est-à-dire qu'il ne serait dominé nulle
part, excepté vers Doulaise et Refranche, oU la colline au nord
d'Alaise ne pourrait être embrassée par lui et resterait consé-
quemment en dehors des travaux de circonvallation , tracés là
par nécessité sur la pente méridionale.
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ToDt cela montre que la topographie d'Alaise est conforme à
la solution géométrique du problème d'Alesia.
6* OBJECTION. Per extremos fines. — La méthode qui me fit
chercher Alesia en Séquanie repose sur l'interprétation du mot
fines dans les mouvements de troupes, et sur l'idée pratique très
sinaple que dans l'étude des Commentaires de la guerre des
Gaules, il faut toujours se mettre à la place qu'occupe César.
€ Fines reut souvent dire frontière , mais souvent aussi il veut
dire le territoire tout entier, et alors tout votre raisonnement,
hase sur ce qu'il signifie seulement frontière , me paraît man-
quer par la base. » Voilà l'objection qui m'a été faite.
Certes, je n'ai jamais voulu prétendre que fines, dont l'accep-
tion propre est frontière, fin, borne, limite, extrémité d'un pays,
n'ait été employé nonobstant par César avec le sens plus étendu
de territoire, le contenu étant pris pour le contenant. J'avais
besoin de consacrer par des exemples incontestables recueillis
dans le texte, que fines pouvait signifier frontière, c^ qu'on
semblait vouloir refuser ; cela me suffisait pour que je pusse
adopter cette acception de frontière à l'occasion des mouve-
ments de troupes et de l'établissement des légions dans les posi-
tions stratégiques oh figurait le mot fines. Voilà ce que j'ai fait
en exposant la méthode invariable qui me guide dans l'étude des
Commentaires de César. Pour prouver que cette méthode pèche
par la base, il me semble qu'il faudrait établir que dans les cas
spéciaux qui m'intéressent, fines ne peut signifier frontière.
Il m'a tovgours semblé impossible que César, si précis dans sa
concision, eût laissé ses lecteurs militaires dans le vague à l'oc-
casion des points approximatifs de départ et d'arrivée de ses
légions, conséquemment dans l'incertitude de la direction de
leurs premiers mouvements, ces indications étant indispensables
pour rintelligence des faits. Or, ces indications se trouvent dans
le mot fines, interprété comme zone frontière la plus rapprochée,
c'est-à-dire comme premiers confins, lorsque ce mot est employé
seul ou exceptionnellement arec l'adjectif primi, et comme zone
frontière la plus éloignée, ou derniers confins, quand fines est
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précédé de l'adjectif extremi. Ainsi, dans ces cas particuliers oh
fines est considéré par rapport au sujet, l'expression fines extreini
fait opposition à l'expression fines primi ou à fines employé seul.
Au surplus, je ne vois pas quel sens on pourrait attribuer, en
dehors de ce rapport, à l'expression fines extremi, les mots fines
et extremi ne pouvant aller ensemble comme exprimant la môme
idée. Mais voici un exemple qui , je l'espère, convaincra tout le
monde (liv. VI, ch. x) : César a passé le Rhin; les Suèves, à
la nouvelle de l'arrivée des Romains, avaient fait retirer leurs
troupes jusqu'aux confins les plus éloignés de César, c'est-à-dire '
jusqu'à leurs derniers confins (peniius ad extremos fines sese
récépissé). Là , la forêt Bacenis séparait les Suèves des Ché-
rusques. Les Suèves, postés à l'extrémité de cette forêt, y atten-
daient les Romains.
Certes, le sens de fines et d' extremi est ici bien marqué et
bien distinct par rapport à César. Pense-t-on que César eût dit :
penitus ad extremos fines sese récépissé, si les Romains eussent
abordé les Suèves du côté des Chérusques, au lieu de marcher
contré eux en venant du Rhin, les Suèves restant toujours dans
la même position militaire? Assurément non; il aurait supprimé
extremos. Eh bien I voilà la nuance délicate que ma méthode
met en lumière, en donnant à extremi sa vraie valeur relative.
Je vois bien que cette nuance gêne beaucoup les partisans d'A-
lise-Saibte-Reine, car alors la fameuse phrase du chapitre lxvi :
Quum Cœsar in Sequanos per extremos Lingonum fines iter
faceret, signifierait que César, parti de chez les Sénones, selon
le texte, bords de la Seine, par exemple, marchait vers la
Séquanie par les derniers confins des Lingons, confins les plus
éloignés du point de départ de César, c'est-à-dire qu'il marchait
vers les Séquanes par la Saône supérieure, lorsque Yercîngétorix
vint lui barrer le passage, à 40,000 pas de son camp, et livrer
cette bataille de cavalerie qui détermine l'emplacement d'Alesia
en Séquanie, ce qui est conforme au dire de Plutarque, de Dion
Cassius et de la version grecque 'des Commentaires de César.
Hais qu'y faire? Ce qui est vrai pour V extremos fines des Suèves,
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doit être vrai pour Yextremos fines des LingODS. Cette précision
de César dans Texpression fines, employée à Toccasion des
mouvements de troupes, je la trouve encore dans une phrase du
liv. VI, ch. XXXV : primos Eburonum fines adeunt, à propos
des Sicambres venant du Rhin dans la partie du pays des Ebu-
rons la plus rapprochée d*eux et la plus éloignée de César, qui
se trouve en ce moment vers TEscaut à la poursuite d*Ambiorix.
n est évident que si dans la phrase citée il avait mis le mot fines
seul ou même fines extremos, il y aurait eu ici incertitude au
point de vue mililaire, confusion même, car on n'aurait pas su
par lequel côté des frontières éburonnes arrivèrent les Sicambres,
côté de TEscaut par rapport à César, ou côlé du Rhin par rap-
port aux Sicambres. Admirons avec quelle habileté de style
Tauteur se tire d'embarras en ajoutant à fines le mot primos.
Ainsi, prenant Texemple qu'on m'a opposé, allant d'Espagne en
France, et touchant la frontière française, jo dirais : voilà les
premiers conûns de France, et non pas Y extrême frontière de
France, attachant le sons d'extrémité à l'autre bout de la France,
c'est-à-dire au bout opposé à celui par lequel je pénètre : ce
sont les frontières de Belgique ou derniers confins de France,
par rapport à moi pénétrant par les Pyrénées.
J'ai répondu à toutes les objections; je suis même allé au-
devant de quelques-unes. On le voit : la question d'Alesia est
maintenant soluble. Elle se réduit à deux parties d'un problème
élémentaire de géométrie dont toutes les données sont connues.
On peut poser ainsi ce problème :
\^* partie. Décrire trois circonférences concentriques (contre-
vallation) dont la première égale 44,000 pas (fossé perdu creusé
dans le circuit de Y oppidum), la seconde 44,000 pas (rempart
de la contrevallation), et dont la troisièitae (double fossé de
45 pieds) a un rayon qui est égal à celui de la première, plus
400 pas, ou à celui de la seconde, moins la bonne portée des
traits du rempart.
Ouvrez un compas, et vous trouverez que la bonne portée des
traits de rempart était de 77 pas romains, c'est-à-dire 4 4 3 mètres.
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S* partie. Décrivez du môme point, comme centre, trois
autres circonférences concentriques (circonvallation) qui soient
entre elles dans le môme rapport que les trois premières, et dont
le rajon de la plus petite égale 4 4,000 pas, plus une distance de
600 pas, par exemple (front de six cohortes).
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>
\
V
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L'AUTEL CELTIOUE
DE SAINT-MAXIMIN
Par M. A. DELACROIX
SéABee da !• JbIb !••&.
Aux époques antiques oti la religion consacrait des monu-
ments de pierre vierge, il était tout simple que dans un pays de
calcaires durs, caverneux et accidentés comme ceux du Jura, la
main des hommes ne tentât pas d*élever, par exemple, un
menhir, si haut qu'il fût, près du gigantesque Toum-tâtre de
Clcron ou du Guyon de Fretin , un dolmen à c6té de la Roche
percée d'Avcney, de la Chèse d*Arguel, de la Sotie de Montgesoie,
une allée couverte sur la terre classique des Baumes. Dans les
lieux oh Ton trouvait à chaque pas des réalités grandes et magni-
fiques, il eût été puéril de façonner de chétivès images (']. Le
nombre des monuments celtiques entièrement dressés par l'in-
dustrie humaine devait donc être assez restreint en Séquanie.
On ne les y signale guère que dans ces deux cas : la pierre
branlante et la pierre percée. Encore Tune et l'autre ne sont-elles
remarquées parfois qu'à cause de leurs noms. Quand ceux-ci ont
disparu, l'attention s'est détournée, captivée qu'elle était par les
œuvres plus puissantes de la nature. L'archéologue de Séquanie
doit donc suppléer à cotte inattention générale, et ne rien négUger
pour recomposer chez lui la statistique difficile des monuments
druidiques élevés de main d'homme.
(^) Cf. A. Dblacroix, Unité religieuM» artistique, industrielle et nationale
de toutes les Gaules: dans le Bulletin monumental de M. de Caumont, ann.
1863.
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— 402 —
Nous devons à un intelligent observateur, M. Tinstituteur
Charpy, Tindication d'un dolmen de ce genre situé sur la com-
mune de Trepot, à un myriamètre au sud-est de Besançon.
Comme si, sur une tradition religieuse celtique, avait dû toujours
se superposer une tradition chrétienne, la môme localité renferme
aussi le fameux ermitage de Saint-Maximin dont elle porte du
reste le nom. Ce fut en vain que, dans le siècle dernier, l'autorité
diocésaine restreignit le nombre, alors trop peu choisi, des pèle-
rins, en supprimant la chapelle du saint, la tradition ne périt
point; et, à Theure même oh nous écrivons ces lignes, les reliques
du vénérable évoque descendent solennellement dans un caveau
reconstruit, pour les recevoir, sur remplacement do Tédifice
démoli («).
Dès les plus anciens temps, un chemin naturel partant do
Besançon, par VAbro, dans la direction du haut Jura, et indé-
pendant des villages actuels, sillonnait déjà le Grand-Mont, près
de Trepot et de Foucherans. Sur le côté sud-est dé cette colline,
modeste par ses dimensions, mais qui appartient à une faille
géologique importante, le chemin traversait des pelouses encom-
brées çà et là de pierres brutes et marquées do tumulus. Il laissait
à droite Termita^e, à gauche, sur le mamelon suivant, le dolmen.
Le terrain porte le nom de Cnmmunatix de Saint-Maximin ;
mais une partie est désignée en outre par le lieu dit à V Ange-
Gardien, attendu, disait une vieille femme du pays, qu'il existait
près du chemin une pierre brute représentant le zélé protecteur.
On ne [mt cependant nous montrer la rustique image. C'est dans
l'enceinte si bien nommée que le dolmen se montre, à l'extrémité
d'un véritable champ de pierres éclatantes de blancheur, au milieu
de la verdure des broussailles.
Le monument n'a jamais été perdu de vue par les habitants
de la contrée; mais il ne porte plus que le nom d'un berger^du
village, dont il était l'abri accoutumé :
(^) Saint Maximin, éréqtte de Besançon, protecteur de Foucherans {Dou})s),
par M. l'abbé Sochbt, Besançoa. imp. Dodiirers, lib. Turbergue, 1865. io-12.
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— 403 —
Latitans vicinft, ut sœpe, sub arâ (^).
Les deux assises de Tédifice ont été empruntées aux roches
calcaires du voisinage. La table, s'il est permit d'appliquer ce
mot à UD bloc brut dont toutes les inégalités sont dues à la
nature, étale une surface de 8 à 9 mètres carrés, sur une épais-
seur qui ne dépasse pas 4 '",4 0. Elle repose sur trois autres pierres
non moins brutes, aux angles arrondis et polis en dessus |>ar la
nature, comme il s'en voit communément dans le Jura, et
posées sur leur partie "pla te. Chacun de ces pieds, en raison des
courbures du sommet, touche et supporte la table par un point
unique. On sent, en voyant ces larges bases, qu'il s'agit d'une
construction faite avec des calcaires, et non avec des fragments
de granit qui eussent fourni des piles plus sveltes.
Entre les trois pieds existe un quatrième point d'appui sous le
milieu de la table. Petit, oblong, il est tenu verticalement entre
des blocs, comme serré dans un porte-crayon. On essaya de
frapper du bout d'un bâton ce frêle soutien , qui rendit le son
propre aux colonnes chargées d'un trop grand poids. Le hasard
n'avait été certainement pour rien dans cette combinaison. Mais
quelle avait pu ôtre l'intention des constructeurs? Il ne fut pas
possible de la deviner.
La main de l'homme se montre à l'explorateur dans toutes les
parties du monument quant à ce qui concerne l'arrangement des
pierres, leur édification; mais elle a respecté la structure natu-.
relie de chacune d'elles.
Ainsi, le dessus de la table est sillonné de profondes et larges
rigoles allant du plus haut de la pierre vers le bord le plus bas,
lequel regarde le nord. Le poli des courbures et leur disposition
indiquent ce genre d'érosion par l'eau de pluie que produit le
temps seul. La nature a été sans partage l'artiste de ces bassins
et de ces rigoles, qui rendent le dolmen de Saint-Maximin
remarquable sous ces rapports.
(*) Calpumius Sicnl, Eglog. m, v. 95.
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- Ï04 -
Quels qu'aient été les dissentiments des archéologues sur
Tattribution à donner aux tables de pierres brutes portées sur
des piles, ces monuments ont conservé chez les paysans, en
certains lieux< le nom d'autel. L*aspect de la pierre qui s'élève
sur la pelouse de Y Ange-Gardien, inspire le sentiment d'une
destination en rapport avec l'explication populaire. C'ost bien
Vautel du Deutéronome, que le fer n'aura pas touché, fait de
pierres brutes et non polies.
Les visiteurs du monument ont été, indépendamment de
M. Charpy et de l'auteur de cette notice,' H. Charpy fils, à qui
nous devons le dessin ci-joint, M. Brice Michel, praticien exercé
à juger des roches naturelles, et M. le secrétaire de la Société
d* Emulation.
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DOCUMENTS REUTIFS
CONCOURS REGIONAL AGRICOLE
DE BESANCON
DO 8AMBDI 29 AVRIL AU DIMANCH£ 7 MAI 1865
Mcosiiut *7 poniit
Par M. AUGUSTE GASTAN
Secrétaire de la GommitsioD départementale d'organiiatioa da coDCOurs.
mémmme un ta mal I9«ft.
I.
Introdnction.
Les concours régionaux d'animaux reproducteurs,
d'instruments et produits agricoles, ont été inaugurés
en 1850; mais leur organisation sur des bases larges et
régulières ne date que de 1855. La ville de Besançon
ayant été alors le siège d'un concours régional, on peut
juger, en comparant les chiffres des envois faits en 1 855
avec ceux des envois qui composaient notre récente
exhibition, de l'essor qu'a pris cette institution émi-
nemment féconde.
En 1 855 , la région à laquelle appartenait notre con-
cours comprenait onze départements (la Meuse, la Haute-
Marne, la Côte-d'Or, la Moselle, la Meurthe, les Vosges,
la Haute-Saône, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, le Doubs,
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Gobg
le Jura), et nous n'en avions obtenu que 163 animaux
de l'espèce bovine, 106 de l'espèce ovine, 20 de Tespèce
porcine, 18 instruments d'agriculture et 91 lots de
produits agricoles.
En 1 865, la région s'est trouvée réduite à sept dépar-
tements (la Moselle, la Meurthe, les Vosges, la Haute-
Saône, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, le Doubs), et les
chiffres des inscriptions ont été les suivants :
Taureaux ... 1 64
Vaches .... 335
Béliers .... 76
Lots de brebis . 27
Verrats .... 45
Truies .... 59
Animaux de basse-cour 86
de la région ... 1 76
Animaux de l'espèce bovine
Id. de l'espèce ovine |
Id. de l'espèce porcine |
Instruments d'agriculture . . ■. i , .
° ( hors de la région. 78
Produits agricoles 76 lots.
En 1855, le concours n'avait duré que deux jours, et
los écuries du dépôt d'étalons ainsi que la cour de cet
établissement avaient suffi à son installation.
En 1865, les opérations ont duré neuf jours, et l'ins-
tallation s'est faite dans la promenade du grand Chamars,
dont Timmense superficie se déroule sous les plus ma-
gnifiques dômes de verdure qui se puissent voir.
Les stalles des animaux de l'espèce bovine avaient
été disposées sur trois rangs dans les belles allées qui
s'étendent entre la poudrière et le voisinage du pom.
Cette dernière extrémité du local était occupée par Ie$
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— 407 —
volières de Tespèce galtine, les parcs des espèces ovine
et poroine et la tente des produits agricoles.
L«es machines et instruments d'agriculture étaient
adossés au bassin de la gare et à peu de distance de
celle pièce d'eau.
L'espace intermédiaire, comprenant le jet d'eau de
la promenade et l'exposition de la Société d'horticulture
du Doubs, servait pendant la journée de vestibule au
concours, et se transformait le soir en un salon de
verdure éclairé par le gaz. On a vu jusqu'à dix mille
personnes à la fois y venir écouter nos musiques mili-
taires et jouir de l'aspect féerique des feux de bengale,
des pièces d'artifice et des girandoles en verres de cou-
leur projetant sur la feuillée leurs reflets éblouissants.
Un café-restaurant et un café-buvette servaient des
rafraicliissements dans cette partie de la promenade,
tandis qu'une cuisine de paysan, étabUe près de la tente
des produits agricoles, alimentait les campagnards qui
donnaient leurs soins aux animaux exposés.
L'avenue du petit Chamars était bordée de spectacles
forains et de jeux ambulants; l'administration n'avait
imposé aux propriétaires que l'obligation d'allumer cha-
que soir des lanternes vénitiennes devant leurs façades.
La presse agricole a été généralement très favorable
au concours régional de Besançon. On en jugera par
l'appréciation suivante que nous empruntons au Journal
(T agriculture pratique {^) et qui émane de M. J. A. Barrai,
l'un des maîtres dé la plus utile des sciences :
(>) N« du 5 juillet 1865.
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— <08 —
« Le concours de Besançon, d'après les renseignements qni
ont été donnés sur les cinq autres concours qui avaient lieu ea
môme temps, a été certainement un des plus brillants de la pre-
mière série de 1865. L'espèce bovine surtout y était représentée
de la manière la plus remarquable.
» Il était ouvert aux sept départements du Doubs, de la Haute-
Saône, des Vosges, du Haut et du Bas-Rhin, de la Meurthe et de
la Moselle. C'est une région dont la conformation laisse à désirer;
on ne comprend pas bien comment le Jura n'en fait pas partie,
et on trouve que les départements de la Meurthe et de la Moselle
en sont bien loin et ne devraient pas être séparés de celui de la
Meuse. Il en est résulté que, par exemple, sur les 151 agricul-
teurs ayant amené les 497 têtes de l'espèce bovine exposées, la
grande majorité appartenait au Doubs et à la Haute-Saône, qui
comptaient : le Doubs, 78 exposants ; la Haute-Saône , 46 ; les
autres départements avaient seulement : la Meurthe, 9; le Haut-
Rhin et les Vosges, chacun 7; le Bas-Rhin, 4; la Moselle, 0.
Pour les autres catégories du concours, on trouverait les mômes
résultats, de telle sorte qu'on peut dire que le Doubs et la Haute-
Saône formaient presque exclusivement la solennité, qui était
plutôt un concours franc-comtois qu'un concours de la région du
Nord -Est. Cela arrivera chaque fois que, dans l'organisation
actuelle, le chef-lieu de la fôte sera quelque peu excentrique par
rapport au reste de la région.
» Après le bétail, les instruments formaient un ensemble assez
intéressant, mais les produits laissaient énormément à désirer.
» Somme toute, la promenade de Chamars, sur laquelle le
concours se trouvait placé, était, grâce au beau temps, un lieu
parfaitement choisi pour une solennité de ce genre ; le succès a
été complet et les exemples donnés produiront certainement
beaucoup de bien.
> Le maréchal Forey est venu honorer les fôtes du concours
de sa présence; il a assisté à la distribution des récompenses et
au banquet auquel la ville avait invité les jurés et les lauréats.
» Tout avait été bien organisé par M. Cazeaux, inspecteur
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- 409 —
général de ragriculture» qui sail remplir avec un tact parfait ses
fonctions de commissaire général. Il avait été très bien secondé
par l'administration préfectorale et par la municipalité bisontine,
ainsi que par M. Dutertre, adjoint à l'inspection générale de
ragriculture, et par les autres commissaires du concours : aussi
la satisfaction a été grande, et les vaincus de la lutte ne se plai-
gnaient môme pas, chose bien rare. »
n.
Elirait des procèa-Terbanx du Conseil général dn Donbs
(session de 1864).
Rapport de M, le Préfet.
Le département du Doubs a été désigné pour siège» en 1865,
d*un des douze concours agricoles régionaux ouverts chaque
année à l'agriculture.
Vous savez qu'indépendamment des sommes très importantes
que le ministère de l'agriculture distribue en primes à cette
occasion aux animaux, instruments et produits exposés par toute
la région, il est attribué au département, siège du concours, une
récompense spéciale, dite prime d'honneur, qui est donnée à
l'agriculteur dont l'exploitation est la mieux dirigée et qui a
réalisé les améliorations les plus utiles.
Cette prime d'honneur consiste en une somme de 5,000 fr. et
une coupe d'argent de 3,000 fr.
Une somme de 500 fr. avec des médailles d'argent et de
bronze, est en outre mise à la disposition du jury, pour être
distribuée entre les divers agents de l'exploitation primée.
Les concurrents pour la prime d'honneur ont adressé à la
préfecture, dans le délai réglementaire et dans la forme prescrite
par les instructions, leur demande d'admission au concours ; ils
sont au nombre de 27. La section du jury qui devra statuer sur
la haute récompense à laquelle ils aspirent, a visité, au mois de
juin dernier, les exploitations de tous les concurrents. Son rap-
port est maintenant aux mains du jury.
«K^-ÊXA
— ilO —
En désignant le département du Doubs et la ville de Besançon
comme siège de Texhibition, Son Excellence M. le Ministre de
Tagriculture, par sa dépêche du 8 juin, demande le concours de
la ville et du département pour les dépenses qu'exige la tenue
de cette solennité.
Le Conseil municipal de Besançon , répondant à cet appel , a
voté une somme de 25,000 fr., dont la ville recouvrera une partie
par la perception d'un droit d'entrée à l'exposition.
J'ai pensé que vous n'hésiteriez pas à contribuer avec la ville
à tout ce qui pourra donner de l'éclat à un concours dont notre
département sera à môme de tirer de précieux avantages. M. Je
Ministre m'a fait savoir qu'en pareille situation, le Conseil
général de la Dordogne avait voté 25,000 fr., et celui de l'Eure
30,000 fr.; je vous propose d'ouvrir un crédit de <5,000 fr.,
somme moins élevée, mais proportionnée aux ressources de
notre budget. Cette somme serait mise à la disposition du préfet,
et serait employée principalement à l'organisation des mesures
qui pourraient contribuer à mieux solenniser cette fête agricole.
Délibération du Conseil.
M. le préfet explique au Conseil que le département du Doubs
a été désigné pour siège, en 4865, d'un des douze concours
agricoles régionaux ouverts chaque année à l'agriculture. En
désignant le département du Doubs et la ville de Besançon
comme siège de l'exhibition, Son Excellence M. le Ministre de
l'agriculture a demandé le concours de cette ville et du dépar-
tement du Doubs pour les dépenses qu'exige la tenue de cette
solennité. Le Conseil municipal de Besançon a ouvert, pour cela,
un crédit de 25,000 fr. W. le préfet propose au Conseil général
d'ouvrir un crédit de 15,000 fr. pour le môme objet. Le Conseil
adopte cette proposition cl décide que cette somme sera versée,
à titre de subvention, dans la caisse du receveur municipal, et
que la ville de Besançon restera chargée de tout ce qu'il pourra
y avoir d'aléatoire dans cette entreprise.
Pour donner une solennité convenable à cette fête de l'agri-
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— m —
culture, le Conseil invite H. le préfet à engager toutes les
communes du département à y concourir par des subventions ,
qui seront mises à la disposition de l'autorité municipale de
Besançon.
IIL
Arrêté de Son Excellence le Minlitre de l'agricnlture ,
du commerce et des travaux publics.
Le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'agricullure,
du commerce et des travaux publics,
Vu les arrêtés qui ont jusqu'à ce jour réglé l'institution des
concours régionaux agricoles, les comptes-rendus et les rapports
dont ils ont été l'objet ;
Considérant la nécessité de mettre les dispositions des divers
arrêtés en harmonie avec la nature des récompenses proposées,
le nombre des animaux, des instruments et des produits envoyés
et l'importance croissante dos concours ;
Vu les observations présentées par les différents jurys de ces
exhibitions ;
Les inspecteurs généraux de l'agriculture entendus ;
Sur le rapport du Directeur de l'agriculture,
Arrête :
Art <". Le concours d'animaux reproducteurs, d'instruments
et do produits agricoles, institué chaque année dans la région
comprenant les départements de la Moselle, du Bas-Rhin, de la
Meurthe, des Vosges, du Haut-Rhin, de la Haute-Saône et du
Doubs, se tiendra, en 4865, dans la ville de Besançon.
Art. 2. Une prime d'honneur sera décernée, lors de cette expo-
sition, à l'agriculteur du département du Doubs dont l'exploi-
tation, comparée aux autres domaines ruraux du département
inscrits pour concourir par leurs propriétaires, sera la mieux
dirigée et qui aura réalisé les améliorations les plus utiles et les
plus propres à étro offertes comme exemples.
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— 442 —
Des médailles d*or et d^argent pourront être accordées aux
coDCurrents dont les domaines auront été visités, pour des amé-
liorations partielles déterminées et signalées par eux, telles qu*un
drainage bien entendu, une irrigation habilement tracée, un
heureux aménagement des bâtiments ruraux, un ingénieux arran-
gement des fumiers de la ferme, l'amélioration et la bonne tenue
du bétail, etc., etc.
V DIVISION.
pRon: B'HO]!irsnEiJift«
Art. 3. La prime d'honneur à décerner consistera en une
somme de 5,000 francs,
et une coupe d'argent de la valeur de 3,500 francs.
Art. 4. Une somme de 500' francs, 3 médailles d'argent et
3 médailles de bronze seront mises à la disposition de la première
section du jury, qui pourra les distribuer entre les divers agents
de l'exploitation primée.
!!• DIVISION.
JjraaULUX BEPRODIJ€TEIJBS*
Art. 5. Les prix et les médailles sont répartis de la manière
suivante entre les diverses classes, catégories et sections d'ani-
maux jugés dignes de les obtenir.
l'* CLASSE. — ESPÈCE BOVINE.
1** CalëyoHe. — maee feaiellBe pure.
l» Section. — Animaux n^ depuis le 1« mai 1863 et avant
le 1« mai 1864.
4" prix. Une médaille d'or et 600'
2* prix. Une médaille d'argent et 500
3" prix. Une médaille do bronze et. . . . 400
4* prix. Une médaille de bronze et. . . . 300
2" Section. -^ Animaux néa avant le 1** mai 1863.
1«' prix. Une médaille d'or et 600'
2« prix. Une médaille d'argent et 500
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— 113 —
3* prix. Une médaille de bronze et 400'
4^ prix. Une médaille de bronze et 300
fBMBLLU.
1^ Section. — Génisses nées depuis le l*' mai }86d et avant
le 1" mai 1864, n'ayant pas encore fait veau.
1" prix. Une médaille d'or et 300'
9^ prix. Une médaille d'argent et 250
3« prix. Une médaille de bronze et. . . . 200
4* pnx. Une médaille de bronze et 100
2« Section. -- Génisses nées depuis le l** mai 1862 et avant
le l"* mai 1863, pleines ou à lait.
1*' prix. Une médaille d'or et 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
3* prix. Une médaille de bronze et. . . . 200
4" prix. Une médaille de bronze et 100
3* Section. — Vaches nées avant le l*' mai 1863, pleines ou à lait.
1" prix. Une médaille d'or et 400'
2« prix Une médaille d'argent et 300
3« prix. Une médaille de bronze et 200
4* prix. Une médaille de bronza et 1 00
2« Catégorie, -* mace« ffranç at^etf dlveraetf pare«
autres que la race fémeline,
1'* DIVISION.
«SA]fBB0 SACM.
■ALIS,
l*^" Section. — ÀnimauT nés depuis le 1** mai 1863 et avant
le 1*' mai 1864.
T' prix. Une pédaille d'or et 500'
2« prix. Une médaille d'argent et 400
2* Section. — Animaux nés avant le 1** mai 1863.
1 •' prix. Une médaille d'or et 500' *
2« pnx. Une médaille d'argent et 400
8
— 114 —
fBMIiXU.
1** Section. — Génisses nées depuis le 1** mai 1863 et afont
le 1*' mai 1864, n'ayant pas encore fait yeau*
4'' prix. Une médaille d'or et 200'
2* prix. Une médaille d'argent et 100
3' Section. -- Génisses nées depuis le I** mai 1863 et avant
le 1*' mai 1863, pleines ou à lait.
1 ' prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
3' Section. — Vaches nées arant le 1*' mai 1863, pleines ou à lait.
1" prix. Une médaille d'or et 300'
2« prix. Une médaille d'argent et 200
3* prix. Une médaille de bronze et 100
2« DIVISION.
1'* Section. — Animaux nés depuis le l*' mai 1863 et avant
le 1*' mai 1864.
1 " prix. Une médaille d'or et 500'
2* prix. Une médaille d'argent et 400
3* Section. — Animaux nés avant le 1» mai 1863.
1«^ prix. Une médaille d'or et 500'
2* prix. Une médaille d'argent et 400
FEMELLES.
lr« Section. — Génisses nées depuis le l*' mai 1863 et avant
le 1" mai 1864, n'ayant pas encore fait veau.
1*' prix. Une médaille d or et 200'
2* prix. Une médaille d'argent et 100
8« SiCtion. -- Génisses nées depuis le 1*' mai 1863 et avant
le 1*' mai 1863, pleines ou à lait.
1" prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
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— u& —
3» Section. — Taches nées aranl le 1« mai 186B, pleines ou à lait.
!•' prix. Une médaille d'or et 300'
2« prix. Une médaille d'argent et 200
3* prix. Une médaille de bronze et 400
3* CaUgorie. — m«ee Dorham piire«
{Short homed improved.)
■ALIS.
1" Section. — Animaux nés depuis le 1« mai 1863 et avant
le 1*' mai 1864.
i*' prix. Une médaille d'or et 600'
2« prix. Une médaille d'argent et 500
2* Section. — Animaux nés avant le 1« mai 1863.
4" prix. Une médaille d'or et 600'
2* prix. Une médaille d'argent et 500
fiaiLLU.
l'» Section. — Génisses nées depuis le l*» mai 1863 et avant
le l** mai 1864, n'ayant pas encore /ait veau.
4" prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
2* Section. — Génisses nées depuis le l" mai 1862 et avant
le 1" mai 1863, pleines ou à lait.
1" prix. Une mMaille d'or et 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
^ Section. — Vaches nées avant le 1" mai 1862, pleines ou à lait.
4*' prix. Une médaille d'or et 400'
2« prix. Une médaille d'argent et 300
3* prix. Une médaille de bronze et 200
4* Catégorie, — maee« «alMe^ pure*.
■ALIS.
l"* Section. — Animaux nés depuis le l*' mai 1863 et avant
le !•' mai 1864.
4" prix. Une médaille d'or et 600'
2" prix. Une médaille d'argent et 400
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— 116 —
3* prix. Udo médaille de bronze et ... . 300'
4* prix. Une médaille de bronze et. . . . 300
3* Section. — Inimanx nés avant le l«r mai 1863.
1" prix. Une médaille d'or et 500'
2* prix. Une médaille d'argent et 400
3* prix. Une médaille de bronze et . . . 300
flHILLBS.
1^ Section — Génisses nées depuis le l«r mai 1863 et avant
le 1"' mai 1864, n'ayant pas encore fait veau.
i " prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
2* Section. — Génisses nées depuis le 1** mai 1862 et avant
le 1** mai 1863, pleines ou à lait.
1" prix. Une médaille d'or et 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
3* Section. — Vaches nées avant le !•* mai 1862, pleines on à lait.
i " prix. Une médaille d'or et 400'
2» prix. Une médaille d'argent «t 300
3** prix. Une médaille de bronze et 200
4* prix. Une médaille de bronze et 100
5* Catégorie, -^ maees éiraasères pores
autres que les races Durham et suisses.
UkLSS,
!*• Section. — Animaux nés depuis le !•' mai 1863 et avant
le l*' mai 1864.
1«^ prix. Une médaille d'or et 500'
2** prix. Une médaille d'argent et 400
2* Section. — Animaux nés avant le 1" mai 1863.
1 '' prix. Une médaille d'or et 500'
2* prix. Une médaille d'argent et 400
3^ prix. Une médaille de bronze et 300
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— m —
PEHKLLKA.
!»• Section. — 6ënis5ies nées depuis le !•«• mai 1863 et arant
le 1*"; mai 1864, n'ayant pas encore fait veau.
4" prix. Une médaille d'or el 300'
?• prix. Une médaille d'argent et 200
2* Section. — Génisses nées depuis le !•' mai 1862 et avant
le !«' mai 1863. pleines ou à lait.
^" prix. Une médaille d'or el 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
a» Section. — Vaches nées avant le 1«' mai 1862. pleines ou à lait.
h" prix. Une médaille d'or el 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
3^ prix. Une médaille de bronze et 200
6* Calégorii. — Crolsemeate Dorhani.
MALES.
l'« Section. — Animaux nés depuis le 1** mfti 1863 et avant
le 1'' mai 1864.
\" prix. Une médaille d'or et 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
2* Section. — Animaux nés avant le 1*' mai 1863.
^•••' prix. Une médaille d'or et 400'
2" prix. Une médaille d'argent et 300
PBHBIXB8.
l^ Section. — Génisses nées depuis le 1** mai 1863 et avant
le 1^ mai 1864. n'ayart pas encore fait veau.
<*' prix. Une médaille d'or et 300'
2' prix. Une médaille d'argent et 200
2 Section. — Génisses nées depuis le l«r mai 1862 et avant
le l«r mai 1863, pleines ou à lait.
r*" prix. Une médaille d'or et 400'
2* prix. Une médaille d'argent et 300
3* Section. — Vaches nées avant le l*** mai 1862, pleines ou h lait.
4*' prix. Une médaille d'or et 400'
2* prix. Une njédaille d'argent el . . . . . 8Q0
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— <I8 —
T CÊU§9rie. — r
amtreê que ceux dela€* catégorie.
iM Section. — Aaiinaox oét depuis le 1* nui 1853 et aTast
le 1« mai 1864.
4»' prii. Uoe médaille d'or et 300^
2* prix. Uoe médaille d'argeot et 200
9' SertIoD. — ADimauT Dét avant le 1** mai 1863.
<«' prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
miixit.
l** Seetlon. — Géniiees nées depuis le l*' mai 1863 et avant
le 1" mai 1864, n'ayant pas encore fait veau.
I*' prix. Une médaille d'or et 200'
2* prix. Une médaille d'argent et 400
2« Section. — Génisses nées depuis le l"' mai 1862 et avant
le l*' mai 1863, pleines ou à lait.
<** prix. Une médaille d'or et 300'
2« prix. Une médaille d'argent et . ... 200
3* Section. — Vaches nées avant le 1** mai 1862, pleines ou k lait.
4" prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
II* CLASSE. — ESPÈCE OVINE.
(Les animaux exposés devront être nés avant le l«r mai 1864.)
l'* Caiigorle. — maeea nértBM et ■aélla-niérlBos.
■ALfS.
4*^ prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 250
3* prix. Une m<^daille de bronze et 200
4« prix. Une médaille de bronze et 450
5* prix. Une médaille de bronze et ... . 100
Digitized by VjOOQ IC
— n9 —
(Lots de 5 brebis.)
1»
' prix
Uno médaille d*or et
. 300^
2-
prix.
Une médaille d*argent et
. 250
3»
prix.
Une médaille de bronze et. . .
. 200
4«
prix.
Une médaille de bronze et . . .
. 150
5-
prix.
Une médaille de bronze et. . .
. 400
3« Catégorie, — Sace« pure« Il lalae loasue.
{Dishley, Wurtemhergeoises, etc)
■ALU.
!•' prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
P» ELLES.
(Lots de 5 brebis.)
<•' prix. Une médaille d'or et 300'
2® prix. Une médaille d'argent et . . . . 200
3* Catégorie, -* Saees pure» Il laine charte.
■ALBS.
I»' prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 250
3* prix. Uno médaille de bronze et. . . . 200
4* prix. Une médaille de bronze et 400
flHELLBS.
(Lots de 5 brebis.)
4" prix. Une médaille d'or et 300'
2* prix. Une médaille d'argent et 250
3« prix. Une médaille de bronze et 200
4' prix. Une médaille de bronze et 400
4* Catégorie, — Croisements divers.
MALES.
4*' prix. Une médaille d'or et 300'
2» prix. Une médaille d'argent et 250
3* prix. Une médaille de bronze et 200
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— 120 —
miLtu.
(Lots de 5 brebis.)
!•' prix. Une médaille d'or et 300'
2« prix. Une médaille d'argent et 250
3* prix. Une médaille de bronze et ... . 200
4* prix. Une médaille de bronze et ... . 100
111* CLASSE. — ESPÈCE PORCINE.
(Las animaux exposés devront être nés avant le 1" décembre 1864.)
l^ Catégorie. — Races ladlgèBes
pures ou croisées entre elles,
HiLFS.
^•' prix. Une médaille d'or et 250'
2* prix. Une médaille d'argent et 200
3* prix. Une médaille de bronze et ... . 450
4" prix. Une médaille de bronze et ... . 400
FEUILLES PLEINES 00 tUlTEES*
4" prix. Une médaille d'or et 200'
2* prix. Une médaille d'argent et 450
3* prix. Une médaille de bronze et 425
4* prix. Une médaille de bronze et. .-. . 400
2* Catégorie. — Saee« élrangèretf
pures ou croisées entre elles.
4*' prix.
2» prix.
Une médaille d'or et
250'
Une médaille d'argent et
. 200
3» prix.
Une médaille de bronze et. . .
. 450
4* prix.
Une médaille de bronze et. . .
. 400
5* prix.
Une médaille de bronze et. . .
FEMBLLES PLEiREi OU 8UITÊB8.
80
4 •'prix.
Une médaille d'or et
. 200'
2' prix.
Une médaille d'argent et . . .
. 450
3' prix.
Une médaille de bronze et . . .
. 400
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- m -
4* prix. Une médaille de bronze et. . . . 80'
5* prix. Une médaille de bronze et. . . . 70
3* Catégorie, — Cr^l^enente dlvera
entre races étrangères et races françaises.
■ALIS.
!•' prix. Une médaille d'or et <50'
2* prix. Une médaille d*argent et 100
PUIILLIS PLIIXM OU SUITÎU.
\*' prix. Une médaille d*or et 150'
2« prix. Une médaille d'argent et 100
3* prix. Une médaille de bronze et 80
IV CLASSE. ~ ANIMAUX DE BASSE-COUR.
Une somme do 400 francs, 3 médailles d'argent et 10 médailles
de bronze sont mises à la disposition de la deuxième sous-section
de la deuxième section du jury, pour être distribuées en prix aux
meilleurs lots de volailles et autres animaux de basse-cour.
Chacun des lots de coqs et poules comprendra au moins un
mâle et deux femelles Pour les autres espèces, les lots seront
composés d'un môle et d'une femelle.
Art. 6. Les animaux reproducteurs des espèces bovine, ovino
et porcine, nés et élevés en France, sont exclusivement admis à
concourir. Us devront appartenir à des agriculteurs de la région,
être en leur possession et se trouver dans des étables, bergeries
ou porcheries situées dans la môme région, au moins depuis le
1*' février 1865.
Art. 7. Sont exclus tous les animaux reconnus par la deuxième
section du jury comme ayant atteint un engraissement exagéré,
tous ceux provenant d'achats faits par des sociétés ou comices
agricoles, conseils généraux do départements, et concédés ou
revendus par lesdits conseils, sociétés ou comices.
Art. 8. Un exposant ne pourra recevoir qu'un seul prix dans
chaque section de chacune des catégories; il pourra toutefois pré-
senter autant d'animaux qu'il voudra dans chacune des sections.
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— 122 —
Art. 9. Des mentions honorables, constatées par des certiQcnts
inaprimés et signés par le commissaire général, pourront élro
accordées lorsque plusieurs animaux appartenant au môme pro-
priétaire et présentés, ainsi qu*il est indiqué art. 8, mériteraient
d'être primés, ou lorsque la deuxième section du jury, après
avoir épuisé les récompenses prévues par Tarrôté, trouvera utilo
do signaler des reproducteurs à rallenlion des éleveurs.
Art. 40. Dans le cas oU les animaux qui auront été jugés
dignes des premiers et des seconds prix ne seront pas nés chez
Texposant, une médaille d'or ou d'argent, suivant la nature
des prix, sera décernée à l'éleveur chez lequel seront nés ces
animaux.
Pour justifier du droit à l'obtention de ces médailles, les lau-
réats devront fournir, au commissaire général du concours, un
certificat dont la formule leur sera délivrée au bureau de l'ex-
position.
Art. \ \ . Les animaux primés dans un concours régional pour-
ront toujours concourir ultérieurement dans un concours de In
môme nature ; mais, dans ce cas, ils ne pourront recevoir qu'jim
prix d'un degré supérieur à celui qu'ils auront déjà obtenu dans
la même section.
Si, dans le nouveau concours, ils sont désignés pour le prix
qu'ils ont reçu précédemment, ils n'auront droit qu'^u rappel do
leur prix ,, constaté par un certificat imprimé si^né par le com-
missaire général, et, malgré ce rappel, le prix, s'il est mérité par
un autre concurrent, sera attribué à celui-ci.
Pour rendre possible l'exécution do ces prescriptions, les ani-
maux primés seront marqués.
Art. 42. Les animaux mâles et femelles primés au concours
régional devront être conservés par leurs propriétaires, pour la
reproduction, au moins pendant un an; s'ils sont vendus à dos
tiers, la clause de conservation, pendant l'année qui suivra le
concours, devra être expressément imposée aux acheteurs.
En cas d'inexécution de cette prescription de leur part ou do
celle des tiers détenteurs, les propriétaires d'animaqic primés
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— 423 —
devront être exclus à l'avoDir des concours de TEtat, à moins
qu*ils ne puissent prouver, par un certificat de vétérinaire, léga-
lisé par le maire de la commune, des faits d*accidents ou de
maladies graxes qui auront nécessité une autre destination
donnée à Tanimal primé.
Art. 13. Une somme de 500 francs, quatre médailles d'argent
et six de bronze sont mises à la disposition de la deuxième section
du jury pour être distribuées aux gens à gages qui lui seront
signalés par les lauréats, pour les soins intelligents qu*ils auront
donnés aux animaux primés.
in« DIVISION.
BIACOHIIVES ET OTSTRUlflElirTS AGRICOIiES.
Art. 4 4. Des prix consistant en médailles d*or, d'argent et de
bronze , seront attribués aux machines et instruments agricoles
qui auront élé reconnus les plus utiles, d*après les essais auxquels
devront procéder les doux premières sous-sections de la troisième
section du jury.
Art. 15. Les machines et instruments sont répartis on deux
sections. La première comprendra tous ceux qui appartiennent
è des exposants de la région, et dans la seconde viendront se
placer et concourir entre eux les machines et instruments appar-
tenant à des exposants étrangers à la région.
Deux séries de prix, égales quant au nombre à la nature et à
la valeur des récompenses, correspondront aux deux sections.
Prix prop««éfl pour ehaenne de« deux «eetl«ii«.
I*"* SOUS-SBCTION. — TRAVAUX D*BXTÉRIBUR.
f l^'prix. Une médaille d'or.
^** Charrues l 2« prix. Une médaille d'argent.
V 3* prix. Une médaille de bronze.
^ ^, ,1 1*' prix. Une médaille d'argent.
2«> Charrues sous-sol. - - l ^^ . tt «j h j u
I 2* pnx. Une médaille de bronze.
J l»»^ prix. Une médaille d'argent.
$• Herses | g. p^j^ ^^^ médaille de bronze.
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— 424 —
4» Rouleaux \ ['P""*
I 2* prix.
5® Scarifîcareurs et extirpa- J 4 •'prix,
tours ( 2« prix.
6* Semoirs ........ | ^ ^ . '
I 2* prix.
7® Houes à cheval | ^. . *
I 2* prix.
8* Butteurs Prix unique.
9® Machines à faucher lesf l^'prix.
prairies naturelles ou! 2« prix.
artificielles l 3* prix.
Ç 4*'prix.
40° Machines à faner . • -| 2* prix.
( 3^ prix
ir Râteaux à cheval . . .[ 1" ^^]^'
\ 2* prix.
Î1<" prix.
2* prix.
V 3* prix.
13« Véhicules destinas aux( ^"P"'^*
transports ruraux . .) ^ *
V 3' prix.
M^ Harnais propres aux/ ^''prix.
usages agricoles . . . ( 2* prix.
( '!«'' prix
15* Pompes à purin • • • •{ o. •
<6o Ruches [ TP^!^-
{ 2* prix.
1 7° Collections d*instrum"'» \ ^^
à main pour les travaux f o. •
extérieurs j ^
Une médaille d*argcnt.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d*argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille de bronze.
Une médaille d*or.
Une médaille d'argent.
Une médaille do bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
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— 425 -
2« SOUS-SBCTIOlf. — TRAVAUX D'iNTÉRIIUR.
4* Malaxeurs
2* Machines à fabriquer lesj
tuyaux de drainage . .)
3* Collections d'instruments (
pour le drainage • . . >-
4* Manèges applicables aux^
divers besoins de l'agri- j
culture \
5* Machines à vapeur fixes, >
applicables à la machine I
h battre ou à tout autre l
usage agricole /
6** Machines à vapeur mo-
biles, applicables à la ma-
chine à battre ou à tout
autre usage agricole . .
7** Machines à battre fixes, '^
rendant le grain tout net-
toyé, propre à être con-
duit au marché
8® Machines à battre mo-
biles, rendant le grain
tout nettoyé, propre à
être conduit au marché.
9** Machines à battre fixes,
rendant le grain vanné.
40* Machines à battre mo-
biles, rendant le grain
vanné
4*' prix.
2* prix.
4 «'prix.
2* prix.
3* prix.
4" prix.
2* prix.
\^^ prix.
2* prix.
3* prix.
4" prix.
2« prix.
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
Une médaille
d'argent,
de bronze,
d'or,
d'argent,
de bronze,
d'argent,
de 1)ronze.
d'or. .
d'argent,
de bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
4*' prix.
2* prix.
4" prix.
2* prix.
3» prix.
4" prix.
«• prix.
3* prix.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille d'or.
Une médaille d*argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
Une médaille d'or.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
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— 426 —
44® Machines à battre fixes, ^. , . ,t ,, .„ „
, . . / i^'pnx. Une médaille d argent,
ne vannant m ne en- > ^
, , 12° prix. Une médaille de bronze.
42^ Machines à battre mo-\ ,„ ., .tj n j» .
. / 4" prix. Une médaille d argent,
biles, ne vannant m J ^. ., .. .„ . .
\ 2« prix. Une médaille de bronze.
• ne criblant J
( 4 ««^ prix. Une médaille d'argent.
{ 2* 'prix. Une médaille de bronze.
( 4*' prix. Une médaille d'argent.
44* Cribles et trieurs. . . .) ^, it aa u a u ^^ ^
\ 2' prix. Une médaille de brooze.
( t*^*^ prix. Une médaille d'argent.
<li-Conc8sseursdegramos.[ ^, ^^.^ Une médaille de bronze.
(4" prix. Une médaille d'argent.
46° Coupe-racines J ^, . ^t 'j h j u
^ (.2* prix. Une médaille de bronze.
" ( 4'' prix. Une médaille d'argent.
^ l 2* prix. Une médaille do bronze.
48* Appareils à cuire les'^ .., .. ., ... ,,
^\. . . , / 4" prix. Une médaille d argent,
aliments destmés aux > ^. . .. .j -i, . u
\ 2* prix. Une médaille de bronze,
animaux. ..... .y
.^ ^ ( 4 ''prix. Une médaille d'argent.
49« Barattes | ^ *
2* prix. Une médaille de bronze.
Une médaille d'argent.
Une médaille de bronze.
20« Bascules pour peser les "^ .
, i ^ { 4" prix. Une médaille d argent
animaux et les four- ; ^ .
\ 2* prix
rages '
i 4^' prix. Une médaille d'or.
2* prix. Une médaille d'argent.
3* prix. Une médaille de bronze.
22*Collectionsd'instruments'\ . . ,^ , .„
d'ustensiles d'intérieur T^'''' Une médaille d'argent,
de ferme J P'*^' médaille de bronze.
Il est mis, en outre, à la disposition des deux premières sous-
sections de la troisième section du jury, deux médailles d'or,
six médailles d'argent et douze médailles do bronze, pour les
machines et instruments, à quelque section qu'ils se rattachent,
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— 427 —
non prévus dans le présent programme ou d'un usage local , et
qui seront reconnus utiles à Tagriculture.
Art. 46. Des mentions honorables, constatées par des certi-
ficats imprimés signés par le commissaire général, peuvent élro
accordées lorsque les deux premières sous-sections de la troisième
section du jury, après avoir épuisé, pour les machines et instru-
ments prévus, les récompenses indiquées dans le présent arrêté,
trouveront nécessaire de signaler certains objets exposés à Tat-
lontion des agriculteurs.
Art. 47. Les prix et mentions honorables indiqués dans les
articles 44 et 45 ne devront être décernés qu*à des objets isolég
et dignes d'être recommandés ainsi particulièrement aux agri-
culteurs. Toutefois, dans le cas oU un instrument hors ligne et
d*un mérite exceptionnel paraîtrait pour la première fois au con-
cours, les deux premières sous-sections de la troisième section
du jury pourront le signaler au Ministre , et demander pour
Texposant une médaille grand module.
Art. 48. Les machines et instruments récompensés dans un
précédent concours, soit de la région, soit d*une autre région,
peuvent toujours se présenter de nouveau dans une exposition de
la même nature ; mais si aucune modification notable n'y a été
apportée, ils ne peuvent être admis à obtenir qu'un prix d'un
degré supérieur à celui qu'ils ont déjà mérité.
Si, dans le nouveau concours, ils sont désignés pour le prix
qu'ils avaient précédemment reçu, ils n'ont droit qu'au rappel de
ce prix, constaté par un certificat imprimé, signé par le commis-
saire général. S'ils ne méritent qu'un prix d'un degré inférieur,
ils ne peuvent pas être mentionnés.
Malgré ce rappel, le prix, s'il est mérité par un autre concur-
rent, sera attribué à celui-ci.
Art. 49. Les exposants qui, sans motifs justifiés et admis par
la section du jury, ne présenteront pas les animaux ou instru-
ments et machines déclarés par eux et inscrits au catalogue ,
pourront être exclue du présent concours ou des concours ulté-
rieurs, pendant un temps plus ou moins long fixé par la section.
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— 428 —
qui statuera sur les propositions que devra lui faire à cet égard
lo commissaire géuéral.
IV DIVISION.
PRODUITS AGRICOIil»
ET B1ATIÂBE8 UTILES A l'aGRICULTURE.
Art. 20. Quatre médailles d'or, six d'argent et vingt-quatre
médailles de bronze sont mises i\ la disposition de la troisiènio
sous-section de la troisième section du jury, pour être attribuées
aux produits agricoles et aux matières utiles à l'agriculture admis
au concours, et dont le mérite aura été constaté.
Les produits agricoles et les matières utiles à ragricullure
récompensés dans un concours régional, peuvent toujours se
présenter de nouveau dans une exposition de la même nature ;
mais si aucune modification notable n'y a été apportée, ils ne
peuvent être admis à recevoir qu'un prix d'un degré supérieur à
celui déjà obtenu.
Si, dans le nouveau concours, ils sont désignés pour le prix
qu*ils avaient précédemment reçu , ils n'ont droit qu'au rappel
do ce prix, constaté par un certificat imprimé, signé par le com-
missaire général. S'ils ne méritent qu'un prix d*uQ degré infé-
rieur, ils ne peuvent être mentionnés
Dans l'impossibilité où se trouve le jury d'apprécier, pendant
la durée de l'exposition, la valeur des engrais et amendements,
ces matières ne seront pas admises au concours.
DISPOSITIONS GÉlftRUJtS.
Art. 21. Un jury divisé en sectious et en sons-sections sera
nommé par le Ministre. Il a pour président d'honneur le préfet
du dt partement dàos lequel se tient le concours. Chaque section
et chaque sous-section statue et délibère sur les récompenses
mises à sa disposition par arrêté.
La première section, présidée par Tinspecteur général de
Pagriculture, premier vice-pn^dent do jury, délibère seule et
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— <29 —
sonTerainement sur rattribution de la prime d'honneur. Elle est
ciiargoe de visiter et d*étudior, avant l*époque fixée pour Tou-
verture de Texpositioa, les exploitations concourant.
La deuxième section , présidée par le premier vice-président
du jury, juge 1ns animaux ; elle se divise en doux sous-sections :
la premioro apprécie les animaux do ^esp^ce bovine, et la seconde
ceux dos espèces ovine, porcine et les animaux de basse-cour.
La troisième section, présidée par le deuxième vice-président
du jury, juge les machines, les instruments et les proiluits agri-
coles; elle se sépare on trois sous-soctions : la première statue
sur les machines et inslriimonlsd*extrriour; la seconde, surcoût
d^iniériour; la troisième, sur les produits agricoles et matières
utiles à ragrirulture.
Chaque vicc-présidont dos deuxième et troisième sections peut
diriger, h son choix, les opérations de Tune des sous-sections.
Art. $2. Le jury, dans ses décisions , se conformera stricte-
ment aux règles édictées dans le présent arrêté; il no peut opérer
de virement de prix d*uno catégorie dans une autre catégorie, ni
d'une section dans une autre section, ni établir dos prix ex œquo.
Les- jugements sont prononcés à la majorité des voix. En cas
de parla,/o, la voix du président sera prépondérante.
Aucun membre du jury, ni commissaire no pourra prendre
part au concours en qualité d exposant.
Art. 23. Un commissaire général, un commissaire général
adjoint et des commissaires sont attachés à Texposition pour
recevoir, classer et surveiller les objets exposés, veiller à la
bonne et prompte exécution des opérations du jury.
La police du concours appartient exclusivement au commis-
saire général, qui statue seul on ce qui concerne Tentrée du
public dans les différentes parties de Texposition.
Art. 24. Les frais de conduite et de transport sont supportés
par les exposants, d*après le tarif réduit consenti par les compa-
gnies de chemins de for, h la condition de justifier do l'admis-
sion au concours, en mpr/^sentant la lettre d*avis délivrée par
le Directeur de l'agriculture.
9
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— <30 —
Art. 25. Pour être admis à exposer, on doit adresser au Mi-
nistre de l'agriculture , du commerce et des travaux publics, au
plus tard le SO mars 4865, upe déclaratiou écrite.
Pour les animaux , cotte déclaration contiendra le nom et la
résidence du propriétaire (commune, canton et département); la
catégorie et la section dans lesquelles ils doivent concourir, leur
origine, leur race, leur âge, leur robe, la durée do possession, et
en quel lieu ces animaux ont résidé pendant cette durée.
Pour les instruments, elle indiquera H* le nom et la résidence
de Texposant (commune, cantofi^ et département) ; 2® la désigna-
tion, Tusage et le prix do vente; 3* si Fexposant a importé,
inventé, ou seulement perfectionné, ou enGn s*ii a exécuté ou
fait exécuter, sur des données antérieurement connues, la ma-
chine ou l'instrument exposé; s*il y a lieu, le nom et la résidence
de rouvrier exécutant.
Pour les produits agricoles, la déclaration portera la nature,
la provenance, la quantité et la valeur vénale.
Les exposants d'animaux sont responsables do leurs déclara-
tions; et si, par leur fait et volontairement, les animaux sont
mal classés et reconnus tels par le jury, ils devront être mis hors
concours.
Art. S6. Toute déclaration qui ne sera pas parvenue au mi-
nistère le SO mars 1865, au plus tard, et qui ne contiendra pas,
en caractères lisibles, les renseignements indiqués ci-dessus,
sera considérée comme nulle et non avenue.
Art. 27. Les différentes opérations du concours de Besançon
sont réglées ainsi qu'il suit :
Le samedi 29 aorii. Réception des machines et instruments,
de huit heures du matin à deux heures; classement et montage.
Le lundi ^^' mai. Opérations des deux sous-sections du jury
des instruments qui devront ôtre montés et prêts à fonctionner
dès huit heures du matin.
Le mardi 2 mai. Opérations des deux sous-sections du jury
des instnimenti.
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— 43« —
Le mercredi 3 mai. Es^eis publics dos instraments» jury pré-
sent. — Prix d'enin'e : K franc par personne.
Réception des animaux et des produits agricoles» de huit heures
du ofiatin k midi.
Classomont des animaux et des produits agricoles.
Le jeudi 4 mai. Opérations de la section du jury des animaux.
Opérations de la sous-section des produits agricoles.
Délibération de la section chargée de décerner la prime d'hon-
neur.
Exposition des instruments. — Prix d*entrée : 4 frane par
personne.
Le vendredi 5 mai. Exposition de tout le concours. — Prix
d*entrée : \ franc |)ar personne.
Le samedi 6 mai. Continuation de Texposilion de tout le con*-
cours. — Prix dVnlrée : 50 centimes par personne.
Les droits d'eutrée seront perçus sous la direction exclusive
du commissaire général et au profit de la ville dans laquelle se
tient le concours.
Le dimanche 7 mai. Distribution solennelle de la prime d'hon-
neur et des prix et médailles.
Fermeture de l'exposition à cinq heures du soir.
Art. 28. Aucun animal ni aucun objet no pourra être enlevé
sans la permission préalable du commi.ssaire général.
Les propriétaires d'animaux ou de machines et instruments
primés devront les laisser, s'il y a lieu, à la disposition des com-
missaires pendant toute la journée du lumli.
Art. 29. Toute peri^onno qui sera convaincue d'avoir fait une
fausse déclaration, ou qui aura volontairement détruit ou altéré,
fait détruire ou altérer les marques indiquées en Tarticle H, sera
exclue des concours par le jury pour un temps plus ou moins long.
Art. 30. La coupe d'honneur et les médailles d'or seront re-
mises aux exposants récompensés au moment môme de la pro-
clamation do leurs noms on séance publique, à moins toutefois
que les déclarations et renseignements fournis ne soient pas
jugés sufUsants, auquel cas rajournemont pourra étro prononcé
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— 438 —
par le jury, jusqu'à production de pièces ou explications plus
complètes.
Les médailles d'argent et de bronze seront distribuées le
samedi 6 mai au bureau du commissariat.
Le montant des prix sera, sous la même restriction, payé aux
propriétaires qui les ont obtenus ou à leur fondé de pouvoir
régulier, le jour de la distribution des prix, de trois à six heures,
à la préfecture.
Aucune réclamation de médaille ne sera admise après le
31 décembre 1865.
Art. 31 . Aussitôt après la proclamation de la prime d'honneur
et des prix , le procès-verbal des différentes opérations du con-
cours sera adressé par le commissaire général au Ministre de
l'agriculture, du commerce et des travaux publics.
Fait à Paris, le 31 janvier 4865.
A. BÉHIC.
IV.
Arrêté da Préfet du Donbs.
Nous, Préfet du département du Doubs, commandeur de la
Légion d'honneur,
Vu la décision ministérielle, en date du 28 juillet 4864, qui
désigne la ville de Besançon pour le siège du concours régional
qui doit s'ouvrir en 4865 pour la circonscription dont le dépar-
tement du Doubs fait partie ;
Considérant qu'il est indispensable qu'une commission soit
préposée à l'organisation , non-seulement du concours propre-
ment dit, mais encore à celle d'expositions particulières et de
fôtos publiques qui doivent avoir lieu à l'occasion de cette solen-
nité agricole ,
ARRfiTOlfS :
Art. 4^^ Une commission est instituée sous la présidence du
Préfet du Doubs; elle sera composée ainsi qu'il suit :
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— 433 —
MM. Le Maire de Besançon (') ;
Le Président de la Société d'agriculture (•) ;
Le Président de la Société d'horticulture (•) ;
Le Président de la Société des beaux-arts (*) ;
L'Architecte du département (•) ;
L'Architecte de la ville {•) ;
Le Professeur d'agriculture (') ;
Proodhoit et Gébasd, adjoints;
Castan, archiviste de la ville.
Art. 2. M. lo Maire de Besançon remplira les fonctions de
nce-président de la Commission, et M. Castan celles de secré-
taire.
Art. 3. M. le Maire de la ville de Besançon est chargé de
Texéculion du présent arrêté.
Fait à Besançon, le 27 janvier 1865.
Pastoureau.
Première circulaire da Préfet da Donbs.
Besançon, le 45 février 4865.
A Messieurs les Maires du département.
Messieurs ,
Vous savez que le département du Doubs a été désigné pour
être, on 4865, le siège d'un des douze concours régionaux ou-
verts chaque année à l'agriculture.
lndr*pendammenl de sommes très importantes que le ministère
de Tagriculture distribuera en primes, pour les animaux, instru-
{') M. Clerc de Landresse.
(*} M. Jotes DE Bdssibrre.
;') H. Ch. Grknibr.
(*) M. le baron A. de Fraguieh.
(*) M. SAiNik^nisitT.
(*) M. A. Delacroix.
DM. L.JEAfiirik!«Ol%
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— 434 —
ments M produits divers exposés par toute la région dont Besançon
est le centre, il est réservé au département du Doubs une prioie
d*honneur qui sera donnée au cultivateur dont Texploitation est
la mieux dirigée et qui a réalisé les plus utiles améliorations.
Cette prime d*honneur consiste en une somme do 5,000 francs
et une c^iupe d*argent do 3,000 francs.
Une somme de 500 francs avoc des médailles d*argent a {ié en
outre mise à la disposition du jury pour être distribuée entre les
divers agents de Texploitalion primée.
La tonne du concours occasionnera des dépenses d'autant plus
importantes que Tadministnition a résolu do donner h cette so-
lennité tout Téclat et toute la pom[>e dont Tagriculture lui paraît
digne.
Pour subvenir à ces dépenses. Son Excellence M. le Ministre
de Tagriculture a demandé le concours du département et des
communes.
En votant une somme de 15,000 francs, le conseil général a
fait un appel à toutes les communes, et déjà la ville de Besançon
a ouvert à son budget un crédit de 25,000 francs.
Je ne doute pas, Messieurs les maires, que la voix de vos
représentants au conseil départemental ne soit entendue par
chacun de vous, et je suis persuadé que les conseils munidpaux
comprendront qu*il s*agit d*une fôte purement agricole, à Téclat
de laquelle tous feront contribuer leurs communes, selon Ti tendue
de leurs ressources.
Je vous prie de convoquer les conseils municipaux extraordi-
nairement et à bref délai, et de vouloir bien transmettre les déli-
bérations à intervenir, à la préfecture pour Tarrondissement de
Besançon, et è MM. les^ sous-préfets pour les autres arrondisse-
ments.
Reoevei, Messieurs, Texpression do ma considération distin-
guée.
L$ PrifU du Doubê,
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— 435 —
M.
Danzièmo dronltiro du Préfet du Donbs.
Besançon, le 40 mars 186&
A Me$8i$urs Us Maires et Ileceteurs des communes
du département.
Messieurs»
Dans la circulaire que j*ai eu Thonneur de tous adresser le
45 février dernier, à Toccasion du concours régional agricole
qui va bientôt s'ouvrir à Besançon, je vous ai fait connaître que
le conseil général a fait un appel à toutes les communes du dé*
partement, afin de pourvoir d'une manière convenable et digne
aux dépenses de cette fête de Tagriculture.
Je vous prie de nouveau d'insister auprès de vos conseils pour
le vote d*une allocation proportionnée aux ressources disponibles
de la commune.
J'invite Messieurs les maires en relard è me faire parvenir,
pour le 45 avril prochain, au plus tard, les délibérations de leurs
conseils.
Recevez, Messieurs, l'expression do ma considération distin*
guée.
Le Préfet du Doubs,
Pastouiiâu.
vn.
Programme des opérations et des fêtes.
Le vendredi 28 avril, veille de l'ouverture du concours, une
salve d'artillerie, tirée au coucher du soleil, annoncera la solen-
nité. U y aura ensuite retraite en musique et aux flambeaux.
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— 436 —
PRBHikRI JOURNÉE. — SAMEDI S9 AVRIL.
Réception des machines et instruments, de huit heures du
matin à deux heures. Classement et montage (au Grand-Cha-
mars).
Le public ne sera pas admis h ces op(^rations.
Le soir, à partir de sept heures, le Graud-Chamars, bruluai-
moDt ^clain^, sera livré aux promenours, moycnaant un droit
d'eotrôf de $5 centimes; un orchestre complet y exécutera des
morceaux d*harmonie.
DEUXIÈME JOURFIÉE. — DIMANCHE 30 AVRIL.
La citadelle et ses chemins de rondo seront ouverts aux visi-
teurs, de onze heures du matin à cinq heures du soir.
Les musées de la ville seront rendus publics pendant le mémo
laps de temps.
Le soir, à sept heures, illuminalionf feu d'artifice et musique
au Grand-Chamars; prix d*eutrée : 25 centimes.
TROISIÈME JOURNÉE. — LUNDI l^'^ MAI.
Opérations (non publiques) des d€ux sons-sections du jury
des instruments, gui devront être montés et prêts à fonctionner
dis huit heures du matin (au Grand-Chamars].
Le soir, à sept heures, musique et promenade au Grand-Cha-
mars; prix d^entrée : 25 centimes.
QUATRIÈME JOURNÉE. — MARDI S MAI.
Opérations (non publiques) des deux sous-secti&ns du jury
des instruments (au Grand- Chamars) .
Le soir, à sept heures, musique et promenade au Grand-Cha-
mars; prix d'entrée : 25 centimes.
Retraite en musique et aui flambeaux.
CINQUIÈME JOURNÉE. — MERCREDI 3 MAI.
Essai public des instruments, jury présent (au Polygone et à
la Butte, derrière le dépôt d'étalons) ; prix d'entrée au Polygone :
S5 centtines.
^ r / ^g^oo^y^
— 487 —
Réeeption dês animant et produits agricoles, de huit heures
du malin à midi. Classement des animatuo et des produits agri-
coles lau Grand-Chamars).
Le public ne sera pas admis à ces deux opérations.
Le soir, à sept heures, musique et promenade au Grand-Cha-
mars ; prix d'entrée : 25 centimes.
SIXIÈME JOURNÉE. — JEUDI i MAI.
Opérati ns de la section du jury des animaux; opérations de
la sous-section des produits agricoles; délibération de la section
chargée de décerner la prime d^honneur (au Grand-Chamors).
Le public ne sera pas admis à ces opérations.
Exposition des instruments (au Grand-Chamars); prix d'en-
trée : 50 cenlimos.
Le soir, à sept heures, illumination, feu d* artifice et musique
au Grand-Chamars; prix d'entrée : 25 centimes.
SEPTIÈME JOURNÉE. — VENDREDI 5 MAI.
Exposition de tout le con^iours (au Grand-Chamars); prix
d'entrée : 50 centimes.
Dans l'après-midi, la musique militaire se fera entendre sur
lo lieu du concours.
Le soir, à sept heures, musique et promenade au Grand-Cha-
mars; prix d'entrée : 25 centimes.
HUITIÈME JOURNÉE. — SAMEDI 6 MAI.
Exposition de tout le concours (au Grand-Chamars); prix
d'entrée : 50 centimes.^
Dans l'après-midi, la musique militaire se fera entendre sur
lo lieu du concours.
Le soir, à sept heures, illumination, feu d'artifice et musique
au Grand-Chamars; prix d'entrée': 25 centimes.
NEl MÊME JOURNÉE. — DIMANCOB 7 MAI.
La solennité du jour sera annoncée par une salve d'artillerie.
Exposition publique et gratuite de tout le concours (au
Grand-Chamars).
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— 438 —
Entrée gratuite à l'exposîtioa d*horticuIture, aux musées de la
ville et à rcxposition des Beaux-Arts.
A une heure, le Maire de la ville, les Adjoints, le Conseil mu-
nicipal et la Commission d*organisation du concours, escortés par
la compagnie de sapeurs-pompiers, partiront do TUôtel de Ville
et se rendront à la Pr^*fecture oii seront réunies les notabiliti^s
invitées. M. le Préfet *se rendra ensuite avec le cortège au Grand-
Chamars, pour la distribution solennelle de la prime d*bonneur,
des prix et des récompenses. Les autorités prendront séance sur
une riche estrade tapissée en velours rouge; des estrades latérales
seront disposées pour les lauréats et les invités.
A six heures et demie du soir, aura lieu dans Tintérieur de la
Halle, splendidement éclairé et décoré pour la circonstance, un
banquet do 500 couverts, auquel assisteront les autorités invitées
par Tadministration municipale, les titulaires de la prime d'hon-
neur et des médailles de spécialités, les exposants qui auront
obtenu des médailles d*or et les souscripteurs.
Pendant le banquet, la musique militaire exécutera des mor-
ceaux d'harmonie, et le public sera admis à circuler dans les
deux étages supérieurs des galeries du local.
Dès huit heures du soir, il y aura grande illumination, feu
d'artifice, musique et spectacles dans les deux Chamars, qui
seront gratuitement ouverts au public.
Les exposants, sur la présentation de leurs cartes, entreront
librement à l'exposition des instruments et animaux, ainsi qu'aux
soirées de Chamars. Il en sera de môme pour les délégués des
Sociétés d'agriculture de la région, qui recevront à cet effet des
cartes spéciales.
Uno exposition de peinture et sculpture, organisée par la
Société des Amis des Beaux-Ar|s, et une exposition de fleurs et
arbustes, due aux soins de la Société d'horticulture, demeureront
ouvertes pendant la durée du concours.
Les souscriptions au banquet seront reçues à ^^6tel de Ville;
leur prix est de huit francs.
edby Google
— 439 -
Fait et arrêté, en séance de la Commission (inorganisation du
concours, à THôtel de Ville de Besançon, le 8 avril 4865.
Le Maire, Vice-Président,
Cliic di Làndibssi.
Vu et approuvé par nous, Préfet du d(^partement du Doubs,
président do la Commission d*organisation du concours.
Besançon, le 9 avril 1865.
Pastouiiàv.
La Commission du concours régional a pris, au sujet des cartes
d'entrée libre, les résolutions suivantes :
Il est créé trois catégories de cartes, donnant le droit d'entrer
gratjitement aux expositions d'animaux et d'instruments, ainsi
qu'aux soirées de Chamars, pendant toute la durée du concours:
Cartes blanches, réservées aux fonctionnaires et employés du
concours ;
Cartes bleues, destinées aux exposants, aux représentants des
sociétés agricoles et des journaux.
Cartes vertes, diies d'abonnement, délivrées contre le verse-
ment d'une somme de trois francs.
Cette dernière série sera mise en vente, au secrétariat de
l'Hôtel do Ville, h partir du lundi 2i avril.
Toutes ces cartes sont exclusivement personnelles et ne pour-
ront être prêtées sous peinexie retrait.
Des billets aller et retour, valables du jeudi i au lundi 8 mai,
avec réduction de 30 ^/o sur les [frix du tarif général, seront
délivrés, en destination de Belfort ou de Gray, par les gares du
réseau des chemins de fer de l'Est, points extrêmes compris,
situées :
4* Sur le parcours direct de Strasbourg à Belfort, par Mul-
house;
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— uo —
99 Sur le parcours direct de Melz à Cray, par Port-d* Atelier
et Vesoul, ces deux dernières gan^s comprises;
3* Sur le parcours direct de Langros à Gray, par Chalindrey.
Ces billets ne permettront pas de prendre place dans les trains-
postes et express, et il ne sera accordé de franchise que pour les
bagages portas à la main.
La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la
Méditerranée organisera, pour le dimanche 7 mai, des trains
supplémentaires, partant de Destinçon à onze heures du soir,
dans les directions de Belfort, Auxonne et Lons-le-Saunier.
Ordre dans le^ael me Maeeédereiit le« nmsl^aep mllllalrep.
Vendredi 28 avril. Chasseurs à pied.,. Retraite aux flambeaux.
Samedi 29 avril ... 6* Lanciers (*) Chamars, 8 h, du soir.
Dimanche 30 avril. 6* Lanciers Chamars, 8 h. du soir.
Lundi t«'mai 9(ï* d'Artillerie Chamars, 8 h. du soir.
Mardi 2 mai 20' d'Artillerie Retraite aux flambeaux.
Id Sapeursr Pompiers. Chamars, 8 h. du soir.
Mercredi 3 mai Chasseurs à pied. , Chamars. 8 h. du soir.
Jeudi 4 mai 20* d'Artillerie Chamars, 8 h. du soir.
Vendredi 5 mai.... Chasseurs à pied... Chamars, 3 h. après midi.
Id Sapeurs- Pompiers. Chamars, 8 h. du soir.
Samedi 6 mai 20« d'Artillerie Chamars, 3 h. après midi.
Id Chasseurs à pied... Chamars, 8 h. du soir.
Dimanche 7 mai .. Chasseurs à pied .. Chamars, 1 h. après midi.
Id 20^ d'Artillerie Banquet, 6 h. du soir.
Id Sapeur it- Pompiers. Chamars, 8 h. du soir.
'*) Le 6** régiment de lanciers ayant fait séjour h Besançon les .39 r|
30 arril, son colonel, M. Tripard, notre roropatriute, a grarieuseraent mis
son excellente musique k la diopositioo des organisateurs du coacoure.
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— m —
Vin.
GompoBition dn Jury ai des Commissariats.
JURY.
M. le Préfet du département du Doubs, Président d*honneur.
!'• Seclion, chargée de délibérer eur la prime d'honneur.
MM. Cazeaux, inspecteur général de Tagriculture, premier vice-
président du jury, président de la section.
Petit (René), propriétaire agriculteur, à Vellexon (Haulo-
Saônej, feu Petit, père, lauréat de la prime d*honneur.
Pargon, fermier, lauréat de la prime d'honneur, à Salivai
(Meurtbe).
Altmayer, propriétaire agriculteur, à Saint-Avold (Moselle).
Drouot, propriétaire agriculteur, à Laubressel (Aube).
Ziégler, propriétaire agriculteur, à Soyers (Haute-Marne).
De Westerweller, fermier, lauréat de la prime d'honneur,
à Confrançon (Ain).
Stacklor, propriétaire agriculteur, à Benfold (Bas-Rhin).
Desvignes, propriétaire agriculteur, à la Chapolle-Guin-
chay (Saône-et Loire).
Chauvin, fermier, lauréat de la prime d'honneur, à la
Chaux-Denys (Jura).
Lequin, directeur de la ferme-école deLahayevaux, lauréat
de la prime d'honneur (Vosges).
2« Section, chargée d'apprécier les animaux.
M. Cazeaux, inspecteur général de l'agriculture, premier vice-
président du jury, président do la section.
1" Som-section, pour juger les animaux de Veepèce bovine.
MM. Lippmann, à Strasbourg (Bas-Rhin).
Slœcklin, à Colmar (Haut-Rhin).
Ziégler, maire, à Soyeis (Haute-Marne).
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— u« —
MM. DesTignes, maire, àlaChapelle-Guinchay (Saône-ct-Loire).
Colin, professeur h l'école véli^rinaire d*Alfort.
Mourol, maire, h Amalhay (Doubs).
2* SouS'Section, pour juger les anim^iux des espèces ovine et porcine
et de basse^our,
MM. Dutortre, directeur do la bergerie imp<^riale du Ilaut-Tiogry,
adjoint à Tinspoclion générale de Tagriculturo.
Pelte, propriétaire agriculteur, h Metz (Moselle).
Gréa, propriétaire agriculteur, à Rolalier (Jura).
Lequin, directeur de la ferme-école de Lahayovaux (Vosges).
Jeannenot, professeur d'agriculture, à Besançon.
3* Section, chargée d'apprécier Us instruments
et les produits agricoles»
M. Jules de Bussicrre, président de la Société d^agriculture, k
Besanyon , deuxième vice-président du jury, président de
la section.
l** Sous-section, pour juger les instruments d'extérieur de ferme.
MM. Drouot, à Laubressol (Aube).
Patry, à Cornaton (Ain).
Petit, à Vellexon (Haute-Saône).
Slackler, à Beufeld (Bas-Bhin).
Barthelmé, propriétaire a;^ricultour, lauréat de la prime
d'honneur, à Sand «Bas-Rhin).
Cuvinot, ingénieur du service hydraulique, à Besançon.
2^ Sous-section, pour juger les instruments d'intérieur de ferme,
M.M. Barrai, membre de la Société impériale centrale d'agricul'
ture de France.
Ricot, ingénieur, à Varigney (Haute-Saône).
Romazzotti, h Saint-Appolinaire (Haut-Rhin).
De Westerweller, à Confrançon (Ain).
Maire, ingénieur du canal, à Besançon.
3* Sous-section, pour juger les produits agricoles*
MM. le baron de Tricornot, à Coincy (Moselle).
Hallez d*Arros, à MeU (MoseUe).
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— 4*3 —
MM. Willemot, conseiller à la cour impériale de Besançon,
le comte Morand, membre du conseil gc^néral du Doubs.
Grenier, professeur à la faculté, expert-adjoint, à Besançon.
coaaissABiATs.
Commissariat général.
MM. Cazeaux, inspecteur général de l'agriculture , commissaire
général.
Dutertre, directeur de la bergerie impériale du HautTingry,
adjoint à inspection générale de Tagriculture, commis-
saire général adjoint
Commissariat.
MM. A. Jacquier, ancien répétiteur à Grignon, commissaire
principal aux animaux.
F. Marcon, ancien élève de Grignon, commissaire prin-
cipal aux animaux.
Grandvoinnet, professeur à Grignon, commissaire prin-
cipal des instruments.
Zedde, ancien élève de Grignon , commissaire principal
des instruments.
Lefèvre, directeur de la bergerie impériale des Chambois.
Guimas, directeur du pénitencier d'Ostwald.
Richard, employé au ministère de la maison de TEmpcreur.
P. Voisin, propriétaire agriculteur, près Besançon.
Ëdgard d*Âvout, ancien élève de la Saulsaie.
Gautier, commissaire principal aux produits.
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— 144 —
IX.
Lista des Prix.
I'* DIVISION.
PBI^E II'HOJVIVEIJR.
M. Faucompré , commandant d'artillerie en retraite, au châ-
teau de La Roche, commune de Rigney, arrondissement
de Besançon.
Une somme de 5,000 fr. et une Coupe d'argent de la valeur de S, 500 fr.
Médiill es de ■p^cialllé
décernées aux exploitations rurales concourant à la prime d*honneur.
N. B. Ces médailles étant (Jécornéps pour dos mérites spéciaux,
seraient h tort considi»réos comme des accessits à la prime d'hon-
neur. Le jury a décidé, en conséquence, que les lauréats, dans
chaque catégorie de médailles, seraient classés par ordre alpha-
bétique.
MÉDAILLES D*OR GRAND SODULE.
MM. Bardoux frères, propriétaires, commune d'Orsans. — Pour
création rapide do grandes prairies; pour drainages im-
portants et ordre intérieur do ferme.
Jobez, Charles, à Montorge, commune do Villers-sous-
Chalamont. — Pour grandes améliorations foncières et
emploi persistant d'engrais commerciaux.
Monnot-Ârbilleur , commune de la Chevillollo. — Pour
vastes défrichements, bonne tenue d'étable, fromagerie et
remarquable aménagement de forêts.
MÉDAILLES d'OR.
MM. Cattet, à Prabey, commune de Besançon. — Pour forte
production d'engrais et bon bétail.
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— 445 —
MM. Foroage, commune de Doubs. — Pour culture de plantes
fourragères et emploi d'instruments agricoles perfec-
tionnés.
Vernier, Eugène, commune d'Ouvans. — Pour installation
d'outillage perfectionné et très bons exemples de culture.
GHÀNDES atDAILLES d'aHGBNT.
MM. Bourdin, h la Grange-de-Pierre, commune de Pontarlîer.
— Pour forte proportion de bélail et ordre dans Tialérieur
de la ferme.
Charmoille, à Vemier-Fontaine. — Pour introduction de
prairios artificielles.
Magnin, Donat, à la Grange-des-Pauvres, commune de
Ponlarlier. — Pour ses défrichements laborieux et per-
sistants.
■ÉDAILLES D*À1GBNT.
MM. Billerey, è la Combe-d* Anjou. — Pour mise on culture de
friches d*un accès très difficile.
Jeannin, Eugène, commune de Fleurey. — Pour assai-
nissement de terrains humides.
Legrand, à la ferme de Prévarey, commune de Saint-Juan.
— Pour rimportance de ses défrichements et de ses mar-
nages.
Lorin frères et sœur, commune de Thise. — Pour le bon
choix et le bon entretien de leur bétail.
La commission mentioane honorablement pour les encourager dans la
▼oie du progrès :
MM. Jules^ Billaud, à Montboucon.
Artevelle, à Châtillon-le-Duc.
Bideaud frères, à la ferme de la Grange-du-Pauï, com-
mune de Gonsans.
Paillard, fermier de M. C. Jobez, à Montorge, commune
de Villers-sous-Chalamont.
40
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— 446 —
Ageata «e rexpl«itaU»a «• M. v«a««a*rr<.
Temps
Noms des agents.
Fonctions.
de stjrrice
Médailles.
PriDCS.
M. Tardy Désiré
régisseur
10 ans
1"
d'argent
100 fr.
M-» Tardjr Dorothée
ménagère
3 ans
2«
d'argent
80
Mesëager
comptable
2 ans
»
50
Julea Thomas dit Pudry
l*' chartier
7 ans
1'*
* de bronze
50
PioD Joi>eph
chef de culture
6 ans
3*
d'argent
40
Nicolet EUeone
chauffeur
5 ans
«•
de bronze
30
Preau
porcher
5 ans
3-
de bronze
30
Dieiig Xavier
maître vacher
5 ans
>
30
Haas dit Blaop Blanc
2« vacher
4 ans
»
20
Dierig Antoine
vacher
3 ans
>
15
Tardy Alfred
mécanicien
5 ans
»
20
Nicolet \ictor
2« chartier
2 ans
»
10
Claudel
distillateur
lan
»
10
fioillot père
fromager
6 mois
»
10
Brulemann
chevrier
1 an
>
5
500 fr.
!!• DIVISION.
][ Extrait de l'arrêté ■Ministériel
du 26 janvier 4864.
Art. 7. Sont exclus tous les animaux reconnus par la deuxième
section du jury comme ayant atteint un engraissement exag(^ré.
Art. 8. Un exposant ne pourra recevoir qu*un seul prix dans
chaque section de chacune des catégories ; il pourra toutefois pré-
senter autant d*animaux qu*il voudra dans chacune des sections.
Art 9. Des mentions honorables, constatées par des certificats
imprimés et signés par le commissaire général, pourront être
accordées lorsque plusieurs animaux appartenant au môme pro-
priétaire K présentés, ainsi qu'il est indiqué article 8, mérite-
raient d'être primés, ou lorsque la deuxième section du jury,
après avoir épuisé les récompenses prévues par Tarrété, trouvera
utile de signaler des reproducteurs à l'attention des éleveurs.
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— 447 —
Art. 40. Dans le cas oii les animaux qui auront été jugés
dignes des premiers et dos seconds prix ne seront pas nés chez
Texposant, une médaille d*or ou d*argent, suivant la nature des
prix, sera décernée à l'éleveur chez lequel seront nés ces ani-
maux.
Pour justifier du droit à l'obtention do ces m<^dailles, les
lauréats devront fournir, au commissaire général du concours,
un certificat dont la formule leur sera délivrée au bureau de
l'exposition.
Art. 44. Les animaux primés dans un concours régional
pourront toujours concourir uilc'Tieurcment dans un concours
de Id même nature; mais, dans ce cas, ils ne pourront recevoir
qu'un prix d'un degré supérieur à celui qu'ils auront déjà obtenu
dans la même section.
Si, dans le nouveau concours, ils sont désignés pour le prix
qu'ils ont reçu préccdemment, ils n'auront droit qu'au rappel
de leur prix, constaté par un certificat imprimé, signé par le
commissaire général, et, malgré ce rappel, le pr|x, s'il est mérité
par un autre concurrent, sera attribué à celui-ci.
Pour rendre possible l'exécution de ces prescriptions, les ani-
maux primés seront marqués.
Art. 42. Les animaux mâles et femelles primés au concours
régional devront être conservés par leurs propriétaires, pour la
reproduction, au moins pendant un an; s'ils sont vendus à des
tiers, la clause de conservation, pendant l'année qui suivra le
concours, devra être expressément imposée aux acheteurs.
En cas d'inexécution de cette prescription de leur part ou de
celle des tiers détenteurs, les propriétaires d'animaux primés
devront être exclus à l'avenir des concours de l'Etat, à moins
qu'ils ne puissent prouver, par un certificat de vétérinaire, léga-
lisé par le maire de la commune, des faits d'accidents ou de
maladies graves qui auront nécessité une autre destination don-
née à ranimai primé.
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— 448 —
Am^AmL REPRODIJCrrEIJRS [*).
I'* CLASSE. — ESPÈCE BOVINE.
l'* Catégorie. — Baee feMelIne.
■ALU.
1» Section. — Animanx tiéa depuis le !•' mai 1863 et avant
le l*' mai 1864,
V prix : 600 fr, — N» 20, à ». Parchemioey, à Ancbononcourt
(Haute-Saône).
2* prix : 500 fr. — N* 15, à M. Guéritot, à Equevilley (Haule-
Saône).
3* prix : 400 fr. — N' 22, à M. Mamy, à Conflans (Haute-Saône).
4* prix : 300 fr. — N* 6, à M. Courtois (Louis), à Pusey (Haulo-
Saône).
Mention bonoraUe à toute la catégorie.
Le premier prix sera rëaerré jusqu'à production de pièces eonstatant que
le taureau n'a pas été concédé par une société d'ngriculture (art. 7).
3* Section. — Animaux nés avant le 1** mai 1863.
<•' prix : 600 fir. — N* 36, à M. Vernier père, à Roye (Haute-
Saône).
i* prix : 500 fr. — N* 37, à M. Lamboley, à Vy-lez-Lure (Haule-
Saône).
3* prix : 400 fr. — N*" 45, à M. Harmand, à Fontenay-le-Château
(Vosges).
4* prix : 300 fr. — N"" 89, à H. Vernier (Auguste), à Lure (Haute-
Saône).
Vu l'état d'engraissement du taureau, le 3* prix ne sera payé que dans
six mois.
If Section. — Génisses nées depuis le l*** mai )863 et avant
le l**" mai 1864, n'ayant -pas encore fait veau.
PIMILLU.
4" prix : 300 fr. — N* 77, à M. Grappe, à Charmoîlle (Haute-
Saône).
(') iV. B, Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'or, les
deuxièmes prix d'une médaille d'argent, et tous les autres d'une médaille
de bronze.
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— U9 —
f prix : 250 fr. — N« 64, à M. Guillegoz, directear de la ferme-
6.co\e de Saint-Remy (Haute-Saône).
3« prix : 200 fr. — N» 58, à M. Vernier (Auguste), précité.
4* prix : 400 fr. — N' 79, à M. Lombardiez, à Araagney (Doubs).
Mention honorable : — K^ 55, à M. Courtois (Etienne), à Pusey
(Haute-Saône).
Mention honorable : — N* 71, à M. Guillegoz, précité.
3* Section. — Génisses nées depuis le l*' mai 1862 et avant
le 1*' mai 1863, pleines ou à lait.
!•' prix : 400 fr. — N* 99, à M. Falatieu, à Pont-du-Boîs (Haute-
Saône).
2* prix : 300 fr. — N* 100, à M. Grappe, précité.
3* prix : 200 fr. — N<> 89, à M. le comte de Lenoncourt, à Bus-
sières (Haute-Saône).
4* prix : 100 fr. — N* 95, à M. Spîtzer, à Voray-sur-rOgnon
(Haute-Saône).
3* Section. — Vaches nées avant le l^ mai 1862, pleines ou h lait.
l'^prix : 400 fr. — N" 113, M. Falatieu, précité.
«• prix : 300 fr. — N« 125, M. Durand, à Arc-lez-Gray (Haute-
Saône).
3« prix : 200 fr. — N* 117, M. Rousiot, à Pouilley-les- Vignes
(Doubs).
4' prix : 100 fr. — N* 110, M. Guillegoz, précité.
Mention honorable : — N° 107, M. le comte de Lenoncourt,
précité.
3« Catégorie, — Baee« rranfaloofl diverse* p«re«
autres que la race femeline,
1'* DIVISION.
■ALU.
1» Section. — Animant nés depuis le 1** mai 1863 et arant
le 1*' mai 1864.
I*' prii : 500 fr. — N* 160, à H. Jeandheur, à Ronchamp
(Haute-Saône),
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— 450 —
S* prix : 400 fir. — NHiS, à M. Muller, à ÂDdeloans (Haut-
Rhin).
■ALU.
<•' prix : 500 fr. — N<* 456, à M. Savy, à Champigneule (Meurlhe).
«• prix : 400 fr. — N<» 451, à M. Noël, à HarsauU (Vosges).
■ALU.
2* Section. — Animaux nés arant le l*' mai 1863.
4««- prix : 500 fr. — N** 463, à M Drappier, à Ormos (Meurlhe).
2« prix : 400 fr. — N** 461, à M. Muller, précité.
Rappel de 4«' prix : — N* 464, à M. Henry, à Amont (Haute-
Saône).
4" prix : 500 fr. — N* 162, à M. Vernier (Auguste), précité.
Rappel de 2* prix : — N** 465, à* M. Houberdon, à Uzemain
(Vosges).
1** SiHïtIon. — Génisses nées depuis le l*' mai 1863 et arant
le 1** mai 1^64. n'ayant pas encore fait reau.
4«' prix : 200 fr. — N* 468, à M. Klopfenstein . à Belfort (Haut-
Rhin).
f prix : 400 fr. — N* 472, à M. Barthelmé fils, à Sand (Bas Rhin).
Mention honorable : — N** 4 76, à M. George, à Mirecourt (Vosges).
PBTITB0 BA€B0.
4«'prix : 200 fr. — N* 475, è M. de Scitivaux de Greische, à
Villers-lez-Nancy (Meurthe).
«• Section. — Génisses nées depuis le 1«* mai 1862 et avant
le 1** mai 1863. pleines ou à lait.
4*' prix : 300 fr. — N« 192. à M Gporjje. précité.
t' prix : 200 fr. — N*" 482, à M. Graber (Joseph), à Coatbenans
(Baule-Saône).
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— 451 —
1* prix : 300 fr. — N« 189 . M»«« Pierfilte (Marie et Ursule) , à
Hennecourt (Vosgos).
î* prix : 200 fr. — N* 186, M. Vernier père, précité.
8* Section. — Vaches nées a? aot le l*' mai 186), pleines on à lait.
1*' prix : .300 fr. -^ N^ 204, à M. Graber, précité.
Rappel de 2* prix : — N"" 209, à M. le comte de Lenoncourt,
précité.
«• prix : 200 fr. — N« 193, à M. Vernier (Auguste), précité.
3* prix : 100 fr. — N<» 194, à M. Falatieu, précité.
PBTiTBS wukcmm»
l'' prix : 300 fr. — X« 197, à M. George, précité.
2* prix : 200 fr. — N* 205, à M Kallerlet, à Belfort (Haut-Rhin).
3« prix : 100 fr. — N' 202. à M»«« Pierfille, prt^citées.
Mention honorable : — N*» 208, à M. Noël, précité.
Mentions honorables à toute la catégorie.
3* CMlègotie. — Raeo DarhaBi pare,
{Short homed improved.)
■ALU.
l" Section. — Animaux nés depuis le l«r mai 1863 et avant
le 1*' mai 1864.
I*' prix : 600 fr. — N* 213, à M. André, à Pont-à-Mousson
(Mourthe).
r prix : 500 fr. — N« 2H, à M. George, précité.
3* Section. — Animaux nés avant le 1*' mai 1863.
I*' prix : 600 fr. — Nî»223, à M. de Scilivaux de Greische, précité.
2« prix : 500 fr. — N"" 217, à M. Bresson, à Dommartin (Vosges).
Mentions honorables à toute la catégorie.
piaitxis.
l'* Section. — Génisses n^es depuis le l*' mai 1863 et avant
le 1^ mai 1864, n'nyant pas encore fait veau.
I*' prix : 300 fr. — N« 228. d M. André, précité.
S* frix. : 900 fr. — N*" 325, à H , de Sciti V9U^ de Greische, précité.
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— «2 —
3* Section. » Génisses nées depuis le 1" mai 1863 et arant
le l^ mai 1863, pleines ou à lait.
4*' prix : 400 fr. — N« 233, à M Pasquay, à Wasselonne (Bas-
Rhin).
2« prix : 300 fr. — N« 232, à M. Bresson, précité.
3* Section. — Taches nées a?ant le 1** mai 1863, pleines ou à lait.
1*' prix : 400 fr. — N' 235, à M. Pargon, à Salivai (Meurthe).
Rappel de 2* prix : — N' 239, à M. Bresson, pr<^cit<^.
2' prix : 300 fr. — N* 236, à M. de Scilivaux de Greische, précité.
3« prix : 200 fr. — N» 237, à M. Aubert (Louis), à NeuvUle-sur-
Moselle (Meurthe).
4* Catégorie. — Race* avlMes pvres.
■ALIS.
1^ Section. — Animaux nés depuis le 1** mai 1863 et arant
le 1** mai 1864.
V' prix : 500 fr. — N* 243, à M. Barthelmé fils, précité.
2« prix : 400 fr. — N« 246, à M. MuUer, précité,
3* prix : 300 fr — N* 245, à M. Faucompré, à La Roche, com-
mune de Rigney (Doubs).
4* prix : 200 fr. — N"* 254, è H. Caillods, à Bussurel (Haute-
Saône).
9* Section. — Animaux nés arant le 1" mai 1863.
V' prix : 500 fr. — N« 255, à M. Vernier père, précité.
2« prix : 400 fr. — N« 258, è M. Klopfenstein, précité.
3« prix : 300 fr. — N» 256, à M. Heymann, à Sainle-Croix-en-
Plaine (Haut-Rhin).
!>• SoHioa. — Génissea née« depuis le 1** mai 1863 et avant
le 1** mai 1854. u ajant p«s encore lait rean.
I**prix : 300 fr. — N* 266, à M. Diémer, à Strasbourg (Bas-
Rhin).
a* pnx : 200 fr. — N* 27«, à MM. Bardoox frères, à Orsans
(DoubsK
Menlioa honortUa : — N* 863, k M. Graber Josefih)» précité.
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— 453 —
i* Seetion. — G^nissee aées depoU le 1*' mai 1863 et ayant
le 1** mai 1863, pleines ou à lait.
^" prix : iOO fr. — N» 288, à M. Faucompré, précité.
2* prix : 300 fr. — N» 290, à M. Simplot, à Besançon (Doubs).
3* Section. — Yachee nées a?ant le 1'^ mai 1862. pleines ou à lait.
^•' prix : 100 fr. — N» 294, à M. Faucompré, précité.
2* prix : 300 fr. — N» 298, à M. Bresson, précité.
3* prix : 200 fr. — N» 293, à M. le comte de Lenoncourt, précité.
4» prix : 400 fr — N*» 292, à M. Kalterlet, précité.
Mention honorable : — N* 306, à M. Barlhelmé fils, précité.
5^ Catégorie, — maees éiwmw^èrem pare»
autres que les races Durham et suisses.
» HALIS.
1** Section. — Animaux nés depuis le !•' mai 1863 et aTaot
le 1" mai 18C4.
4»' prix : 500 fr. — N* 323, à M. Graber (Joseph), précité.
2* prix : 400 fr. — N* 320, à M. Monnot-Arbilleur, à la Che-
Tîllotte (Donbs).
Mention honorable : — N® 315, M, Diémer, précité.
S" Section. » Animaux nés avant le !•' mai 1868.
<•» prix : 500 fr. — N* 326, à M. Diémer, précité.
2* prix : 400 fr. — N* 325, à M. Vernier père, précité.
3» prix : 300 fr. — N<> 327, à M. Radat. à Bergheim (Haut-Rhin).
Le prix ne sera payé qu'après six mois sur justification de l'existence
da taureau.
FBHILLU.
l** Section. ~ Génisses nées depuis le l» mai 1863 et arant
le 1*' mai 1864, n'ayant pas encore fait ?eau.
I« prix : 300 fr. — N*» 336, à M. Diémer, prêché.
2^ prix : 200 fr. — N» 330, à M. André, précité.
Les n«* 337 et 329 ont été écartéd pour cause d'engraissement exagéré.
9* Section. — Génisses nées depuis le 1«' mai 1863 et avant
le 1*' mai 1868, pleines ou à lait.
«" prix : 400 fr. — N* 839, à M Diémer, précité.
r prix : 300 fr. — N* 889, à M. André, précité.
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— 464 —
3* Section. — Vaches nées a?ant le l»' mai 1863, pleines ou à lait
^•' prix : 400 fr. — N» 347, à M. Diémer, précité.
S* prix . 300 fr. — N* 345, à M. Graber (Christ) , à Couthenans
(Haute-Saône).
3* prix : 200 fr. — N» 346, à M. Monnot-Arbilleur, précité.
6* Catégorie. — Cr^UeMoaUi Parhani.
HALIS.
1** Section. — Animaux nés depuis le l«r mai 1863 et ayant
le l'^ mai 1864.
4«' prix : 400 fr. — N« 351 , à M. de Scilivaux de Greische, précité.
«• prix : 300 fr. — N« 359, à M. Pargon, précité.
S" Section. — Animaux nés arant le 1« mai 1863.
4«' prix : 400 fr. — N» 36« , à M. Rollet, à Thiaucourt (Meurthe).
2» prix : 300 fr. — N« 365, à M. Pargon, précité.
riHBLLIS.
1** Section. —.Génisses nées dopuis le l*' mai 1863 et arant
le 1" mai 1864, n'ayant pas encore fait veau.
4«' prix : 300 fr. — N« 375, à M. Jobez, à Monlorge (Doubs).
«• prix : 200 fr. — N* 373, à M. Rollet, précité.
2* Section. — Génisses nées depuis le 1« mai 1862 et avant
le l«r mai 1863, pleines ou à lait.
4*' prix : 400 fr. — N" 378, à M. Rollet, précité.
«• prix : 300 fr. — N* 377, à M. Faucompré, précité.
3* Section. — Vaches nées avant le 1" mai 1862, pleines ou à lait.
4" prix : 400 fr — N» 403, à M. Jobez, précité.
2* prix : 300 fr. — N* 393, à M Pargon, précité.
Mention honorable : — N^ 396, à M. André, précité.
7* Ctfegorie. — «^rAlsemeata «iTera
(tutres que ceux de la 6* catégorie.
HALU.
1*« Section. — Animaux nés depuis le 1** mai 1863 et avant
le 1« mai 1864.
4*' prix : 300 fr. — N* 445, à M. Vernier père, précité.
a* prix : 300 fr. — N"» 440, à M. Gulllegoz, précité.
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— 455 -
9* Section. — Animanx nés ayant le 1** mai 1863.
f prix : 300 fr. — N* 42î, à M. Faucompré, précité.
8* prix : 200 fr. — N» 800, à M. Bonnet, à Monlflovin (Doubs).
riHBUU.
1** Section. — Génisses nées depuis le 1*' mai 1863 et ayant
le l** mai 1861, n'ayant pas encore fait veau.
\" prix : 200 fr. — N« 443, à M. Guillogoz, précité.
9r prix : 400fr. — N» 436, à M. Jeanningros, à Courchapon
(Doubs).
Mention honorable : — N*" 442, à M. Hacbotte, à Seichamps
(Meurtho).
2* Section. — Génisses nées depuis le I" mai 1862 et avant
le 1*' mai 1863, pleines ou à lait«
<"prix : 300 fr. — N» 465, à M. Faucompré, précité.
^ prix : 200 fr. — N» 452, à M. Jeanningros, précité.
3* Section. — Vaches nées avant le l**" mai 1862, pleines ou è lait.
4*' prix : 300 fr. — N" 469, à M. Faucompré, précité.
2« prix : 200 fr. — N* 473, à M. Guillegoz, précité.
II* CLASSE. — ESPÈCE OYINS.
(Les animaux exposés devront être nés avant le l*' mai 1864.)
l'* Catégorie, — Saees ■térla** et ■tétls-BtérlBea*
HAL»8.
4*^ prix : 300 fr. — N» 503, à M. Julien, à Marat (Haute-Saône).
2« prix : 250 fr. — N* 502, à M. Guillegoz, précité.
3* prix : 200 fr. — N» 506, à M. Bois, à Fresne-Saint-Mamès
(Hauto-Saône).
4' prix ; non décerné.
5* prix : 400 fr. — N* 507, à M. de Thorey, à ChampliUe ^Haute-
Saône).
FBHILLU.
4" prix : 300 fr. — N' 512, à M. Guillegoz, précité.
V prix : 250 fr. — N» 515, à M. Bois, précité.
3» prix : 200 fr. — N» 513, à M. Julien, précité.
4* prix : non décerné.
5* prix : 400 fr. — N* 546, à M. de Thorey, précité.
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— 456 —
S* Catégorie, •— maeea parcs il lalae ■•■ffue.
{Dishley» WurUmhergeoises, etc.)
■ALB8.
V' prix : 300 fr. — N* 529, à M. Guillegoz, précité.
2* prix : 200 fr. — N** 533, à M. Pargon, à Salivai (Meurfhe).
MentioD honorable : N"" 532, à M. Pargon, précité,
riVELLU.
( Lots de 5 brebis.)
4" prix : 300 fr. — N» 535, à M. Pargon, précité.
2* prix : 200 fr. — N» 539 , à M Boulay, à Jonvelle (Haute-
Saône).
3* Caligorie. — maeea pare* ii lalae e«iirte. •
■ALI8.
^•' prix : 300 fr. — N' 541 , à M. Bois, précité.
«• prix : 250 fr. — N* 5o4, à M. Pargon, précité.
3« prix : 200 fr. — N" 542, à M. Boulay, précité.
4* prix : 400 fr — N* 543. à M. Guillegoz, précité.
Mention honorable : N'^545, à M. Pargon, précité.
FBM ELLES.
( Lots de 6 brebis.)
4" prix : 300 fr. — N» 556, à M. Pargon, précité.
2« prix : 250 fr. — N' 558, à M. Guillegoz, précité.
3* prix : non décerné.
4* prix : Id.
4* Catégorie, — CroUemeaUi «Ivera.
■ ALU.
4*'prix : 300 fr. — N* 580, à M. de Scitivaux de Greische, à
Villers-lez-Nancy (Meurthe).
2« prix : 250 fr. — N» 574, à M. Julien, précité.
3« prix : 200 fr. — N<> 589, à M. Pargon, précité.
Mention honorable : — N* 572, à M. Julien, précité.
Id. N» 575, à M. Julien, précité,
Id. N« 676, à H. Julien, précité.
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— 467 —
Mention honorable : — N* 569, à H. de Scitivaux de Greische,
précité.
F» ELLES.
(Lots de 5 brebis.)
I" prix : 300 fr. — N» 599, à M. Pargon, précité.
2* prix : 250 fr. — N« 597, à M. Julien, précité.
3* prix : 200 fr . — N*> 600, à M de Scitivaux de Greische, précité.
4' prix : 4 00 fr. — N* 598, à H. Brice, à Champigneules (Meurthe).
MeDtiuD honorable : — N^ 596, à H. Guillegoz, précité.
m* CLASSE. — ESP£CE PORCINE.
(Les aoîmauz exposés derrorit être né^ avant le l'' décembre 1864.)
lr« Catégorie. — R«ec0 ladlSèBo»
ptitr€$ ou eraiêées entre eUes,
HALIS.
«•^ prix : médaille d'or et 950 fr. — N** 614, à M. Legrand, è
Saint-Juan (Doubs).
2* prix : médaille d'argent et 200 fr. — N« 640, à M. Berger, è
Vy-lez-Filain (Haute-Saône).
3* prix : médaille de bronze et 450 fr. — N* 604 , à H. Yemier
père, à Roye (Haute-Saône).
4* prix : médaille de bronze et 400 fr. — N* 645, à M. Aubert
(Louis), à Neuviller-sur-Moselle (Heurthe).
PBHILLES PLIItlIS 00 tOITilS.
l'^prix : médaille d'or et 200 fr. — N*» 625, à M. Minary, à
Besançon (Doubs).
^ prix : médaille d'argent et 460 fr. — N« 620, à M. Vernier
père, précité.
3* prix : médaille de bronze et 425 fr. — N' 622, à M. Honnot-
Arbilieur, à la Chevillotte (Doubs).
4' prix : médaille de bronze et 400 fr. — N*> 627, à M. Faucom-
pré, à La Roche, commune de Rigncy (Doubs).
Mention honorable : — N* 648, à M. Vernier père, précité.
Id. N** 624, à M. Aubert (Louis), précité.
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— 468 —
3" Catégorie. — maeea étraagèrMi
pures ou croisées entre eUes.
■ ALE8.
i*' prix : médaille d'or et 250 fr. — N» 642, à M. Harmand, à
Fontenoy-le-Chàleau (Vosges).
2« prix : médaille d'argent et 200 fr. — N' 633, à M. de Scitivaux
de Greische, à Villers-lez-Nancy (Meurlhe).
3* prix : médaille de bronze et 150 fr. — N* 643, à H. Monnot-
Arbilleur, précité.
4« prix : médaille de bronze et 100 fr. — N* 635, à M. André, h
Pont -à-Mousson (Meurlhe).
5« prix : médaille de bronze et 80 fr. — N*» 638, à M. Diémer, à
Strasbourg (Bas-Rhin).
Mention honorable : N^ 650, à M. Faucompré, précité.
PIMILLES PLimiS 00 SUITBBS.
4" prix : médaille d*or et 200 fr. — N* 655, à M. de Scitivaux de
Greische, précité.
2« prix : médaille d'argent et 450 fr. — N^" 670, à M. Diémer,
précité.
3« prix : médaille de bronze et 400 fr. — N'^ 669, à H. André,
précité.
4* prix : médaille de bronze et 80 fr. — N"" 668, à M. Radat, à
Bergheim (Haut-Rhin).
5* prix : médaille de bronze et 70 fr. — N"" 654, à M. Aubert
(Louis), précité.
Mention honorable : — N*» 660, à M. Colignon, à Nancy (Meurlhe).
Id. N^ 662, à M. Robirt, à Seing Haulp-Saône).
Id. N» 665, à M. Pargon, à Salivai (Meurlhe).
Id. N' 667, à M. Radat, précité.
3* Catégorie. — CrAUesteata tflTer»
entre races étrangères et races françaises.
■ALn.
4" prix : médaille d'or et 450 fr. — N« 679, à M. Guignard, à
Scye (Hauie-Saône).
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— 459 —
9" prix : médaille d'argent et 400 fr. — N^ 684» à M. Jobez, à
Mootorge (Doubs).
MeotioD honorable : — N* 680, à M. Bresson, à Dommartin
(Vosges).
fBHILLU PLIlHn 00 SOlTilt.
«"prix : médaille d'or et 450 fr. — N« 699, à M. Guignard,
précité.
î' prix : médaille d'argent et 400 fr. — N"" 689, à M. Bresson,
précité.
3« prix : médaille de bronze et 80 fr. — N*» 696, à M. Jobez,
précité.
Mention honorable : — N* 686, à M. Charpy, à Besançon (Doubs).
Id. N* 696, à M. Âubert (Louis), précité.
Id. N* 700, à M. Faucoœpré, précité.
Id. N"" 704 , à M. Diémer, précité.
Id. N* 704, à M. Glorgét, à Besançon (Doubs) .
IV CLASSE. — ANIMAUX DE BASSE-GOUR.
Médaille d'argent et 40 (r. — N*" 749-724 , à M. Faucompré , à
La Roche, commune de Rigney (Doubs), pour ses boucs et
chèvres.
Médaille d'argent et 10 fr. — N« 727-753, à M. Graber (Joseph),
de Couthenans (Haute-Saône), pour sa collection de volailles.
Médaille d'argent et 40 fr. — N"» 778-788, à M. Vemier, de Roje
(Haute-Saône), pour sa collection de volaiUes.
Médaille de bronze et 30 fr. — N<» 760-769, à M"* veuve Munier,
de Besançon (Doubs), pour sa collection de volailles.
Médailles de bronze et 25 fr. — N* 773-776, à M"« Tardj. de
Rigney (Doubs), pour sa collection do volailles.
Médaille de bronze et 20 fr. — N*" 748, à M. Charpy, de Besançon
(Doubs), pour son lot.
Médaille de bronze et 20 fr. — N* 758, à M. Martin, de Boaj
(Doubs), pour son lot.
HédaiUe de bronze et 20 fr. — N"" 726, à M. Galoche, de Besao-
çon (Doubs), pour son Ipt.
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— «60 —
Médaille de bronze et 20 fr. — N* 757, à H. Mamy, de Conflans
(Haute-Saône), pour son lot.
Médaille de bronze et 30 fr. — N» 722-725, à M"*' Faucompré,
de Besançon ^Doub^), pour sa collection de volailles.
Médaille de bronze et 20 fr. — N^" 772, à M. Séverac, de Saint-
Ferjeux (Doubs), pour son lot.
Médaille de bronze et 20 fr. — N^ 774, à M. RoUet, de Saint-Vit
(Doubs), pour son lot.
M(^daille de bronze et 20 fr. — N^ 789-792, à M. Vemier (Au-
guste), de Lure, pour Fensemble de sa collection.
Mention honorable et \b fr. — N* 7M-715, à M. Cbapuis, de
Cbaron(enay (Haute-Saône), pour l'ensemble de sa collection.
Mention honorable et 1 fr. — N'' 707, à M. Baume, de Besançon
(Doubs), pour son lot
Mention honorable et 10 fr. — N* 708-709, à M Beuffe, d'Auxoa
(Haute-Saône), pour ses lots.
Mention honorable et 10 fr. — N' 740, à M. Buffet, de Saint-Vit
(Doubs), pour >on lot.
Mention honorable et 4 fr. — N* 754-755^ à M. Henry, d*Amont
(Haute-Saône), pour ses lots.
Mention honorable et 5 fr. — N® 777, à M. Thuault, de Conflans
(Doubs), pour son lot.
Mention honorable et 5 fr. — N* 796, à M. Perrin» de Saint-Vit
(Doubs), pour son lot.
IIP DIVISION.
MACWMXE» ET I1VSTRV1IEMT9 A«RI€OIéE9.
Ir* SouS'^uctUm. — TrATans #eslérle«r*
1. Charmes (région).
Rappel de médaille d*or : — MM. Heyiandt et Sitter, à Colmar
(Haut- Rhin), pour la charrue Dombasle n® 85.
^•' prix : médaille d'or. — M. Ecoffet (François), à Echenoz-la-
Méline (Haute-Saônej, pour la charrue n* 49.
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— i61 —
§• prix : médaille d'argent. —M. Nicoley, de Ballenans (Doubs),
pour la charrue n» 133.
3« prix : médaille de bronze. — M. Peugeot (Pierre), à Etupes
(Doubs), pour le n*» 442.
Mention honorable. — M. Bourdin, à Dommartin (Doubs), pour
la charrue n° 31 .
Mention honorable. — Bï. Liechty, à Bourogne (Haut-Rhin) ,
pour le n» 123.
(Hors région.)
1" prix : non décerné.
2* prix : médaille d'argent. — M. Pelot, à Thervay (Jura),
pour le n' 233.
3* prix : médaille de bronze. — M. Longchamp, à Port-Lesney
(Jura), pour la charrue n** 225.
2. Charrues sous-sol (région) .
1*' prix : médaille d'argent. — MM. Heylandtet Sitter, précités,
pour le n* 84.
2* prix : médaille de bronze. — M. Faucompré, à La Roche,
commune de Rigney (Doubs), pour la charrue sous-sol Dom-
basle n* 58.
3. Herses (région).
I*' prix : médaille d'argent. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour la herse n* 86.
2* prix : médaille de bronze. — M. Nicoley, précité, pour la herse
n« 136.
Mention honorable. — M. Faucompré, précité, pour la herse
n»60.
Mention honorable. — M. Nicoley, précité, pour la herse à
mailles n° 1 35.
4. Rouleaux (région).
1" prix : médaille d'argent. — M. Monnot-Arbilleur, à la Che-
villotte (Doubs), pour le rouleau-plorabeur n* 127.
8* prix : médaille de bronze. — M. Faucompré, précité, pour le
rouleau brise-mottes n" 63.
14
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— 462 —
5. Scarificateurs et extirpateurs (région).
♦•'prix : médaille d'argent. — M. Monnot-Arbilleur, précité,
pour le n» 128.
2* prix : médaille de bronze. — M. Faucompré, précité, pour le
n»64.
6. Semoirs (région).
Rappel de médaille d'argent. —MM. Heylandt et Sitler, précités,
pour le semoir Dombasle n® 89.
4*' prix : médaille d'argent. — M. Faucompré, pour le semoir
Dombasle n"" 65.
S* prix : médaille de bronze. — M. Lor, à Besançon (Doubs),
pour son semoir n» \ 26.
7. lloues à chetal (région).
Rappel de médaille d'argent. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour le n® 88.
I*' prix : médaille d'argent. — M. Monnot-Arbilleur, précité,
pour le n» 429.
2* prix : médaille de bronze. — M. Faucompré, précité, pour le
n«66.
8. BuHeurs (région).
i^ prix : médaille de bronze. — MM. Heylandt et Sitler, précités,
pour le n* 404.
Mention honorable. — M. Faucompré, précité, pour le n» 67.
Id. M. Monnot-Arbilleur, précité, p' le n" 4 30.
9. Machines à faucher Us prairies naturelles ou arlificiclles (région.)
4" prix : médaille d'or. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour le n* 92.
2* prix : médaille d'argent. — M. Faucompré, précité, pour le
n*68.
10. Machines à faner (région).
4" prix : médaille d'or. — MM. Heylandt et Sitter, précités, pour
le n» 94.
2* prix : médaille d'argent. — M. Monnot-Arbilleur, précité,
pour le n<* 434.
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— 463 —
11. Bâleatix à cheval (région).
\" prix : médaille d'argent. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour le n® 93.
2* prix : médaille de bronze. — M. Faucompré, précité, pour le
n'eo.
13. Machines à moissonner (région).
Rappel de médaille d*or. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour le n^ 93.
\" prix : médaille d'or. — M. Faucompré, précité, pour le n* 70.
13. Véhicules destinés aux tiansporls ruraux (région).
\^^ et 2" prix : non décernés.
3' prix : médaille de bronze. — M. Barbier, à Besançon (Doubs),
pour son frein automoteur n» 4.
14. Harnais propres aux usages agricoles (hors région).
V prix : non décerné.
2* prix : médaille de bronze. — M. Doyen, rue des Carrières, 8,
à Paris-Batignolles, pour le n* 193.
15. Pompes à purin (région).
<*' prix : médaille d'argent. — MM. Jeannin frères, à Pontarlier
(Doubs), pour le n° 419.
(Hors région.)
4" prix : médaille d'argent. — M. Loiseau, à Bourg (Ain), pour
la pompe n" 222.
16. Bûches (région).
4»'' prix : non décerné.
2' prix : médaille de bronze. — MM. Jeannin frères, précités,
pour leur filtre à miel n** 424.
17. Collections d'instruments à main pour les travaux extérieurs (région).
4" prix : médaille d'argent. — M. Peugeot (Pierre), précité,
pour le n* 443.
Wtkmtmmetkim ■•n prévaa par le pr«fr«HiHie.
Médaille d'argent. — M. Faucompré, précité, pour la défonccuse
Dombasle n^ 57.
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— 464 —
Médaille d'argent. — M. Honnot-Arbilleur, précité, pour son
étaupinoir n"* 132.
Médaille de bronze. — M. Demandre, à Briaucourl (Haule-
Saône), pour sa charrue-semoir n" 44.
Médaille de bronze. — M. Cuvier fils, à Seloncourl (Doubs),
pour la batteuse de faux du système Meyrat, n" 38.
Médaille de bronze. — M. Faucompré, précité, pour son tonneau
à purin n? 1\ .
Médaille de bronze : M. Hudelot, à Beurre (Doubsj, pour son
palissage de vignes n* 114.
Mention honorable. — MM. Heylandt et Sitter, précités, pour
leur ratissoire d'allée n® 410.
Mention honorable. — M. William Walcot, à Paris, pour son
aiguiseur de faux n*^ 248.
2* SouS' section. — Tr«T«az dUnlérlear.
1. Malaxeurs (hors région).
I^'prix: médaille d'argent. — M. Chambrette, à Bèze (Côle-
d'Or), pour le filtre malaxeur n« 169.
2. Machines à- fabriquer les tuyaux de drainage (hors région).
1«' prix : médaille d'or. — M. Chambrette, précité, pour la ma-
chine n* 168.
2* prix : médaille d'argent. — M. Bourcet, à Thervay (Jura),
pour la machine n» 7.
3. Manèges applicables aux divers besoins de V agriculture (région).
1^'prix : médaille d'or. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour le manège n"^ 95.
2* prix : non décerné.
3* prix : médaille de bronze. — M. Liechty, à Bourogne (Haut-
Rhin), pour le manège locomobile n<* 125.
(Hors région.)
1^'prix : médaille d'or. — M. Damey, à Dole (Jura), pour le
manège locomobile n* 186.
2* prix : médaille d'argent. — M. Harter et M"^ veuve Harter,
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— 465 —
à CoIombey-les-deux-Eglises (Haute-Marne), pour le manège
locomobile n*240.
3* prix : non décerné.
4. Machines à vapeur fixes, applicables à la machine à baitre
ou à tout autre usage agricole (hors région).
I" prix : médaille d'or. — M. Damey, précité, pour la machine
à vapeur fixe de la force de cinq chevaux-vapeur, n** 485.
5. Afarhitiej à vapeur mobiles, applicables à la mochitie à battre
ou à tout autre usage agricole (hors rëgioo).
I" prix : médaille d'or. — M. Damey, précité, pour la machine
à vapeur locomobile n* 484.
i^ prix : médaille d'argent. — M. Durenne, à Courbevoie (Seine),
pour la machine n® 196.
6. Machines à battre mobiles, rendant le grain tout nettogi,
propre à être conduit au marché (hors région).
!" prix : médaille d'or. — M. Damey, précité, pour la machine
[)•> 489.
7. iHachinfs à battre fixes, rendant le grain vanné (région).
\^^ prix : médaille d'or, non décerné.
i* prix : médaille d'argent. — M. Rossignot, à Arc (Haute-
Saône), pour la machiue n^ 445.
8. Machines à battre mobiles, rendant le grain vanné (hors région).
Rappel de 4'' prix. — M. Harter et M"*« veuve Harter, précités,
pour la machine n^ 214 .
\^' prix : médaille d'or. — M. Damey, précité, pour la machine
n<* 488.
S* prix : médaille d'argent, non décerné.
3* prix : médaille de bronze, non décerné.
9. Machines à 6a((re fixes, ne vannant ni ne criblant (région).
1«'prix : médaille d'argent. — M. Grandclément, à Moncley
(Doubs), pour la machine nP 79.
î^ prix : médaille de bronze. — M. Rossignot, précité, pour la
machine n° 447.
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— 166 —
(Hors région.)
4*' prix : médaille d*argeDt. — M. Damey, précité, pour la ma-
chine n« 190.
10. Machines à battre mobiles, ne vannant ni ne criblant (région).
1«' prix : médaille d'argent. — MM. Heylandt et Siller, précités,
pour la machine n° 96.
11. Tarares (région).
Rappel de médaille d'argent. — M. Corroy, à Neufcbàt^au
(Vosges), pour le tarare n" 34,
Rappel de médaille d'argent. — M. Laborde, à Arc-lez-Gray
(Haute-Saône), pour le tarare n** 220
Rappel de médaille d'argent. — MM. Heylandt et Sittor, précités,
pour le tarare u? 98 (système Pinet) et le n** 99 (système
Dombasle).
<•' prix : médaille d'argent. — M. Corroy, précité, pour le tarare
n»35.
Rappel de médaille de bronze. — M. Fauchard, à Châtenois
(Vosges), pour le tarare n* 52.
2* prix : médaille de bronze. — M. Amoux, au Bizol (Doubs),
pour le tarare n* 3.
Mention honorable. — M. Girard, à Ouvans (Doubs), pour le
tarare n» 78.
Mention honorable. — MM. Heylandt et Sittor, précités, pour le
Urare n* «00.
Mention honorable. *— M. Baude, à ChampHye (Doubs), pour le
tarare n* H .
(Hors région.)
Rappel de médaille d'argent. — M. Damey, précité, pour le
tarare n* 191.
Rappel de mtMaille d'argent. — M. Vermorel, de Villefranche
(Rhône\ pour le tarare n* 43.
Rappel de médaille d'argent — M. Harter aîné, è Colombey-les-
deux-Bglises iHaute-Mame), pour le tarare n** 206.
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— 467 —
l^piîx : médaille d'argent. — M. Presson, à Bourges (Cher),
pour le tarare n* 238.
2* prix : médaille de. bronze. — M. Vermoroi, précilé, pour le
tarare n° 241.
Mention honorable. — M. Harter atné, précité, pour le tarare
n*» 206.
12. Cribles et trieurs (région).
Rappel de médaille d'argent. — M. Corroy, précité, pour le
trieur Marot n*» 37.
I" prix : médaille d'argent. — M. Faucompré, à La Roche
(Doubs). pour le crible-trieur n* 73.
^ prix : médaille de bronze. — M. Vemier, A Ouvans (Doubs),
pour le trieur n* 1 61 .
(Hors région.)
Rappel de médaille d'argent. — M. Harter atné, précité, pour
le trieur n» 208.
T'prix : médaille d'argent. — M. Presson, précité, pour le
trieur n» 236.
2 prix : médaille de bronze. — M. Vermorel, précité, pour le
crible épurateur n** 244.
13. Concasseurs de graines (région).
I*' prix : médaille d'argent. — MM. Virey et C'% à Saint-Dié
(Vosges), pour le concasseur n° 162.
2* prix : médaille de bronze. — MM. Heylandl et Sitler, précités,
l>our le concasseur aplatisseur n*^ 102.
Mention honorable. — MM. Peugeot frères, à Valentigney
(Doubs), pour le moulin concasseur n^ 139.
14. Coupe-racines (région).
1" prix : médaille d'argent. — MM. Heylandt et Sitter, précités,
pour le coupe-racines n*' 105.
2* prix : médaille de bronze. — M. Rossignot, précilé, pour le
coupe-racines n^ 148.
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J
— 168 —
15. Hache-pallles (région).
1" prix : médaille d'argent. — MM. Heylandt et Sitler, précités,
pour le hache-paille n** 106.
2* prix : médaille de bronze, non décerné.
Mention honorable. — MM. Virey etC*®, précités, pour le hache-
paille n*" 165.
(Hors région.)
I^^'prix : médaille d'argent. — M. Coudor, à Gémeaux (Côte-
d'Or), pour le hache-paille n' 182.
2' prix : médaille de bronze, non décerné.
16. Appareils à cuire les aliments destinés aux animaux (hors région).
I*"" prix : médaille d'argent. — M.. Charles, à Paris, pour son
appareil à cuire les aliments, n® 172.
17. Barattes (légion).
I*»" prix : médaille d'argent, non décerné.
2® prix : médaille de bronze. — M. Faucompré, précité, pour la
baratte rotative n^ 74.
(Hors région.)
Pas do prix décernés.
18. Bascules pour peser les animaux et les fourrages (région).
1«^ prix : médaille d'argent. — M. Gaiffe, à Besançon (Doubs),
pour son appareil à peser le lait, n** 77.
19. Pressoirs (région).
1*' prix : médaille d'or, non décerné.
2* prix : médaille d'argent. — M. Panier, à Buffard (Doubs),
pour le pressoir n** 137.
3' prix : médaille de bronze, non décerné.
iBAlruBieiiU non elasséfl.
( Région .)
Médaille d'argent. — M. Donans, à Besançon (Doubs), pour ses
appareils destinés au règlement des conduits d'eau, n'» 39 à 45.
Médaille d'argent. — MM. Jeannin frères, précités, pour leur
pompe à incendie n^ 116.
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— 469 —
Médaille de bronze. — M Hachnel, à Colmar (Haut-Rhin), pour
le pétrin n® 81 .
Médaille de bronze. — M. André, à Etuz (Haute-Saône), pour les
luiles et briques n'* \ et 2.
Médaille de bronze. — M. Escoffié, à Charcenne (Haute-Saône),
pour les tuiles et briques n®* 60 et 51 .
.Médaille de bronze. — M. Faucompré, à La Roche (Doubs), pour
la collection de seaux n® 76.
( Hors région. )
Rappel de médaille d'argent. — M. Harter aîné, précité, pour
le n" 208.
Rappel de médaille d'argent. — M. Loiseau, à Rourg (Ain),
pour sa pompe à main n'' 224.
Rappel de médaille d'argent. — M. Mesnet, à Cinq-Mars-la-Pile
(ïndre-el-Loire), pour la collection de meules n® 227.
3Iédaille d'argent. — M. Rourcet, précité, pour ses produits de
terre cuite n° 8.
Médaille d'argent. — M. Jossot, à Rèze (Côte-d'Or), pour la
collection de tuyaux de drainage n® 21 4.
Médaille de bronze. — M. Lavie, à Dijon (Côte-d'Or) , pour ses
forges portatives n® 220.
Médaille de bronze. — M. Damey, précité, pour la scie circu-
laire 0^192.
Médaille de bronze. — M. Loiseau, précité, pour sa pompe
à incendie n* 224.
Médaille de bronze. — M. Fronteau, au Mans (Sarthe), pour les
crémoires n" 199 à 201.
Le Jury continue à appeler l'attention de Tadministration su-
périeure sur M. Damey, dont la remarquable fabrique, située à
Dole, rend de très importants services à tous les départements
do l'Est pour la construction des machines à vapeur agricoles,
lises ou locomobiles, dos manèges et des machines à battre; il
signale, en outre, à Son Excellence M. le Ministre de l'agricul-
ture, du commerce et des travaux publics, M. Heylandt, de
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- 170 —
Colmar, dont les progrès sont constants, qui fait chaque année
un nouveau genre d'instruments, et qui cette fois a construit le
premier, en France, une bonne machine à faner, susceptible de
rivaliser avec les machines anglaises.
IV DIVISION.
PRODUITS ACSRieOIil»
ET MATIÈRES UTILES A l'aGRIGULTURE.
MÉDAILLES D*OR.
M. Poignand, à Buthiers (Haulo-Saône\ n® 64, pour ses variétés
de maïs sur tiges et en graines.
M. Hudelot, à Beure, près Besançon, n®50, pour ses travaux
sur la vigne.
MÉDAILLES d'aRGENT.
M. Faucompré, à La Roche, commune de Rigney (Doubs), n** 27,
pour ses fromages.
M. Renaud, à Besançon, n** 58, pour ses laines lavées.
M. le vicomte Chiflet, à Recologne (Doubs), n* 24, pour ses
fromages.
M. Bataillard, à Audeux (Doubs), n®' 4 à 8, pour Tensemble de
son exposition.
MÉDAILLES DE BRONZE.
M. Vianello, n^ 77, à Strasbourg, pour ses kirschs.
M. Bresson, à Dammartin (Vosges), n' 23, pour ses fromages.
M. Noël, à Harsault (Vosges), n* 53, pour ses kirschs.
M. Mauron, à Velct (Haute-Saône), n® 52, pour ses fromages.
MM. Deschaseaux et Godart, à Âillevillers [Haute-Saône], n"* 26,
pour leurs kirschs.
MM. Favre et Jurançon, à Ribeauvillé (Haut-Rhin), n° 44, pour
leurs kirschs.
M. Wild, à Strasbourg, n** 167 (Instruments), pour ses enveloppes
de bouteilles.
Mention honorable à.M. Vianello, n* 77, pour ses vins.
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— ni —
RéeompeDfles «as 0erTltoiir« raranx.
Médaillo d*drgeDt et 50 fr. à Amîez, Auguste, chez M. de Sciti*
vaux de Greische.
Médaille d'argent et 50 fr. k Bourdonnier, Jean, chez M. Diemer.
Médaille d'argent et 50 fr. à Hammer, chez M. Pargon.
Médaille d'argent à Jean-Claude Tisserand, chez M. Guillegoz.
Médaille de bronze et 25 fr. à Perrot, chez M. Faucompré.
Médaille de bronze et 25 fr. à Joseph-Louis, chez M. André.
Médaille de bronze et 20 fr. à Eugène Commès, chez M. Julien.
Médaille de bronze et 20 fr. à Philippe, Jean-C, chez M. Bresson.
Médaille de bronze et 20 fr. à Jean Scherer, chez M. Aubert, L*.
Médaille de bronze et 20 fr. à Emile Begey, chez M. Vernier, A'*.
60 fr. à Jacques Pages, chez M. Guillegoz.
15 fr. à G lasser, chez M. Radat.
<5 fr. à Gras, Jean, chez M. Muller.
15 fr. à Gillmann, chez M. Pasquay.
15 fr. à Antoine Brun, chez M. Rollet.
15 fr. à Bourquin, Pierre, chez M. Joseph Graber.
15 fr. à Beauregard, chez M. Drappier, Jules.
15 fr. à Deschamps, Joseph, chez M. Georges, Louis.
15 fr. à Kohler, chez M. Barthelmé.
10 fr. à Lalose, chez M. Grappe.
10 fr. à Baudry, chez M. le comte de Lénoncourt.
10 fr. à Colas. Constant, chez M"* Ursule Pierfîtle.
10 fr. à Jean-Claude Duprès, chez M. Klopfonstein.
X.
Rapport fait an nom de la section du Jury chargée de délibérer
sur l'attribntion de la prime dlionnenr, par M. René Petit.
Messieurs ,
Je viens, au nom du Jury chargé de visiter les fermes qui ont
concouru pour la prime d'honneur, vous faire connaître le résultat
de ses délibérations. — Vingt-sept candidats étaient en présence,
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— 172 —
et la plupart soumettaient à rexamea de la commission des amé-
liorations dignes de remarque et d'éloges : aussi a-t-elle accordé
à plusieurs concurrents des médailles d'or et d'argent. Ces ré-
compenses ne sauraient être considérées comme des accessits à
la prime d'honneur; elles sont basées sur des spécialités que le
Jury a remarquées, et qu'il signale à l'attention des agriculteurs
du département.
Quelques exploitations n'ont reçu aucune récompense : les
unes ne rentraient pas dans les conditions du programme , et
d'autres étaient d'installation trop récente pour mériter une
distinction particulière.
Le Jury mentionne honorablement, pour les encourager dans
la voie du progrès, M. Jules Billaud, à Montboucon; MM. Bi-
deaud frères, à Gonsans; M. Dartevelle, à Chûtillon-le-Duc, ot
M. Paillard, à Montorge.
Il décerne une médaille d'argent à M. Billerey, de Domprel,
pour des défrichements de terrains d'un accès pénible et leur
mise en culture, ainsi qu'à M. Jeannin, de Fleurey, pour des
assainissements de sol marécageux et des irrigations de prairies.
M. Legrand, de Saint-Juan, a, sur une ferme assez considé-
rable, exécuté d'importants travaux de défrichement, et augmenté
d'une manière notable la production de ses terres; la commission
lui décerne une médaille d'argent.
La môme récompense est accordée à MM. Lorin frères et
sœurs, de ïhise, pour le bon choix et le bon entretien de leurs
animaux.
M. Bourdiû, à la Grange-de-Pierro, commune de Pontarlier,
cultive avec soin et intelligence une ferme dont depuis cent deux
ans sa famille a l'exploitation. Le Jury a remarqué d'une ma-
nière toute spéciale ses étables et l'ordre parfait qui règne dans
l'intérieur de la ferme; il accorde à M. Bourdin une grande
médaille d'argent.
M. Charmoille, cultivateur et maire à Vernierfontaine, a depuis
longtemps donné l'exemple de la culture en grand des prairies
artiûcielles; il a également fait installer dans sa commune une
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— 173 —
tniitière remarquable, qui rend les plus grands services : la
commission lui décerne une grande mc'^daille d'argent.
La même récompense est accordée à M. Donat Magnien, à la
ferme de la Grange-des-Pauvres, près Pontarlier, pour les défri-
ehements qu'il a exécutés avec un courage et une persistance
dignes des plus grands éloges.
M. Cattet, à Praboy, commune de Besançon, présente une
petite exploitation dont la culture est très soignée ; Tordre et le
travail y régnent partout, et les résultats obtenus sont fort
remarquables : la commission décerne à M. Cattet une médaille
d'or pour le bon choix et le nombre de ses animaux , ainsi que
[K)ur les achats d'engrais qu'il fait chaque année.
MM. Fornage frères et sœurs, à Doubs, ont réalisé sur leur
propriété d'heureuses améliorations; ils emploient avec succès
les instruments agricoles les plus perfectionnés, et donnent dans
leur commune des exemples qui malheureusement ne sont pas
assez suivis. Le jury décerne une médaille d'or à cette laborieuse
H patriarchale famille.
Les mômes mérites ont également valu une médaille d'or à
M. Vemier, d'Ouvans, qui s'efforce de montrer qu'on peut, avec
des soins et de l'intelligence, faire produire à un sol ingrat des
récoltes rémun^ratives, et qui a su tirer un heureux parti de ses
torres dont la grêle avait complètement détruit les récoltes.
11 nous reste à vous parler, Messieurs, des quatre agriculteurs
dont les exploitations sont le mieux dirigées, et qu'après une
première visite le Jury avait considérés comme les sérieux con-
currents à la prime d'honneur.
MM. Bardoux frères possèdent, à Orsans, une ferme sur
laquelle ils ont exécuté des travaux très importants dans un
temps assez court. Depuis quatre ans, ils ont entièrement trans-
formé leur propriété; les prés anciens et usés, après avoir été
assainis par le drainage, ont été convertis en champs « tandis
que des prairies nouvelles étaient créées dans les parties basses
et humides. Déjà les heureux effets de ce changement fonda-
mental se sont fait remarquer par une augmentation considérable
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— 474 —
dans les récoltes. Le Jury a visité avec le plus grand intérêt la
propriété de MM. Bardoux, auxquels il accorde une grande
médaille d*or pour des drainages heureusement conçus, la créa-
tion rapide de vastes prairies, et Tordre parfait qui n*a cessé de
présider à toutes leurs opérations agricoles.
Le domaine de Montorge, qu*exploite M. Charles Jobez , est
situé sur les limites du Jura ; les terres sont d'une culture diffi-
cile, et la rigueur du climat compromet souvent les récoltes.
Depuis 4846, M. Jobez s*est appliqué à Tamélioration de sa
propriété, et n'a rien négligé pour Tamener à une plus grande
production. Des parties incultes et humides ont été drainées et
mises en culture , et remploi continu d'engrais commerciaux a
permis d'en obtenir des récoltes satisfaisantes.
Aujourd'hui , le domaine de Montorge entre dans la période
de production , et il est à présumer que les dépenses qui ont été
nécessaires pour arriver à ce résultat seront rémunérées par les
récoltes futures.
M. Jobez, dès 4850, introduisit en Franche-Comté les premiers
animaux Durham, et, depuis lors, cette race donne à Montorge
les meilleurs résultats.
La commission a reconnu en M. Jobez une de ces heureuses
intelligences qui, se consacrant tout entière^à la cause agricole,
ne reculent ni devant les sacrifices, ni devant les essais, dans
l'espoir qu'ils pourront plus tard être utiles à tous.
Le Jury se platt à constater le zèle que M. Jobez n'a cessé
de déployer pour le progrès agricole , et lui décerne une grande
médaille d'or pour ses améliorations foncières et l'emploi per-
sistant d'engrais commerciaux.
M. Monnot-Ârbilleur possède à la Cheviliotte une propriété
considérable dont il exploite lui-même une partie. Depuis long-
temps la terre, ruinée par la mauvaise culture des fermiers, ne
produisait que des récoltes insignifiantes, et était arrivée à un
état d'épuisement tel, qu'il fallut plusieurs années pour réparer
les désastres d'une culture épuisante et arriérée.
H. Monnot s'appliqua à augmenter par des défoncements
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continuels la profondeur du sol, et mit en culture des friches qui
depuis longtemps avaient été abandonnées par les fermiers. Les
étables, agrandies et entièrement réparées, renferment une pro-
portion convenable d'animaux bien choisis et de bonne race; des
bâtiments nouveaux et une fromagerie ont été créés sur des
plans heureusement conçus.
La commission ne saurait trop engager M. Monnot à persé-
vérer dans la marche sage et progressive qu'il a suivie dès le
principe. Elle regrette que les améliorations qu'il a apportées à
son domaine n'aient pas encore donné tous les résultats qu'il est
en droit d'attendre ; mais tout fait espérer que d'ici à peu d'années
la ferme de la Chevillotte pourra soutenir avantageusement la
comparaison avec les plus belles exploitations do la contrée.
Le Jury décerne à M. Monnot-Arbilleur une grande médaille
d'or pour la bonne tenue de ses étables, pour l'heureuse dispo-
sition des aires à fumier, pour sa fromagerie, ses défrichements
importants, et le remarquable aménagement des forêts de son
domaine.
M. Faucompré, commandant d'artillerie en retraite, possède
le château de La Roche, entouré de cent trente hectares, qu'il
exploite depuis 1855; c'est ce domaine que le Jury a placé en
première ligne et auquel il a décerné la prime d'honneur.
M. Faucompré cultive également, depuis 1850, à Busy, près
Besançon, une autre belle propriété, et il a su diri)g;er avec habi-
leté cette double entreprise, malgré les difficultés que présente
la conduite de deux fermes éloignées Tune de l'autre de quarante
kilomètres. La commission s'est spécialement occupée de la
ferme de La Roche, dont l'importance est plus considérable sous
le rapport de l'étendue et des améliorations dont elle a été l'objet.
Avant que M. Faucompré fît l'achat de La Roche, cette ferme
n*avait pas été cultivée avec tous les soins nécessaires et était
arrivée à un état d'épuisement complet. Aujourd'hui, les résul-
tats obtenus sont très satisfaisants; les récoltes donnent de
bonnes moyennes, qui ne peuvent qu'augmenter sous l'influence
d'une culture sage et améliorante.
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— ne —
Les travaux les plus importants ont été exécutés avec soin.
Les bâtiments de la ferme, restaurés et agrandis, présentent
Taspect le plus séduisant. Les étables renferment un magnifique
troupeau de vaches Schwytz et Ayrshires, dont les produits ali-
mentent seuls la fromagerie que M. Faucompré a établie depuis
quatre ans. Les animaux de La Roche sont très remarquables :
déjà, dans de précédents concours, ils ont obtenu de nombreuses
récompenses, et on a pu, à Texposition qui se termine aujour-
d'hui, admirer bon nombre de sujets auxquels le jury a décerné
des prix justement mérités.
Des drainages, commencés en 4856, ont assaini vingt-huit
hectares de terrains humides; et les eaux qui en proviennent,
recueillies dans une vaste citerne de plus de deux cents mètres
cubes, servent a tous les besoins de la ferme.
M. Faucompré emploie les instruments aratoires les plus
perfectionnés, et Ton a pu en remarquer une collection assez
complète à Texposition des instruments de ce concours. On
trouve encore à La Roche d'autres machines dont le transport
n^était pas possible, et qui sont journellement utilisées dans le
double but de la perfection et de la célérité du travail.
M. Faucompré n'a pas craint de consacrer à l'exploitation do
la ferme de La Roche des capitaux importants; mais il faut dire
qu'ils ont été heureusement appliqués, sans prodigalité comme
sans parcimonie.
Une comptabilité, tenue avec détails et de la manière la plus
régulière, témoigne hautement des bénéûces qui, depuis plu-
sieurs années, ont été réalisés, et viennent récompenser le pro-
priétaire des efforts intelligents qu'il a faits pour l'amélioration
de son domaine.
Le Jury a reconnu que la ferme do La Roche est, de toutes les
exploitations qu'il a visitées, la plus complète et celle où les
résultats obtenus sont le plus remarquables. Il a été unanime
pour décerner à M. Faucompré la prime d'honneur, en récom-
pense de la sage et habile direction qu'il a su donner à toutes ses
opérations agricoles.
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Qu'il vienne donc, en présence de cette brillante assemblée,
recevoir d'un des plus hauts dignitaires de l'Empire, dont la
présidence rehausse encore l'éclat de cotte solennité, la plus
belle récompense que l'agriculture puisse accorder à ceux qui
l'honorent et la font fructifier.
XL
Rapport fait an nom de la sons-section dn Jnry chargée d'ap-
précier les animaux de l'espèce bovine, par M. A. Stœcklin.
Messieurs,
L'exhibition de la race bovine, au concours de Besançon,
comprenait 499 animaux; elle était donc, comme vous avez pu
vous en assurer, Tune des plus nombreuses et des plus complètes
de la région. Honneur donc à nos éleveurs!
Le développement, que prennent d'année en année ces exhibi-
tions, est pour nous. Messieurs, un sûr garant de l'utilité de nos
concours. Si, d'un côté, nous y voyons affluer un plus grand
nombre d'rloveurs qui s'adonnent soit à la propagation de races
étrangères ù la région, mais propres à. perfectionner nos races
locales, soit à l'amélioration de nos races indigènes, soit enfin à
l'essai de croisements divers, nous voyons aussi d'année en
année les transactions devenir plus nombreuses : ce qui prouve
que les cultivateurs qui, à l'origine, venaient au concours par
pure curiosité, y sont poussés maintenant par un besoin mieux
senti, celui de choisir des reproducteurs capables d'épurer les
races locales.
Parmi les races propres à améliorer vos races locales, sous le
rapport de la précocité et d'un engraissement plus facile, vous
avez dû remarquer principalement la race Durham, bien repré-
sentée par les beaux élèves de MM. André, de Scitivaux, Bresson,
Pasquay et Pargon. Les beaux croisements exposés par MM. de
Scitivaux, Rollet, Pargon et Jobez , ont pu être pour vous un
utile encouragement, liar ils vous ont montré les résultats que
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'^mm «bCieiKlriez en entrant dans la voie des croisements avec
aOe net privilégiée. Toutes nos races s'en accommodent bien;
•^ îL jes conditions économiques de votre localité demandent la
aiiTcaiMM de la viande, n'hésitez pas à choisir un reproducteur
?Tciii (es races laitières, votre choix est plus grand. Vous
m. adinirer les beaux animaux des races Ayr, hollandaise,
Bormande et suisse, qui sont les races laitières par
S voQs êtes en pays de plaine , avec de bons pâtu-
î TOUS nourrissez à l'étable, choisissez parmi les races
flamande ou normande, très bien représentées, sur-
iK ^ ircxitTe, par les beaux animaux de M. Graber. En pays
e aanaçM, où la nourriture est un peu moin« abondante ,
ks races suisse ou d*Ayr, que caractérisent si com-
les magnifiques sujets sortis des étables de H. Pau-
î exhibition de races locales , celle de la race fémeline
■ fiks nombreuse. Les beaux types exposés par MM. Par-
iBiHiiy, Yemier, Grappe et Falatieu, prouvent qu'avec un
-2 jD&ieux et une alimentation abondante, cette race, habi-
t mal nourrie et chétive, tout en donnant de forts bœufs
; pour le travail et l'engraissement, perd ses défauts
Aussi, tout en admirant la finesse de ces animaux, vous
1 voir un bon nombre ayant la ligne du dos bien hori-
et la cuisse plus remplie; ils étaient généralement bien
z 'A^ santés que ceux des concours agricoles précédents.
T.S' «5 conditions économiques de cette race, qui sont, comme
a.-,s= xfawis dele dire, de produire, avec de petites bêtes irrégu-
-^-^■BUt nourries, de beaux bœufs de travail et de boucherie,
- ^ rrrvaiis devoir vous conseiller de conserver la race pure,
^--- «hîiange, en choisissant bien les reproducteurs.
«.^ HiÔBaax de la vallée de l'Ognon , ainsi que ceux de la
. . jr iB rUsace, assez nombreux à l'exposition, se font remar-
j^rr *a*lrars rapports avec les races suisses dont ils sont issus.
^ ^« nT-^wf* TOUS demanderont de meilleurs pâturages et une
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— m -
nourriture plus abondante ; mais ils vous donneront des bœufs
plus lourds, et vous trouverez parmi eux un grand nombre de
bonnes laitières. Pour ces races, plus que pour la précédente,
différents croisements pourront être avantageux.
Dans les petites races, vous avez pu ren^arquer quelques
beaux sujets bretons très bien conformés. Celte belle petite
race, encore peu répandue, pourrait utiliser avec avantage nos
maigres pâturages des montagnes, et souvent remplacer avanta-
geusement la chèvre.
Cette même catégorie des petites races comprenait encore les
vosgiennes, généralement très fines. Plusieurs beaux sujets,
exposés par M"" Pierfitte, vous prouvent que, bien entretenue et
bien nourrie, cette race, tout en donnant ces petits bœu£s si durs
àia fatigue et si sûrs pour le travail des montagnes, vous four-
nirait aussi d'excellentes laitières.
Notre région. Messieurs, comprend donc, comme vous avez
pu le voir, trois races assez distinctes, toutes trois fort bien
représentées.
La race fémeline, principalement destinée à Télevage de bœufs
de travail et d*un engraissement facile ;
Les races de FOgnon et alsacienne, généralement mieux nour-
ries , destinées à donner des bœufs assez lourds et de plus un
certain produit en lait;
Les races vosgienne et lorraine, généralement plus faible-
ment nourries et plus ou moins développées, destinées à produire
des bœufs durs au travail et à fournir des laitières.
Ces trois races ou sous-races ont toutes leur raison d'être, et
vouloir les transformer de suite serait aussi peu raisonnable que
de vouloir les conserver pures dans toutes les circonstances.
Le temps marche. Messieurs, et avec le temps viennent les
progrès. Les fourrages deviennent plus nombreux et de meil-
leure qualité ; les chemins s'améliorent, les distances s'efTacent,
les besoins changent ; en un mot, les circonstances économiques
ne sont plus les mêmes que par le passé. Il faut donc marcher
avec le temps.
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C'est pour vous facililer cette tâche que le gouvernement a
institué les. concours régionaux. De même que cliacuii c!o vous
peut y trouver les nouvelles machines qui facilitent los amélio-
rations du sol, chacun aussi peut y choisir les dilTércnlos races
d'animaux qui, par les croisements avec les races du pays, ou
l)ar leuf introduction comme nouvelles races, permettront do
pouirvo^r avaAtage|USoment aux besoins nouveiiux de la consom-
mation et aux conditions particulières de telle ou telle culture.
Profilez donc, Messieurs, de ces exhibitions; vous prouverez
par Jô quje l'argent dépensé pour pousser aux progrès de l'agri-
culture est de Targent bien placé.
xn.
stade sur respect boyino aa ctnconrs de Besançon,
par M. J.-A. Barrai (').
L'exhibition des animaux de l'espèce bovine était, à Besançon,
une des plus belles que nous a^'ons vues. On reconnaissait qu'on
était dans le pays jmôme de la race fémeline, que la Franche-
Comté préfère de,pliip,^en plus à la variété dite tourache. On
pouvait constater combien cette race fémehne est améliorée
depuis que les éleveurs savent l'importance d'une bonne confor-
mation, de If^ ûnes^e des membres, de la souplesse de la peau,
comme signes de, la facilité d'engraissement.
En effet, jamais tant d'animaux reproducteurs fémelins n'a-
vaient été réunis ; on en comptait 144, tandis que toutes les
autres races françaises n'offraient toutes ensemble que 65 télés.
C'est la Haule-Saùne qui avait envoyé los plus belles hôtes; il
faudrait citer un grand nombre d'éleveurs pour dire tous ceux
qui s'étaient distingués, et nous ferions ainsi une sorte de répé-
tition de la liste des prix que nous avons déjà insérée. Nous
rappellerons seulement que les meilleurs taureaux fémelins
(V Jonrnal d'agriculture pratique , no du 20 oclobre 1865.
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- m —
rtaicnt exposés par MM. Paroheminey, à ÂDchcnoncourt, et
Vernior père, h Roye; el les meilleures vaches el génisses par
MM. Grappe, à Charmoillc, el Palalieu, à Pont-du-Bois.
Nos lecteurs savent que tous les ans les marchands herbngors,
(lits Flamands, viennent acheter, dans la Franche -Comté, plu-
sieurs milliers de bœufs pobr les engraisseurs des départements
du Nord et de l'Aisne principalement. L'aptitude des fémelins à
bien se mettre en chair explique cette spéculation. Nous avons
vu des élablos ainsi magnifiquement garnies, notamment chez
M. d*Haussy, à Arlos, près de Valenciennes, oh les fémelins
utilisent très bien les pulpes de sucrerie et les drèches de dis-
tillerie, mélangées do fourrages brisés et de tourteaux concassés,
(chaque année, M. Grappe, de Cbarmoille, nous remet une sta-
tistique du nombre de bœufs ainsi exportés. Nous devons encore
à sa complaisance un dernier état intéressant :
Du 10 mai 1863 au 10 mai 186i, il avait été exporté de
Franche-Comté i/iGi bœufs, au prix moyen de 385 fr. l'un,
j)0ur une somme totale de 1,795,640 fr.
Du 10 mai 1864 au 10 mai 1865, l'exportation a porté sur
4^454 bœufs par les chemins de fer, et 196 par voie de terre, en
tout 4,650 bœufs, à 370 fr. l'un, pour une somme totale de
1,720,500 fr.
L'exportation de la dernière année s'est composée ainsi qu'il
suit, selon les heux de provenance :
De Vesoul, Montbozon et autres foires de l'ar-
rondissement de Vesoul . . . 1J 00 bœufs.
De Villersexel , 1,i00
De Lure, Grange et autres lieux de l'arrondis-
sement cfe Lure 100
De Clerval 650
Do risle-sur-le-Doubs 650
De Baume-les-Dames et Vertel 750
Do Besançon et Belfort 200
Total .... 4,650 bœufs.
#B"%gitized by^^Ogle
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On remarquera que, Tannée dernière, le nombre de bœufs
vendus au Nord par la Franche-Comté n'a été inférieur que de
44 à ceux vendus Tannée précédente; mais le prix par tête a
été plus faible de 45 francs, ce qui explique la diminution de
75,440 fr. qu*a subie le total. Cette diminution dans le prix des
bœufs maigres correspond à Tavilissement général de toutes les
denrées agricoles dans la dernière année.
Les engraisseurs du Nord qui ne pourront cette année, à cause
de la fermeture de nos frontières, ordonnée pour empêcher Tin*
vasion du typhus, garnir leurs élables ou leurs herbages avec
des bêtes hollandaises ou belges, viendront probablement en
plus grand nombre dans la Franche-Comté.
Parmi les races françaises diverses qui comptaient 65 têtes au
concours de Besançon , on a surtout remarqué les animaux de
race vosgienne, parmi quelques animaux flamands, bretons,
lorrains.
Les races étrangères comptaient 30 têtes Durham, 82 suisses,
34 hollandaises, allemandes et anglaises diverses; il y avait, en
outre, 55 animaux croisés Durham et 96 croisés de diverses
races. Les meilleurs Durham avaient été envoyés par MH. de
Scitivaux de Greische; André, à Ponl-à-Mousson ; Bresson, à
Dommartin; Pargon, à Salivai; Pasquay, à Wasselonne. Los
meilleurs animaux des races suisses étaient ceux de MM. Faucom-
pré, le lauréat de la prime d'honneur; Diémer, à Strasbourg;
Graber, à Couthenans. Les croisements étaient également bien
représentés, et nous devons signaler encore les «^tables de
MM. Monnot-Arbilleur, à la Chevillotte; Joboz, à Montorge;
Guillegoz, à la ferme école de Saint-Remy; le comte de Lenon-
court, à Bussièros. Notre lisle, nous le répétons, pourrait être
plus longue encore, car le concours de Besançon a montré que
ce pays d'élevage est vraiment dans une excellente voie. C'est là
que sont les meilleures fruitières qu'il nous a été donné d'étudier
avec quelque détail, et sur lesquels nous reviendrons, pour faire
voir les avantages que les agriculteurs peuvent retirer de Tasso-
ciation.
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XIII.
Rapport fait aa nom de la sont-sectioii du Jury chargée d'appré-
cier les animaux des espèces ovine, porcine et galline, par
M. Leqnin.
Messieurs ,
Chargé par mes honorables collègues de vous rendre compte
des travaux de la commission chargée de décerner les prix dans
la deuxième sous-section des animaux (espèces ovine, porcine et
animaux de basse-cour), j*auroi Thonneur. de vous soumettre
aussi brièvement que possible les différentes appréciations qui
ont déterminé le choix du jury dans la distribution des récom-
penses attribuées à cette partie du concours.
Tout d'abord nous avons été frappés du peu d'inscriptions
dans les diverses catégories de la race ovine et de l'infériorité de
la notable partie des animaux présentés. Dans la pensée de votre
commission, la principale cause de cette abstention doit être
attribuée à Téloignement de la majeure partie des départements
composant la région : la Moselle surtout n'ayant rien exposé.
Nous avons également pensé que Télevage des hôtes ovines étant
encore peu répanSu dans le Doubs, cette circonstance avait sur-
tout contribué à diminuer la quantité des lots des hôtes ovines,
qui jusqu'alors avaient beaucoup plus compté dans les concours
qui ont eu lieu depuis sept ans dans notre région.
Six départements, représentés par 36 exposants et 2i i animaux
de différentes races et sous-races achetés et généralement élevés
dans la région, forment l'effectif du concours.
Le -département qui s'est particulièrement signalé, en raison
sans doute de sa proximité du lieu du concours, est celui de la
Haute-Saône , oU dix-huit exposants ont présenté cinquante-trois
lots et ont obtenu seize prix partagés entre cinq exposants : cinq
prix ont été attribués à M. Guiilegoz, directeur de la ferme-école
de Saiot-Remy; quatre à M. Julien, à Marat; trois à M. Bois,
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cultivateur, à Fresne-Saint-Mamès ; deux à M. de Thorey, à
Champlitte; deux enfin à M. Boulay, à Jonvelle.
Ces récompenses prouvent que les cultivateurs intelligents du
département de la Haute-Saône apprécient, à leur juste valeur,
les résultats avantageux de Télevage du mouton sur un sol con-
sacré pour ainsi dire exclusivement jusqu'alors à la spéculation
•des bêtes bovines. Il est à désirer que le succès obtenu par les
éleveurs de moutons de ce département les encourage à pro-
gresser dans cette voie, et que le bon exemple gagne, de proche
en proche, les éleveurs des départements environnants.
Malgré son éloignement, le département do la Mourthe con-
serve sa supériorité bien constatée dans l'élevage et le choix des
bêtes ovines : sur neuf cultivateurs qui ont présenté trente lois,
trois exposants ont remporté le restant des prix décernés pour
cette espèce.
MM. Pargon et de Scitivaux, que vous connaissez d'ancienne
date, ont obtenu huit prix, dont six par le premier dans les six
catégories oîi il avait exposé, et deux prix par M. de Scitivaux
dans les deux catégories où il avait concouru. Un prix a été
mérité par M. Brice, de Champigneules.
Les départements des Vosges, du Haut et du Bas-Rhin et celui
du Doubs, étaient représentés par neuf cultivateurs qui avaient
présenté trente-deux sujets d'une infériorité relative , qui s'est
complètement opposée à la récompense des animaux envoyés
par ces départements.
La première catégorie, race mérinos et métis mérinos, repré-
sentée par quatre béliers et six lots de brebis, laissait beaucoup
à désirer sous le rapport do la conformation et de la finesse de la
laine. La commission, par ces motifs, n'a pu décerner deux des
prix de cette catégorie.
Les races à laine longue, représentées par dix-sept béliers et
six lots de brebis, ne comportaient, pour les mâles, que deux
prix qui ont été attribués aux béliers dishley de MM. Guillegoz
et Pargon.
Les deux prix aux femelles de cette catégorie ont été remportés
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par le môme M. Pargon et par M. Boulay, de Joavelle, pour
doux lots de brebis dishiey, nées sur les exploitations de ces
cultivateurs distingués.
T^ généralité des sujets exposés par les dix autres concurrents
dans CPtte catégorie, sont des croisements avec la race wurtcm-
liergeoise, plus ou moins prononcés, et dont la laine et la struc-
ture laissent beaucoup à désirer.
La catégorie des races pures à laine courte a été mieux repré-
sentée, par la race soulhdown surtout; elle était composée de
onze béliers, dont quatre achetés chez des éleveurs étrangers à la
n^cçion et sept nés chez les exposants primés.
Le premier prix a été remporté par M. Bois, pour son jeune
bélier né chez M. de Bouille; le deuxième par M. Pargon, et le
quatrième par M. Guillegoz, pour les béliers de môme race.
Le troisième prix, dans cette catégorie, a été remporté par le
jeune bélier de race suisse de M. Boulay, de Jonvelle. LMnlro-
duction de celte race mérite également d*ôtre encouragée : elle
possède une partie des qualités qui distinguent la race soutb-
down, rusticité et précocité d'engraissement; pour les habitants
des campagnes, elle serait précieuse, en outre, par la couleur
foncée de la laine, qui peut ôtre employée sans aucune dépense
de teinture.
Le premier prix de femelles de celte catégorie a été attribué à
M. Pargon, pour un lot d'agnelles soulhdown nées chez cet
('xposant, et le deuxième prix à M. Guillegoz, pour un lot d'a-
gnelles de môme race nées chez M. de Thiac; les deux autres
|)rix n'ont pu être discernés, faute de sujets.
Il n*en a pas été ainsi dans la quatrième catégorie, croisements
divers : vingt exposants de six départements ayant présenté
trente-deux béliers et douze lots de cinq brebis, pour les sept prix
iiccordés à celte catégorie toujours extrêmement nombreuse et
malheureusement si variée. Malgré la médiocrité relative d'un
grand nombre de sujets exposés, la commission, Messieurs,
aurait désiré pouvoir donner quelques prix de plus pour récom-
penser des croisements judicieusement faits.
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Dans les béliers, le premier prix a 6lé remporté par le bélier
nnglo-mauchamp-ménnos appartenant à H. de Scitivaux; le
deuxième prix a été décerné au bélier désigné par M. Julien
sous le nom de métis-mérinos-croisé; le troisième prix au bélier
southdown-lorrain appartenant à M. Pargon. M. Julien a égale-
ment obtenu trois mentions honorables pour ses béHers exposés
dans cette môme catégorie. M. de Scitivaux a aussi obtenu une
mention honorable pour un bélier anglo-mérinos-mauchamp.
Nous avons dit, Messieurs, que douze lots de brebis croisées
se disputaient les quatre prix accordés aux femelles de cette
catégorie : le premier prix a été remporté par M. Pargon ; le
deuxième par M. Julien; le troisième par M. de Scitivaux, pour
leurs lots de cinq brebis appartenant aux mômes races que celles
des béliers ci-dessus primés ; le quatrième prix a été remporté
|)ar M. Brice, pour un lot de brebis dishley-mérinos nées chez
cet exposant; une mention honorable a été accordée à AL Guille-
goz, de Saint-Remy (Haute-Saône), pour son lot de brebis métis-
mérinoscroisées.
Dans l'exposition ovine, le jury a remarqué d*une manière
toute spéciale les animaux qu'exposait, hors concours, la bergerie
impériale des Chambois, commune de Champlitte (Haute-Saône),
oii vient d'être transféré l'ancien troupeau de Gevrolles. Un
spécimen des deux races qu'entretient cet établissement figurait
à l'exhibition de Besançon; ce sont : 4* un bélier et cinq brebis
de race mauchamp' pure; 2** un bélier et cinq brebis de race
roauchamp-rambouillet. La race mauchamp a rendu et rend
encore de grands services aux troupeaux mérinos. Les principaux
éleveurs du Ch<ltillonnais et du Dijonnais y ont eu recours depuis
longtemps; et, par l'introduction de ce sang, ils ont amélioré
d'une manière très remarquable la- toison du mérinos , en lui
donnant du brillant et un soyeux tout particulier, ainsi qu'en
allongeant la mèche devenue aussi plus nerveuse.
Le jury a été très heureux de constater ce fait sur les animaux
(xposés à Besançon, et il remercie M. Lefèvre, l'intelligent
liirecteur de la bergerie impériale des Chambois, d'avoir mh
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sous ses jeux se» beaux spécimens des deux races dont nous
venons de parler {*).
Je riens encore, Messieurs, réclamer quelques instants d'in-
dulgence pour vous entretenir de l'espèce porcine qui, à d'autres
titres, se recommande à votre bienveillante attention.
La première catégorie, races indigènes pures ou croisées entre
elles, était composée de douze verrats, dont la plupart étaient
généralement beaux comme types de la race du pays. Nous
avons accordé le premier prix à un verrat bressan appartenant
à M. Legrand, à Saint-Juan (Doubs); le deuxième prix à M. Ber-
ger, à Vy-lez-Filain (Haute-Saône); le troisième à M.* Vernier
père, à Roye (Haute-Saône) ; le quatrième à M. Aubert, Louis,
àNeuviller (Meurthe).
La commission a rejeté tous les verrats trop élevés sur jambes
et trop osseux. Dans les femelles de cette catégorie, les choix
ont été plus difficiles , les quatorze sujets qui la représentaient
étant tous généralement bien conformés. Le premier prix a été
donné à une bressane appartenant è M. Minary, de Besançon; le
deuxième h H. Vernier père, pour une craonnaise blanche ; le
troisième pour une bressane blanche et noire appartenant à
M. Monnot-Arbilleur, à la Chevillotte; le quatrième à M. Fau-
compré, pour sa bressane noire et blanche.
En outre, la commission a accordé deux mentions honorables
à MM. Vernier père, et Aubert, Louis.
La deuxième catégorie, races étrangères pures ou croisées
entre elles, se composait de vingt-deux sujets généralement bien
conformés. Les prix ont été décernés, par ordre de mérite, à
MM. Harmand, de Fontenoy-le-Château (Vosges), pour un verrat
newleicester blanc; de Scitivaux, pour un verrat de même race;
Monnot- Arbilleur, pour un berkshire-hampshire ; André, de
P) En reproduisant, dans le Journal d'agriculture pratique (D«du90 oc-
tobre 1865), toute la partie qui précède du rapport de M. Lbquin» M. Barral
a ajouté : c Nous enregistrons avec satisfaction le témoignage donné au
fils de notre regretté collaborateur et ami Elisée Lbpâvrb, qui a tant fait
poor la eoDserration de la précieuse race de Mauchamp. >
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Poat-à-Mousson , pour un hampshire noir; Diémer, de Stras-
bourg, pour un berkshire noir et blanc.
Une mention honorable a été accordée à M. Faucompré, pour
un coleshill blanc né à la ferme impériale de la Saulsaie.
Les femelles de cette catégorie, très belles en général, n'ont
laissé à la commission que l'embarras du choix. Le premier prix
a été accordé à M. de Scitivaux, pour une (ruie newleicostor,
a{;ée de six mois; le deuxième à M. Diémor, pour une berkshiro
blanche et noire; le troisième à M. (>ollignon, de Nancy, pour
une jeune truie blanche mouchetée, née chez M. Eubriet, à Neu-
viller; lô quatrième h M. Robin, à Seing (iïaute-Saône), pour
une berkshire noire; lo cinquième à M. Auberl, Louis, pour
une Windsor blanche. Il a été, en outre, décerné quatre montions
honorables à MM. Collignon, Robin, Pargon et Radat, à Ber-
gheim (Haut-Rhin).
L'embarras de la commission s'est encore accru lorsqu'il a
fallu répartir les deux prix accordés pour les ilix mAlos de la
troisième catégorie, croisements divers, et surtout pour les trois
prix accordés aux vingt-deux femelles de cette même catégorie,
qui certes étaient les plus remarquables de l'exposition.
Le premier prix des Ynâles a été remporté par le jeune verrat
IVançais-middlesex de M. Guignard, de Scye (Haute-Saône), et le
deuxième par le verrat croisé noir appartenant à M. Jobez, de
Montorgo; une mention honorable a été accordée à M. Bresson,
de Dommartin (Vosges), pour son verrat yorkshire-français.
Le premier prix des femelles a été remporté par M. Guignard ;
le deuxième par M. Bresson; le troisième par M. Jobez. Cinq
mentions honorables ont été accordées à MM. Charpy, de Be-
sançon; Aubert, Louis; Faucompré, Diémer et Glorget, de Be-
sançon, dont les truies exposées étaient très recommandables.
L'ensemble de l'exposition des animaux de basse-cour n'offrait
rien de bien remarquable, surtout dans la nombreuse famille des
gallinacées.
Un lot de chèvres suivies de leurs chevreaux et d'un jeune bou^^
s«>yeux, appartenant à M. Faucompré, a obtenu une médaille
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d'argent et 40 fr. Cet honorable exposant nous a déclaré que
cinq chèvres de cette race d'Appenzell fourniraient autant de lait
qu'une vache valant 300 fr., donnant en moyenne six à sopt
litres de lait par jour. Ce lait de chèvres est employé avec celui
des vaches pour la fabrication des fromages de Gruyère, el le
fromage provenant de celte fabrication particulière est vendu le
plus cher de la contrée.
^ Dans les gallinacées, nous avons remarqué la collection de
pigeons pn'spnli'e jiar M. Joseph Graber, intéressante surtout
par la variété dos sujets exposés; nous lui avons accordé la
deuxième médaille d'argent et 40 fr. La troisième médailln
d'argent et 40 fr. ont été attribués à M. Vernier, de Royc, pour
l'enseroblo de sa collection. L'exposition de M"* Munier, do
Besançon , se recommande également par le bon choix el la
variété dos pigoons exposés : chaque amateur y pourra trouver
SOS sujets do prédilection ; nous lui avons accordé une médaille
de bronze el 30 fr. A M"^ Tardy, de Rigney, une médaille de
bronze et 25 fr., pour l'ensemble de son exposition composée do
coqs et poules de Crèvecœur el du pays. Enfln des médailles do
bronze él 20 fr. à chacun des lots exposés par MM. Charpy, do
Besançon; Martin, deBusy; Galoche, de Besançon; Mamy, do
Conflans; M"« Faucompré; MM. Séverac, de Saint-Ferjeux ;
Rollel, de Saint-Vil; Auguste Vernier, de Lure.
Des récompenses moins importantes ont été accordées à divers
autres lots de volailles.
Nous terminons la nomenclature, longue déjà, des prix accor-
dés aux animaux des espèces ovine, porcine el de basse-cour,
exposés au concours régional de Besançon , en déclarant que la
remarquable exposition de l'espèce porcine offre la généralité du
l>pe le mieux approprié aux besoins si variés des éleveurs de
notre région.
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— 490 —
XIV.
Rapport fait an nom des deux sona-sections du Jury chargeas
d'apprécier les instruments agricoles, par M. J.-A. Barrai.
Messieurs,
Il est une opinion erronée que ce concours peut détruire, opi-
nion néanmoins si bien enracinée dans les esprits qu'elle est
passée à Tétat de vérité qu'on ne discute pas. Le cultivateur,
dit-on, est adonné à une routine séculaire; il est rebelle aux
progrès : les beaux animaux, les nouvelles machines restent
r-apanage des agriculteurs amateurs qui portent des habits; mais
sous la blouse gauloise on reste fidèle aux races antiques qui
viennent comme elles peuvent , aux instruments légués par les
ancêtres , aux vieilles pratiques rurales. Ceux qui pensent ainsi
ajoutent encore : Vous vous agitez en vain dans vos solennités
départementales, régionales, nationales ou même universelles;
la masse des cultivateurs ne vous suit pas; elle reste sourde à
vos appels « immobile dans sa méfiance pour les théoriciens et
les novateurs. — Eh bien ! tout cela était peut-être vrai il y a
quelques dizaines d'années; mais aujourd'hui il ne faut plus
parler d'une routine régnant en souveraine incontestée, aveu-
glément obéie.
Jetez, en effet. Messieurs, vos regards sur cette exposition de
machines agricoles et d'instruments aratoires, que beaucoup
d'entre vous cependant trouvent trop restreinte et eussent désirée
plus nombreuse et plus variée encore. Reportez-vous ensuite à
quelques années en arrière : rappelez-vous .l'état déplorable du
matériel agricole décrit par les auteurs du commencement de ce
siècle; souvenez-vous seulement des premiers concours régio-
naux inaugurés il y a dix ans, et tout d*un coup la route par-
courue vous semblera immense. Ce ne sont pas quelques-uns
seulement qui se sont laissé emporter par le mouvement ; c'est
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— m —
tout le inonde, môme ceux qui doutent, môme ceux qui nient.
La démonstration du fait est facile à donner.
Avant tout, constatons combien d'hommes habiles s'occupent
avec soin de la transformation du matériel agricole, combien
d'établissements se sont fondés et qui prospèrent en fabriquant
des machines perfectionnées. Nous ne citerons que les construc-
teurs qui ont exposé à Besançon. Le silence sur leurs noms doit
être une leçon pour ceux qui ont eu le tort de s'abstenir.
Tout près d'ici, à Dole, vous avez M. Damey, dont l'esprit
d'invention toujours actif a été récompensé par une véritable
vogue qui s'étend bien au delà de cette région. Un peu plus loin,
h Colmar, MM. Heylandt et Sitter ont commencé, il y a neuf
ans, le commerce des instruments reconnus les meilleurs; ils
ont trouvé une clientèle tellement nombreuse, tellement dési-
reuse de perfectionnement, qu'ils se sont mis à construire eux-
mêmes plusieurs machines nouvelles, d'après des modèles ayant
déjà fait leurs preuves et convenablement modiûés pour mieux
s*adapter aux conditions de sol et de climat de la contrée.
Ces maisons n'ont d'abord livré des instruments que pour
quelques milliers de francs par an, puis pour des dizaines de
mille francs : aujourd'hui, le chiffre de trois cent mille francs est
dépassé.
Nous devons encore mentionner les deux maisons Harter, de
Colombey-les-deux-Eglises, dans la Haute-Marne; M. Rossignot,
à Arc (Haute-Saône) ; M. Grandclément, à Moncley (Doubs).
Ces fabricants font des machines à battre qui ont justement
appelé l'attention; ils s'efforcent de rendre leurs manèges aussi
resserrés que possible, pour les faire pénétrer dans les plus
petites exploitations rurales dont l'exiguité des habitations exige
parfois qu'on fasse violence aux lois d*une saine mécanique.
C'est bien la preuve que les perfectionnements entrent sous le
chaume rustique. Mais il y a mieux encore : les charrons des
villages ont déployé bien large le drapeau du progrès. La charrue
qui a obtenu la médaille d'or a été fabriquée par François Ecoffet,
à Echenoz-la-Mélioe (Haute-Saône). Ce simple charron a déjà été
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vainqueur il y a deux ans au concours de Vesoul : il revient cette
fois avec de nouvelles améliorations; il a fait un versoir d*une
forme remarquable, imité de Dombasle, mais modiûé de manière
à bien labourer les terres pour lesquelles Tinstrument est cons-
truit. M. Nicoley, de Battenans (Doubs), à qui a été décernée
une médaille d*argent, est dans le même cas.
Dans bien d'autres villages on trouverait un fait identique à
signaler. MM. Corroy, Vermorel, Presson, Coudor, Virey, Peu-
geot, qui ont amené de si nombreux tarares, trieurs, hache-
pailles, coupe-racines, dont la perfection est si cocnplète en môme
temps que le prix si réduit, qu*on ne sait pas si des améliorations
sont encore possibles, représentent tous des fabriques vraiment
rurales. On chercherait en vain le hameau oîi prospère un
homme faisant un instrument n'ayant rien emprunté aux
inventions nouvelles.
Oui , Messieurs , je me suis mis à la recherche de la routine,
j*ai fouillé partout; mais je ne saurais dire oii s'est réfugiée,
pour panser ses blessures, cette déesse du passé.
Mais si nous revenons sur le champ du concours, que de con-
quêtes définitives nous verrons pour réjouir nos esprits et affer-
mir nos convictions !
Ce sont d'abord les machines à vapeur iixes et locomobiles,
ici représentées par celles de MM. Damey et Durenne, que nous
apercevrons. N'est-ce pas avec une sorte de contentement mêlé
de surprise, que nous constaterons qu'elles étaient inconnues
dans l'agriculture il y a douze ans à peine, et qu'aujourd^hui il
en existe plus de dix mille dans nos exploitations rurales? Et les
machines à battre que les académies, il y a cinquante-cinq ans,
condamnaient comme ne devant jamais être employées dans los
fermes, on en compte plus de 2^0,000 en mouvement dans nos '
89 départements; quelques villages de cette région peuvent en
montrer 8, 10 et môme 20.
Voici maintenant les machines à faire les tuyaux de drainage,
puis les machines à semer, à rouler, à sarcler, à faucher, à faner,
à râteler, à moissonner I Presque toutes, elles datent à peine de
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— m —
ces derniers ans, et yojoz cependant comme elles se multiplient.
Interrogez les fabricants; ils vous donneront de longues listes de
personnes de tous les rangs qui les ont achetées, malgré Tincré-
dulité universelle qui avait salué leur première apparition. Go
n*est pas, croyez -le bien, pour les mettre sous lo hangar que le
cultivateur, dont Téconomic est proverbiale, en a fait TemplfUte.
Si quelques riches amateurs seulement se les étaient données
conkme un luxe inutile, on n'en eût fabriqué qu'un bien petit
nombre ; mais on les a achetées par milliers : par conséquent,
elles rendent des services sérieux.
Us ne sont plus rares et isolés aujourd'hui les agriculteurs qui,
à l'exemple de MM Faucompré, Monnot-Arbilleur, Jobez,
Bérdoux, Vernier, pourraient amener dans les expositions un
matériel agricole perfectionné et complet, ayant fonctionné toute
l'année. Mais il faudrait les convoquer dans les concours pour se
rendre un compte exact des progrès déjà faits et des progrès à
désirer. On verrait en face les uns des autres les constructeurs et
les cultivateurs; ceux-ci ensei^eraient souvent à ceux-là la voie
dans laquelle ils devraient s'engager pour rendre leurs inven-
tions plus rapidement fécondes encore.
Ainsi, .Messieurs, les petites fermes comme les grandes pren-
nent part au progrès de l'agriculture moderne. Lors même que,
par suite des accidents météorologiques qui, jusqu'à présent, sont
supérieurs à l'influence humaine, les circonstances sont défavo-
rables an changement de matériel agricole et aux transformations
rurales qui demandent de grands capitaux, la marche en avant
ne s'arrête pas.
L'impulsion a été donnée par des hommes d'un âge déjà mûr
aujourd'hui ; leurs cheveux blanchissent et tantôt ils disparaîtront.
Mais les jeunes cultivateurs ne cherchent pas à faire résistance
au mouvement; ils l'accéléreraient plutôt volontiers dans leur
noble impatience juvénile.
Nous avons vu mourir quelques-uns de ceux qui avaient été
DOS compagnons dans la première lutte; leurs ûls les ont immé-
diatement remplacés, en se faisant honneur de maintenir toutes
* 43
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les traditions actuelles. D'autres fils aident leurs pères fatigués.
Nous pourrons donc tous disparaître à notre tour sans une
arrière - pensée d'inquiétude; une forte génération agricole,
aimant la vie des champs et croyant à la grandeur de la patrie
appuyée sur la prospérité de Tagriculture, est prête à poursuivre
l'œuvre du progrès.
XV.
Rapport fait an nom de la sons-section dn Jnry chargée d'appré-
cier les prodnits agricoles, et proclamation des récompenses
dn conconrt dliorticnltnre, par M. Ch. Grenier.
Il appartenait à une voix plus autorisée que la mienne de
rendre compte de Texamen des produits agricoles; et je n*aurais
point osé accepter cet honneur, qui pour moi n*est pas sans périJ,
si je n'avais compté sur le concours bienveillant et éclairé de
mes honorables collègues, et spécialement sur celui de notre
digne vice - président le baron de Tricornot. Je le dis avec
reconnaissance, rien ne m'a fait défaut. C'est donc l'œuvre de
mes collègues que je vais avoir l'honneur do vous présenter,
heureux si j'ai été l'interprète fidèle de leurs pensées.
Dans ce rapport, dont l'aridité a besoin de toute votre indul-
gence, nous avons voulu être vrai avant tout. Je ne dissimulerai
donc pas qu'en entrant sous la tente des produits agricoles , la
commission a constaté, avec une pénible surprise, une pauvreté
qui s'accusait d'autant plus énergiquemeut qu'elle était accolée à
notre magnifique exhibition d'animaux. Chassons les illusions, et
avouons que, pendant que les concours d'animaux prennent chaque
année une extension plus grandiose , les expositions de produits
agricoles diminuent et tendent à disparaître. Il y a là, sans
doute, un mal radical qu'il importe de pallier ou mieux do guérir,
si c'est possible. Ce mal ne résiderait-il pas dans les formalités
imposées aux cultivateurs, pour qui les moindres écritures sont
une grosse affaire? Ne pourrait-on, dans ce cas, les simplifier?
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Le mal ne tiendrait-il pas plutôt au mode admis de distinctions
purement honoriûques? Car tout exposant, môme heureux, est
toujours certain de payer sa gloire, puisqu'il ne peut prétendre
à aucune rémunération pécuniaire. La commission se permet
donc d'appeler très sérieusement sur ce point Tattenlion du gou-
Temement. Elle pense encore qu'un moyen de donner du lustre
et de la Vie à cette sorte de concours, serait d'y adjoindre les
produits horticoles, qui apporteraient à ces fêtes leur valeur
propre , leur éclat et leurs charmes ordinaires , tout en prenant
une importance à laquelle ils peuvent légitimement prétendre.
MÉDAILLES d'oR.
Deux noms, déjà avantageusement connus dans les concours,
se sont présentés entourés d'un riche cortège de produits réelle-
ment distingués : ce sont ceux de MM. Hudelot et Poignand.
M. Hudelot a, pendant de longs moments, captivé le jury par
l'exposition simple et naïve de tous les essais qu'il a tentés pour
améliorer la culture de la vigne. Ses divers systèmes de culture
ont mérité l'approbation du jury, qui a pu se convaincre, pièces
sous les yeux, que les moindres pratiques anciennes ou nouvelles
ont été, au point de vue expérimental, sévèrement interrogées
par M. Hudelot, et que toutes ses innovations sont basées sur
des expériences sérieuses. Ces études ont paru au jury dignes
d'un honorable encouragement.
Mais il est une seconde partie de l'exposition de M. Hudelot
qui a plus vivement intéressé la commission : c'est le semis^
bouture de vigne, autour duquel il s'est fait récemment tant de
bruit en France et à l'étranger. La commission a pu voir des
nœuds semés il y a trois semaines et déjà pourvus de tiges qu£
atteignaient un décimètre ; les racines de ces jeunes pieds n'é-
taient encore représentées que par de petits tubercules blan-
châtres situés sur les deux faces de section du nœud. Puis
venaient des pieds semés l'an dernier à pareille époque, et pour-
vus de grandes racines que surmontaient des tiges de soixante
centimètres. Enfin, la série se terminait par des ceps provenant
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— 496 —
de semis pratiqués il j a deux ans, et qui entraient ainsi dans
leur troisième vég^tion. Ceux-là étaient munis d'un chevelu de
racines qui ne laissait plus rien h désirer, f^ leurs tiges por-
taient de belles grappes qui, sur un pied, étaient au nombre de
sept.
La commission n'ayant pu constater que des résultats, sans
se rendre compte des difficultés qui ont entouré leur réalisation,
sans être à mén^ d'apprécier s'il y a là une méthode réellement
pratique et susceptible de devenir d'un emploi vulgaire, ou s'il ne
s'agit que d'un procédé de luxe destiné seulement à l'horticulture
avancée, la commission ne se prononce pas sur la place à assi-
gner au procédé Hudelot dans la culture de la vigne; mais elle
ne doute pas que ces recherches, basées sur des expériences
soigneusement et consciencieusement faites, ne lèguent à la
viticulture de précieux enseignements. En conséquence, elle
décernei à M. Hudelot une médaille d'or.
La récente fortune du brome de Schrader montre bien qu'en
agriculUure le moindre petit brin d'herbe peut devenir un trésor.
Honneur donc aux hommes dévoués qui , sans espoir de com-
pensation pécuniaire, et mus par ce noble amour-propre qui
consiste à doter l'humanité d'un élément nouveau de bien-être,
consacrent leur vie à pratiquer à leurs frais des recherches dont
ils ne profiteront pas, et qui, fussent-elles^ couronnées de succès,
laisseront peut-être leur nom dans l'oubli I Car, qui sait le nom
du premier qui planta la vigne, du premier qui sema le blé, et
de tous ceux qui ont enrichi nos jardins de ces légumes et de ces
fruits qui font nos délices? M. Poignand, de Buthiers (Haute-
Saône), s'est présenté devant le jury avec une exposition de maïs
véritablement splendide. La multiplicité des formes le dispute à
la beauté et à la richesse des variétés. Mais ce que le jury a
surtout admiré, c'est l'extrême pureté des races que M. Poignand
est arrivé à créer par une iulelligente sélection. En présence
do ces magnifiques résultats, on est tenté de remettre, avec
Darwin , le sceptre de la création aux mains de la sélection
toute-puissantr.
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— «97 —
M. Poignand ne 8*en est point tenu là. Il ne s'est |mis boirné à
offrir un produit perfectionné; il a aussi perfectionné son emploi,
cl arec un instrument des plus simples, presque grossier, il a
fabriqué les produits les pius variés : farine fine et grosse,
semoule, tapioka, graiiules simulant le riz, etc. , tout cela sort
d'une espèce de petit moulin à café en fonte. De pareils travaux
06 peuvent manquer de donner au maïs, dans Talimentalion ,
uue extension beaucoup plus grande que celle qui lui est accordée
aujourd'hui. En conséquence, la commission a décerné à M Poi-
gnand une médaille d'or.
MÉDAILLES d'aRGENT.
Le concours des fromages qui, pour le Gruyère, devait se
présenter dans notre département avec une extension insolite, a
été, à notre grand regret, presque nul. Heureusement, la qualité
n'était point en rapport avec notre pauvreté; lejury a constaté
avec satisfuclion Texcellente qualité des fromages de M. Faueom-
pré, et lui a décerné une médaille d'argent.
M. le vicomte Chiflet fabrique, à Recologne (Doubs], des
fromages de Septmoncel d*une qualité vraiment distinguée. Le
jury, désirant honorer et encourager cette heureuse tentative, a
accordé à M. Chiflet une médaille d'argent.
Les laines lavées de M. Renaud, de Besancon, ont été très
favcHrablement appréciées, et le croisement du mériooti^nnni-
champ avec notre race locale a paru renfermer une idée féconde
qui devait recevoir un encouragement. Le jury a d<)no déoei^lié
une médaille d'argent à H. Renaud.
M. Bataillard, d'Audeux, recommandable par ses ecoslailils
efforts pratiques, et par ses publications donl le but est l'atiéiio-
ration de nos prairies naturelles et artificielles, a ejiposé imr série
de graines et de céréales qui lui a mérité une ml^daiik) d'argMil.
MÉDAILLES DE BRONZE.
A c6té des grandes meules de fromage dofrt nous i^atlifMis
kwt à rhoure, se trouvait wtie peiUe boite ronfernïMfl troia
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— 498 —
humbles disques de fromage dont le diamètre n'excédait pas
quinze centimètres; ils se tenaient là si modestement, qu'ils
auraient pu passer inaperçus. Il n'en a rien été : dégustés par
les membres du jury, ils ont été trouvés fort bons et honorés
d'une médaille de bronze, décernée à M. Bresson, de Dam-
martin (Vosges).
Sans avoir la valeur des fromages de M. Faucompré, celui de
M. Mauron, de Velet'( Haute-Saône), a mérité une médaille de
bronze.
Les eaux-de-vie n'étaientp as représentées, et les kirschs ne
l'étaient qu'incomplètement. Le jury, cependant, a distingué
celui de M. Deschaseaux, d'Aillovillers (Haute-Saône); celui de
M. Noël, d'HarsauU (Vosges); celui de M. Favre, de Ribeauvillé
(Haut-Rhin), et a décerné à chacun d'eux une médaille de bronze.
Enfin, une médaille de bronze a été accordée à M. Wild, de
Strasbourg, pour ses enveloppes de bouteilles, qui sont bien
faites et réalisent les avantages annoncés par l'inventeur; ce qui
est rare.
MENTIONS HONORABLES.
La commission a vu avec un profond regret Tabsence absolue
des vins franc-comtois.
Je sais que le cercle administratif qui nous limite ne nous
permettait pas d'appeler sur nos gradins les excellents vins du
Jura. Ainsi, point de Salins, point de ce pétillant Arbois qui
réjouissait Henri IV. Le Château-Chalon lui-môme, cette perle
que les coteaux espagnols détachèrent de leur diadème, en signe
d'adieux, pour en enrichir le nôtre, alors que la Franche-Comté
échappait aux mains de l'Espagne pour revenir à tout jamais
française, le Château-Chalon lui-môme eût vainement frappé à
notre porte. Malgré ces pertes capitales, n'avions -nous pas
encore le charmant Vuillafans, le Mouthier plus nerveux , le
Liesle, le Byans, le Buffard, le Châtillon-le-Duc, le Miserey, ce
modeste rival du Château-Chalon, et bien d'autres encore? Et
pourquoi, retenu par une fausse honte, ne citerais-je pas en outre
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— 199 —
notre Trois-Châtels, qui couronne les abords de cette ville? Il y
avait là encore matière à une riche exhibition; et je ne puis
m*empécher, vieux franc-comtois mécontent, d'adresser à l'a-
pathie du pajs que j'aime un blâme solennel, et de prendre en
son nom l'engagement d'une sérieuse revanche dans un prochain
avenir.
Les vins de la Moselle manquaient également; et la commis-
sion n'a eu à se prononcer que sur deux lots de vins dits du
Rhin de la rive gauche, présentés par MM. Favre et Vianello.
Ces vins, de qualité moyenne et bien distants des qualités distin-
guées du Haut-Rhin, ont obtenu une mention honorable.
Vu l'altitude du lieu (près de 1,000 mètres), les céréales et les
graines exposées par M. Prélot, de Maîche (Doubs), ont éveillé
l'intérêt des membres du jury. Mais l'impossibilité de juger la
valeur des difficultés vaincues a décidé le jury è se borner à
appeler sur ces utiles travaux la sollicitude de la Société d'agri-
culture du Doubs
C«iicttars d^littrllcallare.
Légumes forcés et bonne tenue des jardins.
Prix : médaille de vermeil offerte par M. le marquis de Cone-
gliano et décernée à M. Boisson, Francis, jardinier aux Chaprais;
plus une prime de 50 francs.
Légumes forcés,
l*' prix : médaille d'argent et prime de 40 fr. à M. Déliot,
jardinier, à Fontaine-Argent.
9^ prix : médailles de bronze et prime de 25 francs : -
Ex œquo : MM. Cornemillot, jardinier aux Chaprais;
Arbey, jardinier à la préfecture.
Mention honorable et prime de 15 fr. à M"' Vincent, jardi-
nière, à la Viotte.
Légumes de pleine-terre.
Prix : médaille de bronze et prime de 30 fr. à M. Roset,
Auguste, jardinier aux Chaprais.
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— 200 —
Fruits consefmés.
Médaille d*argeDt offerte par H. le marquis de Conegliano et
décernée à H. Goulet, jardinier-amateur, à Besançon.
Médaille d'argent et prime de 50 fr. à M. Batiset, Joseph,
jardinier de M. Just Détrey, aux Tilleroyes.
Mention honorable à M"*' de Poinctes.
Fleurs et plantes d'ornement,
l''^ prix : médaille de vermeil «offerte par M. le marquis de
Conegliano et décernée à M. Lavigne, François , jardinier-pépi-
niériste, aux Gbaprais.
â* prix : médaille d'argent offerte par M. le marquis de Cone-
gliano et décernée à M. Sancey, jardinier-amateur, à Montjoux.
Médailles d'argent et primes de 40 francs :
1® A M"' veuve Verly, fleuriste aux Chaprais;
2® A. M Roset, Charles, fleuriste, à Fontaine-Argent;
3" A M Pommier fils, jardinier-fleuriste aux Tilleroyes;
3' prix : médaille de bronze et prime de 30 fr., offertes par
M. le marquis de Conegliano, décernées à M. Lhuillier, jardinier
de M. E. Bretillot, à Saint-Ferjeux.
Travaux intelligents et longs services.
Médailles de bronze et primes de 20 francs :
4* A M. Arbey, jardinier à la préfecture ;
2* A M. Poichet, jardinier de M. Philibert, à la Grango-Sery.
Objets d'art et d'industrie horticoles.
Médaille de bronze à M. Plasson, fabricant de kiosques et
paillassons, à Chalon-sur-Saône.
Cantharidiculture avec mémoire à Vappui.
Médaille de bronze offerte par M. le marquis do Conegliano et
décernée à M** A. Lacroix, propriétaire, à Rioz.
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— 20< —
XVI.
Distribution tolenneUo des récompsnsss.
Le dimanche 7 mai , à une heure de raprès-midi, a
eu lieu la cérémonie de clôture du concours régional.
La fête a été favorisée par ce radieux soleil qui semblait
avoir pris Tœuvre sous sa protection et a si puissam-
ment contribué à son succès.
La distribution des récompenses tirait un éclat excep-
tionnel de la présence de l'illustre maréchal Forey, com-
mandant supérieur du troisième corps d'armée. Son
Excellence, qui avait bien voulu accepter la présidence
de la solennité, occupait le centre d'une estrade riche-
ment tapissée et pavoisée. A sa droite était M. le Préfet
du Donbs, et à sa gauche M. Cazeaux, inspecteur géné-
ral de l'agriculture, commissaire général du concours.
La plupart des hauts fonctionnaires de la ville, en grand
costume, siégeaient également sur l'estrade, avec MM.
les membres du jury et les commissaires du concours.
On y remarquait en outre nos deux députés, M. le mar-
quis de Conegliano et H I^tour du Moulin , venus
exprès pour témoigner à l'agriculture leurs vives sympa-
thies. Sur le devant de l'estrade était exposée la belle
coupe d'argent qui est remise au titulaire de la prime
d'honneur. A droite et à gauche avaient été ménagées
des places pour les invités et les exposants. On y voyait
un grand nombre de dames en riches et fraîches toilettes.
Le cortège départemental et municipal, escorté par
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la compagnie de sapeurs-pompiers , musique en télé, a
été reçu à l'entrée du pont de Chamars par M. le Com-
missaire général, ses adjoints et les membres du jury.
Les autorités militaires se sont rendues isolément à la
cérémonie. Son Excellence ayant déclaré la séance ou-
verte, M. le Préfet a pris la parole et s'est exprimé ainsi :
Messieurs ,
Faire l'éloge des concours régionaux , mellre en relief les
progrès que noire agriculture doit à leur influence, serait désor-
mais, ce me semble, un soin superflu. Les résultats obtenus
depuis 4850, date de leur origine, frappent tous les regards
attentifs, parlent plus haut et plus éloquemment que ne le pour-
rait faire aucune voix.
Comme toutes les créations dues à la féconde initiative de
l'Empereur, les concours régionaux sont venus à leur temps; ils
ont atteint le but proposé , ils ont pris place, une place utile et
largo, parmi nos institutions nationales. Rien ne le prouve mieux
que le spectacle que nous avons aujourd'hui sous les yeux.
En effet, la ville de Besançon est située à l'extrémité de la
circonscription régionale à laquelle elle appartient. C'est un
voyage, un long voyage à faire pour y arriver des départements
de la Lorraine et de l'Alsace; et cependant, parmi les animaux
qu'abritent les magnifiques ombrages de Chamars, un très grand
nombre nous vient de ces départements.
Certes, cotte difficulté de l'éloignement, qui n'arrête plus nos
agriculteurs, la quantité et la qualité des animaux exposés,
prouvent assez que le mouvement agricole, qui s'est produit diez
nous depuis quelques années, se continue et s'accélère chaque
jour dans les voies du progrès.
Messieurs, la Providence a placé notre pays dans les conditions
les plus favorables. La variété et la richesse du sol de la France,
son climat tempéré, l'intelligence active et ingénieuse de ses
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— 203 —
habitants, semblaient devoir lui assurer à toutes les époques une
grande prospérité et un rang privilégié dans la voie des amélio-
rations agricoles.
En remontant, en effet, jusqu*aux origines de notre histoire,
on voit que dans Tancienne Gaule Tagriculture était en grand
honneur et ses pratiques relativement très avancées. Les Gaulois
cultivaient les plantes fourragères et légumineuses ; ils en nour-
rbsaient leurs troupeaux ; ils les enfouissaient en vert pour la
fumure de leurs terres ; ils employaient comme amendement le
plâtre et la chaux ; ils connaissaient Futilité de Técobuage ; ils
alternaient les récoltes et pratiquaient la théorie des assolements.
Pline nous apprend qu*ils s*occupaient aussi avec succès des
machines; il attribue à nos pères Tinvention du crible, des ton-
neaux, de la roue adaptée à la charrue, et celle d*un chariot
remplissant avec succès Toffice de nptre moissonneuse moderne.
Le même autour fait aux Gaulois Thonneur d*une invention par-
ticulièrement chère à la Franche-Comté, celle de la fabrication
des fromages.
Dès avant la conquête romaine, la Gaule cultivait la vigne, le
figuier, l'olivier; en céréales elle ne produisait, il est vrai, que
le seigle, Tavoine et Torge ; mais le froment y ayant été introduit
sous le règne d'Auguste , les progrès de cette culture nouvelle
furent si rapides que, dès le temps de Pline, nous disputions aux
blés de la mer Noire le marché de l'Italie et l'approvisionnement
de Rome.
Plus tard cependant, Messieurs, le génie agricole de nos pères
semble s'éteindre subitement; le sol de la France est frappé do
stérilité, et pendant des siècles la famine et l'inertie régnent
dans nos campagnes désolées et font perdre à leurs habitants
jusqu'au souvenir, jusqu'au regret, jusqu'au désir d'une existence
moins misérable !
Quelle cause puissante et falale avait donc produit une telle
perturbation et changé en quelque sorte l'ordre établi par la
Providence?
Cette cause, Messieurs, elle nous est révélée dans cette pMisée
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— 2^4 —
profonde de 1*uq des génies du dix-huitième siècle, de rillusire
auteur de Y Esprit des lois : < Les terres, a écrit Montesquieu,
les terres produisent moins en raison de la fertilité <iu sol que do
la liberté des habitants. x>
Oui, Messieurs, les œuvres de l'homme ne sont fécondes que
lorsque Tintelligence qui les conçoit et les règle, lorsque les bras
qui les accomplissent sont stimulés par le sentiment de la dignité,
do rindépendance et de la liberté ! Or, jusqu*au dix-huitième
siècle, il n'y a eu en France, pour le pauvre laboureur, ni indé-
pendance, ni liberté, ni prospérité, ni sécurité garantie, ni
justice égale.
Après l'invasion des Barbares et pendant tout le moyen-âge,
les habitants des campagnes avaient perdu, avec la possession de
leurs héritages et la liberté de leurs personnes, toute initiative,
toute émulation, tout sentiment du progrès, tonte puissance créa-
trice. Serfs, presque esclaves, attachés à la glèbe, l'intelligence
et le sens moral paraissent éteints en eux.
Dans un pareil état social. Messieurs, que pouvait avoir à faire
l'agriculture T
Sans doute, dans les siècles qui suivirent, lorsque la féodalité,
survivant encore comme institution civile, avait cessé d'être un
pouvoir politique, cette servitude du paysan fut allégée peu à
peu ; mais sa condition était telle encore au dix-septième siècle,
que le plus grand moraliste de cette époque, La Bruyère, pou-
vait, sans provoquer l'étonnement, écrire dans son livre des
Caractères ce portrait lamentable du paysan français :
« L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des
femelles, répandus dans la campagne, noirs, livides et tout
brûlés du soleil , attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils
remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix
articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent
une face humaine, et, en effet, ils sont des hommes; ils se
retirent la nuit dans des tannières oli ils vivent de pain noir,
d'eau el de radnes ; ils épargnent aux autres hommes la peine
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- 205 —
de semer, de labonrer et de recueiHir pour vivre, et militent
ainsi de ne pas manquer de ce pain qu*ils ont semé. »
Etrange inconséquence, Messieurs, d'une société dans laquelle
l'autorité, la noblesse, tous les privilèges avaient pour base la
possession de la terre, et ob Touvrier, sans les bras duquel la
terre reste stérile et inutile, esclave ou ilote, opprimé, méprisas
ignoré, était à peine classé comme une variété dégénérée de la
race humaine I
Vers la fin du siècle dernier, les efforts du pouvoir royal , les
mœurs publiques, la sourde et puissante fermentation des idées
qui allaient bientôt changer la face du monde, toutes ces causes
réunies avaient certainement modifié Tétat <fos malbeureui la-
boureurs dépeint par La Bruyère. L'homme était affranchi, ou à
peu près; la terre seule, suivant l'expression du temps, était
restée en servitude. Mais si le paysan avait conquis la faculté de
se mouvoir à son gré, les droits seigneuriaux l'enlaçaient de
toutes parts et maintenaient sa personne souvent, ses intérêts
toujours, dans une dépendance rigoureuse et énervante. Il ^it
des provinces cependant ou le paysan commençait à posséder h
titre de propriétaire; mais cotte propriété, ardemment convoitée,
péniblement acquise , perdait dans ses mains une partie de s(»s
attributs essentiels et devenait pour lui la source d'exactions et
de vexations sans nombre. Ecoutons sur ce point un homme
d'Etat, un savant académicien de notre temps.
Dans l'un de ses ouvrages, M. Alexis de ToequeviUe écrit :
< Imaginez-vous, je vous prie, le paysan français du dix-huitième
siècle Voyez-le tel que les documents que j'ai cités l'ont
dépeint, si passionnément épris do la terre qu'il consacre à
Tacheter toutes ses épargnes et l'achète à tout prix. Pour
l'acquérir , il lui faut d'abord payer un droit, non au gouver-
nement, mais à d'autres propriétaires du voisinage; il la pos-
sède enfin , il y enterre son cœur avec son grain. Ce petit coin
du sol, qui lui appartient en propre dans ce vaste univers, le
remplit d'orgueil et d'indépendance. Surviennent pourtant les
mêmes voisins qui l'arrachent à son champ et l'obligent à
■j
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venir travailler ailleurs sans salaire. Veut-il défendre sa se-
mence contre leur gibier? les mêmes l'on empêchent; les
mêmes l'attendent au passage de la rivière pour lui demander
un droit de péage. 11 Ihs retrouve au marché, où ils lui vendent
le droit de vendre ses propres denrées; et quand, rentré à son
logis, il veut employer à son usage le reste de son blé, de ce
blé qui a crû sous ses yeux et par ses mains, il ne peut le faire
qu'après l'avoir envoyé moudre dans le moulin et cuire dans
le four de ces mêmes hommes. C'est à leur faire des rentes
que passe une partie du revenu de son petit domaine, et ces
rentes sont imprescriptibles et irrachetables. Quoi qu'il fasse, il
rencontre partout sur son chemin ces voisins incommodes,
pour troubler son plaisir , gêner son travail , manger ses pro-
duits »
Et maintenant, Messieurs, comment s'étonner que, dans une
société ainsi organisée, les sueurs, comme la volonté et l'intelli-
gence du cultivateur, aient été frappées d'impuissance et de
stérilité?
Hais une heure solennelle vient de sonner pour l'humanité.
Dans la France de 4789, l'homme et la terlre sont définitivement
affranchis; l'invasion rapide, irrésistible des principes de cette
grande époque a porté partout dans le monde régénéré la
lumière et la liberté, comme cette autre invasion dont nous
avons parlé en commençant, celle des Barbares, avait plongé le
vieux monde dans la servitude et dans les ténèbres.
Avec une organisation fondée désormais sur la justice égale et
sur la liberté civile, la France a bien vite retrouvé ses anciennes
aptitudes agricoles. A peine a-t-elle traversé ces temps de crises
et d'épreuves inséparables de toute grande transformation , que
l'étude, les travaux, les progrès, la mise en honneur de son agn-
culture deviennent sa préoccupation la plus générale. Paysans et
anciens seigneurs, ouvriers et propriétaires, tous unis désormais
dans un même intérêt, la prospérité générale, dans un même
titre, celui de citoyens d'un pays libre et glorieux, tous s'assem-
blent, s'associent, se concertent de toutes parts, et s'éclairent
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— 207 —
mutaellement dans les comices et les sociétés agricoles. Les
efforts communs ne sont pas stériles. Chaque année vous pro-
clamez leurs conquêtes dans nos concours régionaux. Les primes
que vous distribuez récompensent les progrès et en provoquent
de nouveaux, en éveillant chez tous les cultivateurs Thonneur, ce
noble sentiment, de Tâme, ce sentiment qui chez nous, en France,
est le mobile et la loi suprême do chacun, celui qui inspire tous
les dévouements, tous les héroïsmes, celui qui enfante tous les
progrès et tous les prodiges.
Son Excellence H. le maréchal Forey a bien voulu accepter la
présidence de celte solennité; nous Ten remercions cordialement.
C'est avec bonheur que nous voyons assis au milieu de nous
rillustre vainqueur de Montebello et de Puebla. Sa présence est
pour nos cultivateurs une récompense inattendue et précieuse;
elle ramène naturellement leurs pensées vers TEmpereur, dont
l'illustre maréchal est dans nos contrées le représentant le plus
élevé. Ds savent bien, au surplus, ils n'oublieront jamais que la
prospérité de notre agriculture, que les besoins et les vœux des
habitants de nos campagnes sont la préoccupation incessante de
Napoléon III. Travaux publics, institutions civiles et sociales,
réformes économiques , tous les grands actes du gouvernement
de TEmpereur témoignent de cette sollicitude active et éclairée
du souverain.
Sa main auguste défriche les landes de la Gascogne, assainit
et fertilise les marais de la Sologne, transforme les plaines
crayeuses de la Champagne; puis, chaque année, «(u jour le plus
cher à son cœur de père, il daigne rechercher dans nos villages
les plus reculés, parmi les cultivateurs souvent les plus humbles,
qnelques-uns de ces hommes de bien qui, pendant une vie
longue et dévouée, malgré des labeurs rudes et quotidiens, ont
assumé la charge, ingrate parfois, d'administrer leur petite
commune, et de celte même main qui tient Tépée de la France,
TEmpereur attache sur leur poitrine cette étoile de l'honneur,
ambition légitime ou rêve généreux de tous les cœurs.
Messieurs, lorsque dans un pays l'agriculture est ainsi encou-
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— 208 —
ragée, stimulée, protégée, honorée, elle peut avoir foi dans
raveoir; de riches moissons lui sont réservées. Qui pourrait
dire, en effet, oU s*arrôtera la fécondité du sillon ouvert dans
une terre fertile et libre par des mains libres, dirigées par des
âmes ardentes, dévouées à la famille et à la patrie, passionnées
pour toutes les grandeurs et toutes les gloires?
Dieu seul peut limiter dans ses conquêtes le travail intelligent
de rhomme, et Dieu protège la France I
De chaleureux applaudissements ayant suivi cette
éloquente harangue, M. le marquis de Conegliano s'est
levé et a prononcé le discours suivant :
Messieurs ,
Vous vous demandez, sans doute, à quel titre moi aussi je
veux vous parler de l'agriculture ; vous vous étonnez peut-être
que je vienne, au milieu de ces agriculteurs distingués, de ces
maîtres do la science, vous entretenir des champs et des travaux
de la campagne. Rassurez-vous cependant : je n*ai ni le droit ni
la prétention de vous donner des conseils. Mais Tagriculture m*a
toujours été chère autant qu*à chacun de vous ; toujours j'ai suivi
de mes vœux les plus ardents les efforts qu'elle a faits, les essais
qu'elle a tentés, et si de rares insuccès m'ont quelquefois attristé,
j'ai eu le plus souvent à me réjouir des progrès qui se sont
réalisés.
A la tête des hommes qui, dans les dernières années, ont
voulu donner à l'agriculture la plus vive et la plus puissante
impulsion, il en est un. Messieurs, illustre entre tous, dont j'ai
plus d'une fois admiré les efforts et les succès.
Qu'il me soit permis de venir vous retracer ici ce qu'il a fdit,
les difficultés qu'il a vaincues, les magnifiques résultats auxquels
il est parvenu : peut-être trouverez-vous là un enseignement qui
ne sera pas sans utilité, un exemple profitable h suivre, et vous
ne regretterez pas, je l'espère, de m'a voir accordé votre bien-
veillante attention.
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— 809 —
Cet agriculteur disposait de ressources peu communes : il lui
suffisait de parler, et les terrains les plus riches, les plus fertiles,
éiaient à lui et se couvraient comme par enchantement des plus
abondantes moissons, des fermes les plus élégantes, des vache-
ries et des écuries les plus luxueuses; mais ce n'était là, qu'on
me permette do le dire , qu'un caprice et comme un jeu de la
fortune. U pouvait encore, et sans s'appauvrir, enfouir des
millions dans les sols les plus ingrats, à l'aide de ces millions
violenter la terre, et la terre, comme malgré elle, lui donnait
tout ce qu'il était le moins en elle de produire ; mais c'était là
un exemple dangereux à donner, plus dangereux encore à imiter.
Ce qu'il a voulu , c'est montrer à tous qu'il n'y a pas en France
de contrée tellement déshéritée qu'elle n'ait ses produits du sol,
pas de terre tellement ingrate qu'elle ne récompense les travaux
du cultivateur ; et pour féconder les terrains les plus pauvres,
ne croyez pas qu'il ait emprunté à grands frais aux contrées les
plus diverses et les plus éloignées leurs éléments de fertilisation :
il n'a voulu d'autres ressources que celles qu'il trouvait à sa
portée et pour ainsi dire sous sa main. 11 a fait modestement :
simplement, dans ses champs, ce que chacun de vous peut faire
dans les siens; il l'a fait dans les régions les plus pauvres, en
Sologne, en Champagne, dans la Gascogne, et partout ses efforts
ont été couronnés des plus brillants succès.
Vous savez, ilessieurs, quelle était la Sologne il y a quelques
années encore : on n'y voyait que des bois mal aménagés et des
landes entrecoupées de marécages. Là, 4,000 hectares de terrain
furent achetés; les terres fortes furent défrichées, drainées, mar-*
nées et livrées à la culture fourragère; les portions du sol autre-
fois épuisées par le laboureur inintelligent, furent boisées ; enfin
une vallée d*une étendue de près de quatre kilomètres, qui pré-
sentait le triste aspect d'un marais pestilentiel, fut convertie par
le drainage en luxuriantes prairies.
Cet exemple devait être imité, et il l'a été : chacun dans les
Umites de ses ressources a défriché, ou planté, ou drainé. Chacun
a déjà recueilli le fruit de ses travaux : les fourrages, nés d'un
U
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— no —
sol meilleur, sont dereniis plus sains, les moissons plus abon-
dantes; les marais ont disparu et avec eux leur triste cortège,
les fièvres et la misère. Quoi de plus beau, Messieurs, que ce
spectacle do toute une population agricole se mettant résolument
à Tœuvre, et en quelques années rendant presque riche' un sol
qui semblait condamné à une étemelle stérilité 1
En Champagne, près de Châions, s'étendent des plaines arides,
toutes de marne et de craie, que naguère encore on pouvait
appeler un désert : c*est là que chaque année nos troupes
viennent tour à tour se façonner à la vie des camps, et se
préparer aux rudes épreuves de la guerre; c*est là qu'il nous
est donné d'admirer notre brillante armée, non moins remar-
quable par Tardeur qui décide les succès que par la discipline
qui les prépare et les assure.
L'agriculteur dont je tous retrace les travaux a pensé que, là
encore, il y avait un exemple utile à donner : autour du camp
huit fermes furent créées; les fumiers de la cavalerie, jusque-là
délaissés, furent achetés, largement répandus sur le sol; et à la
place (lu désert on admire aujourd'hui iOO hectares de prairies
artificielles; et un cheptel déjà riche de 8,000 moutons, de 400
vaches laitières et de 70 juments , a permis d'étendre sur 2,000
hectares une culture productive.
Là encore, comme en Sologne, les cultivateurs imitent comme
à l'envi l'exemple qui leur a été donné ; et à mesure qu'ils
l'imitent, ils voient augmenter autour d'eux la richesse et la
prospérité. La récolte de 1863 avait été déjà plus abondante que
celle de l'année précédente, et les statistiques officielles éta-
blissent que la récolte de 1864 a dépassé de 8 p. ®/o celle de t863-
Ce que le fumier avait fait à Châions, l'engrais liquide l'a pro-
duit aux portes do Paris, à Vincennes : à l'aide do cet engrais,
2,000 hectares de sables arides ont été amendés, et les résultats
de C(3tte culture ont été tels que les seuls produits du sol ont
suffi à ralimentation de 200 vaches laitières, de magnifiques
troupeaux de porcs et de moutons.
Ceux d'entre vous qui ont traversé, il y a quelques années,
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— 844 —
les landes de la Gascogne, entre Bordeaux el Bayonne, ont été
certainement attristés du spectacle qni s*offrail à leurs regards :
partout, ou des sables mouvants ou des nappes d*eau stagnante.
Là, on ne pouvait raisonnablement demander à ce sol mal as»s
ni fertiles prairies, ni abondantes moissons; le sapin seul pouvait
croître : 7,000 hectares furent desséchés , plantés de pins rési-
neux , et de ce sol qui paraissait devoir rester improductif est
née une immense forôt toujours verdoyante. De là un double
résultai : du travail pour des centaines de bras jusque là inactifs,
et l'assainissement de la contrée tout entière.
Partout donc oh notre agriculteur a porté ses efforts, il n'a
voulu se servir et ne s*est servi d'autres ressources que de celles
qu'il rencontrait auprès de lui; partout il n'a demandé au sol
que ce que le sol lui pouvait donner. 11 semble, en vérité, qu'il
se soit souvenu de ce vers du poète, que vous me permettrez de
vous citer : Virgile qui, lui aussi, était agriculteur, et que j'aime
surtout pour son amour des champs, donnait au laboureur un
sage conseil; il l'engageait à observer avant de confier la semence
à la terre ,
Et quid qusque ferat regio, et qoid qusqoe reeuset.
Mais ce qui semble encore plus vrai , c'est que l'illustre agri-
culteur n'a voulu faire et n'a fait partout que ce qu'il est permis
à tous dans des proportions plus modestes de faire après lui et
presque aussi bien que lui.
U fallait encore montrer à quel point on peut améliorer nos
races françaises, avec quel avantage on peut acclimater les races
des pays voisins.
Deux établissements fureot consacrés à ces expériences. L'un,
Pompadour, placé au milieu des collines du Limousin, vit les
races du pays se régénérer par d'habiles croisements, et presque
égaler un magnifique troupeau de Durham, dout la race fouruit
à l'alimentation des produits si recherchés; l'autre, Rambouillet,
est spécialement consacré à l'amélioration de la race des mou-
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— m —
tonshmérinos : tous les pays du §^obe sont tributaires de eet
établissament» qui leur fournit leurs meiUeurs reproducteurs.
Ce n'était pas assez cependant d'avoir montré par les résultats
obtenus qu'il est dans les desseins de Dieu que la terre ne refuse
jamais à celui ^i la travaille le prix de son labeur; il fallait
parler à l'intelligenoe en même temps qu'aux yeux du cultiva-
teur, et lui donner en speotade, réunis pour ainsi dire sur un
même théâtre, tous les progrès de la science agronomique : c'est
dans ce but que fut créée la ferme de Pouilleuse , près de Paris.
Là sont rassemblés les produits si divers et si multiple» de Tin-
telligence de l'honmie appliquée à l'agriculture, les syst^es
perfectionnés, les instruments nouveUement inventés : là nous
admirons les oultures en ligne, la vapeur qui laboure, sème,
tanche et moissonne; là tout e^t enseignement, et les observa-
tions, fruit de l'expérienoede chaque jour, fidèlement recueillies,
sont livrées à l'étude de tous.
Mais l'œuvre, déjà. bien belle, n'était paa encore complète. Il
fallait intéresser le cultivateur à tous oes essais, il fallait l'asso-
cier à toutes ces tentatives; c'est ce qui fut fait de la manière la
plus pratique : tous les agents de ces établissements, depuis le
directeur de domaine jusqu'au plus humble gardien de bestiaux,
tous vinrent participer aux bénéfices dans la mesure exacte de
leur travail»
On a voulu plus encore. Il fallait faire nattre entre ces tra-
vailleurs l'émulation et la rivalité, cns nobles aiguillons de l'ac-
tivité humaine : tous les ans, des récompenses sont publiquement
décernées, soit aux domaines les mieux dirigés, soit aux serviteurs
les plus intelligents, les plus laborieux, les plus honnêtes.
Si je voulais, Messieurs, vous rappeler tout ce qu'a fait dans
l'intérêt de l'agriculture celui dont je vous parie, j'aurais à vous
entretenir longuement encore; mais j'ai hâte de vous le nommer,
ou plutôt de vous dire qu'il est bien celui que chacun de vous a
pressenti, l'Empereur, notre souveraio. Oui, Messieurs, celui
qui a donné à l'agriculture ces exemples si utiles et en même
temps si faciles à suivre, celui qui, par des essais tout à la fois
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— «8 —
hardis et sages, a si vivement tracé la rdute, est le tAême qui»
pendant la guerre, conduisait nos armées à la victoire, le même
dont tous les ofTorts tendent aujourd*bui à nous assurer les bien*
hits d*une paix féconde 1
Enfants de la Franche-Comté, non moins valeureux soldats
que bons cultivateurs, rendez- lui donc ce double bommage, que
s'il sait voos faire triompher sur les champs de bataille, il sait
encore, lorsqu'il vous a rendus à vos foyers et à vos paisibles
travaux, vous instruire par ses enseignements, vous encourager
par ses exemples.
J*ai bâte surtout. Messieurs, de remercier les organisateurs
du concours régional de Besançon de la précieuse faveur qui
m*est faite aujourd'hui : me retrouver au milieu de vous est
toujours une bonne fortune pour moi ; mais dans cette journée
si bien remplie, pouvoir m'entretenir avec vous pendant ces
quelques instants, c'est la plus flatteuse distinction, le plus in-
signe honneur.
Je veux aussi , avant de vous laisser tout entier aux joies de
cette srilennité, que les heureux vainqueurs de cette lutte paci-
fique sachent bien que je me réjouis autant qu'eux-méibes de
leur triomphe si bien mérité ; que les vaincus , si je puis les
appeler de ce nom, ne regrettent ni leurs travaux ni leurs efforts,
et que cette pensée qu'ils ont, eux aussi, bien mérité du pajs,
les console et les encourage !
N'oubliez pas^ Messieurs, que Tagriculture est la force réelle
et vitale de la France ; que c'est elle qui fait les hommes vigou-
reux, les citoyens honnêtes; que c'est d'elle que naissent le
commerce et l'industrie, que découlent comme d'une source
intarissable la fortune et la richesse publiques. Comprenez tous
qu'en traçant vos sillons, ce n'est pas seulement votre champ
que vous fendez, vos enfants que vous enrichisses, c'est la pros-
périté, c'est la grandeur de la patrie que vous assurez. Vous
donc, qui avez le bonheur d'être nés pour les travaux des champs,
mettos-vous à l'œuvre , osez faire mieux que n'ont fait vos de-
Tanciers, mîauz encore que vous n'avez fiait vous-mêmes jusqu'à
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— 241 —
co jour. Dieu , n'en doutez pas , bénira tos efforts , et dans sa
boDté infinie, il vous rendra le centuple de ce que vous aurez
semé.
Les paroles de Thonorable député ont trouvé Técho
le plus sympathique.
Puis M. René Petit a donné lecture de son rapport sur
l'attribution de la prime d'honneur.
 son appel, M. le commandant Faucompré est venu
recevoir, avec la prime d'honneur, les chaudes fëHcita-
tions de rassemblée, dans laquelle se trouvaient plusieu rs
de SCS anciens frères d'armes.
MM Barrai et Grenier ont ensuite fait entendre les
rapports dont la rédaction leur avait été confiée.
Après la lecture de chacun de ces rapports, M. Jac-
quier, Tun des principaux commissaires du concours,
nommait les lauréats, tandis que son collègue M. Marcon
leur remettait les médailles.
Enfin, M. Casian, secrétaire de la commission d'or-
ganisation du concours, s'est avancé sur le bord de
l'estrade et s'est exprimé ainsi :
Messieurs ,
La commission d'organisation du concours régional a décidé
qu'elle offrirait des bannières commémoratives aux communes
du département du Doubs qui ont fourni des lauréats de la pre-
mière catégorie au présent concours.
La commission désire que MM. les lauréats viennent recevoir
eux-mêmes ces insignes, et se chargent de les transmettre aux
municipalités des communes & qui leurs travaux les ont mérités.
Ces communes sont les suivantes :
Besançon, Beure, Busy, La Chevillotte, Doubs, Orsans,
Ouyans, Rigney, Saint-Juan', yiUers^sousrChalamont.
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— 215 —
La cérémoDie s'est terminée par le défilé des ban-
nières, qui ont été conduites par la musique des sapeurs^
pompiers à THôtel de Ville de Besançon.
Cette dernière partie de la fête, qui était une innova-
tion dans le cérémonial des concours, a eu le plus grand
succès (*).
XVII.
Banquet.
Tout concours régional se termine par un banquet,
auquel sont invitas les hauts fonctionnaires de la contrée,
les commissaires officiels de la fête et les principaux
lauréats; on y admet généralement aussi un certain
nombre de souscripteurs.
Tels étaient les convives de notre banquet du 7 mai,
qui comptait près de 400 personnes.
Le local choisi répondait à la grandeur de la solen-
nité. C'était cet admirable carré de la halle, avec. son
vaste rez-de-chaussée et ses trois étages de galeries créés
à propos de notre exposition de 1860. La commission
du concours régional avait voulu compléter l'œuvre com-
mencée cinq ans plus tôt, et disons tout de suite qu'elle
y avait merveilleusement réussi. Elle avait mandé, à
P) Ces bannières ont la forme d'oriflamme ; elles sont en damas de sole
rouge ayec franges et glands d'or : au sommet de leur hampe est une
cravate aux couleurs nationales. Une inscription en lettres d*or indique le
lieu et la date du coneonrs, le nom de la commune titulaire de Tinsigne et
la nature de la récompense qui a motivé la distinction. L'idée de cette
ionoyation est venue de M. A. Delacroix, architecte de la ville de Be^
lançon et membre de la commission d'organisation du concours.
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— 816 —
cet effet, un habile artiste de Paris, M Trouvin, et lui
avait confié le soin d'encadrer le rez-de-chaussée du local
de panneaux décoratifs, figurant des arcatures de style
mauresque avec échappées de jardins. Un système d*é-
clairage au gaz, composé de' 1,500 becs enfermés dans
des boules de verre dépoli, projetait une douce lumière
sur les décorations et en faisait ressortir les tons riches et
harmonieux. Ces boules couraient en guirlandes autour
des trois étages de galeries et étaient en outre disposées
en faisceau dans seize grands candélabres du meilleur
goût, sortis dos ateliers de la maison Saint-Eve aine.
L'installation du gaz avait été faite par les soins de M. Le-
breton, dont l'intelligente activité ne saurait être trop
louée. Les galeries supérieures étaient ornées de ten-
tures fournies par la maison Thaboureux et Delage, de
Paris, qui avait également entrepris la construction des
logis du concours. Aux fermes du comble de la halle
étaient suspendues des masses d'oriflammes aux cou-
leurs nationales et bisontines, disposées en formes d'é-
toiles. A chacun des angles des étages ressortaient, sur
un trophée de drapeaux, les belles armoiries de l'antique
Ycsontio, tandis qu'au centre des inémes lignes figu-
raient les blasons de l'Empire français et des principales
villes de la région du concours: Strasbourg, Colmar,
Yesoul, Epinal, Metz, Nancy, Mulhouse et Montbéliard.
Le milieu du rez-de-chaussée était occupé par une
fontaine entourée d'élégants arbustes , et dont la gra-
cieuse gerbe d'eau pure tempérait la chaleur produite
par l'illumination.
Ce ravissant aménagement du local avait été conçu
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— sn -
par MM. Gérard et Delacroix, deux intelligenceB d'élite
et dont rbeureuse association a valu à notre ville tant
d'utiles embellissements. M« Saiut^Ginest, architecte
du déparlement, dessinateur du plus haut mérite, avait
également pris une part dans cette énorme tâche.
Les tables du rez-de-chaussée, destinées aux autorités
et aux lauréats, étaient parées de ravissantes corbeilles
de fleurs, dont l'arrangement était dû à la main artis-
tique de M. François Lépagney. Les tables du premier
étage étaient occupées en grande partie par les sous-
cripteurs. Les deux galeries supérieures étaient réser-
vées au public, qui a justifié la confiance de la commis-
sion par l'attitude la plus calme etla plus respectueuse.
Pendant la durée du repas, servi avec distinction par la
maison Bey, on a entendu l'excellente musique du 20*
régiment d'artillerie à cheval, et deux airs composés par
son habile chef, M. Bisch, ont été particulièrement
acclamés.
Le banquet était présida par Son Excellence le ma-
réchal Forey, qui avait à ses côtés M. le général de
division Decaen et M. Pastoureau, préfet du Doubs.
M Clerc de Landresse, maire de Besançon, était entouré
de MM. de Conegliano et Latour du Moulin, députés
du Doubs, ainsi que de MM. Cazeaux, commissaire gé-
néral du concours, et Faucoropré, titulaire de la prime
d'honneur.
Au dessert, Son Excellence le maréchal s'est levé, avec
toute l'assistance, et a porté un toast à l'Empereur et à
son heureux voyage , à l'Impératrice , qui dans sa ré-
gence exeree si dignement , avec le concours des m-
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— 2T8 —
nistres, tmis les attributs de la souveraineté, et au Prince
impérial, Tespoir de la Frauce. Les paroles de rilluslre
capitaine ont vivement impressionné l'auditoire et pro-
voqué les plus énergiques vivats.
M. Pastoureau a pris ensuite la parole, et, avec cette
voix sympathique et vibrante qui donne un cachet si
relevé à son éloquence, a prononcé Tallocution sui-
vante :
Messieurs,
Je porte un toast à Son Excellence le maréchal Forey!
Au brave soldat qui , depuis 4824, a conquis ses grades sur
tous les champs de bataille oii la Frauce a porté son drapeau !
Au vaillant général dont la mâle intrépidité inaugurait la cam-
pagne d*rtalie, à Montebello, par une des journées les plus glo-
rieuses de cette guerre mémorable !
A Ténergique commandant de Tarmée du Mexique, qui ven-
geait à Puebla le sang généreux de nos soldats, qui brisait ces
remparts et ces défenses formidables devant lesquelles le monde
voulait se persuader que viendrait pâlir l'étoile de la France !
Au chef glorieux qui, hier, dans un langage d'une simplicité
antique, nous disait que la Providence, par une faveur spéciale,
avait placé dans sa giberne de Saint-Cyrien son bâton de com-
mandement, et qui semblait oublier que c'était après une carrière
suivie de mille périls, illustrée par d'héroïques exploits, qu'il
était allé saisir ce noble trophée, au mépris de la mitraille^ dans
les ruines fumantes d'une ville ennemie I
A l'illustre maréchal , aujourd'hui l'une des colonnes les pins
solides de notre dynastie nationale, le serviteur fidèle, dévoué de
l'Empereur et de l'Empire : de l'Empereur et de l'Empire, qui
seuls peuvent donner à toutes les aspirations légitimes de la
France une large satisfaction; qui seuls peuvent assurer à jamais
notre sécurité et notre prospérité; qui seuls peuvent, avec
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sagesse et résolution, diriger le pays vers ses destinées de gloire
et de grandeur 1
Au maréchal Forey !
H. Clerc de Landresse s'est levé k son tour et s*est
exprimé ainsi :
À Me$9iewr9 les exposants !
Messieurs,
Au nom de la ville de Besançon, je vous remercie du concours
si utile que vous venez de nous prêter. Je remercie surtout les
exposants étrangers au département du Doubs, qui n'ont pas
reculé devant les fatigues de longs voyoges pour venir s'unir à
nous au milieu de nos rochers. Ils ont pensé que leur exemple
pouvait nous être utile, et qu'il y avait aussi quelque chose à
remarquer dans un pays oh il faut plus d'efforts pour obtenir des
produits.
Vous avez compris les bons effets des comparaisons, des riva-
lités, de la concurrence. Vous nous avez apporté beaucoup de
choses précieuses et vous remporterez de chez nous quelques
enseignements utiles. En multipliant les relations, on propage
les bonnes méthodes de culture; on augmente les moyens de
production, d'échange et de placement.
L'accroissement de la population met dans la nécessité d'aug-
menter la production du sol. On a déjà obtenu de grands résul-
tats à l'aide des herbes artificielles, des plantes fourragères, des
amendements des terres, des machines agricoles, de la fabrica-
tion du sucre et de l'alcool avec la betterave.
L'agriculture est de tous les temps et de tous les pays : c'est
la plus ancienne et la plus indispensable de toutes les mdustries;
sa durée sora celle du monde. Elle doit être honorée en propor-
tion des services qu'elle rend à l'humanité.
Il y a trois siècles déjà qu'un excellent roi, qui avait été obligé
de conquérir son royaume par les armes, avait résolu d'assurer
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— SHO —
le bdnhèur deâ coltiTBtears : il ambitionoait pour eux la poule
au pot. Ce vœu, si modeste, il n'a pas pu le réaliser complète^
meut : la féodalité, la main-morte et la dîme mettaient obstacle
à Texécution des désirs d'Henri IV.
Aujourd'hui ces empêchements ont disparu. Il n*y a plus aux
champs que des propriétaires et des fermiers parfaitement libres
dans leurs relations et dans leurs spéculations.
Aussi , combien la condition des cultivateurs s'est améliorée !
Us sont mieux logés, mieux vêtus, mieux nourris, plus soignés
dans leurs maladies; ils ont plus facilement de Targent.
Ce n'est pas seulement sous le rapport matériel que leur posi-
tion s*ost améliorée : ils sont plus instruits, mieux appréciés^
plus hoborés. Ils sont comptés dans l'Etat pour ce qu'ils valent;
et l'on n'oublie pas que, dans un temps de désordre oU les choses
les plus sacrées et les plus indispensables avaient été remises en
question, ils ont puissamment contribué à sauver la civilisation
de la France, par le choix qu'ils ont fait d'un chef suprême assez
puissant pour imposer silence aux mauvaises passions.
C'est principalement aux champs que les hommes contractent
l'habitude des travaux pénibles» de la marche, delà sobriété.
C'est là qu'ils se conservent robustes, et que la patrie est toujours
sûre de trouver des soldats capables de supporter les fatigues, de
défendre la patrie, d'accroître sa gloire et sa prépondérance.
C'est aux champs qu'on prend l'habitude de la patience, qui
tempère les désira exagérés, affermit le courage, fait attendre
sans se troubler des produits souvent menacés par les éléments.
Les bénéfices qu'on y réalise sont lents, mais ils sont sûrs. On
n'y fait pas fortune en un jour de bourse ou de spéculation
aventureuse ; mafs on n'y fait pas faillite, et jamais on n'y ren-
contre le manque de travail et la misère qui en est la suite. On
n'y est pas entraîné, emporté par une foule turbulente et pas-
sionnée. On s'attache à ce qu'on possède ; et si l'on désire
acquérir, on tient surtout à conserver.
Que manque-t-il souvent au cultivateur pour être heureux ?
La çcmnaiasAOoe des avantages de sa position. Qu'il saèhe bien
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— sw —
qu'elle est digne d'eii?ie; que le cuIdTaieiir est «u luremier rang
pour jouir des merveilles de la nature, du bonheur d*une vie
exempte de grandes agitations, et qu'il n*est pasun des puissants
de la terre qui ne rôve, au milieu du tourbillon d'une vie agitée,
le ealme et la paix des champs I
De nos jours, les gens riches ne dédaignent pas de frire
cultiver eux-mêmes leurs terres, d'y employer leurs capitaux, et
de faire les expériences coûteuses que ne peuvent risquer des
cultivateurs peu aisés. Le résultat avantageux, lorsqu'il est bien
constaté, profite à tous , et le petit cultivateur récolte ce que le
riche a semé. Il est impossible de iaire un plus noble usage de
sa fortune, et on ne saurait trop encourager un pareil exemple.
Je profite de cette occasion solennelle pour adresser publique*-
ment mes félicitations au héros de cotte fôte, à M. Fauoompré,
qui a si bien compris son époque et qui vient d'être si justement
récompensé de ses longs et persévérants efforts. U est beau de
mêler les palmes de l'agriculture aux lauriers des combats. Chez
nous, le soldat laboureur est devenu un type glorieux. Le maré-
chal Bugeaud ne dédaignait pas d'unir sa part de gloire des
comices agricoles à son illustration militaire.
Dans les rares moments de loisir dont l'Empereur dispose, il
s'occupe de vérifier par lui-même ce qu'il est possible de faire
pour assurer les progrès et la prospMté de l'agriculture. Vous
connaissez tous les dépenses et les expériences que Sa Majesté, a
faites en Sologne, en Gascogne, en Champagne. L'Empereur
veut que l'agriculture soit protégée , encouragée, honorée. Vous
en avez la preuve dans les récompenses qu'il se platt à faire
distribuer aux modestes travailleurs de la terre. Ds ne peuvent
pas douter de ses intentions bienveillantes pour eux, quand ils
voient les plus grands dignitaires de l'Etat le représenter aux
fêtes de l'agriculture. Quelle preuve plus grande pourrait^on
vous en donner que la présence ici de l'illustre maréchal, qui a
porté le drapeau glorieux de la France et les progrès de la civi-
lisation dans les contrées lointaines du Mexique, après avoir
vengé notre honneur sur les champs de bal«iUe de Crimée» 4|i
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— 282 —
MoDtebello et de Solferino? Dès sa jeunesse, ce vaillant guerrier
connaît notre Franche-Comté. Il sait quels soldats on y trouve.
Vos enfants raccompagnaient dans les pays les plus éloignés,
dans les jours les plus diaads et les ph» gtoneux. Il leur donnait
les soins d'un père, et j'exprime vos sentiments quand je dis que
vous êtes heureux de le voir au milieu de vous et de pouvoir lui
adresser vos hommages.
Il ne faut pas isoler Tagriculture des autres industries et du
commerce. Si Fagriculture leur fournit la nourriture et des ma-
tières premières, elle en recuit les vêtements, les machines, les
moyens de transport, d'échange et de débit. Toutes les industries
sont sœurs. Plus que jamais l'agriculture a besoin dos sciences
et des arts. Tout en conservant ses avantages anciens, elle puise
abondamment dans la chimie, la mécanique, l'art vétérinaire et
le négoce.
Remercions donc toutes les industries et buvons à tous les
exposants.
M. Jules de Bussierre, président de la Société d'agri-
culture, a porté le toast suivant :
Messieurs,
Permettez qu'au nom de la Société d'agriculture du départe-
ment du Doubs, je porte* un toast au succès de notre agriculture.
Les circonstances et les motifs qui nous réunissent ici en si
grand nombre, sont la plus véridique manifestation de l'immense
intérêt qui s'attache à cette grande industrie dont la prospérité
profite à l'humanité tout entière.
Grâce soit rendue au Créateur de toutes choses, qui a donné à
la terre son inépuisable fécondité.
C'est à l'homme qu'il appartient, par son intelligence et son
travail, d*en tirer le meilleur parti, et de faire produire à cette
aource intarissable, non-seulement ce qui est nécessaire à son
existence, mais encore ce qui lui procure le bien-être et les plus
précieuses jouissances.
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Honneur donc à ceux de tous, Messieurs, qui» dignement
appliqués aux travaux agricoles, se vouent avec une judicieuse
et opiniâtre persévérance à faire progresser Tagriculture! Nous
pouvons en toute vérité leur dire que leurs succès sont des vic-
toires, et qu'ils servent utilement leur pajrs.
Que nous sommes heureux, sur un tel sujet, de nous trouver
tous ensemble animés des mêmes sentiments !
Oui, Messieurs, que nos cœurs se dilatent à.cette douce pensée,
qu'en ce moment un parfait accord nous inspire à tous les mêmes
voeux en faveur de notre agriculture !
Que cette conformité de sentiments et d'intentions,, que je me
plais à constater ici soit pour nous un puissant encouragement à
faire tous nos efforts pour réaliser de nouveaux progrès dans
Tavenir ! Prenons-en l'engagement dans cette solennité dont nous
conserverons certainement un précieur souvenir; et» avant de
nous séparer, Mes^eurs, que nos verres se rapprochent en signe
d'adhésion, et, comme expression de cet engagement solennel,
buvons donc a la prospérité de l'agriculture i
Ud dernier toast a été prononcé par H. Cazeaux^
inspecteur général de l'agriculture et commissaire gé-
néral du concours ; en voici les termes :
je porte un toast à la ville, au Maire et à la municipalité de
Besançon.
Monsieur le Maire,
Le nom de Besançon réveille chez tous les Français le sou-
venir de Tun des boulevards de la patrie, de la capitale scienti-
fique et littéraire de la Franche-Comté, d'une cité fertile en
hommes illustres.
Désormais, Monsieur le Maire, chez nous tous, exposants,
commissaires, Jurés, un sentiment tout personnel et bien doux
accompagnera ces souvenirs patriotiques et glorieux : le nom de
Besançon nous rappellera une semaine trop rapidement écoulée.
Il remettra sous nos yeux la merveiUeuse installation de ce
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— 284 —
concours, qui teroûna avec tant d!éclat la première série des
primes d'hooneur de la région du Nord-Est.
Il nous fera revoir cotte promenade si ravissante sous un beau
soleil, ce Champ-nie-Hars oU tout respire la guerre et qui a
donné asile aux productifs instruments des cultivateurs et aux
paisibles animaux domestiques.
Pour moi, en particulier, le nom de Besançon me rappellera
les aimables rapports que j*ai eus avec les autorités de cette rille
et du département, ainsi qu*avec les membres de la commission
chargée d'organiser les fêtes et de pourvoir aux nécessités du
concours régional.
J'ai admiré la patience avec laquelle ils conduisaient sagement
à fin leur Oduvre laborieuse, sans précipitation, sans embarras,
l'esprit toujours libre, et sans laisser paraître ni lassitude du
corps, ni contrariété morale.
Puissent dans sept ans les mêmes organisateurs réussir avec
autant de bonheur ; puisse le même beau temps accompagner
des fêtes aussi belles; puisse l'illustre Maréchal qui a présidé à
cette solennité, venir encore honorer de sa présence le concours
régional de Besançon I
À la ville de Besançon I....
Il est à regretter que les lois de rétiquette n'ajent
permis à personne de témoigner publiquement à Témi-
nent Commissaire général et à ses savants adjoints les
sentiments cordiaux que leur exquise bienveillance a fait
naître chez tous ceux qui les ont approchés.
 la suite du banquet, les salons de la préfecture et
les jardins de cet hôtel, brillamment illuminés, se sont
ouverts à Télile de la société bisontine et aux nobles
hôtes de la cité. M. le Préfet et M"* Pastoureau en ont
foit les honneurs avec une charmante courtoisie.
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— 285 —
xvm.
Rapport snr la gestion financière dn oouoonrs régional,
par M. Ed. Gérard.
Favorisé par une saison exceptionnellement belle et soutenu
par la coopération sympathique des habitants, le concours régio-
nal agricole nous paraît avoir réussi aussi bien que possible.
Notre but, en parlant du succès de celte entreprise, n'est pas
de motlre en lumière Tinfluence qu'elle a pu et dû avoir sur
l'agriculture et les agriculteurs ; cette tâche n'est pas la nôtre : c'est
à pro[)os de ses résultats financiers que nous voulons donner
quelques détails, fixer quelques chiffres, pour que, jalons em-
pruntés au passé, ils puissent au besoin servir dans l'avenir à
ceux qui auraient charge d'une semblable affaire.
Comparativement à d'autres villes, môme d'une importance
moindre que Besançon , notre budget est resté dans des propor-
tions modestes.
Au point de départ, les receltes se composaient :
D'une subvention du département de 15,000' »
D'une allocation de la ville de 25,000 »
la commune de Besançon restant chargée de toutes
les chances bonnes ou mauvaises de l'entreprise.
Invitées par l'administration préfectorale à s'asso-
cier à une œuvre aussi éminemment utile , diverses
communes du département ont voté des subventions
partielles dont la totalité s'est élevée à 4,245 »
Les abonnements donnant accès au concours et
aux fêtes de Chamars ont produit 1,170 »
Les entrées au concours, du 1**^ au 6 mai .... 5,264 75
Les entrées aux soirées de Chamars, du 29 avril
au 6 mai 4,354 »
La vente des catalogues 538 »
A reporter . . . 55,571*75
45
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— 898 -^
Report . . . 55,574' 75
Les souscriptions au banquet de la Hallo .... 4,848 »
La location de deux buvettes à Chamars 500 »
Enfin, la revente de quelques ol^iets non consom-
més 430 50
Ce qui a élevé le total des recettes à . . . 58,050' 25
Les dépenses peuvent se diviser en sept catégories principales
comprenant :
4 ® L'installation proprement dite du concours :
Indemnités pour location d'herbes et
de terrains 295' 50
Drainage, nivellement et ensablement
de Chamars 2,578 33 i
Location et installation du matériel . . 44,665 401
Transports et camionnages 5,734 08j
Installation et fonctionnement des ma-
chines 946 45l
Abreuvage et nourriture partielle des Vgg «g^f g,
animaux 4,264 *
Estrades pour les invités à la distribu-
tion des récompenses 4,242 03l
Bannières pour les lauréats 4,065 20|
Déjeûner pour les dégustateurs des
produits 446
Entretien de Chamars pendant le con-
cours , 604 44
Dépenses diverses 4,344 64
2^ Les employés, contrôleurs et gens de service. 4,933 60
3® Les frais d'impression et d'aflSchage 4,379 38
4^ Les dépenses relatives aux fêtes de Chamars :
Installation du gaz et éclairage . . . . 4,350' 09'.
Feux d'artifice ^^^ *^i l an ql
lUuminaUons • . 4,237 30 i ^'"*^ ^*
Musiques 766 30 j
A reporter . . . 34,243' 45
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Report . . . 34,24 3U5
S^* Les dépenses relatives au banquet de la Halle :
Tables, cloisons, treuUs, réparations à I
la salle , 4,467'11
Fontainerie 605 99-
Décors sur châssis 3,254 2oi
Drapeaux 856 25 f
Conduites de gaz, appareils d'éclai-
rage, lustres, girandoles, candélabres / '
(2,000 becs) 6,344 421
Eclairage, gaz^ bougies 380 »|
Menu du repas, 372 couverts 3,193 »^
Vins 1,073 50
Fleurs et musique 470 50
6^ La fête donnée à la Préfecture au nom du dé-
partement 2,433 09
7® Les frais accessoires :
Subvention à la Société des Amis des
Beaux-Arts ' 4,000' »|
Subvention à la Société d'horticulture. 500 »> 4,950 »
Location d'une tente pour Texposition
horticole 450 »y
Total des dépenses . . . 56,244^54
En résumé : — —
La recette totale étant de . . . 58,050^25
Et la dépense de 56,244 54
Il reste un boni de . . . 4 ,808' 74
que la ville de Besançon aura à débourser en moins sur la
subvention de 25,000 francs qu'elle avait votée pour le concours
régional.
Pour bien apprécier ces résultats au point de vue des 6nances
de la ville, il convient d'ajouter au boni ci-dessus les objets d'une
valeur réelle qui sont restés sa propriété, tels que :
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— 228 -
L'installation définitive du gaz dans le Petit-Cha-
mars, qui a coûté 4,000' >
Les décors sur châssis de la salle des Halles. . . 3,406 65
La construction d*un matériel de drapeaux qui
n'existait plus dans les magasins de la ville 915 »
Les appareils d'éclairage de la Halle, girandoles,
lustres, candélabres (2,000 becs] 6,344 42
La fontainerie nécessaire pour élever l'eau jusque
dans les combles de la Halle 605 99
Chiffre total du matériel resté à la ville ... 44 ,974' 06
Enfin, si l'on tient compte des locations que la commune a
retirées de l'aménagement de Chamars après lo concours , et de
l'amélioration que l'octroi a dû en éprouver, on pourra se
convaincre que l'opération n'a pas été trop à charge au budget
municipal.
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— 229 ^
TABLE.
I. Introduction, par M. A. Gastan.
II. Extrait des procès-verbaux du Conseil général du Doubs.
III. Arrêté de S. E. le Ministre de l'Agriculture.
lY. Arrêté du Préfet nommant la Commission d'organisation.
V. Première circulaire du Préfet aux Maires.
VI. Deuxième circulaire du Préfet aux Maires et Receveurs mu-
nicipaux.
VII. Programme des opérations et fêtes.
VIII. Composition du Jury et des Commissariats.
IX. Liste des prix.
X. Rapport sur la prime d'honneur, par M. René Petit.
XI. Rapport sur les animaux de l'espèce bovine, par M. Stscklin.
XII. Etude sur l'espèce bovine au concours de Besançon, par
M. Barral.
XIII. Rapport sur les animaux des espèces ovine et porcine et sur
les animaux de basse-cour, par M. Lbquin.
XIV. Rapport sur les instruments agricoles, par M. Barral.
XV. Rapport sur les produits agricoles et proclamation dés prix
d'horticulture, par M. Ch. Grenier.
XVI. Distribution solennelle des récompenses.
Compte-rendu, par M. A. Castan.
Discours de M. le Préfet.
Discours de M. le marquis ds Cohrgliano.
Remise des bannièrea, par M. A. Castan.
XVII. Banquet.
Compte-rendu, par M. A. Castan.
Toasts portés par Son Excellence le maréchal Forbt et par
MM. Pastoureau, Glbrc de Landrbsse, de Bussibrrb et
Cazbaux.
XVllI. Rapport sur la gestion financière du concours régional, par
M. Ed. GÉRARD.
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COUP D'ŒIL
SUR L'HISTOIRE ET LES TRAVAUX
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS
Par H. Gh. GRENIER
Président annael.
Séance publique d« 14 décembre f MM.
La Société d'Emulalion du Doubs a été fondée le 4»^ juillet
4840, dans le but de concourir au progrès des sciences, par des
publications, par une active coopération à la formation des
musées, et par une incessante initiative dans le développement
de toutes les mesures utiles au pays. Les bases de la Société
ainsi établies ont été maintenues; et, quoiqu'ayant toujours laissé
aux Académies le champ plus brillant des travaux de Timagina-
tion, nous pouvons dire aujourd'hui, sans être taxés d'orgueil,
que le succès a dépassé l'espoir des fondateurs.
Pourquoi faut-il que si peu d'entre eux aient survécu à leur
œuvre féconde, et ne puissent en ce moment jouir des fruits
légitimes.de leurs constants efforts? Pourquoi faut-il que cette
poignée d'hommes laborieux et animés du désir de grouper les
intelligences et les labeurs scientifiques de manière à en former,
au profit du pays , un faisceau puissant digne d'avoir un jour sa
tribune publique, ne soient plus au milieu de nous pour applaudir
à l'acte libéral du Ministre qui nous permet d'ouvrir nos portes
à tous ceux que la science intéresse? Permettez-moi d'adresser à
ceux qui ne sont plus le cordial et douloureux souvenir d'une
amitié qui n'ose plus regarder en arrière, effrayée par le vide
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— «34 —
immenae qui s'est creusô dans nos rangs. Renaud - Comte ,
Beauthias, Boyé, Boudsot, Bruand, Convers, Michalet, Etallon,
Yoas tous qui avez, par vos travaux, illustré la science et notre
Compagnie, recevez dans cette solennelle réunion Thommago
et les regrets de tous vos collègues.
En abandonnant le champ d'études de l'imagination pour se
consacrer à la science, la Société d'Emulation ne s'est point
amoindrie ; je suis môme convaincu que c'est à cette division,
nettement formulée dès ses débuts, qu'elle a dû l'heureux et
large développement qui en ce moment l'a mise à la tête des
Sociétés de France. C'est là ce qui lui a permis d'accrottre sans
cesse ses relations et son influence, en ne publiant que des
travaux originaux et spéciaux , et de se créer, par ce fait, des
rapports suivis avec les Sociétés scicntiûques les plus distinguées.
Ainsi, pour ne parler que de cette année, l'Académie royale des
sciences de Bavière, les Sociétés de Boston et de Genève ont
sollicité de nous un échange de publications, et les sacrifices
que ces corps savants ont fait pour obtenir la collection complète
de nos Mémoires , prouvent la haute considération qu'ils accor-
dent aux travaux que nous avons accomplis. Un coup d'œil
rapide sur nos publications montrera mieux que toute autre
argumentation la vérité de ce fait.
En entomologie, la longue série des travaux de H. Th. Bruand
nous a valu une place hors ligne, et la Société entomologiquo de
France, en nommant notre regretté collègue président de sa
session extraordinaire de 4858, a manifesté l'estime qu'elle por-
tait à ce modeste savant qui, par sa Monographie des Paychides,
a bien mérité le surnom de Réaumur frano-comtois.
En botanique, H. Godron a publié la Flore du Por^Juvénal;
Michalet, plusieurs mémoires de morphologie et de phythogra-
phie relatifs au Jura ; H. Contejean, la Flore de l'arrondissement
de Mantbéliard : M. Bavoux, des Recherches sur les Narcisses.
A ces noms, permettez-moi de joindre le mien; car je ne puis
oublier que c'est en ouvrant la série de vos Mémoires par la
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— 232 —
Monographie des Cerastium, que j'ai préludé à la publication
de la Flore de France,
En géologie, les noms des hommes érainents qui ont enrichi
vos Mémoires sont si nombreux que j*ai peine à en faire le
dénombrement. Renaud-Comte, Etallon, Boyt's MM. Delesse,
Coquand, Lory, Pidancet, Résal, Contejean, de Fromentel, sont
pour vous autant de collaborateurs dont les savants travaux ont
largement concouru à porter au loin la renommée do nos publi-
cations.
Comme représentant de la physique et de la chimie, vous
comptez MM. Person, d'Estocquois , Emile Delacroix, Loir,
Gouillaud , Résal , et Sire, cet ingénieux inventeur d*un instru-
ment appelé polytrope, auquel l'Institut a accordé la plus flat-
teuse approbation.
En mathématiques, il me suf&ra de citer les noms de Boyé et
Boudsot, de MM. Reynaud-Ducreux, d'Eslocquois et Résal, pour
qu'il devienne inutile d'entrer dans aucun détail sur l'importance
des travaux que ces savants vous ont fournis.
Je ne puis prononcer les mots d'histoire et d'archéologie sans
éprouver un juste sentiment d'orgueil, éveillé au souvenir des
nombreux et éminents travaux qui remplissent vos Mémoires. Je
me borne encore à rappeler les noms de vos principaux collabo-
rateurs : Th. Bruand, le colonel Sarrette, l'ingénieur Quiquerez,
MM. Tissot, doyen de la Faculté de Dijon, Charles Toubin,
Percerot, Varaigne, Bavoux, Valfrey, le capitaine d'artillerie Bial,
Castan et Alphonse Delacroix. Mais je croirais commettre un
déni de justice, si je ne consacrais une mention spéciale aux
deux savants dont les noms terminent ce riche recensement : à
M. Castan, dont les profondes explorations ont jeté de si vives
lumières sur les points obscurs de notre histoire locale; à
M. Delacroix, qui a eu l'insigne honneur de retrouver l'antique
Alesia, et de rendre à la Franche-Comté ce redoutable oppidum
qui vit expirer sous ses murs le suprême eiïort de la liberté
gauloise.
Dans les arts et l'industrie, était-il possible de faire plus que
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— 233 —
notre mémorable exposition de 1860, dont vous avez été les
promoteurs et les ordonnateurs, et dont les résultats féconds ont
si largement profité à notre industrie horlogère? Les rapports de
MM. Lancrenon etBretillot, qui résument cette œuvre grandiose,
resteront pour l'avenir de précieux documents à consulter.
La Société a de plus pris une part si active à la formation des
musées, que Son Exe. M. le Ministre de Tlnstruction publique a
cru utile de régler, par un traité spécial, les rapports de TUni-
versité avec notre Société, et qu'il n*a pas craint d'assimiler les
droits des membres de la Société d'Emulation à ceux des profes-
seurs de la Faculté.
Ce n'est pas tout encore. Le musée d'horlogerie a été fondé
par vous; et notre musée d'archéologie, l'un des plus curieux
d'Europe, vous doit son riche développement. Car le problème
d'Alesia, posé devant la science par M. Delacroix, n'a pris son
invincible consistance qu'en s'appuyant sur les fouilles persis-
tantes pratiquées par vous sur les ruines de ce mémorable oppi-
du7n, et sur les nombreuses pièces de conviction exhumées de
cette antique nécropole gauloise.
Voilà, Messieurs, un passé qui répond de l'avenir, et qui lègue
aux années qui vont suivre de brillantes espérances. Cette con-
clusion n'a plus besoin de preuves; et si j'en avais besoin, je les
trouverais encore dans le compte-rendu des travaux de la pré-
sente année, que je dois vous présenter avant de remettre h mon
honorable successeur le mandat flatteur dont vous m'aviez investi
pour la quatrième fois.
1^ Agriculture*
Le concours régional d'agriculture qui a eu lieu cette année à
Besançon, a été l'un des plus complets de France, tant pour
l'éclat de l'organisation que pour le nombre et la variété des
animaux exposés : sous ce double rapport, il y a eu unanimité
de témoignages de la presse agricole. Cette organisation, favorisée
par un local et un ciel admirables, a été l'œuvre des membres de
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la Société d'Emulation du Doubs : sur onze membres de la
commission d'organisation , neuf appartenaient à notre Comp«-
gaie. La Société a voulu constater cette large part prise pajr ses
membres à la conduite de cette œuvre d'intérêt public, en insé-
rant dans ses Mémoires la collection complète des documents
relatifs à ce brillant concours de 4865.
t<> Histoire.
Ceux d'entre nous à qui revient le plus spécialement la tâche
de représenter la Compagnie dans les réunions extraordinaires
du Comité impérial des Sociétés savantes, à la Sorbonne, ont été
empêchés cette année de remplir cet honorable mandat par les
travaux du concours régional.
Si M. Castan n'a pu lire devant cette imposante assemblée la
notice, écrite dans ce but, sur Tévéque de Paris Hugues de
Besançon , notre première séance publique y gagnera une inté-
ressante communication de plus.
Une autre grande figure ecclésiastique du pays, le cardinal de
Granvelle, a été à l'ordre du jour de nos travaux ; car, tandis que
le vénérable M. Weiss, l'un de nos membres honoraires, consa-
crait généreusement une somme de trente mille francs à l'érec-
tion d'un monument destiné à faire vivre cette illustre mémoire,
l'un de nos confrères, M. Marlet, aujourd'hui secrétaire général
de la préfecture de la Haute-Saône, éclaircissait l'un des points
obscurs de la biographie de ce même personnage. On sait que
les ennemis du cardinal lui reprochaient d'être le petit-fils d'un
forgeron d*Ornans, et que cette puérile accusation a trouvé crédit
chez les historiens les plus graves. M. Marlet en a démontré la
fausseté , en prouvant par des textes positifs que c'était , non le
grand-père , mais le quadrisaïeul du cardinal qui exerçait la
profession d'ouvrier en fer.
a<» jLMliéol«9le.
Le problème du véritable emplacement de l'Alesia des Com-
mentaires, soulevé parmi nous en 1855, a eu la rare fortune
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de passionner les archéologues des deux mondes; il n'est pas
une feuille publique, pas un recueil de Sociétés savantes qui ne
se soit fait Técho des nombreux travaux que notre Compagnie a
publiés sur cette intéressante question. Ceux même qui ont com-
battu nos déductions ont rendu hommage à Timportance des
résultats scientifiques obtenus par nos fouilles. Le Comité des
Sociétés savantes, en décernant aux comptes -rendus de ces
recherches le prix d'archéologie du Ministère de l'Instruction
publique pour Tannée 4864, a reconnu dans cette collection de
méoioires lo point de départ d'une méthode nouvelle et sûre en
matière d'archéologie celtique.
Aux six rapports précédemment couronnés, M. Castan en a
ajouté un septième, qui a pour titre : Les Préliminaires du siège
d'Alesia. L'auteur y établit : 4® que le texte de César, précisé
par les témoignages de Plutarque et de Dion Cassius, ne permet
pas de placer ailleurs qu'en Séquanie la campagne qui aboutit
au siège d'Alesia; 2® que la presqu'île de Mantoche ayant été
pendant tout le moyen -âge la trouée naturelle des invasions
qui descendaient du plateau de Langres en Franche -Comté,
toutes les vraisemblances sont pour qu'elle ait joué ce même
rôle dans la retraite de César sur la Province romaine; 4® que
les traditions locales et les vestiges archéologiques sont d'ac-
cord avec les textes anciens pour désigner le pays de Char-
senne comme théâtre du combat de cavalerie qui précéda le
blocus d*Alesia.
En môme temps que cette démonstration, si favorable au
système d'Alaise, nous était faite, nous recevions de l'un de nos
membres honoraires, M. Jules Quicherat, professeur d'archéo-
logie à l'Ecole impériale des Chartes, un mémoire destiné à
prouver que les armes sorties du sol d'Alise-Sainte-Reine ont
essentiellement le caractère germanique, et que dès lors le siège
dont les traces apparaissent autour de la bourgade de l'Auxois
se rapporterait à la période des grandes invasions : les six petits
camps rondsy qui appartiennent à cet ensemble, viennent à l'ap-
pui de la manière de voir du savant archéologue, car cette forme
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— 236 —
de campement n'apparaît dans Thistoire de la stratégie antique
qu'environ cinq siècles après César.
A son tour, M . le colonel Sarrelte, Tun de nos plus laborieux
correspondants, nous apporte une solution mathématique du
problème d'Âlesia, dont les conclusions sont entièrement en
notre faveur.
Un problème de môme nature, qui est devenu en quelque
sorte un corollaire de celui d'Alesia, a été l'objet, en 1858, d'un
savant mémoire de notre confrère M. le capitaine Bial, chargé
en ce moment d'une mission de l'Empereur pour étudier les
monuments celtiques du nord de l'Europe. Nous voulons parler
de la question d'Uxellodunum. M. Bial appuyait les titres du
Puy-d'Ussolud , oppidum celtique dont l'identité de caractère
avec notre Alaise l'avait frappt». Grâce à la générosité de quel-
ques personnes et à la libéralité du Conseil général du Lot, on a
pu réunir les fonds nécessaires à l'entreprise d'une fouille que
M. Bial annonçait devoir être décisive. La fouille vient d'avoir
lieu ; elle a été dirigée par M. Bial et M. Cessac, également noire
confrère et auteur de cinq remarquables mémoires sur la ques-
tion. Les résultats ont été merveilleux : une seule tranchée a
suffi pour mettre au jour la galerie conduite souterrainement par
César, dans le but de faire disparaître la source qui abreuvait les
habitants. Une travée de cette galerie, transportée à Paris par
les soins de M. Cessac, a été mise sous les yeux de S. M. l'Em-
pereur, qui s'est rendu immédiatement à l'évidence de celte
vérité devenue palpable.
La Commission de la topographie des Gaules, également hos-
tile à Alaise et au Puy-d'Ussolud, avait préconisé celte autre
doctrine, que les monuments réputés celtiques n'étaient point le
fait de la race gauloise; qu'ils avaient été produits par deux
peuples bien distincts : l'un, habitant la région de l'Ouest, qui
aurait été essentiellement constructeur de dolmens et de menhirs;
l'autre, parqué dans la zone de l'Est, qui aurait eu exclusivement
la spécialité des tumulus. Celte théorie a reçu de l'observation
un très grand nombre de démentis. M. Alphonse Delacroix vient
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d'en ajouter un nouveau, par la description pleine d'intérêt qu'il
nous a donnée du dolmen de Saint-Maximin, à trois lieues au sud
de Besançon. Il existe donc dos dolmens dans la région de l'Est
des Gaules. S'ils sont plus rares en Séquanie qu'en Bretagne,
cela tient à une différence entre la constitution géologique des
deux pays. Les dolmens existent chez nous h l'état naturel sous
fornae de cavernes, les menhirs, sous la forme d'aiguilles de
rochers, t Dans des lieux, dit M. Delacroix, oii l'on trouvait à
chaque pas des réalités grandes et magnifiques, il eût été puéril
de façonner de chétives images. »
L'étude et la description des monuments de l'âge celtique ne
nous ont point fait perdre de vue les manifestations figurées des
civilisations postérieures. Notre Société, par l'organe de mon
prédécesseur M. Delacroix, a plaidé, auprès de LL. EË. les
Ministres de la maison de l'Empereur et de l'Instruction publique,
la cause de la conservation du pont romain de Besançon, l'unique
spécimen du genre qui soit demeuré intact. Puis la Société a
entrepris le moulage en plâtre des nombreux bas-reliefs qui
décorent l'arc de triomphe antique connu sous le nom de Porte-
Noire. Cette opération, qui touche à son terme, a été fort habi-
lement dirigée par notre confrère M. Varaigne, archiviste de la
Société. La belle collection de moulages qui en résulte va devenir
l'une des principales richesses du musée archéologique de Be-
sançon. Reproduite par la photographie et môme par la gravure,
elle permettra d'appeler l'attention du monde savant sur un édi-
fice qui n'a pas son pareil en France pour le luxe de l'ornemen-
tation.
4° Sciemces pltyslques, elttntiques et naturellMi.
Les mémoires édités par vous dans ces différentes branches,
sont par trop techniques pour qu'il me soit possible de vous en
donner ici l'analyse. Je me borne donc à en rappeler les titres.
En histoire naturelle, M. Grenier continue la publication de la
deuxième partie de la Flore des monts Jura, dans laquelle il
étudie avec un soin tout particulier l'influence de l'altitude, ainsi
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que celle de la nature physique et chimique du sol sur les végé-
taux qu'il décrit.
En physique et chimie, vous avez publié un mémoire de
M. Hinary sur le dégagement de chaleur dans la formation des
silicates ;
Une note de H. Marchai ayant pour objet l'application des
principes de H. Minary aux fourneaux d'essayeurs ;
Un mémoire de H. Minary sur des phénomènes d'action
capillaire ;
Enfin une note de H. Marchai sur un procédé nouveau pour
retirer l'or et l'argent des galons.
Vous avez continué à subventionner le musée d'horlogerie, et
vous avez voté une somme de 400 fir. pour concourir à l'œuvre
du comité départemental de l'exposition universelle de 1867.
Enfin, Messieurs, permettez-moi de féliciter la Société de la
nouvelle marque de sympathie qu'elle vient de donner à cette
œuvre nationale, en appelant au fauteuil le président même
du comité départemental de l'exposition de 1867.
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DE L'EMPLOI DES EAUX MINÉRALES
CHEZ LES ANCIENS
Par M. EmUe DELACROIX
Inspecteur des eaux de Laxeuil.
«é^B«e pvbUvne ém Hé «éecaibre f «•«.
Est-il bieo important de savoir ce que les anciens ont pu faire
des sources minérales? Cette question n'est pas» comme on
pourrait le croire, dénuée d*à-propos, car tout se lie dans les
intérêts comme dans Thistoire de Thumanité.
En divers temps, la pluralité des hommes s'est assez peu
souciée de ce qui n'est pas le présent. A ses yeux, les progres-
sistes vont au hasard; ceux qui se retournent en arrière, soit
pour y trouver de grandes et consolantes images, soit pour j
chercher les lois de la civilisation , s'exposent à être considérés
comme des voyageurs attardés ou distraits.
Hais quand on commence à prendre une idée plus élevée des
destinées humaines, on raisonne tout diflEéremment. L'homme
alors, ou chaque génération, n'est plus un point qui se meut
détaché dans l'espace ; il fait partie d'une chaîne dont les anneaux
sont solidaires, d'une sorte de fil télégraphique transmettant la
pensée à travers les siècles, depuis les plus antiques stations. de
rhumanité jusqu'à nous. Dès lors, la science n'apparatt plus
composée seulement d'hier, et comme sortie toute faite de nos
cerveaux et de nos presses du jour. On en voit les linéaments
primitifs jusque dans ce que le vulgaire appelle la nuit des temps.
L'archéologie, qui recueille ces précieux souvenirs, n'est pas
une œuvre de simple curiosité; car elle peut, en nous initiant à
des méthodes aussi vieilles que le monde, nous permettre
d'avancer plus sûrement dans les connaissances à venir.
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Aujourd'hui, nous vivons dans une période relativement et
surtout matériellement heureuse. De si éclatantes manifestations
du génie scientifique industriel sont apparues comme tout à
coup; des instruments d*une telle puissance ont été mis aux
mains de l'homme, qu'on pourrait croire en vérité que demain,
nouveaux Titans, nous allons ébranler le monde. Hélas ! soyons
plus modestes; étudions encore. N'oublions pas ce qu'il a fallu
de peines et surtout de temps à nos devanciers pour recueillir
et nous transmettre ces éléments des sciences dont l'heureuse
application fait aujourd'hui tout notre orgueil; n'oublions pas
que demain, étourdis par des succès qui nous ont été préparés de
si longue date, quand, à notre tour, nous aurons à transmettre des
procédés ingénieux, des doctrines qui avaient pu nous sem-
bler parfaites et irrévocablement formulées , hésitants déjà ,
peut-être nous n'aurons à livrer que notre bien juste part dans
cette série non interrompue des travaux de la terre.
Et qui sait même si nous n'aurons pas quelque compte à
rendre à la postérité , pour avoir un peu trop usé de ces choses
de la nature que nous ne pouvons pas reconstituer, notamment
des richesses enfouies dans le sol et qui appartiennent à toutes
les générations; pour avoir trop subordonné l'homme à la ma-
chine, la pensée à l'instrument, l'esprit à la matière : doux choses
qui avaient été unies en ce monde dans les desseins de la
création ?
Un des travers de notre temps , qui se croit à la veille de tout
savoir et qui cependant est si gros de problèmes, est de ne plus
douter de rien, par cela même qu'il doute de tout; de faire fi des
traditions qui nous disent que l'homme, et ses travaux et ses
perplexités, ne sont pas seulement d'hier. Encore un pas dans
la foi nouvelle à l'inconnu, et tel qui avait aboli toute idée
religieuse comme inutile ou embarrassante, abolirait aussi l'his-
toire. Soyons plus sages : en cultivant librement le champ de
la science, qui en tout et partout a été ouverte l'homme, ne
perdons pas de vue nos points de départ et de passage, ni les
perspectives d'arrivée.
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— 24» —
Cela dit, et sans plus de transitioD, qu*on nous permette de
chercher dans un sujet d'études bien modeste assurément, mais
non digne d*intérét, une preuve de cet enchaînement qui relie la
science de nos jours à celle de l'antiquité. Essayons de dire en
peu de mots ce qu'ont fait les anciens des sources minérales.
Laissant de côté tout ce qui concerne l'emploi des eaux ordi-
naires, sous forme des bains chauds ou froids qui tenaient une
si grande place dans les habitudes de la vie ancienne, nous ne
parlerons ici ni des premièrei^ piscines annexées au Gymnase
grec, ni de ces Thermes splendides par la distribution et l'archi-
tecture, oii tout se trouvait à proximité du bain : arènes, théâtres,
naumachies, et dont le génie romain nous a laissé de si remar-
quables vestiges, soit à Rome, soit en Orient et ailleurs; ni des
ruines si instructives de Pompéï, oii l'on voit encore un spécimen
des mieux conservés de bains antiques.
Alors, sans doute, dans ces établissements dus entièrement à
l'art, alimentés d'eau ordinaire préalablement chauffée dans les
bypocaustes, il ne s'agissait guère que d'hygiène. Cependant,
nous y trouvons déjà une distinction établie dans l'ordre d'appli-
cation des températures. Tantôt le baigneur débutait par l'étuve
et l'eau chaude avant de se plonger dans l'eau froide ; tantôt par
l'eau froide avant de passer dans l'étuve. C'dst aussi de ce temps
que paraissent dater les premiers essais d'hydrothérapie propre-
ment dite , c'est-à-dire de médication à l'eau froide seule. Un
affranchi d'Auguste , Antonius Musa , l'avait mise à la mode en
l'appliquant à son impérial client.
Mais ce qui nous intéresse particulièrement ici , ce sont les
bains entretenus par les sources minérales , c'est-à-dire par des
eaux médicamenteuses. Examinons s'il est vrai, comme quelques
hydrologues semblent le croire encore , que les anciens n'en
aient guère usé qu'au point de vue de la température des eaux.
Aujourd'hui la plupart ont bien changé d'avis. S'il nous est
permis de nous citer, nous rappellerons qu'en 4857, à la suite
de fouilles très intéressantes qui avaient été pratiquées pour la
recherche des eaux ferrugineuses émergeant à Luxeuil, à côté
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— 242 —
des'eaux salines thermales , dous avons constata le soin extrême
qu'avaient mis les Romains , après les Gaulois, à distinguer là
très nettement des eaux dissemblables d*origino et de nature, à les
tenir séparées pour des usages essentiellement divers (*). Parmi
les inscriptions trouvées sur place antérieurement, il on était une
dont il nous avait paru difficile de contester Tauthenticité {*) , car
la fraude ne s'expliquerait guère : son signalement à rattcntion
des historiens date d'une époque oU l'on n'avait aucune connais-
sance de l'antique séparation de$ eaux. Les noms de Luxovium
et de Brixia, accouplés dans cette inscription, nous paraissaient
et nous paraissent encore être ceux des deux divinités qui per-
sonnifiaient, selon la coutume ancienne, les sources de la station.
Hais remontons à des autorités plus sûres : voyons ce que
Pline l'ancien rapporte des eaux les plus fréquentées de son
temps.
« £Iles sortent, dit-il, bienfaisantes, çà et là, de mille lieux de
la terre, là froides, ici chaudes, ou chaudos et froides, comme
à Tarbelles [Dax] d'Aquitaine et dans les Pyrénées , oU elles ne
sont séparées que par un faible intervalle ; ou encore tièdes et
simplement dégourdies, offrant leurs secours aux malades, et
n'émergeant que pour l'homme entre tous los animaux. Sous
divers noms, elles augmentent le nombre des dieux et fondent
des villes, comme Pouzzole en Campanie, Statyelles en Ligurie,
Aix dans la province Narbonnaise (']. »
Ce passage nous indique déjà clairement : l'antique emploi
des eaux minérales en médecine, quelle que soit la température
des eaux; la vénération des malades pour les sources, et autour
d'elles une telle fréquentation que beaucoup de villes n'ont pas
eu d'autre motif d'origine.
(') E.Delacroix, Eiudes sur LtuceuU, dans les Mémoires de la Soriéi
d* Emulation du Doubs, 3« série, t. H ; — Cf. IS'oiice sur les fouilles faites en
1857 et 1858 aux sources ferrugineuses de Luxeuil, dans le même rerueil,
3« série, t. VIT.
(2) Voy. F. BouKQUBLOT, Inscriptions antiques de Luxeuil, dans les Mé-
moirei de la Société impériale des antiquaires de France, t. XXVI.
(*) Plirii Hiiloria naturalis, lib. xxxi, ç. 3.
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Ajoutons que la croyance à l'action curative des eaux était
grande alors , puisque môme pour celles qui n'avaient rien de
propre à bien fixer l'attention , comme celles de la Seine, nous
Toyons la source principale entourée d'un temple élevé à 5e-
quana, temple des ruines duquel on a tiré une collection variée
autant que curieuse de petites pièces d'ex toto, représentant les
maladies dont on venait là chercher la guérison (*).
Retournons à Pline. On va voir, de plus, qu'en parlant des
véritables eaux minérales de diverse origine et de toute nature,
il ne laisse aucun doute sur les indications thérapeutiques et
toutes spéciales de leur emploi.
€ Nulle part, ajoute-il, elles ne coulent plus abondamment et
n'offrent des ressources plus variées qu'à Baies (aujourd'hui
principalement Bagnoli, golfe de Baja, province de Naples) , les
unes sulfureuses, les autres alumineuses ou salines, nitreuses,
bitumineuses ou mêlées de sel et d'acide. Il en est qui servent
en vapeur
» (D'autres], selon leur nature, remédient aux maladies des
nerfs, des pieds (*), à la sciatique, aux luxations, aux fractures.
Elles purgent l'intestin, guérissent les plaies, portent remède
aux maux de tête et d'oreilles ; les Cicéroniennes guérissent les
yeux (•).
» Dans la même région de Campanie, les eaux de Sinuesse
guérissent les femmes de la stérilité, les hommes de la folie...
» Celles de l'île d'iËnaria (Ischia) guérissent les calculeux...
» Près de Rome, les eaux Albules [Tivoli), qui sont tièdes,
guérissent les blessures....
» Le lac Alphéon dissipe les taches blanches de la peau ...
n Le Cydnus, rivière de Cilicie, guérit les goutteux, comme le
fait voir la lettre de Cassius de Parme à Marc Antoine....
(>) H. Baudot, Bapport surle$ objets trouvés aux sources de la Seine, dans
les Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte^d'Or, an. 1843.
(*) Probablement la goutte.
("} Les sources chaudes sortaient d'une des cours de la campagne de
Cicéron, sur la route du lac Averne à Pouzzole.
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- w* —
» La ville de Tongres, en Gaule (Belgique), a une source
célèbre, pétillante, à saveur ferrugineuse..., qui dissipe la fièvre
tierce et la diathèse calculeuse.
.» Varron rapporte qu*en Cilicie, près de la ville de Cescum, est
un ruisseau, le Nus, qui rend le jugement plus net; mais que,
dans rtle de Cée, une source Thébète; et qu'il en est une à
Zama, en Afrique, qui fait la voix plus sonore.
» Les eaux bitumineuses ou nitreuses, comme celles de Cutilée,
sont bues pour la purgation...
» La boue môme des sources est utilisée, en se séchant au
soleil après s'en être enduit.
» Les médecins regardent Teau de mer comme efficace pour
la résolution des tumeurs, notamment des parolides, quand elle
est bouillie avec de la farine d*orge Klle est utile aussi en
douches répétées. »
Voilà Pline. Il en dit assez, dans ce qui précède, pour nous
convaincre, sans que nous entrions avec lui dans les détails
plus ou moins fabuleux de la thérapeutique ancienne.
Il est ainsi bien évident que les eaux mioijrales ont été de très
longue date appliquées en bains, lotions, vapeurs, douches, au
traitement de la plupart des maladies chroniques; il n'est pas
moins évident qu'elles étaient aussi administrées en boisson,
puisqu'il est au moins question ici d'eaux purgatives.
Comment d'ailleurs expliquer autrement celte accumulation
de débris de vases à boire : coupes, tasses, cruches, urnes de
toute forme et de toute dimension, qu'on retrouve dans tant de
stations, notamment autour des sources ferrugineuses do Luxeuil,
et qui forment là, comme nous l'avons déjà constaté, une collec-
tion céramique si variée, que les échantillons semblent y avoir
été apportés de tous les points de la terre?
Au reste, une simple revue, quelque rapide qu'elle soit, des
sources minérales fréquentées avant ou pendant la période gallo-
Domaine, et oii restent des monuments incontestables de cette
fréquentation, va nous faire voir l'importance thérapeutique
anciennement attribuée aux stations. Elles sont loin de figura
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— Î45 -
toutes dans le tableau qui suit. Raugeons les mieux connues
suivant Tordre chimique aujourd'hui adopté :
Eaux sulfurées sadiques.
Arlks ou Amêlib-le9-6ains (Pyrénées-Orientales) : piscine et
Toûte antiques ; lames de plomb gravées ; médailles romaines et
celtibériennes.
Ax (Ariége), anciennement Aquœ,
Brôminbs (Savoie) : ruines de thermes romains.
LucHON (Haute -Garonne) : ruines antiques; pierres votives
avec l'inscription Lexoni Deo sacrum.
Carbâllo (Espagne, Corogne) : piscine romaine.
Eaux sulfurées calciques.
Aix-les-Bains (Savoie), Aquœ Gratianœ : restes romains;
arc votif; piscine et hypocauste; inscriptions.
6agnères-db-Bigorre (Hautes-Pyrénées) : ruines de thermes
gallo-romains.
AcQui (Italie), anciennement Aqu^ Statiellœ.
BuLLiCAHB (Viterbe) : ruines de thermes antiques.
ToPLiKA (Croatie), anciennement célèbre sous le nom de
Constantineœ Thermœ.
Eaux chlorurées sadiques.
Bains (Vosges), antique station.
Balaruc (Hérault) : vestiges de thermes antiques.
Bourbon-Lanct (Saône-et-Loire), Aquœ Nisineii.
Bourbon-l'Archambault (Allier), Aquœ Borboniœ.
BouRBONNB (Haute-Marne), Aquœ Bormonis ou Borvonis.
LuxBuiL (Haute-Saône) : aqueducs romains; sculptures an-
tiques; poteries; inscriptions Luxovium ou Lixovium et Brixia,
Mackvillbr (Bas-Rhin) : ruines d'un bain romain.
NiEDERBRONN (Bas-Rhiu) : restes de vastes thermes antiques.
HAMMAar-MBSKOUTiN (Constantine) : piscines romaines restau-
rées.
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— 246 —
Abanà (Padoue) : ruines antiques; piscines; Aponensesaqtiœ:
Patavinœ aquœ.
Baden-Baden (grand-duché de Bade) : piscines; sculplures^;
Civitas Aurélia aquensis,
Caldas de Montbuy (Espagne, Barcelone] : ruines ronaaines;
Aquœ calidœ.
Ile de Cos (mer Egée), trois sources célèbres dans l'antiquité.
Ile d*£lbe (Toscane), sources fréquentées des anciens : ruines
romaines.
Hbrmionb (Grèce, Argolide}, source sacrée au milieu des
ruines d'Hermione.
Ktthnos ou Therhia (Grèce, Cyclades), bains antiques-
PouzzoLE (Naples), grande cc^lébrité ancienne.
TiERMAS (Espagne, Sarragosse) : ruines antiques.
Weisbaden (Nassau) : restes d'antiquités; Mattiacœ aquœ
calidœ ?
Eaux chlorurées sadiques sulfureuses,
Uriage (Isère) : hypocauste antique.
Aix-la-Chapelle (Prusse rhénane), Aquis Granum ou Aquœ
Grani des Romains.
Archena (Esp., Murcie) : vestiges romains et mauresques.
Méthane (Grèce, Argolide), station antique.
Eaux bicarbonatées sodiques.
Chaudes-Aigues (Cantal), Aquœ calentes.
Vichy (Allier) : vestiges de station antique ; Vicus calidus ?
Ems (Nassau) : restes nombreux d'antiquités; Fontes calidi
Mattiaci ?
RoHAGNA (Toscane), ancienne station romaine.
Eaux bicarbonatées calciques,
Aix (Bouches-du-Rhône) : très remarquables vestiges; Aquœ
Sextiœ,
Badenweiler (grand-duché de Bade) : bains antiques bien
conservés; inscription à Diane Abnoba,
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— 847 —
BioussB (Anatolie], Pruse antique, au flanc du mont Olympe;
ancienne célébrité.
BuxTon (Angleterre, Derby) : ruines romaines; puits Sainte-
Anne.
Nibdbrnâu (Wurtemberg) : restes romains; statuette d*ApoUon.
NocBRA (Romagnes), très ancienne station.
RcBHBBBAD (Suisse, Argovie), sur les ruines d'un bain romain.
TùPFBii ou RcBMBRBAD (Styrie) : bain romain.
Eaux bicarbonatées mixtes.
MoNT-DoRB (Puy-de-Dôme) : ruines antiques.
NtRis (Allier) : ruines remarquables; Aquœ Nerœ.
Hàhham-Bbrda (Constantine) : constructions romaines.
Alangb (Espagne, Badajoz) : ruines antiques.
Chavbs (Portugal, Tras-los-Montes ) : ruines antiques ; Aquœ
Flaviœ.
Eaux sulfatées sadiques,
Plohbièrbs (Vosges) : travaux romains considérables; Plum-
bariœ?
Tbrkini (Sicile), station antique; Thermœ Himerenses.
YiCÀRBLLO (Etats romains) : vestiges antérieurs à la fondation
de Rome; anciennes Eaux Àpollinaires (*).
Eaux sulfatées calciques.
Alhaka db Murcia (Esp., Murcie), station antique.
Babbn (Suisse, Argovie), Aquœ Heloeticœ ou Verbigenœ,
Vicus thermarum,
Badbn (Autriche, près Vienne), Aquœ Pannonicœ.
Bath (Angleterre, Sommerset) : restes de réservoirs et de
piscines antiques; Aqt^œ Solis.
FoRDONGiANUS (CagUari), Aquœ Lesitanœ ou Hypsitanœ.
(^) E. Desjabdins, Découverte du Aqua ApolUnares, dtos les Archives
4ss missimu scientifiques, t. VllI, p. 24.
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— 248 —
Eaux sulfatées magnésiques,
BuzoT (Espagne, Aiicante), station antique.
GiAN (Hongrie), Àquœ Strigonienses.
Eaux sulfatées mixtes.
Dàx (Landes), Aquœ Augustœ ou Tarbellicœ.
RosBLLB (Toscane) : ruines de thermes romains.
Eaux ferrugineuses bicarbonatées.
Etuz (Haute-Saône) : maçonnerie et poterie romaines; anciens
conduits.
LuxBUiL, déjà cité.
Salàh-Bbt (Constantine) : restes de thermos antiques.
BiRKBNFBLD (principauté de), eaux connues à Tépoque romaine.
ToNGEBS (Belgique), fontaine dite de Pline.
Eaux diverses non classées.
iEoBPSB (Grèce, Eubée), antique célébrité; Mdepsi thermœ ou
Herculis lavacra.
Albano (campagne de Rome), antique fréquentation.
Eaux Albulbs (environs de Rome, Tivoli), sources sulfureuses
célèbres dans l'antiquité; Albulœ aquœ, Albunea fons.-
Almas (Hongrie), vestiges romains.
Antiochb ou Antakibh (Turquie d'Asie), célébrité thermale
antique
Bagnoli et Baja (Naples, golfe de Baja), sources sulfureuses;
grande célébrité antique sous le nom de Baies.
BfijAR (Espagne, Cacérès) : ruines antiques; Vicus Cecilins,
Municipium Bariense.
Caldas bb Malayblla ( Espagne , Girone ) : constructions an-
tiques; étuves; Aquœ Voconiœ.
CALLiiHOfi (près du Jourdain), source sulfureuse célèbre au
temps de Pline.
Eski-Chbhr, Dorylœum (Anatolie), sulfureuse thermale:
beaux restes d'antiquités.
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— 849 —
El Hàsha di Cabès (Tunis), station antique; Àquœ Tacapinœ.
LiBisiA (Esp., Salamanque], sulfureuse : ruines de thermes
romains.
LiDJA(Anatolie), sources appelées traditionnellement Bains
d'Agamemnon,
LiGOURio (Grèce, Argolide) : vestiges d'anciens thermes et
d*un temple à Esculape.
MiLO (Archipel grec), bains cités par Hippocrate.
Sarbàra (cap Cagliari), anciennement Aquœ Lesitanœ.
SMTftNB (au voisinage de}, sources citées par Strabon.
Il suffit d'un tK)up d*œil donné au tableau qui précède pour
voir que les eaux y sont de toute nature, empruntées à toutes
les classes : sulfureuses, salines, alcalines, gazeuses, calcaires
ou magnésiennes, ferrugineuses, etc. Elles représentent les
températures les plus diverses. La Gaule ancienne seule figure
là pour plus de vingt-cinq stations bien connues, oh Ton traitait
à peu près les mêmes maladies qu'on y traite aujourd'hui.
D*oh vient donc cette opinion assez vulgaire, reproduite, il est
vrai, dans des publications qu'emporte le vent, et qui consiste à
considérer la fréquentation des eaux comme une simple fantaisie
de la mode du jour? On dirait qu'entraînés par une vitesse
accélérée du temps, nous ne sachions plus que parler avant de
savoir, écrire avant d'avoir lu ce qui nous précède; oserons-nous
dire, imprimer souvent avant d'avoir écrit? Nous perdons jus-
qu'à la connaissance de l'origine des choses les plus usuelles.
On nous dit , par exemple , que Pascal est inventeur de la
brouette, quand nous voyons la brouette aux mains des ouvriers
mineurs gravés dans l'édition de Georges Âgricola (De re me-
iallicaj imprimée à Bàle en 4556.
Hais n'oublions pas qu'il s'agit d'eaux minérales, et rassurons-
nous. Si leur mode dure autant qu*elle a déjà duré, ce n'est pas
nous qui la verrons finir.
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L'ÉVÊQUE DE PARIS
HUGUES DE BESANCON
Par M. Auguste CASTAN.
0éMee pvbll«v« do 14 décembre IMft.
Dans son admirable Discours sur Vélat des lettres en France
au XIV* siècle, M. Victor Le Clerc n'a mentionné Tévéque
Hugues de Besançon qu'à propos d'une violente querelle quVut
ce prélat avec TUniversité de Paris {*). L'éminent écrivain ne
pouvait soupçonner qu'il restât le moindre vestige du style de ce
personnage, assez érudit cependant pour avoir conquis dans sa
jeunesse le grade de docteur en droit canon. Le hasard nous
ayant mis sous les yeux une longue épttre émanée de lui, nous
avons pris texte de notre trouvaille pour dévoiler (ce que per-
sonne n'a fait encore) les véritables causes de celte grande
fortune plébéienne.
I.
A l'époque oîi naquit Hugues de Besançon, le principe des
nationalités commençait à poindre dans le droit public de l'Eu-
rope. Philippe le Bel, qui, pour la France du moyen âge, en
était la première incarnation, possédait au plus haut degré les
qualités qui faisaient autrefois les grands politiques : la patience,
la ruse et le mépris des hommes. Ce fut avec ces armes qu'il
entreprit la conquête de la Franche-Comté, pays qui relevait de
f>) Discours sur mit des lettres en France au xiv* siècle, dans le XXIVt
Tolume de V Histoire littéraire de la France, p. 259.
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- 25* -.
la couronne germanique, et qui, par le fait, créait une porte
ouverte à l'étranger dans la frontière orientale de la France. Le
caractère- du prince qui régissait alors le comté de Bourgogne
devait favoriser singulièrement cette tentative.
Othon IV avait reçu de sa mère Alix une province désorga-
nisée et couverte de ruines (*]. Le peuple des campagnes, décimé
par les pestes, épuisé par les guerres, aimait mieux abandonner
ses champs que d'en payer les impôts ; les bourgeois, organisés
partout en communes, composaient hardiment avec le fisc; les
seigneurs, barricadés dans leurs innombrables châteaux forts,
n^apportaient au comte qu*un stérile hommage ; enfin, les res-
sources du domaine privé avaient été presque totalement taries
par les fondations pieuses des prédécesseurs d'Othon Celui-ci
n*était pas homme à dominer un tel état de choses.
Tête faible, mais âme loyale ; esprit frivole, mais cœur géné-
reux ; imagination vagabonde, mais tempérament vigoureux et
fait pour braver les hasards de la guerre, Othon IV portait en lui
toutes les passions, bonnes et mauvaises, de la vieille chevalerie
française. Un siècle plus tôt, il eût été le héros d'une croisade,
et les trouvères auraient à l'envi célébré ses prouesses : au temps
oii il vivait, il ne pouvait laisser de lui d'autre image que celle
de Toisoau qui tombe fasciné dans la gueule du serpent. Ayant
à opter entre les cajoleries des deux plus puissants monarques
du monde, l'empereur d'Allemagne et le roi de France, Othon
inclina du côté oh son goût pour le faste et son humeur belli-
queuse trouvaient la plus grande somme de satisfaction. Dès
1283, sans autre but que de chercher les aventures, on l'avait
vu dépenser des sommes folles pour concourir, sous les bannières
fleurdelisées, à la vengeance des vôpres siciliennes ('). Philippe
(>) a Item T0I0D8 que, por la poureté de nostre terre du comté de
Bonrgoigne, que la première année après nostre décès, nostres gens dudit
comté soyenl quittes de tailles et de missions. > {Testament d*AUx, comtesse
de Bourgogne, du 6 mars 1277, ap. Chbtalibr, Uist, de Poligng, 1. 1, p. 861.)
(*) GoLLUT, Mémoires historiques de la répuhliqut siquanoise, liv. Vil,
chap. xxin.
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— 252 —
le Bel, qui n'était encore que prince héréditaire, avait pu l'étudier
de près, gagner son amitié, corrompre sa parenté et glisser bon
nombre d'afSdés dans son entourage. Devenu roi , il Tattira le
plus que possible à sa cour, stimulant à tout propos sa vanité et
lui fournissant de la sorte mille occasions de s'endetter : un
second mariage qu'il lui avait fait contracter, en 4285, avec la
fille unique du comte d'Artois, le rendait d'ailleurs l'allié de tous
les grands vassaux de la couronne de France. Pour précipiter le
dénouement, il fallait une crise : Philippe le Bel sut la faire
arriver à point, en poussant Othon IV à entrer dans une ligue
formée par les comtes de Montbéliard et de Ferrette contre
l'évoque de Bâle et sou protecteur Rodolphe de Habsbourg.
L'aristocratie comtoise , et à sa tête Jean de Chalon , beau-frère
de l'empereur d'Allemagne, fut presque unanime à refuser de
suivre son chef immédiat ; elle considérait à bon droit cette lutte
comme une atteinte au plus sacré des devoirs féodaux. Othon,
réduit à enrôler des mercenaires, ne put empêcher les troupes
allemandes d'envahir et de ravager sa principauté. Battu sous
les murs de Besançon [août 4289), le comte de Bourgogne se
hâta d'accepter le pardon que lui offrait Rodolphe, et reprit le
chemin de la cour de France pour y cacher sa honte et s'étourdir
sur ses chagrins (*).
Cette dernière équipée avait donné le coup de grâce à son
crédit. Tout son domaine était passé, pièce après pièce, entre les
mains des usuriers juifs et lombards. Mais ces gages ne suffi-
saient plus : il lui fallait à tout prix, pour sa tranquillité, la cau-
tion du roi de France. Philippe le Bel allait exploiter enfin cette
situation, l'un des chefs-d'œuvre de son astucieuse diplomatie.
Par un premier traité, passé à Evrennes le 2 juin 4291, Othon et
Mahaut d'Artois, sa femme, s'eugagèrent à marier Jeanne, leur
fille aînée, à celui des fils de France qu'il conviendrait au roi de
désigner; la seigneurie de Salins devait former la dot de la jeune
(Mi.. Castan, Ori^iitef de la atmmtme de Besançon, ch. t, dans les Mé-
moires de la SoeiiU d^EmukUUm du Doubs, 8* série, t. III^Jpp. 314-816.
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— 263 —
princesse, et l'expectative du comté de Bourgogne lui était assu-
rée dan^ le cas ob l'héritier de la couronne deviendrait son
époux (*}. Les quelques sommes que lâcha le roi de France,
pour obtenir cet arrangement, ne servirent guère qu*à aiguiser
Fappétit des créanciers du comte de Bourgogne. Pourchassé de
plus en plus par cette bande d'escrocs, accablé par le mépris de
l'aristocratie franc-comtoise, la conscience bourrelée de remords,
le cœur gros de dépit, Olhon finit par abandonner le gouvernail
de sa propre existence, et par se mettre à la discrétion de Philippe
le Bel. Un nouveau traité, qui lui fut dicté à Vincennes le 2 mars
1295 ('], confirmait la clause initiale du premier, et stipulait, en
outre, l'abandon immédiat du comté de Bourgogne à Philippe le
Bel , père et administrateur des biens du fiancé de la princesse
Jeanne. Celle-ci venant à mourir avant la célébration de son
mariage, le comté devenait province française : il en devait être
de même si les conjoints mouraient sans postérité, ou si cette
postérité venait à s'éteindre ; mais, dans le cas oh Jeanne et son
époux laisseraient des enfants, ceux-ci hériteraient du comté de
Bourgogne. En retour de ces concessions, Othon recevait une
pension viagère de dix mille livres de petits tournois, la somme
de trente mille livres une fois payée , celle de vingt-cinq mille
li\Tes à répartir entre ses créanciers du royaume de France,
enfin la rente de huit mille livres à toucher pendant cinq années.
Chacune des filles que l'ex-comte pourrait avoir postérieurement
au traité devait être dotée par la France de cinq mille livres ; et
s'il lui survenait un fils, Philippe le Bel devait en avoir la garde
jusqu'à la dix-septième année du jeune prince, et lui constituer
une rente perpétuelle de trois mille livres et un revenu viager de
deux mille (*). Un article spécial du traité remettait Jeanne entre
(Vi Chbtalibr, nui, de Polignif, 1. 1, pp. 376-376.
(*) D. Plancher, Hist. de Bourgogne, t. IT, preiiTes, pp. lxxxvii-xci.
(') A l'époque du traité de Vincennes. le comte de Bourgogne n'aTait
que deux fiUea, Jeanne et Blanche ; cette dernière épousa le troisième fils
de Philijipe le Bel, Charles, qui remplaça son second frère «ht le trûne
de France, et répudia sa femme sous prétexte de parenté ipiri&iiçlle, miûs
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— asi-
les mains du roi de France, qui devait lui faire partager l'édu-
cation de ses propres enfants, en attendant qu'elle parvînt à Tâge
nubile.
A la nouvelle de ces machinations, la noblesse du comté frémit
de rage et courut aux armes. Elle foula aux pieds les lettres
d'Othon qui la sommaient de reconnaître pour chef le roi de
France (*], et sa réponse fut une adhésion à la ligue récemment
formée contre Philippe le Bel, entre l'empereur, le roi d'Angle-
terre et le comte de Flandres ('). Il ne fallut pas moins de cinq
années d'une lutte, à la fois ouverte et souterraine, pour dominer
cette formidable insurrection. Philippe le Bel la combattit surtout
avec son or, et, en 4304, il avait l'hommage et les cautions de
tous les seigneurs du pays (').
U.
Au cœur du comté de Bourgogne, et sur le premier gradin de
la chaîne des Juras, était assise une vieille cité que César avait
proclamée merveilleuse pour la conduite d'une guerre dans l'est
en réalité à cause de ses débordements. Othon eut depuis un fils, nommé
Robert, qui fut élewé avec ses sœurs daos le palais de la cité. Le jour
même où ce jeune prince atteignait sa quatorzième année, on le fit com-
paraître devant le conseil de Philippe le Bel ; et là, les mains posées sur
rE?angile, il déclara dans sa langue maternelle qu'il approuvait la dona-
tion faite à sa sœur aînée et renonçait a tous ses droits sur le comté de
Bourgogne {Arch. de l'Emp., Trésor des Charles, J. 250, n<* 3). A partir de
ce moment, le pauvre enfant ne pouvait plus être qu'un embarras pour le
roi de France : aussi ne tarda-t-il pas è clore sa courte et malheureuse
carrière, c L'on fit courir le bruit qu'il s'était laissé tomber des degrés du
château de Griment, et que dès lors il n'avait fait que languir. > (Chbva-
LiBR, Hist. de Poligny, 1. 1, p. 166.)
0) ^oy. Lettres du comte Othon à Thiébaud, comte de Ferrette, aux Areh.
du Douhs, Cti, des Comptes, B. 608.
(*) Chbvalibr, Uist, de Poligny, t. i, pp. 384-385.
(*) Arch. de V Empire, Trésor des Chartes : J. 349, no 18; J. 354, no« 48,
49, 50; Documents inéd. pour servir à Vhist. de la Franche-Comié, t. îli,
pp. 357*258.
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— 255 —
de la Gaule (^]. Ancienne capitale des Sôquanes, pnis métropole
d'une grande province romaine , Besançon ayaii été ensuite
accaparée par ses archevêques, qui, à la faveur des calamités
publiques, étaient parvenus à isoler son territoire de la contrée
environnante (*}. Là, comme dans tous les centres importants de
population y les idées d'association communale avaient germé
dès la seconde moitié du xii* siècle , et elles s'étaient traduites
par des orages. Issues des classes inférieures, elles avaient fini
par rallier, dans un intérêt de défense mutuelle, tout ce qui
devait s'intituler plus tard le tiers-état (•).
Durant le xiii* siècle» la commune de Besançon n*eut point de
programme politique; elle fut uniquement occupée de son orga-
nisation intérieure et de la conquête de ses franchises. Rebutée,
anéantie même officiellement par les empereurs d'Allemagne,
elle écouta complaisamment la voix de la France qui lui pro-
mettait aide et appui. PhiUppe le Bel ne négligea rien pour
entretenir ces dispositions. Par l'intermédiaire de l'un des frères
d'Othon, Hugues de Bourgogne, il réussit à créer, au sein de la
république bisontine, un véritable parti français. Sans cette pré-
caution, la féodalité franc-comtoise eût disposé d'un boulevard
militaire de premier ordre, et la perspective d'un long siège
aurait considérablement dérangé les plans de Philippe le Bel (*).
Le chef de ce parti français, celui que le roi de France chargeait,
en 1297, d'acheter pour son compte et de gérer en son nom les
fiefs du vicomte et de la mairie de Besançon ('), était en même
temps l'un des oracles du conseil de la commune. Il s'appelait
(^) < Namque omnium rerum qu» ad bellum usui erant, summa erat in
eo oppido facoltas : idque natura loci sic muniebatur« ut magnam ad du-
cendum bellum daret facultatem. » (De belL galL, lib. I, c. xzxTUi.)
(*} A. Gastan , Origines de la commune de Besançon, ch* 3 et 8, dans les
Mém. de la Soc. d'Em. du Douhs, 3* série, t. III, pp. 199-S63.
(») ld.,ldld.. pp. 263-291.
(*) /d., ihid., p. 314.
(») Arch. du Doubs, Ch. des eompUs, B. 148.
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-r«S —
Odin Michel (*) , et l'un de ses fils, noftoe Hugues de Besançon,
était alors sur les bancs de l'Université de Paris.
Telles furent les circonstances qui aplanirent les débuts de
Hugues de Besançon dans la voie des études et de la cléricature.
Son cours d'instruction secondaire terminé, il opta pour la faculté
de décret ou de droit canonique , celle dont les grades, coûtant
peu de travail et beaucoup de finance, menaient le plus rapide-
ment aux bénéfices ecclésiastiques. « La plupart des étudiants,
dit M. Ch. Thurot, n'aspiraient qu'au grade de bachelier, tout
au plus à celui de licencié.. . Les docteurs formaient, sous le
nom de co^^^ium^une corporation dont l'accès n'était pas
moins difficile qu^Wiui de la faculté de Bologne. Pour être ad-
mis au doctorat, il fallait justifier de 80 livres parisis de revenu.. .
Le récipiendaire donnait au président de ses actes de belles
robes et de bonnes fourrures. Chaque docteur régent recevait
deux bonnets, les non-régents, un seul Le nouveau docteur
donnait un banquet au$ docteurs, aux licenciés, aux bacheliers,
à tous les bedeaux. Il devait inviter les prélats et les nobles qui
se trouvaient à Paris, la cour du parlement, le3 autres juges et
conseillers du roi ('). » Le poste de docteur régent était passa-
blement lucratif dans la faculté de droit canon ; et quand on y
ajoutait quelques-uns de ces canonicats qui s'obtenaient par
l'entremise de la cour de Rome et n'obligeaient pas à résidence,
la position devenait alors magnifique. Reçu docteur en droit
canon dans le courant de l'année 1302 ('), Hugues de Besançon
0) Ed 1976, OdiD Michel, avec neuf autres citoyens, garantit le paiement
d'une somme de 1,000 livres due par la commune aux seigneurs d'Àrguel.
— En 1979, il arance 500 liTres è la commune, afin que celle-ci pût s'ac-
quitter d'une amende envers l'archevêque Eudes de Rougemont* — En
1989, il est une des cautions de la commune envers Richard d'Àcelle, Ton
des deux seigneurs qui l'avaient protégée contre Rodolphe de Habsbourg.
{Archivtt de la vUle de Besançon,)
(*) Ch. Thubot, De Vorganisatlon de VenseignemefU dam tVnipertilé de
Paris au moyen âge, p. 179.
(*) DuLiBUS, Uist. UniversitaHs Parts., t. JV, p. 87.
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— 267 —
professait au Clos-Bruneau au moins depuis 1307 (*]. Il avait
été pourvu 9 quatre années auparavant , d'un canonicat dans la
cathédrale de Laon ('), grâce, sans doute, au bon souvenir laissé
par Tmbert de Besançon, son parent, mort officiai de Tévôque
de ce diocèse en 1274 (*). Bientôt après, il était entré successi-
vement au chapitre de Sainte-Madeleine de Besançon (^), au
chapitre métropolitain de la même ville ('] et à celui de Notre-
Dame de Paris ('). Cette dernière dignité avait été, plus parti-
cuUèrement que les autres , la récompense des services rendus
par son père à la cause de la France.
Hugues de Besançon n'avait pas attendu ces honneurs pour
être admis è la cour de PhiUppe le Bel. L'habile monarque avait
(>) Une charte du 4 mars 1308, mais relative à une succesaion ouverte
depuis 1305, qualifie ainsi le personnage qui nous occupe : « Discretus
Tir dominus Hugo de Bisuntio, canonicus Laudunensis, utriusque juris
Tcuerabilis professor. » {Arch. de Vhôpilal du Saint-Esprit de Besançon.)
(*) Charte du 12 janvier 1304, par laquelle Hugues de Bourgogne s'en-
gage à déposer dans l'abbaye de Sainte-Geneviève de Paris l'acto, en diite
du 9 janvier 1294, par lequel le comte palatin, son frère, lui avait cédé
Chàtillon-lez-Besançon , en échange de la mairie et du vicomte de cette
ville, et de plus h ne retirer ce même acte que par l'entremise de « mon-
signour Hugues de Besençon, chenoine de Laon.> {Archives du Doubs,
Chambre des comptes, C. 167.)
(') Par son testament, Ymbert de Besançon avait légué 200 livres tour-
nois, au chapitre de Sainte-Madeleine de notre ville, pour la fondation
d'une chapelle dans cette église. {Arch, du chap, de Ste-HadeL, cart. 3, aux
Arch. du Doubs.)
(*) Les relations 'de la famille Michel avec le chapitre de Sainte-Made-
leine dataient déjà de fort loin. On voit, en effet, an mois d'avril 1350,
Hugues, clerc, fils de ^ean Michel, citoyen de Besançon, probablement la
grand-oncle et le parrain de notre prélat, recevoir d'un sien parent, Huon,
chanoine de Sainte-Madeleine, l'usufruit de quatre vignes du territoire de
Besançon, sous la condition de payer annuellement 50 sous à cette église,
laquelle demeurerait propriétaire du fonds. {Arch. de Ste^MadeL, cart. 3,
aux Arch. du Doubs.)
(*) DuNOD, Hist, de l'église, ville et diocèse de Besançon, 1. 1, pp. 319 et 330.
{*) Charte du 21 avril 1308, par laquelle l'évêque de Paris et le chapitre
de Notre-Dame élisent pour arbitres de leârs différends trois chanoines,
parmi lesquels figure Hugues de Besançon. {Cartulaire de Nolre^Davu de
Peurii, édit. GoiRAao, t. lil, p. 113.)
47
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— 868 —
compris de suite le parti qu'il pouvait tirer du jeune clerc pour
inspirer aux enfants d'Othon le dévouement envers leur nouvolle
patrie. Chargé spécialement de Tinstruction de Jeanne, il sut
tout à la fois gagner la confiance de Théritière du comté de
Bourgogne et devenir Tami de son fiancé, Philippe, comte de
Poitiers, le plus beau, le plus éclairé et le meilleur des fils du
roi de France.
Philippe le Bel mourut en 4 31 4,. et deux ans après, le 5 juin
4316, son successeur, Louis X, le rejoignit dans la tombe, ne
laissant qu'une fille et sa femme enceinte de quatre mois. En
attendant les couches de la reine Clémence, les barons de France
déférèrent la régence du royaume au comte de Poitiers. L'ad-
ministration de la haute justice n'était point alors sortie de la
main des rois de France, et le parlement de Paris siégeait encore
dans le palais même du souverain. Au mois de juillet 1316, le
régent voulant introduire daus ce corps des hommes instruits et
dévoués à sa personne, disposa de l'un des sièges de la grande
chambre en faveur de Hugues de Besançon ('). L'enfant de Clé*
mence, le petit roi Jean , mourut à l'âge de six jours, le SI no-
vembre suivant, et le comte de Poitiers ceignit la couronne de
France. Hugues de Besançon devint, dès lors, l'un des plus
intimes conseillers de la nouvelle cour.
Hugues n*était pas le seul franc-comtois en crédit dans la
maison de Philippe V. Ce prince, en qui l'habileté n'excluait, pas
l'esprit de conciliation, s'appliquait à guérir les plaies ouvertes
par la politique impitoyable de son père (*) ; il essaya de rappro-
(>) < L'ordenance du conseil, du parlement et de la chambre des
comptes, faite à Saint - Germain -en- Laye, on mois de jungnet, l'an
M.CCC.XVI, que le Roy estoit lors régent : .... Parlement.... Premièremeot
la grant chambre.... Mestre Hugues de Bezançon. » {Archivii de VEmpire,
Trésor des Chartes, JJ. 57, fol. 43.)
(*) « Ce Philippe fu homme moult actrempé, et combien qu'il trourast
moult de discordes en diverses parties du royaume, néantmoins, par son
sens et discrécion, tout fut ramené à paix et à concorde ; et cessèrent
guerres et batailles par tout le royaume, si que il sembloit que le temps
OctOYien, l'empereur de Rome, sous lequel Jesu Christ ntaquit, feust
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cher le comté de Bourgogne de la France, en ouvrant aux habi-
tants de notre province la carrière des fonctions publiques de son
royaume. Ce fut ainsi qu*il autorisa la reine Jeanne à recruter
presque tout son entourage parmi ses sujets d'outre-Saôno (*).
Adam de Granges, Jean de Poligny, Guillaume de Maisières et
Ferry de Hontboson furent créés ses écuyers; le bisontin Jean
Agace, son échanson; Jean de Mantoche, son aumônier; les
cordeliers Jean Vieil et Guillaume de Vadans (•) , ses confesseurs ;
Simon de Gray, chapelain de ses filles. Dans un rang plus élevé,
et à titre de familiers et d*amis, on trouvait auprès de Jeanne
l'éloquent dominicain Pierre de la Palu, qui devint plus lard
patriarche de Jérusalem ('); les savants légistes Hugues de
Besançon et Guy Baudet, de Poligny, le futur évéque de Langres
et chancelier de France sous Philippe de Valois (*) ; Simon de
retournez. » {Ckroniqtte anonpiu, dans le BecueU âe$ historiens de France,
t. XXI, pp. 151 et 152.)
(^) € C'est rordenance de Tostel madame Jehanne, royne de France et
de Nararre, faite au bois de Vinciennes. ou mois de dëccmbre, Tan
M.CCC.XVI. » {Archives de VEmpire, Trésor des ChaHes, JJ. 57.)
{*) Guillaume de Vadans avait été l'un des premiers religieux du couvent
de cordeliers fondé à Gray, en 1283, par le comte Othon IV. Son mérite le
fit appeler au monastère de Besançon dès 1307 ; il en était gardien en 1318.
Deux ans après, il venait à Paris, pour suppléer son confrère Jean Vieil
dans la direction de la conscience de Jeanne de Bourgogne ; cette princesse
reconnut ses bons offices en le désignant pour l'un de ses exécuteurs tes-
tamentaires. Il mourut vers 1335, léguant au couvent de Besançon un ma-
gnifique reliquaire de vermeil, en forme de bras, sur le piédestal duquel
on lisait une inscription votive. (Dunahd, Prieurés et maisons religieuses du
diocèse de Besançon, p. 249 ; ms. de la Bibliothèque de cette ville.)
(•) Pierre de la Palu , que Gerson a appelé »ir in divinis humnnisque et
ranonicis disciplinis profundissimus , appartenait à une illustre famille
bressanne, mais avait vu le jour en Franche-Comté. Célèbre par son en-
seignement et ses sermons, il fut nommé, en 1329, patriarche de Jérusalem,
et fît de vains efforts pour susciter une nouvelle croisade. Il mourut à Paris
le 31 Janvier 1342, laissant des conimentatres réputés sur la Bible et les
Pères. (TouEOif, Hommes illustres de l'ordre de Saint-Dominique, t. II,
pp. 223-237.)
[*) Guy Baudet, de l'une des premières familles bourgeoises de Poligny,
et non point originaire de Normandie , comme l'ont pensé les auteurs de
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Gonsans , d'abord abbé de Baume-les-Moines et ensuite évoque
d'Amiens (^); Thomas de Savoie, chanoine de Paria et cousin-
germain de la reine (*).
Les productions littéraires étaient en grande faveur dans cette
illustre compagnie. On y encourageait la calligraphie artistique (•)
et les translations d'œuvres latines en langue vulgaire. Plusieurs
la Gaule chrétienne (t. IV, ool. 630), araii débuté, de même que Hugues de
Besançon, par le professorat en droit; entré ensuite au chapitre de Notre-
Dame, il en fut élu doyen en 1331 et cumula cette fonction avec celle de
chancelier de France, qu'il possédait depuis ldt4. Sacré érêque de Langres
en 1336, il mourut dans les premiers mois de 1338.
(^) Simon de Gonsans, et non de Goucans, comme l'appellent h tort les
auteurs de la Gaule chrétienne (t. X, col. 1191) et leur continuateur M. Hau-
réau (t. XV, col. 179), naquit à Besançon et entra dans l'ordre de Saint-
Benoit, qui lui confia, dès 1300, la gestion de l'importante abbaye de
Baume-les-Moines. Il fut, en cette qualité, l'un des agents de la pacifîca-
tion du comté de Bourgogne après la conquête de ce pays par Philippe le
Bel. L'époux de Jeanne de Bourgogne le récompensa en lui donnant un
siège au parlement de Paris. 11 fut élu évéque d'Amiens, grâce à la recom-
mandation du pape Jean XXII, en juillet 1331, et mourut sur ce siège le
3 décembre 1325.
{•) Issu de Thomas IH, comte de Maurienne, et de Guye de Bourgogne,
sœur du comte Othon IV, Thomas éuit le quatrième enfant d'une branche
cadette, et conséquemment peu fortunée, de la maison de Savoie. Il béné-
ficia des relations de Philippe le Bel avec son oncle, en obtenant, dès 1289,
une place de maître des requêtes du Palais, puis un canonicat à Notre-
Dame de Paris. En 1316, sa parenté d'alliance avec le régent lui ouvrit les
portes du parlement. Il suivit, dès lors la fortune de la reine Jeanne, dont
il fut l'un des exécuteurs testamentaires. Après quoi il se retira dans la
ville d'Amiens, où il possédait un canonicat, et y mourut le % décembre
1334. (Voy. Blanchard , Catalogue des conteiUers au parlement, p. 4, et
Généalogies des maitres des requestes âe l'hostêl du roy, p. 6.)
(») On conserve à la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg le livre
d'heures de Jeanne de Bourgogne, qui est sorti de France à l'époque de
la grande Révolution. C'est un manuscrit petit in-fol., à la dernière page
duquel on lit: « Ces heures furent escriples et d'images aournéespour très
grant et très douce dame, dame Jehanne, contesse de Bourgoigne, famé du
roy Philippe, nostresire, par frère Gilles Mauléon, moine de St Denys,
l'an nostre Seigneur Jhus-Crist M.CCC.XVII. » — Je dois ce renseignement
à l'obligeante érudition de M. le comte H. db la FB»aiÈa«, auteur de
remarquables études sur les documents français qui existent dans les
dépôts de l'étranger.
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— 264 —
trayaux de cette dernière catégorie parurent sons les auspices de
la reine Jeanne : telle est rorigine de la première version fran-
çaise du roman de Gérard de Roussillon (^) ; des paraphrases du
fameux livre de la Consolation de Boêce et du traité analogue
d'Albertan de Brescia» par un dominicain du couvent de Poligny,
frère Renaud de Louens (•) ; des Métamorphoses d'Ovide mora-
lisées par Philippe de Vitry, qui mourut évoque de Meaux (').
C*esi de là que sortit également la généreuse pensée d'ouvrir,
dans rUniversité do Paris, un collège oii vingt jeunes gens
pauvres du comté de Bourgogne auraient Texistence assurée
pendant leur cours d'études. Cette fondation , inscrite dans le
0) Dans cette version, savamment éditée par M. Mignaed, de Dijon, en
1858, on lit l'invocation suirante è l'adresse de Jeanne de Bourgogne
(T. 257-260) :
Reigne très excellons, la plus noble du munde ,
Jehanne de Bourgoigne, en cui tous biens habunde,
Femme le roi des Frans, prenés en vostre garde
Le lieu où Girars gist ou quel son corps l'on garde !
(*) La paraphrase en vers de Boëce est intitulée Roman de fortune et de
fèlieité: M. Ch. Wbiss en a publié le prologue d'après un manuscrit de la
bibliothèque de Besançon (Afèm. de VAcad, de cette ville, 1843, pp. 106-
113), et l'a fait précéder de quelques détails sur la famille de Renaud de
Louens. La version d'Albertan de Brescia , intitulée le Livre de Mèlibée et
de Prudence, est dédiée, comme celle de Boëce, à la duchesse de Bour-
gogne , fille atnée de Philippe le Long et de la reine Jeanne ; ce dernier
ouvrage a été inséré dans le Mènagier de Paris, publié en 1846 par M. le
baron J. Picuon, pour la Société des bibliophiles français (t. I, pp. 186-
236.)
(*) Cet ouvrage, dont le but est de faire voir dans Ovide la confirmation
des récits bibliques, fut écrit ad requestam domina Johanna quondam regïna
Francia, dit un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Victor. M. Paulin
PiRis (Manuscrits français, t. III, pp. 182-183) démontre que cette reine
Jeanne ne peut avoir été que celle qui nous occupe. Philippe de Vitrjr,
l'un des amis de Pétrarque, qui l'appelle, dans une de ses épîtres, poeta
nunc uninis Galliarum, devint évéque do Meaux en 1350 et mourut le
9 juin 1361. Ses œuvres poétiques ont été publiées, en 1850, i$ar M. Tarb^,
aujourd'hui correspondant de l'Institut de France.
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— «62- —
testament de la reine Jeanne, s'accomplit en 1331 sous le nom
de Collège de Bourgogne (*).
< La nécessité oîi étaient les évêques et les chapitres de dé-
fendre leurs intérêts temporels ouvrait, dit M. Thurot, beaucoup
d'emplois aux canonistes. Ils étaient beaucoup plus recherchés
que les théologiens, parce qu'ils étaient plus utiles (*). 3> Double-
ment utile au chapitre de Notre-Dame, et par ses connaissances
spéciales et par son immense crédit, Hugues de Besançon ne
pouvait manquer de tenir une place considérable dans cette
assemblée. Investi d'abord du titre d'archidiacre de Brie, ce fut
dans sa maison canoniale qu'on 4318 Hugues de Bourgogne,
non moins dissipateur que le défunt comte son frère, ut abandon
à la reine Jeanne des châteaux de Port-sur-Saône, de Montboson
el de Sainte-Marie ('). L'année suivante, Hugues de Besançon
était promu à la dignité de chantre, la seconde du chapitre (^),
et le 19 janvier 1326, ses confrères le portaient au trône épis-
copal. Son élection, dît l'un des cartulaires de Notre-Dame, fut
faite par le canal du Saint-Esprit ('), c'est-à-dire qu'elle eut lieu
0) Le collège de Bourgogne fonctionoa librement, avec des alternatives
de prospérité et de décadence, jusqu'en 1764, époque où la plupart des
établissi^mcnts de ce genre furent annexés au collège Louis-le-Grand ,
mais avec réserve des droits de chacune des provinces intéressées. Sous
ce dernier régime, les bourses comtoises atteignirent le nombre de qua-
rante-six ; elles furent brusquement supprimées par un décret du 7 octobre
1804, et les revenus qui les alimentaient servirent à doter le Frytanée
militaire. L'auteur de cette notice a rédigé, en 18ôé, une Histoire du collège
de Bourgogne, qu'il a l'espoir de publier prochainement.
(*) Ch. Thdrot, De Vorganisation de renseignement dans VVniversité de
Paris au moyen âge, p. 169.
(*) « Actum et datum in claustro ecclesie béate Marie Parisiensis.
in domo viri venerabilis et discret! domini Hugonis de Bysuncio , Bryo
in eadem ecclesia Parisiense archidiacono, anno incarnationis dominice
M°.C(X°.XV1I1**, indictione secunda, die nona menais decembris •
(Arch. du Doubs, ch. des C, M. 312.)
(«) Carlulaire de N. D. de Paris, édit. Gdïrard, 1. 1, p. en, t. III, p. 79.
(*} « Hugo de Bisuntio incœpit anno M.CCC.IXVI , in crastino octava-
rum Epiphaniœ Domini; fuit eleetus per riam Spiritus sancti. » (Parvus
Pastoralis iV. D. Paris, ap. Gall. Christ., t. VU, col. 127.)
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— 888 —
par aedamation uDanime et-sans la formalité ordinaire du scrutin
secret (*).
€ L'évéque de Paris, dit le savant Guérard, semble avoir sur-
passé en dignité les plus hauts barons de France ; car ceux-ci
étaient soumis envers lui à une obligation qui nous paraît aujour-
d'hui fort humiliante : celle de le porter jusqu'à sa cathédrale le
jour de son inauguration. C'étaient non-seulement les sires do
Montmorenci, les comtes de Saint-Pol, les comtes de Bretagne,
mais même le roi de France, qui recevaient ou devaient recevoir
humblement sur leurs épaules la litière du prélat. Dans la suite
des temps, à mesure que la splendeur épiscopale s'affaibUt, le
roi et les hauts barons négligèrent de plus en plus ce devoir
féodal, et se contentèrent d'envoyer des porteurs à leur place....
L'évéque avait le tiers de la ville de Paris ; il en percevait tous
les revenus une semaine sur trois, et avait ses bottes et ses gens
à tous les lieux de perception. Il avait à Paris toute justice :
haute, moyenne et basse, et toutes épaves dans les forfaitures et
les mainmortes ; les cas de rapt et de meurtre étaient seuls
réservés au roi (•). »
Armé d'une telle somme de prérogatives, l'évoque de Paris
pouvait devenir redoutable au roi de France lui-même : aussi le
gouvernement pesait-il de tout son pouvoir sur chaque élection
épiscopale. Philippe V avait fait, sous ce rapport, la leçon à ses
successeurs. N'étant encore que comte de Poitiers, il était par-
venu à emprisonner le sacré collège dans le couvent des domini-
cains de Lyon, et à lui imposer comme condition de sa délivrance
l'élévation du candidat français sur la chaire de saint Pierre (*).
Procédant d'une même influence, le pape Jean XXII et l'évéque
de Paris se trouvèrent intéressés à leur mutuelle défense. Cette
association fut rendue évidente par la lutte que soutint, on 4330,
(M Pi^UBiB!!, Hist. de Pari$, 1. 1, p. 579; Gu^kard. Cartul, de 19. D, de
Porb, 1. 1, p. LXXIT.
(*) Gci^mimD, Carinl, de iV. D. de Paris, t. I, p. lyi.
(') BxnTmAHDY» Recherches MsUniqnet sur Vorigtne, VilecHon et le eùu»
nmnemeut eu pape Jean XXII, pp. 92 et 70.
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- J64 —
Hugues de Besançon contre TUniversité de Paris. Le tribunal de
l'évéque avait incarcéré un jeune étudiant accusé du rapt d'une
femme et l'avait condamné à une amende de 400 livres. L'Uni-
versité, blessée dans ses privUéges, fit cause commune avec son
suppôt, et sur le refus qu'opposa l'évoque de restituer l'amende,
le prit personnellement h partie et l'expulsa do son sein comme
parjure. Hugues de Besançon en appela au pape. Par deux bulles
successives, Jean XXII releva l'évéque du serment qu'il avait
autrefois prêté comme étudiant, mita néant les poursuites de
l'Université contre lui, et adjugea l'amende en litige aux pauvres
écoliers de la Sorbonne et de la porte Saint- Victor (*).
L'administration de Hugues paraît avoir été intelligente et
ferme ; elle dura six ans et demi et se termina par sa mort,
arrivée le S9 juillet 1333 (*).
IV.
C'est le propre des esprits élevés de ne pas oublier leur origine,
si modeste qu'elle soit, et d'éprouver de tendres sentiments à
l'endroit de leur berceau. Ainsi fît Hugues de Besançon. Il fut
une providence pour ses compatriotes et ne ménagea , pour les
servir, ni ses peines ni son crédit ('). Voulant laisser à sa famille
(») BuLAus, UUt. Univ, PaHs, t. IV, pp. 226-228; C. Jourdain, Index
chron. ehartar, pntim. ad kist. Univ. Tari*., pp. 109-111.
(*) Sar 800 tombeau, qui existait dans le chœur de Notre-Dame de Paris,
OD lisait répitapbe suivante : Hugo db Besançon, utriusque juris doctor,
IPISCOPUS PaRISIBNSIS, qui in HAC ECCLBSIA GBSSIT PONTIFICALE 8BX ANNIS
CUM DimOlO, PROMPTUS BT DBV0TU8 IMPLBVIT. {Gall. CkHst., tom. VII,
col. 128.)
(') Délégation donnée par l'archevêque et le chapitre métropolitain de
Besançon, le 4 juin 1319, au chanoine Pierre de Thoraise, dans le but d'a-
gir, arec Hugues de Besançon, chantre de l'église de Paris, auprès de la
reine Jeanne, à i'effet d'obtenir que le clergé du comté de Bourgogne fût
exempt des décimes accordés par le pape au roi de France (Jntentalre des
titres de Varcherirhé de Besançon.) — Ajoutons qu'en devenant évéque,
Hugues de Besançon paraît avoir cédé son canonicat de Laon au bisontin
Etienne Cbevri, et son canonicat de Paris à un autre de ses compatriotes,
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— 865 —
le patrimoine qui lui venait de ses auteurs, il réalisa, ?ers la fin
de sa vie, diverses acquisitions d*inimeubles et de rentes sur le
territoire de sa ville natale, afin d'asseoir solidement les fonda-
tions qu'il destinait à nos églises (^). Trois d'entre elles lui étaient
particulièrement chères : celle de Sainte-Madeleine, où il avait
reçu le baptême et dont il était devenu l'un des dignitaires; celle
de rhôpitai du Saint-Esprit, voisine de la maison de ses pères (*)
et dans laquelle son cœur s'était épris de la morale évangéliquc ;
celle de Saint-Jean, métropole du diocèse, qui l'avait admis
comme chanoine au début de sa carrière.
Il fonda plusieurs chapelles dans l'église de Sainte-Madeleine,
ainsi qu'une messe mensuelle pour le repos de son âme ('}.
n enrichit le trésor de l'hôpital du Saint-Esprit d'une grande
croix d'argent doré du poids de vingt marcs. En reconnaissance
de cette libéralité, les religieux avaient décidé qu'à chaque
retour des orocessions solennelles ils réciteraient le psaume De
profundis avec la Collecte pour les défunts à l'intention du bien-
faisant évéque (^).
Jean de Gray; ces deux personnages assistaient le prélat dans un jugement
rendu par lui au cloître de Notre-Dame» le 10 avril 1332. (C. Jouedain,
Index chronologicus, p. 114.)
(^) Acquisition faite par Hugues» é^êque de Paris» le 18 mai 1332, d'un
cens annuel de douze sous» assis sur une vigne du territoire de Besançon,
au canton de Fucigney, lieu dit en Saixely et ce moyennant la somme de
dix livres payée par trèxe Pierre, recteur de l'hôpital du Saint-Esprit,
mandataire du prélat. {Areh. de l'hôpital du Saint-Esprit,)
(■) La maison des Michel était située non loin des grandes boucheries de
Besançon» c'est-à-dire dans le quartier du Bourg» qui ftit le berceau de la
commune. Ce quartier fit partie , jusqu'à la Révolution française» de la
paroisse de Sainte-Madeleine» laquelle avait pour limites» sur la rive
gauche du Doubs» les rues de Glères, de la Bouteille» la ruelle Baud» celle
du Loup, et enfin la rue des Bains-du-Pontot.
(*) DuifOD, Uist, de l'église, ville et diocèse de Besançon, 1. 1, p. 219.
(*) • Dbcembbr : XVI kal. (januarii). — Notum sit omnibus magistris et
fratribus hujus sacre domus, tam presentibus quam futuris» ipsos teneri
dicere in presenti ecclesia, quandocunque de processionibus solemnibus
reverterentur, psalmum qui incipit De profundis, cum collecta pro defunc-
tis» pro remedio anime quondam révérend! patrie magistri Hugonis de
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— 866 —
n ne se contenta pas d'assurer la célébration de son anniver-
saire dans notre église métropolitaine (*) ; mais désirant perpé-
tuer, en outre, le souvenir do son égale affection pour les cathé-
drales de Besançon et de Paris, il avait voulu que leurs liturgies
respectives se fissent de mutuels emprunts. L'église de Paris
possédait, depuis les temps mérovingiens, des reliques de nos
apôlres Ferréol et Ferjeux (") ; mais elles n'y étaient l'objet
d'aucun culte spécial : Hugues de Besançon obtint, au mois do
juillet 4320, moyennant le versement d'une somme de 600 livres,
qu'on leur consacrerait l'une des trois chapelles qui se construi-
saient alors dans l'abside de Notre-Dame (*). A la même époque,
il envoyait au chapitre métropolitain de Besançon l'office de la
Couronne d'épines, tel qu'il existait dans le bréviaire de Paris,
et lui offrait, tant pour en prescrire la célébration que pour
BisuDlio, episcopi Parisiensis, qui pro dictls magistrjs et fratribus dédit
quandam magnam crucem argenti deauratam, ponderis xx marcharum,
anno Domioi millesimo CCC''XXXII^ » {Kécrologe du Saint-Esprit de
Beiançon, copie de 1666, aux Archives de VMpHaL)
(^) « JuLius : lY kal. (augusti). — Anno Domint M'^CCC'* tricesimo secuDdo,
obiit Tenerabilis pater Hugo de fiisuncio, episcopus Pariaiensis, qui dédit
nobis, pro anniveraario auo annuatim faciendo, lx solides stephaniensium,
assignâtes super vineam suam sitam in canali de Vileta ; et dédit nobis
ccntumlibras positas in refectione molendinorum de Riveta. pro quibus
capitulum assignavit supra dicta molendina centum solides annuatim, nett
ad alios usus possunt nec debent verti : et hoe juraverunt et statuerunt
domini canonici in capitule. » (Nécrologe de Véglise mitropolUaine , h la
Bibliothèque de Besançmi,)
{*) Apportées sans doute par l'évêque de Besançon Tétrade, l'un des
pères du second concile de Paris, en ^51, elles sont mentionnées dans le
diplôme de Childebert !«% relatif à la fondation de Saint-Germain-des-Prés
(558). Cet acte est évidemment apocryphe ; mais il parait avoir été composé,
au commencement du onzième siècle, d'après les traditions du monastère
qu'il concerne. (J. Quichbrat, Critiqtu des deux ptus anciennes chartes de
Vabbaye de St-Germain^des-Près, dans la Bibliothèque de V Ecole des Chartes,
6«série, 1. 1, pp. 518-555.^
(*) Cartvlaire de Notre-Dame de ParU, édit. GuiRAED. t. IV. pp. 79-83.—
/:f. FMlibien. Plan de fégUse Notre-Dame, o« 19, dans V Histoire de Paris
du même auteur, t. t.
^
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— 267 -
élever au rang des solennités de première classe la fête de sainte
Madeleine et ajouter Tantienne Virgo virginum à celles de
Tavent de Noël, deux rentes, Tune de douze et l'autre de six livres,
dont les titres étaient entre les mains de son cousin germaio,
Jean Michel.
Les propositions de Hugues furent acceptées, et l'office de la
Couronne d'épines introduit dans le bréviaire de l'église de
Besançon ; mais ce monument liturgique , composé sous les
auspices de saint Louis, n'était qu'une longue série de louanges
à l'adresse de la France : aussi la rivalité de François I**" et de
Charles-Quint rendit-elle, chez nous, sa récitation impossible, et
devint-il, dès lors, indispensable de lui substituer une nouvelle
rédaction.
Les autres fondations de Hugues s'accomplirent exactement
jusqu'à la Révolution française. Elles disparurent alors dans le
grand naufrage des institutions religieuses, et la croix procession-
nelle du Saint-Esprit suivit de près, à la monnaie, la châsse des
martyrs Epipbane et Isidore (^) , offerte à notre cathédrale do
Saint-Jean par la reine Jeanne de Bourgogne ('), dans le même
{*) En vertu do la loi du 10 septembre 1792, qui ordonnait la conversion
en monnaie des ustensiles d'or et d'argent des églises, autres que les vases
sacrés proprement dits, le conseil général de la commune de Besançon
délégua des commissaires pour inventorier et envoyer au procureur du
district les objets de cette nature qui eiistaient dans les diverses sacristies
de la ville.
Le procès-verbal concernant l'église métropolitaine, dressé le 2 octobre
1792, décrit ainsi la châsse qui nous occupe :
• Art. 4. — Une châsse en argent travaillée, reposant à Saint- Bpiphane,
du poids de 35 livres 10 onces, garnie de bois, fer et autres corps étrangers. >
Le procès-verbal relatif au Saint-Esprit, daté du II octobre 1793, fait la
mention suivante de la croix processionnelle de l'établissement :
« Une croix double de l'ordre du Saint-Esprit, pesant brute 20 marcs. »
{*) Ces deux corps saints passaient pour avoir été donnés à l'église de
Besançon par l'impératrice Galla Placidia, mère de Valentinien 111, vers
416, en même temps que le bras do saint Etienne, un peigne et des cheveux
de la Vierge, plus une ceinture du Christ. Ces corps, longtemps enfermés
dans la Confession de notre église de Saint4ean, furent retirés solennelle-
ment en I3I9» pour être exposés à la vénération des fidèles : ce qu'apprenant.
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— «68 —
temps oii Hugues de Besançon avait fait à cette église ses prin-
cipales libéralités.
Nous donnons enfin le texte de la lettre adressée par notre
prélat, en juillet 1320, à ses confrères les chanoines de Besan-
çon (*). On y trouvera des détails curieux sur les distributions do
vin et de nourriture qui étaient le complément indispensable de
tout office capitulaire :
« Viris venerabilibus et discretis dtcano et capitule ecclesie
Bisuntine, Hugo de Bisuntio, cantor Parisiensis, eorum conco-
nanicus, salutem et felicibus ad vota successibus prosperari.
» Dudum ex intimis gerens precordiis devotionis aiïectum ut,
ad omnipotentîs Dei glorioseque Marie Virginis ac béate Magda-
lenes necnon et ecclesie noslre Bisuntine decus pariler et doco-
rem cultus divini et devotionis fîdelium incrementum, juxta
plurimarum laudabilem ecclosiarum morem, numerus illarum
sollempnium antiphonarum que dicuntur et incipiunt per 0, et
per octo dies ante Natale Domini cotidie sollempniter cum
Magnificat in jam dicta ecclesia decantantur, augmentaretur,
una cum coUatione in capitule fieri consueta, de una antiphona
que dicitur Virgo virginum sollempniter decantanda çnno
quolibet in futurum, item et illius preclari spinei diadematis
Jesu Christi insignis sollempnitas, necnon et béate Marie Magda-
lenes gloriosa festivitas, suis temporibus annis singulis iraper-
petuum, quo ad iutegrum offlcium ecclesiasticum, tam in pulsa-
la reine Jeanoe de Bourgogne Gt fdire, dans ce but, une chftsse d'argent
massive et fort élégante, où Ton plaça également quelques os dos saints In-
nocents. Cette translation eut lieu le 3 octobre 133(», par les soins de l'arche-
vêque Vital. (J.J. Chifflet, Vesonlio. ^* pars. pp. 104 et 388: Breviarium
bisuniinnm, edit. an. 161\ pars œstivalis, p. 874; Vie des saints de Franche-
Comie, t. IV. pp. 551-553.)
('; Cette lettre est transcrite, en regard de l'ofGce de la Couronne d'é-
pines, dans un bréviaire manuscrit du diocèse de Besançon.
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— J69 —
tione campanarum quam luminari » indumentis caparum , pro-
cessione et collatione potationis in capitulo omoibus de choro
facienda, quam totum residuum divinum offlcium honorifice
decantandum ita sollempoiter imperpetuum, in utraque ecclesia
Sancii Johannis videlicet et Sancti Stephani ita sollempniter fiant
împerpetuum ac otiam celebreatur, sicut in majoribus festis
duplicibus in eadcin utraque ecclesia sccundum temporùm exi-
gentiam bactenus fieri consuevit; verum quia preces meas yobis
aliâs super hoc porrectas bonignitor admissas perpendi, Yosque
sollempnitates easdem jam laudabiliter incepisse, quia qui altario
servit de altario débet vivere, ut sollempnitates hujusmodi, modis
quibus supra, celebreotur attentius et ad easdem tam canonici
quam familiares libentiori animo conveniant in futurum, pro
omnibus et singulis distributionibus et expensis in qualibet sol-
lempnitate predicta necessariis, tam pro pulsationibus campana-
rum ad horas singulas quam pro luminaribus, collationibus et
distributionibus et aliis consuetis si que sunt alia, decem et octo
libratas terre stephaniensium annui et perpetui redditus compe-
tenter assignatas de bonis michi a Deo coUatis duxi propter hoc,
si de vestra processerit voluntate, vobis et ecclesie Bisuntine
împerpetuum concedendas : videlicet duodecim libras supra do-
mum Jacobi de Fustes, sitam inmacellis Bisuntinisjuxta domum
Guidonis Brulefoin, et alias sex libratas supra fructus patronatus
ecclesie Sancti Pétri Bisuntini, de quibus dilectus meus consan-
guineus Johannes Michaelis litteras acquisitionis habet, quas
Yobis una cum litteris mois super dicta concessione faciendis
vobis tradere promittet, si bonas litteras sub vestris sibi tradere
Yolueritis sigillis, in quibus confiteamini talem concessionem ex
hac causa vobis et ecclesie a me factam, necnon et litteras acqui-
sitionis dicte summe pecunie babuisse, promittatisque in eisdem,
bona Ode, nomine vestro et ecclesie Bisuntine, pro vobis et vestris
successoribus, singulis annis imperpetuum, in utraque jam dicta
ecclesia Sancti Johannis et Sancti Stephani , dictam antiphonam
Virgo virginum illa die qua jam incepistis, cum ea sollemp-
nitate et collatione de nectare seu clareto et vino, ad sumptus
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— 270 —
capituli per manum sexcalli vestri, qua aliis diebus quibus alio
antiphone de Deo qui dicitur vulgariter fieri apud vos consue-
verunt, cantare facere et implere, pro sex libratis terre super
dictes fructus dicti patronatus assignatas ; item et promittatis ut
supra, pro aliis duodecim libratis terre super dictam domum
assignatis, dictas soUempnitates, videlicet béate Marie Hagda-
tenes etfesti Corone Domini, singulis annis imperpetuum, facere
et celebrare in utraque ecclesia predicta soUempoiter et in dup-
^dici festo de predicta pulsatione campanarum , luminari, colla-
tionibus, distributionibus, processionibus, cum capis et aliis
divinis ofQciis, sicut in aliis majoribus festis dupplicibus consu'e-
vistis, secundum ecclesie morem, de premissis sollempnius cele-
brare. Ceterum, quia dictarum terminus solutionis duodecim
librarum festa sequitur antedicta, Johannes ipse, una cum eisdem
duodecim libris stephaniensium, pro eisdem proximis béate Marie
Magdalenes et Corone Domini festivitatibus celebrandis, in sicca
pecunia vobis tradet. Unde vestrum omnium et singuloruni
discretionem , fraternitatem et amicitiam michi caram attentius
rogito, quatinus de summis predictorum reddituum, pro quibus
supra et pro mea possibilitatis et affectus devotionis module vobis
exhibitis, dignemini contentari et acceptare easdem, litterasque
vestras, sub compétente forma, prout melius, salva rerum sub-
stantia, conficiantur, micbi, super premissis que rogito, conce^
datis; et michi quid inde facluri eritis rescribatis. — Valete, sicut
opto, in grata animarum et corporum sospitate. »
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SUR L'APICULTURE
Par M. P. FAIVRS
llembro correspoidaiil à Seorre (Cdto-d*Or).
•éaBce pabll^a» «n 14 «é«CBibre !••».
Messieurs ,
La Société d'Emulation du Doubs, en m'admettant parmi ses
membres correspondants, sous le bienveillant patronage de l'un
de ses fondateurs, me permet de prendre part aujourd'hui à une
fête de famille. Elle a voulu par cette adoption, non-seulement
reconnaître mes modestes travaux en apiculture, mais aussi
témoigner de l'intérêt qu'elle porte aux industries qui se ratta-
chent à l'agriculture tout entière.
L'éducation des abeilles, quoique n'étant pas une des branches
les plus importantes de cette science, a du moins le rare mérite
de pouvoir s'introduire presque partout, de ne gôner aucune
exploitation, et d'être à la portée de toutes les fortunes et de
toutes les intelligences : en un mot, elle donne un produit qui
vient s'ajouter à d'autres sans grand labeur ; et c'est dans ce cas
particulier qu'on peut dire avec vérité que l'on récolte sans
avoir semé.
Depuis un temps immémorial, Tabeille est au pouvoir de
toutes los classes de la société. Les cultivateurs y ont trouvé un
supplément de ressources; les spéculateurs intelligents, une
honnête aisance; les amateurs riches, une agréable distraction ;
enfin les naturalistes, ces hommes toujours zélés pour la science,
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— 27J —
exercés dans l'art si difficile d'observer, D*ont pas craint de
consacrer leur temps, quelques-uns leur modeste fortune, pour
pénétrer dans ces villes saints inconnues du vulgaire, en obser-
ver les merveilles et en devenir les historiens.
Deux choses préoccupent tout d'abord les personnes qui dé-
sirent s'adonner à l'apiculture : un emplacement favorable pour
le rucher et le choix d'une bonne ruche. C'est qu'en effet,
Messieurs, ces deux objets ont une influence considérable, non-
seulement sur le produit qu'on peut en retirer, mais encore sur
la prospérité des abeilles.
L'emplacement qui me paraît, le plus avantageux pour un
rucher à demeure fixe, est un lieu paisible, loin des villes et
même des villages, ainsi que des grandes pièces d'eau et de la
plupart des établissements industriels , surtout de ceux oh l'on
manipule des matières sucrées, abrité contre les vents, les pluies,
les rayons trop ardents du soleil, de même que contre les grands
froids. Si de l'eau est à sa proximité et que dans le voisinage les
plantes mellifères soient abondantes et variées, de manière h
donner une riche et longue succession de fleurs produisant un
miel blanc et d'une saveur agréable , un tel emplacement serait
le meilleur possible ; mais comme ces emplacements sont rares,
on doit s'en rapprocher autant qu'on le peut, même en y sup-
pléant par le transport des ruches au pâturage, puisque par ce
moyen on peut, dans la plus grande partie de la belle saison,
mettre ses abeilles dans l'abondance : c'est cette circonstance
favorable qui fait la supériorité de l'apiculture pastorale.
L'idée de faire voyager les abeilles n'est pas nouvelle; elle
était connue et pratiquée par les anciens Egyptiens qui les prome-
naient sur le Nil et les conduisaient même jusque sur les côtes
de Syrie. Les peuples de l'Archipel grec et les Espagnols sui-
vaient la même méthode. Les habitants de quelques cantons de
l'Italie la suivent également; ils embarquant leurs ruches qui
sont ordinairement en bois et les font voguer sur les rivières,
entre autres sur le P6. Quand les fleurs manquent dans les
plaines, ils rapprochent leurs ruches des montagnes; ces voyages
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— 47a —
leur procurent double récolte. Dans le sai^i de la France, dès la
fin de Thiver, on transporte les ruches à dos de mulets. Arrivées
dans les lieux oîi les abeilles peuvent butiner, elles sont posées
à terre, sous les arbres, sur des rochers; les mulets et les abeilles
paissent dans le même lieu. Au mois de juillet, on transporte
aussi les abeilles dans le Gatinais, la Sologne, la Normandie, la
Champagne, et autres pays de bruyères oîi Ton cultive le sarra-
zin. On peut aussi les transporter des plaines sur les montagnes
oU la végétation est plus tardjve et la flore difl'érente.
Des auteurs prétendent qu*on repiarque généralement plus
d'activité parmi les abeilles que Ton fait voyager que chez celles
qu*on laisse à l'état sédentaire ; c'est également mon opinion : il
semble que le changement de pays les excite au travail.
Quand on n'a que quelques ruches à transporter dans un lieu
peu éloigné, on peut le faire spità dos d'hommes, soit à dos de
cheval; mais lorsqu'il s'agit de transporter un rucher nombreux
à une assez grande distance, il faut employer d'autres moyens.
Le transport par eau est bien le plus facile et celui qui offre le
moins d'inconvénients : aussi fait-on bien d'y recourir toutes
les fois qu'il est possible.
Cependant, comprenant la pécessité d'un bon véhicule propre
à transporter les ruches par terre, j'ai fait construire une voiture
qui depuis i854 fonctionnera mon entière satisfaction, puisqu'elle
me permet de transporter à 30 ou 40 kilomètres, non-soulement
les mères ruches, mais aussi les essaims de ^^nnée. Les ruche»
sont placées dans leur position naturpUe , et il ne m'est jamais
arrivé qu'un seul rayon s'en soit détaché. Cette voiture est à
deux roues, de 80 centimètres de haut; les échantignoles sont un
peu élevées et portent des ressorts en bois très flexibles, sur
lesquels est placé un châssis de 4" de longueur sur S*" de large»
destiné à recevoir les plateaux ou tabliers avec les ruches. Le
tout est agencé de maniè;re à avoir beaucoup de souplesse et toute
la solidité désirable.
L*apiculture pastorale a encore un avantage qui lui est partie
culier : c'est de permettre d'orienter les ruches selon la saison,
48
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— 274 —
En été, le nord me paraît favorable; en hiver, le sud; auj;)rin-
temps et en automne, l'est.
La ruche étant reconnue d*une importance capitale dans Tédu-
cation des abeilles, un grand nombre d'apiculteurs, convaincus
de rinsuflSsance des ruches qu'ils avaient expérimentées, ont
cru mieux faire en les modifiant; d'autres, enfin, en ont inventé
de nouvelles. T en a-t-il qui aient atteint le but qu'ils s'étaient
proposé? Il est permis d'en douter, car le plus souvent, en vou-
lant éviter certains inconvénients, ils sont tombés dans d'autres :
de telle sorte qu'on peut dire que la ruche par excellence est
encore à trouver.
A mon début dans l'éducation des abeilles et après des essais
infructueux, bien convaincu de l'insuffisance non-seulement des
ruches, mais encore des différents systèmes apicoles, j'ai cru
devoir à mon tour entrer franchement dans la voie des expé-
riences.
Le premier problème que je me suis proposé a été celui-ci :
établir une ruche de telle façon qu'elle permette et rende faciles
toutes les opérations apicoles désirables, et qu'elle évite les
inconvénients reprochés à celles de mes devanciers.
Les principaux avantages que doit présenter une bonne ruche
sont :
Qu'elle soit d'une forme et d*une capacité convenables; qu'elle
abrite suffisamment les abeilles contre leurs ennemis et les in-
tempéries des saisons; que les distributions intérieures oe gênent
pas les travaux et la multiplication des ouvrières ; que les calottes,
cases ou compartiments supplémentaires soient assez indépen-
dants du corps principal pour pouvoir être enlevés facilement,
ne contenir que du miel beau emmagasiné dans de la cire fraîche,
ne renfermant ni pollen ni couvain ; qu'on puisse en temps con-
venable faire des essaims artificiels; qu'on puisse donner aux
populations orphelines des éléments pour remplacer leur mère ;
qu'on puisse marier les populations faibles; qu'on puisse promp-
tement et sans danger du pillage donner des provisions à celles
qui en manquent; qu'on puisse facilement arrêter le pillage
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Soc d'ETn.duDou'bs.t865.
Apiculture.
Coufuen travtng.
Fctct
Cbufuenlonff
rr.iiyrrniV'Ti>
i5
Echelle de 0.10
i
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— 875 —
lorsqu'on s'en aperçoit à temps ; qu'on puisse à volonté faire
des visites en vue de tous les besoins et surtout pour détruire la
fausse teigne; que le renouvellement de la cire soit rendu facile;
enûn que cette ruche soit légère et commode pour les transports.
£t si à ces avantages elle joignait la simplicité et le bon marché,
une telle ruche serait véritablement excellente; mais, comme je
Tai dit, la réunion de toutes ces cooditions est sinon impossible,
du moins très difficile.
Sans avoir la prétention d'être arrivé complètement au but que
je me suis proposé, vous jugerez. Messieurs, par l'examen d'un de
mes modèles de ruche, jusqu'à quel point je m'en suis approché.
Celte ruche (voir la planche ci-jointe) se compose : 4** d'une
caisse principale ou enveloppe extérieure A s'ouvrent par le haut,
carré long de 51 H /2, large au bas de Sr 8/10, haut de 40% le
tout dans œuvre; 2^ de segments ou châssis cintrés B, chaque
segment destiné à contenir un rayon de cire, et la réunion de
ces segments formant le compartiment principal, ces segments
maintenus par deux liteaux triangulaires mobiles; 3^ d'un seg-
ment ou case supplémentaire, botte carrée divisée par le milieu
et destinée à recevoir le plus beau miel ; 4® d'une planchette ou
cloison servant à séparer les deux compartiments. Le tout est
réuni au moyen de quatre coins en bois placés à une des extré-
mités de la ruche et jouant deux à deux en sens inverse.
Il suffit de voir cette ruche dans ses détails pour comprendre
qu'avec sa fermeture et ses divisions on peut l'ouvrir et la fermer
très facilement, la visiter dans toutes ses parties, en renouveler
la cire, faire avec facilité et sûreté les divisions, les réunions, la
récolte du beau miel, etc
Mais un des avantages les plus grands de cette ruche, et qui
lui est particulier, c'est de permettre de prendre en toutes saisons
aux ruches riches un ou plusieurs couteaux de miel pour les
donner aux populations pauvres, et à l'aide des mômes moyens
composer les ruches dans lesquelles on veut loger les essaims
tardifs, de manière à les rendre viables, quelle que soit d'ailleurs
l'époque de leur sortie. La direction des rayons dans le plan des
/^
— 276 —
segments étant indispensable, j'obtiens ce résultat au moyen de
greffe ou saillie en cire fondue. La forme cintrée dirige le long
des parois les vapeurs condensées; le vide qui existe entre les
deux enveloppes peut être rempli de mousse sèche ou autres
matières, et, dans cet état, les populations même médiocres ne
craignent pas les froids les plus rigoureux. On voit que cette
ruche offre les mômes avantages que celle do Hubert et ne pré-
sente aucun de ses inconvénients : elle est en même temps ruche
d'observation et ruche de production.
Je me suis également posé des problèmes analogues pour
toutes les parties de mon système d*apiculture, et pendant plus
de dix ans j'ai constamment interrogé les auteurs et la nature, et
marché de progrès en progrès en perfectionnant les appareils et
les opérations, et en inventant dans chaque cas ce qui m'était
nécessaire.
Toutes les personnes qui s'occupent de la taille des ruches
d'abeilles ont pu remarquer que le miel d'un môme rucher varie
en couleur et en saveur d'une année à l'autre, mais encore que
dans une môme ruche on trouve des miels différents dont la
qualité varie beaucoup. C'est ainsi, par exemple, que dans les
montagnes calcaires de la Côte-d'Or, on trouve dans un môme
rayon le miel blanc, agréablement parfumé de sainfoin, mélangé
au miel foncé du sarrazin ou à la miellée des bois; et comme la
séparation en est souvent impossible, on n'obtient, par ce mé-
lange de couleur et de saveur diverses , que des produits infé-
rieurs dont l'écoulement ne se fait que difficilement et à bas prix.
La récolte du miel et de la cire de belle qualité et en abon-
dance étant le but de l'apiculture, c'est sur ce point que j'ai aussi
fixé toute mon attention. Convaincu qu'il est aussi important
pour un apiculteur de connaître les miels et les cires produits
par les principales plantes mellifères de sa localité, qu'il Test
pour un viticulteur de connaître les vins produits par les diffé-
rents cépages jdes vignes qu'il cultive, j'ai, dans ce but, fait des
recherches pour distinguer les différents produits mellifères des
loealités oii je place, ordinairomant mes ruchers.
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— vn —
C*est ainsi qu'avec mes ruches perfectionuées j*fii pu, dans le
bassin de la Saône, récolter séparément les miels et les cires de
plusieurs variétés do colza, de navette d'hiver, de centaurée
jacée, do tilleul, de lotier, de jacobée, de trèfle blanc des prés,
de trèfle incarnat, de bluet, de silaus officinalis, de sarrazin,
de fève et de miellée des bois; sur les montagnes de la Côie-
d*Or, les miels de sainfoin, de luzerne, de mélilot, de navette
d'été et de minette; dans les terrains granitiques, le miel de
bruyère.
La vente du miel en rayons, quoique plus avantageuse, n'est
pas toujours possible, surtout lorsqu'on cultive les abeilles en
grand et qu'on est éloigné des grands centres de population :
c'est pourquoi il faut avoir recours aux moyens ordinaires, c'est-
à-dire qu'il faut le passer.
Les moyens employés dans les campagnes laissent beaucoup
à désirer. Généralement le mieren rayons est chauffé et trituré
dans un vase quelconque servant aux usages domestiques, qui
fort souvent lui communique un mauvais goût; ensuite il est
versé dans un sac de toile forte, de forme conique, et à l'aide de
deux bâtons on en retire tout ce que l'on peut. Les mieux outillés
ont une presse quelconque, moyen presque aussi vicieux.
Les miels ainsi obtenus sont ternes et nébuleux, parce qu'ils
sont mélangés de pollen et autres matières étrangères qui les
rendent fermentescibles; la saveur en est fade et peu agréable, et
si on les emploie dans les ménages, .e!est faute de mieux, car
très souvent ils ne conviennent que pour les animaux. Il est
malheureusement vrai de dire que cette manière d'opérer, ainsi
que d'autres analogues et en quelques lieux plus vicieuses encore,
est en usage dans la plus grande partie de la France; le Gatinais
et autres localités font exception : d'ailleurs, ce n'est que chez les
apiculteurs intelligents qu'on trouve des miels et des cires con-
venablement préparés.
Bien convaincu que si une bonne préparation des miels en
augmente de beaucoup la valeur, c'est aussi un des meilleurs
— 278 —
moyens d'assurer leur conservation ; et mon attention s*eflt éga-
lement portée sur ce point ('].
J'ai, dans ce but, modifié le mellificateur solaire de H. Debau-
Yoye, qui donne d'ailleurs de très bons résultats ; mais, comme
il ne peut être employé que par les beaux jours d'été , j*ai dû en
inventer un autre qui fonctionne très bien en toutes saisons » et
je dois dire que le résultat de mes deux appareils, qui sont très
simples et peu dispendieux, a atteint, sinon dépassé mes espé-
rances, puisqu'à la première fonte j'obtiens tout, miel et cire,
et cela dans le plus grand état de pureté possible.
Mon dernier appareil, qui a besoin d'une chaleur artificielle,
je l'ai nommé mellificateur d'étuve.
Les anciens moyens de préparer le miel et la cire étant re-
connus vicieux , ne donnant qu'un rendement incomplet et des
produits impurs, je n'hésite pas à poser ce principe : Pour ob-
tenir avec économie le rendement maximum de qualité et de
quantité, il faut, quelle que soit d'ailleurs la méthode employée,
faire passer le miel et la cire par le seul expédient d'une cha-
leur convenable et sans aucun moyen de pression.
Je termine par la comparaison des deux systèmes d'éducation
des abeilles dont j'ai parlé.
L'apiculture sédentaire est, comme chacun sait, peu dispen-
dieuse; on lui donne généralement peu de soins. Toutes les
formes de ruches peuvent servir, pourvu qu'on les sache con-
duire, et toutes les matières peuvent être employées à leur cons-
truction; mais pour réussir il faut y donner des soins, et encore
n'obtient-on un beau rendement que dans les années heureuses:
(>) Tous les miels fermentent, même les mieux préparés. Pour les con-
server, on doit les rafraîchir la seconde année avant les grandes chaleurs;
on obtient ce résultat en les refondant, soit au bain-marie ou autrement.
Dans cette opération, on doit éviter les vases de terre ordinaire, parce
qu'ils communiquent au miel un mauvais goût. Le mellificateur solaire
est ce qu'il y a de plus convenable. La seconde fonte, détruisant les prin-
cipes fermentescibles du miel, on peut ensuite le conserver plusieurs an-
nées en bon état, à condition de le placer dans un lieu sain et frais.
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— 279 —
et si ]es bonnes années augmentent les ruchers, les mauvaises les
déciment et quelquefois les dépeuplent entièrement.
L*apiculture pastorale, elle, ne demande guère plus de soins ;
mais elle exige une rucbe bien faite, solide et légère : une bonne
ruche en bois est préférable à toutes les autres» Il faut aussi
disposer d'un bon moyen de transport, surtout quand on n*habite
pas les bords d'une rivière navigable. Placées près d'une plan-
tureuse pâture , les populations deviennent fortes et le travail
considérable (*). Dans les plus mauvaises années, elles peuvent
toujours s'approvisionner pour passer la mauvaise saison ; dans
les bonnes, elles deviennent très riches. Avec le pouvoir de les
transporter oh l'on veut, on augmente encore l'importance des
produits , en plaçant ses ruches près des fleurs qui ne donnent
quo des miels de qualité supérieure, ce qui rend l'écoulement
plus facile et procure un prix rémunérateur.
(^) C'est à Tannée 1853 que remonte mon premier transport de ruches an
pâturage : les ruches, médiocres à la fin de juin, pesaient k l'arrière-saison
de 30 à 40 kilogrammes ; quelques-unes dépassaient ce poids.
En 1854, je possédais, à'ia fin de juin, 112 ruches : une moitié, composée
des ruches de choix, fut laissée au rucher; l'autre moitié, qui comprenait
les plus pauvres, fut conduite au sarrazin. Ramenées du pftturage à la fin
d'octobre, ces dernières étaient toutes bien mouchées, avec d'abondantes
provisions : de telle sorte qu'à la fin de l'hiver mon rucher s'est trouvé
dans un état inverse ; les premières étaient pauvres et les autres riches.
En 1865, la parUe de mes ruches qui a profité des sarrazins est en très
bon état ; une bonne partie contient, toute déduction faite, de SO à 35 kilo-
grammes de miel par ruche.
â
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EPPONINE ET U BAUME-NOIRE
Par M. A. DELâCRODL
0é«iiee publique dn «4 décembre «•••.
La majeure partie des livres anciens qu*i] importerait de con-
naître, relativement à l'histoire nationale, a naufragé durant
les siècles dits du moyen-^ge; et non-seulement les survivants
sont restés on petit nombre, mais encore on les a retrouvés rare-
ment eux-mêmes exempts d'avaries. De là une si grande diffi-
culté dans le contrôle des faits qui nous demeurent signalés, et
le champ ouvert à tant d'erreurs résultant de lectures prime-
sautières I C'est à l'archéologue cantonné dans un coin de pro-
vince bien connu de lui, qu'incombe le devoir d'élucider ce qui
touche à sa contrée, de poursuivre le fait chez tous les auteurs
sans exception, et de le reconstituer autant que cela est possible,
à l'aide de l'examen du terrain étalé sous ses yeux.
En marchant dans cette voie, la Société d'Emulation du Doubs
a soulevé déjà les plus graves questions d'histoire nationale. Les
mémoires qu'elle a publiés ont eu souvent la bonne fortune
d'infiltrer sans bruit quelque vérité utile dans le domaine de la
science: ils ont, dans une circonstance (*], en raison de l'inter-
vention prématurée de personnages éminents à titres divers ,
excité une grande tempête. En vrais Franc-Comtois que nous
sommes, ne pouvant ni dissiper les nuages, ni conjurer la foudre,
nous demeurerons fidèles à notre poste et nous attendrons que
le ciel s'éclaircisse.
0) Question d'Àlesia.
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— 284 —
Les faits auxquels se trouve mélé-le nom de la Séquanie, n'ont
pas eti tous la mémo importance. Il en est cependant qui , sans
avoir exercé une influence capitale sur la marche des événements
contemporains, ont mérité de n*étrc pas oubliés. De ce nombre
était rhistoire du dévouement conjugal d'Ëpponine. A ce nom
se réveillent dans tous les esprits de trop émouvants souvenirs,
pour qu'il n'y ait pa9^à rechercher enûn le lieu où s'accomplit la
plus longue partie d'un drame plein de vertu, d'intelligence et
de grandeur.
La Gaule, devenue romaine , ji'avait pas abjuré son instinct
d'agitation, cette fièvre de politique, qui est le caractère parti-
culier de notre race. Vaincue, elle était non moins redoutable
pour les conquérants par ses tentatives continuelles de révolutions
dans l'empire, qu'elle avait pu l'être au temps le plus glorieux
de son indépendance.
Lorsque Néron, qui semblait avoir pris à tâche de résumer en
lui tous les vices de la superbe et dramatique famille des Césars,
en vint à épouvanter le monde par ses forfaits, l'Aquitain Julius
Vindex fit lever l'étendard de la révolte aux troupes gauloises.
On sait la fin du conflit jsurvenu entre ses soldats et ceux de
Yerginius Rufus durant l'entrevue des chefs. Ce fut la bataille
de Vesontio (*), oh le parti latin obtint la victoire, mais dont
Néron n'eut pas longtemps à s'enorgueillir, sa mort ayant suivi
de près le triomphe. Dans cette circonstance, Besançon que,
depuis Jules César, on considérait comme la clef de la guerre
dans les Gaules ("), s'était prononcé pour Vindex, tandis que les
provinces belges s'étaient rendues complices des légions ("j , et
que les Bataves, leurs amis, se vantaient d'avoir, dans la charge
(>) Yoy. A. Delacroix, Alaise et Séqunnie. pp. 180-lSl; A. Castan, la
bataille de Vesontio et ses vestiges, dans les Afèm. de la Soc, d'Em.du Doubs,
3« série, t. VII (1868), pp. 477-490.
(*) « Idque nature loci sic muDiebatnr ut magnam ad dnceodmn belliim
daret facnltatem. » {De Bell, galL» lib. I, c. xxxriii.)
{*) « fuisse ioter Verginii auxilia Behas. > (Taciti UUt., lib. IV,
c. XYtI.)
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— 282 —
de cavalerie qui tennina la bataille, écrasé les Arremes et les
Ëdues. Les peuples de la Gaule se trouvaient donc encore divisés
de sentiments lorsque, dans la confusion qui suivit la fin de la
dynastie des premiers Césars, apparurent les éphémères empe-
•reurs Galba, Othon, Vilellius, auxquels succéda Vespasien.
Au nord , le balave Civilis voulait se tailler un royaume sur
les deux rives du Rhin (*) ; d'autres désiraient le rétablissement
de Tindépendance nationale : la masse penchait à conserver Tin-
tégrité de l'empire romain, sous le nom duquel la Gaule jouissait
en réalité d'une influence prépondérante. Sur ces entrefaites, le
Lingon Sabinus, homme d'une grande noblesse, dont la richesse
dépassait toutes les autres , et qui prétendait descendre par sa
bisaïeule de Jules César ("), se mit à renverser les insignes de
l'alliance romaine et réussit à se faire proclamer César par ses
concitoyens.
« Il jette, dit Tacite, une foule immense et mal disciplinée
chez les Séquanes dont la cité était limitrophe. Ceux-ci nous
restèrent fidèles et ne refusèrent point la bataille. La fortune
vint en aide aux meilleurs. Les Lingons furent mis en déroute.
Sabinus ne fut pas moins prompt à déserter le combat qu'il
s'était montré téméraire à l'entreprendre. Et afin que le bruit de
sa mort s'établît, il courut à une villa, y mit le feu et l'on crut à
son suicide. Mais par quels artifices et dans quel refuge il put
traverser encore près do neuf ans de vie, quels furent et la cons-
tance de ses amis , et le magnifique dévouement de son épouse
Ëpponine, je l'écrirai en son lieu. La victoire des Séquanes mit
subitement fin à la guerre (*). »
(^) «Sic in Gallias Gerroaninsque intentus, si destinata provenissent,
validissimarum ditissimarumque nationum regno imminebat. » (TACirr
Hist., lib. IV, c. XVII.)
(*) <c Sabinus... proariam suam divo Julio, per Gallias bellanti, corpore
atque adulterio placuisse. » (Tacit., Hisl., lib. IV, c. Lv.)
(*) < Interea Julius Sabinus, projectis fœderis romani monumentis, Cas-
8ar«m se salutari jubet; magnainque et inconditam popularium turbam
in Sbquanos rapit, conterroinam civitatem et nobis fidam. Nec Sequaoi
detrectavere certamen. Fortuna melioribus adfuit : fusi Lingones. Sabinus
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— 283 —
Cette suite du récit qu'aBUonçait Tacite nous manque aujour-
d'hui. Une lacune existe précisément au point où devait être
raconté le dénouement.
Le seul fait évident qui résulte jusqu'ici de Taflirmation du
grand historien, c'est que les Séquanes battirent Sabinus chez
eux. Il est probable que TafTaire eut lieu entre la Saône, qui
était alors la frontière commune aux deux pays limitrophes (^),
et Besançon, dont tous les précédents démontraient Timpor tance
en pareil cas. Mais sur quelle route se fit la rencontre des
armées? Là commence la difficulté des recherches pour Tarchéo-
logue, et la nécessité des hypothèses qu'un dernier fait viendra
confirmer ou anéantir.
Nous avons été conduit à supposer le champ de bataille devant
Oiselay, et nous allons donner les motifs de ce choix. Mais qu'à
cet égard on veuille bien nous permettre une digression néces-
saire.
Il existe une carte routière de l'empire romain appelée Table
de PeuHnger, du nom d'un savant qui la fit connaître. Elle a en
longueur un développement exagéré, mais elle se trouve réduite
systématiquement dans l'autre sens à une dimension telle qu'on
peut la rouler et l'enfermer dans un étui comme celui de nos
soldats en marche. Son dessin consiste dans un réseau de lignes
droites formant parfois des crochets et aboutissant successive-
ment à des points marqués d'un nom de lieu. Entre chacun de
ces noms et le suivant, un chiffre indique la distance en milles.
Il en est de ce procédé géographique comme de celui qui a donné
chez les modernes les cartes planes, ou comme de celui qui a
fastinatum temere prslium pari formidine desemit; utque famam exitii
sui facer^t, yiilam in quitm perfogerat cremavit, illic voluntaria morte inte-
riisse creditus. Sed, qnibus artibus latebriaque yitam per novem mox annos
traduxerit, simul amicorom ejus conatantiam et inaigDO Epponioa uxoris
exempium, suo loco reddemus. SequaDorum prospéra acie belli impetus
stetit. » (/Md., c. lxvii.)
(^) La Saône séparait encore au siècle dernier le diocèse de Besançon de
celui de Langres, et l'on sait que les divisions ecclésiastiques avaient été
calquées sur les circonscriptions des provinces romaines.
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— «84 —
conduit nos ingénieurs à dessiner ce que Ton appelle les profils,
en traçant à des échelles différentes les hauteurs et les longueurs.
Cette table de Peutinger, qui était restée longtemps une sorte
d'énigme, considérée souvent comme plus propre à créer des
erreurs qu'à fournir des documents certains sur la géographie
antique, commence à être mieux comprise. Ainsi que indique-
rait à elle seule sa forme matérielle, c*est une carte spécialement
militaire pour les étapes des légions et n'indiquant d'autres che-
mins que cenx du soldat. Les forteresses de l'empire, grandes ou
petites, se trouvaient sur ces lignes et ne devaient pas être cher-
chées ailleurs.
Or, du centre lingon, qui était Andematumnum, h Vesontio,
centre séquane, il existait, d'après l'indication certaine de la
carte, une de ces routes. On la voit, sur la province lingone, de
Varcia (Vars) à Segobodium (Seveux). De ce dernier point à
Vesontio, sa trace est encore marquée sur nombre de terrains en
friche. Elle passe sous le château d'Oiselay, auquel son fossé
d'enceinte assigne une origine romaine , le moyen âge n'ayant
nulle part produit rien d'aussi vaste; puis elle continue par
Cussey et par Châtillon-le-Duc, d'oii elle descend à Vesontio.
Comme Sabinus amenait en Séquanie une armée, moins pour
combattre que pour déterminer une acclamation en sa faveur,
nous ne pourrions croire qu'il n'eût pas choisi, entre toutes, la
grande route des soldats. En effet, le succès de son entreprise
dépendait beaucoup de l'influence qu'il exercerait par le nombre
de ses adhérents sur les premiers postes. En tout cas, la solution
devait se produire soit le long, soit au terme de cette route mili-
taire dont il avait déjà renversé les insignes chez les Lingons.
Enûn il fallait préférer, pour la marche de l'armée, la route oii
tout se trouvait disposé d'avance dans ce but, et par un choix
savamment fait des passages naturellement les plus sûrs, et par
les travaux de l'homme sur les obstacles à franchir, tels que les
cours d'eau.
Si les choses se sont passées de la sorte, les Séquanes, qu'un
ressentiment du désastre de Vindex paraît avoir poussés en sens
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— 285 —
contraire du mouvement lingon, ont dû livrer bataille soit depuis
les montagnes de Besançon , soit de Cussey-sur-FOgnon, soit
d'Oiselay. Dans l'un ou l'autre des cas, cette dernière localité
aurait été le théâtre forcé du désastre des fuyards, parce qu'elle
se trouvait sur le chemin de la déroute. Cussey conserve de
vagues et insignifiantes traditions de guerre, complètement ren-
dues frustres, au moyen-âge, par la dénomination menteuse de
Roncevaius alors en vogue ; mais il n*a pas les champs de tumulus
qui rappelleraient une lutte gallo-romaine. Ceux-ci, au contraire,
se montrent en abondance sur les côtes de Malbuisson et de
Grachaux qui forment, en travers de la route militaire antique,
la première chaîne dos monts Jura par rapport à la Saône. Ils
régnent sur une lieue d'étendue, sous les regards de cette haute
et inexpugnable plate-forme d'Oiselay, qui semble affecter encore
de montrer à un immense horizon les ruines d'un château des
comtes de Bourgogne, mais qui fut une forteresse naturelle pour
les hommes de guerre de tous les temps. Nous avons donc des
motifs suffisants de croire que la défaite de Sabinus fut achevée
dans ces lieux, que de là le vaincu a gagné le refuge vers lequel
le suivront nos recherches.
Tacite n'est pas le seul historien qui ait rapporté les faits dont
il est ici question. Nous avons encore le récit de Plutarque et
celui dé Dion Cassius. Les deux auteurs grecs ne seront d'aucune
utilité pour déterminer l'emplacement du champ de bataille;
mais , par la diversité des images sous lesquelles ils ont repré-
senté plusieurs détails locaux, ils fourniront des repères assurés
relativement au refuge de Sabinus.
€ De ses compagnons, dit Plutarque, les uns se donnèrent la
mort pour échapper aux supplices dont ils étaient menacés, les
autres furent pris dans la fuite. Quant à lui, qui aurait pu facile-
ment pourvoir à son salut en se retirant chez les barbares , il
avait l'épouse la meilleure. On l'appelait familièrement Empona,
nom qui, chez les Grecs, correspondrait à celui d'héroïne. Il ne
pouvait ni l'emmener avec lui, ni se séparer d'elle. Comme il
possédait par les champs des salles souterraines propres, à r^e-
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voir toutes choses utiles , et qui n'étaient connues que de deux
affranchis, il renvoya ses autres serviteurs, feignant de vouloir
s*erapoisonner. Mais, gardant les deux hommes dont il connaissait
la fidéUtô, il descendit avec eux dans les cavernes. Il avait chargé
un autre affranchi , Martialis , d*aller dire à la malheureuse
épouse que le patron s'était détruit par le poison et brûlé avec
la case de la villa. Son intention était, en effet, que le deuil vrai
de son épouse confirmât la nouvelle, quoique fausse, de sa mort.
Il avait bien prévu. Car, à ce message , Ëmpona tombe à terre.
Ses larmes et ses cris durent trois jours et trois nuits, pendant
lesquels aucune nourriture n'approcha de sa bouche. Sabinus,
de son côté , finit par craindre qu'elle ne succombât. Il lui ren-
voya Martialis en secret, pour lui faire connaître qu'il vivait
encore et qu'il était caché, mais qu'elle eût à persévérer quelque
temps de plus dans son deuil et à faire habilement croire à la
mort de son époux. Ce rôle de tragédie fut rempli de la manière
la plus ingénieuse par la fausse veuve. Enfin, pour visiter
Sabinus, elle entreprit de nombreux voyages de nuit, évitant
tous les regards et allant vivre avec lui dans ses enfers. Sept
mois s'étaient écoulés. Un espoir d'obtenir grâce vint à briller.
Elle déguise son mari sous certains vêtements, lui fait raser la
tête, l'affuble d'une coiffe et l'emmène méconnaissable à Rome.
Mais n'ayant pas réussi , elle revient. Demeurant sous terre la
majeure partie de son temps auprès de Sabinus, elle le quittait
parfois .pour aller jusqu'à Rome se montrer à ses amis et
à des parentes. £t, ce qui est à peine croyable, prenant avec
celles-ci le bain, elle parvint à leur dissimuler son état do gros-
sesse. Cette drogue que les femmes emploient pour enduire les
cheveux, afin de leur donner la couleur brillante et rousse de
l'or, renferme une graisse dont la propriété est d'enfler les chairs
ou de les rendre lâches et d'étendre insensiblement leur volume.
L'épouse de Sabinus, après avoir usé largement de cette matière
sur les diverses parties de son corps , se montrait ensuite impu-
nément, sans que l'on pût soupçonner sa prochaine maternité.
Enfin, les douleurs de Tenfantement étant venues, elle les
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— «87 —
accomplit seule » au fond de l'antre , à la manière de la lioDoe
qui se tient cachée avec son mâle, et elle mit au mondé deux ûls
jumeaux nés comme les petits d'une bête sauvage (*). »
Interrompons ici le récit de Plutarque, pour ajouter à sa ver-
sion celle de Dion Cassius, telle qu'elle nous est parvenue dans
les extraits de Xiphilin.
« Julius Sabinus occupait le premier rang parmi les Lingons.
Il lova une armée et se fit proclamer César, disant qu'il était du
sang même de Jules César. Vaincu à plusieurs reprises, il se
icpoaSoxûvTcc , o( (lèv aOTOÛ; àvi^pouv, ot 6à çeuyovTtc /jXCvxovTO. T^ 8è
£a^v<f> Ta {ièv diXXa ii^ày\iaxaL ^ad(u>c icapcTx^v éxico$cî>v yisiaboLi %a\ xaTa-
fjytXs tlç Toù; pap6àpou;* i)v 8à Yuvaîxa icaffâv àpCrcTjv fiY^i^vo;, i\v ixeî
|uv £{iLicovT)v ixàXouv, 'EXXyjvkttI Ô*dtv ti; 'Hptot^a tcpooaYOpeuffeicv* [i\vj
oÛTc àicoXmeîv Suvaxàc tjv, oûtc (uO' e&uT«û xo{jl(2^civ. 'Exwv ouv xax'àYpôv
&iioOftXac xP^I^^'^<*>v àpuxîà; OicoycCou;, &ç duo |&6voi Tê&v àTCtXfuOépoiv ouvVj-
2<tffav , Toùc (lèv dXXovc àic^XXaUv olxira; , <bç (liXXcov ^aptiàxoïc àvaipetv
iauràv, 8uo 8è icittoù; icapaXa6ci>v eU xà OnoYCia xaT^6T) * Tcpà; 8à ti^v Yvvatxa
MaprdXiov l'Kt[i^t^ àneXeuOepov àitoLX^tXovyxoL xtOvàvai (iiv Oirà çap^iàxcov,
cutiircfXéxOai 5à {uxà toO <7(o(i.aTOc n^v iicauXiv * i6ouXeTo y^P tcj^ Ti}c y^^^^~
xà; &Xt}Oivw; irpàç iciortv Tfjc XeYO(AivT)c TsXtUTiJc. 'P xal owé^v) * ^(4^890
Yàp, 6ii(i>; Itu^s, ta aê&iiia pitTà [oIxtoiv] xal èXoçupjiôSv ifj(iépac Tpeîc xal
vuxToiç dcaiTo; 5icxapTépT)9<. TaOra $è à £a6ivo; -rcuvOavofjLcvoc xal çoSyiO^Iç,
|i9) 8(aç0e(piQ icavTàna<Tiv éaux^jv, éxéXeuffe fpàvai xpuf a xàv MapT^Xiov tcpà;
aùn^v, ÔTi Ç^ xal xpuirretai, ôcï-cai 8è aOxfic ôXCyov è(i{&e7vai -rcj) irévOei, xal
(itjÔà i«6avT?|v èv t^ npoGTCOiifjaet y^^^<^^*^* '^^ 1*^^ ^^^ *^^* wapà Tfjç Y^vaixàç
ivaYu>vC(i>C <iuv6TpaYCf)5etTO t^ ô65t3 tov itàÔou; • èxcïvov 8'lôcîv tco6oOaa
vTixTàc t^X'^'^^1 ^^^ icdXiv èicavY^XOcv. *Ex $s toutou XavOdvouaa to()C dXXouç,
ôXCyov àniiti (tv^î^v èv f Sou tc^ àvSpl icXéov i^c iicrà piTivâv ' év olc xaTav-
xeuàffaoa Tàv £a6ivov ioOi^Ti xal xoup^ xal xaTadéast Tfjc xcçaXf); ^yvcootov,
tU 'P<o(iTiv èx6(ii<TC fuO* iauTTic iXn{$(i>v tivg&v èvSeSofiiéxov. MpàÇava Si ouSèv
aû6ic itcavYiXOf, xal Ta {xàv iroXXà lxtCv(|> ouvfiv Oicà Y>iC) ^^à xpôvou 6è tl;
néXtv içoCTa Taîc çCXaiç 6p(i>{Uvy| xal olxtCaïc Y^vaiÇC. Tô 6è TcàvTcov àtcioTo-
TOTOv, IXaôe xuouoa XouojiivT) |UTà tôv Yv>vaixûv • tô y*P çdppiaxov, i^ tt^v
x6|jLTiv at YwvaTxt; évaXciçopievai TcoioOdi xpwffoeiôfj xal iw'pfav, l^^i XC7ca«T(ia
<japxoïtoi6v ^ x*^^**>'f'*^^ ffapxà;, ô(rrs olov fiiàx^ffCv Ttva ^ 6(6yx(i>oiv
é(ii70icîv * àç06v(|> Se xp(>>H'C'vT) to^tc)» icpà; Ta Xoi^cà {lipT) toû (TcùfiaTo;, alpô-
lievov xal avamjiTcXdjuvov àicéxputtTt Tèv Tfjc Y«<"pô; 6yxov. Ta; Ôè cibSîva;
oùr;^ xaÔ* éa-jT^jv Sn^vcYxev, (&<ncep iv ^(oXgq) Xéaiva xaTaSùaa irpè; Tèv àvÔpa,
xal Toùç Y»vo|iLévouç 0Tcc6pé4*aTO axu(ivouc di^pfevaç* Ôuo Y«p Itcxc. » (PLU-
tâacbi Amatorius, c. xxv.)
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-m-
sauva dans un bien rural oîi il avait une i^vt)|icTov (en latin sepuh
chrum ou monumentum, littéralement un monument comme-
moratifj, lequel s*étendail sous terre. Il l'incendia et s'y ren-
ferma. Or, tandis que le bruit de sa mort restait accrédité, il
vécut neuf ans dans ce lieu avec son épouse (^). »
Puisons dans les trois citations qui viennent d*étre faites, les
conditions auxquelles op doit reconnaître te refuge :
i^ Pour que, dans la déroute qui obligea ses compagnons à se
tuer ou à rester prisonniers, Sabinus ait eu, selon Plutarque, la
possibilité de se sauver chez les Germains, il faut que celle
direction n'ait pas été coupée aux fuyards, qu'elle ne soit pas
celle du pays lingon.
2« Il faut encore que le refuge se soit trouvé du côté resté
libre, et à une proche distance , pour que l'incendie de la villa
fût vu et produisît l'effet désiré.
3*' n faut qu'en même temps le refuge ait été à une distance
du séjour d'Ëpponine, telle que celle-ci ait appris seulement par
un message l'incendie allumé par son époux.
4® Néanmoins, la distance n'était pas considérable, puisqu'in-
formée par Martialis, Epponine put venir de nuit dans la cachette :
la plus longue marche devait être de 20 ou 25 kilomètres.
5^ Relativement au lieu inconnu du séjour d'Ëpponine, la
cachette se trouvait en un site isolé , dans un endroit agreste,
ainsi que le disent ensemble Plutarque et Dion Cassius.
6® La localité devait se trouver à la suite du champ de bataille,
conséquemment proche de terrains qui, s'ils sont de nature à
rester (riches, conserveront les tumulus indices du carnage.
7® Le lieu du refuge devait être une villa, selon l'expression
(*) « louXioc yàp TK £a6ivo;, àvi^p TcpÛTo; twv Atxyovoiv, 5uvd(itv xat oùt^
I8(av ^Opoiac, xal Kaîaap incovopidOyi, Xiyta^ ixyovoc tov KaCvapoc toO IouXCou
etvai • :?|TTn6eU Sa (iidxoiic xtalv, Jçuycv il; àypov Tiva, x^vTaOOa el; (&vT](ictov
{»tc6yciov icpoxaTaicpiQoa; aùxà, xaréSu * xal ol (tàv ((>ovto xàxcivov àicoXwXivat,
6 Sa ixpuçOT) TC iv aOTCf) ivvea Itt) (jiCTà xfj; fuyaixàç, xal icaîSo; il aÙTij;
Suo â*p^evac ixuT)(Tt. » (DiON. Cassu Hht, rom. excerpt^ lib. lxti, «p.
Scripior, rer. gallic, 1. 1, p. 527.)
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— 289 -
de Tacite, une simple case, suivant Plutarque dont le mot ëicauXiv
a été traduit jusqu'ici par casam villœ ; enfin , d'après Dion
(^ssius, c'était un t&vT)iatov, terme que nous avons cru devoir
traduire littéralement par celui de monument commimoratif, et
qui Ta été avant nous par celui de sepulehrum, sépulcre,
%^ Il faut que ce dernier caractère, celui de monument fu-
nèbre, soit motivé par quelque circonstance en rapport avec le
nom.
9^ Ce {i.vY)|Letov se composait de deux parties. Tune extérieure
et qui fut brûlée — c'était la villa ou lnauXiç, — Taulre souter-
raine dans laquelle Sabinus descendit, tandis que la, première
brûlait : or, Tincendie doit avoir laissé sur l'entrée môme du
souterrain ses traces de tuiles romaines brisées, et néanmoins
s'être trouvé sans action contre la possibilité d'habiter immédia-
tement ce refuge.
40^ L'emplacement du souterrain n'était pas un secret pour
l'affranchi Martialis, puisque celui-ci fut pris pour négociateur
entre Sabious et sou épouse; et cependant la véritable cachette
n'était connue que de deux autres personnes : il faut donc que
l'entrée de cette cachette présente une disposition extraordinaire,
qui la dissimule à tous les yeux et même à ceux d'un confident.
44* Deux enfants sont nés dans le souterrain : il fallait que
leurs cris ne pussent pas être entendus depuis l'extérieur; il
fallait même que le feu , chose si précieuse dans une caverne
pour des habitants de ce genre, pût être impunément allumé
«ans donner l'éveil au dehors.
42* On conçoit qu'Epponine ait pu d'abord accomplir de nuit
un voyage d'une certaine longueur; mais dès que les historiens
la présentent comme passant enfin la plus grande partie du
temps à côté de Sabinus, il faut admettre qu'elle eut à faire
réédifier le bâtiment incendié : or, il faut ainsi que la cachette
ait pu échapper alors aux yeux exerc(^s des ouvriers, et que la
disposition exceptionnelle de celle-ci explique même cette der-
nière invraisemblance.
Eh bien, toutes ces conditions, qui paraissent impossibles ou
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— 290 —
inconciliables, sont remplies à la fois par la localité que nous
allons examiner. Elle est sur le territoire de Fretigney, où on la
connaît sous le nom de là Bàumb-Noiri.
Au-devant d*Oiselay passe une haute vallée sans eau, courant,
parallèlement à la Saône, dans la direction de la Germanie. Son
flanc gauche se marie doucemenl à une colline élevée et aride,
011 sont les longues pelouses marquées des taches blanches do
nombreux tumulus. Ceux-ci , étalés par centaines dans le sens
de la vallée, ne disparaissent que vers rentrée d*un bois Sou>.
le maigre ombrage de ses arbres , on franchit un grand murger
qui nous a fourni quelques débris de tuiles romaines, et Ton so
trouve, parmi les clairières, dans un quadrilatère de trois cents
mètres environ de côté, dessiné par les pierrailles d*un antique
mur d'enceinte entièrement détruit. Le clos régnait uniquement
sur la pente de la colline. Sec, uniformément rocheux, toute
fait impropre à la culture, il n'a jamais joui d'aucune condition
qui, sous d'autres rapports, motiverait le choix du site pour une
habitation d'agrément.
Mais, vers le haut de cette friche mal boisée, apparaît un cime-
tière celtique de vingt-cinq à trente ares de surface, accu.sé par
autant de tumulus. Le funèbre bosquet est précédé d'une dé~
pression subite, d'une trentaine de mètres de longueur, et qui
montre, sur cette étendue, une roche compacte percée d'uno
large gueule de caverne. En cherchant sous les buissons et les
touffes d'arbres, on ne tarde pas à reconnaître des restes dt^
murailles qui couvrirent l'espèce d'esplanade formée par la dé-
pression du sol, et qui, s'appuyant à droite et à gauche contro
l'abrupt, fermèrent complètement l'approche du souterrain. Dos
tuiles à rebords sont mêlées à ces ruines.
Voilà donc que déjà s'expliquent et l'expression d'àypd; indi-
quant la nature du pays, celles de villa, d'ittauXic et de {ivr,acxov
représentant le bâtiment, enfin l'épithète vicoysiôv (sous terro;
établissant que le bâtiment était en outre le porche de salles
souterraines.
Conformément à la description de Plutarque, on entre dans
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Gc.
— 294 —
rbjpogée en descendant; car l'ouyerture est près du sommet
des voussures souterraines, où elle jouit cependant encore d'une
hauteur générale suffisante et au delà pour le passage des
hommes de la plus haute stature. La pente que Ton suit est
couverte de pierres, avec des tuiles romaines, des cendres et
des charbons.
Eclairée de haut par le soleil dont les rayons la pénètrent
librement durant toute la matinée, la caverne dans laquelle on
est descendu présente l'aspect d'une nef colossale d'église quant
à sa largeur. Ses voussures sont garnies de ces nervures et do
ces images fantastiques que développent les concrétions calcaires
dans les grottes jurassiques. L'œil , à cause de la clarté du lieu,
peut en embrasser d'un seul coup toute la vaste étendue; mais
il ne soupçonne pas, et il ne peut môme pas saisir, quoiqu'averti,
l'entrée d'une nef latérale cachée vers la droite.
Les gens qui la connaissent placent contre une paroi de la
grotte, en apparence aussi pleine dans sa masse que les autres,
une échelle de cinq à six mètres de hauteur. On monte jusqu'au*
dessus, et l'on voit alors, non sans surprise, un trou aplati qui
plonge presque verticalement, à la manière de nos modernes
bottes de la poste aux lettres. C'est par là qu'au moyen d'une
nouvelle échelle on descend dans la grotte secrète. L'espace y
est considérable, beaucoup moins large cependant que celui de
la première caverne. Les hauteurs sont les mômes. Mais ici le
jour a complètement disparu. Le feu qu'on y allume, les cris
que l'on y pousse, à moins que l'on ne soit à l'entrée môme de
la salle, ne se trahissent en rien au dehors.
Comme la caverne principale, celle-ci est très sèche habituelle^
ment. Sur un seul point se maintient toujours l'écoulement d'une
goutte d'eau, qui se renouvelle sans relâche le long d'une paroi
d'albâtre. Ce mince produit pouvait ôtre utile. II est recueilli par
un bassin rustiquement construit de main d*homme au bas de la
chute, et revêtu lui-môme aujourd'hui d'une concrétion déposée
par l'eau qui déborde. Deux mètres de longueur, quarante
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oenlimètres de largeur et quatre-vingts de profondeur constituent
k capacité de ce r^sermr unique de la caverne.
Nous connaissions l'existence de la Baume-Noire, maïs non
les circonstances qui en faisaient le prix» lorsque noos nous
sommes prononcé d-abord au sujet du lieu du désastre de
Sabinus (^). Les visites que nous avons entreprises* ensuite dans
la contrée ontsitagulièpement fortifié notre conviction. Nous
avons été heureux de FassenlimeDl et du concours qui nous ont
été donnés à cette ocoasien : une première fois par M. Ferdinand
Yillequez, professeur à la Faculté de droit de Dijon, ensuite par
nos-colIègues'M'M. Gastanet Racine. M. Branche, d'Oiselay, qui
connaît admirablement le pays et qui fut notre héte, ne put nous
accompagner, mais il nous aida de ses avis et de ses soins pré-
voyants. Nous apprtmes que, sans même avoir fait des fouilles,
MM. Racine avaient recueilli jadis à l'entrée de la Baume-Noire
deux monnaies antiques, dont une à Tefflgie de Néron.
L'impression commune qui a été remportée par les explora-
teurs (V mérite de ne pas être négligée : c'est que le- choix dn
l'emplacement du cimetière celtique semble avoir été une con-
séquence de Texistence de la grotte; ensuite que la nature de ce
lieu funèbre aura été un> prétexte, sinon la cause première de la
construction du bâtiment commémoratif qui fermait l'entrée des
souterrains, ainsi que de l'érection d'un mur d'enceinte générale
qui (Moignût encore davantage les indiscrets. Nous avons pensé
que la sécurité offerte par la grotte secrète dans un pareil milieu,
et près de la route militaire de Vesontio, fut probablement la
cause déterminante qui porta le pusillanime Sabinus à oser se
faire acclamer César, à essayer la lutte en Séquanie, et à dispa-
raître si singulièrement pendant la défaite. Les lieux auraient
été préparés d'avance sur la terre séquane, à vingt kilomètres
de la frontière lingone, de Segobodium et de la plage voisine oîi
(*) A. Delacroix, Alaise et Sèquanir, p. 182.
(*) Notamment par M. J. Quicberat. professeur (i*archéologie « TEcole
impériale des Chartes.
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— «93 —
les ruines de Membrej rappellent la somptueuse opOlevce attri-
buée par les historiens à Sabinus, un faste digne dn prétendant
à rbérilage de Jules Ccsar.
La Baume-Noire, située dans une contrée dont on redoutait
l'approche au commencement même de ce siècle, a été depuis lors
fréquemment visitée ; mais elle manquait totalement de tradi-
tions. Sa grotte secrète a été, dit-on, retrouvée par un enfant
étonné de voir qu*une pierre lancée contre la paroi de la grande
caverne avait passé outre.
Reprenons, pour les futurs explorateurs, le récit que nous ont
laissé les historiens sur Epponine et son époux.
Sabinus fut onfm découvert et conduite Rome, avec sa famille
arrachée au souterrain. Vespasien se les fit présenter. Epponine,
voulant exciter la compassion de Tempereur afin de sauver
encore son mari, montra ses deux fils et dit : € Je les ai engen-
drés et élevés au fond d'un sépulcre, 6 César, pour que nous
fussions un plus grand nombre de suppliants à tes pieds. » Mais
comme sa prière restait sans effet, et que Vespasien, habituelle-
ment plus humain, ordonnait la mort de Sabinus, la magnanime
épouse lui adressa ces paroles : € Eh bien I fais-moi mourir aussi ;
j'ai vécu dans les ténèbres des cavernes , mais leur séjour a été
pour moi moins horrible que la vue d'un empereur comme toi. »
Cette 6ère provocation d'une femme o^caspéra Vespasien, qui fit
conduire au supplice les deux époux, nonobstant les larmes de
toutes les personnes présentes [*).
€ Mais, ajoute Plutarque, il subit la punition de ce meurtre;
lï orjT^ xat ii yvvi^ fleicoviXa, i^icep tcou %a\ Siefféffoxrro avxov * xaitot xal
tz icaifiia xt^ OOcimaaiav^ 7cpo6aXoOaa, xal iXecivôtaTov éic'a'jToî; Xéyov
ciicoû<ra ÔTi a taOta, Kaîdap, xal iyyiyt^iy\<sa èv tw (iVTi(u(((>, xal iSpc^a, tva
*> 9C icXc(ovt; lxtTeu<T(i>(Aev * » jaxpûffai (liv yàp auTàv , xal xoO; iXXou;
izo(iï<rr», oi ïièvToi xal f|XeindtiTorv. » ( Dio?r. Câè$. UhL rom. exrerpt.,
lib. LXVI.) — « Kaixoi tàv oIxtov èÇiJpei twv Oca>(iév(i>v tô 6a*p^aXiov aÙTiJç
xsl liCYaX^yopov, ^ xal {làXiTra tcapa>(uvc tèv O0e97ca<7(avèv, a>; àniysu tfic
putTipCac icp6; aÙTàv àXXay^v xeXcuou^ra* |ic6iuxévxi vàp Ofc6 9x6tc|> xal xaxà
^,; ^8tov, ^ poaiXtOwv ixcTvo;. » (PLUTiRCHi Amatorïus, c, XXT.)
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.^c
— 294 —
car, dans un très court espace de temps, il perdit lui-même jus-
qu'au dernier do sa race. Son gouvernement n'avait jamais été
souillé d'une action plus aiïreuse et qui fût de nature à soulever
davantage l'animad version des dieux et des génies (^J. »
Par la suite, Tun des jumeaux, qui portait le nom de Sabinns,
fut connu de Plutarque à Delphes; l'autre mourut en Egypte (').
(^) « *AiroxTe(vei {tàv o^v «Ot^v 6 Kataap * àicoxTeCvac 8à $($(t>(ri 6(xtiv, èv
6XÎVC)) xp6v(|> ToO yévouç iravTÔ; dpÎYjv àvaipeOévro;. OuSèv y«P i'iveyxev ^j x6xt
^YeiJLovCa oxuOpoiicoTepov, o08à (tâXXov èTÉpav elxà; vjv xal Oeov; xai 6a((A0va;
6^i^f àTcocrrpa^Tjvai. » (PLUTARCUI Amalorius, c. xxv.)
{*) « Tûv Se ulûv à |jLàv iv AIyuwtcj) ire^jwv èteXeOTYiaev, ô Se Cxepoç dtpti
xal 7cp(^y)v yéyovev iv AeXfoT; icap' i?)(ilv, 5vo(i,a £a6Tvo;. » llù., ibid.)
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RECHERCHES
SUR LA MORTALITÉ
DANS LE DÉPARTEBŒNT DU DOUBS
Par le D' PERRON» do Besançon,
Médecin de TéUt civil daot U 7* Metion (baalieve).
•éAseM «•• 14 «é«eHikre t9«ft et !• féTrier ti
INTRODUCTION.
Constater d*UDe manière authentique le jour et Theure des
décès, chose qu'il était très difficile de préciser plus tard avec
le témoignage incertain des survivants, voilà tout ce qu*on vou-
lait en instituant la tenue des livres mortuaires. C'est en effet
leur utilité la plus immédiate et la moins contestable.
Mais un autre résultat plus important a découlé ensuite tout
naturellement de cette sorte do comptabilité : c'est la connaissance
des lois de la mortalité pour chaque pays.
La statistique mortuaire est devenue ainsi une base sûre pour
asseoir l'édifice d'une hygiène publique, car elle fournit le plus
puissant moyen de contrôle auquel on puisse recourir pour
reconnaître la solidité des hypothèses qu'émet si facilement la
théorie.
C'est elle qui nous apprendra pourquoi la mort moissonne
inégalemont sur certains points à tel âge, à telle saison ; pourquoi
telles professions abrègent la vie moyenne ; etc. Chacune de ses
variantes devient un point à élucider.
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— 296 —
II ne faut pas lui domander trop. Les faits statistiques sout des
données positives que Tespril ne doit ni devancer ni dépasser.
Isolément, ils ne constituent qu'une présomption ; en masse cl
collectivement, s'ils se confirment les uns par les autres, ils él.i-
blissent la certitude. Par exemple, si nous constatons par dos
chiffres que, dans certaines conditions professionnelles ou autres,
la population est décimée davantage à Besançon, cela ne prouve
point que l'accroissement de la morlalilo doive être attribué à ces
conditions-là : le fait n'est qu'une conjecture plus ou moins
raiy^onnable. Mais si celte augmentation des décès se reproduit
ailleurs et toujours dans les mêmes conditions, il est évident
que la constance du phénomène tient à la constance de la cause :
le fait de conjectural devient certain.
Une bonne statistique mortuaire n'est donc pas l'énoncé
simple des décès qui ont lieu dans des conditions connues ; elle
peut et doit en outre indiquer le rapport plus ou moins intime des
uns aux autres. A ce point de vue, elle est susceptible d'éclairer
l'hygiène et d'en activer les progrès.
£lle est surtout du domaine de la médecine.
Depuis <8o4, le ministre du commerce a fait dresser par toute
la France des tables uniformes pour les décès, où les défunts
sont rangés chaque année par catégories d'âge et de sexe, par
mois, par profession et par état civil.
Il ne manque qu'une chose à ce travail d'ensemble, c'est la
connaissance aussi exacte que possible des causes qui ont pro-
duit les décès ; et, ce point manquant, les états récapitulatifs ne
peuvent fournir qu'une partie de la vérité.
On a voulu combler cette lacune.
En conséquence d'un vœu exprimé par le congrès interna-
tional de statistique, dans ses deux sessions de 4853 et 4855, à
savoir qu'il fût procédé dans tous les pays à l'enregistrement
régulier et officiel des causes des décès, le mém9 ministre 4
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— 297 —
réclamé l'avis des cooseils d*hygiène, en môme temps qu'il
demaDdait à l'Académie de médecine de rédiger un projet de
classiûcalion des maladies, si la chose était faisable.
Les conseils d'hygiène ont opiné en sens divers ; l'enquête
ministérielle n'a pas abouti, et la chose en est, je crois, restée là.
Cependant des médecins d'état civil sont institués déjà dans la
plupart des grandes villes oti la vérification des décès se fait
sérieusement, comme le veut la loi. Des statistiques conscien-
cieuses, que l'hygiéniste no peut plus se dispenser d'interroger,
y sont établies sur un plan uniforme. Avec le temps, cette insti-
tution se généralisera et s'étendra aux campagnes (*) ; et, par une
série de comparaisons sensées, on finira par découvrir les sour-
ces d'une foule de maladies et d'infirmités dont jusqu'ici l'on
n'entrevoit pas bien clairement l'origine.
C.
La médecine, qu'on définit à tort l'art de guérir, n'a pas seule-
ment pour but de rétablir, mais aussi de conserver et d'améliorer
la santé. C'est une science qui embrasse l'homme tout enti(T,
âme et matière ; qui s'occupe des affections mentales comme
des affections de l'organisme.
La médecine n'a pas à refaire essentiellement le principe do
vie départi à chaque individu ; mais elle doit étudier et connaître
los conditions d'intégrité de ce principe, les conditions qui le
gênent et qui tendraient à le détruire, les conditions enfin qui
lo mettent dans sa plénitude d'activité ou de xepos
Le rôle du médecin est plutôt de préserver que de guérir; de
prescrire aux malades le régime et les soins qui leur conviennent,
plutôt que d'instituer des médications incertaines : car les
maladies ne sont, le plus souvent, qu'un résultat d'habitudes
(^} En 1861. le sénateur préfet de U SeiQeiIoférieiire autorisait, dans
toutes les comiDunes de son département qui n*en étaient point pourvues,
l'établissement d'un service de vérification das décès.
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— 298 —
vicieuses et d'écarts hygiéniques ; elles sont la sanction des lois
do l'hygiène. Les excès troublent et détruisent la santé; la
temp(^rance suffit souvent pour la rétablir. C'est pourquoi on
a remarqué que Socrate et Jésus-Christ, qui furent si tempérants
et si réglés en toute chose, n'avaient jamais été malades.
Puis, la santé n*est pas seulement un fait organique. En
conséquence, Thygiène doit avoir pour but tout à la fois d'aoïé-
liorer le physique de Thomme et son caractère ; car, comme
Tobserve Descartes, « Tesprit dépend si fort du tempérament et
» de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de
» trouver quelque moyen qui rende communément les hommets
» plus sages et plus habiles qu'il n'ont été jusqu'ici, je crois que
» c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. »
Au moral comme au physique, les bonnes conditions hygié-
niques rendent l'homme meilleur ; les mauvaises tendent à le
corrompre : malesuada famés I De sorte que la foi cédant et le
sentiment inné du bien venant à manquer, les démonstrations
scientifiques pourraient servir de base à la morale (*].
Je n'ai pas cherché à recounattre, dans un but d'intérêt
tontinier, quelle était en moyenne la durée de la vie dans lo
département du Doubs. J'ai opéré à un autre point de vue. J'ai
voulu savoir quelle est, dans les différents arrondissements, la
mortalité suivant les Âges, les sexes, les saisons, etc : 4^^ afin de
découvrir, si je le pouvais, entre les décès et les conditions
ordinaires de l'hygiène que nous suivons, certains rapports
sujets à disparaître au milieu des transformations si remarquables
de notre temps ; 2^* afin de consigner l'état présent de la mortalité
'<V t Les principes de la société se sont établis à priori par la révélation
ou le sentiment, dit de Blainville ; on les obtient à posteriori par la raison
ou par la démonstration scientiGque. »
ft C'est dans le sein de la bonne médecine, dit Roussel, qu'on trouvera
les fondements de la bonne morale. »
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— 299 —
dans nos pays et de fournir ainsi plus tard à la statistique des
éléments de comparaison sûre et facile.
Autrefois chaque écrivain donnait des appréciations plus ou
moins sentimentales sur la salubrité de son pays, sur le nombre
des vieillards qu'on y rencontrait, sur la rareté des épidémies, etc.
Suivant Gollut, par exemple, Tair gaillard et vif du pays do
Comté rend les corps allègres et dispos ; les hommes y sont forts
et robustes € à mervoille; ils se passeroient facilement des
aides des médicins, si la sobriété estait plus grande qu'elle
n'est. . . .; tout coustumièrement Von y treuve des vieillards de six
. à sept vingts ans qui travaillent encore et monstrent une vieil-
lesse verde, forte et robuste, sans vices et incommoditez, etc.. »
Il ne faut pas prendre tout cela à la lettre.
J. J. Chiflet, de son côté, disait de Besançon : € itacingitur
(Vesontio) montibus, ut ventorum salubrium flatus non impe^
diant, imo ab insalubribus protegant^ nam Dianœ collis civi-
tatem à pestiferis austri flatibus défendit. » Ainsi, Besançon
est si bien entouré de montagnes, qu'il demeure ouvert aux
bons vents, tout en étant inaccessible aux mauvais à cause de
Chaudanne, qui le protège au midi. Que prouvent ces allégations
sophistiques, quand nous avons vu la (teste et la fièvre typhoïde
sévir à plusieurs reprises dans nos remparts T
A l'heure qu'il est, on n'aime plus, dans des questions de cette
nature, des assertions vagues : il faut des faits.
Rien n'est si concluant que des faits.
S 1. ee la ■iortAllié i^ar rai^i^ort mm ellMat.
A. Topographie sommaire du département du Doubs.
€ Le département du Doubs est borné, au nord, par partie de
» la Haute-Saône et du Haut-Rhin; à l'est, par la Suisse; au
» sud, par partie du Jura et de la Suisse, et, à l'ouost, par là
» Haute-Saône (*). »
(') Annuaire du Doubs, 1829, p. IT7.
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— 300 —
La contenance en superficie du département est de 525 mille
hectares, dont près dn la moitié en bois, près ou prés-bois, pâlis,
landes et friches. La population totale est de 284, 591 habitants,
et la population spécifique relativement peu considérable, puis-
qu'on n'y compte que 54 habitants par kilomètre carré, le nombre
moyen étant 67 (•).
Ce qui vaut mieux, au point de vue de Thygiène, c'est que les
habitants du Doubs sont répartis dans sept ou huit cents
communes rurales et hameaux, dont la population moyenne
n'excède pas quatre cents âmes et ob les habitations sont éparses,
écartées les unes des autres, souvent même isolées au milieu des
champs.
Autrefois la nécessité contraignait les paysans de masser leurs
maisons sous les mâchicoulis d'un château ; aujourd'hui, au
contraire, les villages se désagrègent pour l'aisance de la culture,
et, sous le rapport de l'aération et de la salubrité, ils tendent de
Jour en jour à s'améliorer. C'est là un progrès" amené par la
force des choses ; l'hygiéniste doit s'en réjouir, mais il n'a pas à
s'en glorifier.
Lo pays est sillonné de nombreux cours d'eau, rapides, acci-
dentés, pittoresques, dont le plus considérable embrasse les
trois quarts du département dans le circuit qu'il parcourt. Le
Doubs, en effet, de Mouthe, oh il prend naissance, remonte an
nord vers le val de Sainte-Suzanne, dont il contourne les rôtes,
pour redescendre ensuite sur Besançon. Dans ce trajet d'environ
340 kilomètres, il suit une pente moyenne de 0,002"" par
mètre.
Âdministrativement, le département est divisé en quatre
arrondissements, de Baume, de Besançon, de Monlbéliard et de
Ponlarlier.
(^} Anmtak^ du bureau des lançHudes, 1861, p. 213.
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— 804 —
Baume. 487 communes, 7 caDlons, savoir :
Baume, Clerval, L'hle, Pierrefontaine, Rouge-
morU, Roulans et Vercel.
BesaoçM. Î02 communes, 8 cantons, savoir :
Besançon (nord), Besançon (sud), Amancey,
Àudeux, BouseièreSf Marchaux, Omans et
Quingey.
HontbôUard* 461 communes, 7 cantons, savoir :
Àudincourt, Blamont, St-Hippolyle, Matche,
Montbéliard, Pont-de-Roide et le Russey
Pontarlier. 89 communes, 5 cantons, savoir :
Levier, liontbenoU, Morteau, Mouthe et Pon-
tarlier.
Nous le diviserons physiquement en deux régions, la haute et
la basse montagne.
4* La première, formée par la totalité de l'arrondissement de
Pontarlier et par cinq cantons de Târrondissement de Montbéliard,
comprend cette partie qui est riveraine du Doubs supérieur, et
qui conGne la Suisse dans sa plus grande étendue. Elle est
remarquable par la quantité et la qualité de ses pâturages, par
la profondeur et la beauté de ses forêts, dont les essences princi-
pales sont le hêtre et le sapin. Le climat en est âpre; les
hivers y sont précoces, longs et froids ; les étés, courts.
» Les montagnes sont couvertes de neige pendant six mois
> de Tannée ; la température y est généralement si basse,
» qu*il n'y a que très peu de cantons où Ton puisse semer du
» blé ; on n'y recueille généralement que des graines de prin-
» temps, et souvent encore les moissons sont couvertes de neiges
> précoces (*). »
L'habitant de ces montagnes subit dans quelques heures les
changements de température les plus remarquables : de la
journée la plus chaude il passe brusquement à la soirée la plus
(1) ^mitiaire du Doubs, 1818, p. 76.
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— 30« —
glaciale. On cite des années, notamment 4860, ob l'on a vu
dans ces régions la neige tomber à tons les mois, sans exception.
L*âpreté du climat tient à l'élévation du pays, à l'abondance
des forôts et des cours d'eau, au voisinage enfin des sommets
glacés dos Alpes et du haut Jura.
^ La basse région, formée par la totalité des arrondissements
de Besançon et de Baume-les-Dames et par quelques cantons de
l'arrondissement de Montbéliard, est remarquable aussi par la
riche production de son sol et par la variété de ses cultures, vignes,
céréales, etc. Les principales essences de ses bois sont le hêtre,
le chêne et la charmille.
Ici encore, en raison de la proximité des montagnes, les va-
riations atmosphériques sont remarquables et instantanées. L'air
y est le plus souvent sursaturé de vapeurs que le froid condense
quand le soleil cesse d*échauiïer l'atmosphère ; pays pluvieux et
froid.
Comme cette partie est sillonnée du nord-est au sud -ouest
par le Doubs inférieur, par le canal du Rhône au Rhin, par la
route de Strasbourg et Bâle à Lyon, et par le chemin de fer, un
des plus pittoresques de France, ces diverses voies do communi-
cation y ont appelé naturellement le commerce et la grande in-
dustrie. Cependant, si nous exceptons Besançon et quelques lo-
calités du pays de Montbéliard, l'immense majorité de la popu-
lation se Uvre au travail des champs.
B. Caractères physiques et occupations professionnelles.
Le Franc-Comtois est en général robuste et d'une bonne char-
pente ; sa taille est au dessus do la moyenne, si ce n'est tout à
fait dans le pays bas; sa face est large et carrée. L'amplitude
remarquable de la mâchoire inférieure, dont les angles sont
écartés et un peu saillants; un profil droit, presque vertical et
comme évidé, contrairement à ce qu'on voit chez les Normands,
qui boiraient f comme on dit, dans le pa^ d'un bœuf; tout cela
donne à la physionomie des Comtois un caractère étrange d'é-
nergie et de solidité.
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- 303 —
Il me semble qu*ils sont eDclins au sensualisme et à la bonne
chère ; leur raison forte tempère heureusement ces dispositions
oatureiles. En 4560, Bruyerin-Champier, médecin de Fran-
çois V'y écrivait ceci des Bourguignons de Charles-Quint : c Estant
> les aultres nations de la Gaule enclinées à soy tenir propre-
> ment et bragardement et user de beaux et riches habits, les
> Bourguignons seuls usent de fort modeste estât et de peu de
» pompe. Au reste, Ton les dit avoir ventre de veloux, pour rai-
» son de bonnes chères » C*est encore cela aujourd'hui. Au reste
Tâpreté de notre climat nous oblige à rechercher plus les plai-
sirs roborants de la table que les futilités de la toilette.
Quoi qu*il en soit de ce penchant des Franc-Comtois à la gour-
mandise, le paysan à la montagne ne vil le plus ordinairement
que de laitage et de mauvais pain, buvant de Teau à ses repas.
Il cultive peu, Forge et l'avoine. 11 se livre surtout à la produc-
tion du bétail (*); il vend son miel, son beurre, ses fromages,
qui constituent le revenu le plus certain de ses fermes ; et pour
utiliser les hivers, qui sont longs à cette hauteur, il fabrique
avec les bois de sapin divers objets de boissellerie destinés à
l'exportation, des cuves, des fourches, des râteaux, etc. Depuis
plusieurs années, dans quelques localités voisines de la Suisse,
on fabrique des mouvements de montres et des outils d'hor-
logerie.
Le paysan de la région basse, agriculteur ou vigneron, a une
aUmentation plus variée. Il boit généralement du vin À tous ses
repas ; il se nourrit de soupes, de légumes, de fruits, de salai-
sons, et d'un pain de froment d'assez bonne qualité. Il consomme
ioGniment moins de maïs et de gaudes qu'autrefois.
Disons de suite que les occupations principales des habitants
(*) a L'élève des cherauz, l'entretien et l'amélioration de l'espèce bovine,
l'eDgrais des bestiaux» les marnes exploitées en grand, la fabrication des
fromages, sont des branches importantes de l'industrie agricole des mon-
tagnes (Âlm. Mrt). » — Je mentionne, sans y attacher autrement d'im-
portance au point de vue qui m'occupe, les nombreuses usines, scieries
et moulins établis sur tous les cours d'eau uo peu considérables.
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— 8»4 —
du Doubs Mot : 4"* la culture des céréales ', 2* la' production cl le
commerce des vins ; 3* rextraction des minerais de fer et la con~
fcction des produits métallurgiques ; 4^ la fabrication des objets
d'horlogerie, gro^e et pelHè, h Besançon et dans quelques
villages de la frondère.
Ces différentes professions ont aussi une hygiène bien diffé-
rente.
Montagnons. — Comme nous l'avons dit, les montagnards
vivent pauvremeot d'un pain noir d*orge et d*avoine, rebelle à la
cuisson, de serrât (^) , quelquefois île salaison et de brési (');
comme boisson, ils' font rarement usage du vin, mais en re-
vanche ils apprécient fort le petit lait douceâtre de leurs frui-
tières. Leur travail est en général peu fatigant et régulier ;
l'hiver, ils s'occupent du soin des étables ; l'été, ils rentrent les
fourrages, cultivent quelques champs, etc. Avec ce régime ils
vivent longtemps.
Vignerons. — Soiis certains rapports, le vigneron est dans
des conditions en apparence plus avantageuses. Il dtne et soupe
à ses heures, et il mange un bon pain de blé ; il bott du vin à ses
repas, et, comme pitance, il a du fromage ou quelques légumes
assaisonnés d'un peu de lard. Son travail l'appelle le plus souvent
hors de chez lui, mais il possède à la vigne une cahutte qui lui
sert d*abri dans les mauvais temps. Il s'habitue à l'excitation des
boissons alcooliques et tombe, en vieillissant, dans utie espèce
d'ivresse chronique. Il mrturt souvent d'apoplexie.
Labùtprèurs, — Le laboureur a certainement la vie la plus ir-
régulière et la plus dure. Obligé de porter de lourds fardeaux, il
a besoin souvent de déployer beaucoup de force. Il travaille au
loin et sans abri, supportant pendant des journées elilièrcs Tin-
tempérie des saisons, l'ardeur du soleil, des averses, des gibou-
lées. II ne boit guère ou point de vin, et sa pitance, aussi maigre
que celle du vigneron, ne lui est pas servie aussi exactement : il
(>) C'est la partie caséeuse da lait obtenue après une deuxième expression.
(*j Viande de vache on do chèvre satée» fbméo et desséchée.
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- 308 -
mangd quand il peut et comme H peut. Oo trouve parmi les ou*^
Triers de cette catégorie des mangeurs d'une capacité étonnante;
leur estomac semble s*accoutu rier aux longs jeûnes et les sup-
porte, sauf à se gorger d*aliments pendant {)lusieurs heures. Les
maladies d'estomac spùt d'une fréquence remarquable chez les
Tîenx cultivateurs. On meurt à la campagne des maladies or-
ganiques de Testomac, comme on meurt à la ville des affections
«booiqaes de la poitrine.
Horlogers. — Los ouvriers des fabriques d'horlogerie vivent
d'une (but autre manière. Leur travail se fait à couvert, dans des
appartements chauffés en hiver et rafraîchis en été. Ils n'ont à
craindre des accidents d'aucune sorte. Quant à Tonlinaire de
leurs repas, ils font usage habituellement des aliments les plus
sains, car ils habitent des centres riches et peuplés oii les viandes
de boucherie sont de facile débit. Par malheur, ils manipulent
des métaux et ils ne prennent pas assez d'exercice. J'en ai parlé
déjà longuement ailleurs (*). Ils continuent, nonobstant des pré-
tentions contraires, à mourir de phthisie pulmonaire, comme
nous le dirons en son lieu.
Forgerons. — Les forgerons se livrent à des occupations plus
actives et plus fatigantes ; la sueur ruisselle sans cesse sur leurs
torses nus et pâlis au feu. Le fer, dont leur économie se sature,
les dispose aux maladies inflammatoires, aux pneumonies, aux
méningites, etc.
Il est très sûr que les habitudes professionnelles, si malsaines
qu'on voudra, no tuent pas de la môme façon tous les hommes
dans un temps donné. En doit-on conclure qu'elles ne sont point
malsaines, ou qu'elles ne prédisposent pas à certaines maladies?
Evidemment non. Car, à ce compte là, on pourrait de même sou-
tenir qu'il est assez indiiïérent de se nourrir bien ou mal, peu
ou beaucoup, puisque nous voyons l'hnmme vivre, en dehors des
accidents, environ cent ans, c soit qu'il vive de pain et de mets
(') BuUeiin Soc. médfr. Besancon, 1860 ; Annales d'hyg., et Gax. med, de
Paris, 1861.
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— 306 —
> préparés, de chair crue du de po»soa sec, do sagou ou de ris,
» de cassa ve ou de racines (*). » On pourrait soutenir encore
qu*il est assez indifférent de respirer Tair parfumé des mon-
tagnes ou la malaria des marais, puisque nous voyons ici et là
quelques exemples d'une longévité remarquable; ou prétendre
que les excès alcooliques ne sont poitit nuisibles, parce qu'on voit
des ivrognes devenir très vieux ; etc. Ce serait, méconnaissanl
les démonstrations de la statistique, oublier qu*il est des consti-
tutions privilégiées dont la vitalité lutte et résiste exceptionnelle-
ment.
C, Delà mortalité dans les différents arrondissements.
La mortalité, dans chaque arrondissement, subit la double in-
fluence, et du climat qui lui est particulier, et de la profession
qu'on y exerce le plus communément. Nos recherches statisti-
ques auront pour but de faire la part de Tun et de l'autre (*). Elles
comprennent une période de dix années consécutives, de 1854
à 4863 mclusivement, pendant lesquelles ont eu lieu, sauf erreur,
63,406 décès. Les naissances ont présenté, dans le môme laps
do temps, un excédant d'environ 10,585. La population totale
du département ayant ira peu diminué au dernier recensement,
c'est donc une perte annuelle de plus de mille individus qui vont
grossir la mortalité en d'autres lieux.
Ces 63,406 décès se répartissent delà manière suivante :
N» 1.
I
AMONDISSBIIBNTS.
DÉCÈS.
NAISSANCES.
■APPORTS. 1
. Besançon
Baume
Ponlarlier
Hontbéliard
Total . . .
25,375
44.558
40,056
43,547
35,688
47,076
43,862
48,365
0,96
0,85
0,78
0,73
63,406
73,994
0,86
(M BuPFOif, Œuvres compL, éd. Duménil, lom. IV, p. 109.
(■) C'est ici que nous sentons combien il est regrettable que les relevés
ofQciels des décès n'en indiquent pas les causes.
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-307-
Ainsi les décès, com^iarés au^ naissances, sont plus nombreux
dans la région basse que dans la rc^gion haute.
A un autre point de vue, on trouve encore que ta mortalité est
moindre dans les arrondissements de Montbéliard et de Pon^
tarlier qpe dans les autres.
N«2.
ARROKDISSBII finis.
DfiCÈS.
POPULATION
totale.
EiFPOUTS.
Besançon
Baume
Ponlarlior
Montbéliard
Total . . .
25,275
U,o58
< 0,056
^3,5I7
10^774
62.:^57
50,808
6S.6">2
0,0245
0,02â3
0.0197
0,01%
63,406
i84,59l
0,0^2^
Mais il faut en cela tenir compte d*un mouvement d*émigra-
tion bien manifeste qui a lieu de la montagne au pays bas ,
comme l'ont fort justement noté les auteurs du Guide de /V-
Iranger à Besançon. « Un attrait involontaire, disent-ils, porto
» le montagnard à descendre ; on ne voit guère Thabitant des
» plaines aller s'établir à la montagne (^}. »
n reste toutefois avéré, d'après les deux tableaux qui précèdent,
que la mortalité générale est moindre dans la haute que dans la
basse région.
n n'en est pas de môme pour la mortalité des enfants avant
leur naissance, comme on peut en juger par mon tableau n^ 3.
N» 3.
ARRONDISSBMBIfTS.
M0RT8«If^8.
NAISSANCES.
RAPPORTS.
' Besançon ......
( Pontarlier
1 Montbéliard
1 Baume
Total . . .
1,519
647
855
680
25,688
43,861
48,365
47.076
0,056
0,050
0,046
0.039
3,701
73,991
0,050
(^) Guide ai Vilranger à Besançon, par MM. Dilacroix et Casta!«, p. 7.
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•^308 —
Ce tableau met en opposition les arrondissements de Baume
et de Pontarlier, c*est-à-diro la basse et la haute région ; tandis
que Tarrondissement de Montbéliard, qui s'étend dans Tune et
dans Tautre, présente en quelque sorte un moyen terme.
Je tiens à m'étendre un peu sur cette question si curieuse des
morts-nés.
Des morts-nés. Il est difficile à la vérité d'établir avec exacti-
tude des comparaisons statistiques entre les morts-nés des diffé-
rents pays. A Besançon^ par exemple, oii des médecins sont
chargés de vérifier tous les décès, aucune inhumation ne peut
avoir lieu dans les cimetières de la ville sans le certificat d'un
médecin de l'état civil ; et il résulte de cette obligation qu'on y
enregistre, comme morts-nés, à peu près tous les fœtus expulsés
avant terme, de six, de cinq, de quatre mois. En est-il ainsi dans
les villages! Y a-t on les mômes scrupules et les mômes soins?
C'est du reste la question qu'ont posée, sans la résoudre, les au-
teurs de la statistique de la France, t En examinant, disent-ils,
> la série des départements qui ont le moins de morts- nés, on
> voit qu'elle est presque exclusivement formée par les départe-
» ments montagneux du centre et du midi, et que pas un dépar-
> ment du nord n'y figure. Faut-il attribuer ce résultat aux con-
Y> ditions climatériques de ces régions, ou bien ne pourrait-on
y* pas soupçonner des omissions dans les décès de cette catégorie,
» surtout dans les départements où la grande étendue des com-
> munes et le mauvais état des voies de communication rendent
» très difficiles, surtout en hiver, les déclarations à l'état civil?
» C'est une question que la science et l'administration ont en-
w cdre à résoudre "(*). »
Le chiffre si élevé des enfants morts-nés dans l'arrondissement
de Pontarlior, oU les fermes sont éparses souvent dans des con-
trées impraticables et d'un accès difficile en hiver, me prouve
péremptoirement que la rareté signalée des décès de cette caté-
0) SialUtiqw de la francs, S« série, t. X.
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— 309 —
gorie ne saurait être attribuée ni à l'altitude des lieux ni à la dif-
ficulté des communications.
Quoi qu*il en soit, le département du Doubs, dans une période
de dix années, a perdu 3,701 enfants morts-nés sur 73,991 nais-
sances; c'est un pou moins de 5 0/0 (0,0497), tandis que la
France n'en compte guère plus de 4 0/0 (0,0415). Donc, nous
comptons plus de morts-nés qu'on n'en compte moyennement en
France.
Les quatre arrondissements de Baume, Hontbéliard, Pontar-
lieret Besançon, comme on l'a ru par le tableau n* 3, ne parti-
cipent pas également à ces décès. L'arrondissement de Besançon
en renferme la> proportion la plus élevée ; viennent ensuite les
arrondissements de Pontarlier et de Hontbéliard , puis celui de
Baume-les-Damos qui en renferme le moins.
Nous allons chercher les raisons de ces dissemblances.
Dans cette recherche, nous devons tout d'abord mettre hors
de compte les enfants illégitimes et les décès qu'ils fournissent.
En effet, l'illégitimité, comme il est aisé de le comprendre, ag-
grave notablement pour le produit les difficultés d'une bonne
évolution (*); puis, comme tous les pays à beaucoup près ne
comptent pas une égale quantité de conceptions naturelles, il serait
injuste de rapporter à des influences locales une différence qui
tient évidemment à d'autres causes. Ainsi, Ton peut voir, par le ta-
bleau n° 4, combien les enfants naturels sont plus nombreux à Be-
sançon que dans les communes rurales du département, ce qu*on
devait supposer. On n'en doit rien oonclure toutefois toucham
la moralité des arrondissements qui figurent dans ce tableau, at-
tendu que la proximité d'une ville populeuse explique comment
l'arrondissement de Baume-les-Dames donne moins de nais-
(}) Pour Besançon, par exemple, sur 9,880 naissances d*enfants légitimes,
on compte 531 morts-nés, c'est-à-dire nn peu plus de 5 V»; tandis que sur
t,510 naissances d'enfants naturels, on compte S54 morts-nés, e'est-k-dire
plus de 10 o/o. A Berlin, suivant le professeur Casper, de 1819 k 183), on
comptait un mort-né sur vingt-cinq naissances légitimes, et un sur douzD
naissances illégitimes : la proportion est à peu près la même, 1 ; 3,
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— 340 —
• sances illégitimes que Tarrondissement de Pontarlier; la partie
rurale de l'arrondissement de Besançon, moins que les arron-
dissements de Baume et de Montbéliard.
N° 4.
AKBONDISSEKBnTS.
naturels.
TOTAL
des
nai^toces.
RAPPOKTS. j
Besançon (ville)
Ponlarlier
Baoïno-les-Dames . . .
Montbéliard
Besançon (partie rurale).
2,510
1,017
1,327
1,359
931
12,390
12,862
17,076
18,.'Î65
13,298
i
0,202 •
0,079
0,077
0,073
0,070
7,144
73,991
0,096
Si donc, pour les raisons qui précèdent, nous n'avons égard
qu'aux enfants légitimes, nous obtenons en morts-nés des pro-
portions différentes, et les arrondissements qui nous en donnent
le plus sont 4* celui de Besançon, 2*^ celui de Pontarlier, 3** celui
dç Montbéliard (voir le tableau n° 5), c'est-à-dire, en premier
lieu, l'arrondissement où l'inûuence d'une agglomération con-
sidérable se fait sentir; puis, en second lieu, ceux qui sont les
plus élevés, les plus montagneux et les plus froids. L!arrondisse-
ment do Baume-les Dames nous fournit' la proportion la plus
faibje.
^ N« 5.
ARRONDISSEMENTS.
MORT8-N68
légitime*.
NAISSAKCB8
li'gi limes.
RAPPORTS.
Besançon (partie rurale).
Besançon (ville) ....
Ponlarlior
MonlbtMiard
Baume-lusDames. . . .
679
521
.584
768
594
12,-367
9,880
11,845
17.006
15,749
66,847
0,0.54
0,052
0,049 !
0,045
0,037
3,146
0,047
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— 3H —
Nous n'insisterons pas ici sur les fâcheux effets de l'agglomé-
ration au point do vue sanitaire ; ces effets, étudiés et connus,
ressorlirottt assez clairement par eux-mêmes dans le cours de ce
travail. Constatons que jusqu'ici cette condition d'insalubrité
l'emporte sur toutes les autres.
Quant aux causes qui font ranger, dans les tableaux n<^'3 et 5,
l'arrondissement de Pontarlier immédiatement après celui de
Besan^a, nous croyons les voir tout à la fois, et dans l'âpreté
irrégulière du climat des montagnes, qui engendre les affections
catarrhales, et dans Tair moins dense qu'on y respire et qui pré-
dispose aux pertes sanguines et à l'avortement. YoilÀ pourquoi
l'arrondissement de Monlbéliard, qui se rapproche de celui de
Pontarlier par quatre cantons, et, par les autres, de celui de
Baume-lesDames , nous donne en morts-nés nne proportion
mqyenne, conforme à ce qu'on en devait attendre.
Il est curieux de noter qu'à Besançon ces sortes de décès sont
plus nombreux qu'à Dijon et presque aussi nombreux qu'à
Paris.
De 4858 à 1864, Dijon donne un rapport de 0,060.
De 1855 à 1860, Paris en donne un de 0,064.
De 1854 à 1864, Besançon (la ville seulement) de 0,062.
On doit, sans nul doute, invoquer pour l'explication de ce fait
remarquable les deux causes que nous venons de dter tout à
l'heure à l'occasion de Pontarlier.
Les auteurs de la stalisliquo de la France, œuvre splendide,
s'étonnent que les morts-nés soient plus nombreux dans cer-
taines villes qu'à Paris. Ce résultat statistique, en effet, est
surprenant; je désire que les considérations rapportées plus
haut puissent l'expliquer. Â la vérité, dans les villes de province,
à l'égard des filles mères, V opinion est plus sévixe qu'à Paris,
on peut y cacher moins aisément une faute ; mais comme, d'un
antre côté, on voit aussi mieux ce qui s'y passe, les avortements
provoquas y sont moins faciles. J'inetine donc à penser que le
fait en question dépend d'habitudes climalériques ou profession-
nelles.
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— 312 —
Décès ordinaires. — Le climat des montagnes, considéré à
priori comme Ionique et salutaire, 'paraît donc agir d'une ma-
nière fâcheuse sur les mères ou sur les fœtus. A d^autres points
de vue, on peut juger par l'inspection minutieuse des graphiques
de la mortalité, dressés proportionnellement à la population de
chaque âge, si, comme on le croit, la haute région l'emporte en
salubrité sur la région basse.
Il ne faut pas oublier que les arrondissements de Baume, de
Hontbc'liard et de Besançon ont subi, depuis 1854, la longue in-
fluente d'une épidémie de choléra, dont celui de Pontarlier n'a
pas eu à souffrir.
Le graphique n*" 1 (*] démontre que la mortalité est à peu près
constamment plus forte dans la ville de Besançon que dans les
communes rurales du département, ce qui tient à autre chose
qu'aux conditions climatériques. Cette supériorité fâcheuse est
surtout sensible dans les quinze premières années de la vie; la
malaria des villes est une atteinte permanente et directe contre
la viabilité, et, comme la malaria des marais, elle est plus parti-
culièrement pernicieuse à l'enfance.
Nous nous étendrons davantage sur ce sujet, quand il sera
question de la mortalité aux différents âges.
S 3. »• la aiortallié par rmpp^rî aaz sAlsoBa,
D. De la mue et des courbes saisonnières.
Le principe de la vie n'opère pas toujours avec une égale
énergie. Il présente, au contraire, des intermittences très mar-
quées dans les végétaux , oh il paraît sommeiller pendant des
mois entiers; il en présente encore, quoique de plus obscures,
(^) Ce graphique donne le rapport des décès k la population de chaque
âge. J'obtiens ce rapport en divisant la moyenne annuelle des décès de
chaque âge par le chiffre connu de la population du même âge : s'il y a,
par exemple, 20.000 adutcs de 30 à 35 ans, et qu'il en meure k cet âge
3.000, année moyenne, je dis que la mor^lH^ moyenne annuelle» entre
30 et 35 ans, est de 0,100 mllliômes,
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— 313 —
chez certains animaux hiveroants oii la vie se borne, pour ainsi
dire, à empêcher l'organisme de se décomposer; il en présente
même dans Tespèce humaine, qui représente harmoniquemcnt
toutes les grandes lois des êtres vivants.
En effet, non-seulement Thomme natt, grandit et meurt, on
suivant avec plus ou moins de régularité la grande courbe de la
vie ; mais il parcourt en outre une série évidente de montées et
de descentes secondaires, qui correspondent à l'alternance réglée
des saisons, et qu'on pourrait appeler des courbes saisonnières.
Le principe de la vie , que l'hiver avait comme engourdi ,
rentre ^eu à peu, sous l'influence bienfaisante du soleil, dans la
plénitude de son activité. Avec le printemps, ses manifestations
qui languissaient reprennent de la vigueur et de l'éclat; toutes
les fonctions s'exécutent avec plus d'énergie, et la croissance de
certains organes , temporairement affaiblie , redevient forte et
vraiment exubérante. C'est ainsi que les cheveux, les poils, les
ongles, dans un mois d'été, croissent d'environ deux millimètres
de plus qu'en hiver, comme il est facile de s'en assurer par des
expériences (M.
Il se produit donc physiologiquement deux fois par année,
chez tous les êtres vivants , une sorte d'excitation organique qui
les prépare à passer de la vie forte de l'été à la vie moins active
de l'hiver, et réciproquement. Cette excitation est surtout mani-
feste dans les plantes , qui n'ont pour âme que le principe des
opérations organiques ou végétatives : x*est le phénomène qui
constitue la double sève.
Dans l'espèce humaine , ce réveil de la vie n'est pas moins
(1) On ne lira pas sans iotérêt les eonsidératioDS savantes auxquelles se
livre à ce sujet le professeur firicheteau ( Enc^fclopédïe midie., tome If 1,
Hygiène, page. 171).
Le vulgaire a très bien observé que les plaies se cicatrisent plus rite en
été qu'en hiver. Et. dans un autre ordre de faits, on observe que la pro-
gression des conceptions suit h peu près constamment, dans nos climats,
cette reprise de la ritalitë, quoique Celse prétende que le commerce des
femmes est nuisible dans la belle saison : ses conseils, paraU«il, ne sont
pas suivi».
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— 3U —
positif et réel ; ea maladie comme en santé , chaque homme
réprouve, surtout au printemps. On sait que les exanthèmes
augmentent de fréquence à cette saison ; que certoines maladies,
comme la goutte, la pellagre, etc., présentent alors leurs exa-
cerbations périodiques.
Cette poussée vitale est, jusqu'à un certiin point, sous la
dépendance de Faction solaire ; elle peut donc être troublée et
paraître on d*autres temps (*j. Mais elle est assez constante ce-
pendant aux mômes époques, pour qu'on doive en signaler Tin-
fluence dans les tables mortuaires.
En effet, en examinant avec un peu d'attention les graphiques
de la mortalité mensuejle dans nos pays, on verra qu'à presque
tous les âges la mort opère davantage à l'approche du change-
ment des saisons. (Voir les graphiques n®* 2, 3, 4, 5, 6.)
Il serait difficile de ne voir dans tous ces faits, d'une régularité
remarquable, qu'un résultat de la température. La température,
il est vrai, agit en provoquant plus ou moins tard l'excitement ou
le réveil du principe de vie dont nous avons parlé ; mais par
elle-même elle est incapable d'expliquer le phénonaène que nous
signalons.
L'ascension des graphiques ne dépend pas du chaud, car en
juillet la mortalité est moins forte qu'en avril.
Elle ne dépend pas non plus du froid, car en décembre la mor*
talité est moindre qu*en août.
Elle ne dépend pas davantage de l'action longtemps continuée
des chaleurs ou des frimas, puisque^ dans l'arrondissement de
Pontarlier (voyez le graphique n^ 2), c'est en mai et en août
que la mortalité atteint son double maximum : or, l'hivery com-
mençant plus tôt et s'y faisant sentir plus vivement, le maximum
de printen^s devrait arriva en décembre, et les chaleurs y étant
plus tardives, le maximum d'automne tomberait plus tard, en
octobre ; ce qui n'est pas.
(^) Ëa 1860, j'ai vu des poules muer trois fois dam k belle saison, ce
qui n'est pas ordinaire.
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— 315 —
 la montagoe, ou les étés sont ooorts, la mortalité printa-
nière est plus tardive qu*à la plaine, tandis que la mortalité d'au-
tomne y commence de meilleure heure. C*est que la mort est un
fait physiologique, un fait de vie ; c'est en nous et non hors de
nous quMl enfant rechercher l'explication.
Le passage d'une saison à une autre constitue pour tons les
êtres vivants une véritable épreuve; il imprime nne seconsse or-
ganique à laquelle succombent beaucoup de constitutions épui-
sées, et il ûxe, pour ainsi dire, la limite oîi viennent se briser
toutes les existences épuisées auxquelles le vulgaire assigne sen-
sément pour terme la poussée ou la chute des feuilles.
Nous avons rapproché les graphiques mensuels de plusieurs
pays pour la facilité des comparaisons. Ce rapprochement nous
permet de saisir les difTéreoces du premier coup d'œil et de voir
que l'ascension de la mortalité ne correspond pas aux mômes
époques pour Paris et pour Besançon. C'est ce qu'd priari l'on
pouvait induire du changement dos saisons qui n'a pas lieu si-
multanément dans les deux pays. Sur nos montagnes, la mue du
printemps, mutatio vemaliSf se fait plus tard qu'au plat pays,
tandis que la mue d'automne y est au contraire plus précoce (*).
C'est pourquoi nous voyons l'accroissement de la mortalité s'y
faire sentir plus tard eu printemps, et, en automne, s'y faire sen-
tir au contraire plus tôt : ce qui n'aurait pas lieu, je le répète, si
cet accroissement dépendait do la continuité des chaleurs dans
cette dernière saison, comme l'ont pensé quelques savants hygié-
nistes.
Plus on s'élève vers la haute montagne, plus le fait saute aux
yeux. Dans l'arrondissement de Pontarlier, pays élevé, âpre et
froid, la première ascension de la mortalité correspond au mois
de mai ; à Besançon, au mois d'avril ; à Strasbourg, au mois do
(1) Les horticulteurs, qui sont obligés do oonsulter U sève et de suivre
les mouvements de la vie des plantes pour pratiquer avec succès leurs
opérations, commencent les greffes plus tard et les finissent plus tôt à la
mootagoe qu'à Besançon, à Ueaaaçon ^u'à Padt.
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— 316 —
mars ; à Paris et pour la France, au mois de février. La seconde
ascension reprend dès août dans nos contrées, et seulement en
septembre dans Tintérieur de la France.
E. Influence de la mue habituelle dans l'acclimatement.
Si donc nos prévisions sont justes, la double élévation an-
nuelle des graphiques do la mortalité doit avoir lieu, dans les
pays isothermes, à des époques plus rapprochées à mesure qu'on
s'éloigne de Téquateur ; et, au contraire, avoir lieu précisément
aux équinoxes sous la ligne.
Les. crises automnale et printanière ont lieu, au Spitzberg, en
juin et en août. La Providence a créé des êtres annuels dont ré-
volution correspond précisément à ces époques. « Jusqu'au mi-
> lieu de mai, dit le capitaine Bragg, toute la contrée est ense-
> velie sous glace ; au milieu de juillet, les plantes sont en fleur,
> et vers la fin du môme mois ou le commencement J*août elles
> ont mûri leur semence. Par quel instinct ces plantes parcou-
» rent elles le cercle de leur existence dans un espace de temps
> qui n*est que la troisième partie de celui nécessaire à celles de
» la même espèce dans les contrées plus chaudes, comme si
> elles prévoyaient la courte durée de la chaleur? Il n*est cer-
» tainement que la main du Créateur qui ait pu imprimer une
> telle loi à des végétaux privés de sentiment (*}. >
Cette prévoyance, que le capitaine Bragg considère avec rai-
son comme providentielle, n'a pas été donnée seulement à la
végétation du Spitzberg. Tout être vivant possède nécessaire-
ment une force en vertu de laquelle les actes les plus intimes de
sa machine s'effectuent do telle façon plutôt que de telle autre;
il possède, c'est nécessaire, un instinct particulier qui dirige ses
fonctions en les appropriant avec convenance au milieu dans le-
quel elles doivent s'exercer. C'est pour cela qu'il vit, en un mot
qu'il a Vêtre proprement dit.
0) Voyage au pôle nord, traduit par Pajol.
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— 317 —
Cette prévoyance instinctive pousse, par exemple, une même
espèce animale, le chevreuil, à concevoir à des époques diffé-
rentes là et ailleurs, mais toujours avec opportunité, pour que
les produits qui naîtront puissent se développer. € La nature est
> la plus prévoyante des mères, elle n'a pas voulu que le faon
> qui va nattre grelotât sur un linceul de neige ; et dans les con-
> trées oh l'hiver se prolonge au delà du temps qu'elle assigne
> à la gestation, elle a reculé l'époque de la fécondation, et cela
> bien que la précocité de ce môme hiver semblât devoir en
> hâter l'heure ('). »
J'incline à penser que les habitudes vitales que nous apportons
en naissant ne sont pas étrangères aux difficultés de l'acclimate-
ment dans certains pays. Supposons que les végétaux du Spitz-
berg soient transplantés dans nos climats plus doux, il est pro-
bable qu'ils se hâteront beaucoup trop de fleurir et de porter
graine. Supposons encore que les chevreuils du midi soient tout
à coup transférés dans nos forêts du Nord, je serai bien étonné
s'ils n'entrent en rut en temps inopportun. ChevTeuils et végé-
taux, s'ils veulent s'acclimater, devront modifier leurs habitudes
héréditaires ou acquises, et j'ose dire que ce n'est pas une petite
affaire.
L'acclimatement n'est pas une simple question de température
et d'alimentation ; car, à Saint-Domingue, où il est à peu près im-
possible, le climat n'est pas à beaucoup près aussi ardent que
Test notre midi pendant l'été ('), et les vivres convenables n'y
manquent point. L'acclimatement tient à autre chose. Ne tien-
drait-il pas à des crises saisonnières inopportunes?
Quoi qu'il en soit, on peut, sur un fait aussi étrange que l'ac-
climatement, hasarder des explications au sujet desquelles la
statistique est appelée certainement à se prononcer.
(^) Le rut du chevreuil, qui commeuce en octobre dans les pays de
plaine, ne commence qu'en novembre et même en décembre dans les mon-
tagnes. {Us trois règnes de la nature, 1865, n"* 54.)
{*) La température moyenne y est de 30 à Sd" R.
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- 380 r-
dei^ décès ait eu lieu au commeDcement de Tautomne ; il est au
contraire excessivement probable que ce maximum avait lieu,
comme aujourd'hui» au printemps (*).
Il résulte de nos recherches statistiques que la mortalité géné-
rale dans le département du Doubs atteint son maximum ea
mars, avril et mai ; elle descend jusqu'en juillet, reprend en
aoiit et septembre, puis décroît jusqu'en novembre. Ce maxi-
mum a lieu le plus souvent en février pour Paris et pour la
France en masse ; il correspond au mois de mars à Strasbourg
ainsi qu'à Besançon ; il correspond aux mois d'avril et de mai
dans l'arrondissement de Pontariier.
Notons que la mortalité, qui descend très bas au solstice d'été,
descend beaucoup moins bas au solstice d'hiver.
Au point de vue de la mortalité on pourrait diviser les mois
de la manière suivante.
N« 6.
MOIS
à mortalité forte
pour la
France.
Janvier
Février
Mars
Avril
pour le
wparteni^
du Doubs
Février
Mars
Avril
Mai
MOIS
à mortalité faible
pour la
France.
Juin
Juillet
Août
Octobre
pour le
départem^
du Doubs.
Juillet
Octobre
Novembre
Décembre
MOIS
à mortalité indifférente
pour la
France.
Mai
Septembre
Novembre
Décembre
pour le
départem^
du Doubs.
Janvier
Juin
Août
Septembre
En résumas plus on s'élève dans notre hémisphère , plus la
double ascension du graphique représentant la mortalité men-
suelle me semble se rapprocher et se confondre aux dépens de
la saison chaude. Dans l'arrondissement de Pontariier , par
exemple, oîi l'abaissement du graphique est moins prononcé et
*} BoFFOif , 0Eu9. complu t. iV. — Mém, de VAraà, méd., 1. 1, p. 39a.
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N*1.
1^ ixgne ..indique
ia norUiilé de chaque ftge
à Beean/çoa;
Celle la morUlité
de chaque ige dans rarron-
disififDeot de ^aoine et les
commoiiet rurales de i'ar-
rondÎBtemeni de Itosançoa ;
Celle la morUi iié
de chaque ige dans let ar-
rondissements de Montbé-
liard et de pontarlier.
\
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moins durable que dans les autres arrondissements, le minimuni
des décès a constamment lieu Thiver. Dans la partie basse du
département, le minimum des décès s*observe indifféremment
l'hiver ou Tété; à Paris, il s'observe toujours dans celle dernière
saison. (Voy. graphiques n*'" 2 et 3.)
Il est permis de supposer que les natifs de chaque pajs ont
]eurs habitudes saisonnières, habitudes qui les suivent partout.
On ne modifie pas à son gré, par le simple fait de sa volonté, les
instincts et les susceptibilités de l'organisme vivant ; et il ne me
répugne pas de croire aux mystérieuses similitudes de réaction
qu'on dit avoir remarquées quelquefois entre compatriotes d'un
bout du monde à l'autre.
G. Endémies et épidémies.
La mortalité ne subit pas la seule influence des saisons. Il
existe dans chaque pays des influences spéciales, des endémies
plus ou moins meurtrières qui ont des retours périodiques. C'est
ainsi « que l'époque du dessèchement des marais est l'époque de
> leur plus grande insalubrité, et celle aussi ordinairement de la
> plus forte mortalité dans les pays marécageux (*) >
Dans le département du Doubs, oU les marais sont relative-
ment rares, l'intoxication paludéenne est trop peu répandue
pour affecter d'une manière appréciable la régularité de nos
courbes.
Je ne sache pas d'ailleurs que d'autres maladies périodiques
sévissent d'une manière exceptionnelle en Franche-Comté.
Quant aux épidémies, nous avons ressenti les atteintes de celle
de 4854. C'est à cela que nous devons l'accroissement exagéré
de la mortalité aux mois d'août et de septembre. En effet, tandis
que, année moyenne, nous perdons environ 550 personnes au
mois d'août et 585 au mois de septembre (soit 1 ,085 décès), dans
l'année 4854, nous en avons perdu 4,399 en août et 836 en sep-
tembre (soit 2,225 décès).
(1) Ann, d*hijg , tom. lî.
SI
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-382-
N* 7.
Â110NDI8SBMBNT8.
Besançon. .
Baume. . .
Montbôliard
Poalarlier .
AOUT
année
moyenne.
236
as
99
545
4854.
720
366
SU
99
4,399
année
moyenne.
245
408
96
87
536
345
466
234
444
826
Cette augmentation des décès aux mois d*aoûtet do septembre,
tout en affectant la régularité des graphiques mensuels, ne la dé-
truit point. Il n'^en demeure pas moins avéré que le mois d*août,
pour notre pays, pour la montagne du moins, est lu mois de la
plus forte mortalité d'automne.
S 3. De la HiorUillIé i^ar rai^i^erl ans à^em.
U. Chez les enfants.
V Par rapport aux naissances. — Pour 73,994 naissances,
OD compte dans le département du Doubs, de 4854 à 4864,
40,932 décès d'enfants ayant moins d'une année. C'est un peu
moins du septième, 0,447, rapport inférieur à celui que donne
M. le docteur Bouchut. « En France, dit-il, actuellement Je
» sixième des enfants meurt dans le courant de la première
» année ('). >
En Suède, en Finlande, la mortalité serait, suivant le même
auteur, d'un cinquième environ.
D'après les tables de Duvillard, la mortalité des petits enfants
ayant moins d'une année, au commencement du siècle, était
en France de près du quart.
^) Gaz. des hôp., 39 décembre 1861.
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« La vie de Teafant est fort chancelante jusqu'à Tâge de trois
> ans ; mais dans les deux ou trois années suivantes elle s'assure,
> et Tenfant de six ou sept ans est plus cssuré de vivre qu'on ne
» Test à tout autre âge. En consultant les nouvelles tables qu'on
» a faites à Londres sur les degn's de la mortalité du gnnre
> humain dans les diiïi^rents âges, il paraît que, d'un certain
> nombre d'enfants nés en même temps, il en meurt plus d'un
> quart dans la première année ; etc. (*). »
Comme on voil, du quart au seplièmn il y a loin. Passons sans
nous arrêter plus sur ce progrès ^i*hy^iène publique.
Lo rapport des Hf^cès d(»> pplihrnfanlsaux udi^sauces, comme
on doit s'y attendre, est plus considérable dans l'arrondissement
de Besançon que dans les arroudissoments de Baume, de Pon-
tarlier, de Montbéliard surtout.
On peut s'en convaincre à vue du tableau suivant.
N« 8.
! AIROaDlSSBIBUTS.
DÉCÈS D'bnPANTS
d'un an ou moina.
NAI88ANCB8.
KIPPORTS. i
Besançon
Baume
Pontariier
Montbéliard . . . .
4,320
2,503
1,744
2,365
25,688
17,076
12,86.2
18,365
0,167
0.146
0,135
0,128
10,932
73,991
0,147
Cette proportion de 167 décès d'enfants pour mille naissances,
dans l'arrondissement de Besançon, se décompose de la manière
suivante.
Il meurt dans la ville de Besançon 2,018 jeunes enfants pour
12,390 naissances, soit 0,162 ; pendant que, dans la partie rurale
de l'arrondissement, il en meurt 2,302 pour 13,298 naissances,
soit 0,172.
f*} BoFFOif , CÊiuvres compL^ Paris, 1836, tome lY, page 07«
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— 324 -
n résulte donc de ces recherches que la mortaltié sur les en-
fants est moins forte dans la ville môme que dans les campagnes
environnantes. C'est ce qui a fait proclamer jadis cette incroyable
assertion» que, dans les premières années de la vie, oft mourait
plus dans les campagnes que dans les grandes villes.
Dans les campagnes qui entourent ces villes, à la bonne heure i
et cela se conçoit Une grande partie des enfants nés à Besançon
sont mis en pension dans les villages voisins oh ils vont grossir
la mortalité du jeune âge.
La constatation des décès dans la banlieue met le fait en évi-
dence.
La septième section de la commune de Besançon, dite les
CkapraiSf est formée par la partie nord de la banlieue. Elle com-
prend environ 4,000 âmes. Les maisons y sont épsrses et dissé-
minées sur un territoire fort étendu on groupées en hameau,
mais toutes sont séparées entre elles par des clôtures ; c'est-à-
dire qu'elles conservent l'aspect villageois. Les artisans s'y ren-
dent volontiers de Besançon, le dimanche, comme à la cam-
pagne ; et beaucoup de parents, mus par une sollicitude bien na-
turelle, y font élever leurs petits enfants, afin de les avoir au
besoin sous la main. Or, nous allons voir quelle modification
profonde la proximité de la ville imprime à la mortalité des
Chaprais.
Dans les arrondissements de Baume, de Monlbéliard et de
Pontarlieri la mortalité des petits enfants comparée à la morta-
lité totale est du sixième environ ; elle ne s'élève môme pas à
plus de 18 1/2 pour cent, moins du cinquième, dans la ville de
Besançon (sections réunies) ; tandis que, dans la septième sec-
tion, plus de 31 pour cent des individus décédés n'ont pas un an
révolu, près du tiers (').
Cette mortalité exceptionnelle tient sans nul doute au voisinage
(0 De 1857 à 1865, il a été constaté 826 décès , morts-nés dod compris,
dont 360 d^enfants n'ayant pas un an révolu.
La vérification des décès dans la banlieue ne se fait que depuis 1867.
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— 3« —
de Besançon dont les nouTeaux-nés sont plaoés chez des nour-
Tisseurs de profession autour de la ville.
Le môme rayonnement a lieu sur les villages qui nous avoî-
sinent. On y expédie de Besançon tous les jours des ôtres cbé-
U£s qui sont destinés à mourir prématurément.
Les cantons d*Ornans , de Quingey , d'Audeux , de Mar^
chaux, etc., ne sont pas en effet dans des conditions pires que
ceux de Tarrondissement de Baume-les-Dames qui les touchent ;
et il serait par conséquent bien surprenant que la mortalité des
enfants en bas âge y fût pliXs élevée qu*à Besançon môme.
La démonstration de cette vérité ressortira bien mieux encore
du rapport (X)mparé des décès à la population.
2* Par rapport à la population, — Si Besançon, par rapport
aux naissances, perd moins d*enfants que les communes rurales
qui Tavoisinent, ce résultat doit ôtre interprété autrement qu'on
ne Ta fait; il s'explique, disions-nous, par Tévacuation inces-
sante des enfants de la ville sur le dehors.
Le tableau suivant, qui met en regard de la population totale
de chaque arrondissement les décès d*enfants qui y ont lieu, dé-
montre par des chiffres qu*en effet la mortalité, dans les pre-
mières anoées de la vie, est plus forte à la ville qu'à la cam-
pagne.
N« ».
' AIRONDISSBIIRTS.
DtClS ARIfOBU
d'ftnranU
de i 5 ans.
POPDUTIOII
toUlè, 1861.
lAPFORTS.
Besancon (vil'e) . .
1 Besançon (rural) . .
Baume-lPS-Dames .
Monlbéliard . . . .
Pontarlier
330,5
413
382.1
373,3
863
38.745
64.029
62.357
68.653
50.808
. 0.0085
0.0064
0.0061
0,0054
0.0051
Voilà qui est clair; tandis que les arrondissements perdent an-
nuellement cinq ou six millièmes de leur population on eofantSt
Besançon en perd plus de huit et demi.
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— 326 —
Deux ou trois de plus, dira-t-on, dans une année et sur mQle
Ames, ne voilàt-il pas une belle affaire ! — Sur mille âmes, à la
vérité, mais non sur mille enfants.
Puis il est curieux de constater que les arrondissements ru-
raux ont, en enfants de à 5 ans, une population moyenne de
plus de dix pour cent, tandis que Besançon n*en a pas neuf.
N« 10.
ÂRRONDISSEHEIITS.
ENFANTS
de & 5 ans.
POPULATION
totale.
RAPPORTS.
Monlbéliard . . . .
Pontarlier
Baume
Besançon (rural) . .
Besançon (ville) . .
7,523
5,358
6.393
6,117
3,472
68,652
50,808
62.357
64,029
38.745
0.109
0,105
0.102
0,095
0.089
De sorte que si nos campagnes perdent dans une année cinq
pour cent des enfants qu'on y élève, la ville en perd plus de dix.
On peut au reste s*cn convaincre en jetant les yeux sur le gra-
phique de mortalité (n* 4J établi proportionnellement à la po*
pulation de chaque âge.
Ce n*est donc^pas deux ou trois enfants de plus sur mille qui
périssent à la ville dans une année, mais cinq sur cent, ce qui
est considérable.
Et que sera-ce encore si Ton attribue très légitimement au
passif ou h l'avoir de Besançon l'excédant des décès d'enfants
qui ont lieudans les cantons du voisinage? Car, si l'arrondisse-
ment de Baume et la partie rurale de celui do Besançon perdent
plus de sept pour cent en individus de à 5 ans, au lieu de cinq,
comme Monlbéliard et Ponlarlier (Voir le graphique n" 4). il
n'e.st pas admissible que colle difT(TPncc» doive élre rapportée
aux conditions clifn^ïlojopriquos dos dilTéronts pays, surtout
quand on voit la mortaliié grandir ^ mesure qu'on se rapproche
do Besançon. (Voy. tpbje^u n* 9.)
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— 327 —
Les enfaDts sont donc plus sujets h mourir à Besançon qu'à la
campagne ; ils sont aussi plus sujets à mourir dans les pays qui
avoisinent celte ville que dans ceux qui en sont éloignés.
4^ L'explication du premier Tait se tire des maladies épidé-
miques qui régnent, chaque année, spécialement sur les enfants,
la coqueluche, les fièvres éruptives, etc. Toutes ces afToctions
ont généralement dans les villages une bénignité qu'elles n*ont
plus en ville.
En 486f-1862, pour me servir d*un exemple récent, une épi-
démie de rougeole ût périr beaucoup d*enfants à Besançon. De
la ville, la maladie no tarda pas à se communiquer, par de petits
écoliers, au hameau de Rregilte, puis aux Chaprais, puis à Saint-
Claude. Elle y atteignit, à ma connaissance, plus décent enfants
très jeunes sans en fdire mourir un seul ; on n*a pas constaté un
seul décès d*enfant par la rougeole.
Et cependant la semence morbifique était bien de même pro-
venance, de môme nature et de même saison ; elle devait par
conséquent opérer avec la môme activité; mais les constitutions
qu'elle imprégnait n'étaient pas les mômes, elles avaient ici plus
de résistance et de vitalité.
L'énergie des forces vitales s'affaiblit peu à peu dans l'atmo-
sphère des villes ; l'homme y devient souffreteux comme les
arbres qu'envahit la, mousse et qui n'ont plus le pouvoir de s'en
défendre.
La médecine ne peut que signaler les causes morbides ; elle
est impuissante à les empocher. On ne peut pas faire que ce qui
est ne soit pas.
2^ Il n'en est pas ainsi des causes qui rendent la mort plus
commune à l'enfance dans les pays avoisinant Besançon. Ces
causes, jusqu'à un certain point, sont susceptibles d'être modiQées
et neutralisées. Elles consistent le plus souvent dans les procé-
dés défectueux mis en usage pour élever les petits enfants.
Beaucoup de- nouveaux-nés de la ville sont , comme nous
l'avons vu, envoyés à la campagne. Les uns sont conGés à des
m^^es nourrices qui donnent leur lait ; je n'ai rien à en dire. Les
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— 328 -~
autres sont remis à des gens qui font, dans nos environs, le
triste métier d'élever les enfants à la bouteille. Triste métier, en
effet, oii tous sont à plaindre, nourrisseurs et nourrissons.
Je connais, dans la banlieue, un certain nombre de pauvres
femmes que la misère oblige à devenir nourrices sur leurs vieux
jours (*). Mais dans quelles conditions déplorables! On leur ap-
porte des enfants petits, malingres, ratatinés, sans préjudice de
ceux qui sont malades. Or, ni Tintolligence, ni le cœur, qui y
supplée quelquefois, ne président à Tadministration des soins
qu'ils reçoivent ; affamés et malades, tous sont soumis au même
régime.
Voici le procédé d'alimentation ordinairement employé dans
la banlieue. On tient constamment sur la cendre chaude un vase
rempli de lait, bouilli par précaution, car le lait bouilli se con-
serve mieux. Ce lait, coupé ad libitum et suivant les goûts dVao
de gruau, d'eau émolliente, d'eau de riz, etc., est donné à l'enfant
soit avec une cuillère, soit le plus souvent au moyen d'un
biberon crasseux et sentant l'aigre. On joint à cela de temps en
temps un peu de panade ou de la bouillie. Comme passe-temps,
on donne à l'enfant, pour l'empôcher de crier, une croûte de
pain ou quelque objet doux à sucer.
Il arrive que le plus souvent, remarquez-le bien, la vitalité
des nourrissons résiste à ce mode de traitement et qu'ils viennent
à bonaj9 (in, parce que, en définitive, la méthode la plus mau*
vaise n'en saurait faire périr la moitié. Mais il arrive aussi bien
des fois qu'ils succombent. Cependant les pauvres nourrices, peu
au fait des comparaisons statistiques, s'illusionnent et s'attri-
buent les réussiles; les revers sont mis sur le compte d'une
constitution vicieuse, d'une maladie courante ou d'autre chose.
Le plus grand nombre de ces infortunés périt, à l'époque des
chaleurs, de dyspepsie cholériforme.
(M On lit sur une tombe, dans uo des cimetières de la ville, cette singu-
lière épitaphe : « Cy git qui fui nourriçf de 96 enfants! » Qu'elle repose
en pai^, ç^r elle dçit en avo^r )>C80in (
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— 3M —
I. Chez les adultes et les vieillards.
Je me propose d*éludier plus tard la mortalité par rapport aux
professions. Je ne dirai donc rien ici de ce qui concerne les
adultes, auxquels j*ai Tintention de consacrer par la suite un
chapitre particulier.
Quant aux vieillards, comme nous l'avons dit précédemment,
ils sont à peu près insensibles à l'influence de la mue saisonnière.
Ils meurent du froid ou des intempérances qu'ils commettcMit,
hélas ! bien souvent pour y résister.
On pourrait croire qu'à la ville, ob ils sont en général mieux
abrités, mieux nourris, plus doucement traités qu'à la campagne,
les vieillards vivent plus longtemps. C'est encore une illusion.
(Voy. le graphique n«» 1.) A moins que les opérations des recen-
sours ne soient systématiquement mal faites, elles condamnent
avec ensemble et sous tous les rapports les agglomérations ur-
baines.
Enfants, adultes et vieillards ont la santé plus vaillante au
grand air; ni soins ni régime ne peuvent balancer cet inappré-
ciable élément !
S 4 De la HiorUillCé i^ar ra#per« avs ••«•«.
J. Différence de vitalité dans les deux sexes.
€ Le sexe féminin, disent les auteurs de la Statistique de la
> France, paraît avoir une mortalité inférieure à celle du sexe
» masculin (*). » M. le docteur Bouchut s'exprime d'une manière
plus précise : c On sait, dit-il, depuis longtemps que la mor-
» talité est plus grande chez les garçons que chez les filles,
etc (•). » D'après M. le docteur Bertillon enfin, c'est une loi
générale qui se vérifie en Angleterre, en Suède, en Prusse»
en Hollande, comme en France.
(<) Stalutique de la France, 2* série, t. X, p. 31.
(•) Galette des hôp.., 1801, a» 1J7,
j
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— 330 —
Disons mieux, cette loi n*appartieDt pas seulement à notre es-
pèce, pour me servir d'une expression consacrée, elle appartient
encore à toutes les espèces vivantes ; c'est une conséquence da
rôle important qui est dévolu à la femelle chez tous les animaux.
La fomelle, en effet, est plus spécialement chargée de la per-
pétuation des espèces ; le mâle paraît n'en conserver que la
beauté (*). Sous ce rapport, il a donc une importance relative
moindre. C'est pourquoi la première a été pourvue d'instincts
éminemment conservateurs ; elle a été faite craintive, insinuante
et douce; tandis que le second, glorieux de sa force et de son
courage, est ordinairement doté de penchants belliqueux et aven-
turiers.
Ces observations, appliquées aux brutes, sont incontestables.
Elles ne sont pas moins vraies quand on les applique à un point
de vue exclusivement organique ou vital Qu'on soumette un
couple aux épreuves de la famine; qu'on le prive d'air, d'ali-
ments ; qu'on l'épuisé par des opérations sanglantes , et l'on
verra, toutes choses égales d'ailleurs, la femoUe résister plus
longtemps que le mâle. La vitalité chez elle est donc plus forte.
Et cela est vrai aussi pour l'humaine espèce. Si l'homme et la
femme sont dans des conditions identiques, si les agents de des-
(^) Au concours d'automne de la Société départementale d'agriculture du
Doubs» en 1862, qUand il s'est agi de distribuer les récompenses aux éle-
veurs de l'espèce chevaline dans les arrondissements de Besançon et de
Montbéiiard, on a constaté dans les produits de ces deux arrondissements
de notables différences.
« A Besançon, beaux poulains, bien que leurs mères manquent géné-
ralement des qualités exigées pour être bonnes poulinières.
» A Montbéiiard, mauvais extraits mâles et femelles, malgré la beauté
des mères.
» La commission a pensé que ce résultot tenait è ce que, dans le premier
arrondissement, l'administration dos haras met à la disposition de<< parti-
culiers de bons étalons, tandis que di^puis quelques années déjà, elle en
prive le pays de Montbéiiard, qui dès lors serait forcé de recourir aux éta-
lons rouleurs pour faire couvrir ses juments. > Je le pense aussi. {Société
d'ggricuUure du Ooubs, 2' buUeliD, 1865, p. 25.)
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— 331 —
tructioQ pour Tun et pour Fautre sont les mêmes, nul doute que
celle-ci ne résisfe mieux et plus longtemps.
Tous les auteurs n'admettent pas, comme moi, que cette supé-
riorité vitale de la femme, démontri^e parla statistique, soit
naturelle : n'avons-nous pas la prétention d*êtrele sexe fort?
€ Sur dix ans de vie courante, dit Buiïon, les femmes ont
> UQ an de plus que les hommes à Paris; et comme Ton peut
> croire que la nature seule ne leur a pas fait ce don, c*est aux
> peines, aux travaux et aux risques subis ou courus par les
> hommes qu'on doit rapporter en partie cette abréviation de
> leur vie (*) » D'autres auteurs attribuent cette mortalité
plus grande du sexe masculin au débordement plus violent des
passions, qui est encore un fait naturel {*).
On a pu voir, par ce qui précède, s'il est exact de dire que la
nature n'a pas plus richement doté la femme sous le rapport de
la vitalité qu'elle n'a doté l'homme. Il est certain que la femme
à vie sédentaire rencontre beaucoup plus souvent la maladie
devant ses pas, qu'elle est plus souvent que l'homme affectée par
les endémies et les épidt^mies, par les louêsons courantes, pour
me servir d'une expression locale (•), et qu'elle meurt moins.
Et cependant, elle mène une vie sédentaire ; et de toutes les con-
ditions anti-hygièniques, mauvaises, insalubres, la plus meur-
trière est celle-là (*).
(ï) Œurr. rompt., lom. IV, p 346.
(») La France, journal politique. 23 janvier 1864.
(') Le mëdei-in est appelé à soigner beaucoup moins d'hommes qae de
femmes, un peu plus du tiers.
(*) • J'ai souvent, dit Alph. Karr. constaté la force et la vigueur phy-
sique et morale du sexe fuible; j'ai défié un portefaix de suivre, pendant
tout un hiver, une femme qui s'amuse; j'ai établi que les femmes exagèrent
leurs p.'urs romnie nous exagérons notre courage, et que, grâce à leur
puissante infirmité de ne voir qu'un côté des choses, elles sont en général
plus résolues et plus braves quf nous. Il est à remarquer aussi que c'est è
ce sexe faible que I.i société impose de résister à ses peiichant< et de les
vainere. d«> -triompher de la nature même et de maltris r les instincts les
plus impérieux et les plus invincibles. » {Ln femme, p. 171.)
Les recherches statibtiques, comme oa voiti viennent confirmer Tobscr-
Tatioa du spirituel écrivain.
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— 332 —
Puis, la statistique des enfants morts-nés nous montre bien
qu'en effet cette loi est surtout vitale et qu'elle ne dépend pas
seulement des passions plus vives, plus impétueuses, plus fu-
nestes des niâles ; qu'elle ne dépend guère des risques qu'ils
courent dans leurs travaux, puisque déjà, au sein delà mère, les
causes de mort agissent beaucoup plus sur le sexe masculin que
sur l'autre sexe.
Il est né dans le déparlement du Doubs, pendant la période
de dix années, 73,991 enfants dont 37,S68 du sexe masculin» soit
1,048 millièmes.
ARRONDISSEMENTS.
RAISSi
, Il
Sexe masculin
lNCBS.
Sexe réminin.
RAPPOHTS.
Besançon (ville) .
Besançon (rural)
Montbéliard . . .
6,298
6,789
9,469
8.757
6,555
6,098
6,509
8,896
8,319
6,307
1,033
1,043
1,053
1,052
1,039
Raunie-les-Dames
Pontarlier. . . .
37,868
36,123
4,048
D'autre part on y compte, pour la même période, 3,701 en-
fants morts-nés, dont 2,204 mâles, soit 1,467 mill.
NO 12.
ARRONDISSEMENTS.
MORTS
'■la
Suxe masculin
-HtS.
Sexe rémioin
■APPORTS.
Besançon [ville) . . .
Besançon (rural) . .
Monlbéliard
Baume
Pontarlier
439
445
531
432
364
336
299
334
248
283
1,306
1,488
1,559
. 1.741
1,286
8,201
1,500
1,467
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- a33 -
Comme on le voit, la diiïérence pour les naissances est de
48 millièmes , pendant qu'elle est de 467 millièmes pour les
décès au sein de la mère. Le professeur BernouUi, de Bâie, avait
dc^jà indiqué cette proportion, et il ajoutait : c Tout portée croire
> que déjà (*) dans le sein de la mère les enfants du sexe masculin
> sont bien plus sujets à périr que ceux de Fautre sexe (*]. >
En négligeant, dans ces sortes de décès, les enfants naturels
dont la mort est trop souvent le résultat de violences ou de mau-
vais soins, la supériorité vitale du sexe féminin sur Tantre sexe
ressort davantage encore.
N« <3.
AtHONDISSBIlBNTS.
MORTS-NÉS
Sexe mHsciilin
LÉGITIMES.
Sexe fëffliniD.
HâPPOHTS.
Besançon fvillej . . .
Besançon (rural). . .
Montbéliard
Baume-les-Dames . .
Pontarlier
303
i09
474
378
336
818
270
S94
S16
S48
1,389
1,514
1,612
1,750
1,354
1,900
1,246
1.524
J'ouvre ici une parenthèse.
La supériorité numérique des garçons sur les filles qui
viennent de naître est de 4,048 dans le département du Doubs.
V Annuaire du bureau dea longitudes, dans un résumé curieux,
qui embrasse la période do 1817 à 1856, indique que cette supé-
riorité a été de 4,060 pour toute la France ; il ajoute que cette
supériorité semble décroître de plus en plus chaque année.
€ L'excédant des garçons sur les filles semble dépendre du
> degré d'agglomération des populations. Ainsi cet excédant est
> plus marqué dans les campagnes que dans les villes, et il est
(^) Je souligne le mot déjài c'est surtout qu'il aurait dû dire.
(•} /limâtes d'hyg., t. Xil, p. 60.
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- 334 -
^ 1res faible dans le département de la Seine oh la population
> atteint son plus haut degré de densité (*). »
BufTon pense (*) que les pays pauvres et montagneui tendent
aussi, sous ce rapport, à s*écarter de la loi commune.
Les résultats statistiques exposés dans notre tableau (n* 14)
conGrment Tassertion des auteurs de la Statistique de la France,
puisque la ville de Besançon présente moins d'excédant en nais-
sances masculines que tes communes rurales de Tarrondissement.
Mais ils conGrment mieux encore le sentiment de notre grand
naturaliste : 1^ le déparlement du Doubs, pays montagneux,
pr(''sente un excédant, dans les naissances masculines, inférieur
à celui que présentent les autres déparlements; 2** l'arrondisse-
ment de Ponlarlier, le plus élevé do tous, présente aussi cet excé-
dant inférieur à celui que présentent nos trois autres arrondisse-
ments. (Voy. tabl. n* 11.)
Je ferme ici la parenthèse pour continuer mes éludes sur la
mortalité.
Au point de vue de la vitalité , la femme est donc supérieure à
l'homme, dans le sein de la mère surtout. On vient de voir que
le sexe masculin ne comptait que 1,048 enfants contre mille
naissances féminines, pendant qu'il fournissait 1 ,524 décès pour
mille morts-nés du sexe féminin.
Dans la première année qui suit la naissance, cette infériorité
vitale, quoique remarquable encore, diminue déjà. On en peut
juger par le tableau suivant.
(1) statistique de la France, 2* série, 1. 1, p. 23.
(*) Œuvr. compL, t. IV, p. 351. Laplace a cependant prétendu que Tin-
fluence du climat était nulle ou insensible.
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— 335 —
N» 44.
AKKOHDISSBXENTS.
DtCbS DE
Sexe masculin
A 4 AN.
Sexe réniinin.
BAPPORTS.
Besançon (ville) .
Besançon (rural).
Monlbéliard . . .
.
4,419
4,309
4,458
4,406
969
899
993
907
4,097
775
4,244
4,308
4,607
4,281
1,250
Baume-lps-Dames
Pontarlier. . . .
■
6,261
4,674
4,340
K. Du passage de Vadolescence h la puberté et de Vâge firil
h la vieillesse.
Hais peu à peu cette supériorité organique de la femme semble
décroître et s*efTacer. Ainsi, do 5 à 20 ans, la proportion des dé-
cès ne diffère pas beaucoup chez les garçons et chez les filles ; on
dirait même que Tavanlage passe aux premiers. Toutefois, il ne
faudrait pas en conclure que chez ceux-ci la vitalité est plus forte
à cet âge, ce résultat statistique pouvant tenir évidemment à des
conditions hygiéniques et sociales différentes pour les deux sexes.
£n effet, les crises d^une formation plus précoce, le manque
d'exercices corporels, une vie plus sédentaire, moins do distrac-
tions et plus de travail, voilà des conditions qui doivent certaine-
ment peser sur Tun des plateaux do la balance.
On peut juger au reste par le graphique n® 9, dressé propor-
tionnellement à leur population respective , quelle est la diffé-
rence normale des décès à chaque âge dans les deux sexes.
La ligne des décès masculins, qui était descendue à cinq
par mille do 40 à 15 ans, monte et s*éiève jusqu'à dix-huit pour
mille entre ^0 et 25 ans. L'ascension de la ligne des décès
féminins est plus uniforme et surtout moins tourmentée.
On peut aflirmer que le passage de l'adolescence à la puberté
est beaucoup plus funeste aux garçons qu'aux Glles, au moins
dans les campagnes. Je fais cette dernière réserve, parce que
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-336-
Taugmealation de la morlalité, aussi bien chez les garçons que
chez les filles, n*est presque pas sensible à cette époque de la vie
dans la ville de Besançon ; on dirait que la crise de la formation
nV a lieu ni pour Tun ni pour Tautre sexe, tandis que Tascension
de la ligne des décès masculins est énorme dans les arrondisse-
ments de Montbéliard, de Baume, de Pontylier, et dans la par-
tie rurale de Tarrondissement de Besançon.
De SO à 25 ans, la mortalité du sexe masculin paraît donc être
plus grande à la campagne que dans la ville (*j. Comment expli-
quer cette diiïérence? Voilà certes une question au moins singu-
lière à soulever. Plusieurs circonstances pourront aider à la ré-
soudre.
1* Les recenseurs de la ville comprennent dans leurs opéra-
tions un nombre toujours assez considérable d*adultes des deux
sexos. De tous ces jeunes gens, qui sont portés à l'avoir de la
population urbaine, il est possible que plus d'un s'en aille mou-
rir, chaque année, au pays natal. Mais cette raison ne saurait à
elle seule rendre compte du fait signalé, puisque dans ce cas
l'augmentation des décès se remarquerait aussi bien dans les
décès féminins.
2* En ville la jeunesse, moins vigoureuse et plus précoce, s'ha-
bituerait-elle, pour ainsi dire, par degrés à des excès dont la
réaction est aussi plus lente et presque insensible ; tandis que,
chez le campagnard, la crise de formation serait plus vive et
plus accusée?
Quoi qu*il en soit de ces hypothèses, le fait en lui-môme est
assez curieux. S'il n'a pas été signalé encore, cela tient sans
doute à l'élément militaire qui grossit à cet âge le chiffre de la
mortalité du sexe masculin dans les villos. Car « les décès trans- .
» crits e.n vertu des articles 80 et 84 du Code Napoléon sont
> portés réellement sur le recensement de la localité oU ils ont
(*) Dans la campagne, elle ftltêint plus des 18 millièmes de la population
de 30 à 35 ans, tandis qu'à la ville elle n'en atteint guère que 9. (Voir les
graphiques n^ 9, 9», 9", 9»", 9'fif et W"".)
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^ eu lieUf et non point dans la commune oli seraient nés leà
» individus décédés (*). »
On comprend dès lors combien, dans les villes de garnison,
la mortalité en hommes do 20 à 30 ans doit être accrue par suite
de l'exécution de cette prescription administrative ; on comprend
qu'à Besançon, par exemple, avec le supplément des décès mili-
taires, le chififire des décès masculins de cet âge se trouve aug-
menté et aussi élevé que dans les communes rurales qui n'oul
pas un pareil supplément.
Il va sans dire que j'ai fait disparaître dans mes calculs l'élé-
ment militaire, qui aurait rendu toutes les comparaisons impos-
sibles ou fausses.
Cependant l'heure arrive oU l'individu a cessé de grandir. Une
révolution presque insensible s'opère en lui : il perd peu à peu
la vivacité de sa mémoire et de ses sensations; ses dents s'al*
tèrent, ses cheveux tombent ; tous ses organes se flétrissent ; il
dépouille l'un après l'autre tous les attributs de la virilité. Il
semble que la providence l'accoutume à mourir. Cette période
de la vie est une nouvelle épreuve : on l'appelle assez communé*-
ment l'âge critique.
L'âge critique présente moins de dangers que l'âge de forma-
tion^ que le passage de l'adolescence à la puberté. Cela est au
moins incontestable pour le sexe masculin. Mais on ne saurait le
dire aussi positivement de l'autre sexe ('). Nous voyons qu'eo
effet, de 40 à 45 ans, la courbe des décès féminins s'élève de
0,01 01 à 0,04 4 4, pendant que la courbe correspondante des décès
masculins ne varie que de 0,0100 à 0,0106.
L'homme ne vieillit que dix ans plus tard. Sa période critique
se prononce sur nos graphiques entre 50 et 55 ans.
(>} StaMique de la France, t. X, p. 35. 3* série. CeUe prescription reiDd
bien difficile le travail auquel se sont livrés les auteurs de la Stathlique de
la France. Il o*est pat possible de défalquer des états les décès militaires ,
comineot alors comparer la mortalité da soxo maseulio dans les villes avec
celte du même sexe dans les campagnes ?
(*) Comme l'a écrit M. io D' Dbbat (Hyg. ftphysiol. du mariû§e, Paris;
1861, p. 441).
23
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-â38 -
tl Dfi^est impossible de terminer, pour le moment, tout ce qui
est relatif aux professions. Je rattacherai ce nouveau travail aux
'recherches particulières que j*ai entreprises sur la mortalité spé-
ciale de Besançon.
Je me borne donc, pour aujourd'hui, à cette élude dont je ré-
sume les conclusions principales.
4* Envisagée à un point de vue général , la mortalité est
moindre dans la haute région que dans la basse, moindre dans
celle-ci qu'à Besançon.
S® Envisagée chez les enfants qui viennent de naître, la mor-
talité est moindre, au contraire, dans la basse région que dans
la haute, et moindre encore dans celle-ci qu'à Besançon.
3^ L'allitude et Tagglomération , par des causes différentes,
l'une en disposant la mère à l'hémorrhagie, l'autre en affaiblis-
sant la vitahté de l'enfont, arrivent à ce mémo résultat, qu'elles
prédisposent le fruit humain à tomber avant la maturité.
4* La plus grande mortalité d'un pays coïncide normalement
avec l'époque ordinaire du changement des saisons dans ce
pays.
5^ Cette règle générale ne tient ni aux variations atmosphé-
riques, ni à l'action prolongée des chaleurs ou des frimas ;
6** Elle tient vraisemblablement à un travail organique, à
l'excitation vitale qui prépare , au commencement de chaque
saison , tout être vivant à subir les conditions d'un nouveau
milieu.
7*" La vitalité de la femme est, presque à tous les âges, sup('^
rieure à celle de l'homme. *
8* S'il se présente des exceptions à cette loi, vers 15 et 45 ans,
elles proviennent uniquement de ce que les époques critiques de
la vie n'ont pas lieu au môme âge dans les deux sexes.
9* Cette infériorité des mules ne tient pas, comme on le croit,
à des passions plus vives et plus meurtrières, non plus qu'à des
dangers professionnels plus grands, puisque nous la voyons
d'autant plus marquée qu'on se rapproche du moment de la con-
ception.
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— 339 —
40* Le passage de Tadolescence à la puberté, plus funeste aux
garçons qu'aux filles, paraît avoir moins dUnfluence sur la mor-
talité à la ville qu'à la campagne.
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ÉTUDE DES TRAVAUX DE SIÈGE
D'ALESIA
Par M. IiÉOM «JJLIiOTTI
Capitaine d' Etat-Major,
Profettear adjoint à TEcoIe impériale d'Etat-lfajor.
rll 1!
Nous n^avoDS pas Tintention de discuter dans ces quelques
pages remplacement probable d'Alesia. Notre seul but est d'a-
jouter un document nouveau, très important et presque entière-
ment négligé jusqu'à ce jour, au dossier, déjà si volumineux, de
cette question.
Les travaux exécutés par les Romains devant Alesia consti-
tuent un fait d'une importance considérable : la possibilité de
leur exécution étant dépendante de leur développement, l'étude
du travail manuel pouvait amener à la connaissance approxima-
tive de l'étendue des lignes de blocus. Celte détermination n'a
cependant été tentée jusqu'à ce jour qu'au moyen d'interpréta-
tions diverses du texte des Commentaires.
Discuté de cette manière, le problème pouvait offrir un nombre
de solutions différentes égal à celui des hypothèses qu'est sus-
ceptible d'enfanter un esprit ingénieux, et aussi peu solides que
la base sur laquelle elles s'appuyaient : aussi chaque auteur a-t-il
proposé la sienne.
Les discussions récentes n'ont apporté aucune nouvelle lumière,
et l'incertitude la plus grande règne encore aujourd'hui aussi
bien sur la forme exacte des retranchements que sur leur étendue.
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- 34« —
n est donc permis d*ôtudier, en dehors do toute préoccupation
d'emplacement, la nature et Timportance dos travaux de blocus.
Nous allons essayer de le faire, et peut-être serons-nous assez
heureux pour approcher de la vérité et fournir ainsi aux recher-
ches un élément nouveau et important.
Le but que nous essayons d'atteindre est double : il comprend
d*abord la détermination de la forme exacte des divers ouvrages,
puis celle de leur étendue respective. Nous partagerons consô-
quemmnnt cette étude en deux parties :
i^ Nature des ouvrages divers ;
8^ Etendue des ouvrages.
I.
uratiire des •UTnige*.
Les travaux ordonnés par César devant Alesia sont de deux
sortes : ouvrages de terrassement, c'est-à-dire fossés et rem-
parts; ouvrages accessoires, c*e$t-à-dire défenses en bois ou en
fer ajoutées aux précédents.
L'indication des travaux nous est donnée par lo$ chapitres
Lxxii, Lxxiii, Lxxiv du Uvro VIL
Ch. Lxxii : € César fit exécuter un fossé de 20 pieds
(romains] de largeur, sur une profondeur ég^le et à parois ver-
ticales. A quatre cents pieds en arrière de ce fossé, il établit le
reste de ses retranchements. Il laissait cette distance, aQi^ que la
multitude des ennemis ne pût point, pendant la nuit, «jaillir i
l'improviste les ouvrages, ni lancer des traits, pendant le jour,
sur les travailleurs (on avait été obligé d'embrasser une si grande
circonférence qu*on n'eût pu facilement garnir toute l'enceinte
de défenseurs). Dans cet espace (hoc intermisso spatio), on
ouvrit deux fossés de 45 pieds de largeur sur une profondeur
égale. Celui qui était intérieur, situé dans un terrain.... encaissé
(demissus locus), fut rempli d'eau au moyen d'une dérivation de
la rivière. En arrière de ces fossés (post eui), on éle^ft un rem*
part terrassé de M pieds de hauteur, t
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— 342 —
On y ajouta un parapet et des créneaufx et, à la jonction du
parapet et du rempart, des fraises pour empêcher l'escalade.
L'ouvrage entier était flanqué de tours à 80 pieds Tune de
l'autre.
Ch. Lxxiii : « César jugea nécessaire d'ajouter quelque
chose aux fortifications, afin de pouvoir les défendre avec un
moindre nombre d'hommes. On creusa une longue tranchée de
5 pieds de profondeur, dans laquelle on enfonça et fixa solide-
ment des abattis (*) dont on mit cinq rangées entrelacées et lié^
ensemble... Au devant étaient des trous de loup de 3 pieds de
profondeur (*), disposés en quinconce et recouverts de ronces et
de broussailles, afin de cacher le piège. Il y avait huit rangs de
celte espèce à trois pieds de distance l'un de l'autre... En avant
encore étaient fichés en terre des piquets d'un pied de long, armés
de pointes de fer : on en mit partout et à de faibles distances les
uns des autres.
Ch. Lxxiv : € Ce travail fini , César fit établir dans le terrain
le plus uni qu'il put trouver des fortifications de même
nature, mais du côté opposé et tournées contre les attaques du
dehors »
Ces indications sont très précises, très nettes, très détaillées,
en ce qui concerne la contrevallation.
Il y avait ainsi :
1*> Un fossé de 20 pieds;
2^ Le rempart, à 400 pieds (446 mètres) en arrière de ce
grand fossé ,
3* Entre ces deux ouvrages (hoc intermisso spatio), deux
fossés de 45 pieds, dont l'un était rempli d'eau ;
4^ Devant le rempart, un fossé pour les abattis, puis les trous
de loup, puis les piquets.
(^) « On prit des troncs d'arbres ou de très fortes branches; on les dé-
pouilla de leur écorce et on les aiguisa par le sommet. »
(*) « des puits de 3 pieds de profondeur et qui se rétrécissaient peu
à peu jusqu'au bas ; on y faisait entrer des pieux ronds de la grosseur de
la cuisse, durcie ai) feif et aiguisés. »
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— 343 —
Une discussion s*est élevée sur le fossé plein d*eau. Les uns
ont voulu appliquer cette désignation au fossé le plus rapproché
du rempart; les autres au second fossé do 15 pieds, c'est-à-dire
à celui qui était entre les deux autres. Nous croyons que la qua-
liûcation d'intérieur, qui lui est donnée par César, doit se com-
prendre, soit de sa position intermédiaire entre les deux autres,
soit de son rapprochement de la place.
Nous pouvons remarquer, en outre, que les terres destinées
à former le parapet devaient éite naturellement fournies par l'un
des deux fossés do 15 pieds creusé à sa base.
Les deux fossés de 15 pieds devaient donc être ainsi disposés :
Tun au pied du rempart, l'autre en avant et du côté de la place.
Celui qui était rempli d'eau était, dit l'auteur, creusé dans une
dépression du sol; il était donc dominé par le terrain avoisinant,
et ce n'était pas là que le rempart devait être élevé, mais au delà.
Donc, le fossé noyé était le plus rapproché de l'ennemi; il était
enveloppé par celui du rempart : c'était le fossé intérieur.
Quant aux défenses accessoires, il nous semble logique de les
placer devant le fossé du rempart, en arrière du fossé noyé.
D'ailleurs, si nous nous reportons au ch. lxxxiii, nous lisons :
< Tant que les Gaulois ne se battirent que de loin, ils nous in-
commodèrent par la grande quantité de leurs traits; mais quand
ils s'approchèrent davantage, les uns s'embarrassèrent dans les
piquets, les autres se transpercèrent en tombant dans les trous
de loup fscrobes), ou furent écrasés par les traits lancés des
remparts »
Les ouvrages accessoires étaient donc près des remparts. Ces
considérations nous permettent d'énumérer les travaux dans
l'ordre suivant :
Un rempart de 12 pieds de haut, avec parapet, créneaux et
tours ;
Un fossé de 15 pieds de largeur et de profondeur ;
Des abattis sur cinq rangs ;
Des trous de loup sur huit rangs ;
Des piquets ;
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— 344 —
Un fossé de 15 pieds de largeur et de profondeur, plein
d'eau ;
Un fossé de 20 pieds de profondeur et de largeur ;
Ces ouvrages occupant une zone de 116 mètres de largeur.
Examinons maintenant la forme précise de chacun d*eux.
REMPART.
Végèce dit que ces sortes d'ouvrages étaient soutenus par un
clayonnage composé de troncs d'arbres et de fortes branches.
Folard, dans son Etude sur les travaux d'à lesta , pense qu'on
dut employer des fascines, parce que le travail, dit-il, eût été
plus prompt. Guischardt admet la description de Végèce.
Quel que soit l'avis qu'on adopte, il est incontestable que les
terres étaient soutenues à peu près verticalement par des ou-
vrages en bois. Nous admettrons donc un rempart terrassé de
12 pieds (3'",48) de haut, soutenu à peu près verticalement du
côté do l'ennemi et surmonté d'un parapet crénelé.
FOSSfi DU REMPART.
Il avait 15 pieds de largeur et de profondeur. L'indication de
rinclinaison des flancs nous manque : ils n'étaient point verti-
caux^ car l'auteur l'eût indiqué comme il l.'a fait pour le grand
fossé; ils n'étaient point à terres coulantes, car les talus se
fussent réunis au fond du fossé qui eût affecté une forme trian-
gulaire, et dans ce cas le fossé n'eût présenté à la moitié de sa
hauteur qu'une largeur do 7 pieds et demi (2 m. 17] ; des plan-
ches, des troncs d'arbres jetés par l'assaillant eussent permis de
le franchir, en rendant inutile l'excavation inférieure, c'est-à-dire
près de la moitié du travail. Nous adopterons donc un terme
moyen entre ces deux inclinaisons, c'est -à dire des talus au
tiers, ce qui nous donnera un plafond do 5 pieds (1 m. 45).
ABATTIS.
Ils étaient placés sur cinq rangs et entrelacés dans une tran-
chée de 5 pieds de profondeur. La largeur de cette tranchée est
difllcilo à estimer. Un arbre enfoncé on terre et présentant en
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^ 345 —
Tair rexirémité apointie de ses branches, forme un obslacle ayant
au moins 8 mètres de largeur. Si nous supposons cinq arbres
rangés en ligne et pénétrant les uns dans les autres de la moitié
de Tépanouissement de leur ramure, nous trouverons une ligne
de 6 mètres. Afin de rester plutôt au-dessous qu'au-dessus de la
vérité 9 nous donnerons à la tranchée 5 mètres seulement de
largeur.
TROUS DE LOUP.
C'étaient des fosses de 3 pieds de profondeur, se rétrécissant
peu à peu jusqu'au bas ; nous pouvons admettre, sans erreur
sensible, qu'elles avaient 3 pieds de diamètre.
PIQUITS.
Ils avaient un pied de long et étalent garnis de pointes de fer
présentant des crochets.
FOSSÉ ROTfi.
n était semblable à celui du rempart; nous admettrons les di-
mensions que nous avons déduites pour ce dernier.
GKAIfl) rOSSA AVAHCÉ.
César définit ainsi cet ouvrage : t Un fossé large de 20 pieds
et d'égale profondeur, dont les flancs étaient à pic. »
Deux opinions différentes se sont produites sur la forme de cet
obstacle. Les uns, prenant la description à la lettre, ont pensé
que l'excavation avait ^0 pieds de profondeur et- que les parois
en étaient verticales. D'autres, se fondant sur l'emploi, habituel
dans les armées romaines, des gazonnements ou des clayon-
neges pour soutenir les remblais, ont opiné que César avait pu
creuser un fossé d'une dizaine de pieds de profondeur, et faire
jeter les terres à droite et à gauche, en les soutenant verticale*
ment : cette construction eût ainsi présenté une double terrasse
et un fossé intermédiaire, et la hauteur mesurée du sommet des
torre-pleins au fond du fossé eût été de 20 pieds, remblai et fouille
compris.
De ces deux opinions, la première seule nous semble juste.
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— 346 -
César n'eût pas, à notre avis, désigné par le seul nom de fossé
(fossa) son ouvrage avancé, s*ii eût adopté la dernière disposi-
tion : il nous eût parlé de clayonnage et de terrasse ; les mots
vallufn et agger eussent été employés de manière ou d'autre
dans sa description, comme ils le sont toutes les fois que l'his-
torien veut parler d'une lovée de terre. Il nous semble en outre
qu'avec celle construction le but qu'on voulait atteindre eût été
manqué : ce fossé était établi pour arrêter l'élan des sorties,
pour éviter que la multitude des assiégés pûl, pendant la nuit,
tomber sur les travaux à l'improviste (ne de improvisa autnoctu
ad munitiones hostium muUitudo advolaret).
Si l'ouvrage eût présenté un double terrassement vertical, qui
se fût élevé à une dizaine de pieds de hauteur, il eût fourni aux
Gaulois un abri sûr, derrière lequel ils eussent pu se cacher à la
faveur de l'obscurité. Protégés des vues des Romains par le se-
cond terre-plein, ils eussent promptement comblé une partie du
fossé et se fussent élancés sur les retranchements placés à
116 mètres en arrière, avec l'impétuosité et l'imprévu que l'ou-
vrage avait précisément pour but d'éviter. Ces sorties, organi-
sées à 600 pas seulement des lignes, eussent été bien plus dan-
g«^reuses que celles qui parlaient de la place à une distance beau-
coup plus grande. Au lieu de nuire à l'ennemi, C^sar lui eût
donné un avantage.
Nous croyons donc qu'il faut lire simplement le texte comme
il est écrit : « On creusa un fossé de 20 pieds de largeur et d'une
profondeur égale, à parois verticales (fossam pedum xx directis
lateribus duxit), »
Cet ouvrage, quoique momentanément fort important, n'était
cependant que provisoire, et on dut en hâter la construction.
Les terres durent être simplement rejeléos à droite et à gauche
de la tranchée; peut-être même furent-elles autant que possible
répandues au loin sur le soi.
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— 347 —
IL
Etendue de« ouvrages.
La question du développement de chacun des ouvrages dont
nous venons de déterminer la forme, était la plus importante à
résoudre : aussi a-t-elle donné lieu aux estimations les plus con-
tradictoires. César donne deux chiffres relatifs à l'étendue de
SOS travaux : le premier, de 41,000 pas (16,600 m. environ), est
relatif à la contrevallation ; l'autre, de 44,000 pas (21 kilom.),
se rapporte à la circonvallation.
Certains auteurs ont attribué ces dimensions au rempart de
Tune et Tautre enceinte ; d'autres, à l'un des fossés qui les con-
stituaient. Les uns ont pensé que chaque ligne avait trois fossés ;
les autres ont dit que la circonvallation n'en avait que deux ou
m(^me un seul. Tous, à peu près, ont considéré chaque enceinte
comme constituée invariablement de la môme manière, sur toute
son étendue.
Pour trouver la vérité au milieu de ce chaos, il nous paraît
juste de prendre une base solide et invariable : c'est la force
physique do l'homme.
Quelque exercés que fussent les Romains, leurs forces muscu-
laires et leur habileté dans le travail des terres n'étaient pas plus
grandes que celles do nos soldats du génie ou de nos terrassiers
de chemins de fer : leurs instruments n'étaient ni plus maniables,
ni plus commodes que les nôtres; peut-être moins.
Voppidum d'Alesia devait exister soit sur la rive droite, soit
sur la rive gauche do la Saône, c'est-à-dire dans les terrains ju-
rassiques; des tranchées de 15 et de 20 pieds devaient rencon-
trer, au-dessous de la couche de terre végétale, des bancs de
calcaire, d'argile ou de marne, terrains difficiles à fouiller.
Nous basant sur ces faits, nous avons calculé le temps qu'il
faudrait employer de nos jours pour exécuter un mètre courant
de chacun des ouvrages divers entrepris par les légions.
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— 348 —
Non content d'avoir fait ce calcul, nous avons demandé à Tun
de nos amis, habile constructeur qui, depuis plus de vingt ans,
exécute des terrassements de chemins de fer » le nombra
d'hommes exercés qu'il lui faudrait pour exécuter des tranchée
analogues à celles d'Alesia. Sa réponse a été à peu près conforme
aux résultats que nous avions trouvés et qu'il ne connaissait pas :
son estimation a été d'environ un dixième plus forte que la nôtre.
Nous rappelant que dans la détermination des formes des ou-
vrages, nous nous sommes efforcé de rester plutôt au-dessous
de la vérité que de la surfaire, et adoptant notre propre estima-
tion, nous devrons considérer le résultat final que nous attein-
drons comme un minimum, aussi bien pour les Romains que
pour nos terrassiers modernes.
Faisant grâce au lecteur des détails de calcul, voici les chiffres
que nous avons trouvés ; ils expriment le nombre de journées
de travail nécessaire pour l'établissement de chaque ouvraga
sur une longueur de 4 mètre :
Grand fossé atancé 20.2 journées.
Fossé noyé 6,8 »
Fossé et rempart 7,9 >
Trous de loup 0,46 i
Fossé des abattis 3,25 »
Appliquons ces chiffres aux principales hypothèses qui ont été
faites sur les travaux du blocus, et voyons les résultats auxquels
nous parviendrons.
PRBMlfeRB HTPOTHfeSB.
Rempart de contretallation 16,500 mètres.
Id, decirconvallation 21,000 >
(chacune des lignes présentant le triple fossé et les défenses ac-
cessoires).
Dans cette hypothèse, et si l'on admet des lignes à peu près
Pircqlaires, les fossés auraient eu les dimensions suivantes :
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-340-
/Grand fossé. . . . 45,572 mètres.
r, . ... \ Fossé noyé .... 46,400 >
I Trous de loup. . . 46,500 > (environ),
'^Fossé des abattis . 46,500 »
I^FoM^ de« a6a<<t« . 24,000 mètres.
Trous d$ loup. . . 24,000 »
Fossé noyé.... 24,364 >
^Grand fossé. . . • 24,728 »
Multiplions par la yaleur du mètre exprimée en journées de
travail, et nous trouvons :
^ Grand fossé 344,554 journées.
iFossé noyé. 409,480 >
Contrevallationl Trous de loup 7,590 »
^ Fossé des abattis 53,625 >
i Retranchement 430,350 »
f Retranchement 465,900 journées.
i Fossé des abattis 68,250 »
Circonvallation{ Trous de loup 9,660 »
'Fossé noyé 445,275 »
Grand fossé 438,905 >
Total. . « . 4,443,589 journées.
Lorsque Yercingétorix renvoie sa cavalerie, au commence-
ment du blocus, il annonce qu'il n*a plus que pour 30 jours de
vivres (ch. lxxi). Les travaux des Romains étaient commencés,
il est vrai ; mais ils furçnt terminés avant l'arrivée de l'armée de
secours, c'est-à-dire au plus lard trente jours après le départ de
la cavalerie. Nous pouvons admettre qu'ils nécessitèrent trente*
cinq jours entiers de travail, et si nous réfléchissons aux inter-
ruptions causées par les fréquentes sorties de l'ennemi, nous ne
trouverons pas ce chiffre trop faible.
Divisons le résultat précédent par 35, nous trouvons 44,245
travailleurs.
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Ainsi, 'dans rhypolhèàe qui nous occupe, il eût fallu employer,
tous les jours, pendant trente-cinq jours , plus de 40,000
hommes aux terrassements seulement.
Or César avait 40 mille hommes, suivant Icg uns, 60 mille
hommes au plus, suivant les autres.
Il lui eût donc été complètement et absolument impossible
d'exécuter les travaux que nous venons d'examiner, et l'hypo-
thèse de la coexistence de trois fossés sur chaque ligne est inad-
missible.
On a dit cependant que César avait peut-être des travailleurs
auxiliaires dans son armée ; ce n'est qu'une hypothèse et nous la
croyons peu fondée L'armée romaine était entourée par l'in-
surrection, perdue au milieu de la Gaule révoltée; et, dans de
pareilles circonstances, elle ne pouvait guère trouver un appui
autour d'elle. César, d'ailleurs, ne dit pas un mot dans tout son
récit qui puisse nous faire soupçonner la présence d'auxiliaires
sous ses ordres ; ce que nous y lisons est au contraire complète-
ment défavorable à cette supposition. Ainsi, les gens du pays
fournissent des renseignements aux Gaulois (ch. lxxxiii^; et
nous lisons au ch. lxxiii : « Il fallait à la fois aller chercher du
bois, pourvoir aux vivres, travailler aux fortifications, ce qui
diminuait la force de nos troupes, en les éloignant du camp.
César jugea nécessaire d'ajouter quelque chose aux forliû-
cations, pour qu'un moindre nombre de soldats suffît à les dé-
fendre (quo minore numéro militum munitiones defendi pos-
sent). >
Ainsi c'étaient les troupes romaines seules qui exécutaient les
travaux, qui allaient chercher du bois, ^u\ s'approvisionnaient
de vivres ; on peut donc nier la présence dans leurs rangs d'auxi-
liaires indigènes.
L'hypothèse que nous examinons est donc inadmissible.
Cette conclusion, tirée des résultats du calcul, aurait pu être
prévue d'avance.
Le grand fossé avancé avait pour but unique de garantir les
légionnaires contre les sorties de la place pendant la construction
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— 3o< -
des vérilables retranchements : ce n'était pas une fortiûcation
(munitio) ; c'était un accessoire, un moyen d'exécution, unique-
ment provisoire. Or, la circonvallation ayant f'té achevée avant
l'arrivée de l'armée de secours, semblable mesure de précaution
était tout à fait inutile, et le grand fossé ne put être établi à
Textérieur pour se prémunir contre les attaques d'un ennemi
absent encore.
Le fossé noyé était creusé dans une dépression du sol ; c'est
certainement cette disposition naturelle du terrain qui donna à
César l'idée d'en profiter pour établir une ligne d'eau. Il nous
semble très douteux qu'un accident semblable existât également
auprès des lignes ext«^rieures. Remarquons encore que quoique
César nous parle de deux rivières baignant le pied de la mon-
tagne d'Alesia, il n'indique en aucun endroit de son récit qu'elles
aient pu être employées directement comme obstacle, soit par
l'attaque, soit par la défense, et nous devons en conclure qu'elles
contenaient peu d'eau. La dérivation de l'une d'elles dans le fossé
de 15 pieds de profondeur devait donc être complète, et il eût été
impossible d'en tirer la moindre goutte d'eau pour noyer un
fossé extérieur. Si la seconde rivière eût pu inonder un des fossés
de circonvallation, il serait étrange que César eût omis de faire
mention d'un fait aussi caractéristique de .la constitution topo-
graphique du sol.
Enfin le récit de l'attaque de la circonvallation par l'armée
extérieure nous prouve la non-existence du grand fossé avancé
et du fossé noyé de ce côté (cb. lxxxi et lxxxiii).
Nous voyons, en eftet, les Gaulois attaquer directement le
rempart à coups de fronde, de flèches et de pierres : le fossé
avancé n'existait donc pas, puisque le but de sa construction était
d'éviter cette atteinte ; puis, quand ils s'approchent davantage,
les uns s'embarrassent dans les piquets, les autres se trans-
percent en tombant dans les trous de loup, ou sont écrasés par
les traits lancés du rempart et du haut de tours. Les seuls obs-
tacles placés devant le rempart étaient donc les défenses acces-
soires.
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- 3S« -
Noud (Mouvons donc dire qu^ la circonvaliation ne présentait
qu'un rempart avec fossé, précédé des pièges disposés par les
Romains.
L*errour des critiques a pris son origine dans une fausse inter-
prétation du texte : telle est du moins notre appréciation.
César, après avoir décrit les travaux de contrevallation, ajoute
(ch. Lxxiv) : € Ce travail terminé, César fit élever des fortifica-
tions du môme genre (pares ejasdem generis munitiones) contre
les attaques extérieures... > Nous croyons que Texpression du
même genre peut fort bien ne pas sigoiûer Tidentité absolue, et
que la circonvaliation présentant un rempart de 12 pieds, un
fossé de 15 pieds, des abattis, des trous de loup, des piquets
ferrés, constituait bien une fortification du même genre que la
contrevallation.
Remarquons enfin que le chiffre de 11,000 pas est attribué
par César à ses travaux de contrevallation, et celui de 11 mille
pas à la circonvaliation : c Cé.sar fit exécuter, dans un cir-
cuit de 14 mille pas, des travaux du môme genre, mais du côté
opposé, contre les attaques du dehors (ch. lxxiv). »
Il nous semble naturel d'appliquer ces chiffres au rempart de
chaque ligne, et c'est ainsi que nous l'avons fait. Toute autre
application donnerait des résultats encore plus énormes que ceux
auxquels nous sommes parvenus.
Pour toutes ces raisons nous croyons pouvoir dire :
La circonvaliation ne présentait pas trois fossés.
DBUXIÈMB HYPOTHÈSE.
JExaminons maintenant la seconde hypothèse, celle qui a été
faite pour la première fois par Guischardt.
La contrevallation eût offert trois fossés sur toute son étendue^
et la circonvaliation un seul.
Si nous appliquons les chiffres à cette description, nous trou*
vons les résultats suivants :
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— 353 -
Grand fossé. . .
Fossé noyé . . .
Contrevallation { Trous de loup .
Fossé des abattis
\ Retranchement.
I Retranchement .
Fossé des abattis
Trous de loup .
Total .
31 4, 55i journées.
409,480 >
7,590 >
53,6^5 »
430,350 >
465,900 journées.
68,250 >
9,660 »
859,409 journées.
Ce qui nous donne 24,554 travailleurs, c'est-à-dire la moitié
de l'armée.
Ce chiffre pourrait être adopté peut-être, quoique très consi-
dérable, si les travaux que nous avons étudiés eussent été les
seuls; mais il n'en fut pas ainsi. Il fallut abattre, transporter et
débiter les bois, pour façonner plus de 200 mille abattis, un
nombre au moins égal de pieux de la grosseur de la cuisse
apointis et durcis au feu, une innombrable quantité de petits pi-
quets de 4 pied de long armés de fer, dont César dit : « On en
mit partout. » On dut construire sur les remparts plus de 4,500
tours, et établir des parapets crénelés sur une longueur totale
de 37 kilomètres; il fallut établir les camps et les redoutes
(ch. Lxix) ; on eut à pourvoir aux vivres; il fut nécessaire de
garder un front de plus de 16 kilomètres, en présence de 80,000
ennemis (ch. lxxi, lxxviij ; enfîn il y a lieu de tenir compte des
indisponibles de toute nature.
En présence de ces immenses besoins, il nous paraît impos-
sible de placer la moitié de l'armée aux terrassements seule-
ment; et nous rejetterons cette hypothèse, comme nous avons
fait de la précédente.
TROISifeMB HYPOTHÈSE.
Ainsi, les chiffres semblent donner tort à l'histoire et amener
fatalement une conclusion déjà maintes fois admise : c'est que
César a exagéré les faits à son avantage; c'est que les travaux
23
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-384-
décrits par lui étaient iiùpossibles à exécuter. Ce fait, même ai]-
thentiquement constaté, devrait-il cependant empêcher de re*
chercher la véritable étendue des travaux? Nous ne le croyons
pas, et nous allons entreprendre cette nouvelle tâche.
Tout travail de fortification, quel qu'il soit, n*est point œuvre
de bon plaisir; il dépend, et comme disposition et comme di-
mension, de la forme du terrain sur lequel il s*élève ; il est im-
posé par les accidents du sol. Les travaux d'Âlesia avaient avec
le terrain avoisinant un rapport de dépendance intime, et Tétude
du sol pourra nous mener peut-être à la connaissance de Té-
tendue dos lignes romaines. Tentons Favonture.
Alesia était située sur une colline, dans une position très
élevée, et ne pouvait être prise que par un siège en règle. £tt
avant de la place s'étendait une plaine d'environ 3,000 pas de
longueur ; sur tous les autres points, des collines entouraient, à
une faible distance, Yoppidum, qu'elles égalaient en hauteur
(ch. LXIX).
Cette courte description parle aux yeux, presque aussi com-
plètement qu'une carte topographique ; et si nous remarquons
que le site qu'elle nous dépeint ne peut être cherché que non
loin de la Saône, dans un pays oii les variations brusques d'al-
titude sont très rares; si nous nous rappelons que le sol s'y élève
généralement par terrasses étagéos, divisées par des vallons
étroits au fond desquels coulent des rivières peu importantes,
nous comprendrons que les collines voisines de celle qui sup-
portait Voppidum et qui l'égalaient on hauteur, faisaient partie^
avec elle, d'un môme plateau découpé par des ravins étroits.
Ces collines devaient présenter des flancs de même inclinaison
que ceux qui rendaient Voppidum imprenable d'assaut, et con-
séquemment elles entouraient la colline centrale d'un cercle
aussi infranchissable pour les Gaulois que celle-ci l'était pour les
Romains.
Ce cercle présentait cependant une solution de continuité de
ce côté oii régnait la plaine de 3,000 pas (4,500 mètres), et la
première pensée qui se présente à l'esprit est de considérer cette
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-- âîS^-
longueur comme étant précisément celle qui manquait à iW-^
ceinte pour qu'elle fût fermée. Cette opinion n'est cependant pas
unanimement adoptée » et nous sommes forcé de recourir au
récit du siège pour prouver sa justesse.
César, contrairement à sa constante habitude, répète le chiiïre
de 3,000 pas, et il le fait jusqu'à trois fois (ch. lxîx, lxx, lxxix).
L'intention de l'historien n'est-elle pas de nous faire connaître,
par là, l'étendue de ses retranchements dans la plaine, de faire
apprf^cier comment la multitude des ennemis pouvait entrer en
ligne tout entière, de faire comprendre la grandeur du péril que
coururent les légions chargées de défendre 4,500 mètres de
tranchées contre un agresseur incomparablement plus nom-
breux? S'il on est ainsi, les 3,000 pas doivent être comptés dans
la direction suivie par les lignes de blocus.
Si nous lisons, en outre, le ch. lxxix, nous voyons que l'ar-
mée de secours vient s'établir sur une colhne extérieure qui
bordait la plaine, à 1,000 pas des retranchements romains, et
que le lendemain elle fait sortir sa cavalerie et en < couvre cette
plaine de 3,000 pas de longueur. » La plaine avait donc 3,000
pas dans la direction des lignes et 1,000 pas entre celles-ci elle
sommet de la colline extérieure. Les 3,000 pas existaient encore
après la construction des lignes, comme auparavant. Donc les
lignes avaient 3,000 pas de longueur en plaine ; la plaine me-
surait 3,000 pas parallèlement aux murs de la place. Ce fait
constaté, revenons à notre sujet.
Les Romains, entourant la ville de leurs troupes, seront à peu
près inattaquables sur tous les points de leur contrevallation,
sauf sur une longueur de 3,000 pas oU ils s'établiront en plaine,
dominés par la ville assiégée. Là sera leur point faible, et le réoit
en fait foi> car tous les combats que l'assiégé vient livrer ont lieu
en plaine. En outre, Critognat, un de leurs chefs, s'adressant à
eux pour les exhorter à la constance, leur dit ces paroles inté-
ressantes pour nous (ch. lxxvii) : « Lorsque 80 mille
hommes auront péri daii^ cette plaine^ quel sera, pensez-vous, le
' <s
è:
vV f ^K '
- 356 -
courage de nos parents et de nos proches, s'ils sont forcés de
combattre presque sur nos cadavres? »
La plaine seule est donc le champ de bataille des deux armées.
Ce fait lopographique est d'une importance considérable : il
nous montre que, sur les hauteurs, les Romains n'avaient besoin
que des retranchements habituels, mais qu'en plaine il leur fallait
des obstacles puissants pour résister aux attaques d'une masse
énorme de Gaulois poussés au désespoir.
Nous croyons donc qu'un simple retranchement, solidement
constitué d'ailleurs, existait sur les collines, et que dans la plaine
seule se trouvaient les puissants ouvrages dont César nous fait
rénumération.
Celte hypothèse peut acquérir, par la lecture des Commen-
taireSf la valeur d'un fait authentique.
César décrit ses travaux en trois chapitres distincts, qui se
suivent évidemment dans Tordre de la construction*
Ch. Lxix : « Les travaux des Romains formaient un
circuit de onze mille pas; des camps étaient placés dans des
positions avantageuses oh vingt -trois redoutes avaient été
établies .... »
Quelles sont les positions avantageuses pour établir des camps?
Les hauteurs.
Quant aux redoutes, César nous dit lui-même qu'elles étaient
occupées par des postes, chargés de surveiller les mouvements
des assiégés.
Voici donc, dès le commencement du siège, une ligne d'in-
vestissement bien établie : des camps placés sur les hauteurs
dans de fortes positions; des postes fortifiés, échelonnés de ma-
nière à enfermer l'ennemi dans un cercle de surveillance bien
établi.
Cette ligne avait onze mille pas.
La contre vallation avait cependant été commencée, et nous
comprenons que ces ouvrages isolés pouvaient être reliés l'un à
l'autre par un retranchement continu.
Pendant les travaux (ch. lxx), l'assiégé tente de conserver ses
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— 357 -
commuoications avec Tinlérieur, et vient livrer un combat in-
fructueux dans la plaine.
Vercingélorix se décide alors à renvoyer sa cavalerie pour
informer la Gaule de sa détresse, et, avant que les travaux des
Romains soient achevés (ch. l^xi) , il la fait s*échapper pendant
la nuit.
C*est à ce moment qu'apparaît dans le récit la seconde période
dos travaux.
Ch Lxxii : € César, instruit des dispositions de Tennemi,
règle la nature de ses travaux de la manière suivante »
L'énumération, que nous avons déjà faite, du triple fossé suit
ces paroles; mais pas un mot n'indique la longueur de ces nou-
veaux ouvrages, et il nous paraît impossible de retourner à trois
chapitres en arrière pour en trouver l'étendue et leur appliquer
le chifTre de onze mille pas. Ces travaux nouveaux sont évidem-
ment faits pour empêcher toute nouvelle fuite d'une partie de
l'armée assiégée, pour se garantir contre les sorties de la place
qui ne sont à redouter qu'en plaine.
C'est donc en plaine seulement et dans la plaine de 3,000 pas
qu'ils seront élevés.
Notre hjrpothèse nous paraît être encore justiGée par un fait.
Le dernier jour du blocus, Vercingétorix descend attaquer les
retranchements de la plaine : après un long et sanglant combat,
il désespère de les forcer à cause de leur importance , de leur
puissance (propter magnitudtnêm munitionum); il se retire,
rentre dans la place, et, ne consultant que son désespoir, il tente
d'escalader les hauteurs escarpées (loca prœrupta, c. lxxxvi).
Eût-il été tenté d'escalader, avec des troupes fatiguées et re-
butées, des hauteurs escarpées, si celles-ci eussent été couronnées
des mômes ouvrages qui défendaient la plaine et qu'il n'avait pu
forcer? D'ailleurs, lisons les dernières lignes du même chapitre,
et nous verrons qu'il trouve sur les hauteurs ; une terrasse
(agger), un mur de soutien et un parapet en clayonnage (vallum
et lorica), mais ni fossé avancé, ni fossé noyé.
Avons-nous besoin d'ajouter que le grand fossé de 80 pieds
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- 358 —
fut établi dans le but d'éviter Timpétuosité de sorties imprévues»
et qbe ce n'est pas sur les hauteurs qu*on avait à redouter sem-
blable événement?
Faut-il dire que le fossé intérieur rempli d'eau par la rivière
dérivée ne pouvait exister sur les hauteurs?
Affirmons donc que la conlrevallation de César avait 44,000
pas; qu'elle présentait, peut-être sur les hauteurs, un retranche-
ment continu, composé d'un fossé et d'un parapet reliant entre
eux les camps ; que, sur une longueur de 3,000 pas, elle offrait,
en plaine, trois fossés.
Nous pourrons admettre cependant que les défenses acces-
soires (abattis, trous de loup et piquets] étaient établies sur toute
la ligne, quoique l'étude du véritable emplacement fK)urrait
amener une forte réduction sur ce chapitre.
Quant à la circonvailation dont César parle au ch lxxîv, elle
avait 14,000 pas d'étendue; nous nous en tiendrons, pour sa
constitution, à l'étude que nous en avons faite précédemment,
c'est-à-dire qu'elle devait être semblable à la partie de la contre-
vallation qui régnait sur les hauteurs.
L'hypothèse que nous avons faite s'appuie donc sur le texte
qui la conGrme pleinement, et elle doit nous donner un chiffre
raisonnable de travailleurs.
Nous remarquerons, avant de faire le calcul, que heu ne
prouve que le fossé qui coupait les collines avait 45 pieds; il
pouvait être plus faible. En l'absence de toute indication, nous
lui donnerons cependant cette dimension :
f Fossé et rempart [\ 6,500") . 430,350 journées
^Abattis (id) . 53,625 »
ContrevallationlTrousde loup. , (id.) . 7,590 »
Fossé noyé . . . (4,500") . 30,600 >
< Grand fossé . . (id ) . 90,900 »
i Retranchement 465,900 journées
Abattis 68,250 »
Trous de loup 9,660 »
Total , . . 556,875 journées
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— 359 -
Ce qui nous donne, pendant 35 jours, 15,910 travailleurs,
c'est-à-dire le tiers environ de l'armée assiégeante.
Ce chiffre justifie notre appréciation; il témoigne de la possi-
bilité de la construction des travaux du blocus d'Alesia. Consi-
dt'^rable encore, il est vrai, surtout si Ton songe à la quantité
d'hommes qu*il fallut employer aux nombreux ouvrages dont
nous n*avons pu tenir compte et que nous avons énumérés plus
haut, il est susceptible peut-être de quelques réductions. Quoi
qu'il en soit, il lave César du reproche d'exagération; et s'il
témoigne hautement des immenses difficultés que les Romains
eurent à vaincre devant Alesia, il prouve également que le siège
de cotte ville n'était point au-dessus du courage, de la force et
de l'opiniâtreté de ces immortels soldats.
Personne ne se trompera sur le degré de confiance que nous
accordons à nos résultats.
Il serait ridicule de notre part de prétendre avoir donné l'esti-
mation exacte du nombre des travailleurs employés par César;
mais, quelles que soient les différences qui puissent exister entre
les nombres trouvés et la réalité, nous pouvons cependant poser
ces conclusions :
En admettant que les trois fossés eussent existé dans les deux
lignes, l'armée entière eût à peine été suffisante pour exécuter
les terrassements seulement;
En supposant que la contrevallation ait présenté sur toute son
étendue les trois fossés, et que la circonvallation n'en ait eu
qu'un seul, il eût fallu faire travailler la moitié de l'armée aux
tranchées seulement pendant4oute la durée du blocus ;
En faisant construire dans la plaine seulement les trois fossô$«
et en ne donnant au reste des lignes qu'un fossé et le remiKirl» i)
eût suffi d'employer comme terrassiers le tiers seul de rofte^Mif
des légions.
Cette dernière solution est la seule admissible; elle est con-
forme à toutes les indications du texte : c'est celle que nous
adoptons, en faisant observer que la partie des lignes qui régnait
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• - 360 —
sur los hauteurs put présenter bien des interruptions imposées
par des accidents particuliers du sol.
Notre conclusion nous semble de nature à ôtre prise en sé-
rieuse considération dans la recherdie de remplacement d'Alesia.
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LE MONT AUXOIS
LETTRE A M. LE COLONEL SARRETTE
Par M. liÉOM «AliliOTTI
Capitaine d'Etal-Major,
Proressear adjoint à l'Ecole impériale d'EUt-Major.
0é«Bce do 14 ATrtl li
Mon Colonel,
Vous avez exprime le désir de connaître mon opinion sur rem-
placement d*Alesia. C'est un devoir pour moi de vous donner
satisfaction et de sortir de la réserve q^e m'imposaient Tautoritô
et la haute position scientiûques des auteurs qui ont déjà tant
combattu sur ce sujet.
Je n*aborderai aujourd'hui que Texamen du mont Auxois, ré-
servant l'étude des autres emplacements proposés.
Si vous le permettez, je ne traiterai que des choses exclusive-
ment de ma compétence, et, laissant de côté toutes les observa-
tions archéologiques ou philologiques que l'érudition des adver-
saires a entassées depuis plusieurs années et que vous connaissez
mieux que moi, je ne vous parlerai qu'au point de vue topo-
graphique et militaire.
Le mont Auxois présente évidemment des rapprochements
nombreux avec la position décrite dans les Commentaires^ et il
serait téméraire de le nier.
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— 362 —
En admetiaDt Tune des hypothèses faites sur le point de départ
des Romains, la position géographique d*Alise satisfait aux con-
ditions imposées à la marche rétrograde de César, et sa consti-
tution topographique oiïre une grande analogie avec la descrip-
tion d'Alesia ; en outre, une double ligne de retranchements,
mis ô jour par de laborieuses et intelligentes recherches, l'en-
tourent d'une double ceinture.
Ces analogies sont-elles cependant suffisantes pour affirmer
ridentité des deux positions î Cela pourrait être si la critique ne
trouvait à formuler aucune objection sérieuse, mais Tétude des
lieux m*en a suggéré quelques-unes que je crois capitales.
Ce sont ces objections que je vais vous présenter.
Veuillez prendre le livre VII des Commentaires , si toutefois
vous ne le savez déjà par cœur depuis longtemps, ainsi qu*une
carte topographique du pays.
César, vainqueur de la cavalerie gauloise, arrive sur les talons
de Tenuemi devant l'oppidum oU Vercingétorix s'était réfugié.
Jusqu'à ce moment il avait eu pour but de se porter sur la pro-
vince romaine, pour la secourir contre les attaques dont elle était
l'objet et pour se relier à sa base d'opérations ; mais le succès
qu'il venait de remporter et la concentration de l'armée insur-
rectionnelle dans Alesia lui font concevoir la pensée hardie d'as-
siéger celle-ci et d'en finir à jamais avec les Gaulois, quel que
soit le danger que les Romains puissent courir. Il examine la
place, il reconnatt qu'elle est imprenable de vive force et qu'il
est nécessaire de faire un siège en règle (ch. lxix). Il entreprend
ce siège.
Quel devait être le premier soin du général romain ? C'était,
si je ne me trompe, d'investir la place, c'est-à-dire de couper ses
communications avec l'extérieur, de l'empêcher de recevoir ni
secours ni nouvelles de la Gaule, et, pour atteindre ce but, d'é-
chelonner des troupes tout autour de Voppidum, Mais les forces
de César sont relativement peu considérables, et chaque fraction
du cordon d'investissement pouvant recevoir le choc de la masse
entière de l'ennemi, il sera nécessaire de placer chacune d'elles
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— 363 -
dans une position forte par elle-même et garnie en outre d*ou-
vrages fortiOés, suffisants pour permettre aux Romains de défier
toute agression.
César, devant le mont Auxois, devra donc placer son infanterie
sur les crêtes des collines qui regardent la ville à une faible dis-
tance : sa cavalerie battra la plaine ; puis, lorsque ses troupes
s<Tont à l'abri d'une surprise, il fera relier entre eux les divers
postes par une ligne continue qui deviendra sa contrevallation.
Mesurons le développement que présenterait la ligne ainsi dé-
terminée devant Alise. Nous trouvons environ 16 kilomètres.
Reportons-nous au ch. lxix et nous lirons :
€ Les travaux des Romains s'étendaient sur un circuit de
onze mille pas (16 kilomètres environ) » La position satis-
fuit donc jusqu'ici aux conditions imposées par le texte.
Ces travaux termines, César, craignant une attaque des Gaulois
soulevés pour venir aux secours de leurs compatriotes, fait exé-
cuter une circonvallation de 21 kilomètres de développement
(ch. LXXIV).
Il nous sera facile de placer sur le terrain cette ligne de 21 ki-
lomètres.
Les deux lignes de César peuvent donc se concevoir facile-
ment autour du mont Auxois.
Les fouilles opérées depuis plusieurs années ont-elles révélé
l'existence de ces lignes? Non. On a retrouvé deux fossés con-
tinus et concentriques ; mais si l'un d'eux se maintient sur les
hauteurs dans une partie de son parcours et mesure environ
16 kilomètres, l'autre est intérieur et n'atteint qu'un développe-
ment de onze kilomètres environ. De telle sorte que si ces ou-
vrages étaient ceux de César, il faudrait admettre qu'après avoir
construit sa première ligne, il resserra la place par un nouveau
retranchement plus rapproché que le premier et tourné contre
l'assiégé, tandis qu'il dit qu'après la construction de sa première
enceinte, il en fit établir une contre les attaques du dehors
(ch. Lxxiv). Enfin, les chiffres de 16 et 21 kilomètres, qu'il nous
donne comme dimensions de ses deux tranchées, seraient sin-
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— 364 -
gulièrement exagérés, et nous devrions les remplacer par onze
et seize kilomèjres.
n 7 a ainsi, entre los faits et le texte, un désaccord qui ne me
paraît pas admissible.
Examinons maintenant la topographie du sol et l'importance
militaire de ses diverses parties.
Le sol environnant le mont Auxois se compose de deux parties
parfaitement distinctes et d*un développement à peu près égal.
Au sud et à Test existent, à une faible distance, des collines aux
flancs rapides dont les crêtes égalent la hauteur de la place ; sé-
parées seulement par les vallons étroits et escarpés de TOze et de
rOserain, elles forment une excellente position de laquelle les
Romains pouvaient surveiller tout ce qui se passait chez les as-
siégés, en déûant leurs efforts et en interdisant toute tentative
do fuite : au nord et à Touest, au contraire, régnent les plaines
du Rabutin et des Laumos, dominées par le mont Auxois, dont
les pentes sont de ce côté relativement douces et faciles ; la posi-
tion de Tassiégeant sera donc faible et dangereuse de ce côté.
Les attaques se composeront ainsi de deux parties d*un déve-
loppement à peu près égal : Tune dominante et forte, Tautre
dominée et faible.
C'est donc sur cette seconde partie que se concentreront tous
les soins et toute la vigilance do Tassiégeant ; c'est là qu'il pro-
fitera du moindre avantage que la nature aura pu lui donner. Or,
entre la plaine du Rabutin et celle des Laumes, et à peu de dis-
tance du mont Auxois, se dresse un mamelon presque entière-
ment isolé, c'est Réa : colline d'une altitude égale à celle de la
ville ; poste d'observation d'où les regards peuvent plonger dans
les vallées, observer à de grandes distances le terrain extérieur;
citadelle naturelle placée entre les deux plaines qu'elle com-
mande.
Ne vous semble-t-il pas que César s'empressera de s'en em-
|*arer, de la fortifier; qu'il profilera de la situation de Réa pour
donner à la partie faible de ses lignes un point d'appui solide?
Remarquez encore que si les autres collines sont couronnées
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— 368 -
par des plateaux très allongés et facilemeot accessibles du de-
hors, Rûa est isolé et ne se rattache au plateau de Menétreux,
qui lui fait face au nord, que par un col étroit. Tandis que la cir-
convallation devra, pour interdire l'accès des camps romains,
présenter sur la colline de Flavigny un développement de
4,800 mètres environ, de 500 mètres sur Plevenel, de 2,500 mè-
tres sur le plateau de Savoigny, il suffira de 100 mètres de tran-
chée sur le col de Réa pour être garanti contre toute attaque
extérieure de plain-pied.
Réa n*est-il pas, au point de vue de la défense, comme il Test
au point de vue de Tattaque, une position forte par excellence,
difficilement abordable? Ne sera-ce point le réduit. Tara; de Tas-
siégeant, surveillant et commandant, sur la moitié de son éten-
due totale, rintervalle des deux ligues entre lesquelles il sera
placé ? r4ésar négligera-t-il cette position?
Cependant Réa n'est pas compris dans Tenceinte des lignes
exhumées : toutes deux passent à son pied, le laissant en dehors;
c'est à peine si la circonvallation en a gravi la pente à quelque
dix mètres de hauteur, se plaçant ainsi dans une position d'infé-
riorité excessivement dangereuse. N'est-ce pas une faute, et César
l'eût-il commise? Il m'est difficile de le croire.
Le ch. Lxxxiii nous apprend à la vérité que « au nord était une
colline qu'on n'avait pu comprendre dans les lignes à cause de
son étendue ; on avait été obligé d'établir le camp sur un terrain
en pente et dans une position désavantageuse. »
Peut-on appliquer ce passage à Réa?
Pour renfermer ce mamelon dans la circonvallation, il eût suffi
d'augmenter à peine do S kilomètres l'étendue de la ligne re-
trouvée; et ce n'eût pas été un travail assez considérable pour
faire reculer les soldats qui exécutèrent, d'après César, iOkilo-
mètres au moins de retranchements, surtout quand il se fût agi
d'une position si importante. En outre, le même chapitre nous
apprend que l'armée de secours connut la position défectueuse
des lignes au nord, par les gens du pays. Mais, des hauteurs
de Venarey et de Mussy-la-Fosse, oU l'on est forcé de faire cam-
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per Tàrmée de secours, cette position eût été visible à Toeil nu ;
il n'y aurait eu besoin ni des gens du pays, ni des éclaireurs
qu*on envoya en reconnaissance, pour.juger de la faiblesse d'une
portion de lignes qui se fût développée sous les yeux de toute
Tarmée. Enfin, les 60 mille hommes désignés pour Tattaque
n'eussent point employé 10 heures au moins (ch. lxxxiii) pour
parcourir les quatre kilomètres qui séparent Venarey de Réa.
Malgré ces observations, supposons pour un moment que Réa
soit la colline du nord dont parlent les Commentaires, et lisons
le récit du dernier combat.
Les ch. Lxxxiii h lxxxviii nous apprennent les faits suivants :
Vergasillaune, avec 60 mille hommes de l'armée de secours, vient
attaquer les retranchements du nord, tandis que la cavalerie de
cette armée se développe dans la plaine et s'approche des lignes
romaines ; l'armée elle-même se déploie à la tête de son camp.
Vercingétorix aperçoit ces mouvements ; il descend attaquer la
contrevallation dans la plaine. Devant cette double attaque, César
prend un poste d'où sa vue embrasse toute l'action, pour envoyer
des secours oh ils étaient nécessaires. Après une lutte acharnée,
Vercingétorix, repoussé, rentre dans la place, puis en sort pour
attaquer les ouvrages escarpés. César envoie Labienus aux re-
tranchements du nord près de succomber, en lui ordonnant de
faire une sortie contre l'ennemi s'il ne peut se défendre derrière
le rempart; il lui enjoint cependant de n'user de ce moyen qu'à
la dernière extrémité. César envoie Brutus, puis Fabius contre
Vercingétorix et s'y porte enfm lui-môme ; il repousse son ad-
versaire, et, informé que Labienus ne peut plus se soutenir, il va
le rejoindre, en détachant hors des lignes une partie de sa ca-
valerie pour faire une diversion sur les derrières de l'ennemi.
Ce dernier mouvement, accompli sans que les Gaulois aient pu le
soupçonner, amène la fin du combat et la reddition de la place.
Appliquons ce récit aux lignes d'Alise.
Vergasillaune, avec 60 mille hommes, occupe Réa et tombe sur
les retranchements qui s'étendent au pied do cette colline. L'ar-
mée de secours se déploie sur les hauteurs de Venarey et de
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Mussy-la-Fosse , sa cavalerie descend dans la plaine des Laumes
et vient se relier, par son aile gauche, au corps de Vergasillaune,
en s'approchant des lignes romaines. Vercingétorix c du haut de
la citadelle d*Alesia les aperçoit » (ch. lxxxiv] ; il descend en
plaine et attaque les retranchements.
Quelle partie des lignes supportera TelTort des assiégés? Toute
cette partie qui règne au pied du mont Auxois, aux bords de
rOze. Veroingétorix secondera Tassant extérieur. Les Romains
seront donc pris entre deux attaques.
Où se placera César? oU est ce poste d'oîi il embrassera toute
Taction, d'où il pourra envoyer des secours avec discernement?
Cène peut être qu'entre les deux lignes, entre les deux points
menacés, sur les bords de TOze môme. César sera donc présent
à la fois aux deux combats. Comment peut-il se faire qu'il envoie
Labicnus à la colline du nord, avec des ordres qui témoignent de
ses craintes, quand il est présent de sa personne au combat?
Comment laisse-t-il son lieutenant juge de l'opportunité d'une
sortie, puisque lui-môme est sur les lieux?
Remarquez encore que Vercingétorix, repoussé, rentre dans
la place et en sort de nouveau pour attaquer les retranchements
escarpés, c'est-à-dire Plevenel. Croyez-vous que César va rester
sur les bords de l'Oze, à quelques centaines de mètres de l'at-
taque extérieure si dangereuse pour lui , et qu'il va attendre
sans bouger que Vercingétorix ait parcouru les 4 kilomètres qui
séparent la plaine des hauteurs de Plevenel? Pensez-vous que,
sans s'inquiéter de Labienus, il enverra Brutus d'abord, Fabius
ensuite combattre sur Plevenel, en leur faisant parcourir le long
corridor formé par les lignes; qu'il s'y rendra lui-môme, en pas-
sant devant Labienus sans le secourir, et qu'après avoir repoussé
la seconde attaque de Vercingétorix, il reviendra sur ses pas, à
son point de départ, soutenir enfin son lieutenant abandonné par
lui pendant de longues heures si précieuses?
Je no puis croire que telle eût été la conduite de César. Et
comment concevoir ce passage du ch. lxxxviii : « les enne-
mis qui, de la hauteur, voient César sur la pente avec ses co-*
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— 368 —
hortes.....t » Sur quelle ponte les Gaulois eussent-ils pu voir
César parcourant Tintervalle des deux lignes, toutes deux tracées
en plaine, à gauche comme à droite de Réa?
Remarquez encore que lorsque César parle des retranche-
ments attaqués par Vergasillaune, il le fait en ces termes : « nos
forts supérieurs » (ch. lxxxiu), « les retranchements supérieurs »
(ch. Lxxxv]. Cette épithète de supérieurs, donnée deux fois aux
ouvrages menacés, peut-elle s*appliquer à cette partie de la
ligne qui court en plaiîiê au pied de Réa ?
Prenez également le ch. lxxxvii ; vous y verrez que Labienus,
décidé à tenter une sortie, t rallie trente-neuf cohortes sorties
des forts voisins et que le hasard lui présente. »
Peut-on imaginer trente-neuf de nos bataillons errant et se
trouvant par hasard dans la plaine et dans l'intérieur des lignes,
à quelques portées de trait do Tattaque, sans que Labienus, ni
César, qui vient de parcourir cette plaine, aient songé à leur don-
ner des ordres?
J'aurais encore d'autres objections à vous présenter, si je ne
craignais d'être trop prolixe. La dimension des fossés retrouvés
ne paraît pas s'accorder avec les indications du texte : le fossé
extérieur aiïecte un profil triangulaire et ne paratt pas conforme
au type d'Alesia. Quatre des fossés dont parle César existent, dit-
on, dans la plaine des Laumes ; mais ne devaient-ils pas se re-
trouver également dans celle du Rabutin, et d'ailleurs n'en
a-t-on pas signalé d'analogues à Novalaise en Savoie? Les
camps retrouvés sont ronds; ceux de César n'étaient-ils pas
carrés? etc.
Pour toutes ces raisons, je ne puis croire à l'identité des lignes
d'Alise et de celles d'Alesia.
Ces conclusions posées, et attribuant à un fait d'armes posté-
rieur à César la construction des lignes d'Alise, je reviens à la
première partie de cette lettre, dans laquelle je vous ai signalé
non-seulement l'analogie topographique du sol avec la courte
description des Commentaires, mais encore la possibilité de
tracer autour du mont Auxois, et dans de bonnes conditions.
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deux lignes de dimensions égales h celles qui nous sont indn
quées par le texte. Il 7 a donc lieu de se demander si la position
n*a pas subi deux sièges : celui auquel se Rapporteraient les fos-
sés retrouvés, et celui conduit par César, et dont les tracés au-
raient pu disparaître, sans qu*on pât arguer de cette disparition
pour nier la possibilité du fait.
Examinons la question.
Une contrevallation établie près des crêtes des collines et à
travers les plaines, en passant au pied de Kéa, eût été dans de
bonnes conditions : elle pourrait être représentée par le fossé
extérieur retrouvé do nos jours, et son développement eût atteint
la longueur de onze mille pas exigée par l'histoire.
Cherchons si cette ligne satisfera aux autres conditions égale-
ment imposées.
César nous dit que les fossés de la contrevallation étaient au
nombre de trois :
Un fossé ô parois verticales de 20 pieds de hauteur et de lar-
geur ; deux fossés de 15 pieds de largeur et de profondeur.
Le fossé intérieur, creusé dans une dépression du sol, était
rempli d*eau tirée de la rivière au moyen d'une dérivation
(Ch. LXXIl}.
D'après les calculs que j'ai faits et dont je vous forai part à
l'occasiocf, je crois que ces trois fossés ne pouvaient exister qu'en
plaine; les nécessités de la défense et le texte même viennent
corrobore^ celte opinion. Quoi qu'il en soit, les trois tranchées
existaient au moins dans la plaine. On les a retrouvées, dit-on,
dans la plaine des Laumes.
Les fossés présenCaienl-ils un déblai de 20 et de 15 pieds de
profondeur, ou bien les terres retirées de Texcavalion et retrous-
sées sur les bords, étaiôni-elles soutenues verticalement par des
claies ou des gazonnements, de manière a former une excavation
totale de 20 et de 15 pieds, remblai et fouille compris? Ce point
est en discussion.
Admettons le dernier cas, le plus favorable à la cause d'Alise.
Lé sol eût été creusé à 10 pieds de profondeur au moins
24
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- 370 -
pour le grand fossé, à 8 pieds pour les autres. La plaine des
Laumes, sauf un léger renflement peu allongé qui forme Tarn-
patement do la pointe occidentale du mont Âuxois, présenté une
surface plane. Le fond des fossés aurait donc atteint un niveau
bien inférieur aux lits de TOze et de TOserain, qu'ils eussent
coupés au pied de Réa et au pied de la colline de Flavigny. Les
eaux de ces rivières se seraient écoulées naturellement dans les
tranchées de circonvallation comme dans celles de contrevalla-
tion. Comment ce fait aurait-il été signalé par C6sar comme
applicable au fossé intérieur seulement? Cette désignation spé-
ciale n*implique-t-olle pas Timpossibilité d*on faire autant pour
les autres? Dans la plaine des Laumes, il eût fallu prendre des
précautions pour empêcher l'irruption des eaux dans les tran-
chées, tandis que César nous dit qu'on fit des travaux pour noyer
l'un d'eux.
Quelles que soient les lignes de contrevallation qu'on trace
devant Alise, on ne peut éviter de passer à travers la plaine et
par conséquent d'avoir tous les fossés noyés. N'y a-t il pas dans
ce fait une impossibilité complète de reconnattre dans l'une
d'elles la contrevallation romaine, qui n'avait qu'un seul fossé
rempli d'eau ?
Passons maintenant à la circonvallation.
Une ligne de 21 kilomètres peut être tracée facilement, et dans
de bonnes conditions, autour du mont Auxois. Quelles que soient
les divergences d'opinion qui puissent se manifester sur les points
précis de passage, cette ligne coupera en travers les plateaux
de Flavigny, de Plevenel et de Savoigny ; dans l'autre moitié de
son parcours, elle devra franchir le vallon du Rabutin et la plaine
des Laumes. Si vous vous rappelez ce que j'ai dit plus haut sur
les avantages de Réa, vous reconnattrez que la ligne doit ren-
fermer ce mamelon dans son enceinte; cest d'ailleurs le seul
moyen d'atteindre le développement de 21 kilomètres indiqué
par César. La circonvallation devra môme couper le col qui sé-
pare Réa du plateau de Menétreux, car l'étendre sur ce dernier
serait l'allonger en diminuant sa force défensive. Beaucoup d'é-
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- é^r -
crivaios ont admis ce tracé et ont pensé que c'était précisément
cette colline de Menétreux que César avait désignée comme trop
étendue pour qu*on pût la comprendre dans les lignes; on a
ajouté que la circonvallation passait alors sur le revers méridio-
nal du plateau, au nord-est du village de Grésigny, et qu'elle se
trouvait par suite dans les conditions défectueuses indiquées au
récit du combat ûnal.
On a cherché cette ligne, mais on ne Ta pas trouvée. Ceci
n*est pas une preuve contre son existence passée ; cen'«st qu pn
fait, mais il a néanmoins son importance.
Admettons ce tracé, et voyons si le récit s'appliquera au ter-
rain. L'attaque de Vergasillaune aurait donc eu lieu du haut du
plateau de Menétreux sur les flancs du vallon du Rabutin ; celle
de Vercingétorix dans la plaine des Laumes; César se serait
placé sur Rca, admirablement posté, il est vrai, pour surveiller
Tune et l'autre action. Mais l'objection faite précédemment se
reproduit : aussitôt que Vercingétorix aurait été repoussé. César,
voyant au-dessous de lui et à un kilomètre de distancée peine les
efforts infructueux de Labienus, se fût porté au secours de son
lieutenant, sans attendre l'attaque sur Plevenel; il n'eût pas'
perdu de longues heures à envoyer des secours sur ce dernier
point, à s'y porter lui-môme pour combattre Vercingétorix et
enfin à revenir sur ses pas pour repousser Vergasillaune ; peut-
être même, dès son premier succès, et sans rejoindre directe-
ment Labienus, fût-il tombé directement sur le flanc de l'attaque
qu'il redoutait à si juste titre.
Le vallon du Rabutin a été désigné, en outre, comme ayant
servi de passage au détachement de cavalerie chargé de la diver-
sion, et c'est effectivement le seul qu'on puisse lui faire prendre.
Mais si les Gaulois attaquaient des retranchements situés sur les
flancs de Menétreux, ils dominaient le vallon : ils étaient 60 mille
hommes, et c'est à peine si, depuis Réa jusqu'au Rabutin, la
partie de ligne attaquable eût eu un kilomètre d'étendue ;
les assaillants auraient donc occupé le fond du vallon môme.
' Comment là cavalerie eût-elle passé inaperçue?
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tl me paratt en conséquence difficile d'admettre que la circon^
vallation ait pu s*étendre sur le revers du plateau de Menétreux.
Je ne puis croire d'ailleurs que la tranchée eût été ainsi tracée.
Si Ton eût occupé le plateau de Savoigny ainsi que Réa, en aban-
donnant le plateau de Menétreux, pourquoi rester sur les flancs
de ce dernier, en se plaçant bénévolement dans une position dan-
gereuse? N'était-il pas plus facile, plus prompt, plus logique de
se diriger en droite ligne, depuis la pointe occidentale du plateau
de Savoigny jusqu'à Béa, en passant au sud de Grésigny? César
n'eût-il pas ainsi réduit l'étendue de sa ligne de défense, con-
centré ses forces, diminué la fatigue de ses travailleurs, et sur-
tout occupé une position solide au lieu d'une position faible et
dangereuse?
Je crois que la circonvallation eût passé au sud de Grésigny,
parallèlement à l'Oze; mais alors ellen*eût offert aucun point
faible de nature à justifier l'attaque : le- récit est inapplicable.
Il me paraît donc impossible de tracer autour d'Alise des
lignes qui puissent répondre aux exigences des Commentaires.
Le mont Auxois ne pourrait donc avoir servi d'assiette à V oppi-
dum d'Alesia.
Je ne veux pas allonger outre mesure cette lettre, malgré les
observations que je pourrais encore vous soumettre. Permettez-
m'en une dernière.
César dit que devant Alesia s'étendait une plaine de 4,500 mè-
tres environ de longueur. On a pensé que la plaine des Laumes
satisfaisait à cette description. Remarquons que César est un
des écrivains les plus précis et les plus concis, que pas un mot
de sa^iarration n'est inutile, que chacun d'eux a sa valeur
propre. Ce mot longueur n'indique-t-il pas que la plaine était
plus étendue dans un sens que dans l'autre, et sa plus grande
dimension n*était-elle pas de 4,500 mètres? Si cela est, il sera
difficile de trouver cette mesure dans la plaine des Lamnes, assez
irrégulièrement dessinée. Cependant, si on prend la distance
qui sépare le pied du n^ont Auiois du village des Granges, à peu
près de l'est à l'ouest de la plaine, où trouva 4^500 mètres. Cela
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— 373 —
est certain; mais n'y a-t-il pas liou, avant de conclure àTidentité,
de se demander pourquoi César a donné ce chiffre ?
Ce n'est guère l'habitude de cet historien d'écrire des mots inu-
tiles, et remarquez bien qu'il ne se contente pas de donner cette
longueur une fois, il la répète jusqu'à trois fois (ch. lxix, lxx,
et Lxxix).
Quelle est donc Tintention de l'auteur en faisant cette répé-
tition?
Alesia était entourée de collines aussi élevées que la place
môme, sauf d'un seul côté oU régnait une plaine. L'assiégé no
pouvait guère effectuer ses sorties du côté des hauteurs que l'as-
siégeant couronnait , protégé par la rapidité et l'élévation des
pentes : la plaine seule, dominée par la place, présentait un
accès facile aux défenseurs ; c'est du côté de la plaine que les
sorties pouvaient avoir chance de succès ; c'est dans la plaine
qu'ont dû se livrer tous, les combats, et le récit du siège en fait
foi ; c'est dans cotte plaine que les Romains seront faibles et
qu'ils devront se mettre à l'abri derrière les fortifications les plus
redoutables.
N'est-il pas intéressant, je dirai môme indispensable, de con-
nattre l'étendue de cette plaine sur le front des ouvrages des as-
siégeants ?
Les lecteurs pourront alors se rendre compte de l'importance
des travaux de siège, de l'étendue considérable de la ligne de
défense, de la facilité donnée aux assiégés de développer la masse
entière de leurs forces; ils comprendront l'étendue du péril
couru par les assiégeants, et apprécieront la grandeur des efforts
qu'il leur fallut faire.
Si telle fut l'intention de César, il faut mesurer la plaine dans
le sens des lignes romaines; c'est dans cette direction que se
trouve sa longueur, parallèlement à peu près aux murs de la
place. Cette hypothèse peut être justifiée.
Prenez le ch. lxxix : vous verrez que l'armée de secours arri-
vant devant Alesia se porte sur une colline extérieure qui borde
la plaine à 1 ,500 mètres des retranchements romains. Le lende»
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— 37* —
main, elle fait sortir sa cavalerie et en couvre t cette plaine
de 3,000 pas de longueur. »
Ne voit-on pas, dans ces quelques mots, la plaine s*allongeant
entre les deux armées : champ de bataille de 3,000 pas (4,500 m.)
do longueur, et dont la largeur (en comprenant les pentes de la
colline) est de 1,500 mètres. La longueur de la plaine est dono
mesurée dans le sens de la direction des lignes romaines ; ces
lignes ont coupé la plaine dans sa largeur, puisque la longueur
est la même avant comme après leur exécution. L'historien pa-
raît même tenir à le constater, puisqu'il répète son chiffre pour
la troisième fois.
Nous ne devons donc pas mesurer la plaine des Laumes du
mont Auxois aux Granges, mais perpendiculairement à cette di-
rection, du nord au sud, du pied de Réa au pied de la colline de
Flavigny; et au lieu de 4,500 mètres nous trouvons 2,000 mètres!
La plaine des Laumes n'est donc pas la plaine d'Âlesia.
Une autre opinion pourrait se produire. Les deux plaines du
Rabulin et des Laumes pourraient être considérées comme n'en
faisant qu'une seule, dont la longueur, mesurée circulairement
autour d'Alise, serait à peu près égale à celle indiquée par le
texte.
On pourrait penser que c'est là cette plaine dont parle César,
et que les fossés retrouvés appartenaient à la contrevallation,
tandis que la circonvallation eût disparu.
Je m'étonnerais alors que César n'ait pas dit un mot de la ri-
vière do rOze qui eût couvert ses lignes du Rabutin, et qu'il eût
dit au contraire qu'il dériva la rivière pour en amener l'eau
dans un de ses fossés.
Remarquez encore que s'il eût omis de nous parler de cette
rivière, il l'eût cependant considérée comme un obstacle assez
fort pour remplacer en face du Rabutin le grand fossé de 20 pieds
qu'il établit pour protéger ses travailleurs, et dont on ne trouve
nulle trace de ce côté.
Comment ne dit-il pas un mot de la Brenne, qui eût coulé
devant sa circpnvallation, entre l'armée de secours et ses ou-
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— 375 —
vrages, et dont Timportance est inGniment plus grande que
celle de TOze?
Enfln , lisons le ch. lxxix et reraarquons-y ces mots :
« l'armée de secours fait sortir sa cavalerie et en couvre
cette plaine de 3,000 pas de longueur... »
Comment cette armée, placée à Venarey, eût elle pu couvrir
de sa cavalerie la plaine du Rabutin coupée par les lignes ro-
maines, et dont elle était séparée par la position de Réa que César
aurait occupée?
Il est donc impossible, en considérant les deux plaines comme
n'en formant qu'une seule, de retrouver la plaine d'Alesia.
Je termine en disant que, sans tenir compte des arguments
invoqués déjà contre Alise à d'autres points de vue, les objec*
tious que je viens de vous exposer me semblent de nature à en-
lever au mont Auxois l'héritage d'Alesia.
Veuillez agréer, mon Colonel, l'expression de mes sentiments
les plus respectueux.
LfioN Gallotti.
Paris^ le l**" mars 1866.
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— 376 ~
OBJETS DIVERS.
DONS
tmîUt à U ••elélé ei^ i9W.
Fer Soif Exe. M. le Ministre de l'Instruction publique,
400 francs;
Par le Conseil général du département bu Doubs, 200 francs;
Par le Conseil municipal de Besançon, 600 francs;
Par M. H. Lyautet, général de division d'artillerie, sénateur,
200 fl-ancs.
Par Son Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique,
Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires
du Comité impérial des travaux historiques et des Sociétés
savantes, tenues les 30, 31 mars et 1*' avril 1864, histoire et
archéologie, 2 vol. in-8®;
Discours prononcé par Son Excellence à la réunion des So-
ciétés savantes, le 22 avril 1865, in-4* ;
Revue des Sociétés savantes des départements, 4* série, t 1,
mai-juin 1865; t. II, juillet-août 4865 ;
Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et belles-lettres
au nom de la Commission des antiquités de la France, par
M. B. Hauréau, le 7 juillet 1865, in-4o;
Par M. le Préfet du Doubs, au nom du département. Carte
géologique du Doubs, de MM. Boyé et Résal, avec texte expli-
catif de M. Résal.
Par MM.
Laurens (Paul), membre résidant, son Annuaire du Doubs et
de la Franche-Comté pour 1865, in-8' ;
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— 377 —
RiNAUD (François), membre résidant, sa brochure intitulée :
I^cin et x>iande, son Supplément à la note sur les banques,
deux broch. in-8® ;
Castàn (Auguste), membre résidant, sa Notice sur Hugolin
F'olain, sa Notice swr l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon,
son Etude sur le Proissart de Saint-Vincent de Besançon, trois
broch. in-8**;
Lk Société des bibliothèqubs commuiVjlles du Hadt-Rhih, le
Compte-rendu de sa première séance annuelle (3 novemb. 1864],
br. in-8<>;
Pécoul (Auguste], membre correspondant, Positions des thèses
soutenues par les élèves de l'Ecole des Chartes de la promotion
1861-4864 powr obtenir le diplôme d' archiviste-paléographe,
br. in-8o;
Sire (Georges) , membre résidant, son Mémoire sur la ques-
tion du titre et du contrôle, couronné par le gouvernement de
Neuchâtel, 1 vol. in-8» ;
Meillit, membre correspondant, Congrès scientifique de
France, 28* session, tenue à Bordeaux en septembre 1861,
5 vol. in-8^; Questiones Pétri de Aylllaco super libros senten-
tiarum, in-8**, golh., xv* siècle;
Màrcou (Jules), membre correspondant, ses Lettres sur les
roches du Jura, ses Réponses aux critiques de M, James D. Dana
sur la géologie de l'Amérique du Nord, ses Annotations sur la
faune primitive et le système laconique de M. Joachim Bar-
raude, sa Lettre à M. J Barraude sur les roches laconiques du
Vermont et du Canada , sa Reconnaissance géologique au Ne-
braska, sa Notice sur les gisements des lentilles laconiques de
la Pointe-Lévis (Canada), 1 vol. et 5 br. in-8**;
Ordinaire de la Colongb, membre correspondant, sa bro-
chure intitulée : Etat ancien et présent des eaux de Bordeaux,
in-8»;
Vivien de Saint-Martin, membre correspondant, son Année
géographique, t. III, ^865, in-(2;
Jacgard (Auguste), membre correspondant, Etude géologique
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— 380 —
Cartulaire de (^église d'Autun, publié par M. A. de Charmasse,
sous les auspices de la Société Ëduenne;
Mémoires de la Commission d'archéologie de la Haute-Saône,
t. 4;
A nnales de la Société d'Emulation du département des Vosges,
t. Il, 1863, 3'' cahier;
Bulletin de la Société d'horticulture pratique du Rhône,
1865, n*»« 3-5;
Mémoires de l'Académie de Besançon, 1864, 2* partie;
Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et
d'archéologie de Genève, t. 1 5 ;
Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département
de Maine-et-Loire, année 1864;
Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orien-
tales, t. 13;
Mémoires de la Société d'Emulation de Montbéliard, 2* série,
t. 1,pp. 127-402;
Société académique des sciences, arts, belles- lettres, agricul-
ture et industrie de Saint-Quentin, 3« série, t. 5. 1863-1864;
Société d'encouragement pour l'industrie nationale, séaace
du 14 juin 1865;
Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais, n' 47,
1865, l*»- trimestre ;
Annales de la Société historique et archéologique de Châtéat^
Thierry, année 1864;
Société de secou/rs des Amis des sciences, compte-rendu de la
8" séance publique annuelle, 4 mai 1865;
Bulletin de la Société des sciences naturelles de Colmar,
5* année, 1864;
Mémoires de la Société d'Emulation du Jura, année 1865.
EnToi de TAcadémie royale das sciences de BaTièra.
Observationes astronomicœ in spécula regia Monacensi insti-
tutœ, èdit. J. Soldner et J. Lamont, 1. 1-14, Monachii, 1880-1844,
ïn-4^
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Ânnaten der kœniglichen Stemwarte bey Mûnchen, heraus"
gegeben von J. Lamont (Annales de V Observatoire royal de
Munich, publiées par J. Lamont), 1-14, Munclien, 1848-65, in 8*;
Supplementbandes zu den Annalen der Mûnchener Stemwarte,
von J. Soldner et J. Lamont (Suppléments aux Annales de l'Ob-
servatoire royal de Munich, par J. Soldner et J. Lamont), Mûn-
chen, 185M863, in-8*;
Magnetische Orbestimmungen an verschiedenen Puncten des
KœnigreisChs Bayem und an einigen auswœrtigen Stationen,
von J. Lamont (Courants magnétiques sur divers points du
royaume de Bavière et sur quelques stations de l'étranger, par
J. Lamont), 4-2, Mûnchen, 4854-4856, in-S'*;
Vntersuchungen iiber die Richtung und Stœrke des Erdma-
gnetismv^ an verschiedenen Puncten des Siidwestliohen Europa,
von J. Lamont (Recherches sur la direction et la force du ma-
gnétisme terrestre en divers points du sud-ouest de l'Europe,
par J. Lamont), Mûnchen, 4858, in^*";
Vntersuchungen iiber die Richtung und Stœrke des Erdma-
gnîtismus in Nord-Deutschland, Belgien, Holland, Dœnmark,
von J. Lamont (Recherches sur la direction et la force du ma-
gnétisme terrestre dans l'Allemagne du nord, la Belgique, la
Hollande et le Danemark, par J. Lamont), Mûnchen, 4859, in4*;
Magnetische Karten von Deutschland und Bayern, von J. La-
mont (Cartes magnétiques de l'Allemagne et de la Bavière, par
J. Lamont), Mûnchen, 4854, in fol.
Sitzungsberiehte der kœnigl. bayer, Akademie der Wisser^s-
chafften zu Mûnohen (Comptes-rendus des séances de l'Académie
royale des sciences de Bavière, à Ètunich), 4-42, Mûnchen,
4860-4865, in-8^
Entstehung und Begriff der naturhistorischen Art, von Cari
N®geh (Principe et marche de la science de l'histoire naturelle,
par Cari Nœgeli), Mûnchen, 4865, in- 4*;
Induction und Déduction, von Jnstus von Liebig (Induction
et déduction, par Just de Liebig), Mûnchen, 4865, rn-8^.
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- 384 —
MM.
Arbbt, négociant, Grande-Rue, 55. — 1861.
Arnal, économe du lycée. — 1858.
Arthaud, peintre, Grande-Rue, 140. — 1851.
D*AoBONNB, Alfred, rentier, aux Chaprais (banlieue). — 1858.
Baillt (fabbé), maître des cérémonies do la cathédrale. — 1865.
Baigub, entrepreneur, rue des Boucheries, 33. — 1859.
Barbadd, Auguste, adjoint au maire, rue Saint-Vincent, 43. —
1857.
Barbaud, Charles, négociant, rue Neuve-St-Pierre, 15. -* 186î.
Bataille, horloger, rue des Chambrettes, 15. — 1841 .
Baulibr, négociant, rue des Chambrettes, 11. — 1863.
* Bavoux, Vital, second commis à la direction des douanes. —
1853.
Bbllair, médecin-vétérinaire, rue de la Bouteille, 7. — 1865.
Bblot, essayeur du commerce, rue de TArsenal, 9. — 1855.
Berthelin , Charles, ingénieur en chef des ponts et chaussées,
rue de Glères, 23. — 1858.
Bbrtin, négociant, aux Chaprais (banlieue). — 1863.
* Bertrand, docteur en médecine, rue de TËcole, 10. — 1855.
Besson, avoué, place Saint-Pierre, 17. — 1855.
BiAL, Paul, capitaine, professeur à Técole d'artillerie , rue Mo^
rand, 1. — 1858.
Blondeau, Charles, entrepreneur de menuiserie, rue Saint-Paul,
57. — 1845.
Blondeau, Léon, entrepreneur de charpenterie, rue de la Cas-
sette (banlieue). — 1845.
Blondon, docteur en médecine, place Saint-Pierre, 4. — 1851.
BouLLET, proviseur du lycée. — 1863.
BouRCHERiETTE dit PouRCBERESSE, peintre en bâtiments, rue des
Chambrettes, 8. — 1859.
BouRDT, Pierre, essayeur du commerce, rue de l'Arsenal, 9. —
1862.
BovROoif , président honoraire à la Coût furpéritile, rue du Cha^
pitre, 4. — 1865.
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-388-
MM.
BouTTBTt Paul, fabricant d*horIogerie, ruo MonCoy, 12. — 48Ôd.
BoTSsoN d'Bcolb, receveur gôoéral des finances, rue de la Pré-
fecture, M. — 4852.
Brbtbgnibr, notaire, rue Saint-Vincent, 22. «- 1857.
Brbtillot, Eugène, propriétaire, rue des Granges, 46. — 4840.
BiBTiLLOT, Léon, banquier, ancien maire de la ville, rue de la
Préfecture, 24.-4853.
Brbtillot, Maurice, propriétaire, rue de la Préfecture, 24. -«
4857.
Brbtillot, Paul, propriétaire, rue de la Préfecture, 24. —> 4857.
Bruchon, professeur à TEcole de médecine, rue des Granges, 46.
— 4860.
Brugnoh, ancien notaire, rue de la Préfecture, 42. — 4865.
Brdnswick, Léon, fabric. d*horlog., Grande-Rue, 28. — 4859.
DB Bdssibrrb, Jules, conseiller à la Cour impériale, président
honoraire de la Société d'agriculture, rue du Clos, 33. — 4857.
Cahbl, chef de bureau à la préfecture, rue de Glères, 23. —
4862.
Carlbt, Joseph, ingénieur, rue Neuve, 43. — 4858.
Càstan, Auguste, archiviste et bibliothécaire adjoint de la ville,
rue Saint-Paul, 3. — 4856
Chaix-Bourbon, Auguste, peintre, rue de l'Arsenal, 7. — 4862.
Chanoit, François, ingénieur civil, rue de la Préfecture, 11.—
1856.
Chapot, dessinateur, rue des Granges, 75. — 1853.
DB Charbonubt, Hilaire, ancien élève de l'Ecole polytechnique,
rue du Perron, 20. — 1856.
Chaovblot, professeur d'arboriculture, rue de la Cassette (ban-
lieue).— 4858.
Chbyillibt, professeur de mathém. spéciales au lycée. — 1857*
Clbrc, Edouard, banquier, Grande-Rue, 49* — » 1840.
Clbrg DB Landrbssb, avocat et maire de la ville, rue de la Pré*
fecture, 14. — 1855.
S5
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- 386 —
MM.
Bi CoNiGLUNO (le marquis] , chambellaQ de l'Empereur, député
du Doubs. — 4867.
Constantin, préparateur d'histoire naturelle à la Faculté des
sciences, rue Ronchaux, 22. — 4854.
CoRNUTT, conducteur des ponts et chaussées, Grande-Rue, 429.
— 4856.
CouLON, avocat, rue des Granges, 68 — 4856.
CouiLBT, proviseur de lycée en retraite, rue Ronchaux, 44 . —
4863.
CouRLBT BB Vrbgillb, chof d'oscadrou d'artillerie en retraite,
rue Neuve, 42.-4844.
CouTENOT, professeur à l'Ecole de médecine, médecin en chef de
l'hospice, Grande-Rue, 44. — 4854.
CuBNiN, Edm., pharmacien, rue des Grnnges, 40. — 4863.
Daclin (le baron], juge au tribunal de première instance, membre
du Conseil général, rue de la Préfecture, 23. — 4861^.
Darçot, employé d'imprimerie, Grande-Rue, 49. — 4864.
Daval, Aug., avoué, rue des Granges, 47. — 4859.
David, notaire, Grande-Rue, 407. — 4858.
DiGouHOis, Ch., directeur d'usine; la Butte (banlieue). — 4862.
Delacroix, Alphonse, architecte de la ville. — 4840.
Delacroix, Emile, professeur à l'Ecole de médecine, inspecteur
des eaux de Luxeuil, rue de Chartres, 6. — 4840.
DiLAVBLLB, notaire, Grande-Rue, 39. — 4856.
Détrbt, lust, banquier, Grande-Rue, 96. — 4857.
Di<TRiCH, Bernard, négociant, Grande-Rue, 73. — 4859.
DoDivBRS, Félix, imprimeur, Grande-Rue, 42. — 4854.
DoNZBLOT, colonel en retraite, rue de la Préfecture, 48. — 4857.
Ducat, Alfred, architecte, rue Saint-Pierre, 49. — 4853.
DuNOD DE Chaenagb, avocat, rue de la Bouteille, 4. — 4863.
DuRET, géomètre, rue Neuve, 28. — 4858.
n'BsTOGQuois , Théodore, professeur à la Faculté des sciences,
rue du Chapitre, 9. — 4854 .
Ethis, Edmond, propriétaire, Grande-Rue, 94. — 4860.
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Ethis, Ernest, propriétaire, Grande-Rue, 94. ^- 4855.
Ethis, Léon, sous-inspecteur des forêts, Grande-Rue, 94. — *
1862.
Faivie, Adolphe, docteur en médecine, rue du Lycée, 44. -^
4862.
Faucohpré, chef d'escadron d'artillerie en retraite et agriculteur,
rue du Lycée, 6. — 4855.
Psaniim, Louis, fabricant d'horlogerie, président du conseil des
prud'hommes, rqe Ronchaux, 3. — 4859.
FsoYRm (l'abbé), professeur à Saint-François-Xavier, rue des
Bains-du^Pontot, 4. — 4856.
FiTSCH, Léon, entrepreneur de maçonnerie, rue des Hartelots, 8.
— 4865.
Flâgbt, Camille, ingénieur civil, Grande-Rue, 63. — 4865.
FoiK, agent principal d'assurances, place St-Pierre, 6. — 4865.
Foum, Auguste, mécanicien, rue de l'Arsenal, 9. — 4862.
DB FaiGUiBR (le baron Armand), président de la Société des
Amis des Beaux-Arts, Grande-Rue, 409. — 4864.
Frakcb, Désiré, membre du Conseil d'arrondissement de Besan-
çon, Grande-Rue, 53. — 4865.
Gaodot, médecin; Saint-Ferjeux (banlieue). — 4864.
Gacffbb, recev, principal des postes, Grande-Rue, 400. — 4862.
Gaothbbot, Edouard, entrepreneur de menuiserie, rue Horand.
— 4865.
Gêbab», banquier, ancien adjoint au maire, Grande-Rue, 68. —
4854.
GtRàBD, professeur de philosophie au lycée, rue de la Préfec-
ture, 40. — 4865.
GiBÂBDOT, Régis, banquier, ruo Saint-Vincent, 45. — 4857.
OimoD, Achille, propriétaire; Saint-Claude (banlieue). — 4856.
GiBOD, avoué, rue des Granges, 62. — 4856.
GiBOD, Victor, président de la Société de secours mutuels,
Grande-Rue, 70. — 4859.
Glorgst, Pierre, huissier, Gran4e-Rue, 58.<** 4859,
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-386 —
MM.
GouiLLàUD, professeur à la Faculté des sciences, rue Saint-
Vincent, 3.— 4851.
Grand, Charles, directeur de Tenregistrement et des domaines;
BeauYdis (Oise). — 4852.
Grakgé, pharmacien, rue des Granges, 20. — 4859.
Grucibr, Charles, professeur à la Faculté des sciences et à
l'Ecole de médecine, Grande-Rue, 406. — 4840.
Grosjban, bijoutier, rue des Granges, 24. — 4859.
GuBNARD, bibliothécaire honoraire, rue du Perron, 3. — 4856.
GuiRRiif, avocat, Grande-Rue, 74. — 4855.
Guichârd, Albert, pharmacien, rue d'Anvers, 4. — 4853.
GniLLBHiN, ingénieur-constr.; Casamène (banlieue). — 4840.
Haldy, fabricant d'horlogerie, rue du Clos-Saint-Paul, 4 &w. —
4859.
HoRT, propriétaire, rue de Glôres, 47. — 4854.
UuART, recteur d'Académie en retraite, rue de la Préfecture, 43.
— 4840.
Jacquard, Albert, banquier, rue des Granges, 21 . — 4852.
J ACQUIS, docteur en médecine, rue du Clos, 32. — 4857.
Jeanningros, pharmacien, place Saint-Pierre, 6. —4864.
DB JouFPROY (le comte Joseph), propriétaire, au château d*Ab-
bans-Dessus et à Besançon, rue Neuve, 9. — 4853.
Lambbrt, ingénieur civil; Yujllafans (Doubs). — * 4857.
Lahy, avocat, rue des Granges, 44. — 4855.
Lancrbnon, conservateur du Musée et directeur de l'Ecole de
dessin, correspondant de l'Institut, rue de la Bouteille, 9. —
4859.
Laudbt, conducteur des ponts et chaussées, rue Saint-Jean, 9.—
4854.
Laurbns, Paul, président de la Société d'agriculture du Doubs,
rue Saint-Vincent, 22. — 4854.
Lbbon, Eugène, professeur à l'Ecole de médecine, Grande-Roe,
88.-4855.
LfiPAGNBY, François, horticulteur; la Butte (banlieue). ^^ 4857.
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— 389 —
MM.
Lhohmb, anciea notaire, rue du Clos» 9. — 1864.
LiBFFROT, Aimé, propriétaire, rue Neuve, 5. — 4861.
DB LiifiBRs, général de division, rue Saint-Vincent, 27. ^4861.
LoiGHOT, Eugène, négociant, Grande-Rue, 50. — 4864.
DB LoNGBviLu, propriétaire, rue Neuve, 7. — 4855.
LouvoT, Arlh., ancien avoué, rue du Lycée, 6. — 4858.
LouvoT, Hub.-Nic, notaire, Grande-Rue, 435. — 1860.
LoMiÈRiy Antoine, photographe, rue du Chateur, 5. — 1865.
Ltautbt, général de division d'artillerie, sénateur; Paris, rue
delaChaise, 24. — 1855.
Hachard, viticulteur. Grande- Rue, 44. — 1858.
Haibb, ingénieur des ponts et chauss., rue Neuve, 15. — 4851.
Mairot, Félix, président du tribunal de commerce, rue de la
Préfecture, 47. — 4857.
Mairot, entrepreneur de charpenterie, rue Morand, 4. — 1865.
Haldinet, entrepreneur de charpenterie, abbaye Saint-Paul. — •
4865.
Harchal, Georges, essayeur du commerce, rue des Chambrettes,
5. — 1860.
Marion, mécanicien; Casamène (banlieue). — 1857.
Marlet, Adolphe, secrétaire général de la préfecture de la
Haute-Saône. —1852.
Marqub, Hector, propriétaire, ancien élève de TEcole poly-
technique; Poligny (Jura). — 1851.
Mathieu (M^^, Césaire, cardinal-archevêque. — 1862.
Mathiot, Joseph, avocat, rue du Chateur, 20. — 1851.
Mazoyhie, ancien notaire, rue des Chambrettes, 12. — 1840.
Messblbt, Séb., vétérinaire, rue Battant, 45. — 1841.
MiCAUD , Jules , directeur en retraite de la succursale de la
Banque, rue des Granges, 38. — 1855.
Michel, Brice, décorateur des promenades de la ville; Fontaine-
£cu (banlieue). — 1865.
MoNiN , Henri, professeur d'histoire h la Faculté des lettres, rue
Saint-Jean, 2. — 1865.
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— 390 —
MM.
MoiufOT, Théodose, docteur en médecine, Grande-Rue, 79. ~
4 856.
MoRiL, Ernest, docteur en médecine, rue Moncey, 42. — 4863.
MonniLLi, Alfred, banquier, rue de la Préfecture, 31. — 4856.
MuHiiR, Aug., propriétaire, rue des Chambrettes, 40. — 4857.
NoiRBT, voyer de la ville, rue de la Madeleine, 49. —* 4855.
d'Oriyal, Léon, propriétaire, rue du Clos, 22. — 4854.
D*OiiVAL, Paul, conseiller à la Cour impériale, Grande-Rue, 72.
— 4852.
OuDBT, avocat, rue Moncey, 2. — 4855.
Outhinin-Chalàndri, fabricant de papier et imprimeur, rue des
Granges, 23.-4843.
OuTHiifiif-CHALÀifDRi, Josoph, Grando-Rue, 68. — 4856.
Pàillot, Justin, naturaliste, rue d'Anvers, 43. — 4857.
Paihchaux, Francisque, architecte, rue Neuve, 48. — 4859.
PiRCBROT, architecte, rue du Chateur, 25. — 4844.
Périard, docteur en médecine, rue du Clos-St-Paul, 6. — 4864.
PiRRBT père, entrepreneur de menuiserie, rue du Lycée, 45. —
4865.
PiRRBT fils, entrepreneur de menuiserie, rue du Lycée, 45. —
4865.
Pétet, chirurgien-dentiste, Grande-Rue, 70. — 4842.
PiTiTHOGuiNiN, notaire, rue de la Préfecture, 42. — 4857.
PiGUBT, Emm., fabric. d'horlogerie, place St-Pierre, 9. — 4856.
PoiGNANB, premier avocat général, rue des Granges, 38.
— 4856.
PoiGNAifi), médecin-vétérinaire, Grande-Rue, 64. — 4855.
PoRTBRBT, propriétaire, Grande-Rue, 409. — 4857.
PouRCT DB LusANS, doctour en médecine , rue de la Préfecture,
23. — 4840.
Proudhon, Camille, conseiller à la Cour impériale, Grande-Rue,
429.-4856.
Proudhon, Léon, adjoint au maire de la ville, rue de la Préfec-
fecture, 25.-4856.
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— 39< —
MM.
Racike, Louis, négociant, rue Battant, 7. — 4857.
RàciHE, Pierre, négociant, rue Battant, 7. — 1859.
Raciki, Pierre-Joseph, avoué» rue du Clos, 16. — 1856.
Rayibi, Franç.-Joseph, ancien avoué; Saint-Claude (banlieue}.
— 1858.
Reboul, prof, à la Faculté des sciences, rue Neuve, 18. — 1861.
Rbhaud, Franc., négociant, abbaye Saint-Paul. — 1859.
Rbhaud, Louis, ancien pharmacien, rue d* Anvers, 4. ^ 1854.
RBifAUD, Victor, comptable de la caisse d'épargne , rue de la
Préfecture, 16. — 1855.
RBTKÂUihDuctEOx» professeur à l'Ecole d'artillerie, rue Ronchaux,
%2. — 1840.
Righâedet, X , fabric. d'horlogerie, Grande-Rue, 54. — 1859.
RiTH, Arth., docteur en médec, rue du Chateur, 16. — 1860.
RoBLOT, imprimeur, rue du Clos, 31 . — 1863.
RoLLOT, contrôleur des contributions indirectes en retraite ; les
Chapraîs (banlieue). — 1846.
Saixt-Eyb, Charles, entrepreneur de serrurerie, place Granvelle.
— 1865.
Sàiwt-Evb, Louis, fondeur en métaux, rue de Chartres, 8. —
1852.
DE Saihte-Agàthe, Louis, président de la Chambre de commerce,
Grande-Rue, 42. — 1851.
Sanget, Louis, employé au bureau central de la compagnie des
forges de Franche-Comté; Montjoux (banlieue). — 1855.
Sabrazin fils, propriétaire de mines; Laissey (Doubs). — 1862.
ScHALLEB, vérificateur-adjoint des poids et mesures, rue Neuve,
9. — 1851.
SicARD, Honoré, négociant, rue de la Préfecture. 4. — 1859.
SiLVAHT, rentier, Grande-Rue, 44. — 1860.
Sire, Georges, directeur de l'Ecole d'horlogerie, rue Saint-
Antoine, 6. — 1847.
SocDRE, André, contrôleur de la garantie, rue do l'Arsenal, 9.
— 1865.
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— 392 —
MM.
Taillbur, teinturier, rue d'Arènes, 33. — 1858.
iHifiBAUD, chanoine, Grande-Rue, 442. — 1855.
TouRNiBR, Justin^ propriétaire, Grande-Rue, 42. — 4855.
Trayelit, essayeur de la garantie, rue St-Vincent, 53. — 4854*
TafiHOLiÈRcs, Jules, avocat, rue Saint-Vincent, 22. — 4840.
TancHBLUT, photographe, rue de l'Arsenal, 7. — 4854.
Vàllubt, lithographe, rue de Glères, 24. — 4864.
Varàignb, Charles, premier commis à la direction des contribu-
tions indirectes, rue Saint-Vincent, 48. — 4856.
Vauchbrbt, capitaine d'artill. ; les Chaprais (banlieue). — 4857.
Vbil-Picàrd, Adolphe, propriétaire, Grande-Rue, 44. — 4859.
DB Vbzbt (le comte), propriétaire, rue Neuve, 47 ter. — 4859.
Vézuh, prof, à la Faculté des sciences, rue Neuve, 24. — 4860.
Vivibr, employé à la mairie, rue de Chartres, 22. — 4840.
VoiRiN, voyag. de commerce, rue de la Préfecture, 48. — 4857.
Voisin, Pierre, propriétaire-agriculteur; Montrapon (banlieue).
— 4855.
VoozBAu, conservateur des forêts, rue des Granges, 38. — 4856.
Vuillbrbt, Just, juge au tribunal, secrétaire de la commission
municipale d'archéologie, rue Saint-Jean, 44. — 4854.
Zédbt, docteur en médecine; Lons-le-Saunier (Jura). — 4854.
Membres correspondants.
MM.
Bàbinbt, capitaine au 5® régiment d'artillerie; Strasbourg.—
4854.
AB Bancen BL , chef de bataillon du génie en retraite ; Liesle
(Doubs). — 4854.
BiLRDT, Henri, pharmacien ; Saint-Dié (Vosges). — 4853.
Bàrrjll, maire de la ville de Mortoau (Doubs). — 4864.
Barthod, Charles, conducteur des ponts et chausséea; Morteau
(Doubs). — 4856.
Bàtàillàrd, Claude-Jos., greffier de la justice de paix ; Audeux
(Doubs). — 4857.
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— 393 —
MH.
Bbauquibr, économe de lycée on retraite; Hon^oux (banUeue).
— 4843.
BBLTBÉHiEUXt agent do change; La Rochelle (Charente-Infér.).
— 1856.
Benoit, Claude-Emile, rérificateur des douanes; Paris, «me du
Faubourg-Saint-Martin, 488. — 4854.
BBNorr, docteur en médecine; Giromagny (Haut-Rhin). — 4867.
* Bbrthaud, profess. au lycée ; Mâcon (Saône-et-Loire). — 4860.
Bbrthot, ingénieur en chef du canal en retraite; Pouilly (Saône-
el-Loire). — 4854.
Bbsson, gérant des forges ; Bourguignon- lez -Pont-de-Roide
(Doubs). — 4859.
Bbttbnd, Abel, imprim.-lithog.; Lure (Haute-Saône). — 4862.
* Bbuqub, triangulateur au service de la topographie algérienne ;
Constantine. — 4853.
Bbubthbrbt, Paul, rédacteur en chef de la France centrale;
Blois (Loir-et-Cher). — 4865.
Billbgârt, Alexandre, fabricant de vin de Champagne; Hareuil-
sur-Aï (Marne). — 4860.
BiLUBT, Francisque, propriétaire; Lyon (Rhône). — 4860.
Blanchb, naturaliste; Dole (Jura). — 4865.
^ DB BoiSLBcoHTB (le vicomto), général de division ; Paris , bou-
levard Haussmann, 82. — 4854.
Boisson, Emile, propriétaire; Moncley (Doubs). — 4865.
Boisson, Joseph, pharmacien; Lure (Haute-Saône). — 4862.
Bolo, médecin- major à Thôpital militaire; Strasbourg (Bas-
Rhin). — 4855.
Bonjour, Jacques, naturaliste; Champagnole (Jura). — 4849.
* BouiLLBT, Appolon, entrepreneur, place du Jardin-Public, à
Nice (Alpes-Maritimes). — 4860.
BoovoT, chef de bataillon du géuie; Salins (Jura). — 4864.
Bràngbt, conducteur des ponts et chauss. ; Terre-Noire (Loire).
— 1852.
* Bredin, professeur au lycée; Vesoul (Haute-Saône). — 4857»
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— 394 -
MM.
BucHBT, Alexandre, propriétaire; Gray (Haute-Saône). — 4859.
BuQUBT, Paul, ingénieur-chimiste; Dieuze (Meurthe), — 4858.
Carhb, cond. des trav. du chemin de fer; Dole (Jura). — 4856.
Cartbrbau, docteur en médec. ; Bar-sur-Seine (Aube). — 4858.
Castan , Francis , lieutenant au 5* régiment d*artillerie ; Stras-
bourg. — 4860.
Cbssac, archéologue, rue des Feuillantines, 64, Paris. — 4863.
Chahbbtron, lieutenant-colonel d*artillerie; La Fère (Aisne). —
4864.
Champin, sous-préfet; Baume-les-Dames (Doubs). — 4865.
* Chaxaud, archiviste du département de TAllier; Moulins. —
4865.
Chbrbonnbau, directeur du collège arabe ; Alger. — 4857.
Chopard, Séraphin, conducteur des ponts et chaussées, attaché
aux travaux du chemin de fer; Poligny (Jura). — 4844 .
Cloz, Louis, peintre; Lons-le-Saunier (Jura). — 4863.
CoLARD, chef d'institution ; Ecully (Rhône). — 4857.
CoLARD, Charles, architecte; Lure (Haute-Saône). — 4864.
Colin, juge de paix ; Pontarlier (Doubs). -— 4864.
* CoNTBJBAN, Charles, professeur à la Faculté des sciences; Poi-
tiers (Vienne). — 4854.
CoRDiBR, Jules-Joseph, employé des douanes; Villers-le-Lac
(Doubs). — 4868.
* CoTTBAU , juge au tribunal de première instance ; Auxerre
(Yonne). — 4860.
* CouTHBRUT, Aristide, notaire; Lure (Haute-Saône). — 4862.
Crbbblt, Justin, employé aux forges de Franche-Comté ; Frai-
sans (Jura). — 4865.
CuiNBT, curé; Amancey (Doubs). — 4844.
Curé, docteur en médecine; Pierre (Saône-et-Loire). — 4855.
Darlot, ingénieur-opticien, rue Chapon, 44, Paris. — - 4864.
DB LA PoRTF, médociu du Corps législatif; Paris. — 4862.
Dblbulb, instituteur; Jougne (Doubs). — 4863,
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- SfiS —
HM*
DtpiiUBS, Auguste, ayocat, bibliothécaire de la ville de Lure
(Haute-Saône). — 4859.
Dbscos, ingénieur des mines; Paris. — 1858.
DrmM, ingénieur des ponts et chaussées; Réthel (Ardennes). —
4851.
* DiuLLiif, Eugène, banquier; Epernay (Marne] . — 1860.
Devaux, pharmacien; Gy (Haute-Saône). — 1860.
DtT, conservateur des hypothèques; Laon (Aisne). — 1853.
DiDiiR, Jules, pharmacien; Lure (Haute-Saône). — 1864.
DoiHiT, chef de service de la compagnie des chemins de fer de
Paris h Lyon ; Paris. — 1857.
Ddbost, Jules, mettre de forges ; Châtillon-sur-Lizon (Doubs).
— 1840.
DoMORTiiE, Eugène, négociant; Lyon (Rhône). — 1857.
DuRfiAULT, ingénieur du canal du Centre; Chalon-sur-Saône
(Saône-et-Loire). — 1855.
Faiym (Pierre), apiculteur; Seurre (Côte-d'Or). — 4865.
* FArvRi b'Esnans, docteur en médecine; Baume-les-Dames
(Doubs). — 1842.
* Fallot, architecte; Montbéliard (Doubs). — 1858.
Fargiaud, professeur de Faculté en retraite; Saint -Léonard
(Haute-Vienne). — 4842.
Favrb, Alphonse, professeur; Genève (Suisse). — 4862.
* DE Ferrt, Henri, maire de Bussières, par Saint-Sorlin , près
Mâcon (Saône-et-Loire). — 4860.
* Fétel, curé; la Rivière (Doubs). — 4854.
FoLTÊTE, curé ; Verne (Doubs). — 4858.
Fortuné, Pierre-Félix, employé aux forges de Franche-Comté ;
Fraisans (Jura). — 4865.
* DE Fromentel, docteur en médecine; Gray (Haute-Saône). —
4857.
Gentilhomme, pharmacien de l'Empereur; Plombières (Vosgos).
— 4859.
Gevrrt, Alfred, avocat; Vesoul (Haute-Saône). — 4860.
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— 396 —
MM.
'*' GiRARDiER, agent voyer d'arrondissement; Pontarlier (Doubs).
— 4856.
GiROD, Louis, architecte; Pontarlier (Doubs). — 1851.
* GooRON, doyen de la Faculté des sciences; Nancy (Meurthe).
— 1843.
GoGUEL, Charles, manufacturier; le Logelbach (Haut-Rhin). —
1856.
GoGUEL, pasteur ; Sainte-Suzanne, près Montbéliard (Doubs). —
1864.
GoGUELT, Jules, architecte; Baume-les-Dames (Doubs). — 1856.
^ Gràndmougiit , architecte de la ville et des bains ; Luxeuil
(Hâute-Saône). — 1858.
GaosMOUGiN, curé; Miserey (Doubs). — 1860.
* Guillemot, Ant., entomologiste; Thiers (Puy-de-Dôme). —
^854.
Gdyot, inspecteur des lignes télégraphiques; Strasbourg (Bas-
Rhin). — 1852.
Hàllet, Pierre, agent voyer d'arrondissement; Gray (Haute-
Saône). — 1859.
Hbnriet, médecin; Mont-de-Laval (Doubs). — 1854.
Henry, vérificateur des poids et mesures, Baume-les-Dames
(Doubs). — 1861.
JiccARD, Auguste, naturaliste; le Locle, canton de Neuchâtel
(Suisse). — 1860.
Jeànnbnet, Victor, professeur de dessin au lycée; Vesoul
(Haute-Saône). — 1858.
JouART, notaire; Gray (Haute-Saône) — 1856.
JuKCA^ archiviste-paléographe; Paris. — 1863.
Klein, ancien juge au tribunal de commerce de la Seine ; Paris.
— 1858.
* KoECHLiN, Oscar, chimiste; Dornach (Haut-Rhin). — 1858.
KoHLER , Xavier, président de la Société jurassienne d'Emula-
tion; Porentruy, canton de Berne (Suisse). — 1864.
KoHLMANN, receveur de Tenreg.; Rodez (Aveyron). — 1861.
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MM.
* KoLui» Charles, constructeur; Lons-le-Sauoier (Jura). —
4856.
Lambirt, Léon, ingénieur en chef du canal du Centre ; Chalon-
sur-Saône. — 1852.
* Lamottb, directeur de hauts-fourneaux ; Ottange» par Aumetz
(Moselle). — 1859.
* LiLHGLOis, juge de paix; Dole (Jura). — 1854.
LAimmifiER, chef du dépôt des forges de Larians; Lyon, rue
Sainte-Hélène, 10. — 1855.
Latour du Mooun, député du Doubs, rue de la Madeleine, 7,
Paris. — 1864.
* LinmBifT, Charles, ingénieur civil, rue de Chabrol, 35, Paris.
— 1860.
* BB LÀVBtNBLLB, iuspectour des lignes télégraphiques, membre
du Conseil général de la Dordogne; rue Saint-Dominique-
Saint-Germain, 87, Paris. — 1855.
* Lbbbau, chef du service commercial de la compagnie des forges
de Franche-Comté; Fraisans (Jura). — 1859.
Lenormànd, avocat; Vire (Calvados). — 1843.
Liras, inspecteur d'Académie; Monde (Lozère). — 1858.
Lhommb, Victor, directeur des douanes et des contributions indi-
rectes; Colmar (Haut-Rhin). — 1842.
LiGiBE, Arthur, pharmacien; Salins (Jura). — 1863.
LoiE, professeur de chimie h la Faculté des sciences; Lyon
(Rhône). — 1855.
LoRT, professeur de géologie à la Faculté des sciences; Grenoble
(Isère). — 1857.
* Maillard, docteur en médecine; Dijon (Côte-d'Or). — 1855.
Mairbt, garde-mines; Gray (Haute-Saône). — 1860.
Maisonnbt, curé; Villers-Pater (Haute-Saône). — 1856.
Marcou, Jules, géologue; Salins (Jura). — 1854.
Marks, Paul, dodteur en médecine ; t^aris. — 1860.
DB Marmibr (le duc), député au Corps législatif; Seveux (Haute*
Saône). — 1854.
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- 398 —
MM.
Màrqui8bt, Gaston, propriétaire; Fontaine-lez-Luxeuil (Haute-
Saône). —< 858.
Martin, docteur en médecine ; Aumessas (Gard). — 1855.
* Màtuby, Charles, pharmacien; Ornans (Doubs). — 1856.
Màussibr, ingénieur civil; Saint-Etienne (Loire). — 1859.
Hbillbt, pharmacien et archéologue ; Poitiers (Vienne). — 1866.
dbMenthon, René, botaniste; château de Saint-Loup-lez-Graj
(Haute-Saône). — 1854.
* MiCBBL , Auguste , instituteur communal ; Mulhouse ( Haut-
Rhin). —1842.
MiCHBLOT, ingénieur en chef des ponts et chaussées , rue de la
Chaise, 24, Paris. — 1858.
MiLLBR, Maurice, caissier; Lure (Haute-Saône). — 1864;
MoifNiBR, Désiré, homme de lettres; Domblans (Jura). — 1846.
HoRÉTiN, docteur en médec, rue de Rivoli, 68, Paris. — 1857.
MuNiBR, médecin ^ Foncine-lo-Haut (Jura). — 1847.
MosTOif, docteur en médecine ; Beaucourt (Haut-Rhin). — 1864.
DB Nbrvaux, Edmond, chef de bureau au ministère de l'Intérieur;
Paris. — 1856.
NicoLBT, Victor, docteur en médecine au service de la marine.
— 1865.
Ordinaire db la Coloncb, chef d'escadron d'artillerie en retraite;
Bordeaux (Gironde). — 1856.
* Parandibr, inspecteur général des ponts et chaussées, rue de
Berri, 43, Paris. — 1852.
Parisot, Louis, pharmacien ; Belfort (Haut-Rhin). — 1855.
Parmbntier, Jules, membre du conseil général de la Haute-
Saône; Lure. — 1864.
Parriaux, Vital, maire de la commune de Jougne (Doubs). —
1863.
Pécoul, Auguste, archiviste-paléographe, rue Jacob, 50, Paris.
— 1865.
Perron, docteur en médecine; les Chaprais (banlieue de Besan-
çon}.— 1861.
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ItM.
PiiRON , conservateur du Musée d*histoire natureUe de Grajr
(Haute-Saône). — 4857.
PiRsoR, professeur de Faculté en retraite; Paris. — 1851 .
PsssiÈiES, architecte; Pontarlier (Doubs). — 1853.
Pbugiot, Constant, membre du Conseil général; Âudincourt
(Doubs). — 1857.
PinRBT, docteur en médecine; Luxeuil (Haute-Saône). — 1860.
PôifB, doct. en médecine, maire de la ville de Pontarlier (Doubs).
— 1842.
DU PouBT, général en retraite; Pelousey (Doubs). — 1865.
Prbvot, Eugène, avocat; Lure (Haute-Saône). — 1864.
PiouDHOK, Hippolyte, membre du Conseil d'arrondissement ;
Omans (Doubs). — 1854.
* QuÉLBT, Lucien, doct. en médecine; Hérimoncourt (Doubs).
— 1862.
QuiQUBREZ, ancien préfet de Delémont; Bellerive, canton do
Berne (Suisse). — 1864.
Rbbillard, pasteur; Trémoins (Haute-Saône). — 1856.
* Rbnaui), Alphonse, ofQcier principal d'administration de l'hô-
pital militaire de Vincennes. — 1855.
RBifAUB, doct. en médecine; Goux-les-Usiers (Doubs). — 1854.
Rbquibr, intendant militaire; Bourges. — 1857.
Rbvon, Pierre, banquier; Gray (Haute-Saône). — 1858.
Richard, Ch., docteur en médecine; Aulrey-lez-Gray [Haute-
Saône).- 1861.
RniGBL, pasteur; Montbéliard (Doubs). — 1864.
Rouget, docteur en médecine ; Arbois (Jura). — 1856.
RouxBL, professeur de physique au lycée ; La Rochelle (Cha-
rente-Inférieure. — 1864.
RuFFBT, Jules, docteur en médecine, rue des Moulins, 20, Paris.
— 1863.
Samann, Louis, naturaliste, rue de Mézières, 6, Paris. — 1860.
DB Saussure, Henri, naturaliste; Annemasse (Haute-Savoie). —
1854.
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— 400 -
M&t.
* Sarrette, lieutenant-colonel au 86« de ligne ; Tours (Indre^*
Loirej. — 1864.
Sàutibr, chef de bataillon du génie; Toulon (Var). — 4848.
* Thénàrd (le baron), membre de T Institut (Acad. des sdences);
Talmay(Côtc-d'Or). — 4854.
TissoT, doyen de la Faculté des lettres; Dijon (Côle-ni'Or). —
4859.
TouBiN, Charles, professeur au collège; Salins (Jura). — 4856.
Touret, Félix, percepteur ; Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs). —
4854.
* TouRNiBR, Ed., docteur ès-lettres, rue de Vaugirard, 98, Paris.
— 4854.
Tràvelbt, Nicolas, adjoint au maire de Bourguignon-lez-Morey
(Haute-Saône;. — 4857.
TuETET, Alexandre, archiviste aux archives de TEmpire; Paris.
— 4863.
Vàlfrbt, Jules, hommes de lettres, boulevard Malhesherbes, 36,
Paris. — 4860.
Yendrelt, pharmacien ; Champagney (Haute-Saône). — 4863.
Vieille, Emile, voyageur en librairie, maison Victor Hasson,
rue de TEcole-de-Médecine, 47, Paris. — 4862.
Vieille, Eugène, fabricant de meules ; La Ferté-sous-Jouarre
(Seine-et-Marne). — 4860.
Vivien de SAiNT-MARTiif, géographe, quai Bourbon, 45, Paris.
— 4863.
Wàger, Henri, artiste peintre; Morteau (Doubs). — 4853.
Wetzel, architecte de la ville; Monlbéliard (Doubs). — 4864.
Wet, Francis, inspecteur général des archives de France; Paris,
rue du Havre, 44. — 4860.
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Sociétés correapondantet.
Le millésime indique l'année dans laquelle ont commencé les relations.
Comité impérial des Travaux historiques et des Sociétés savantes
près le Ministère de rinstruction publique (deux exemplaires
des Mémoires). — \S&6.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon. —
4841.
Société d'Agriculture, Sciences naturelles et Arts du département
du Doubs; Besançon. — 1841.
Société d*Emulation du département du Jura ; Lons-le-Saunier.
— 18U.
Société d*IIistoire naturelle du département de la Moselle; Metz.
— 1845.
Société Eduenne; Autun. — 1846.
Société vaudoise des Sciences naturelles ; Lausaùne. *— 1847.
Société Géologique de France; Paris. — 1847.
Société Linnéenne de Lyon. — 1849.
Société d'Agriculture, d'Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon.
— 1850.
Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Lyon. — 1850.
Société Philomatique de Verdun. — 1851.
Société Archéologique de l'Orléanais; Orléans. — 1851.
Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat
(AUier). — 1851.
Société Archéologique et Historique du Limousin ; Limoges. «^
1852.
Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne ;
Auxerre. — 1859.
Société des Sciences naturelles de Cherbourg. — 1854.
S6
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— 402 —
Société d*HorticuIture pratique du département du Rhône ; Lyon.
— 1853.
Commission Archéologique du département du Doubs; Besançon.
— 4853.
Société d*Emulation de Hontbéliard. — 1854.
Société des Sciences naturelles du grand-duché de Luxembourg;
Luxembourg. — 1854.
Institut impérial et royal de Géologie de Tempire d'Autriche
( Kaiserlich'-KœnigHch geàlogische Reichsanstalt); Vienne.
— 1855.
Société d'Emulation du département des Vosges; Epinal. —
1855.
Société Industrielle d*Angers et du département de Maine-et-
Loire; Angers. — 1855.
Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon. — 1856.
Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orien-
tales; Perpignan. — 1856.
Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du départe-
ment de la Marne; Châlous. — 1856.
Société Linnéenne de Normandie; Caon. — 1857.
Société de l'Industrie de la Mayenne; Laval. — 1857.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. —
1857.
Société de Statistique et d'Histoire naturelle du département de
l'Isère; Grenoble. — 1857.
Société helvétique des Sciences naturelles fAUgemeine schwei"
zerische Gesellschaft fur die gesammten Naturwissenschaf-
Un); Zurich. — 1857.
Société Académique de Maine-et-Loire; Angers. — 1857.
Société Historique et Littéraire du Bas-Limousin ; Tulle. — 1857.
Société des Sciences naturelles et médicales de la Haute-Hesse
C Oberhessische Gesellschaft fur Natur und Heilkunde);
Giessen. — 1858.
Société d'Histoire naturelle de Berne (Demerische Natur for-
schenden Gesellschaft). — 1859.
Sa.
Google
— 403 —
Société Littéraire et Philosophique de Manchester (Liierary and
Philosophical Society of Manchester. — 4859.
Société de Physique et des Sciences naturelles de Zurich (Natur-
forschenden Gesellxchaft in Zurich). — 1859.
Société Académique des Hautes-Pyrénées; Tarbes. — 4859.
Société d'Emulation du département de TÂIlier; Moulins. —
4860.
Société ScientiQque et Littéraire de Castres. — 4860.
Société d*Agricullure, Sciences et Arts de Poligny. — 4860.
Société d'Histoire naturelle de Colmar. — 4860.
Société d'Agriculture de Rochefort. — 4864.
Société française d'Archéologie; Caen. — 4864.
Société de Médecine de Besançon. — 4864.
Société royale physico-économique de Kœnigsberg (Kcmigliche
physikalisch-cekonomiscbe GeselUchaft zu Kcmigsbêrg). —
4864.
Société jurassienne d'Emulation à Porentruy, canton de Berne
(Suisse). — 4864.
Commission d'Archéologie de la Haute-Saône; YesouL — 4864.
Société d'Agriculture et d'Industrie agricole du département de
la Côte-d'Or ; Dijon. — 4 861 .
Société neuchâteloise des Sciences naturelles ; Neuchâtel (Suisse).
— 4862.
Société d'Agriculture do Compiègne (Oise). — 4862.
Société Académique des Sciences, Arts, Belles-Lettres, Agricul-
ture et Industrie de Saint-Quentin (Aisne).. — 1869.
Société de secours des Amis des Sciences; Paris. — 4863.
Société d'Histoire naturelle de l'Ardèche; Privas. — 4863.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève. — 4863.
Société des Antiquaires de Zurich. — 4864.
Société Polymalhique du Morbihan ; Vannes. — 4864.
Société des Sciences naturelles et médicales de Seine-et-Oise ;
Versailles. — 4865.
Société de Lecture de Besançon. — 4865.
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— 40* —
Académie royale des Sciences de Bavière à Munidi, représentée
par H. Scheuringi libraire, à Lyon. — 1865.
Société d* Archéologie , Sciences , Lettres et Arts de Seine-et-
Marne; Melun. — 4865.
Société de Linguistique; Paris, rue de Lille, 34. — 1865.
Société d'Histoire naturelle de Boston (Amérique), représentée
par MM. Gustave Bossange et C*, libraires, quai Voltaire, S5,
à Paris. — 1865.
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— *05 —
ATAirr DROIT A uii iziMPLAiti DIS stfaoïAms.
Bibliothèque de la Tille de Besançon.
Id. de l'Ecole impériale d'artillerie de Besaoços.
Id. de la ville de Baame-les-Dames.
Id. de la ville de Montbéliard.
Id. de la ville de Pontarlier.
Id. de la ville de Vesoul.
Id. de la ville de Gray.
Id. de la viUe de Lure.
Id. de la ville de Lons-le-Saunier.
Id. de la ville de Dole.
Id. de la ville de Poligny.
Id. de la ville de Salins.
Id. de la ville d' Artois.
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— 408 —
Séance publique du 14 décembre 1865 xxxiii, xxxit, xxxt
Banquet du 14 décembre 1865 xxxr, xxxri
Toasts portes par IIM. le PaipxT du Doubs, Gexnier,
Gastan, Delacroix (Alphonse), Girod (Victor) et
GlIRC DB LaNDRISSE XXXTI-XL
MÉMOIRES.
Examen du armes trouvées h Alise-Sainte-Reine [Côte-d'Or],
par M. J. QnicHSRAT (1 planche) 1
Sur le dégagement de chaleur éULala formation des eilicaUe,
par M. MiRART (1 pi.) 25
Expériences sur l'action capillaire, par M. Minart 32
Note sur la généalogie de la famille Perrenot de GranvelUf par
M. Marlet 41
La question d^Àlesia résolue mathématiqtiement en faveur d'A-
laise, par M. Sarrbtte (1 pi.) 46
V Autel celtique de Saint-Maximin, par M. A. Delacroix (1 pi.). 101
J^ocuments relatifs au Concours régional agricole de Besançon
en 48i5, recueillis et publiés par M. Gastan 105
Coup-d'œil sur l'histoire et les travaux de la Société d'Emula^
tion du Doubs, par M. Grenier 230
De l'emploi des eaux minérales chez les anciens, par M. Emile
Delacroix 239
L'Evêque de Paris Hugues de Besançon, par M. Castah 250
Sur l'Apiculture, par M. P. Faivrb (1 planche) 271
Epponine et 2a Bdum^Novre, par M. A. Delacroix 280
Rechsrckss sur la mortalité dans le département du Doubs, par
M. Gh. Perron (1 planche) 2d5
Etude des travaux de siège SAlesia, par M. L. Gallotti 340
Le Mont-Auxois, par M. L. Gallotti 361
OBJETS DIVERS.
Dons faits à la Société en 1865 376
Envois des Sociétés correspondantes en 1865 379
Liste des membres de la Société 382
Liste des Sociétés correspondantes 401
Bibliothèques publiques recevant les Mémoires 405
BetâDÇOB, imp. et lith. Dodi? tn tt C«, Gr.^Rat, 41
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/tA.
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DATE DUE
_
STANFORD UNIVERSITY UBRARIES
STANFORD, CAUFORNIA
94505
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